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Chapitre 4 : Je ferais mes preuves

6794 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:53

Cet appel à l'aide lancé par son enfant n'alarma en aucun cas le professeur Mushine. Au contraire même, cet élan de colère qui l'avait animé en voyant la porte de sa pièce secrète s'ouvrir une nouvelle fois, s'était encore dissipé en voyant sa chère Yami entrer. Sa fille était toujours la bienvenue ici, et même la recevoir de temps à autre pour qu'elle assiste à son travail, était à chaque fois une grande fierté pour le grand homme aux cheveux grisonnant.

Toute fois, aujourd'hui n'était pas vraiment le meilleur jour pour que sa fille puisse débarquer ainsi à l'improviste. Par simple mesure de précaution, Kaku posa une nouvelle fois son pied sur le bouton au sol, afin d'éteindre les deux projecteurs et ainsi, protéger la vue de leur nouveau projet. Devant ce geste plus que curieux, Xia lança un regard à son supérieur, en lui demandant tout simplement au travers de celui-ci, la raison de cette action. Il espérait que sa partenaire comprenne sa réponse, celle que ce morceau de vie au sein de ce caisson, allait sûrement attiser la haine de beaucoup de monde, dont possiblement ces deux enfants. Et qu'il valait donc mieux, garder cela secret pour le moment.

Une autre collègue du scientifique ainsi que de son assistante, ne tarda pas à faire son entrée dans la pièce. Son regard effrayée témoignait très certainement de sa crainte de se confronter elle aussi à la grande colère de Kaku. Elle se trouvait toutefois encore en retrait par rapport aux deux enfants.

  • Toutes mes excuses, Professeur Mushine. Ces enfants, mais surtout cette jeune fille, ont réussi à forcer l'entre malgré notre interdiction d'accès et a tout fais pour venir vous voir.
  • Nul besoin de s'alarmer pour si peu, je vous prie. Cet enfant n'est autre que ma propre fille, Yami. Je lui donne depuis quelques temps la permission de venir me rendre visite. Vous pouvez vous retirer à présent. Répondit simplement le scientifique en présentant sa main en signe d'objection au rejet de son enfant.

 

Face au commentaire de son père, Yami se sentait comme protégée par son aura et dans un geste de sûreté, se retourna vers cette autre scientifique qui avait tenté de lui bloquer l'accès vers le la pièce secrète de son géniteur, et lui tira simplement sa langue au visage. Vexée et même outrée par rapport à ce geste de la part d'une enfant, la demoiselle se contenta de se retirer comme venait de lui donner l'ordre, son supérieur et claqua violemment la porte derrière elle.

Maintenant seulement tous les quatre entre ces murs, Kaku n'était toujours pas inquiété par les mots de son enfant et se contenta de s'adosser contre la paroi de son caisson en croisant les bras. Remarquant ce geste de tranquillité extrême de la part de son géniteur, Yami était choquée, voire même vexée qu'il ne leur vienne pas en aide alors que son domaine de prédilection était justement « Le Virus Du Chat ». Il était hors de question pour elle de laisser son ami mourir ainsi à cause de cette maladie. Se décidant à s'approcher vers le duo de scientifique, Xia regardait la scène en restant toujours dans son coin. Dubitative, inquiète pour la santé de ce jeune homme que portait cet enfant.

  • Qu'est-ce que tu attends pour venir nous aider, papa ? Tu comptes vraiment rester installé bien tranquillement contre ton mur et laisser mon meilleur ami mourir sans avoir tenté de le sauver ?!
  • Je suis chercheur dans la médecine, Yami. En aucun cas je ne peux me qualifier de médecin et cela depuis le temps tu devrais en être consciente.

 

Alors que son collègue de travail et maintenant associé, semblait décidé à ne rien faire par principe médicale, Xia ne se gêna pas d'aller à leur rencontre. La demoiselle, ne partageait en aucun cas l'avis étriqué de Kaku, et pensait très sincèrement qu'une vie sauvée, ne nécessitait aucun diplôme si cela s'avérait être possible et envisageable dans l'absolu. Mais le scientifique était resté tellement enfermé ici, dans un monde qui n'était pas celui des hommes, des humains, au point d'en oublier les bases fondamentales de l'existence.

