Le Sixième Elément

Chapitre 38 : Chapitre XXXVII La Mort n'oublie personne

1792 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:17

           CHAPITRE XXXVII : LA MORT N’OUBLIE PERSONNE

 

           Lorsqu’Eric rentra au restaurant, le jour venait à peine de se lever. Avant de rentrer, il avait tenu à offrir à Tetsu une cérémonie funèbre. Il avait été un de ses maîtres, et était un guerrier fidèle à ses principes jusqu’au bout. Et comme le veut la tradition, il brûla son corps au crépuscule et dispersa ses cendres à l’aube. Le Dragon du métal avait disparu dans la nuit, comme tout ninja.

           Il se glissa à l’intérieur sans faire de bruit. Les Lin ne se lèveraient pas avant quelques heures encore. Il descendit l’escalier menant à la cave. Il était à peine descendu de la dernière marche qu’il sentit une main lui cingler la joue. Il leva les yeux et découvrit une Will aux yeux fatigués, légèrement humides et surtout furieux. Il jeta un œil derrière elle et vit Hay Lin allongé sur un canapé. Irma et Hanabi étaient pelotonnées sur l’autre. Toutes trois fixaient Eric et Will.

« Où étais-tu ? interrogea Will. J’ai cru que tu étais tombé sur Sanryu et qu’il t’était arrivé quelque chose. Hanabi nous a dit que tu l’as cherché hier. Mais tu devais rentrer !

-Excuse-moi, fit Eric. Je l’ai trouvé. En fait, il nous suivait. Il attendait juste le moment où Hanabi partirait.

-Tu l’avais repéré, dit Hanabi. Tu savais qu’il était là, n’est-ce pas ? »

Eric ne répondit pas. Mais son silence était comme un aveu. Will le gifla à nouveau.

« Will, je devais le faire, dit-il. Maintenant, il est mort. Le seul ennemi qu’il reste, c’est Takeshi.

-Et si c’est toi qui étais mort, dit Will froidement. »

           Elle ne laissa pas Eric répondre. Elle le bouscula et partit en courant hors du restaurant.

« Elle n’a pas dormi de la nuit, raconta Irma. Will peut paraître forte. Mais dés que ça touche à quelqu’un qu’elle aime, elle est plus fragile que du cristal.

-Je sais, dit Eric. Je l’aime aussi pour ça.

-Alors qu’est-ce que tu fais encore là ? lança Hay Lin. Cours-lui après. »

Eric ne se le fit pas dire deux fois. Il se précipita dehors.

           Eric rattrapa Will alors qu’elle passait dans le parc où ils avaient été attaqués par Hoda quelques mois plus tôt. Il la saisit d’une main et la tira à lui.

« Je suis désolé, dit-il. Je ne voulais pas que tu t’inquiètes. Je suis le roi des maladroits. Mais je suis heureux de voir que tu t’inquiètes pour moi. Parce que je t’aime. »

Will se blottit dans ses bras. Au moins, il était encore là.

 

           Eric ne rentra pas au restaurant des Lin. Les autres ne s’en inquiétèrent pas. Hay Lin invita tout le monde à déjeuner. Toutes participèrent pour débarrasser et nettoyer. Et au moment où elles allaient redescendre à la cave, la cloche de la porte du restaurant sonna. Hay Lin entendit son père s’excuser mais qu’ils étaient fermés. L’horrible bruit que produisit monsieur Lin figea la jeune fille sur place. Et le bruit de sa lourde chute sur le sol lui ordonna de faire demi-tour pour retourner dans le restaurant.

           Le père d’Hay Lin gisait sur le tapis rouge de l’entrée. Du sang noircissait le tissu en s’étalant jusqu’au carrelage. Les lunettes de travers, il cherchait à happer l’air en ouvrant et en fermant la bouche comme un poisson hors de l’eau. Hay Lin ne pouvait détacher les yeux de son père. Elle se serait jeter à ses côtés sans faire attention si Hanabi ne l’avait pas retenue.

           Le regard d’Hay Lin se posa alors sur l’homme qui se tenait debout dans l’entrée. Il était vêtu d’une tenue noire. Dans sa main, il tenait un sabre dont la lame ne paraissait avoir aucun défaut. Le rouge du sang s’écoulait en longue traînée sur le fil de son tranchant.

« Takeshi ! s’exclama Hanabi.

-Cette chère Hanabi, sourit-il. Tu mériterais que je te tue pour ta trahison. Mais je n’ai pas vraiment le temps pour le moment. Je suis juste passer donner un petit avertissement à Eric. Tu lui diras que je l’attends là où j’avais gardé sa petite amie, et que s’il ne me livre pas la Lumière cette nuit, je tuerais au hasard les habitants de cette ville. Cet homme n’était qu’un exemple cadeau, ajouta t-il en montrant monsieur Lin au sol. »

Hay Lin pâlit. Ses yeux grands ouverts se posèrent de nouveau sur son père. Il ne bougeait plus. Même sa bouche ne remuait plus. Et il lui semblait que le sang avait cessé de couler.

