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Chapitre 1 : Pourquoi est-ce que tu me comprends... ?

6389 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:00

« Le virus du chat » C'est ainsi qu'était nommée depuis vingt bonnes années, cette maladie de naissance subsistant à travers tout le pays et même dans les contrées voisines. Le principe exact de cette pathologie ainsi que son mode de fonctionnement étaient encore à étudier pour les chercheurs du monde entier. Certains avançaient et continuent encore d'en être hautement persuadés, que la cause principale reste la proximité avec les félins sauvages ou domestiques. Des études avaient en effet montré durant une période, que beaucoup de mères en période de grossesse et ayant donné naissance à des enfants malades, étaient très souvent en contact avec ce type d'animaux.

Cependant, quelques années plus tard, une autre étude contrant la balance, était arrivée et avait heureusement cloué le bec à bon nombre de pseudo-scientifiques. Malheureusement, l'idée comme quoi les chats étaient surtout responsables de cette maladie, s'était très rapidement répandue à travers le territoire... Une véritable croisade envers ces animaux avait donc commencé, sans le consentement du gouvernement, bien entendu. Mais la peur du peuple était tellement intense.

En vérité, les gens du pays étaient en guerre contre un virus dont les effets leur étaient plutôt inconnus, et justement, c'était ici la véritable cause de leur angoisse. Ne pas savoir comment réagir, anticiper, se préparer contre une menace. Contre cet ennemi, la seule certitude était que l'enfant pouvait à tout moment, montrer des signes de faiblesse, être de temps à autre sujet à des crises de douleur plus ou moins aiguës et mourir d'un jour à l'autre sans montrer le moindre signe avant-coureur. Personne en ce monde, (et certainement pas les chercheurs) n'était capable de prédire quand, mais aussi et surtout, pourquoi ces sursauts allaient se déclencher. Il fallait donc être très prudent, quitte à entrer dans une sorte de paranoïa abusive envers sa progéniture. C'était étouffant, aussi bien pour l'enfant que pour tous ces parents qui devaient supporter cela...

Au delà de toute anomalie sanguine, visible lors de toute prise de sang à la naissance de l'enfant, une manière était offerte aux parents de vérifier si leur progéniture était atteinte de ce mal ou non dès le premier regard. Ces toute petites oreilles de chat, remplaçant bien entendu celle d'un humain normalement constitué. Ces protubérances étaient devenues le cauchemar incarné dans la maternité. Tout le monde craignait de voir apparaître ces choses sur leur bébé, sans avoir la moindre occasion d'anticiper le mal, le prévenir tout simplement et soulager leur enfant en cas de crise.

Alors des questions se posaient tout haut, quant au véritable responsable de cet Enfer. Dieu avait-il lancé une sorte de malédiction sur Terre, afin de punir les couples qu'il ne jugeait pas apte à continuer cette aventure qu'était l'amour ? C'était cependant souvent des réactions irrationnelles, nées à cause de l'angoisse, et de cette injustice. Cette maladie frappait réellement de manière hasardeuse, tellement que cela pouvait rendre littéralement fou, telle cette Peste Noire durant les heures les plus sombres de l'humanité.

Malgré les dégâts causés par cette maladie au cours de ces dernières années, le temps ainsi que son cours étaient bien forcés de s'écouler toujours. Chaque existence était vécue, et c'est sur celle de Yami que ce récit décidait de doucement se poser quelques instants. Celle-ci, alors que son ami cet astre de lumière, était déjà venu pointer le bout de son nez dans cette partie du monde, était encore en période de sommeil. La jeune fille avait pour habitude depuis très longtemps, de dormir beaucoup plus que nécessaire. Non pas qu'elle était particulièrement fatiguée en réalité. Il s'agissait d'avantage d'un amour prononcé pour cet état de l'être. Ne plus avoir besoin de penser, ne plus avoir besoin de se confronter au moindre problème existentiel et juste, profiter d'un repos.

