Le Sixième Elément

Chapitre 22 : Chapitre XXII Fête et Défaite

2171 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/04/2011 13:32

           CHAPITRE XXII : FÊTE ET DEFAITE

 

           Irma ne revint au lycée que le lundi. Ses amies auraient aimé la voir durant le week-end mais elle était le plus souvent dehors, se promenant en compagnie d’Hanabi sans rien dire de l’endroit où elles allaient. Les filles furent contentes de la voir arriver le lundi matin, main dans la main avec Hanabi. Malgré qu’elles soient juste devant le lycée et que bien d’autres élèves et professeurs soient présents, attendant le début des cours, les deux amoureuses s’embrassèrent pour se dire au revoir. Certains dévisagèrent Irma avec des yeux ronds quand elle rejoignit ses amies. Elle avait récupéré son sourire éclatant. Cornelia ne put se mentir, elle savait que la japonaise l’avait aidée à remonter la pente. Et malgré toute son animosité, elle était heureuse de revoir son amie sourire.

           Taranee quitta les autres gardiennes pour rejoindre sa salle de cours. En chemin, un garçon aux cheveux châtains et aux yeux marron se glissa dans son dos discrètement. Et tout d’un coup, il fit :

« BOUH !! »

Il pensait sûrement que la jeune fille allait sursauter et paniquer, mais la métisse se retourna d’un coup en lui assénant un revers du poing au visage. Surpris, le garçon se prit le coup et regarda la jeune fille avec des yeux apeurés.

« Eh ! s’exclama le garçon. C’est nouveau ça !

-Pardon Nigel ! fit précipitamment Taranee. »

Elle s’approcha rapidement de lui pour s’excuser d’un doux baiser sur ses lèvres. Nigel apprécia cette douceur de sa petite amie et l’enlaça.

« Je suis désolé, fit-elle de nouveau quand ils s’écartèrent. J’ai agi par réflexe.

-J’ai vu. Tu frappes dur. Et toi qui dis que tu ne sais pas te défendre.

-En fait, j’ai un ami qui nous donne des cours d’arts martiaux aux filles et moi.

-Et bien, il fait du bon boulot. Comme ça, je m’inquièterai moins pour toi.

-J’espère que tu continueras à t’inquiéter pour moi quand même.

-C’est sûr. Au fait, y’a des potes qui m’ont dit qu’ils avaient vu Irma embrasser une fille devant la grille.

-C’est vrai. C’est Hanabi, elle nous entraine aussi. C’est une chic fille.

-Et Irma et elle sont…

-Elles sont ensembles et s’aiment. Ça te choque ?

-Non. De nos jours c’est courant. Mais connaissant Irma, ça me surprend. Surtout qu’un de mes potes aurait aimé tenter sa chance. Tant pis pour lui. Tu es toujours d’accord pour venir à la fête chez Uriah.

-Uriah, répéta Taranee. J’en ai pas de très bon souvenir du collège de celui la.

-Je te l’ai dit, il a changé. Depuis qu’il est dans ce lycée militaire, il a eu à qui parlé et est revenu dans le droit chemin. Et puis, on est plus au collège. On a tous grandi depuis.

-C’est vrai. Je me demande juste si ses autres amis du collège verront la même chose. Ils sont invités aussi, n’est-ce pas ?

-Oui mais ne t’en fais pas. Je suis sûr que tout ira bien. »

           Toute la semaine se déroula sans encombre. Le sourire d’Irma était au torride fixe. Will était un peu blasée que sa mère soit revenue de son déplacement professionnel. Cela signifiait qu’Eric ne pourrait pas venir dormir chez elle. Quand ils dormaient. Cornelia était un peu moins agressive envers Hanabi. Quand à Taranee, elle s’inquiétait un peu de cette soirée chez Uriah vendredi soir.

           Uriah avait fréquentée le même collège que Nigel et les gardiennes. Il était, à l’époque, plutôt du genre perturbateur. Il avait accumulé tellement d’heure de retenu et de jour de renvoi à la fin de ses années collège qu’il avait passé plus de temps dans la salle de retenu que dans les salles de classe ou la cour de récréation. Son père, en ayant marre de la situation, l’envoya dans un lycée militaire en internat. D’après Nigel, il avait changé. Taranee avait des doutes mais avait déjà accepté d’accompagner son petit ami.

           Le vendredi soir, elle mit un bel ensemble couleur prune pour sortir. Quand Nigel vint la chercher, ce fut Peter, son frère, qui ouvrit. Les deux garçons se connaissaient bien, Taranee sortant avec Nigel depuis le collège. Les deux amoureux partirent quelques minutes plus tard.

           Ce fut Uriah qui vint leur ouvrir la porte. Physiquement déjà, il avait changé. Il avait toujours les cheveux roux et le visage constellé de tache de rousseur, mais il avait grandi et n’était plus coiffé en bataille. De plus il ne portait plus des tee-shirts arborant des têtes de mort, il avait simplifié sa garde-robe. Ce qui surpris le plus la jeune fille fut son regard. Avant, il toisait tout le monde d’un regard moqueur. Maintenant, il avait l’air d’apprécié les gens avec plus de respect. Il serra franchement la main de Nigel en lui souriant et salua Taranee en inclinant légèrement la tête.

« Je suis content que tu sois venue Taranee, dit Uriah. J’ai eu peur que tu penses que j’étais le même qu’au collège.

-J’y ai pensé, avoua la jeune fille.

-Je m’en doutais. Et je ne t’en veux pas. J’étais vraiment le dernier des cons.

-Il reste encore un peu de vocabulaire à éliminer à ce que je vois.

-Faut pas rêver la dessus. Avec les militaires, tu apprends à être plus droit, à respecter, mais pas à parler plus poliment, bien au contraire. J’ai appris pas mal d’expressions disons : exotique. Genre : espèce de testicule de chien sauvage, ou couille de loup.

