Le Sixième Elément

Chapitre 14 : Chapitre XIV Quand les coeurs s'emmêlent

1638 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:45

           CHAPITRE XIV : QUAND LES CŒURS S’EMMÊLENT

 

           Irma porta Hanabi jusqu’à sa chambre. Elle avait installé un lit de camp dans sa chambre pour la jeune fille aux yeux en amande. Mais ce soir, Irma lui laisserait son lit. Elle la déposa délicatement sur le lit et rabattit les draps sur elle. Elle contempla une dernière fois son visage paisible. Ne voulant pas tout de suite la quitter des yeux, elle fit un pas en arrière sans se retourner. Elle se prit les pieds dans le tapis et bascula en arrière. Mais heureusement, dans un formidable réflexe, Hanabi la rattrapa d’une main et la tira sur le lit. La japonaise y avait mis trop de fougue et Irma tomba sur elle.

           « Ouille, fit la gardienne. Je ne t’ai pas fais mal ?

-Non ça va. Et toi ?

-Grâce à toi. Tu ne dormais pas ?

-Si, mais on nous a appris à être vigilant même en dormant. C’est bizarre que je n’ais pas réagi quand tu m’as porté jusqu’ici. C’est sûrement que je me sens bien avec toi. »

La remarque fit rougir Irma. La gardienne ne comprenait pas la nature de cet émoi que la japonaise faisait naître en elle. Elle sentait son souffle chaud sur son visage.

« Je…je vais dormir sur le lit de camp cette nuit, dit Irma.

-C’est ton lit, dit Hanabi. Je vais te le rendre.

-Non reste là. Tu as bien le droit d’en profiter toi aussi. »

Irma se leva et s’allongea rapidement dans le lit de camp.

           Irma ne parvint pas à dormir avant un long moment. Quelle était cette chaleur qu’elle avait ressenti dans ses entrailles quand elle était si proche d’Hanabi ? Elle ne pouvait deviner qu’à même pas deux mètres d’elle, Hanabi avait les mêmes pensés.

 

           Le lendemain, Hanabi se rendit seule au restaurant des parents d’Hay Lin. Eric la taquina un peu :

« Tiens, tu as perdu Irma ?

-Non, elle devait voir quelqu’un aujourd’hui.

-Ça va ?

-Oui, disons que je réfléchissais à quelque chose. Si on s’entraînait. J’ai besoin de me dépenser. Tu entraînes Will et Taranee aujourd’hui ?

-Non, elles ont cours. D’ailleurs Irma aussi normalement.

-C’est vrai, c’est bizarre.

-Viens, on va se défouler. »

 

           Irma sonna à la porte en espérant que celui qu’elle venait voir serait bien là. Elle fut heureuse quand ce fut effectivement lui qui ouvrit : Martin.

« Irma ! s’exclama t-il. Qu’est-ce que tu fais là ?

-J’avais besoin de parler à quelqu’un.

-Entre. »

           Martin lui servit un verre d’eau en l’invitant à s’asseoir dans le canapé.

« De quoi voulais-tu parler ? demanda t-il.

-Est-ce que je te semble normale ?

-Irma, on se connaît depuis la maternelle. J’ai toujours cru que tu étais une sorte d’extra-terrestre.

-Je ne plaisante pas Martin.

-Excuse-moi. Tu es tout à fait normale. Je te l’assure. A part que tu peux te transformer en petite fée et que tu contrôles l’eau.

-Les autres me tueraient si elles savaient que je t’ai parlé de ça. Quand je dis normale, je ne veux pas dire physiquement ni par la magie, je veux dire…

-Tu es tout à fait normale. Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. C’est normal.

-Tu ne sais même pas de quoi je parle.

-Tu es amoureuse. »

Irma s’arrêta même de respirer. Alors il la connaissait si bien. Elle ne pensa même pas à démentir. Elle aussi était arrivée à cette conclusion.

« Ça se voit tant que ça ? dit-elle.

-Demande-moi plutôt quand je l’ai deviné. Hier. Tu n’as pas arrêté de lancer des petits regards à Hanabi. Et puis je te connais par cœur.

-Ce n’est pas possible. C’est une fille !

-Et alors ? Est-ce si important qu’elle soit une fille ou un garçon ? L’important c’est que tu te sentes bien avec elle, non ?

-Comment tu fais pour poser toujours les questions qu’il faut ? Mais qu’est-ce que je dois faire alors ?

