Le Sixième Elément

Chapitre 4 : Chapitre IV Perdu en chemin

1948 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 09:54

CHAPITRE IV : PERDU EN CHEMIN

 

          La journée à Méridian se passa sans aucun problème. Elyon était toujours heureuse de voir ses amies lui rendre visite. Cela lui donnait une excuse pour abandonner sa charge de souveraine durant quelques heures. Depuis qu’elle avait chassé son frère Phobos du pouvoir, elle n’avait plus vraiment de temps pour elle. Heureusement, ses parents d’adoption étaient restés près d’elle et savaient qu’une jeune fille de son age ne pouvait tenir tout un royaume à elle seule. La jeune fille avait bien grandi. Elle avait maintenant toute la prestance d’une reine, que ça soit par la tenue, l’envie d’aider son peuple et par la beauté. Elle n’avait pour l’instant aucun prétendant.

           Caleb était devenu un homme. Ce qui n’était pas pour déplaire à Cornelia. Capitaine de la garde de la Reine, il était tout aussi occupé. Mais pour l’espace de quelques heures, il avait laissé sa charge à son second. Dés que Cornelia laissa Elyon avec les autres, ils partirent faire une longue ballade dans la campagne autour de la ville.

           Malgré les sourires qu’elle affichait, Caleb connaissait assez l’élue de son cœur pour savoir que quelque chose la préoccupait.

« A quoi tu penses ?

-On a eu une petite réunion avant de venir, dit Cornelia sachant très bien qu’il était inutile de lui cacher la moindre chose. Hay Lin a fait un rêve. Elle pense qu’il est prémonitoire. Elle a vu Will mourir, tuée par une ombre armée d’un sabre noir.

-La gardienne de l’ombre ?

-Tu connais ?

-C’est une vieille légende liée aux Gardiennes et à la Muraille. Cette histoire est connue à Méridian car à l’époque, le combat opposant les Gardiennes à la gardienne de l’ombre s’est passé en grande partie à Méridian.

-Sais-tu où est le sabre noir ?

-Il serait sur Terre d’après la légende, récupéré par une secte d’adorateur des Ténèbres.

-C’est ce que nous a dit la grand-mère d’Hay Lin. Dommage que tu ne puisses pas nous en dire plus. D’après la grand-mère, ce rêve veut dire que le sabre noir a choisi une nouvelle gardienne de l’ombre. Et que le combat entre les Ténèbres et la Lumière va reprendre. On va peut-être de nouveau se battre. Je n’ai jamais vu Hay Lin aussi perturbée par un rêve. J’espère que son rêve ne se réalisera pas.

-Et Will ? Comment le prend t-elle ?

-Je ne sais pas. Je ne la comprends plus. Elle a l’air éteinte depuis quelques temps. Elle ne nous parle plus, elle ne ri plus. Du moins, plus comme avant. On pense qu’il s’est passé quelque chose avec Matt.

-Ils ne sont peut-être plus ensemble. Les relations à distance sont difficiles.

-Nous on y arrive.

-Oui, mais Will et Matt ne sont pas nous.

-Je voudrai qu’elle nous parle. Si elle ne nous dit rien, comment allons-nous l’aider ?

-En étant ses amies, tout simplement.

-Facile à dire. Bien, si on parlait d’autre chose. On ne se voit déjà pas souvent, alors ne perdons pas notre temps.

-De quoi veux-tu parler ?

-Je ne sais pas si parler est le terme exact. »

Elle se pencha sur lui et l’embrassa amoureusement. Les bras de Caleb l’entourèrent. Les mains de la jeune fille parcouraient son torse, invitant celles de Caleb à descendre plus bas.

 

           La journée toucha à sa fin. Les filles retournèrent sur Terre. Avant de se quitter, Cornelia interpella Will.

« Will, il faudrait qu’on parle tous ensemble.

-J’ai pas le temps, dit Will. Maman m’attend pour dîner.

-Will, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu ne nous parles plus ?

-Mais je vous parle !

-Je parle des choses importantes. Depuis un mois, tu as l’air absente. Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est Matt ? »

Will baissa les yeux. Elle ne voulait pas que ses amies voient le voile de tristesse qui teintait ses yeux.

« C’est bien ça, n’est-ce pas ? Il a rompu avec toi. Pourquoi tu ne nous as rien dit ?

-Ce sont mes histoires ! hurla t-il les yeux mouillés de larmes. Ça ne regarde que moi.

-Mais Will, nous sommes tes amies, dit Taranee d’une petite voix. Nous pouvons t’aider, te soutenir.

-Vous ne comprendriez pas !

-Si tu ne nous expliques rien c’est sûr ! cria Cornelia. On est tes amies ! Mais si tu nous tournes le dos, c’est sûr qu’on ne va pas pouvoir t’aider. Il faut parfois accepter l’aide des autres.

-Je n’ai pas besoin d’une blondasse qui ne pense qu’à faire des ballades avec son petit ami pour se faire tirer ! »

La main de Cornelia partit sans qu’elle n’ait à réfléchir. Will resta immobile et sans voix durant un long moment. Cornelia se rendit compte de ce qu’elle venait de faire, regardant sa main comme si elle ne lui appartenait pas.

