Rien ne sera plus comme avant

Chapitre 4 : Paranoïa ou réalité

2207 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/04/2017 19:18

Un mois était passé après cette discussion. Tous avaient trouvé un moyen pour tenter d'oublier, même si ces évènements étaient gravés à jamais dans leurs mémoires. Ashley et Chris se concentraient sur leur couple naissant, Emily ne donnait plus signe de vie et Jess était sortit de l'hôpital, mais été resté distante avec les autres.

Mike avait bravé ce temps pluvieux de ce mois de mars, pour rejoindre sa petite amie. Il monta les escaliers, elle lui avait demandé de passer la voir dès qu'il le pourrait, car elle avait quelque chose d'important à lui dire. La jeune fille lui ouvrit, il entra et sans un bruit, ils s'installèrent dans le canapé. Un silence embarrassant s'installa pendant une petite minute, qui sembla durer une éternité.


« -Mike, il... Il faut qu'on parle.

-C'est pour ça que je suis venu, nan ? Répondit-il en se redressant.

Il tenta de déchiffrer son regard, mais son attention restait, malgré lui sur les cicatrices encore visible sur son visage.

-Je... Je voulais te dire que...

-T'inquiète, j'ai compris... Souffla-t-il en se relevant.

-Mike, c'est pas de ta faute. C'est juste que j'ai besoin d'oublier ce qui s'est passé, et... Quand je te vois...

-Tu y repenses... J'ai compris t'as pas besoin de te justifier. Il prit son manteau, lui dit au revoir d'un signe de la main, et sortit. »


Dix-neuf heures venaient de sonner à la pendule du salon, quand elle entendit les pas lourds de son colocataire dans les escaliers menant à l'appartement. Le jeune homme entra un pack de bière dans chaque main.


« -Mike ! Hurla-t-elle furieuse.

-Quoi ?

-T'es bottes... Elles sont pleines de boue.

-Compris, je fais plus un pas. Dit-il amuser. »


Sam souffla, s'approcha et prit les boissons. Ayant enfin les mains libres, il délaça ses chaussures et les déposa dans l'entrée, quand il se retourna il fit face à sa colocataire lui tendant à bout de bras ses achats, un sourire sournois aux lèvres.


« -Tu croyais tout de même pas que j'allais les ranger, sous prétexte que tu devais ranger tes chaussures...

-Ok, t'as été plus maligne que moi, sur ce coup-là.

-Comme toujours. Corrigea-t-elle d'un air moqueur.

-Ça s'est toi qui le dis... Pizza ce soir ?

-Pourquoi pas.

-Ok, tu peux les commander le temps que je range ça. Répondit en se dirigeant vers la cuisine dans le cliquetis des canettes de verre.

-Secoue pas trop les miennes... Cria-t-elle du salon.

-Je sais, les bières sans alcool moussent plus facilement.

Une fois les pizzas arrivées, ils s'installèrent dans le canapé une bière à la main.

-Qu'est que t'as ? Tu fais une drôle de tête depuis que tu es rentré ?

-On a rompu...

-Quoi ? Cette après-midi ?

-Ouais, mais je m'en doutais alors... Répondit-il sans la regarder.

-Bon bas, je vais devoir trouver de quoi te changer les idées. Dit-elle en s'affalant contre le dossier.

-J'suis sure que tu feras ça très bien, princesse. »


« Princesse », c'était le surnom qu'il lui avait donné, et qu'il persistait à dire même si elle le détestait.

La soirée s'acheva doucement, le lendemain-matin, voyant que les nuages gris de la veille avait été remplacés par un soleil encore timide à cette heure-ci de la mâtinée, la jeune fille enfila une chaude veste et sortit.

Elle arpenta les rues aléatoirement jusqu'à arrivé malgré elle aux portes du cimetière. Sam poussa la grille dans un grincement strident et entra, en passant près d'un tombeau un croassement lugubre brisa le silence pesant du lieu et la fit sursauter.


« -Putain... Ne refais plus jamais ça. Dit-elle en pointant du doigt le corbeau responsable de sa frayeur.

Celui-ci s'envola brusquement, comme s'il avait perçu quelque chose que lui seul pouvait voir. »


Au bord d'un chemin, la jeune fille aperçu des fleurs de trois couleurs différente rouge, blanche et violettes. Elle en cueillit une de chaque couleur et les disposa sur les tombes, toujours en attente de leur propriétaire, des enfants Washington.

Après être resté pendant quelque minute à observer en silence les mots d'adieu sur les sépultures, elle releva enfin la tête et vit que le ciel s'était chargé de nuages menaçant.