Intriguée de voir cette jeune femme se rapprocher d'eux, Yami arrêta à son tour sa marche pour la laisser simplement arriver. Elle se demandait très sincèrement qu'elle était son but et même, si celle-ci était quelque part capable de sauver son meilleur ami. Bien que cette demoiselle dans le bureau de son père, était pour le moment une parfaite inconnue à ses yeux, elle portait une tenue semblable à celle de son paternel. Ce simple détails, si minime, était déjà capable de rassurer Yami. Xia arrivée vers le duo, se baissa à leur hauteur pour les regarder avec un beau sourire d'une tendresse rare.

  • Alors, ce garçon est malade et souffre d'une crise en ce moment si je comprends bien ?
  • Oui, c'est exactement cela, madame. Il y a quelques minutes nous étions tous les deux au parc en train de discuter, et j'ai tapé gentiment sur son torse à plusieurs reprises... C'est comme ça que la crise a commencé. Expliquait avec une grande nervosité Yami, regardant son meilleur ami en train de faillir, avant de lancer une nouvelle fois son regard sur cette femme. Est-ce que vous pensez pouvoir faire quelque chose pour lui ?!
  • Je pense avoir une bonne idée pour lui venir en aide, oui. Ne bougez pas d'ici tous les deux, je m'occupe de tout en un instant. Affirmait la jeune femme en lançant un clin d'oeil complice à Yami.

 

Même si cette femme était encore une parfaite inconnue pour elle, son entrain et son envie de les aider était déjà un très bon point pour elle. Yami commençait vraiment à lui accorder sa confiance, à désirer son aide plus que celle de n'importe qui et surtout celle de son père, qui refusait de se bouger. Xia se releva alors et marcha au fond de la grande salle en se dirigeant vers la gauche pour rejoindre l'évier du scientifique.

Lui comme tous les autres, possédait ce genre d'équipement dans leur propre chambre spéciale. Cela rendait la recherche beaucoup plus fructueuse et leur évitait de sortir de leur cocon à chaque envie de boire un petit quelque chose. Seulement, Xia en voyant l'état de cette vaisselle se doutait bien que son associé avait délaissé ce coin depuis quelques temps, et c'était d'ailleurs une des raisons de sa venue ici quelques minutes plus tôt. Elle était toute fois vraiment exaspérée de voir à quel point ce coin était délaissé, de la vaisselle débordante littéralement de l'évier.

Une grande chance que la cuisine se préparait toujours dans une salle commune, sinon Xia n'aurait osé imaginer le résultat. Ce remède temporaire que préparait la jeune femme, ne nécessitait toute fois qu'une simple tasse comme tant d'autre. Elle s'empara d'une de celles-ci, déposées ici avec une lâcheté sans égale et la lava rapidement sous de l'eau chaude et même bouillante. Remplissant la tasse à moitié d'eau, la jeune femme chercha dans sa petite poche intérieure, un sachet de thé, qu'elle déposa tout doucement dans le contenant.

Pendant ce temps, elle ouvrit le petit frigo placé juste à côté pour en sortir une bouteille de lait frais et en versa afin de remplir complètement cette tasse. Tout ceci était comme une danse que son exécutrice, maîtrisait à la perfection. Heureuse du résultat, Xia s'empara de sa concoction avec un grand sourire plein de satisfaction et touilla en même temps avec une cuillère qu'elle avait ramassé et lavé dans l'évier.

Kaku ainsi que sa fille étaient tous les deux assez intrigués de savoir ce qu'était en train de faire exactement cette jeune femme. Elle retourna cependant assez rapidement aux côtés du duo et s'abaissa une nouvelle fois devant Yami pour regarder son camarade, agonisant toujours et toussant aussi fort qu'à leur arrivé et même bien avant. Son état ne semblait pas s'améliorer, et même s'empirait au fur à et mesure que le temps avançait.

