Le Sixième Elément

Chapitre 21 : Chapitre XXI Coeur blessé

2753 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:57

           CHAPITRE XXI : CŒUR BLESSE

 

           Irma se redressa d’un coup, cachant instinctivement sa nudité avec le drap. Dans l’embrasure de la pièce se tenait son père. Il avait le visage furibond. La surprise se lisait dans ses traits.

« Qu’est-ce que tu fais à ma fille ? s’écria t-il.

-Papa, souffla Irma. Je croyais que tu rentrais tard.

-J’ai bien fait de rentrer on dirait. Qu’est-ce que vous faisiez ?

-Papa, sort, je m’habille et je vais tout t’expliquer. »

Le père d’Irma lança un dernier regard assassin à Hanabi et sortit en claquant la porte.

           Irma cacha son visage dans ses mains. Jamais elle n’avait vu une telle expression sur le visage de son père. Hanabi passa un bras autour de ses épaules.

« Tout va bien, fit la japonaise. Il fallait bien lui expliquer un jour. Je suis sûre qu’il acceptera ton choix.

-Je n’en suis pas sûre moi. »

Irma se leva et s’habilla. Hanabi l’imita. Elle voulait l’accompagner dans cette épreuve, ne pas la laisser affronter son père seule.

           Monsieur Lair faisait les cent pas dans le salon, apparemment incapable de se calmer. Lorsque les deux amantes entrèrent, il tourna vers elle des yeux furieux et dégoûtés.

« Lâche ma fille, rugit-il en voyant qu’elles se tenaient par la main.

-Papa, laisse-la, ordonna Irma. Elle me tient la main mais moi aussi.

-Ce n’est pas un jeu Irma. Je ne veux pas de ça chez moi.

-Tu ne veux pas de quoi ? Tu n’oses même pas le dire, hein ? Qu’est-ce qui se passe ? Ça te dégoute que ta fille aime une autre fille ? Tu aurais préféré me trouver au lit avec un garçon ?

-Au moins ça aurait été normal.

-Mais qu’est-ce que c’est être normal pour toi ?

-C’est pas coucher avec une fille quand on est soit même une fille.

-Je couche avec qui je veux. Je couche avec Hanabi parce que je l’aime. Je suis amoureuse d’elle. Tu peux comprendre ça.

-Ce n’est pas normal. Est-ce que tu as pensé au regard des gens ?

-Quels gens ? Je m’en fous des gens. Ils pensent ce qu’ils veulent, je ne vais pas renier mes sentiments pour leur faire plaisir.

-Et tes amis alors ? Qu’est-ce qu’ils vont penser ?

-Tout ceux au courant l’ont très bien accepté. Et ils sont heureux pour moi.

-Ah ! Parce que je suis le dernier au courant en plus.

-Et ça t’étonnes ? Regarde comment tu réagis ! C’est pour ça que je ne voulais pas te le dire. Je savais que tu le prendrais mal. J’avais décidé d’attendre.

-Mais t’as pensé à moi ? A ce que mes collègues, la famille et mes amis vont penser de moi s’ils l’apprennent ?

-Je m’en fous.

-Et bien pas moi !

-Et bien disons que je me fous de ce que tu penses aussi. »

           Le père d’Irma voulut donner une gifle à sa fille mais son bras fut stopper en plein mouvement. Hanabi s’était avancé pour protéger sa petite amie. Elle avait saisi à la volée le bras de monsieur Lair.

« Lâche-moi sale traînée ! insulta t-il.

-Ne la touchez pas monsieur Lair, fit Hanabi. Ou sinon…

-Je fais ce que je veux salope !

-Ne l’insulte pas ! cria Irma. Je t’interdis de l’insulter. J’en ais assez.

-Moi aussi, annonça le père d’Irma en se dégageant de la saisie d’Hanabi. Toi la jap, dehors. Je ne veux plus te voir ici ou rôder autour de ma fille.

-Si elle s’en va, moi aussi, dit Irma.

-Je te l’interdis !

-Et comment ? J’ai plus de seize ans, j’ai le droit de choisir où vivre entre ici et chez maman. Je vais t’avouer que si j’étais ici, c’est parce que c’est plus près du lycée. Je vais aller chez maman. Et tu ne peux pas m’en empêcher. »

Monsieur Lair sembla sur le point de répliquer mais il se retourna et s’enferma dans la cuisine.

           Irma réunit ses affaires. Elle remplissait ses sacs par des gestes nerveux. Hanabi la connaissait assez pour savoir qu’elle ne craquerait pas pour le moment, mais qu’elle finirait par craquer. Les deux filles lourdement chargées se dirigèrent vers la porte d’entrée. Irma lança un dernier regard vers la porte de la cuisine d’où n’était pas sorti son père. Elle n’alla même pas lui dire au revoir.

