Vivre

Chapitre 3 : Qu'est-ce que tu ressens... ?

6110 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:33

  • Maintenant tu connais la vérité à mon sujet, Yami. Rajouta simplement le jeune homme en gardant toujours ce même sourire, et dans un ton extrêmement calme et serein.

 

Seuls les bruits de la nature donnaient encore un peu de vie à cette scène, un peu d'ambiance. Car aucun mot n'était en mesure de s'évader de la bouche de Yami, encore en état de choc après ce qu'elle venait de voir. En se retournant pour faire face à Saru, et constater ce qu'il comptait lui montrer, la jeune fille s'était attendue à quelque chose de moins gros. Jamais elle n'aurait pensé que son meilleur ami, Saru, était finalement lui aussi atteint par cette horreur.

Dubitative, perdue dans ces millions de pensées se frayant toutes un passage sans la moindre pitié dans son esprit, la jeune fille aux oreilles de chat, approcha simplement sa main de celles de ce garçon. En un sens, en entrant en contact avec celles-ci, elle espérait les voir disparaître, ou même découvrir qu'elles n'étaient que factices. Seulement, au contact de ces choses qu'elle possédait pourtant elle-même, Yami n'eut d'autre choix que de se rendre à l'évidence et s'avouer cette affreuse et horrible vérité.

Ces protubérances sur la tête de son ami n'étaient pas de piètres imitations, elles étaient réelles. Exactement comme les siennes, la même sensation sous son doigt, ce n'était pas une tromperie de sa part. Cette vérité, explosant dans son cœur, cet éclat se brisant dans son être tout entier eut finalement raison d'elle. Tandis qu'une première larme coula de son œil, ne tardant pas à être suivie par d'autres compagnes qui s'écoulaient à grande vitesse. Saru était conscient du désordre qui devait avoir lieu au sein de l'être de son amie, et se sentait quelque part coupable d'en être le fautif.

  • Je suis sincèrement désolé de t'avoir caché la vérité aussi longtemps.
  • Espèce d'imbécile...Tenta de murmurer Yami entre deux larmes, tout en cognant faiblement sur le torse de son ami, tout en y enfouissant sa tête pour cacher ses larmes. Imbécile, imbécile... Gros imbécile. Pourquoi est-ce que tu es atteint par cette chose horrible toi aussi, pourquoi ?! Pourquoi... Est-ce que tu as choisis de me le cacher aussi longtemps, alors que je t'aurais compris comme tu l'as fais pour moi ?
  • Parce que je ne suis pas aussi courageux que tu peux le croire, Yami. Affirmait sans la moindre hésitation Saru, tout en posant sa main sur la tête de son amie pour la garder toute contre son corps. Il comprenait vraiment son sentiment en l'instant, en s'en sentait profondément désolé.
  • Tu n'es pas aussi courageux que je ne le pense... ? Qu'est-ce que tu racontes exactement ?! L'interrogea-t-elle en se redressant de nouveau pour le regarder dans les yeux. Des larmes s'écoulaient encore de ses yeux, tandis que son esprit était toujours empli de multiples questions à son attention.
  • Ces oreilles de chat que je porte comme toi depuis ma naissance, sont mon cauchemar. Rétorqua-t-il finalement en regardant la demoiselle avec un air assez mélancolique, venant essuyer du bout de ses doigts, les quelques larmes s'écoulant encore de ses yeux. Ce que tu ne sais pas à mon propos, c'est que je ne connaissais absolument rien de cette ville avant que tu ne me la fasses découvrir.. Ce que je veux te dire, Yami, c'est que même si toutes les filles m'ont nommé numéro 2 du classement des plus beaux garçons de toute l'école, il n'en reste que cela ne fait pas aussi longtemps que cela que je la fréquente, elle ainsi que cette ville.
  • Tu ne serais pas en train de m'avouer qu'avant de faire ma connaissance, tu étais exactement comme moi ?
  • C'est exactement ce que j'essaie de te dire, si. J'ai changé de villes à plusieurs reprises à cause de cette particularité que tu possèdes aussi. Contrairement à toi, personne n'est venu me tendre sa main pour me tirer des ténèbres dans lesquelles je me trouvais. C'est pour cette raison que j'ai préféré me cacher, dissimuler la vérité au monde entier en voilant mes oreilles et commencer une nouvelle vie dans une toute nouvelle ville. Et c'est ici que je t'ai rencontré.