  • Je pense que cela aidera ton ami si tu lui fais boire ceci. Fais-moi confiance.

 

Jetant tout d'abord un regard à son père au fond de la salle, celui-ci semblait tout aussi perdu que la pauvre jeune fille. Mais elle ne comptait pas attendre sa prise de décision pour faire son choix. Bien décidé à venir en aide à Saru le plus rapidement possible. Elle n'avait pas d'autre choix que d'accorder son entière confiance à cette femme si elle espérait pouvoir sauver son ami. Yami, déterminée, s'empara de cette tasse en gardant son meilleur ami contre elle et l'aida à ouvrir la bouche pour y verser la concoction tout doucement et gorgée par gorgée. Il ne s'agissait clairement pas de le tuer en l'étouffant, mais bien de le sauver.

Même si tout n'était pas encore ingurgité par Saru, son amie commençait à voir une amélioration de son état depuis toute à l'heure. C'est seulement lorsque la substance fut complètement bue par le jeune homme, que celui-ci reprit une lente et paisible respiration, sans la moindre toux venant gâcher ce rythme normal.

Devant ce miracle de la nature, cet exploit de la part de cette femme, Yami ne put qu'exprimer son énorme étonnement. Elle était parfaitement consciente que l'associée de son père était sans doute une connaisseuse du virus, tout comme lui. Mais de là à connaître un remède temporaire pour aider les porteurs du virus à se sentir mieux l'espace de quelques instants. Cette femme était une magicienne, et Yami lui lançait désormais un regard plein d'étoiles.

  • Vous avez vraiment réussi à le sauver. Comment est-ce que vous avez fais, madame ?!
  • C'est un petit secret de famille, ma petite. Si tu veux apaiser la crise de quelqu'un, rien de mieux qu'une petite tasse de thé avec une légère quantité de lait. Si tu ne supportes pas le lait de vache ou que tu es végétarien, ce qui est normal, tu peux aussi utiliser du lait de soja. Ca marche tout aussi bien. Répondit Xia en lançant à Yami, ce même clin d’œil qu'elle lui avait adressé quelques minutes plus tôt.
  • Par pitié, ne me parlez plus jamais de lait de soja.. Rétorqua la demoiselle aux cheveux bleu en sentant une nausée pointer le bout de son nez à la simple énonciation de ce lait qu'elle détestait.

 

Surprise quelque peu de la réaction de cette petite, Xia ne lui adressa cependant aucune réponse pour le moment. Kaku, pendant qu'elle était en train d'échanger quelques mots avec sa fille, s'était approché du groupe pour se joindre à eux. Avec un sourire tendre et sincère, il déposa alors sa main sur l'épaule de son associé de travail pour une fois de plus, lui adresser toute son admiration et sa fierté de l'avoir à ses côtés.

  • Vous débarquez dans ma chambre privé et vous démontrez déjà votre capacité à briller dans bien des circonstances. Quelque chose me dit qu'on fera de grandes choses ensemble, Xia.
  • Je ferais de mon mieux pour ne pas vous décevoir, Professeur Mushine. Rétorqua immédiatement la demoiselle tout en récupérant son beau sourire. Elle était heureuse d'avoir réussi à gagner l'estime d'un tel homme, de cette véritable légende dans tout l'institut. Xia cependant quitta le regard de son supérieur pour encore une fois, se concentrer sur le duo juste en face d'elle. Une chose assez importante, que la scientifique avait oublié de leur préciser. Toutefois, même si ton ami est tiré d'affaire, il vaut mieux pour lui que tu l'emmènes dans une des chambres de repos pour qu'il se récupère quelques temps. Il en a grandement besoin après tout ça.

 

Observant avec attention et nombre d'interrogations, la relation en train de naître entre son paternel ainsi que cette énigmatique jeune femme, Yami se contenta d'écouter le conseil de cette dernière en acquiesçant d'un petit hochement de la tête. Au cours de toutes ses visites dans sa chambre privée, jamais la jeune fille n'eut l'occasion de voir son père accompagné de quiconque. Il semblait très clairement préférer sa solitude pour travailler, afin de fournir un résultat plus rapide et efficace.