« Will, souffla t-elle trop tard, la jeune fille s’enfuyait en courant. »

 

           Will courut sans savoir où elle allait. Tout ce qu’elle voulait, c’était être seule. Elle ne pouvait accepter que Cornelia ait raison. Elle avait besoin d’aide. Elle avait besoin de ses amies. Lorsqu’elle s’arrêta de courir, elle pleurait à chaudes larmes. Ses amies lui pardonneront-elles ?

           Elle releva la tête au bout de plusieurs minutes. Elle connaissait cette ruelle sombre et sale. C’était le raccourci qu’elle prenait pour le lycée. En journée, ça allait. Mais la, tard dans la nuit, elle n’était pas rassurée. Elle avait peur. Elle regarda tout autour d’elle. Elle ne remarqua rien si ce n’est un clochard endormi, enroulé dans une couverture miteuse. Un bruit derrière elle la figea sur place. Elle se retourna lentement. Trois hommes se tenaient là. Ils la regardaient avec avidité.

« Et bien ma mignonne, on est triste, dit l’un d’eux. Tu es perdue ?

-Non, souffla t-elle. Je…je rentre chez moi.

-On peut te raccompagner si tu veux.

-Non.

-Ce n’était pas une question. Allez viens avec nous on va s’amuser.

-Non. Laissez-moi. »

Elle continua de hurler, mais rien n’y fit. Les trois hommes l’avaient attrapée. Elle avait beau se débattre, elle ne pouvait rien contre leur étreinte. Elle sentit leurs mains sauvages sur son corps. Son manteau traînait déjà derrière. L’un d’eux fit glisser son pull et son tee-shirt. Son soutien-gorge fut arraché sans ménagement, libérant sa poitrine juvénile dans l’air glacé. Elle sentit les mains de l’un d’eux s’attaquer à son pantalon.

« Arrêtez ! hurlait-elle de moins en moins fort à mesure que sa volonté disparaissait. »

Elle se résigna totalement à son sort quand une des mains sales et froides se glissa dans sa culotte. Que pouvait-elle faire contre tant de sauvagerie ? Après tout, sa vie ne valait plus rien.

           « Laissez-la. »

La voix s’était élevée de derrière les agresseurs. Will sentit un léger espoir reprendre vie dans son cœur.

« Dégage sale clodo ! cria un des agresseurs. On est occupé. A moins que t’en veux une part toi aussi.

-J’ai dit laissez-la. »

La voix avait quelque chose de plus glacial que le vent qui frappait violement la peau mis à nu de la jeune fille. Malgré tout, ce froid réchauffa son cœur vacillant.

          L’un des violeurs se releva pour faire face à l’homme providentiel. Will ne vit qu’une silhouette. Derrière son sauveur, la couverture miteuse du clochard était vide. C’était lui qui s’était levé pour l’aider. Mais comment un simple clochard pourrait se débarrasser de trois hommes.

           Le violeur s’élança pour frapper d’un coup de poing. Le clochard l’intercepta d’un coup de pied à l’estomac qui le fit tomber à genoux. Les deux autres agresseurs lâchèrent Will pour venir faire face au sauveur. L’un d’eux sorti un couteau papillon, l’autre se saisit d’une barre de fer qui traînait dans la neige. Celui qui avait reçu le coup de pied se releva.

« Tu vas crever connard. »

L’homme au couteau attaqua pour planter sa lame au torse. Le clochard esquiva la lame en entrant sur l’attaque et frappa d’un coup de l’intérieur du sabre de main à la tête, projetant le loubard sur le côté. Il fit un tour sur lui-même vivement pour venir frapper celui à la barre de fer d’un violent coup de talon dans le nez, le propulsant en arrière. Il finit par le premier en le mettant KO d’un coup de pied circulaire à la pommette.

           Tout c’était passé si vite que Will avait cru que c’était irréel. Le clochard se tourna vers elle. Elle eut peur de nouveau. Et s’il ne s’était débarrassé d’eux que pour la violer tranquillement. Elle ferma les yeux, attendant que le clochard se jette sur elle. Mais elle ne sentit que son manteau déposer sur ses épaules. Elle leva les yeux vers le clochard. Elle n’aurait pu donner son age, trompée par sa barbe hirsute. Ses yeux sombres étaient tristes mais n’avaient aucune avidité.

« Vous ne devriez pas passer par ici mademoiselle, dit-il. Je ne suis pas en ville depuis longtemps, mais j’ai remarqué que ce quartier n’est pas très fréquentable. »

Il parlait un français bon mais avec un léger accent que Will ne connaissait pas.

« Merci, parvint-elle à balbutier.

-Je ne suis qu’un clochard qui n’aime pas qu’on s’en prenne aux jeunes filles. Vous devriez rentrer. »

Will se leva, remettant ses vêtements correctement. Elle se mit à courir pour sortir de la ruelle. Elle se retourna une fois pour jeter un dernier regard à son sauveur. Il s’était simplement recoucher dans sa couverture comme si de rien n’était.

           Will ne pensa plus à cette mésaventure avant d’être chez elle. Elle prit une longue douche pour se débarrasser des traces laissées par les doigts sales de ses agresseurs. Et ce ne fut qu’une fois allongée dans son lit qu’elle craqua et se mit à pleurer.

 

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