L'Enfant Terrible du Rat Cornu

Chapitre 34 : Le Défi

8364 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/04/2020 11:20

-         On y est, les gars ! Altdorf est en vue !

 

La voix du capitaine Norse réveilla le petit Skaven Blanc. Il bâilla à s’en décrocher la mâchoire, s’étira, et ouvrit ses grands yeux roses. Il se sentit courbaturé de partout. En effet, depuis le retour de la Determinazione à Marienburg, les hommes de la compagnie engagée par Ludwig Steiner avaient insisté pour dormir dans des auberges ou des relais routiers. Bien entendu, il avait dû rester dans l’un des chariots bâchés, et c’était bien moins confortable qu’un lit ou un hamac. La compagnie était repartie dès les premières lueurs de l’aube, et le jeune homme-rat s’était laissé bercer par les cahots du chariot.

 

Psody avait eu du mal à trouver le sommeil, car il bouillait d’impatience. Enfin, après tous ces mois de voyage, ces risques, et ces émotions, il allait retrouver la quiétude du foyer de Steiner, et surtout, il allait revoir Heike.

 

Elle qui adore les histoires-épopées d’aventure, elle en sera éblouie !

 

Et ensuite ? Quand ils s’étaient séparés, ils s’étaient mutuellement avoués leurs sentiments. De son point de vue, la flamme brûlait toujours. Il espérait qu’il en était de même pour elle. Ils ne se quitteraient plus. Et peut-être qu’ils fonderaient une vraie famille ? Il sourit à cette pensée, mais quelque chose d’autre lui vint à l’esprit.

 

De par son appartenance au peuple des hommes-rats, Heike Steiner ne pouvait circuler librement dans l’Empire. Et contrairement à lui, elle n’était pas habituée à vivre en cachette. Or, s’il décidait de rester à ses côtés, il ne pourrait plus quitter le domaine, lui non plus. Et s’ils avaient effectivement des enfants ensemble ? Les énormes pondeuses gavées de malepierre de son terrier accouchaient en moyenne d’une dizaine de rejetons. Allait-il en être autrement pour la frêle mais bien portante jeune fille-rate ? Et si non, comment gérer autant d’enfants à l’abri des regards ?

 

Toutes ces questions lui secouèrent sérieusement la cervelle. Romulus, le prieur de Shallya, qui tenait les rênes du chariot, jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

 

-         Quelque chose ne va pas, Psody ?

-         Euh… Oh, Romulus, je… je pensais à la suite. Nous rentrons chez Steiner, mais après ? Est-ce que Heike et moi… ?

-         J’ai réfléchi à la question, moi aussi. Ne vous en faites pas, nous trouverons bien une solution pour que tout le monde puisse y trouver son compte. On parlera de tout ça avec Steiner et sa fille.

-         On s’arrête ! ordonna le capitaine Hallbjörn Ludviksson.

 

Les chariots qui composaient le convoi s’immobilisèrent. En pointant le nez au-delà de la bâche, le petit Skaven Blanc distingua la capitale de l’Empire, en contrebas.

 

-         C’est bon, nous sommes seuls. Tout le monde peut descendre. Toi aussi, petit rat blanc.

 

Une minute plus tard, toute la compagnie faisait cercle autour du Norse.

 

-         Bien. Aujourd’hui, c’est jour de paie. Hier soir, nous avons partagé le trésor de Cuelepok selon les règles de notre profession. Y a-t-il quelqu’un qui conteste ?

 

Personne ne dit mot, sauf Psody qui leva la main.

 

-         Ouais, petit rat blanc ?

-         Pourquoi ne pas avoir laissé une part à maître Steiner ? Et Romulus ? Et Abigaïl ? Et toi, Tomas ?

-         Selon le contrat, nos amis ont droit de prise sur tout trésor abandonné, donné par quelqu’un ou appartenant à un ennemi mort, répondit le jeune Tomas, le clerc de Verena. Ils risquent leur vie, c’est une juste compensation.

 

La templière de Myrmidia, Sœur Abigaïl, expliqua à son tour :

 

-         Nous autres, hommes et femmes d’église, pourrions donner l’or à notre ordre, mais nous nous contenterons de la paie de Steiner. Il vaut mieux que nos supérieurs ne sachent rien de la provenance de ce trésor.

-         T’inquiète pas, petit rat blanc, dit alors Votiak, le plus âgé des guerriers. On s’est mis d’accord, tu gardes ton masque.

 

C’était même la seule chose que le jeune Skaven Blanc avait réclamée, et les hommes de Ludviksson n’avaient pas émis la moindre objection. Nedland Grangecoq, l’éclaireur Halfling, était également le trésorier de la compagnie. Il avait passé le voyage de retour à faire une estimation très précise de chaque pièce, chaque objet, chaque pierre précieuse du trésor de Cuelepok. Il prit la parole :

 

-         Messieurs, nous ne devons pas attirer l’attention, c’est pourquoi nous allons nous répartir en groupes. Je conduirai le premier, Votiak le deuxième, Sigurd le troisième. Chaque groupe prendra un chariot.