 

Une nouvelle fois encore, Yami n'avait pas laissé une seule note s'échapper d'entre ses lèvres, de peur de couper son meilleur ami dans son explication et ses révélations. Elle apprenait des choses à son sujet qu'elle n'aurait jamais pensé possible et réelles. Depuis tout ce temps, la demoiselle voyait Saru depuis sa petite hauteur, et lui au dessus du plus grand monument imaginable. Il était comme un modèle à suivre à ses yeux.

Et maintenant, ce dernier lui révélait qu'il n'avait rien d'exceptionnel, qu'il était exactement comme elle. Mais non, cette particularité ne changeait absolument rien à ses yeux, il était encore le même, la même personne aussi bonne, gentille et douce avec lui. Sans pour autant être encore capable d'émettre un sourire à son égard, la demoiselle se contenta seulement de poser sa tête sur son torse pour entendre son cœur battre. Son organe vitale battait vite dans sa poitrine, sûrement angoissé par sa réaction.

  • Ton cœur bat tellement vite, Saru. Tu as dû avoir besoin de beaucoup de courage pour m'avouer tout cela. C'est pour cela que j'ai toujours la même estime pour toi, rien n'a changé pour moi. Mais il y a tout de même une chose que je me demande encore.. Déclara calmement Yami en relevant son visage en exprimant ce manque de compréhension qui l'habitait à la suite de cette révélation. Pourquoi est-ce que soudainement, tu as décidé de m'en parler et de me dire la vérité ? Notre conversation était si exceptionnelle que cela à tes yeux ?
  • Notre conversation n'a rien d'exceptionnelle, elle est même banale comme un échange quotidien entre toi et moi. Non. Marquant une pause à sa réponse, Saru posa simplement sa main sur la tête de son interlocutrice, pour lui donner en quelque sorte un début de réponse de cette manière. La demoiselle se sentait bien sûr troublée par son geste, attendant encore plus impatiemment la suite de sa phrase. Ce qui est exceptionnel ici, c'est toi, Yami.
  • Moi, exceptionnelle... ? Rétorqua lentement la demoiselle, choquée et troublée par l'avis de Saru à son sujet. Le rouge ne pouvait que lui monter aux joues par de petites doses, qui amusèrent toutefois le jeune homme.
  • Je connais peu de personnes qui auraient sauté ainsi pour rattraper cet animal en danger, et qui choisissent de porter les armes pour se battre contre leur peur des conséquences de sortir ainsi, sans prendre le soin de cacher leur oreilles de chat et s'exposer au monde entier comme cela. Tu montres par ton geste, Yami, que tu es comme tout le monde. Mieux encore, que tu es un exemple de courage.
  • Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça d'un coup, Saru ? Se demandait encore inlassablement Yami, tout en se cachant le visage une nouvelle fois contre son torse à cause de cet énorme rougissement qui venait s'emparer d'elle. Jamais auparavant et de la part de quiconque, elle n'avait été ainsi complimentée de la sorte. Tu n'es qu'un imbécile de me parler comme ça... Pourquoi est-ce que tu veux me faire rougir ?!
  • Héhé, ici n'est pas mon but, je t'en fais la promesse, Yami. Si j'ai choisis de tout te dire aujourd'hui, de te parler sans la moindre entrave, c'est simplement parce que je me sentais mal de te mentir. Tu es un exemple de courage, alors que moi j'ai toujours passé mon temps à te mentir sur quelque chose que tu aurais compris mieux que quiconque. Tu vois, je ne suis pas aussi intelligent, et aussi malin que tu le penses.
  • Ne redis plus jamais une chose pareille !! Tu es tout ce que je souhaiterais être un jour. Tu es, et tu resteras toujours ce modèle à mes yeux, que tu le veuilles ou non. Est-ce que tu m'entends bien ?! Demandait de manière rhétorique la jeune femme, prise d'une colère monstrueuse d'avoir entendu de telles choses de la part de son ami. Lui, qui avait été la seule personne à lui tendre sa main, à la tirer des ténèbres. Il était un exemple de gentillesse et de bienveillance à ses yeux, et elle détestait l’entendre parler ainsi. C'est pour cette raison qu'elle frappa sur son torse sans grande force, pour signifier en plus de son ton de voix, sa grande rage.
  • Eh, ne me frappe pas aussi fort, Yami. C'est entre l'ordre et la demande que ces mots s'échappèrent d'entre ses lèvres. Ses derniers mots, avant qu'une vilaine toux vienne l'agresser, et inquiéter Yami.
  • Saru, tu es sûr que tout va bien... ?
  • Oui, tout … Va... Bien... Affirmait faiblement Saru entre deux toux, qui devenait de plus en plus violente au fur et à mesure du temps à cause de ces simples coups sur son torse.
  • Je vois bien que tu ne vas pas bien du tout. Je t'emmène chez mon père tout de suite ! Rétorqua immédiatement la jeune demoiselle, avant de se retirer avec toujours cette inquiétude sur le visage. Elle se releva rapidement de sa place sur Saru, le regardant avec insistance, tandis qu'il ne comprenait pas l'intérêt d'une telle visite chez le père de son amie. Sa main posée devant son visage pour tousser encore et toujours.
  • Ton... Père... ? Pour... Pourquoi est-ce que j'aurais... Besoin de voir ton père... ?
  • Mon père en connaît un rayon sur cette maladie, il saura sûrement quoi faire pour t'aider ! Répondit encore une fois Yami, avant de prendre le bras de son camarade pour le faire passer autour de son cou et le tirer pour l'aider à se relever. Ce dernier, maintenant debout et soutenu grâce à la force de son amie, conservait cette expression dubitative vis-à-vis de ses dires.
  • C'est un genre de médecin alors...?
  • Euh... Si on veut oui. Prononça maladroitement la demoiselle, avant de se reprendre et de se montrer bien plus sérieuse. La vie de son meilleur ami était en jeu, et leur route commençait finalement. Bon, en route !