Cependant, comme tout le monde était au courant dans ce monde, chaque chose, même les meilleures, devait prendre fin un jour. Et c'est dans un battement d'oreille, que la réalité tira la demoiselle de son long sommeil. Après tout, elle avait passé pas loin de 16 heures à dormir depuis la veille, depuis cette soirée si banale où elle avait simplement décidé de s'allonger quelques instants, pour finalement se laisser porter par ses rêves. Dans un mouvement fatigué, comme à son habitude à chaque réveil, elle se redressa en gardant sa couverture sur elle, recouvrant maintenant l'intégralité de son corps, excepté son visage, et se plaça en tailleur sur son lit. Le réveil était toujours un moment assez dur pour la demoiselle, reprenant le cours de sa réalité, de cette vérité qu'elle ne voulait pas affronter, qu'elle ne voulait pas vivre. Mais une envie de bailler vint finalement lui confirmer que oui, ce n'était plus un rêve et que la journée était sur le point de commencer pour elle.

  •  C'est vraiment trop tôt pour se lever, qu'elle heure est-ce qu'il est d'ailleurs ? S'interrogeait Yami en cherchant d'un regard absent, la moindre petite montre susceptible de lui offrir cette information.

 

Dans un geste franc et décidé, elle se débarrassa finalement de sa couette et l'envoya à l'autre bout de son matelas, se disant qu'elle rangerait tout cela bien plus tard dans la journée. Son geste toute fois permit de la voir plus clairement, afin de l'analyser en détails. Yami était une jeune fille en pleine adolescence, de seulement 16 ans. La première chose de marquante dans son apparence, étaient bien sûr ses cheveux bleutés, prenant une teinte obscure à la clarté du soleil ou même à celle de la Lune. Sa coupe au carré, arrondissait d'avantage son visage et lui donnait un air tout à fait innocent. Ses yeux vert émeraude venant encore plus accentuer cet effet enfantin, dans lesquels on pouvait d'ailleurs lire une assez grande fragilité inavouée. Vraiment petite de taille, même pour quelqu'un de son age, ne dépassant certainement pas les 1m60, elle complexait très souvent à cause de ce léger détails, ayant une grande importance à ses yeux.

Et c'est en baissant le visage qu'elle réalisa la tenue qu'elle avait porté depuis la veille, sans penser à se changer avant de s'allonger. Cette simple chemise toute blanche, laissant entrevoir une partie de sa poitrine à cause de ce bouton qui avait sauté quelques jours plus tôt. Bien qu'elle était encore toute seule dans sa chambre, le rouge lui montait progressivement aux joues. Elle était gênée, ou plutôt l'était de manière assez forcée. Son premier réflexe en voyant cela, fut de protéger ses seins avec ses mains, pour que personne ne puisse les voir.

Mais au fond, Yami n'était clairement pas aussi gênée qu'elle voulait le montrer, c'était même tout l'inverse. Tout ce cinéma autour de sa poitrine était justement présent pour masquer sa véritable gêne, son vrai malaise. Pour ne pas s'avouer la vérité une fois de plus. Sa poitrine était ridiculement petite et mince. En réalisant au cours de sa croissance, que ses attributs féminins, en plus de sa propre taille, refusaient tous de grandir, cela avait donné naissance à un assez gros complexe. C'est en voyant en plus à l'époque, toutes ses camarades de classe, se ramener en cours avec leur gros potentiels de guerre, que son malaise était devenu une réalité pour elle. De temps en temps, Yami rêvait d'avoir une autre poitrine. Pas nécessairement pour séduire les hommes, mais juste pour se sentir mieux dans sa peau, pour se sentir juste un peu moins... Mal ?

Se résignant finalement à découvrir ce qui n'existait pas tant que ça comme une gêne, elle s'abandonna à les regarder quelques instants au travers de ce petit espace. Mais c'était toujours aussi gênant pour elle, encore plus que d'avoir dû jouer la comédie à vrai dire. Et cela l'avait justement incité à tenter de compresser ses seins avec ses mains, histoire de leur donner un peu plus de volume, mais c'était peine perdu.

  •  Mais grossissez ! Pourquoi est-ce que vous refusez de prendre du volume ainsi ? Demandait nerveusement Yami, avant de finalement abandonner tout espoir et de se laisser retomber en arrière sur son lit, les deux bras étendus sur les côtés. Ahhhh, c'est bon j'abandonne complètement. Ils ne grossiront plus jamais, c'est finis.

 

Mais sa taille corporelle ainsi que mammaire n'était pas la seule raison de son malheur, de ce malaise que la demoiselle ressentait depuis longtemps. L'autre cause se trouvait là, juste au dessus de sa tête et semblant la narguer tous les jours depuis sa naissance. Remuant comme pour lui rappeler sa présence, ces oreilles de chat sur sa tête, étaient la preuve que Yami était infectée par ce fameux virus du chat, et que cela remontait à sa naissance. Ici reposait véritablement l'essence même du fardeau de son existence.