-         Moi, je me charge du quatrième, reprit Hallbjörn. Celui qui contiendra le petit rat blanc. On se rend chez Steiner, je récupère l’argent, et je vous retrouve au Repos du Guerrier, où je remettrai à chacun sa part. Ensuite de quoi… on se repose un jour ou deux, le temps de trouver un nouveau boulot.

 

Les mercenaires acquiescèrent. C’était aussi simple que ça.

 

Romulus contemplait Altdorf, lorsqu’il entendit la voix de la templière. Celle-ci était en train de parler au petit homme-rat. Il ne comprit pas ce qu’ils se disaient, mais jugea que cela ne le concernait pas. Il fronça les sourcils quand il vit la femme glisser un petit paquet de cuir dans la main de Psody, mais finit par hausser les épaules et ne plus y prêter attention.

 

Le capitaine fit un signe de tête.

 

-         Bon, allons-y.

 

Sœur Abigaïl leva la main.

 

-         Messieurs, j’aimerais vous remercier. Pendant ce voyage, vous m’avez traité avec autant d’égards que l’un des vôtres, et je n’ai pas eu à souffrir d’être une femme.

-         La plupart d’entre nous sont Norses, et dans notre pays, on respecte les femmes, répondit Hallbjörn.

-         J’espère vous avoir donné satisfaction, capitaine. Si vous avez une autre aventure à proposer à une templière de Myrmidia, n’hésitez pas.

-         J’en prends note.

 

Cela donna une idée à Psody. Il agita les bras pour attirer l’attention.

 

-         Moi aussi-aussi, je veux vous remercier. Je suis très heureux d’avoir rencontré des Humains comme vous tous. J’ai appris beaucoup de choses. Je… je ne vous oublierai jamais. Merci à tous.

 

Une petite larme émue scintilla sur la joue du Skaven Blanc. Tous les Humains lui sourirent. Jorund, un très grand homme à barbe blonde tressée, s’approcha de lui, s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur, et lui tapota amicalement l’épaule.

 

-         Sois heureux avec ta petite souris, fiston ! Tu le mérites.

-         Ouais, évite juste de faire déborder le berceau ! plaisanta Ranulf.

 

Quelques hommes de la compagnie rirent. Romulus constata :

 

-         Le soleil est haut dans le ciel. Nous devrions repartir, les premiers voyageurs commencent à aller et venir sur cette route.

-         Il ne faut pas qu’ils me voient !

 

Psody bondit dans le chariot de tête et se cala dans le fond. Hallbjörn s’installa à l’avant, et le convoi partit vers la ville. Dès le carrefour suivant, les groupes se séparèrent.

 

*

 

Le petit homme-rat était installé dans une malle à vêtements. Il pouvait se cacher en un clin d’œil au moindre danger. Il ne dit rien, mais put écouter la conversation entre Hallbjörn et les deux hommes d’église qui chevauchaient au pas de part et d’autre de la charrette.

 

-         Nous approchons, capitaine.

-         Oui, je reconnais le quartier. Bon ! Maintenant que tout est terminé, je peux vous le dire.

-         Quoi donc, capitaine ?

-         Je pensais que vous seriez juste deux boulets tout juste bons à faire des leçons de morale et à empêcher les guerriers de faire leur travail correctement, mais je vous avais mal jugés.

-         Oh, merci ! répondit Tomas d’une voix pincée.

-         Ouaip. En fin de compte, c’était un beau voyage, pas vrai ?

-         Et qu’allez-vous faire, à présent, capitaine ?

-         Ce que j’ai dit à l’autre crapaud : tous ceux qui vont rester avec moi vont m’aider à fonder une compagnie. Nous mettrons en commun nos parts du trésor, ça devrait nous permettre d’acheter du bon matériel et de remplir des contrats plus risqués, mais plus juteux.

-         Et donc, vous agrandirez votre régiment. Et après, c’est la Norsca ?

-         Oui, prieur. Ulric me pardonne, ça fait plus de trois ans que je n’y suis pas allé.

-         Vous avez de la famille au pays ?

-         Un peu. Aux dernières nouvelles, ça allait, mais depuis, les choses ont peut-être changé. Prieur, j’imagine que vous allez rester avec Steiner.

-         Au moins pour un temps, capitaine.

-         Et toi, Tomas ? Tomas ?

 

Le clerc de Verena sursauta.

 

-         Alors, tu rêves, ou quoi ?

-         C’est que… on dirait qu’il se passe quelque chose.

-         Comment ça ?

-         Regardez, capitaine Ludviksson… Y a la maréchaussée !

-         Oh-ho… tu as raison.

 

Le Norse se pencha vers l’arrière.

 

-         Psody, planque-toi.