           Takeshi essuya sa lame sur le velours d’un des sièges avant de la rengainer. Puis il sortit calmement, comme-ci rien ne s’était passé, s’octroyant même la satisfaction de tourner le dos au Gardiennes et à Hanabi.

           Hay Lin se libéra pour se jeter sur son père gisant, trempant sa jupe de sang ocre. Hay Lin put alors voir les dégâts causés par le sabre de Takeshi. En le retournant, elle découvrit avec horreur qu’il avait tout le poitrail ouvert. Les côtes et le sternum tranchés nets saillaient hors de la chair. Les yeux ouverts de l’homme fixaient le vide sans expression. Hanabi se pencha à son tour. Elle savait dés le premier coup d’œil qu’il était trop tard. Le coup de sabre avait tranché le cœur en deux. Le père d’Hay Lin était déjà mort.

           La jeune chinoise n’eut pas besoin que la japonaise lui dise. Elle l’avait compris et pleurait déjà, silencieusement, sa voix étrangement étouffée dans sa gorge.

 

           Will et Eric avaient passé la journée ensemble. La jeune fille n’avait pas laissé le jeune homme s’éloigner d’elle de plus de trente centimètres. Ils avaient d’ailleurs passé une bonne partie de l’après-midi au lit.

           Ils approchaient du restaurant main dans la main, quand ils remarquèrent la présence de véhicules équipés de gyrophares. La plupart étaient de la police. Un autre était une ambulance. Will lâcha la main d’Eric pour courir vers le restaurant. Un policier l’intercepta pour qu’elle n’approche pas plus.

« Qu’est-ce qui se passe ? demandait-elle.

-Will ! s’écria une voix. »

Cornelia accourut vers elle.

« Qu’est-ce qui se passe ? répéta la gardienne du Cœur de Kandrakar.

-C’est le père d’Hay Lin, dit la blonde. Il est mort. Assassiné. »

Will porta ses mains à sa bouche. Ses yeux étaient figés dans une expression de stupeur horrifiée. Elle ne pouvait plus rien dire.

« Qui a fait ça ? demanda Eric.

-C’était Takeshi, répondit Hanabi en s’approchant. Il a laissé un message pour toi. Il a dit que si tu ne lui apportes pas la Lumière cette nuit, il tuera au hasard les habitants d’Heatherfield. »

           Eric resta silencieux un moment. Puis il tourna les talons et commença à s’éloigner.

« Hanabi, appela t-il. Veilles sur les filles.

-Où vas-tu ? »

Will l’avait rattrapé et s’accrochait à son bras.

« Je dois en finir, dit-il. Je ne veux plus qu’il fasse de victime.

-Nous allons t’aider, assura Will. Nous…

-Vous avez bien de trop souffert dans cette histoire. Je ne veux plus que vous ayez une raison de pleurer. Je ne veux plus voir tes larmes couler si ce n’est pas de joie.

-Et si tu meurs ? »

Eric se tourna vers Will et posa ses lèvres sur les siennes d’un baiser léger. Et Will s’endormit. Cornelia vint tout de suite voir ce qui arrivait à son amie. Eric déposa la belle endormie dans les bras de la blonde.

« Que lui as-tu fais ? questionna Cornelia.

-Elle n’est qu’endormie, rassura Eric. Quand elle se réveillera, dîtes-lui que je suis désolé.

-Tu comptes mourir ?

-En étudiant les arts ninjas, j’ai appris une chose très importante : la mort n’oublie personne. J’ignore qui de Takeshi ou de moi sortira vainqueur. Il y a même une forte probabilité que nous mourions tout les deux. Il le sait aussi bien que moi.

-Alors pourquoi se battre ?

-Car aucun de nous ne peut reculer.

-Je ne comprends pas.

-Un jour, tu comprendras, je le sais. Mais je conserve le maigre espoir que tu ne comprennes jamais. Car, cela voudrait dire que tu es restée totalement humaine. »

           Sans rien ajouter, Eric disparut. Cornelia se tourna vers Hanabi.

« Et toi tu le laisses partir sans rien dire ! s’écria Cornelia.

-Parce que moi, malheureusement, je comprends, dit Hanabi. »

Cornelia allait ajouter quelque chose mais elle se l’interdit en voyant les larmes coulées des yeux d’émeraude de la japonaise.

« Gambatte, onii-chan. »

 

           « As-tu apporté la Lumière ?

-J’ignore où elle se trouve. Je suis venu pour en finir. »

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