« -Je ferais mieux d'y aller avant qu'il ne se mette à pleuvoir... »


Une branche craqua non loin d'elle, la jeune fille se mit en marche et jeta, instinctivement, un regard vers la forêt bordant le cimetière et cru y apercevoir une silhouette humaine disparaître derrière un arbre.

Vers vingt heures Mike rentra à son tour à l'appartement, entendant des casseroles s'entrechoquer, il se dirigea vers la cuisine.


« -Pile au bon moment...

-Pour faire quoi ? Demanda-t-il en la regardant ouvrir un placard.

-Pour mettre la table. Elle se releva et lui tendit deux assiettes.

-Ok, comme tu veux. »


Le jeune homme prit ce qu'il lui manquait dans les différents tiroirs de la pièce, et se rendit dans le salon.


« -Va falloir que je range tout ça, si on veut manger... Pensa-t-il en voyant la table totalement envahit de papier. »


Mike se mit à ramasser les feuilles en désordre, éparpillées autour de l'ordinateur de la jeune fille toujours allumé. Malgré lui, un dessin attira son attention il saisit le papier et s'attarda plus longuement sur le croquis. Ses yeux noisette d'habitude calme s'emplirent de colères, voulant se persuader qu'il avait mal interprété ce qu'il venait de voir, le jeune homme pris au hasard une seconde feuille et lus quelque lignes, il jeta ensuite un œil sur le site sur lequel l'ordinateur était ouvert. Le doute ne lui étant plus permis il se dirigea à grandes enjambées vers la cuisine, furieux de sa découverte.


« -Sam ! Qu'est ce-que c'est que ça ?! Cria-t-il en tendant les feuilles vers elle.

-C'est rien du tout... Et puis tu n'as pas à toucher à mes affaires ! Répliqua-t-elle en lui arrachant des mains ce qu'il lui appartenait.

-Il faut que tu tournes la page une fois pour toute princesse. Sa voix ainsi que son regard s'étaient apaisés, signe qu'il ne voulait pas entrer en guerre avec la jeune fille.

-Elle est tournée Mike...

-Non si c'était le cas, je n'aurais pas trouvé ce dessin et ces fiches sur les wendigos et surtout, ton ordi ne serait pas ouvert sur un forum traitant de ces saloperies. On n'aurait jamais pu la sauver, tu as entendu le type au lance-flamme... Faire preuve de cannibalisme sur le mont Washington est un point de non-retour.

-Mais s'il se trompait.

-Oublie tout ça...

-Ne me demande pas l'impossible. »


La jeune fille repartit dans le salon, rassembla ses feuilles sur son ordinateur et emporta le tout dans sa chambre. Elle revint quelque minutes plus tard, Mike s'était installé dans le canapé et commençait à remplir les assiettes.

La blondinette s'assit, avala son dîner sans un bruit, débarrassa sa place et s'engagea dans le couloir menant aux chambres, une porte claqua signe de sa mauvaise humeur. Le jeune homme soupira, termina de ranger la table, et alla lui aussi se coucher.


« -Quelle journée de merde... Je sais pas ce qui est le pire entre se faire larguer ou le fait que Sam me fasse la tête... Pensa-t-il un sourire amer aux lèvres. »


Il soupira puis ferma les yeux, priant pour que Morphée soit clémente avec lui, et elle le fut, car une vingtaine de minutes plus tard le jeune homme dormait paisiblement.

Au beau milieu de la nuit un cri strident retentit dans l'appartement, la jeune fille vit son colocataire débarquer en trombe dans sa chambre seulement vêtu d'un boxer. La voyant tremblante et en pleure, il s'assit auprès d'elle et la prit dans ses bras, Mike avait pris l'habitude que ses nuits soit troublé par les démons de Samantha alors ça ne le surprit pas de la voir dans cet état.


« -Tout va bien princesse je suis là... Qu'est-ce que tu as vu ? »


Le psychiatre de la blondinette lui avait conseillé de poser cette question à chaque terreur nocturne, pour selon lui identifié leurs origines et les faire disparaître une fois pour toute.

Oui à chaque fois, il lui posait cette question, mais en guise de réponse, elle le regardait de ses yeux humides et face à cette vision, il n'avait jamais le courage d'insister. Le jeune homme s'allongea et la laissa s'installer auprès de lui, il tira la couette et attendu patiemment que la jeune fille retrouve une respiration plus régulière, après une dizaine de minutes, elle s'endormit. Il se pencha légèrement pour atteindre la lumière toujours allumée sur la table de nuit, mais fut stoppé par une douleur dans sa main droite.