 

Le Skaven Blanc se recroquevilla prestement dans la malle, rabattit sur sa tête le couvercle et ne bougea plus. Il sentit le chariot s’arrêter, et entendit la conversation entre les gardes et ses amis.

 

-         Holà, citoyens ! Vous ne pouvez pas avancer.

-         Pourquoi ? demanda Romulus. Je connais bien maître Steiner, le propriétaire.

-         Je n’en doute pas, frère de Shallya. Mais il y a eu du grabuge il y a quatre jours.

-         Quoi ? Mais que s’est-il passé ?

-         Nous ne sommes pas autorisés à vous en parler, frère.

 

Le jeune homme-rat sentait les battements de son cœur accélérer. Il dut faire un effort conséquent pour ne pas jaillir de sa cachette. La voix jeune et assurée de Tomas dit alors :

 

-         Je suis clerc de Verena assermenté. Je peux investiguer s’il y a eu crime.

-         Oh… Je vous demande pardon, frère, je n’avais pas vu votre sceau. En fait, il y a eu un incendie pendant la nuit de Backertag dernier.

-         Un incendie ?

 

Un incendie ? s’inquiéta le Skaven Blanc.

 

-         Vous voulez dire qu’il y a eu un accident ? interrogea la voix bourrue d’Hallbjörn.

-         J’aimerais, l’ami, mais ce n’est pas si simple. Pour dire la vérité… frère de Verena, j’ai votre parole que vous et vos camarades ne répéterez rien ?

-         Je vous promets la plus grande discrétion.

 

Le garde parla deux tons moins fort.

 

-         Nous avons retrouvé des cadavres. Tout le personnel y est passé.

-         Comment sont-ils morts ? Brûlés ? Asphyxiés ?

-         Ceux que nous avons retrouvés ont été égorgés ou empoisonnés, et je ne peux rien dire pour ceux qui sont restés coincés dans les bâtiments avant qu’ils ne s’effondrent. Pour ma part, j’imagine que cet incendie était criminel.

-         Par Verena ! Il faut que j’aille voir !

-         Vos confrères sont déjà passés, ils ont fait leur enquête.

-         Sauf votre respect, garde, j’aimerais m’en rendre compte par moi-même. Maître Steiner est mon employeur.

-         Et mon ami, ajouta Romulus. Si ça s’est passé il y a quatre jours, les braises ont dû s’éteindre, on peut mieux fouiller ?

-         S’il reste quelque chose, et ça, c’est pas sûr.

-         Où est Ludwig Steiner ? demanda le prieur d’un ton pressant.

-         On ne l’a pas retrouvé.

-         Hein ?

 

Quoi ?!

 

Psody avait sursauté. Il dut mordre sa queue pour ne pas crier.

 

-         Écoutez, c’est une raison de plus ! Laissez-nous entrer, au nom de Shallya et de sa mère, Verena ! insista Romulus.

 

Il y eut un court silence. Psody imagina ses amis regardant avec insistance les gardes pour les faire craquer. Enfin, l’un d’eux dit :

 

-         Bon, allez. C’est bien parce que vous servez toutes ces déesses ! Mais si jamais vous trouvez quelque chose, vous nous le dites, hein ?

-         Promis.

-         Et faites attention, il y a pas mal de trucs instables. Si vous vous blessez, nous ne sommes pas responsables !

-         Nous comprenons.

 

Le bruit caractéristique du portail s’ouvrant retentit, et la carriole reprit sa route.

 

-         La vache ! Ils ne racontaient pas des salades !

-         Qu’est-ce qui s’est passé ? murmura Tomas.

-         Il y a bien eu des flammes, et les bâtiments ont été sérieusement touchés, annonça Romulus en parlant suffisamment fort pour que Psody pût l’entendre.

 

 Quelques minutes plus tard, Hallbjörn arrêta la carriole.

 

-         Plus personne, petit rat blanc !

 

Psody bondit hors de la malle, puis descendit précipitamment du chariot. Il gémit en voyant l’étendue du désastre.

 

Le manoir n’avait pas complètement brûlé, mais l’aile ouest, celle des appartements, était calcinée. Le parc aussi avait été incendié, et la résidence secondaire qui servait de laboratoire d’études n’était plus que cendres.

 

-         C’est épouvantable, murmura Tomas. Toutes vos recherches, tous vos travaux… Plus rien. Quel gâchis !

-         Mais surtout… que sont devenus les Steiner ? s’inquiéta Psody.

-         Calmez-vous, Psody. Je pense qu’Heike et Ludwig sont toujours en vie. Je connais ce vieux renard. Il ne s’est pas rendu à la milice, car il n’aurait jamais abandonné sa fille. Il doit être caché quelque part avec elle. Les soldats ont probablement trouvé des preuves de ses études en fouillant les décombres. En fait, je suis presque surpris que tout le domaine ne soit pas déjà isolé par les répurgateurs.