  •  Vous n'allez jamais partir vous autres, pas vrai ? Questionnait-elle encore, en espérant secrètement obtenir une réponse, sans réellement y croire elle-même. Cela faisait bien longtemps que la demoiselle ne croyait plus aux contes de fées ainsi qu'aux miracles.

 

L'heure de se reposer était largement passé et il était grand temps de se lever pour elle. Yami, mettant tous ses soucis dans un coin de sa tête, se décida finalement à se redresser totalement pour enfin sortir de son lit. Changer de vêtement était totalement inutile, et puis elle n'en avait pas encore la force. Baillant encore dans le vent pour faire comprendre cet état de fatigue qui était le sien.

La chambre de Yami était assez petite, à la limite d'être confinée, étouffante. Mais cela ne lui posait aucun problème au fond, se sentant bien entre ces quatre murs. Elle n'avait pas l'habitude ni même le désir, d'accrocher le moindre poster à ses murs, les laissant vierge de toute décoration et assez fade, ne montrant pas beaucoup de vie. Ses volets n'étaient que très rarement ouvert, ayant encore du mal avec cet éclat lumineux venant du jour. De ce fait, elle s'enfermait souvent sous ses draps, comme pour se réfugier, tel un petit chat. Son lit se trouvait juste en dessous de sa fenêtre, tout deux parallèles à la porte d'entrée. Et juste en face de celle-ci, au fond de son outil de sommeil, se trouvait son armoire où elle rangeait l'essentiel de ses vêtements. Elle aimait cette petite organisation, ce petit lieu intime qui n'était autre que le sien, son monde à elle. Alors que Yami était encore debout, juste devant elle se trouvait un bureau où reposait son cher ordinateur portable, encore éteint pour le moment, avec cette petite lampe qu'elle allumait à tout moment de la journée quand elle consultait son cher allié numérique.

  •  Bon, c'est pas l'tout mais j'ai soif... J'prendrais bien un peu de lait au frigo avant de commencer la journée ! Affirmait la demoiselle en commençant à étirer son corps en tirant son bras vers le haut, c'était un genre d'exercice matinal ne demandant pas énormément d'effort.

 

Finalement décidée à quitter son refuge pour seulement quelques minutes, Yami s'approcha de la porte pour l'ouvrir dans un geste assez machinale. Au fond ce n'était qu'une porte qu'elle avait ouverte et franchis un bon million de fois, et rien de bien particulier ne changeait cette journée des autres. En arrivant dans le couloir menant directement à sa chambre ainsi qu'à d'autres pièces de la maison, la demoiselle s'étonna de n'entendre aucun bruit, pas le moindre mot émis dans toute la maison. Jusqu'à finalement entendre l'eau de la douche commencer à couler dans la salle de bain. Son étonnement ne tarda pas à se faire remplacer une certaine déception. Après tout, à une heure pareille, seule une personne était capable de se doucher, une seule dans cette maison, autre qu'elle-même. Elle laissa se manifester son sentiment non seulement au travers de son regard, mais aussi dans un souffle qu'elle avait relâché sans la moindre retenue.

Ses pas la menèrent finalement dans la cuisine, connaissant le chemin par cœur et ne prêtant même plus attention au mobilier, qui depuis des années n'avait pas changé. Tout était morose ici, seule sa chambre était un coin acceptable de leur maison aux yeux de la demoiselle. Cependant, cela ne l'avait pas empêché d'ouvrir le frigo d'un blanc immaculé, afin d'en sortir cette fameuse bouteille de lait... De soja. Récemment, la mère de Yami en la voyant boire une quantité aussi infernale de lait, avait songé à lui fournir une autre sorte de contentement, et son choix s'était posé sur ce genre de chose. La jeune fille était loin de détester cela, mais à chaque fois que cette substance arrivait jusqu'à ses lèvres, une sorte de sensation d'insatisfaction s'emparait d'elle. C'est pour cette raison, que cette bouteille à la main, le regard posé dessus, elle s'adressa à celle-ci avec toute sa frustration.