Elle était la seule depuis toutes ces années, dont la présence était acceptée et même désirée. Étonnant était donc celle de cette jeune femme à ses côtés. En un sens, après avoir vu les talents l’œuvre de cette nouvelle assistante, et ses capacités à soigner son ami d'une crise plutôt violente, Yami comprenait partiellement les raisons de son père pour l'avoir accepter à ses côtés et même désirer son aide.

Yami s'empara finalement du bras de son ami pour le passer autour derrière son cou et ainsi, l'aider à marcher le temps d'atteindre ces fameuses chambres de repos. Cependant, même si Saru se laissait bel et bien faire par son amie, son cœur lui dictait de laisser s'exprimer tous les ressentis l'habitant vis-à-vis du traitement de cet homme par rapport à son enfant. Il avait écouté les paroles de Yami quelques minutes tôt, sa souffrance, toute cette incompréhension de ses parents à son égard. Il était hors de question que Saru s'en aille ainsi, sans que tout ne soit enfin libéré de son être et que sa conscience soit enfin en paix. Alors que le premier pas venait de se faire en direction de la porte d'entrée, il lança un regard cinglant à cet homme.

  • Il serait temps... Que vous preniez également conscience... Que votre fille aussi... Est capable de grandes choses.

 

Loin de se douter d'une telle tournure des choses, Saru ne s'était en aucun cas retenu d'exprimer le fond de ses pensées et de les adresser au père de sa meilleure amie. Celle-ci d'ailleurs, surprise comme Xia ainsi que son supérieur à qui le message était adressé, manifestait une autre émotion. La pauvre jeune fille ne savait réellement plus où se mettre, le rouge lui montant jusqu'aux oreilles.

Jamais elle ne se serait attendue à une telle chose venant de Saru. Qu'il prenne sa défense de cette façon, si spontanément et directement face à son père. En un sens, même si cela manquait d'une certaine délicatesse, elle était forcée de s'avouer que très peu auraient été capable d'une telle chose. Et cela la confortait dans sa première impression, celle que d'ailleurs elle avait adressé à son ami quelques minutes plus tôt. C'est un homme courageux, quoi que puisse être le jugement de sa propre personne.

  • Saru, mais qu'est-ce qui te prend de parler à mon père comme ça ? Pourquoi est-ce que tu racontes ça d'un coup ?! Exprimait timidement Yami en cherchant ses mots dans sa bouche, craignant le regard de son paternel.
  • Complimenter une pauvre inconnue, une... Collègue de travail et ne pas … Reconnaître le talent de votre propre fille, et c'est ainsi … Que vous espérez être respecté en tant que père ? Continuait d'affirmer Saru sans se laisser une seule seconde démonter par une possible crainte de représailles. Le jeune homme gardait son courage, son envie d'affirmer son opinion en lançant même un regard sérieux, voire même colérique à son interlocuteur.

 

Un silence de sourd venait de faire son entrée dans cette toute nouvelle scène. Une grand gêne s'en dégagea presque immédiatement, n'augmentant que d'avantage dans le cœur de Yami, la crainte du jugement de son père vis-à-vis de son meilleur ami. Mais celui-ci gardait le silence, comme ayant intégré chaque parole de ce garçon à son encontre. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'un sourire ne vienne apparaître sur le visage de cet homme, d'un habituel sérieux, voire même froid et sombre.