-         Ou bien ils se cachent, ou bien ils ont été enlevés, mais s’ils étaient morts, on les aurait retrouvés, constata le clerc de Verena. Peut-être qu’ils sont terrés quelque part ici, et qu’ils n’osent pas sortir, ou qu’ils sont enfermés.

-         Ces intrus ont intérêt à les garder en vie s’ils veulent obliger Steiner à leur laisser toutes ses richesses, supposa le Norse. À votre avis, prieur, qui a fait ça ?

-         Il faudra demander au temple de Verena ce qu’ils ont trouvé. Le problème, quand on a la position de Ludwig, c’est qu’on a de nombreux ennemis et rivaux. En attendant, cherchons !

-         Vous croyez vraiment qu’ils sont toujours là, prieur Romulus ?

-         Peut-être, frère Tomas. Tant qu’on n’a retrouvé personne, nous devons investiguer !

-         Soyez très prudents près des zones brûlées, suggéra Hallbjörn. Les structures sont encore plus fragiles qu’elles en ont l’air.

 

Romulus retint Psody par la manche.

 

-         Tâchez de rester concentré. J’imagine que tout ceci vous rend très nerveux, mais la meilleure façon d’investiguer de manière efficace est de garder votre calme.

 

Sur ces paroles, le Skaven Blanc, le prieur, le clerc et le Norse se dispersèrent.

 

 

Psody faisait de son mieux pour suivre le conseil de Romulus et ne pas perdre son sang-froid. C’était de plus en plus dur. Il balayait du regard les alentours depuis plus d’un quart d’heure sans rien trouver de probant. Plus le temps passait, plus il sentait son calme diminuer. Il ouvrit grand les yeux, se força à percevoir quelque chose, n’importe quoi. Une odeur, un son, un détail… Mais dans un tel chantier, les sensations inhabituelles ne manquaient pas.

 

Il se torturait les méninges à en avoir la migraine, lorsque son regard tomba sur les empreintes de deux paires de bottes parallèles, probablement deux gardes de la patrouille d’Altdorf. Il remarqua quelque chose de clair qui dépassait à moitié de l’une des traces. C’était une grosse touffe de poils. Le jeune homme-rat s’approcha, et regarda de plus près. La semelle avait partiellement enfoncé la boule de fourrure dans la terre meuble, l’empêchant d’être balayée par le vent. Le petit Skaven Blanc ramassa précautionneusement entre deux doigts le fragment de fourrure, la renifla avec insistance, et soudain, il sentit son visage s’embraser. Il leva les poings vers le ciel, et rugit :

 

-         Vellux !

 

Attirés par son cri de rage, les trois Humains rejoignirent le Skaven Blanc.

 

-         Quoi ?

-         Vellux ! C’est ce salopard de Vellux !

-         Tu parles de ton ancien maître ? demanda Tomas.

-         C’est lui ! Y a pas de doute ! J’en suis sûr ! s’écria le jeune homme-rat en brandissant la boule de fourrure.

-         Seulement en sentant ces poils ?

 

Psody se tourna vers le Norse. Celui-ci tiqua en voyant les yeux roses du jeune homme-rat étinceler de rage.

 

-         J’ai passé quatre ans de ma vie dans la même pièce que lui pratiquement en permanence, Hallbjörn. Chaque Skaven a sa propre odeur-odeur avec des subtilités que le nez des Humains ne peut pas percevoir. Jamais je ne pourrai oublier le musc de mon maître.

-         Par la crinière d’Ulric… tu crois qu’il est venu pour toi ?

-         Aucun doute, Hallbjörn.

-         Il en a profité pour mettre à sac le laboratoire ! réalisa Romulus. Il a compris qu’on menait des recherches sur les vôtres !

 

Mais Psody n’avait pas entendu, car une horrible pensée venait de frapper son esprit.

 

Il n’a pas fait ça tout seul, et si les Humains n’ont rien vu, c’est parce qu’il a fait appel aux Coureurs d’Égout du Clan Eshin. S’ils ont massacré tout le monde, c’est qu’ils se sont rendus dans la maison, et ils ont forcément senti…

 

Il se prit la tête à deux mains, puis courut vers le manoir en criant à pleins poumons :

 

-         Heike ! Heike !

 

Les autres le suivirent au pas de course.

 

-         Fraulein Heike ! Fraulein Heike !

-         Dame Steiner ?

-         Hé, la souris ! Réponds !

 

Plus Psody avançait vers le manoir, plus sa peur montait. Il s’attendait à chaque pas à tomber sur son cadavre dépecé. Il s’arrêta, huma l’air à grandes goulées en espérant détecter l’odeur de la jeune fille-rate. Rien. Soudain, son cœur bondit dans sa poitrine. Il leva les deux bras. Les autres le rejoignirent.

 

-         Quoi, quoi ?

-         Chut ! Écoutez !