 

           La mère d’Irma habitait avec son petit frère à l’autre bout de la ville. Elles ne pouvaient s’y rendre à pied. Irma et Hanabi décidèrent de se rendre chez Taranee qui n’habitait pas loin pour demander de l’aide. Ce fut heureusement la jeune gardienne du feu qui ouvrit la porte malgré l’heure tardive. Elle fut surprise de les voir si chargées à cette heure. Elle les invita à entrer.

« Qu’est-ce qui se passe ? questionna t-elle.

-Mon père nous a surprise, répondit Irma. Hanabi et moi. J’avais oublié de fermer le verrou de ma chambre. Il est entré dans une colère noire. Et finalement, j’ai décidé de partir.

-Mais où allez-vous aller ?

-Chez ma mère. Mais c’est à l’autre bout de la ville. Je voulais savoir si ton frère ne pourrait pas nous y emmener.

-Tu connais Peter, il sera ravi de t’aider. Restez ici, je vais lui demander. »

           Quand Taranee sortit, Hanabi sentit Irma se mettre à trembler. Ce n’était pas à cause du froid. Il ne faisait pas froid. Hanabi serra son amoureuse contre elle. Elle n’était pas loin de craquer. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était rester près d’elle.

           Taranee revint quelques minutes plus tard, disant que son frère sortait la voiture du garage. Les trois filles chargèrent les valises et sacs dans le coffre. Et grimpèrent. Hanabi et Irma se mirent sur la banquette arrière. Irma se pelotonnant contre la japonaise aux yeux verts. Heureusement, Taranee connaissait le chemin et indiqua la route à son frère.

           Peter et Taranee aidèrent Irma et Hanabi à décharger leurs affaires et décidèrent d’attendre avec elles de voir si la mère ou le frère d’Irma étaient bien là. Ce fut le jeune Chris qui ouvrit. Il fut surpris de voir sa sœur sur le pas de la porte.

« Irma ? Qu’est-ce que tu fais là ? demanda t-il.

-Est-ce que maman est là ? fit Irma visiblement à bout.

-Oui, entrez donc. »

Peter et Taranee se contentèrent de déposer les sacs dans l’entrée. Irma les remercia.

« C’est fais pour ça les amis, sourit Taranee. Prend soin d’elle, dit-elle à l’adresse d’Hanabi.

-T’en fais pas, assura la japonaise. »

           « Irma. »

La mère d’Irma s’approcha sans comprendre ce qui se passait. Sans lui donner d’explication, la jeune fille vint se blottir dans les bras de sa mère.

« Viens, tu vas tout me raconter. »

Ils s’installèrent dans le salon. Irma resta dans les bras de sa mère. Elle était visiblement au bord des larmes.

« Alors qu’est-ce qui se passe ? demanda la mère d’Irma.

-C’est papa, répondit Irma. Il… il m’a crié dessus. Alors je suis partie.

-Pourquoi t’as t-il crié dessus ? »

Irma ne savait pas si sa mère le prendrait mieux que son père mais elle n’avait pas d’autre choix que de tout lui raconter.

« Il m’a surprise avec Hanabi, dit-elle.

-Que faisiez-vous ?

-Nous… nous…nous étions…

-C’est vous Hanabi ?

-Oui madame, répondit la japonaise.

-Vous ne faisiez rien d’interdit j’espère ?

-Non, nous… »

Hanabi s’arrêta. Ce n’était pas à elle de lui dire. Mais elle posa sur Irma un regard équivoque que la mère de cette dernière comprit aussitôt.

« Je vois, fit-elle. Ton père a toujours eut l’esprit étroit.

-Je lui ais dit que j’aime Hanabi mais il m’a crié que je n’étais pas normale. Que le regard des autres allait changer. Je lui ais dit que je m’en fichais. Il a voulut me frapper. Heureusement, Hanabi était là.

-Merci Hanabi.

-C’est normal, dit Hanabi. Je ne laisserais personne s’en prendre à Irma madame.

-Appelez-moi Jeanne. Tu es ici chez toi Irma, ne t’inquiète pas. Et Hanabi peut rester elle aussi.

-Merci maman.

-Il se fait tard, vous devriez aller vous coucher. Tu as l’air épuisé. »

Jeanne déposa un baiser sur le front de sa fille.

           Irma alla dans la salle de bain pendant qu’Hanabi et Jeanne amenait les sacs dans la chambre qu’occupait Irma quand elle venait chez sa mère. Lorsque la jeune fille arriva, Jeanne les laissa seule. Irma se coucha directement, rejoint par Hanabi. La gardienne se blottit contre son amante. Se relâchant totalement, elle se laissa aller et se mit à pleurer. Hanabi la tenait étroitement contre elle. Il fallut plusieurs heures malgré la fatigue pour qu’Irma s’endorme.

           Vers sept heures du matin, Hanabi se leva sans réveiller sa petite amie. Elle voulait juste aller aux toilettes et boire un verre d’eau avant de retourner auprès d’elle. Dans la cuisine, elle tomba sur Jeanne qui préparait son petit-déjeuner.

« Bonjour Hanabi, sourit-elle. Déjà levée.