 

Saru était à des années de se douter de la vérité concernant le père de sa meilleure amie. Celui-ci, sans cesse en déplacement ces dernières années à cause de voyages d'affaires, n'était que très rarement à la maison avec sa petite famille. Il lui arrivait même très souvent de s'absenter encore pour se rendre à son travail, comme si au fond ses collègues ne pouvaient réellement pas se passer de sa présence à leur côtés. Yami ne voulait rien de plus que voir son père d'avantage, ne plus sans cesse éprouver ce manque. Elle en souffrait beaucoup, en pleurait même quelques soirs dans sa chambre sans alerter sa famille. Mais elle préférait ne rien dire, afin que son père ainsi que sa mère ne se fassent pas encore plus de soucis à son sujet. Après tout, ce n'était en rien la faute de son papa si ces absences répétées étaient une des causes de sa douleur.

Tandis que le duo était en ce moment même en route pour aller à la rencontre du père de Yami, ce dernier se trouvait encore et toujours devant son écran d'ordinateur, se consacrant comme tous les jours à son travail au sein de son laboratoire de recherche. Depuis toutes ces années, à l'époque où ce virus avait commencé à faire parler de lui, cet homme s'était mis en quête d'exterminer ce mal comme tous les scientifiques de ce monde. Il espérait, lui ainsi que les autres, trouver enfin le remède miracle pour soigner tout le monde. Ce traitement était maintenant appelé « Le Miracle » par les hommes et les femmes du métier, qu'ils espéraient tous un jour atteindre.

Tout ceci n'était autre qu'une quête, jusqu'à ce que finalement, Yami, sa fille, vienne au monde avec ces deux oreilles de chat. Lui, qui s'était battu toutes ces années pour combattre cette horreur, était devenu le père d'un enfant infecté par ce mal. Il aimait sa fille, vraiment il était un père aimant envers sa fille. Mais tout ceci résonnait dans son coeur comme une mauvaise blague, comme si son pire ennemi qu'était le Virus du chat se moquait de lui, le regardait de haut pour lui dire en quelque sorte, que jamais il ne parviendrait à en venir à bout et que la victoire serait finalement sienne.

