Le Sixième Elément

           CHAPITRE XXIII : CARPE DIEM

           Lorsqu’elle vit ses amies le lendemain, Taranee raconta sa mésaventure alors qu’elles allaient vers le terrain vague pour leur entrainement. Eric et Hanabi devaient déjà y être.

« Oah ! Attention ! Après Cornihulk ! Voila Taraneetor ! s’exclama Irma.

-Parfois je me demande si je ne préfère pas quand tu déprimes, fit Taranee.

-Aucune chance que je déprime après la soirée d’hier !

-Pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Will visiblement intéressée.

-Ma mère et mon frère sont allés au ciné. Disons qu’Hanabi et moi, on en a un peu profité.

-Un peu ?

-Je dois avouer que la douche fut agréable après. Pour se détendre et se débarrasser de la sueur. Surtout quand quelqu’un avec des mains aussi douces me savonne.

-Arrête, fit Will. Ça fait plus d’une semaine qu’Eric et moi on n’a pas pu partager un moment pareil.

-Si je te disais tout ce qu’Hanabi m’a fait, je crois que tu sauterais sur ton homme dés que tu le verras. Et encore, Taranee ne nous a pas raconté la fin de sa soirée.

-Quoi ? fit la métisse. De quoi tu parles ?

-Bah, la fin de la soirée. Après que vous ayez quitté la petite fête. Sur le chemin du retour, vous vous êtes bien arrêtés dans un coin ?

-Non, il m’a ramené directement, dit Taranee en rougissant un peu. Qu’est-ce que tu croyais ?

-Oh je me disais juste que vu que ça fait depuis le collège que vous êtes ensemble…

-On ne l’a pas encore fait, avoua t-elle totalement rouge.

-Oh. Je vois. Désolé. C’est lui ou c’est toi ? Excuse-moi, ça ne me regarde pas.

-Il m’en a parlé une fois. Je lui ai dis que je ne me sentais pas encore prête. Il a respecté mon choix et a dit qu’il attendrait.

-Ça ne t’intéresse pas ?

-Je ne sais pas. J’ai un peu peur je crois. Ça fait mal, n’est-ce pas ?

-Au début oui, répondit Will. Mais après, c’est que du plaisir. Surtout si le garçon sait se montrer doux.

-Ouais, fit Irma. Objectif : l’Orgasme !

-Parle pas si fort, fit Taranee en regardant autour d’elle. Mais je me pose d’autres questions. Si on le fait, je ne risque pas de tomber enceinte ?

-Avec une capote, pas de risque.

-Faut faire attention quand même, dit Hay Lin. Parfois même avec un préservatif, il y a des risques. Il peut éclater.

-T’as l’air bien au courant ? fit Irma soupçonneuse. Je croyais que tu étais aussi vierge.

-C’est les cours d’éducation sexuel qui m’ont appris ça.

-Je les avais oublié ceux-là. Bizarrement, ils y parlent très peu du plaisir entre fille. Je devrais devenir prof. Si tu as besoin de préservatifs, demande à Corny, elle doit en amener chaque fois qu’on va à Meridian.

-Pas du tout, fit la blonde.

-Quoi ? Vous le faîte sans ? questionna Taranee. C’est risqué.

-J’ai un diaphragme et je prends la pilule.

-C’est tout de même plus risqué, dit Will. Si tu tombes enceinte de Caleb, je n’ose pas imaginer ce que vont dire tes parents.

-Déjà qu’ils découvriront que leur petite fille chérie est sexuellement active, dit Irma. En faite, on est trois à l’être. Vous êtes les suivantes les filles. Dépêchez-vous. Qu’on puisse parler toutes de nos expériences. Et échanger des idées. »

Taranee était devenue écarlate. Quand à Hay Lin, elle détourna le regard, l’air gêné et un peu triste. Ses amies ne le remarquèrent pas, trop occupées à rire.

           Quand elles arrivèrent au terrain vague, Eric et Hanabi se battaient l’un contre l’autre. Eric était armé de son sabre noir et Hanabi d’un bâton long. Les assauts étaient ultra rapides. Le sabre et le bâton s’entrechoquaient avec violence. Suite à un coup de pied qui la repoussa en arrière, Hanabi posa un genou à terre. Elle posa son bâton et fit une série de signes avec les mains. Un arbre surgit du sol selon une trajectoire diagonale pour foncer sur Eric. Ce dernier fit une série de signes. Une ombre entoura son sabre, allongeant sa lame. Il tournoya sur lui-même, coupant des sections de l’arbre comme-ci ce n’avait été qu’une allumette. Il allait plonger vers la japonaise une fois la voie dégagée. La kunoichi l’attendait, le bâton dans ses mains, une extrémité dans le sol. Elle fit un nouveau signe. Le bâton s’allongea d’un coup pour venir percuter Eric à l’abdomen. Le gardien de l’ombre encaissa et lança un shuriken. La jeune fille le dévia en faisant tournoyer son bâton après l’avoir réduit au préalable. Eric en profita pour se réceptionner devant elle tout en arrêtant la pointe de son sabre à quelques millimètres de sa gorge.