-Je vois, fit Taranee en riant.

-Salut Uriah, fit un garçon en entrant. »

           Deux garçons se tenaient dans l’entrée. Ils n’avaient même pas pris la peine de sonner. L’un d’eux avait des cheveux blonds et une carrure de rugbyman. L’autre s’était coloré en violet et était franchement gros. Ils portaient des tenues franchement trashs. Uriah s’excusa auprès de Nigel et Taranee pour s’avancer vers eux. Il leur serra la main l’un après l’autre.

« Kurt, Clubber, fit-il. Ça fait plaisir de vous voir. Je vois que vous aller bien. Vous n’avez pas changé.

-Toi par contre, fit le blond. C’est quoi cette coupe ?

-C’est comme ça avec les milis.

-Tu comptes t’engager ?

-Peut-être. Je ne suis pas encore décidé. »

Quelqu’un sonna à la porte.

« Amusez-vous bien. On discutera plus tard. Excusez-moi. »

Les deux garçons suivirent Uriah quand il alla ouvrir la porte. Visiblement, la transformation de leur camarade ne leur plaisait pas. Ils se dirigèrent d’un pas décidé vers le buffet.

           Nigel et Taranee avaient suivi l’échange en retrait. Les deux garçons n’avaient même pas daigné venir saluer Nigel. Il faut dire que depuis le collège, Nigel avait décidé de couper les ponts avec eux. Ce fut à cette époque qu’il commença à sortir avec Taranee. A l’époque, Uriah et sa bande lui en avait voulu. Il y eut même de la bagarre. Par la suite, ils se contentèrent de l’ignorer.

« Et bien ça promet, fit Nigel.

-J’espère qu’ils ne vont pas pourrir l’ambiance, dit Taranee.

-Ouais. »

           La soirée fut agréable. Certains dansaient dans le salon. Il faisait encore trop frais le soir pour sortir sur la terrasse. Uriah allait d’un groupe à l’autre pour discuter. Il rejoignit Taranee et Nigel.

« La soirée se passe bien ? Vous vous amusez ?

-Oui, répondit Taranee. Il y a beaucoup de monde que je n’avais pas vu depuis le collège. Ça fait plaisir.

-Tant mieux.

-Et dans ton lycée ? Pas trop de discipline ? demanda Nigel.

-Oh que si. Mais ça fait parti du jeu. Ça nous cadre. On est plus ordonné. Mais avec le temps, ils nous donnent d’avantage de liberté, pour nous faire prendre des initiatives. Ils nous punissent quand il le faut, et nous récompensent parfois. Mon père a vraiment eu une bonne idée de m’envoyer là-bas. »

           Un bruit de verre brisé interrompit Uriah. Toutes les têtes se tournèrent vers le buffet. Kurt et Clubber riaient à gorges déployées en regardant les restes du saladier de ponch fruité qu’ils avaient apparemment fait tomber. Ils étaient visiblement saouls. Pourtant, aucune boisson alcoolisée n’était proposée sur le buffet. Kurt tenait dans ses mains une bouteille à moitié vide de whisky et Clubber une de vodka.

           Uriah se leva et vint apprécier les dégâts.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda t-il calmement.

-On s’est débarrassé de ton jus de fruit, répondit Clubber. On préfère ça.

-Vous avez trouvé ça où ? Dans l’armoire du fond ?

-Ouais. Pourquoi t’as pas donné ça dés le début ?

-Pour éviter ça justement. Les gars, je crois qu’il vaut mieux que vous partiez.

-Tu nous vires hein ? Tu vires tes potes ?

-Vous emmerdez les autres.

-Et alors ? Ils ont cas boire un coup.

-Kurt, Clubber, sortez. »

Kurt s’approcha d’Uriah l’air menaçant. Le rouquin ne bougea pas. Son ancien ami le toisait avec haine.

« OK, acquiesça Kurt. On part. Mais d’abord. »

La bouteille se brisa sur le crâne d’Uriah. Il tomba sur le sol, sa tête saignant abondamment.

           Nigel se précipita pour le soutenir alors qu’il essayait de se relever. Son intervention n’avait pas l’air du goût des deux ivrognes.

« Laisse-le gémir, lança Clubber en s’avançant. »

Il leva sa propre bouteille au dessus de sa tête, prêt à l’abattre sur Nigel. Mais quand il fit le mouvement, la bouteille n’était plus dans sa main. Il se retourna et vit Taranee tenant la bouteille qu’elle venait de dérober. Elle la posa sur le buffet.

« Salope ! insulta Clubber. »

Il voulut saisir la jeune métisse mais celle-ci s’écarta de son axe en saisissant son poignet. Elle fit une torsion pour projeter sans effort le balourd sur la moquette. Il n’avait toujours pas compris ce qu’il lui arrivait quand elle lui cassa le nez d’un coup de talon.

           Kurt fonça sur Taranee comme un rugbyman voulant faire un plaquage. Elle sauta en prenant appui sur son dos pour passer au dessus de lui et le laisser continuer sa route. Il trébucha sur son collègue et s’affala de tout son long.

           Les deux trouble-fête ne demandèrent pas leur reste et s’en allèrent. Il fallut appeler les pompiers car Uriah avait une sérieuse entaille dans le cuir chevelu.

« Et bien ta copine c’est quelque chose ! fit Uriah.

-Ouais, je m’en rends compte, dit Nigel. Je vais éviter de l’embêter maintenant.

-Désolé pour tout ça. Je pensais qu’ils auraient changé aussi.

-Certains ne changeront jamais. Heureusement que d’autres changent.

-Merci d’être venu. Et à bientôt j’espère.

-Pas de problème. »

 

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