  •  Tu sais quoi, saleté de lait de soja ?! Jamais tu ne remplaceras mon vrai lait pour moi, tu es peut-être vraiment bon, mais tu ne vaux rien comparé à mon p'tit chéri. Affirmait Yami avant d'émettre un silence de quelques secondes, montrant qu'elle attendait une réponse. Hm... ? Pourquoi est-ce que tu restes silencieux comme ça, je t'aurais vexé peut-être ? Je m'en fiche complètement, t'es vraiment nul... ! Continuait de s'écrier la demoiselle, avant de finalement ouvrir la bouteille et de l'amener jusqu'à ses lèvres pour en boire quelques gorgée. A l'expression de son visage en s'arrêtant, et cette langue sortie de sa bouche, l'on pouvait facilement comprendre que ce n'était pas à son goût. Berk! Dire que je vais me contenter de boire ça désormais, j'ai vraiment pas de chance.

 

Prise d'un sentiment de mélancolie tout à coup, Yami se tourna alors vers l'autre bout de la cuisine. Ici, elle était encore derrière le comptoir, où les repas du midi et du soir étaient préparés, ainsi que les petits déjeuners de temps en temps. De l'autre côté cependant, se trouvait cette pièce qui à ses yeux, était synonyme d'un bonheur qu'elle ne pourrait plus jamais retrouver avec sa famille. Cette table au milieu de la pièce, ronde pour que personne ne se sente supérieur aux autres, comme son père avait autrefois l'habitude de le dire. Il avait l'impression que leur famille était semblable à ces fameux chevaliers de la table ronde, et cette comparaison était devenue le vrai bonheur de la demoiselle. Mais en voyant cette pièce si grande, vide aujourd'hui, si silencieuse et absente de toute vie, elle se sentait vraiment, vraiment mal. Serrant cette bouteille de lait entre ses mains, Yami n'était plus capable d'en supporter d'avantage et opta pour une fuite vers cet éternel refuge qu'était sa chambre.

C'est durant son retour dans son petit royaume, qu'elle tendit l'oreille pour entendre que l'eau de la douche avait cessé de s'écouler. Yami souffla une nouvelle fois de la même manière que toute à l'heure, encore embêtée à l'idée que cette personne reste toute seule à ses côtés et qu'elle en profite. Mais elle ne se laissait pas abattre, et s'enferma finalement dans sa chambre en claquant la porte de manière significative. Toujours dans l'obscurité la plus totale, elle posa tout d'abord sa bouteille de lait sur le bureau, avant de s'emparer de sa couette avec laquelle elle se recouvrit toute entière, excepté son visage. Sortant ses mains en passant par les ouvertures, elle alla chercher son ordinateur portable, pour le poser tout doucement sur son bureau également, l'allumer et prendre place sur son fauteuil.

En un sens, Yami était une sorte de geek qui passait son temps à naviguer sur internet. Mais son activité préférée quand elle était sur cette plate-forme virtuelle, était d'aller visionner des vidéos. Celle de gymnastique, et plus particulièrement de saut à la perche étaient ses favorites. Elle aimait voir ces femmes, ces hommes, ces athlètes, se dépasser toujours plus, franchir ces multiples limites imposées par leur corps, pour donner le meilleur d'eux-même. Yami était passionnée par ce sport depuis sa plus tendre enfance, son rêve aurait été de pouvoir en pratiquer. Elle souhaitait de tout cœur elle aussi, être libre de s'envoler en laissant son corps la porter vers le haut. Se dépasser, ne plus avoir de limite et oublier quelques temps cette maladie qui était la sienne, seulement...

  •  Encore en train de fantasmer sur un rêve inaccessible ? Avait demandé cette femme aux cheveux bleu avec un grand sourire, venant d'ouvrir la porte pour se présenter à la jeune fille.
  •  Fiche-moi la paix, maman. Je fais ce que je veux, et puis c'est pas tes oignons ! Répondit Yami de la manière la plus ferme possible à sa mère.
  •  Ce ne sont pas mes affaires, certes. Toute fois, je trouve cela vraiment triste que tu t'enfermes dans un rêve que tu ne pourras jamais toucher de tes doigts. Est-ce que tu te rends compte que la vie passe, et que tu restes accrochée à une illusion ? Avait une nouvelle fois demandé la jeune femme à son enfant.
  •  Je t'ai demandé de me foutre la paix, tu es sourde ou quoi.. ? Répliqua encore une fois la demoiselle en compressant finalement son visage dans sa couverture pour se cacher, et dissimuler sa peine que sa mère ai touché un point sensible.

