Le Sixième Elément

Chapitre 41 : Chapitre XL Le Dragon du Bois

2114 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:02

           CHAPITRE XL : LE DRAGON DU BOIS

 

           Les sabres des deux guerriers ninjas lançaient des étincelles au moindre choc. Le sang et la sueur se mêlaient sur leurs corps. Leurs chairs bleuissaient là où les coups avaient été portés. Aucun des deux ne parvint à prendre l’avantage. La Foudre et l’Ombre s’annulaient en vrombissant.

           Les deux combattants se séparèrent après un nouveau choc. Takeshi planta sa la me dans le sol pour libérer ses mains. Il les joignit en une série de signes compliqués. Des nuages sortirent du néant, stagnant contre le plafond de l’entrepôt où leur combat les avait menés. Un dernier signe, et les nuages noirs déchaînèrent un torrent de foudre lumineuse et hurlante. La foudre semblait frapper au hasard mais Eric dut bondir à plusieurs reprises pour éviter d’être grillé sur place. Le dégagement de puissance était extraordinaire. Eric tenta de foncer vers son ennemi pour profiter de l’état de transe dans lequel il semblait s’être plongé, mais la foudre était plus intense à mesure qu’il s’approchait. Il fut même violement repoussé, percutant un pilier d’acier qui ploya sous le choc. Eric se retrouva avachi au pied du pilier de métal, étourdi. Il ne put se relever à temps quand la foudre vint toucher l’armature métallique, lui transmettant la brûlure électrique.

           Entendant le cri de douleur de son adversaire, Takeshi sortit de sa concentration. Les nuages noirs se dissipèrent. Il se délecta de la vue d’Eric gisant au sol, remuant et encore fumant. Il reprit son sabre et s’avança vers le gardien de l’Ombre.

« Ne meurs pas tout de suite mon frère, claironna Takeshi. Tu dois survivre encore un peu. Je veux d’abord que tu assistes à la fin des Gardiennes de la Muraille. Je veux que tu voies tous ceux à qui tu tiens mourir sous tes yeux.

-Non, soupira difficilement Eric.

-Quoi ?

-Même si je dois mourir, je t’emporterais avec moi.

-Tu as regardé trop de films en compagnie de ta petite amie gardienne. Dans ce monde, rien ne se passe comme dans l’imagination des scénaristes de leur Hollywood. Les bons sont des faibles, faibles car ils n’osent pas faire ce qu’il faut quand il le faut. La peur les paralyse comme de pauvres enfants terrorisés par les ténèbres. Les seuls qui méritent de dicter au mondes leurs lois sont ceux assez forts pour oser aller jusqu’au bout. Comme nous. Rien ne nous arrêtera. S’il faut massacrer des milliers d’être vivants, nous le ferons. Car nous ferons tout pour atteindre notre but. Le sang coulera à flot. Il ne sera dilué que par les larmes des survivants. Et le grondement de cette rivière écarlate charriant les cadavres des faibles ne sera accompagné que des plaintes et sanglots des mourants. Voila la réalité que nous allons imposer aux mondes. »

           Eric avait levé faiblement les yeux vers Takeshi durant son monologue. Un ricanement, d’abord si léger qu’il fut inaudible, monta aux oreilles du japonais. Les épaules d’Eric étaient secouées de tremblements accompagnants le rire.

« Qu’est-ce qui te fais rire ? questionna t-il hargneusement.

-Toi, sourit douloureusement Eric. Tu es pathétique.

-Quoi ?

-Regarde ce monde. Si tu avais raison, il aurait dû sombrer depuis des siècles dans le chaos et les Ténèbres. Rien qu’au cours du siècle dernier, les Ténèbres ont été personnifiées par les nazis, l’arme la plus puissante jamais imaginé fut utilisée deux fois sur des innocents, des millions de gens sont morts à travers ce monde dans des génocides tous plus égoïstes et inutiles les uns que les autres. Mais toute cette violence, toute cette barbarie n’a jamais réussie à obscurcir à jamais le ciel de ce monde. A chaque fois, une lueur d’espoir est apparu et à dissiper les Ténèbres. Ceux que tu appelles « faibles » ont toujours réussi à se libérer de cette soi-disant faiblesse pour retrouver la liberté et le bonheur. Ce sont les gens comme toi qui sont faibles au contraire. Vivre par la haine et la douleur des autres est facile. Se confronter à sa propre douleur et oublier sa haine pour vivre en paix est bien plus dur. »

           Eric se releva en prenant appui sur le Kuroken. Tordu en deux, il releva un visage souffreteux vers Takeshi.

« Toi comme moi, nous savons que tuer est facile. Nos maîtres nous ont enseignés les arts de la Mort depuis l’enfance. Mais nous ignorons tout des arts de la Vie. Depuis que j’ai rencontré les Gardiennes, et surtout Will, j’apprends tous les jours une nouvelle façon de vivre. Je connais la sensation de puissance lorsque l’on étrangle, que l’on frappe à mort ou que mon sabre transperce un corps. Mais je préfère celle de plaisir que j’ai quand je l’embrasse, que je caresse le velours de sa peau et quand je fais l’amour avec elle. Jamais je ne me suis senti aussi vivant qu’à ces moments là. Toi, tu ne pourras jamais ressentir ça. »

           Takeshi le toisait toujours. Il l’avait écouté. Mais peu lui importait. Tout ce qu’il voulait, c’était la puissance, c’était le pouvoir. Il serait les Ténèbres de la prophétie de la Liseuse de rêves. Ce ne pouvait être que lui.il était prêt à tout. Il l’avait déjà prouvé en sacrifiant quatre des cinq Dragons. Non. Il ne laissera pas un faible le mettre en échec. Quelqu’un qui lui avait déjà volé ce pour quoi il s’était entraîné toute sa vie : le Kuroken et les pouvoir de l’Ombre.