            Les deux combattants restèrent figés quelques secondes. Puis ils reculèrent chacun d’un pas.

« J’y étais presque ! ragea Hanabi.

-Tu t’es bien améliorée, dit Eric.

-Mais tu restes le plus fort. Ah, voila les filles. »

           Hanabi fit disparaître son bâton et se dirigea vers les filles. Elle enlaça Irma. Malgré la présence des autres, les mains de la gardienne de l’eau se baladèrent un peu sur le corps de sa douce.

« Eh ! fit Hanabi. On n’est pas seules.

-Dommage, sourit Irma. Sur le chemin, on a parlé de deux-trois choses qui m’ont émoustillé.

-Vivement ce soir, dit la japonaise en refermant de nouveau ses lèvres sur celle de sa petite amie.

-Elles vont finir par me rendre jalouse ces deux là, dit Taranee. Eh, mon copain n’est pas là je vous rappelle. Mieux vaut regarder ailleurs. »

Taranee se tourna dans une autre direction pour ne plus avoir le couple de jeunes filles tendrement enlacées sous les yeux. Mais elle tomba sur Eric et Will dans la même position.

« J’suis maudite, souffla la métisse.

-Qu’est-ce que je devrais dire moi ? fit Cornelia. Mon petit copain est dans un autre monde. Et j’ai envi d’un gros câlin moi aussi. Surtout que moi je sais ce que s’est. Bon. On n’était pas là pour s’entraîner plutôt ? »

           L’entraînement se passa bien. Seule Taranee parut un peu moins dedans que d’habitude. Elle ne cessait de penser à sa relation avec Nigel. Serait-elle prête à aller plus loin ?

           Après la séance, les deux couples partirent chacun de leur côté pour une ballade en amoureux. Cornelia prit directement le chemin de sa maison. Hay Lin et Taranee firent un bout de chemin ensemble. Le sujet précédemment abordé refit surface :

« Tu crois que je devrais aller plus loin avec Nigel ? questionna Taranee.

-Je ne peux pas répondre à cette question pour toi, répondit Hay Lin. Il n’y a que toi qui puisses savoir.

-Tu n’aurais pas un conseil au moins ?

-Je fais des rêves prémonitoires depuis qu’on a hérité de nos pouvoirs. Et je n’en ais fait aucun qui montre une vie simple et heureuse. A chaque fois, je n’y vois que la souffrance, la violence et la mort. Le dernier continue encore de me hanter. »

Taranee savait qu’elle faisait allusion au rêve montrant Will se faisant tuer par une silhouette sombre armée d’un sabre.

« Ce que je veux dire, continua Hay Lin. C’est que n’importe quoi peut arriver à n’importe qu’elle moment. Surtout en ce moment avec ces nouveaux ennemis. Le seul conseil que je peux te donner c’est de vivre pleinement chaque instant comme s’il était le dernier.

-Carpe diem.

-Tout à fait. On ne sait jamais de quoi demain sera fait. »

           Lorsque les deux jeunes filles se séparèrent, Taranee n’avait toujours rien décidé.

           « Maître, il faut agir. »

Mizuki, le Dragon de l’eau des Kagebushis, en avait assez d’attendre. Elle voulait se venger de l’humiliation que lui avait fait subir son ancien amant.

« Que veux-tu faire Mizuki ? demanda Takeshi.

-Tant que la Lumière n’apparaît pas, c’est Eric qui a l’avantage car nous ne pouvons la détruire. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons nous en prendre à lui. S’il disparaît, nous aurons le champ libre pour la chercher.

-Tu veux y aller, Yonryu, n’est-ce pas ? Tu veux quoi ? Te venger de l’humiliation de l’autre jour ? Ou es-tu jalouse de la gardienne du Cœur de Kandrakar ?

-Quelles que soient mes raisons, elles vous serviront.

-Alors vas-y. »

           Mizuki disparut. Le ninja aux yeux de fer sortit de l’ombre.

« Yonryu n’a jamais été patiente, dit-il. Cela vous sert.

-Tout à fait Sanryu, fit Takeshi. Et Niryu ?

-Tant qu’il a ses jouets, il patientera.

-Alors veille à ce qu’il en ait jusqu’au moment propice.

-Oui maître. »