-Pour ça je ne peux pas vraiment t’aider. C’est à toi de voir.

-Mais si elle me rejette ? Qu’elle ne veut même plus être mon amie ?

-Je ne crois pas qu’elle soit du genre à aller jusque la. Et puis comme on dit : qui ne tente rien n’a rien.

-Merci Martin, fit Irma en déposant un baiser sur sa joue.

-Ma porte te sera toujours ouverte ma petite pâquerette. »

 

           Irma alla suivre le reste des cours de la journée. Elle pensa surtout à ce qu’elle allait faire ce soir. Elle n’en avait simplement aucune idée. Lorsque la cloche de la dernière heure sonna, elle eut la surprise de voir Hanabi qui l’attendait à la grille en souriant. Sur le chemin, Irma n’osa même pas croiser son regard.

           Le père d’Irma travaillait encore de nuit. Hanabi prépara le dîner pendant qu’Irma se penchait sur ses devoirs sans arriver à se concentrer. Quand le moment de passer à table arriva, elle n’avait presque rien fait. Irma eut la surprise de découvrir des mets qu’elle ne connaissait pas. Hanabi avait fait des plats typiquement japonais : des sushi. Irma se régala. Sitôt le dîner terminé, elle voulut aider la japonaise à débarrasser.

« Tu as fini tes devoirs ? fit-elle.

-Non, pas encore, répondit Irma.

-Alors vas-y. Je vais me débrouiller. »

           Irma se remit à travailler. Hanabi vint lui apporter du thé. La lycéenne en profita pour relever le nez de ses cahiers.

« C’est dur ? demanda Hanabi.

-Non, mais je n’arrive pas à me concentrer ce soir. »

Irma se laissa aller contre le dossier de la chaise et se mit à se balancer sur deux pieds. Elle bascula en arrière d’un coup. Hanabi l’attrapa par les épaules, la tira vers elle et roula pour qu’elle tombe sur elle et non pas sur le sol.

           Irma n’avait vu que sa chambre tournée devant ses yeux. Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte de ce qu’il s’était passé et que le bruit sourd qu’elle entendait était le cœur d’Hanabi. Elle apprécia le contact chaleureux du corps de la kunoichi. Puis elle se décida à relever la tête de sa poitrine.

« Tu ne t’ais pas fait mal ? demanda t-elle.

-Non, et toi ? fit la japonaise.

-Ça va. Grâce à toi. Encore une fois.

-Tu as la manie de tomber.

-Tant que c’est dans tes bras, ça me va. »

Irma ne se rendit compte qu’après de ses propres paroles. Sous la lumière de l’ampoule accrochée au plafond, elle rougit à vu d’œil. Elle vit son reflet écarlate dans les yeux d’émeraude d’Hanabi.

« Excuse-moi, dit-elle en essayant de se relever mais Hanabi la tira vers elle, l’obligeant à reposer son oreille contre son cœur.

-Tu n’as pas à t’excuser, souffla t-elle. Tu peux rester comme ça autant que tu voudras. »

           Irma sourit en sentant les bras d’Hanabi l’entourer. Pas pour la retenir, juste pour la serrer un peu plus contre elle. Elle resta là longtemps à écouter son cœur battre. Plus haut, Hanabi souriait également. Elle sentait le délicieux parfum des cheveux d’Irma lui emplir les narines. Elle aimait sentir sa chaleur contre elle. Elle perdit un peu son sourire par dépit quand Irma se releva de quelques centimètres. Mais elle le récupéra rapidement quand elle vit le visage souriant de la gardienne à quelques centimètres du sien.

Irma ne voulait plus réfléchir, il fallait qu’elle sache tout de suite. Mais savoir quoi ? Elle ne savait plus vraiment. Savoir si le visage d’Hanabi rayonnait autant de chaleur que sa poitrine ? Connaître le goût de ses lèvres si douces ? Ou simplement savoir si elle partageait les mêmes sentiments qu’elle ? Tout cela elle n’avait qu’une façon de le savoir. Elle s’approcha encore un peu de son visage. Les bouts de leurs nez se frôlèrent doucement. Elle sentit la chaleur qui bouillonnait dans son ventre s’intensifier quand Hanabi ferma les yeux. Enfin, leurs lèvres se joignirent, tendrement, amoureusement. Irma n’avait jamais rien connu d’aussi doux.

Les lèvres d’Hanabi avaient un goût de fruit sucré.

 

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