« J’ai changé d’avis, dit Takeshi. Finalement tu vas mourir tout de suite. Wakare Eric. »

           Le sabre de Takeshi se couvrit d’éclairs. Il arma sa frappe en arrière. Eric savait qu’il n’était pas en état d’éviter ce coup. Il lui aurait fallut encore quelques instants pour être assez remis et reprendre le combat. Mais il n’avait pas gagné assez de temps. Le sabre foudroyant fondit vers lui en un mouvement qu’il savait parfait. Il n’aurait plus longtemps à attendre. Quelques centièmes de seconde. Le visage de Will passa une dernière fois devant lui.

           Soudain, il écarquilla les yeux. Ce n’était pas un rêve. Will venait réellement de passer devant lui. Dans un éclat d’énergie pure, la lame foudroyante fut stoppée nette par le bouclier d’énergie dressé par la gardienne du Cœur de Kandrakar. L’énergie dégagée fut si forte que Takeshi fut repoussé en arrière. Il se réceptionna tout de même parfaitement sur ses deux pieds.

           Will fusillait Takeshi du regard. Ce dernier eut un petit sourire en coin. Il vit à l’entrée de l’entrepôt les quatre autres Gardiennes de la Muraille accompagnée d’Hanabi. Toutes étaient tâchées d’éclaboussures de sang. Mais le regard d’aucune ne démontrait de peur ou de faiblesse. Eric aussi le remarqua avec un mélange de fierté et d’effroi.

« Elles ont grandi, pensa t-il. Elles sont devenues de vraies guerrières. »

           « Ainsi donc, vous avez vaincu tous mes hommes, dit Takeshi. Heureusement, il m’en reste au Japon.

-Tu ne gagneras pas Takeshi, lança Hanabi. Aujourd’hui est le jour de ta mort.

-Non. Mais le tien oui. »

Takeshi lança un shuriken qu’esquiva allègrement Hanabi en bondissant vers la voûte métallique. Eric vit la scène au ralenti sans pouvoir intervenir. Il vit s’élargir le sourire de Takeshi. Il le vit planter son sabre profondément dans le sol, brisant la couche de ciment. Il le vit poser une main sur sa lame et l’autre faire un signe. La lumière de l’éclair parcourut le fil de l’acier pour disparaître dans le sol. Puis ce fut toute la structure qui s’illumina d’une lumière bleue. Hanabi ne put changer sa direction. Elle posa ses pieds sur la structure de métal et fut foudroyée. Son corps vacilla avant de faire une chute de trente mètres dans le vide. Elle n’était que choquée par la foudre. Elle y survivrait. Mais avant d’atteindre le sol, elle sentit quelque chose de froid et de dure lui transpercer la poitrine. Elle ne put plus réagir et se cambra plus que naturel. Elle n’entendit pas que l’on hurlait son nom. Elle ferma les yeux sans penser à rien d’autres que cette douleur.

           Takeshi avait arraché son sabre du sol. Il avait accouru vers le point de chute d’Hanabi et, se plaçant juste en dessous, il n’eut qu’à attendre qu’elle vienne s’empaler sur sa lame.

« HANABI ! hurla Irma en se précipitant. »

Takeshi projeta le cadavre encore chaud vers la gardienne de l’eau. Le corps percuta Irma et elles roulèrent ensemble sur le sol. Pendant un instant, Irma pensa qu’elle était juste entrain d’étreindre sa petite amie. Elle l’entoura de ses bras. Mais un liquide chaud et poisseux macula ses mains et la ramena à la réalité. Elle se redressa. Hanabi avait les yeux encore ouvert. Elle fixait le vide comme après l’attaque de Yonryu. Du sang coulait du coin de sa bouche. D’un geste machinal, Irma l’essuya.

« Hanabi, souffla t-elle. Mon amour, tu es revenue déjà une fois. Tu reviendras encore. Hein ? N’est-ce pas ? Mon cœur, ma chérie. Parle-moi. Dis-moi que tu m’aimes. Embrasses-moi. »

Les larmes finirent par gagner le combat. Irma s’effondra sur le corps d’Hanabi en hurlant de peine et de douleur.

           Takeshi appréciait le spectacle d’un air rêveur. Mais il dut revenir à la réalité pour éviter un rocher. Cornelia, folle de rage et de haine, se dressait devant le maître des Kagebushis.

« Tu vas payer pour ça ! hurla t-elle.

-Il faudra plus que tes petits tours de passe-passe pour me vaincre gardienne, défia Takeshi. »

Cornelia fit craquer le sol de ciment en faisant revenir à la surface les racines qui couraient en dessous. Les racines ondulèrent vers l’ennemi. Il ne démontra aucun signe de crainte et se contenta de tournoyer sur lui-même pour trancher les membres végétaux. Par une série de bonds, il parvint à atteindre Cornelia malgré la danse de ses racines. Il frappa, lui lacérant le visage. La gardienne de la terre s’effondra au sol, mais elle était encore vivante.

           Taranee éloigna Takeshi qui s’approchait de la blonde d’une boule de feu qui ne rencontra que le plat du sabre. C’était à elle de se battre. Elle n’hésita pas à venir au contact. Ses mains enflammées étaient aussi redoutables que la lame foudroyante de Takeshi. Ses enchaînements étaient vifs et puissants. Mais elle n’avait que quelques mois de pratique alors que Takeshi pratiquait depuis toujours. Il parvint à profiter de la première faille, pliant la métisse en deux d’un coup à l’estomac. Puis d’un second coup, la propulsa contre un pilier d’acier. Taranee resta au sol.

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