  • Un tel courage de la part d'un garçon de ton âge, ce n'est pas courant mon petit. Répondit finalement l'homme de science à la remarque de Saru. Cela bien sûr, tira un air de surprise à l'ensemble de l'assemblé, ainsi bien que cela paraisse très surprenant, au principal concerné. Kaku s'invita même à se rapprocher de sa personne, afin de lui adresser un sourire empreint d'un certains respect. J'ose croire que si tu me dis une telle chose, c'est que tu souhaites me voir faire preuve de considération à l'égard de ma fille. Auriez-vous parlé de quelque chose à ce sujet ?
  • Absolument pas ! Quelle idée, pourquoi est-ce que tu voudrais qu'on parle ensemble de quelque chose me concernant ? Affirmait avec beaucoup de crainte la jeune demoiselle. Il était étrange de la voir ainsi se dégonfler face à son père, mais ce sourire gênée trahissait son réel sentiment.
  • Votre fille souhaite être libre de pratiquer le Saut à la perche, et votre obsession pour cette maladie que nous possédons tous les deux, l'en empêche et la prive du bonheur qu'elle pourrait ressentir. Votre crainte de la perdre à la suite de cela, l'étouffe bien plus qu'elle ne la protège ou ne la rend heureuse. Pourquoi est-ce que vous êtes aussi obstiné à l'enfermer dans un cocon de sécurité, et ne pas lui laisser une seule chance de faire ses preuves ?
  • Cette discussion n'a pas lieu d'être, pas ici en tous cas et je refuse d'en débattre avec un gamin de ton envergure. Se contenta simplement de répondre le scientifique en récupérant son air sombre, toute cette noirceur dans son cœur à la simple énonciation de ce sujet qui l'effrayait bien plus qu'il ne souhaitait se l'avouer. Bien que Yami ressentait encore cette crainte de voir son père s'énerver une nouvelle fois, son meilleur ami conservait cette même assurance et fixait toujours cet homme dans les yeux. Est-ce que tu es seulement capable de comprendre ce que j'ai ressentis à la naissance de Yami ? Moi, Kaku Mushine, grand scientifique m'étant toujours battu activement dans l'espoir de mettre la main sur « Le Miracle » met au monde un enfant infecté par cette maladie... Ironique, n'est-ce pas ? C'est comme une mauvaise blague, une mauvaise vengeance de la part d'un ennemi invisible dont je peine à trouver le point faible depuis tant d'années. Alors ne viens pas me faire de leçon de moral, mon garçon.
  • Mais votre fille est vivante, elle existe au delà de sa maladie et ressent comme le commun des mortels. Cessez juste un peu de la voir comme un objet fragile, et regardez enfin son cœur. Commençait à crier Saru en s'énervant à l'écoute de l'explication de son interlocuteur. Effectivement, il était incapable de ressentir toute la souffrance de cet homme, puisque n'ayant jamais enfanté. Mais il ne pouvait le laisser continuer à voir Yami de cette façon.
  • Il suffit, cette discussion est terminée et ce pour toujours !

 

Il était évident que cette conversation entre ces deux hommes tournait en rond depuis qu'elle avait débuté, et ne se terminerait avec aucune fin satisfaisante. Pour cette raison, la voie féminine trouva bon d'entrer en jeu pour débloquer tout cela. Avec un sourire malicieux, sachant qu'elle était la seule à pouvoir raisonner cet homme qui semblait bloqué dans ses idées, Xia s'approcha de la scène. Elle, qui s'était relevée pour venir se replacer aux côtés de son collègue, regardait maintenant Yami et seulement Yami.

Les deux autres étaient à ses yeux, sur un terrain glissant et n'auraient aucune chance de pouvoir s'entendre. Xia estimait à juste titre, que la seule dont l'avis comptait réellement dans toute cette histoire, n'était autre que cette jeune fille. C'est en voyant cette femme miraculeuse faire une nouvelle fois son entrée en scène, que Yami exprima tout son questionnement vis-à-vis de ses réelles intentions. Elle s'agenouilla une nouvelle fois au niveau de sa petite interlocutrice et lui adressa toute la lumière de son sourire.