 

Les quatre compères firent silence, et tendirent l’oreille. Ils entendirent alors un gémissement au loin.

 

-         L’écurie ! s’écria Romulus.

 

Ils se précipitèrent vers le petit bâtiment au fond du parc, en continuant d’appeler. Quand ils arrivèrent devant l’écurie, ils furent frappés par une odeur écœurante. Des milliers de mouches bourdonnaient au-dessus des boxes. Hallbjörn jeta un coup d’œil.

 

-         Ils ont massacré les chevaux !

-         Non, ils les ont mangés !

-         Ils sont comme ça, marmonna Psody, qui tremblait de colère. Ils se nourrissent à la moindre occasion.

 

Romulus mit ses mains en porte-voix.

 

-         Holà ? Quelqu’un ?

-         Romulus ! Romulus !

 

C’était la voix de Steiner.

 

-         Ludwig ! Où es-tu ?

-         Dans la fosse à purin !

 

Le Norse s’empressa d’ouvrir la trappe à côté des boxes des chevaux. Le petit Skaven Blanc se pencha vers le trou. Ses yeux n’étaient pas gênés par la semi-obscurité de la fosse.

 

-         Par le Rat Cornu…

 

Recroquevillé au fond de la fosse, maculé de crottin de cheval et autres matières malodorantes, Ludwig Steiner avait l’air bien misérable. Les Skavens l’avaient entièrement déshabillé avant de le jeter dans le trou. De plus, il était visiblement affaibli, sa respiration était rauque, et il avait du mal à garder la tête levée vers lui. Et pourtant, malgré cette position très humiliante, son regard n’avait pas perdu sa dignité. Il n’avait pas perdu son sens de l’humour, non plus.

 

-         J’ai connu moins confortable, mais l’odeur est un peu gênante, ici.

 

Sans hésiter, le mercenaire descendit d’un bond dans la fosse. Il aida le marchand à se relever, puis lui fit la courte échelle et le souleva. Tomas et Romulus attrapèrent Steiner chacun par un bras, et rapidement, l’extirpèrent de sa malodorante prison. Le clerc retira prestement sa cape et la passa autour des épaules du marchand pendant que le prieur de Shallya aida le Norse à remonter. Tous purent souffler un peu. Romulus demanda :

 

-         Les enquêteurs et la garde sont passés, pourquoi ne t’ont-ils pas trouvé ?

-         Je les ai entendus, mais je n’ai pas osé les appeler. Ils m’auraient sans doute envoyé aux répurgateurs. Je savais que vous veniez, j’ai préféré vous attendre. Oh, mon ami… C’était…

-         Nous savons, maître Steiner, coupa Hallbjörn. Tout.

 

Le marchand vit alors toute la détresse dans les grands yeux roses de Psody.

 

-         Il m’a laissé vivre, pour me donner une chance de te transmettre un message.

-         Lequel ?

 

Le commerçant toussa, laissa glisser la cape de Tomas de ses épaules, et se retourna. Tous eurent de vives réactions de dégoût. Psody siffla en se mordant la lèvre. Sous les traces de fumier, on pouvait voir une série de signes scarifiée dans la peau du dos de Steiner.

 

-         Je t’arrangerai ça, mon ami, murmura Romulus. Je connais quelques procédés pour résorber de telles cicatrices, tant qu’elles sont encore récentes.

-         Je n’en doute pas, mais laisse notre jeune camarade nous expliquer. Allez, Psody, dis-nous ce que ça raconte, je te prie.

 

Le petit Skaven Blanc déglutit, et lut d’une voix blanche :

 

-         « Viens chercher ta pondeuse là où tu as choisi de trahir ta race ».

 

Il n’eut pas besoin de réfléchir bien longtemps.

 

-         Il veut que j’aille à Gottliebschloss.

-         Quoi ? Gottliebschloss ? répéta Romulus. Sapristi !

-         C’est quoi, le problème ? demanda Hallbjörn.

-         Jourg du Clan Moulder a beaucoup affaibli les défenses de ce château avant que je ne m’y rende. S’ils n’ont pas reconstitué toutes leurs forces, Vellux risque de les achever !

-         Ça tient debout, acquiesça Steiner. Vellux m’a dit qu’il avait suivi ta trace à partir de ce château.

-         Si ça se trouve, ils l’ont déjà envahi ! réalisa le clerc de Verena. Tu penses qu’ils vont le détruire ?

-         Non, Tomas. S’ils ont une occasion de s’installer dans un endroit fortifié, ils ne vont pas s’en priver ! Beaucoup de forteresses choses-naines sont tombées sous le contrôle des Skavens !

 

Romulus dit alors :

 

-         Nous ne pouvons pas rester ici. D’autres gardes vont arriver quand ils sauront que nous sommes venus. Ils doivent déjà être très soupçonneux après avoir vu le labo, mais s’ils trouvent notre ami Skaven, vous savez ce qui nous attend. Il faut partir !