 

A la porte, cette femme qui n'était autre que la mère de Yami s'appelait Taya. Elle était l'exacte contraire de sa fille. Alors que celle-ci était renfermée sur elle-même, à toujours ressentir un complexe par rapport à quelques détails, la maman de son côté assumait parfaitement son corps ainsi que ses formes. Elle était âgée de seulement 39 ans, mais parvenait encore à faire fantasmer bien des hommes autour d'elle.

Nullement ignorante à ce sujet, elle s'en amusait même, trouvant cela flatteur de se savoir autant désirée. Taya avait comme sa fille, des cheveux bleu, légèrement plus foncés cependant. Alors qu'ici, ils étaient encore mouillés et recouvert d'une serviette, (et qu'une autre entourait bien également sa silhouette à la suite de sa douche) ils entouraient normalement l'ensemble de son visage et s'arrêtaient quelques centimètres en dessous de sa nuque, sous une belle queue de cheval. Ses yeux jaunes sortant assez de l'ordinaire et avec son sourire, étaient ses armes de séduction les plus fatales. Elle était comme une démone, consciente et assumant parfaitement son pouvoir. Beaucoup plus grande que son enfant, sa taille devait atteindre les 1m70, tandis que sur son corps se dessinaient des formes parfaites ainsi qu'une poitrine généreuse et harmonieuse, pouvant faire frémir n'importe quel homme, ou même femme.

Elle esquissa d'ailleurs un sourire devant la réaction de son enfant et se détacha finalement cette serviette protégeant la vue de son corps pour aller contre sa petite fille et lui tirer les oreilles délicatement. Taya était ainsi, s'emparant d'un rien pour s'amuser avec et voir la vie du bon côté.

  •  Mais dis-moi d'ailleurs, petit ange, est-ce que tu n'aurais pas encore complexé sur tes seins toute à l'heure avant que je ne prenne ma douche ? Demandait sans aucune gêne la jeune femme.
  •  Quoi ? Parce que tu m'as espionné en plus de cela ?! Non mais quelle genre de mère est-ce que tu es au juste, une voyeuse peut-être ?! Répliquait Yami en se détachant de sa couverture pour repousser sa mère, ne ressentant aucune gêne de la voir nue. Ce n'était clairement pas la première fois que Taya s'affichait de cette manière, et sûrement pas la dernière.
  •  Je surveille juste que tout se passe bien pour toi. Après tout, tu es tellement seule ici, dans ta chambre et dans ce noir éternel. Il y a des fois où je me fais vraiment du soucis pour toi, Yami. Affirmait Taya sans émettre cette fois le moindre petit sourire, elle était sérieuse.
  • Arrête de me mentir en me racontant n'importe quoi ! Si je suis malheureuse, c'est à cause de ces oreilles, c'est à cause de cette maladie qui me prive de tous les plaisirs qu'offrent la vie. Mais c'est aussi et surtout à cause de vous, à toujours me priver de tout ce que j'aime, par crainte que je me casse quelque chose parce que je suis trop fragile, trop faible. Est-ce que je ne suis qu'un morceau de porcelaine à vos yeux ?! Rétorquait finalement sans la moindre retenue Yami. Elle était vraiment énervée envers sa mère, envers sa propre condition, mais aussi et surtout envers ces oreilles de chat et cette maladie qu'elle gardait depuis sa naissance.

 

Ne supportant pas une seconde de plus cet état de colère dans lequel elle venait de plonger sans retenue, Yami une toute nouvelle fois, se débarrassa simplement de sa couette en la jetant par terre et attrapa cette veste en cuir accrochée à son dossier pour l'enfiler. Elle poussa alors sa mère pour se dégager le passage, enfila ses chaussures à l'entrée sans attendre la permission de sa mère et s'échappa par la porte principale, claquant derrière elle pour faire comprendre toute cette colère qui l'habitait en cet instant.

Une fois dehors, loin des regards indiscrets et où elle était libre de souffler, elle s'accorda une petite pause en s'adossant contre cette même porte. Avant de finalement se rendre compte que le soleil aujourd'hui était vraiment tapant et intense. Elle dû durant quelques secondes, se cacher les yeux avec ses mains, ses iris n'y étant que très peu habitués depuis quelques jours. Son regard finalement apte à affronter cette boule de feu, elle fouilla dans la poche de son manteau, à la recherche de son téléphone portable.