Mike s'était habitué au symptôme du membre fantôme et avait trouvé le moyen de faire passer la douleur plus rapidement, mais cette fois-ci, il ne pourra pas l'utiliser et pour cause son bras était enroulé autour de la jeune fille, ne voulant aucunement la réveiller le jeune homme ignora la douleur et plongea la chambre dans l'obscurité.

Le lendemain, Sam se réveilla toujours hanté pas le souvenir de sa terreur nocturne. Après avoir avalé un maigre petit déjeuner, elle s'apprêta à sortir.


« -Où est ce que tu vas ?

-Faire un tour, je sais pas quand je rentre. Elle enfila son écharpe et sortit, s'en laisser le temps au jeune homme de répliquer.

-Ok... »


Malgré le froid qui lui glaçait déjà les os, la jeune fille rentra une fois de plus dans le cimetière. Elle se dirigea directement vers la lisière de la forêt, à l'endroit même où elle avait cru apercevoir cette mystérieuse silhouette.


« -Des traces de pas, il y avait bien quelqu'un hier... Je deviens parano, si ça se trouve, c'est juste quelqu'un qui est venu plus tard se balader dans la forêt... Pensa-t-elle. »


Sam fit demi-tour et jeta au passage un coup d'œil furtif aux tombes de ses amis. Un détail attira son attention, il manquait quelque chose sur une des trois tombes. Elle s'approcha et vit qu'il manquait la fleur qu'elle avait déposé la veille sur la sépulture de Josh, la peur l'assaillit et elle se dirigea vers l'entrée du cimetière à vive allure.

Quelque minute plus tard son colocataire entendit la porte de l'appartement s'ouvrir.


« -Où est-ce que t'étais ? Ça fait une heure que t'es partit, je commençais à m'inquiéter.

-Tu n'as pas besoin de le savoir, tu n'es pas mon père, je vais où je veux quand je veux. Répondit-elle un peu vexée que le jeune homme la traite comme une enfant incapable de se défendre seule.

-C'est pas ce que j'ai voulu dire, je m'inquiétais, c'est tout... »


Après quelques minutes d'hésitation, la jeune fille se décida à lui parler de ce qu'il s'était passé dans le cimetière, elle se leva et le rejoignit dans la cuisine.



« -Mike ? Est-ce que je peux te parler ?

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Tu sais hier, je suis sorti, et j'ai été au cimetière...

-Je t'ai déjà dit de ne pas y aller seule. La coupa-t-il.

-Je sais... Bref, j'y suis allé et j'ai déposé des fleurs sur leur tombe.

-Ok, et...

-J'ai vraiment eu l'impression qu'on m'observait, et puis il m'a semblé voir quelqu'un dans le bois...

-Tu es sûr qu'il y avait quelqu'un ? Demanda-t-il perplexe.

-Jusqu'à ce matin non.

-« jusqu'à ce matin » tu y es retourné !?

-Oui et là où j'ai vu la silhouette, il y avait des traces de pas...

-C'est peut-être quelqu'un qui est venu plus tard... Tu sais le cimetière est un lieu public. Répondit-il amusé de l'inquiétude de son amie, qui n'était qu'à ses yeux qu'une légère paranoïa suite à leur traumatisme.

-J'y ai pensé figure toi, mais y a cette fleur...

-Quelle fleur ?

-Celle que j'ai déposée sur la tombe de Josh, elle n'y était plus.

-Il y a eu beaucoup de vent cette nuit... Elle s'est peut-être envolée.

-Non... Celle d'Hanna et Beth non pas bougé, et je suis sûr de l'avoir bloquée sous une des plaques funèbres pour justement éviter que ça n'arrive.

-Donc pour toi, quelqu'un t'observait et ce serait cette même personne qui aurait pris la fleur ? La jeune fille approuva d'un signe de tête. Ça me parait bizarre quand même... Pourquoi quelqu'un prendrait une fleur sur la tombe d'un inconnu ?

-J'en sais rien... Et c'est ça qui m'effraie.

-C'est pour ça que dorénavant, tu n'iras plus seule là-bas. Au fait Ash a appelé, elle a organisé une sortie en ville vendredi.

-Tu lui diras que je ne viens pas...

-A vrais dire, je lui ai déjà répondu, et tu viens avec nous.

-Quoi ! Tu ne m'as même pas demandé mon avis. S'emporta-t-elle.

-Ça te fera du bien de voir des gens en dehors de l'appart.

-Si tu le dis. »


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