-         J’ai une petite maison dans le quartier marchand, nous pourrons nous y installer, le temps de mettre au point une stratégie.

-         Il faut que je m’occupe de tes blessures.

-         Je tiendrai le coup jusque-là. Ne perdons pas de temps, et allons-nous-en ! Il ne faut pas qu’ils me repèrent !

 

Le Skaven Blanc retourna dans sa malle, et Steiner s’installa dans le fond du chariot, sous une couverture.

 

*

 

Il n’était pas étonnant de voir des chariots de toute taille circuler à travers du quartier marchand d’Altdorf. Et donc, personne ne prit garde à la petite bande lorsqu’ils arrêtèrent leur transport sur la Königstrasse. Ils arrivèrent en vue d’un pâté de maisons constitué de bâtiments étroits, serrés les uns contre les autres. Quelques années plus tôt, Steiner avait acheté les cinq étages et la cave d’une des maisons, et les avait fait aménager pour les situations urgentes. Romulus stoppa la charrette dans la cour arrière, et une fois la double porte de bois vers la rue refermée, tous descendirent pour gagner l’appartement du premier étage.

 

Ils eurent la surprise d’y trouver les deux plus fidèles serviteurs du marchand, Samuel et Magdalena. Ceux-ci étaient les seuls membres du personnel à connaître l’existence de cette propriété. Ils avaient également pour instructions de s’y réfugier en cas de problème. Par un coup de chance inouï, la nuit de la visite impromptue de Vellux, ils s’étaient absentés de la propriété pour faire d’importantes courses en prévision du banquet prévu pour la compagnie de Ludviksson. Les commissions s’étaient prolongées, et lorsqu’ils étaient retournés dans le quartier bourgeois, l’incendie avait déjà commencé, et la présence des gardes les avait poussés à fuir. Ils s’étaient donc cachés dans l’appartement, et n’avaient pas osé en bouger depuis.

 

Steiner passa un long moment à s’ablutionner le corps, moment que le prieur mit à profit pour préparer un baume. Quand il sortit de la salle d’eau, propre et parfumé, il avait de nouveau figure humaine. Il s’allongea sur le lit à la demande de Romulus. Ce dernier étala vigoureusement sa préparation sur la peau du dos du marchand. Les deux domestiques osaient à peine regarder leur employeur.

 

-         Nous vous avons… nous aurions dû vous soutenir plus ! Nous aurions dû faire tout pour entrer dans le domaine, et vous porter secours ! Nous avons réfléchi, maître Steiner, et nous comprendrons si vous nous congédiez.

-         Il n’en est pas question, Magdalena. Tu es la meilleure amie de ma fille, et je ne veux pas vous séparer. De plus, vu les circonstances, vous avez agi avec la prudence qui s’imposait. En insistant auprès de la garde, c’est votre liberté que vous auriez perdue. Ne vous faites pas de souci. Vous êtes toujours mes employés. Je dirais même plus… vous êtes les deux seuls employés qui me restent. Tous les autres sont morts. Ils ont été massacrés par les hommes-rats.

-         Ce sont les hommes-rats qui…

 

Le valet ventripotent ne termina pas sa phrase, mais tourna la tête vers le petit Skaven Blanc, l’air ahuri. La servante plantureuse resta muette, et baissa la tête. Psody se sentait très mal à l’aise.

 

-         Maître Steiner, je…

-         Ne dis rien, coupa Steiner.

-         Il est venu pour moi ! Comme il ne m’a pas trouvé, il s’est vengé sur vous ! Et maintenant…

-         N’ajoute rien, rétorqua le marchand plus durement. Les choses sont ce qu’elles sont, il est inutile de geindre.

 

Le petit homme-rat avait les larmes aux yeux. Sa gorge était nouée en une boule de douleur, et ses tripes comprimées à en éclater par la peur et la honte.

 

-         Si vous voulez… je peux m’en aller. Définitivement.

 

Steiner releva la tête, et la tourna vers le jeune Skaven Blanc.

 

-         Ça n’arrangerait rien. Je ne te blâme pas d’avoir attiré ton maître ici, en vérité j’aurais dû faire preuve de plus de prudence. Je t’ai reçu chez moi en connaissance de cause, c’est arrivé, il va falloir faire face. C’est aussi ça, être un homme, Psody : prendre le problème à bras le corps et l’affronter, si on est capable de le surmonter. Je n’aime pas tellement qu’un petit voyou boute le feu chez moi et m’enlève mon enfant ! Il a besoin d’une bonne leçon de savoir-vivre ! Mais auparavant, il faut régler quelques détails.

 

Il s’adressa de nouveau à ses deux serviteurs.

 

-         Écoutez bien. Il est temps de mettre sur pied le plan « D ». Vous comprenez ce que ça signifie ?