Elle savait exactement qui elle devrait joindre, qui elle avait besoin plus que tout de voir. En voyant l'heure qu'il était, la demoiselle se donna la permission de le joindre, se disant qu'il était sûrement libre. Déterminée comme jamais et mourant d'une envie de le voir plus que toute autre chose, elle composa son numéro et attendit patiemment. Chaque sonnerie était comme une mini-torture, car sans sa présence, elle n'aurait nulle envie d'aller marcher dehors, toute seule et devrait alors regagner sa maison et se confronter à sa démone de mère. Mais finalement, il décrocha, pour son plus grand bonheur.

  •  Allô, Yami ? Qu'est-ce qui se passe ? Avait demandé une voix très douce à l'autre bout du téléphone.
  •  Ouf je suis sauvée... ! J'ai bien cru que tu n'allais pas me répondre. Ne me refais plus jamais une telle peur, d'accord ? Bon, est-ce qu'après les cours, tu es libre pour qu'on puisse se voir ?
  •  Après les cours ? Hm... Oui, pourquoi pas. Tu me raconteras ce qui ne va pas dans une heure ? Il ne me reste plus qu'un cours avant la fin de la journée, tu n'auras qu'à m'attendre à l'entrée du lycée, d'accord ?
  •  Marché conclu ! A dans une heure dans ce cas, Saru. Et merci beaucoup !
  •  C'est parfaitement naturel, Yami. Tu es mon amie et c'est normal que je t'accorde un peu de temps quelques fois.

 

Raccrochant le téléphone pour se mettre en route vers le lycée, cette conversation avait finalement redonné le sourire à Yami. Saru était après tout le seul au monde à pouvoir rendre heureuse la jeune demoiselle. Nombreux étaient ceux à se méprendre à leur sujet et les penser en couple et amoureux, mais il n'en était rien. Ils étaient juste amis, se sentant très proche l'un de l'autre et heureux de passer du temps ensemble. Yami avait besoin de lui à ses côtés, de sentir sa présence et ses mots la rassurer, la réconforter. Elle ignorait comment il lui était possible de la toucher autant, plus qu'une autre personne, mais il était le seul à en être capable. Il lui était vraiment très dur de passer du temps sans lui.

Sur la route vers sa destination finale, Yami était souriante, soulagée que sa journée puisse finalement se passer aux côtés de son meilleur ami, et loin de sa mère. Le monde autour d'elle se retournaient à son passage, curieux de voir un être doté d'oreilles de chat, être heureux. En temps normal, ces gens étaient persécutés, nullement sujet à un quelconque bonheur et c'était justement de cette manière que Saru ainsi qu'elle-même s'étaient rencontrés.

A cette époque, Yami était encore scolarisée dans la même école que le jeune homme, et étudiaient dans la même classe ensemble. A cause de ses oreilles et comme bon nombre de ces enfants malades, la pauvre demoiselle était persécutée, victime de moquerie à longueur de temps. Les élèves lui avaient même donné un surnom, « La miaou de service » Normalement ce genre de terme était mignon à entendre, mais pas quand il était connoté de cette manière. C'était juste blessant pour elle, voire même humiliant et souvent, elle se cachait dans les toilettes des filles pour pleurer. Elle détestait avoir à révéler ses vrais sentiments devant ces gens, devant ces monstres qui déchiraient son cœur jour après jour.

Mais un jour, il est arrivé vers elle en entrant dans ces mêmes toilettes, ne se souciant en aucun cas du regard des autres. Il lui avait simplement proposé un mouchoir avec un sourire, se tendant vers elle avec toute la sincérité du monde. Yami qui était normalement quelqu'un de très renfermée, de très secrète, avait tout de suite été séduite par son sourire, par son regard plein de charme. Il était vraiment beau, Saru. Après tout, il était dans tout ce lycée, le second élève le plus populaire en beauté. Ce qui rendait la concurrence pour obtenir son cœur, vraiment intense.

Plus tard, Saru ainsi que Yami commencèrent à traîner de plus en plus ensemble, partageant même le moment des repas l'un avec l'autre. Elle aimait rester avec lui, échanger sur un nombre incroyable de sujet et progressivement, elle était parvenue à lui parler de sa maladie. Il ne s'était pas moquée d'elle, l'avait simplement écouté parler pendant des heures, sans l'interrompre et à la fin, l'avait même prise dans ses bras quand elle s'était mise à pleurer, craquant sous toute cette pression sociale que Yami ressentait. Elle était surprise, mais cependant heureuse, qu'une personne lui prête une telle attention, sans pour autant se moquer d'elle. Lui était sincère, elle le sentait. Mais les choses n'étaient pas restés longtemps ainsi...