Cet homme se prénommant Kaku avait depuis ce jour, redoublé d'effort pour combattre son nouvel ennemi. Voyant vraiment la recherche de ce traitement, non plus comme une quête épique, mais comme un véritable combat contre un être vivant. Seulement, jour après jour, suite à la naissance ainsi qu'à la croissance Yami, le père de famille se sentait désolé et triste de la voir aussi malheureuse. Évidement que son rêve le plus secret était de pouvoir pratiquer le saut à la perche. Elle était fascinée par ce sport depuis sa plus tendre enfance. Sa fille cependant ne mesurait pas l'étendue des risques, elle pouvait être exposée au mal à tout moment et finir par vraiment se tuer. Il avait tenté de lui expliquer avec sa mère à de nombreuses reprises, mais l'enfant, telle l'obstinée qu'elle est, finissait toujours par aller s'enfermer dans sa chambre.

A force de l'entendre verser des larmes de peine tous les soirs, de ne pouvoir se risquer à lui offrir le vrai bonheur et de voir ce sourire sur son visage s'effacer de plus en plus à cause de son pire ennemi, Kaku était devenu littéralement fou à lié. Il ne pouvait plus contrôler son sourire, à cause de son exposition à cet écran lumineux auquel il faisait encore et toujours face. Cela lui donnait un air assez effrayant, et à cause de cela d'ailleurs, tous ses collègues l'abandonnaient à son triste sort dans une pièce isolée et obscure.

Il était tout seul et se contentait de cette solitude, s'adonnant à son travail sans l'aide de ses associés. Tout ce dont le scientifique avait réellement besoin se trouvait ici, dans sa pièce privée. Elle était sombre, vraiment plongée dans une noirceur intense, hormis son écran jouant le rôle d'éclaireur. L'on pouvait voir au milieu de la grande pièce, un caisson bien étrange et relié à des câbles électrique. L'installation était remplie d'un liquide vert des plus suspects, et un embryon semblait flotter au centre, une vie encore endormie.

  • C'est bon, je touche enfin à quelque chose... Je sens que... - Murmurait Kaku en solitaire, avant de soudainement se faire interrompre par un bruit de porte en train de s'ouvrir.

Une de ses associés, se permit timidement d'entrer dans la pièce. Sachant qu'elle aurait mieux fais de laisser Kaku dans sa pleine solitude, elle ne pouvait cependant se résigner à l'abandonner sans au moins lui offrir une petite tasse de thé avec quelques biscuits. Cette femme à lunettes ainsi qu'à la longue chevelure brune attachée en deux couettes, ainsi qu'aux brillants yeux variant entre le bleu et le vert exprimait parfaitement l'émotion de la crainte, de l'appréhension. Sans doute avait-elle déjà dû affronter la colère de son collègue, mais cela ne l'avait cependant pas empêché de revenir.

Les mains du scientifique, pianotant sur son clavier informatique, cessèrent instantanément leur espèce de danse frénétique en entendant cette porte s'ouvrir ainsi que cette personne entrer. Un silence ne tarda pas à s'installer dans toute la pièce, assez gênant d'ailleurs. Sa collègue de travail poursuivit toute fois son avancé en laissant ses pas résonner entre ces quatre murs, intensifiant encore plus sa peur de se faire renvoyer à tout moment par le maître des lieux.

  • Je... Je pensais qu'une petite tasse de thé ainsi que quelques biscuits en accompagnement pourraient vous faire plaisir, Professeur Mushine... - Déclara la pauvre jeune femme dans tout ce silence, laissant entendre son accent particulier, et avec le secret espoir de rattraper cette énorme faute qu'elle avait commise en provoquant ce bruit sourd à l'ouverture de la porte de sa chambre privée.
  • Vous souhaitez vraiment... Répondit le jeune homme, immobilisant totalement son interlocutrice, qui n'osait plus faire le moindre pas en l'entendant simplement parler. Avant de reprendre en se retournant rapidement vers elle en affichant un sourire complètement fou et hurlant littéralement dans toute la pièce. Vous souhaitez vraiment me rendre complètement dingue en rentrant ainsi toutes les deux minutes ?!! Ah mais suis-je bête, dingue, je le suis déjà depuis bien longtemps, grâce à vous !!!!

 

A ce hurlement agressif émanent du grand scientifique, et juste à la vue de son visage souriant et quelque peu effrayant pour quiconque le verrait, la demoiselle ne conserva pas son équilibre bien longtemps et laissa tomber son plateau au sol avec cette tasse et ces biscuits. Le contenant en porcelaine se brisa totalement en tombant au sol en quelques éclats. Les sucreries finirent par subir le même sort tragique, privant ainsi Kaku de ce goûter qui aurait pu le contenter pendant quelques minutes.

