Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 39 : Un moment de joie : 1ère partie

7401 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/07/2021 01:01

Un moment de joie : 1ère partie


Les ténèbres se sont appropriés avec avidité la voûte céleste d’Azeroth. Aucune étoile ne scintille. La petite lune bleu demeure absente alors que pour sa grande sœur, aucun de ses rayons lumineux ne percent l’amas de nuages grisâtres. Une nuit bien chagrine similaire à mon humeur.

 Je soupire et me laisse doucement tomber sur les fesses, remontant mes genoux sur mon torse. Ça fait presque 1 an que cette guerre dure. Des combats, toujours des combats. Quand cette roue sans fin de souffrance et de sang ce terminera ? Je me questionne vraiment sur notre alliance avec les rebelles de la Horde, à quoi sert-elle si nous continuons à nous entre-tuer ? La bataille de Dazar'alor menait par Jaina est une victoire amère, l’Alliance a, certes, ôté la vie du roi des trolls Zandalari et affaiblie leurs puissantes flottes mais, hélas, la Horde a repoussé notre assaut à la mer et non sans perte. Le roi gnome a été capturé, Jaina est revenue grièvement blessée et bien d’autre ont perdu la vie. Je me réjouis qu’Anduin n’est pas participé à ce bain de sang, son devoir l’appelait ailleurs et ne l’as pas épargné en épreuve. Malgré la séquelle que m’a laissée Lune-d’Argent, j’ai fait tout mon possible pour lui venir en aide dès que l'occasion s’offrait à moi. Mon cœur n’est pas que préoccupé par cette guerre qui s’éternise, demain, c’est mon anniversaire. Deux ans déjà que j’ai quitté mon monde brisé par la Légion Ardente, deux ans de question sans réelle réponse. Le jour de mes 17 ans a sonné le glas de tout ce que je connaissais et aimais mais m’a ouvert également les portes d’un nouveau monde, on m’a accueilli, tendu une main chaleureuse. Avec le temps, c’est devenu chez moi. Azeroth comme Utrion ne m’a pas non plus épargner les pertes, Millie, Yaedrel, il n’y a pas un jour qui ne s’écoule sans qu’une pensée brève ou longue ne leur soit dédié tout comme pour ma famille et mon peuple.

Mon esprit est embrumé, je secoue la tête pour essayer d’en chasser ses images qui me hante mais en vain. Mon regard se perd vers le ciel nocturne et, d’un bond, je me remets sur pieds. J’ai besoin de réconfort et une seule personne est capable de me rendre le sourire et un peu de gaîté. Anduin n’a guère de temps à lui et de surcroit a consacré à notre couple. Il est assailli constamment sur tous les fronts, s’absentant du château sur des périodes indéterminées. Lorsque qu'Anduin est de retour à Hurlevent, son devoir ne lui laisse guère le temps de souffler. Toujours calfeutré dans la salle de commandement où bien dans son bureau personnel. Ces derniers jours, Anduin agit étrangement à mon égard, dès que nos chemins se croisent et qu'on arrive enfin à passer un peu de temps ensemble, il devient étrangement nerveux, bafouillant parfois dans ses paroles et fuyant mon regard, m’abandonnant dans un profond désarroi. Une boule se forme dans mon estomac, j’ai peur de le déranger à une heure aussi tardive. Anduin doit probablement dormir si il n’a pas le nez enfoncé dans la paperasse. Après de longues minutes à me turlupiner, le besoin grandissant de ses bras se fait plus présent. Je me mordille la lèvre avant de me faufiler hors de mes quartiers. J’ouvre délicatement la porte avant de jeter un œil, j’entrevois des gardes qui font leurs rondes, équipés de lampe à huile attachées à leurs ceintures. Silencieuse, j’attends que la lumière s’évanouisse avant de m’extraire à l’extérieur avec adresse et m’aventure dans les escaliers jusqu’à l’étage personnel du roi. Devant son impressionnante porte, deux soldats somnolents, appuyés sur leurs lances pour ne pas basculer si jamais ils se laissent vraiment aller. Au bruit de mes bottes sur le sol, l’un deux ouvres les yeux et baille sans aucune retenue. 

•        Halte, qui va là ? Demande-t-il mollement.

•        J’aimerai voir le roi. Répondé-je avec calme.

•        Que voulez- vous à son Altesse à une heure si tardive ? S’étonne le garde méfiant.

•        Laisse-là passer. Intervient l’autre garde qui s’est apparemment rendue compte de ce qui se passer sous son nez. C’est dame Lynawen, championne de l’Alliance.

