Le Sixième Elément

           CHAPITRE XXXII : LE SECRET D’HAY LIN

           Irma laissa la colère la quitter quand la vie n’était définitivement plus en Kazero. L’eau s’écoula sur le sol et le cadavre du Dragon du vent s’effondra. Cornelia se releva, supportant Hay Lin de son bras. Elle regarda un instant le corps du shinobi avant de se tourner vers son amie. Elle lui sourit timidement et allait lui dire quelque chose quand une faible voix se fit entendre. Une voix que tous, et surtout Irma, souhaitaient réentendre depuis hier.

« Irma. »

La gardienne de l’eau se jeta auprès d’Hanabi. La jeune japonaise venait d’entrouvrir les yeux. La première chose qu’elle vit fut le sourire inondé de larmes de celle qu’elle aimait. Elle leva doucement la main vers son visage et essuya une larme.

« Pourquoi tu pleurs ? demanda la japonaise.

-Parce que je suis heureuse de revoir tes yeux et d’entendre ta voix, répondit Irma. J’ai cru que je t’avais perdue.

-Jamais tu ne me perdras, nous sommes liées.

-Je le sais maintenant.

-Merci.

-De quoi ?

-De ne pas m’avoir abandonnée.

-Je t’aime.

-Moi aussi, je t’aime. »

Irma approcha son visage de celui d’Hanabi. Elles s’embrassèrent amoureusement. Les larmes avaient donné aux lèvres d’Irma un goût salé. Tendrement, les bras d’Hanabi entourèrent Irma. Cornelia et Hay Lin sourirent à ce spectacle. Le bonheur revenait enfin.

           Eric arriva quelques instants plus tard. Les traces de Kazero l’avaient rapproché petit à petit du restaurant et la peur l’avait gagné. Mais en trouvant les deux jeunes filles enlacées, la peur le quitta aussitôt. Il se dirigea vers le cadavre de Kazero et le regarda un instant. Enfin il était mort. Eric joignit les mains et fit une série de signe. Une sphère ténébreuse engloba le corps. Quand elle se dissipa, il avait disparu.

« Eric. »

C’était Hanabi qui l’appelait. Il se tourna vers elle, retirant dans une volute d’ombre sa tenue de shinobi. Elle se tenait debout devant lui. Irma attendait juste derrière elle.

« Excuse-moi petite sœur, dit-il en baissant les yeux. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour ton bien.

-Je sais. Je ne t’en veux pas. Au contraire, ça prouve que tu tiens à moi. Tu as voulu me protéger, grand frère. Merci. »

Eric prit sa petite sœur dans ses bras. Il n’avait toujours voulu que son bonheur.

           Taranee et Will arrivèrent peu après et furent heureuse de retrouver Hanabi consciente et souriante. Pour fêter ça, Wan Lin, la grand-mère de Hay Lin, invita tout le monde pour dîner. Hanabi voulait d’abord prendre une douche et se changer. Irma l’accompagna. Durant une bonne heure, les deux amoureuses disparurent sans que personne ne s’en inquiète. Elles avaient du temps à rattraper. La mère d’Irma fut également invitée ainsi que son petit frère bien qu’il n’était pas dans la confidence.

           Durant le dîner, tout le monde rit de bon cœur. Tous voulaient oublier cette mauvaise journée. Hay Lin mangeait plus que d’habitude encore une fois. Ce qui ne manqua pas d’éveiller le sens de l’humour d’Irma. Mais alors que sa grand-mère préparait le thé en compagnie de la mère d’Irma visiblement intéressée, elle se précipita aux toilettes pour vomir. Quand elle ressortit elle trouva en face d’elle une Taranee inquiète.

« Tu…tu vas bien ? demanda t-elle.

-Oui, juste un peu malade. Je n’aurais pas dû manger autant.

-J’ai remarqué que tu mangeais beaucoup en ce moment.

-Je brûle pas mal de calories.

-Et que tu allais souvent aux toilettes aussi. Tu ne nous fais pas de la boulimie j’espère.

-Non, ne t’en fais pas.

-J’ai bien une autre théorie.

-Ecoute, je vais bien.

-C’est la semaine de tes règles normalement, n’est-ce pas ? »

Hay Lin se figea sur place.

« Non, c’est la semaine prochaine, répondit-elle.

-Menteuse. Si je me souviens bien tu les as la deuxième semaine du mois. C’est-à-dire, la semaine dernière.

-Tu surveilles les règles des autres maintenant ?

-Je le sais car on les as presque en même temps. Je t’ai même dépanné d’une serviette au début de l’année. Dis-moi, depuis quand tu ne les as pas eu ? »

           Hay Lin parut sur le point de démentir mais elle baissa les yeux. Elle était découverte.

« Depuis deux mois, avoua t-elle.

-Quoi ? Mais alors tu es…

-Ne le dis pas aux autres s’il te plait. Je n’en ai même pas parlé à mes parents.

-Mais il va bien falloir. Ils vont forcément le remarquer.

-Je sais mais je suis morte de trouille. Je n’avais pas prévu ça.

-Que s’est-il passé ? Tu dois me raconter.

-Viens. »

Les deux jeunes filles montèrent dans la chambre d’Hay Lin. Elles s’assirent sur le lit l’une en face de l’autre.

« C’est quand j’étais à mon camp de découverte aux vacances de Pâques, raconta la chinoise. Il y avait un prof de dessin qui nous faisait des cours. J’ai craqué pour lui malgré son âge. Il a presque trente ans. Et lors d’une soirée, je l’ai séduit. Il a été mon premier et mon seul jusqu’à présent. Le reste du séjour fut magique même si nous devions nous cacher. Et le dernier jour, il m’a avouée qu’il était marié et que donc, tout était fini entre nous. J’ai pleuré. Mais j’ai décidé de ne rien montrer à l’extérieur. Je crois que sur ce point là, j’ai échoué. Et quand est venu la période de mes règles le mois dernier, j’ai découvert que j’étais enceinte. Et depuis, je suis terrifiée. Qu’est-ce que je dois faire ? »

Durant son récit, les larmes étaient montées aux yeux d’Hay Lin. Taranee s’approcha et la prit dans ses bras.

« Tout va bien, chuchota t-elle en la berçant. Je suis là. Et les autres aussi te soutiendront et t’aideront. Personne ne te laissera tomber comme lui. »

Malgré ces paroles rassurante auxquelles elle savait pouvoir se fier, Hay Lin sanglota de plus belle. Elles ne redescendirent que plusieurs minutes plus tard, lorsque la jeune chinoise parvint à sécher ses larmes.

           Durant les jours suivants, Hay Lin demeura distante. Ses amies ne comprenaient pas pourquoi à l’exception de Taranee qui lui trouvait des excuses plausible et qui passait du temps avec elle. Elles essayaient de trouver un moyen d’apprendre la nouvelle aux parents de la jeune chinoise. Le moyen était simple. C’était le courage qui manquait. Hay Lin en venait presqu’à souhaiter que la prochaine bataille contre les Kagebushis arriverait vite. Rien que pour se changer les idées.