 

Magdalena et Samuel hochèrent la tête sans mot dire. Steiner reprit :

 

-         Magdalena, regarde derrière le portrait sur le mur. Il y a un coffre dont la combinaison est le jour de l’anniversaire d’Heike. La date où elle est arrivée à Altdorf, précisa-t-il à l’intention du Skaven Blanc. Ouvre-le, prends son contenu.

 

La servante obéit, et sortit du coffre un étui de cuir.

 

-         Ce sont des lettres de recommandation ainsi que des actes de change, qui te permettront de retirer une importante somme d’argent, en tant que Heike Steiner. Tu vas emmener avec toi une petite partie des mercenaires du capitaine Ludviksson, une demi-douzaine, et vous partirez dans le prochain convoi pour Nuln. Là, vous m’attendrez à l’auberge de l’Empereur Magnus.

-         Vous… vous ne venez pas avec nous ? demanda la jeune femme.

-         Non. Je pars à Gottliebschloss.

 

Tous tiquèrent à ces mots.

 

-         Mais… ils sont toute une colonie ! bredouilla Tomas. Ne serait-il pas raisonnable d’attendre que l’armée fasse son travail ?

-         Chaque seconde que ma fille passe entre leurs pattes est une seconde de trop. Je refuse de rester sans rien faire pendant qu’elle…

 

Quelqu’un toussa bruyamment pour attirer l’attention. C’était Hallbjörn.

 

-         Très audacieux, mais vous parlez de partir à la baston ! Ce qu’on a évité en Lustrie, on va se jeter dedans ! Vous en avez conscience ?

-         Vous avez raison, capitaine Ludviksson, et j’en viens justement à vous. Combien d’argent demanderiez-vous pour aller chercher ma fille ?

 

Le Norse eut un sourire ironique.

 

-         Vous êtes direct. Personnellement, j’aime bien votre fille, et ça me fait de la peine de la savoir en danger. Je veux aller la sortir de ce pétrin. Mes gars le feront bien volontiers, aussi. Je pense même que certains seraient prêts à vous faire une ristourne, ils adorent casser du Skaven plus qu’autre chose – sans vouloir te blesser, Psody. Je peux aussi rassembler d’autres mercenaires, et je pense que ce serait mieux, histoire qu’on améliore nos chances. Je peux faire ça vite, et bien. Dans le meilleur des cas, dès demain matin, on peut partir. Mais ça va demander un effort conséquent de votre part.

-         Pas le temps de négocier. Pour commencer, rajoutez un zéro à la somme initialement prévue pour chacun, et proposez la même somme à tout mercenaire prêt à nous rejoindre. Ceux qui ont été en Lustrie auront un bonus de cinquante pour cent sur ce nouveau chiffre, qu’ils ne se sentent pas spoliés. Ceux qui préféreront cesser notre collaboration seront payés avec l’argent des liquidités que ma servante va récupérer avant notre départ.

 

Hallbjörn hocha pensivement la tête. Il aurait pu se porter volontaire à titre gracieux pour aider la jeune Skaven. Il n’était pas attiré par l’argent en tant que fin en soi. Mais la perspective d’obtenir un paiement bien plus important que prévu lui fit venir un petit sourire. La solde proposée par son employeur lui permettrait de constituer une compagnie conséquente, qui pourrait rivaliser avec les régiments à louer les plus prestigieux, comme celui du célèbre Beorg Patte d’Ours, un de ses compatriotes. Un bon point de départ pour unifier les tribus de son pays natal contre le Chaos.

 

-         « Pour commencer » ? répéta-t-il.

-         Si vous ramenez ma fille vivante, vous multiplierez le nouveau résultat par deux. Après avoir ajouté le bonus, pour les concernés.

 

Le sourire du Norse s’épanouit.

 

-         Pas à dire, vous aimez votre fille ! Je ne devrais pas avoir trop de mal à…

-         Par trois. Et vous partez tous dans la journée.

-         Dans les quatre heures. Le temps de faire le tour des tavernes.

-         Vous les rassemblerez à la ferme où Romulus vous a expliqué le but de l’expédition, on vous y retrouvera. Désolé, je n’ai pas assez d’argent à disposition immédiate pour le fonds de garantie, mais je vous promets que ceux qui reviendront seront rétribués en temps et en heure.

-         Je serai cette garantie, maître Steiner. J’ai confiance en vous.

 

Le valet s’avança.

 

-         Maître Steiner, vous me connaissez, je ne suis pas du genre à vous déplaire volontairement. Mais là… je me dois de protester ! Vous n’êtes pas en état de vous battre contre ces… monstres ! Surtout s’ils sont toute une armée !

-         Je ne serai pas en première ligne, Samuel. Mais je refuse de rester là à attendre un hypothétique retour de ma fille.