La concurrence étant ce qu'elle était, des filles en quête du cœur de Saru, ne tardèrent pas à s'en prendre d'avantage à Yami. Jour après jour, elle était victime d'encore plus de brimades. La jeune fille ne pouvait rien dire à son ami, car elle était menacée d'être encore plus maltraitée dans le cas contraire. Donc elle se contentait de garder le sourire, de rester aussi proche de lui, jusqu'à ce qu'un jour, elle ne puisse plus en supporter d'avantage et qu'elle s'éloigne de lui...

Saru, bien fidèle à lui-même, n'avait pas tardé à remarquer le problème et avait attendu d'être seul avec elle à la fin des cours pour l'interroger sur son comportement. Elle n'avait pas réussi à garder le secret bien longtemps, et s'était retrouvée une nouvelle fois en larmes dans ses bras, ses bras si sécurisant qu'elle aimait tant. Mais elle avait peur, vraiment peur d'être encore victime de tous ces maux et de devoir encore se passer de sa présence. Alors, ils trouvèrent un arrangement ensemble. Yami allait quitter l'école et continuer ses cours à domicile. Mais ils resteraient en contact dans le secret, dans le privé et ainsi, plus aucune persécution scolaire ne toucherait la jeune fille. Même si elle vivait mieux cette situation, la jeune fille avait finis par se renfermer encore plus sur elle-même. Sans le voir au quotidien, elle aurait finis par devenir folle, perdre complètement la tête. En un sens, il était vraiment son sauveur, son porteur de lumière.

Le chemin pour rejoindre le lycée n'était pas bien compliqué, ses pieds la guidaient sans même qu'elle ne s'en rende compte, encore bercée par ses souvenirs la liant à Saru. Elle espérait de tout cœur en créer des milliers d'autres à ses côtés, rester toujours à ses côtés, son seul et unique ami. Et finalement, sous un beau ciel de printemps, elle arriva au bout d'une bonne heure de marche jusqu'à l'école en question. Cet établissement qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs, mais aussi d'excellents, comme sa rencontre avec son ami. Elle était partagée entre le dégoût et l'amour envers cet endroit. Elle espérait juste de tout cœur qu'il n'allait pas trop tarder à la rejoindre. Pour l'attendre, Yami se plaça simplement contre le muret à gauche du grand portail, avant d'entendre la sonnerie, annonçant la fin des cours. Elle était réellement une maîtresse dans l'art de la ponctualité, et s'en félicitait même parfois.

Progressivement, elle vit nombre d'élèves sortir de l'école en passant par ce même portail. Des visages familiers pour la plupart, d'autres complètement inconnus, mais aussi et surtout, des visages dont elle voulait se cacher, qu'elle détestait de tout son cœur pour le traitement qu'elle avait subis de leur part. Mais finalement, celui tant attendu se montra, ce grand homme aux longs cheveux bleu clair et au visage tellement doux et sublime. Il était un ravissement pour les yeux, et les siens d'ailleurs étaient tels des rubis dans lesquels Yami aimait volontiers se perdre. En la voyant en train d'attendre contre son muret, Saru se présenta à elle en lui adressant simplement un sourire, que Yami n'hésita pas à lui rendre à sa manière, c'est à dire avec une certaine fierté non-dissimulée.

  • Oh, bonjour Yami. J'espère que je ne t'ai pas fais trop attendre ?
  • Tu veux savoir la meilleure ? Je suis arrivée au moment même de la sonnerie, j'suis pas trop forte sérieusement ? Demanda de manière rhétorique la demoiselle en adressant un clin d'œil à son interlocuteur.

 

NOTE DE L'AUTEUR : Pour ce premier chapitre il me semblait essentiel d'installer l'environnement ainsi que le caractère du personnage principal, afin qu'elle appréhende mieux la suite des événements et que cela ressorte mieux à la lecture. J'espère que cela vous aura plu en tous cas... Et oui, pour ceux qui connaissent Yami Ryone, je me doute que cela doit vous paraître bizarre de le voir en tant que femme. Vous allez vous habituer, j'en suis sûr ! Un petit commentaire peut-être ?

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