  • Et alors, que penses notre chère petite Yami de toute cette histoire ? Toi, qu'est-ce que tu désires réellement faire au juste ? Est-ce que tu veux réellement faire du saut à la perche, ça te tient vraiment à cœur ?
  • Oui... Oui, depuis toute petite c'est un rêve qui m'habite. Avait affirmé sans émettre le moindre doute, Yami en baissant finalement le visage. Ne ressentant plus cette crainte vis-à-vis de son père, elle laissait simplement s'exprimer ses vrais désirs. La présence de cette femme, semblait apaiser toutes ses peurs, la mettre dans un total état de confiance. Et ne pas pouvoir satisfaire ce rêve est devenu vraiment étouffant. Au point que je m'enferme tous les jours dans ma chambre pour regarder des vidéos sportives, enviant, désirant être plus que tout être à la place de ces athlètes au moins une fois... Au moins une fois... Je veux pouvoir toucher le ciel.
  • Qu'est-ce que vous en pensez alors, mon cher Professeur Mushine ? Demanda Xia en se retournant pour adresser ses paroles à son supérieur de travail, lui souriant toujours de la même façon. Pourquoi ne pas faire taire toutes vos craintes quelques instants et simplement écouter les vrais désirs de votre enfant ? Lui accorder une chance de faire ses preuves ? Je suis d'ailleurs sûre et certaine qu'elle est affreusement douée pour ce sport.
  • Vous savez que vous êtes pleines de surprise, Xia ? Répondit Kaku en croisant les bras et serrant ceux-ci entre ses mains pour exprimer en quelque sorte, toute sa frustration de ne pas réussir à contenir cette peur et ainsi, rendre vraiment sa fille heureuse. Mais un sourire finalement se manifesta sur son visage, se disant que pour une fois, un effort de sa part serait le bienvenu. Très bien dans ce cas, vous avez gagné. J'accepte de te donner une chance de tous nous surprendre ici, Yami. Si vraiment tu es douée, alors il est possible que je sois d'accord pour donner une chance à ton rêve de devenir une réalité.
  • C'est vrai ? Tu es vraiment d'accord ? Demanda Yami, comme pour se persuader elle-même que les mots qui venaient d'arriver jusqu'à ses oreilles étaient bien réels. Rapidement, elle abandonna le bras de son ami dans la précipitation, rattrapé in extremis par Xia, et se jeta dans les bras de son père pour se laisser enlacer par ce dernier. Je te fais la promesse que je ne te décevrais pas ! Tu vas voir, je suis vraiment douée !

 

C'est dans une pièce différente de celle-ci que la suite de cette journée singulière se déroula. Les dimensions de cette autre chambre étaient exactement les mêmes que celle de Kaku. Seul l'équipement installé différait grandement avec celui d'une salle de recherche classique. Des machines de réalité virtuelle étaient en effet installées ici, avec un énorme ordinateur central en son centre.

Le scientifique en arrivant ici, avait expliqué en quelques mots que cette salle servait pour les expérimentations et pour tester les effets d'un prototype sur un sujet test. Il était nécessaire pour eux que la personne ne se fatigue pas de façon inutile, donc le plonger dans une sorte de réalité virtuelle où ses capacités restaient les mêmes que dans le réel, semblait être le mieux. Inutile aux yeux du grand homme aux cheveux grisonnant, de laisser son enfant se fatiguer à la tâche. Estimant une fois de plus que sa Yami n'était pas apte en un sens pour ce genre de sport, c'était bien plus une façon de se donner raison que de prendre des précautions.

L'enfant était installée dans un siège, reliée à de nombreux capteurs et portant un casque pour s'immerger au sein de ce tout nouveau monde, crée tout spécialement pour elle et quelques autres dans son cas. Tandis que Yami attendait toujours le commencement du test de compétences, Kaku pianotait de nouveau avec frénésie sur les touches d'un tout nouvel ordinateur, installé dans un siège.

Xia avait suivi le mouvement, bien qu'elle se contentait tout bonnement de le regarder faire, assise elle-même sur un siège du même style. Il en était de même pour Saru, qui avait insisté lourdement pour suivre le mouvement et ne pas abandonner sa meilleure amie. Bien qu'elle s'inquiétait énormément pour ce garçon, Yami n'avait su opposer la moindre résistance face à tant de tendresse, face à tant de bienveillance de la part de son ami, et accepta sa demande.