Comme tout scientifique imposant le respect à son prochain, Professeur Mushine portait cette caractéristique blouse blanche comme tous les jours. Il détestait d'ailleurs ne pas l'avoir à porté de main. Celle-ci à force de toujours travailler, était devenue sa meilleure alliée, bien plus que tous ses collègues. Il avait d'ailleurs finis par tous les qualifier de parfait incompétents. Mais lui au fond n'était pas mieux, à ne pas avoir trouvé après toutes ces années, la moindre piste pour espérer guérir tout ce monde, et surtout sa fille. Kaku était un homme de 45 ans, dont le visage exprimait le poids des années ainsi que des échecs.

Son air pâle à cause de son manque cruel d'une bonne alimentation depuis quelques mois, lui donnait d'ailleurs un air semblable à celui d'un zombie. Cela n'alimentait qu'encore plus son côté effrayant, et le savoir l'en amusait énormément. Ses yeux, autrefois d'un jaune aussi pur que la lumière du soleil, n'étaient plus aujourd'hui qu'une pâle copie d'une étincelance. Ils n'étaient plus que le vestige d'une heure de gloire, d'une beauté transcendante perdue à tout jamais et dans leur sein, ne restait plus qu'une folie sans pareille quand il les laissait s'ouvrir entièrement, comme d'ailleurs en cet instant. Ses cheveux courts et en bataille, montraient eux aussi, un manque cruel d'attention à l'égard de sa propre personne. Ceux-ci, teintés entre le gris ainsi que le blanc, avaient perdus également toute vie et tout éclat. Mais cela ne semblait poser aucun problème au grand scientifique, dont ce n'était clairement pas la première priorité. Peu importe si son corps encaissait ainsi le poids de ses efforts, pourvu qu'ils payent un beau jour et lui rapporte « Le Miracle » tant attendu par l'ensemble de sa confrérie.

  • Toutes mes excuses, Professeur. Je ne voulais pas vous déranger pendant votre travail, loin de moi mon intention. Je... Vais me retirer et vous laisser travailler tranquillement. Insista la demoiselle en commençant à se retourner, le cœur battant à cent à l'heure sous sa poitrine de faire encore face à un tel personnage.
  • Ne partez pas encore, chère demoiselle. Déclara le professeur, toujours dans un sourire et dans un ton encore plus sadique que précédemment.

 

Ses mots avaient fais s'immobiliser son interlocutrice. Elle était maintenant comme un piquet, prise d'une panique qu'on n'aurait su nommer proprement. Kaku aimait prendre tout son temps, adorant lire cette peur sur le visage des autres. Il était devenu légèrement cruel avec le temps, même si ce trait de sa personnalité avait toujours été inscrit au fond de lui. Se levant tout doucement de son fauteuil en le décalant lentement, très lentement de manière à ce que cette femme puisse entendre le moindre glissement résonner entre ces quatre murs. C'était un peu sa façon de lui faire payer son intrusion, et aussi un petit plaisir personnel que Kaku se permettait de temps à autre.

Rabattant sa chaise à roulette contre son bureau, l'étrange homme aux cheveux grisonnant, s'approcha calmement de cette femme en gardant ses mains dans ses poches. Un silence si intense dans cette pièce, que l'on aurait presque pu entendre résonner, les battements de cœur de sa pauvre interlocutrice, qui appréhendait l'instant fatidique. Elle entendait ses pas se rapprocher de plus en plus, avec toujours cette même lenteur dans le geste. Plus le temps avançait, et plus cette femme regrettait amèrement d'avoir eu cette idée de lui apporter ces petites choses.