-Je devais aller aux toilettes et je voulais boire un verre d’eau. Irma dort encore. Elle a eu du mal à s’endormir.

-Elle a pleuré. Elle a beau être forte, elle a comme tout le monde son point de rupture. Heureusement qu’elle vous a.

-Heureusement que je l’ais aussi. »

Hanabi but son verre d’eau. Une question lui brûlait les lèvres.

« Cela ne vous dérange pas ? demanda t-elle.

-Quoi donc ? Que ma fille soit amoureuse d’une autre fille ? Du moment qu’elle est heureuse, c’est tout ce qui compte à mes yeux.

-Je ferais tout mon possible pour la rendre heureuse. »

           Chris entra avec les yeux bouffis de quelqu’un qui vient juste de se réveiller. Sa mère, habituée, lui servit un bol de chocolat chaud.

« Maman, j’ai pas envi d’aller en cours aujourd’hui, dit-il.

-Et bien tant pis, tu iras quand même, sourit Jeanne.

-Et Irma ? Elle a pas cours aujourd’hui ?

-Je crois qu’elle n’est pas en état d’y aller. J’appellerais le lycée tout à l’heure.

Je vous la confie pour la journée Hanabi.

-Avec plaisir, dit Hanabi.

-Tu l’aimes ma sœur, hein ? fit Chris.

-Oui.

-Ça fait quand même bizarre de penser qu’Irma aime les filles.

-Tu sais, pour moi ça a été une découverte, et d’après ce qu’elle m’a dit, pour Irma aussi.

-Chris, dit Jeanne. C’est comme ça c’est tout. Est-ce que ça te dérange ?

-Non. Et puis Hanabi est canon. Je l’envie. Mais je me dis que je vais avoir une magnifique belle-sœur.

-Merci. Je vais retourner auprès d’Irma. Je ne veux pas qu’elle soit seule quand elle se réveillera.

-Il y a de quoi manger dans le frigo pour ce midi, indiqua Jeanne.

-Merci. »

 

           A plusieurs kilomètres de là, Will se réveilla dans les bras d’Eric. Ce dernier était déjà réveiller et la regardait. Will l’embrassa amoureusement pour lui dire bonjour. Elle jeta une œillade à son réveil qui indiquait 7h30. Elle se leva d’un coup, elle allait être en retard au lycée, et en plus elle mourait de faim. Voyant qu’elle raterait la première heure de toute façon, elle se calma et décida de prendre son temps. Elle décida de prendre une bonne douche. A peine eut-elle commencé à se mouiller que son amant la rejoignit. La douche dura un peu plus longtemps que prévu.

           Ils prirent ensuite un petit-déjeuner et partirent pour le lycée. Eric laissa Will devant la grille après lui avoir souhaité une bonne journée avec un dernier baiser. Lorsqu’elle passa la grille, Will était sur un petit nuage. Elle repensait à cette nuit. Et rien que d’y penser, elle se surprit à être impatiente de voir leur prochaine soirée romantique arrivée.

           A la pause de dix heures, elle rejoignit ses amies. Will fut surprise de l’absence d’Irma. Cornelia était là mais Will et elle ne s’adressèrent pas la parole. Ce fut Taranee qui intervint.

« Vous allez cesser de vous faire la gueule toutes les deux, dit-elle d’un ton inhabituel. On a un problème plus important pour le moment.

-Et lequel miss Je-n’ai-plus-peur ? demanda Cornelia.

-Irma, elle est venue chez moi hier soir avec Hanabi et ses bagages. Son père les a surprises toutes les deux. Et il n’a pas apprécié. Irma est chez sa mère. Elle n’avait pas l’air bien du tout quand je l’ai laissée.

-Irma craignait que son père découvre sa relation avec Hanabi, dit Hay Lin. Elle est solide mais ça a dû la secouer.

-Ce soir, on va chez la mère d’Irma, décréta Will. On doit lui montrer qu’on la soutient. »

Les autres acquiescèrent. Will bailla largement.

« Et bien ! fit Hay Lin. Tu as l’air un peu fatigué ma grande. Et en plus tu as raté la première heure de cours. Dure la nuit ?

-Pas vraiment dure, sourit Will. Mais disons que je n’ai pas beaucoup dormi.

-C’était agréable au moins ?

-Oui. Et puis au réveil, c’était pas mal non plus. »

 

           Le soir, après avoir déposé leurs affaires chez elles, les gardiennes se retrouvèrent au restaurant. Accompagnées d’Eric, elles se rendirent chez la mère d’Irma. Ce fut Chris qui vint leur ouvrir. Irma était sur le canapé, dans les bras d’Hanabi. Elle avait les yeux rougis de quelqu’un qui avait pleuré toute la journée. Elle fut heureuse de voir ses amis et promis de revenir au lycée dés le lendemain. Cornelia ne fit aucun commentaire sur Hanabi et Eric. Elle avait compris que ce n’était pas le moment.

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