-         Laissez-moi venir avec vous, alors ! Magdalena va rassembler l’argent, mais moi, je ne lui serai d’aucune utilité, tandis qu’avec vous…

-         Non, Samuel, tu as aussi ton rôle à jouer dans le plan. Tu l’accompagnes, et à Nuln, je compte sur toi pour faire la liste des denrées nécessaires à un voyage vers là où tu sais. J’ignore combien nous serons, mais compte pour une centaine de personnes, car on se fera accompagner par tous les mercenaires que nous pourrons. Nous nous retrouverons à l’auberge.

-         Bien, maître Steiner.

 

Le commerçant leva l’index.

 

-         Mes enfants, je ne vous le cache pas, il y a des chances pour que je ne revienne pas. Quand vous serez à Nuln, attendez quinze jours. Si vous n’avez aucune nouvelle de moi au bout de quinze jours, payez les mercenaires selon le tarif convenu avant leur départ pour la Lustrie plus les frais d’escorte, renvoyez-les, partagez-vous l’argent équitablement et allez faire votre vie ailleurs.

-         Vous reviendrez, maître Steiner, murmura Magdalena.

 

Le capitaine mercenaire finit de refermer son manteau. Il dit encore :

 

-         Je vais demander à Sigurd Kilmersson de prendre la tête de votre escorte.

-         Vous ne préférez pas nommer votre principal lieutenant, maître Votiak ?

-         Non, maître Steiner, je veux l’avoir avec nous. Sigurd est le deuxième de mes hommes en qui j’ai toute confiance. Ne vous en faites pas, il se bat aussi bien qu’il fait la cuisine. Vos petits gars n’ont rien à craindre.

 

Les deux serviteurs s’inclinèrent, et se retirèrent, suivis par le Norse. Steiner, Romulus, Tomas et Psody restèrent silencieux, pendant que le prieur continuait de passer des baumes curatifs sur le dos du marchand. Le jeune homme-rat demanda :

 

-         Messire Steiner, qu’est-ce que c’est, le plan « D » ?

-         Le plan « Déménagement ». Ton maître a cru me démolir complètement en détruisant mon manoir, mais il n’a pas pensé que j’avais déjà tout prévu.

-         Comment ça ?

-         Vois-tu, quand j’ai commencé à étudier sérieusement les Skavens, Romulus m’a suggéré à juste titre de prendre quelques précautions. Tu le sais, mes recherches sont interdites, et un homme dans ma position se doit toujours d’avoir une porte de sortie. Alors, j’ai passé quelque temps à constituer une réserve d’argent de secours que je puisse retirer rapidement et facilement. En outre, j’ai acheté un lopin de terre dans un endroit isolé où les inquisiteurs ne devraient pas nous poser de problème. Donc, en cas de pépin, comme maintenant, on bouge. Rien ne me retient à Altdorf, à part ma fille, et dans ce cas présent, elle n’y est plus. Les templiers de Sigmar vont s’intéresser à ce qui reste dans mon laboratoire, et comprendre le sens de mes recherches. Quand nous l’aurons sauvée, je quitterai l’Empire, avec Heike.

-         Et je vais venir avec vous !

 

Steiner fit une petite moue songeuse.

 

-         Tu sais que je ne t’oblige à rien. Tu ne me dois rien, non plus. Si tu sens que cette histoire ne te concerne…

-         Non !

 

Pour la première fois depuis leur première rencontre, Psody s’autorisa à couper la parole au marchand. Il inspira, et déclara fermement :

 

-         Je vous promets de me battre avec vous pour ramener Heike saine et sauve. Si on n’y arrive pas, je disparaîtrai pour de bon. Je refuse de la quitter si elle veut toujours être avec moi ! Je l’aime ! Et je chasserai tous les Skavens de Vellux s’il le faut pour la sauver ! Ensuite, nous partirons dans un endroit où je pourrai rester avec elle pour toute la vie, peu importe où !

 

Steiner sourit faiblement.

 

-         J’avais du mal à l’espérer, mais… je savais qu’un jour, elle trouverait le bon ! Dès que je t’ai vu, je l’ai su. Et je peux t’assurer que pendant ton absence, elle n’a pas vécu une journée sans penser à toi. Tu es vraiment quelqu’un pour elle, Psody. Je ne sais pas ce qui t’est arrivé en Lustrie, mon petit… mais tu as bien changé.

-         Je crois, oui… est-ce mal ?

-         Au contraire… Tu as l’air plus sage, plus sûr de toi, plus puissant. Je sais que tu peux sauver ma fille. Toi seul peux arrêter ce Prophète Gris. Tu es lié à lui, tu le connais mieux que personne, tu es celui qui peut l’arrêter. Je le vois dans tes yeux. Tu as quelque chose qu’il n’a pas. J’ai vu sa personnalité. Il n’est rien par rapport à toi. Il est persuadé qu’il est plus fort que toi, mais tu es plus malin que lui, et l’intelligence l’emporte toujours sur la force brute quand elle est bien utilisée.

 

Psody ne répondit rien. Mais son expression chargée de détermination était suffisamment éloquente.

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