  • Est-ce que tu es prête à commencer, Yami ? Demanda le scientifique en cessant brutalement le pianotement des touches sur son clavier, observant simplement son enfant du coin de l’œil avec une franche inquiétude. Kaku avait finalement accepté la demande de sa fille, mais voyait toujours sa maladie comme un frein énorme au développement de ses capacités.
  • Je suis prête, tu peux lancer la séance de test, papa ! Affirma la demoiselle, exprimant toute son excitation de se laisser plonger dans un tel monde et se laisser aller à être pleinement elle-même. Yami n'était même plus à même d'entendre dans la voix de son père, ce brin de crainte à son égard.
  • Ayez simplement confiance en votre fille, Professeur Mushine. Je suis certaine qu'elle va beaucoup vous surprendre au cours de cette séance de test. Suggérait doucement l'assistante du scientifique, en glissant un beau sourire.
  • Si vous le dîtes, je n'ai d'autre choix que de vous croire sur parole. Répondit Kaku dans un sarcasme agaçant et allant même faire grincer des dents la fameuse assistante. Je lance le programme, bonne chance à toi, Yami.

 

Un seule pression sur le bouton « Entrée » et le programme était lancé, pour le plus grand bonheur de Yami. Jamais l'enfant n'aurait pensé que son père aurait accepté une telle demande, surtout en connaissant sa peur vis-à-vis de cette maladie. Mais pour cela, elle était très reconnaissante envers son meilleur ami, et aussi cette femme qu'elle ne connaissait encore que très peu. Elle semblait être quelqu'un de vraiment bien, et emplie de bonnes intentions envers l'ensemble du commun des mortels. Sûrement la raison principale l'ayant amené ici.

C'est avec toutes ces pensées que le monde tout autour de la jeune fille se redessinait, empruntait une nouvelle forme virtuelle.Elle était désormais sur un terrain d’athlétisme plus vrai que nature, et dans sa main reposait une perche, ce genre d'objet dont elle avait toujours rêvé. Yami ne pouvait clairement plus contenir sa joie, tout son bonheur d'être enfin dans ce genre d'endroit et prête à se laisser entraîner par toute cette magie, et ce même dans un univers virtuel.

Devant elle commençait également à se matérialiser la fameuse barre de saut. La hauteur de celle-ci était d'ailleurs indiquée par cadrant sur le côté, montrant 2,5 m de haut. En voyant cela, Yami poussa un soupir de déception, et ne se gêna pas d'en faire profiter l'assistance dans le monde réel.

  • 2,5m, c'est vraiment tout ce que tu m'offres, papa ? Je suis vraiment capable de faire mieux, tu sais ?
  • Comment tu pourrais être capable de faire mieux que ça alors que tu n'as jamais pratiqué ce sport une seule fois dans ta vie ? Saute au dessus de cette barre pour commencer avant de penser à la suite.

 

Gonflant les joues pour manifester son mécontentement, la vue était par tous visible depuis l'ordinateur de la salle. Il était après tout important d'assister aux performances de la jeune fille, afin de pouvoir juger de ses capacités. Celle-ci, calmant son très léger élan de colère envers le manque de confiance de son père, se permit même de sourire. Yami était confiante, n'avait aucune crainte par rapport à la suite des événements et savait parfaitement qu'elle était capable de sauter au dessus de cette barre ridiculement basse pour elle. Après tout, la jeune fille avait escaladé un arbre avec une facilité déconcertante pour sauver un petit chat. Ce n'était pas cette hauteur qui allait l'effrayer loin de là.

Plaçant alors sa barre face à elle, s'inspirant des vidéos qu'elle avait regardé chaque jour sur son ordinateur portable, Yami était prête. Elle commença alors à s'élancer, observée par tous dans la même pièce. Kaku ne cachait clairement pas son doute, ne croyant pas du tout en sa réussite, tandis que Saru et Xia étaient quant à eux, bien plus curieux de voir la suite. Et cette suite, la demoiselle ne tarda pas à leur offrir en arrivant à son but. Elle appuya alors sa perche sur le sol afin de s'élancer vers le haut, poussant de toutes ses forces avec ses pieds sur le sol pour prendre un maximum de hauteur. Sans la moindre difficulté, non seulement, la hauteur imposée par son père fut dépassée, mais en plus de cela, elle monta bien plus haut que tout ce qu'il aurait pu espérer jusqu'à maintenant. A un tel point que devant l'écran de son ordinateur, la surprise sur son visage ne put être contenue un instant de plus.