  • Est-ce que vous souhaitez découvrir « Le Miracle » un jour ?
  • Je... En tant que scientifique de cet institut, mon but n'est autre que la découverte de ce remède. Il en est d'ailleurs de même pour tous nos chers collègues qui travaillent activement à sa découverte. Avait répondu aussi calmement que possible, cette jeune femme. Bien que sa question avait attisé sa curiosité.
  • Je ne vous demande pas cela en tant que scientifique, en tant qu'employé, mais en tant que véritable personne. Est-ce que découvrir cette merveille est pour vous, un rêve ou juste un but comme un autre ?
  • Un... Rêve... ? Avait demandé comme une sorte d'interrogation envers elle-même, cette jeune scientifique. Ses mains s'étaient fermées, envahie par une étrange colère tout à coup. En vérité, j'ai ce désir de mettre un jour la main sur le secret du « Miracle » pour sauver une vie qui m'est chère. Mon fiancé, même si notre vie ensemble est comme un conte de fées, je sais que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne finisse par être emporté par ce mal, lui comme tant d'autres à travers le monde.
  • Vous êtes un spécimen tout à fait intéressant ma chère demoiselle. Avait finalement répondu le scientifique, ayant continué de se rapprocher pendant qu'elle exposait cette vérité. Sa main était venue se poser sur son épaule avec une certaine délicatesse, ce qui l'avait grandement surprise, dans le bon sens du terme. Permettez-moi de vous présenter mes excuses pour mon excès de colère, je vous ai mal jugé en pensant que vous n'aviez en tête que cette gloire et ce profit après avoir découvert le remède. Mais vous semblez vous battre pour quelque chose de plus noble, dans l'intérêt d'une personne qui vous est chère. J'aimerais connaître votre charmant nom, chère collègue de travail.

 

Il était tellement rare de voir un sourire se dessiner sur les lèvres de Kaku, un véritable, et non pas un de ces nombreux spasmes de sadisme qui s'emparaient de son être à chaque fois que cet élan de folie l'étreignait. Il avait trouvé au sein de cet institut, une personne qui se battait dans le même objectif que lui, dans le but de sauver une personne précieuse. Le sourire, le bonheur et la guérison étaient leur véritables motivations au fond et cela encourageait grandement l'homme aux cheveux blancs.

En voyant cela, ce changement brutal de comportement à son égard de la part de Kaku, la demoiselle se laissa aller à lui répondre par un fin sourire d'une rare tendresse. Elle était agréablement surprise de le voir lui montrer finalement du respect ainsi que de l'estime. Elle ignorait si ses paroles, ainsi que sa sincérité en étaient la raison. Toute fois, il était hors de question qu'elle laisse passer cette chance de se rapprocher de cet homme. Lui qui était au sein de l'ensemble de ce bâtiment, un véritable mystère pour tout le monde.

  • Je m'appelle Xia... Xia Yu Yao, Professeur Mushine. J'ai été transférée récemment d'un institut se situant à Hong-Kong, afin de palier au manque d'effectif. J'espère qu'ensemble l'on pourra mettre la main sur ce « Miracle » et que tout le monde pourra enfin connaître la paix grâce à nous.
  • Oh, un vent venant d'ailleurs, c'est vivifiant tout ça ! Je dois avouer que je me suis longtemps demandé d'où venait ce petit accent vous caractérisant tellement. Maintenant je suis au courant, grâce à vous, Xia. Ajouta brièvement Kaku, avant de réaliser visiblement quelque chose en affichant une mine quelque peu étonnée. Sans manifester la moindre retenue dans son geste, il attrapa la main de Xia pour la tirer. Oh mince, j'oubliais avec tout ça qu'il serait vraiment temps que je vous montre les résultats de mes travaux. C'est après tout indispensable si vous souhaitez m'accompagner dans mon travail.

 

La tirant encore et toujours comme un jouet, vers le centre de la pièce où ils se trouvaient tous les deux, Kaku relâcha finalement sa main en pressant un espèce bouton situé au pied de cette installation de verre. Grâce à cela, deux projecteurs situés à droite et à gauche dans le fond de la chambre, vinrent éclairer de plein feu, cet élément central baignant dans ce liquide vert. En voyant cela, Xia manifesta sans retenue toute cette surprise qu'elle ressentait, ainsi que cette admiration sans borne pour cet homme. Au sein de ce liquide, les yeux de la de la jeune femme se posait véritablement sur cet embryon, encore sans vie. Raccordé encore pour l'instant à un cordon ombilicale, cette chose semblait être sur le point de naître à tout moment.