L’autre bêta me dévisage avec des yeux ronds pendant ce qui semble être une éternité avant d’enfin pousser l’imposante porte qui me sépare de mon bien-aimé. Je passe l’encadrement encore un peu stupéfaite du titre que l’homme m’a si joliment assigné. Championne de l’Alliance ? N’est-ce pas un chouia exagéré sur ce que j’ai réellement accomplie sur le champ de bataille ? Grisetête maintient que les éloges et le respect que je reçois sont justifiés. Je me gratte les cheveux, dubitative. Je passe devant l’arche qui donne sur la salle à manger et mon attention est comme happée par le portrait des parents d’Anduin. Mes pieds se meuvent d'eux même dans sa direction. Le défunt roi Varian jeune, et fringant, dénué de ses balafres à la figure et, à son bras, son épouse à la splendide crinière d’or, les admirer me plonge dans la mélancolie. Les tableaux de mes parents ont disparue avec mon monde et avec ce cruel sable du temps continuant injustement de s’écouler et émiettant de ma mémoire leurs visages, il ne me reste que de vagues souvenirs de la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux. La sonorité de leurs voix s’estompe tel l’écho d’une grotte. Sentir s'effacer le son puissant du rire tonitruant de mon oncle m’assène un violent coup de poignard. Je m’arrache de force aux visages souriant des anciens souverains d’Hurlevent et ravale ma salive avant de partir à la recherche d’Anduin.

Je commence par la salle de vie mais elle est vide. Je n’entends aucun bruit provenant de la salle d’eau. L’étage du roi est grand et de nombreuses pièces le compose. Ne sachant pas par où commencer, je tente ma chance avec son bureau mais je suis déviée de ma direction par une faible lumière provenant de dessous une porte. Je prends une grande inspiration et frappe à cette dernière. J’attends quelque seconde mais aucune réponse ne me parvient, je décide alors de toquer une deuxième fois mais le résultat est identique. Peut-être qu’il n’est pas ici ? Peut-être est-il dans une autre pièce ? Devrai-je regagner ma chambre ? Non, j’ai vraiment besoin d'être auprès de lui. Avec une certaine hésitation, je saisis la poignée de la porte est l’ouvre avec précaution. La lumière de la pièce se répand dans le couloir avant que je puisse entrevoir l’intérieur. Face à une cheminée majestueusement sculpté et orné de têtes de lions, Anduin, simplement vêtu d’une chemise bleue et d’un caleçon, est assis en tailleur sur la peau d’une bête tachetée. Il tient fermement un objet entre ses doigts et l’admire avec beaucoup d'insistance. Il est comme absorbé, perdu dans son monde. De là où je suis, je ne distingue pas vraiment la forme de son mystérieux centre d'intérêt. J’en profite pour zieuter rapidement les lieux, la pièce est immense. Au fond, un grand lit à baldaquin encadré par des rideaux blancs légèrement transparent. De nombreuse peinture habillent les murs tapissés de bleu. Des commodes, placards et étagères remplient de livres et d’objets décoratifs viennent les y aider. Un petit bureau parfaitement rangé, à l'exception d'un carnet et d'un encrier accompagné de sa plume, domine l'espace. Il y a également un petit coin avec une table avec un service à thé posé dessus. Des fauteuils et un sofa reposent à proximité. Il y a aussi un porte-manteau où moult redingote bleu sont suspendues à l’exception d’une seule dont la couleur est marron. Sur un râtelier, Shalamayne trône de toute sa splendeur. Il n'y a pas de balcon mais de nombreuses fenêtres, cependant, une seule a le mérite d’attirer mon attention. Elle dispose d’une banquette avec un petit matelas et des oreillers et suffisamment de place pour s’y allonger.  

•        Demain. Marmonne-t-il dans sa barbe.

•        Qui y a-t-il demain ? Intervené-je sans avoir pris la peine de mettre annoncée.

Anduin sursaute, laissant échapper l’objet qui tombe dans l’épaisse fourrure, le blondinet se précipite à sa poursuite dans une position loin d’être digne de son statut de roi. Devant la scène comique qui se déroule sous mes yeux ébahis, je ne peux retenir mon rire de voir son joli minois embarrassé et aussi rouge qu’une pivoine, ça fait fondre mon cœur.

•        Qu’est-ce donc de si important pour te mettre dans un tel état ? Demandé-je curieuse.

•        Rien d’important ! Rétorque Anduin gêné.

Ce dernier se relève et avance vers son bureau, ouvre le tiroir avant d'y dissimuler l’objet de ma curiosité à double tour.

•        Tu ne fais qu’attiser mon envie de découvrir ce que tu me caches. Insisté-je.

•        Ma curiosité, c’est de savoir ce que fait la dame de mon cœur dans mes quartiers et, qu’il plus est, dans ma chambre privée à une heure aussi tardive. Questionne Anduin subtilement pour changer de sujet.

•        Les gardes m’ont laissé passer. Je suis apparemment la championne de l’Alliance, ce qui me donne un laisser passer exclusive pour embêter son altesse à l’heure qui me siéra ! Rétorqué-je taquine. 

•        Vraiment ? Réponds Anduin, un sourire charmeur aux lèvres.

Je hoche la tête et accompagne le mouvement d’un sourire espiègle. Je saisis un oreiller qui traîne sur le sol avant de lui lancer au visage avec un air de défi.