  • C'est vraiment ma fille qui saute aussi haut ?! Mais... Comment est-ce seulement possible, alors qu'elle est malade ?!
  • Je vous avais prévenu qu'elle était vraiment douée cette gamine, mais vous n'avez pas voulu m'écouter. Répondit le jeune Saru en souriant pleinement à son interlocuteur et exprimant une confiance absolue en son amie. Bien qu'il était encore quelque peu affaibli, la performance de Yami ne l'étonnait absolument pas.
  • C'est vrai qu'elle est douée pour ce sport cette petite, ça serait dommage de priver le monde d'un tel talent. Êtes-vous d'accord avec moi, mon cher Professeur Mushine ? Suggéra tout doucement l'assistante du professeur, en posant ses coudes sur le bureau pour ensuite enfouir son menton entre ses mains, adressant un sourire ainsi qu'un petit clin d’œil à son supérieur.

 

De son côté, toujours dans sa réalité virtuelle, Yami retomba comme une fleur pleine de charme et d'élégance sur un tapis en mousse de l'autre côté. Durant son envol, la jeune fille eut réellement l'impression de quitter le monde terrestre pour se transformer en véritable oiseau. Défiant même les lois de la physique, pour enfin, ne faire qu'un avec le ciel. Enfin, la demoiselle aux oreilles de chat n'était plus qu'une simple malade que de temps à autre, on regardait avec un œil méprisant. Elle était Yami, une fille pleine de talent et pouvant enfin toucher l'immensité du ciel de sa seule main, toucher au bonheur. Ses deux mains étendues sur le côté, un grand sourire sur le visage, exprimant toute sa joie, elle regardait ces nuages, qui n'étaient pourtant que le fruit d'un programme informatique. Elle espérait pouvoir faire de même avec la réalité, quitter cette terre pour rencontrer les anges du Paradis.

  • Je l'ai fais, je l'ai vraiment fais ! Déclara pleine de bonheur la jeune fille, avant de voir ce monde disparaître pour qu'elle revienne dans le monde réel. Elle retira alors son casque ainsi que ces capteurs pour aller à la rencontre de son père, avec toujours ce même sourire exprimant toute sa joie. Tu m'as vu faire papa ? Tu as vu de quoi je suis capable alors ?
  • J'ai vu... De quoi tu es vraiment capable oui, Yami. Il est vrai que c'est très impressionnant et que je ne m'attendais pas du tout à une telle performance de ta part. Affirma l'homme en se grattant la joue, sous l'effet d'une certaine gêne après avoir vu cela, reconnaissant son erreur.
  • Alors tu es d'accord pour me laisser pratiquer ce sport du coup ? Hein, je peux vraiment maintenant ?
  • Je suis d'accord oui, mais pour le moment pas un mot à ta mère, hein ? Quoi qu'on fasse pour lui prouver ton grand talent, elle tentera de t'en empêcher. On pourra lui en parler une fois que tu seras inscrite à un club et bien lancée, mais pas avant, d'accord ? Déclara Kaku en venant caresser tout doucement les cheveux de sa chère enfant.
  • Bien compris, monsieur le chef ! Répondit la jeune fille avec toujours cette même joie dans le regard. Enfin, son rêve qu'elle caressait du bout des doigts depuis si longtemps allait devenir réel.  

 

NOTE DE L'AUTEUR : Je voulais souligner avec ce chapitre (Ou même avec cette histoire en générale) que les gens malades sont avant tout des gens normaux et que les taiter avec pitié ou condéscendance ne les aidera qu'à se sentir différent... Il faut les soutenir pour les aider à aller de l'avant, comme tout le monde. Les aider à accomplir leur rêve, peu importe s'il semble irréalisable. Car la vie est trop courte pour ne pas en profiter... Je n'en dis pas plus pour ceux voulant s'aventurer en note de l'auteur et qui voudraient se spoiler... ! Petit commentaire peut-être ?

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