Ne laissant parler que son obsession pour cette parcelle de future existence, la nouvelle collègue de Kaku, se rapprocha de ce caisson tout doucement. Le maître des lieux, l'observa cependant avec une certaine méfiance et vigilance. Elle était la bienvenue à ses côtés pour lui offrir son aide, mais ce n'était pas un prétexte pour fourrer son nez avec trop d'inscression dans son travail. Cependant, Xia semblait voir en cette chose, un tout nouvel espoir pour leur découverte du « Miracle » dont ils aimaient tous tant parler, comme si cela s'agissait d'une sombre légende inaccessible. Sa main vint alors se poser sur la vitre de verre, n'observant qu'encore plus cet embryon, sur lequel était en train de pousser des oreilles de chat, comme toutes ces personnes en ce monde, infectées par ce virus. La demoiselle tourna alors son regard vers son associé, intriguée de voir ici et sur ce nouvel être, ces protubérances.

  • Ces oreilles de chat... Est-ce que cet embryon est... Tenta simplement de demander la demoiselle, sans parvenir à finir sa question, que l'homme avait compris sans même qu'elle n'ai besoin de conclure.
  • Est-ce que cet embryon est contaminé par le « Virus Du Chat » ? Ce morceau d'existence est un Porteur Sain. Il porte le Virus et se développe au contact de celui-ci, de cette manière, son métabolisme sera très certainement capable de se battre contre ce mal en train d'essayer de l'attaquer. Nous savons que les oreilles de chat sont une caractéristique que l'on a remarqué depuis toujours chez les porteurs de ce mal, mais ce que nous ne savions pas à l'époque, c'est que le Virus se développe pendant la grossesse, et non pas dès son commencent. Alors que se passerait-il si dès la conception, l'enfant était atteint par cette maladie ? Est-ce qu'il aurait la capacité de la contrer et ainsi, de devenir quelque part, un vaccin pour tous les malades de ce monde ?
  • Professeur Mushine, c'est l'idée la plus brillante qu'aucun autre chercheur n'ai jamais eu jusqu'à maintenant ! Avait affirmé Xia sans émettre le moindre doute, venant même prendre les deux mains du grand professeur dans les siennes, ce qui le surprit grandement. Est-ce que vous vous rendez compte que si cet enfant parvient vraiment à tenir face au Virus, le premier vaccin au monde contre cette maladie, pourra être mis en circulation ? Nous avons peut-être ici, dans le sang de cette chose, « Le Miracle » qu'on attend tous depuis des années !
  • Cet enfant peut très bien résister face au virus, comme il peut se faire infecter par celui-ci à tout instant. Attendons de voir les résultats d'analyse après quelques mois avant d'émettre un jugement sur cette expérience. Répondit avec une extrême retenue le jeune homme, intimidée qu'une autre femme que la sienne vienne le toucher ainsi.
  • Oh, vous avez sans doute raison. Excusez-moi de m'être ainsi emportée, cela ne m'arrivera plus à l'avenir. Répliqua aussitôt Xia en relâchant les mains de son collègue et baissant le visage.

 

Finalement, cette discussion autour de cet embryon que l'on pouvait qualifier de vraiment magique pour la possible avancée de la science, avait redonné espoir à Kaku. Lui-même s'était avoué ne pas vraiment croire en ce projet loufoque, un de plus qui échouerait, comme tous les autres. Mais l'emballement de cette femme devant sa découverte, avait éclairé son cœur d'une lumière nouvelle. Son visage était lui-même illuminé par un magnifique sourire, regardant cette collègue juste en face de lui.

Cependant, un bruit sourd vint de nouveau interrompre ses occupations. Encore cette porte, s'ouvrant cette fois avec force et sans la moindre délicatesse. Intrigué et quelque peu énervé qu'on vienne encore le déranger aujourd'hui, Kaku jeta un coup d'oeil vers l'entrée de sa chambre. Xiao se contenta de suivre son regard en cette direction, pour voir qu'une jeune fille aux cheveux bleu foncés, tenant par le bras, un grand homme aux cheveux bleu clair, venait de rentrer dans cette pièce. La jeune fille regardait visiblement en direction de Kaku, manifestant toute sa panique ainsi que son inquiétude.

  • Papa, nous avons besoin de ton aide !!!

 

NOTE DE L'AUTEUR : Voici ici une autre facette de ce monde, l'avancé de la science. Ses échecs et ses espoirs, mais aussi et surtout le père de Yami. J'espère vraiment que aurez apprécié ces deux nouveaux personnages qui entrent en scène ! Un petit commentaire peut-être ?

Laisser un commentaire ?