•        Eh bien, madame, cette affront ne restera pas impuni. Intervient Anduin.

Mon bien-aimé se baisse pour ramasser le coussin avant de me le jeter à la figure, m’arrachant un petit crie de surprise. Il se précipite sur moi pour essayer de m’attraper mais je l’évite de justesse en riant. Comme deux enfants, nous commençons à chahuter, nous nous courons après, nous donnant des coups de coussin à un tel point que les petites plumes qui les composent volent et s’éparpillent dans la pièce. Dans ma fuite, je glisse sur les fesses ce qui me fais pouffer de rire. Anduin s’approche de moi, me surplombant de toute sa hauteur, décoiffé et à bout de souffle.

•        Vous capitulez, mécréante ? Exclame-t-il l’air vainqueur.

•        Mécréante !? Soufflé-je en prenant un ton outré.

Je le pousse à l’aide de mes pieds. Anduin m’attrape les chevilles. En voulant me libérer, je bascule en arrière et mon Amant en profite pour s’asseoir à califourchon sur moi. Ses doigts virils s’immiscent sous ma chemise avant de me chatouiller les côtes avec entrain. Je gigote dans tous les sens, rieuse, les larmes aux yeux, le suppliant d’arrêter.

•        Je capitule ! Crié-je de rire.

Anduin arrête mon supplice le sourire victorieux et de façon très mature je lui tire la langue. Ses mains saisis à nouveau mes flancs. Je fais la moue et mon expression de chien battu l’amuse beaucoup mais le blondinet ne bouge pas d’un pouce pour autant.

•        Si tu me confiais la réelle raison de ta visite ? Questionne Anduin un peu plus sérieux.

Je fuis ses iris azurées et me mordille la lèvre avec beaucoup d’insistance, c’était plus difficile que je m’imaginer de lui parler de mon chagrin. Une larme s’échappe malgré moi, roulant le long de ma joue.

•         Lynawen, parle-moi…

Une autre larme vient rejoindre la première, puis une dizaine et un sanglot incontrôlable m’envahis. Anduin encadre ma figure de ses mains chaudes, essayant de sécher mes larmes de ses pouces en vain.

•        Je suis… je suis entrains de tous les oublier. Balbutié-je.

À ses mots Anduin se penche sur moi, me couvrant de baiser. Mes doigts s’agrippent à sa chemise pour m’aider à me redresser et je trouve le chemin protecteur et réconfortant de ses bras. 

Une apaisante et douce lumière s’infiltre à travers une légère ouverture entre les épais rideaux des fenêtres. J’ouvre doucement les paupières pour m’habitué lentement à luminosité, les yeux encore lourds de sommeil. Je me tourne sur le côté pour me rendre compte que le jeune roi ne s'y trouve plus. Il a dû se rendre à une de ses réunions et n’a pas voulu me réveiller. Pour seul consolation, son odeur imprègne toujours les draps et chatouille mes narines de plaisir. Je m’étire avant de m’enrouler à nouveau dedans, son lit est tellement plus confortable que le mien et il me n’en voudra point que j’y reste encore un peu. En réalité, je n’ai guère envie de me lever et de devoir affronter le jour de mon 19éme anniversaire qui m’ai affreusement douloureux. J’ai envie d'hiberner jusqu’à un nouveau lendemain. Le sommeil ne se fait pas attendre et m’emporte sur les vagues de vieux souvenirs enfuis dans ma mémoire…

C’était un jour pluvieux et les bourrasques de vent sont réputés violentes dans le royaume de Ludroth. Lorsque qu’elles s’engouffrent dans les galeries, le sol du palais gronde comme si une tempête se déchaînait sous nos pieds. Enfant, je pensais qu’un terrifiant monstre sommeillait dans les profondeurs glaciales des souterrains. C’était une stupide peur enfantine mais pourtant elle me donne encore des sueurs froides. Je me ressaisie et me précipite dans les couloirs de Fortonerre pour me recueillir auprès de la statue de ma mère dans la salle des souvenirs. L’aile du palais est réservée exclusivement à la famille royale. Si par malheur des gens non autorisés étaient surpris à fouiner là-bas, ils étaient sévèrement punis. Je m’en approche et les deux gardes à l’entrée s’agenouillent devant moi avant de pousser, non sans difficulté, les lourdes et impressionnantes portes gravées de vieux symboles qui, avec le temps, ont perdus toute signification. J’en passe le seuil et ils referment derrière moi. Sur le sol, on peut apercevoir les sillons gravés par leurs ouvertures. Témoignage de siècles de passages. Cette aile du château dénote avec les autres par son ambiance si particulière et son architecture très ancienne. Elle remonte à l’époque du fondateur de ma lignée, Archon, le héros de la guerre de cristal des légendes d'autrefois. Dans chaque pièce trône les statues de mes ancêtres. À chaque fois que je m’aventure dans ces lieux de deuil, j’ai l’impression que l'on m’observe, je suis sortie de cette pensée désagréable par des cris suivis d’un bruit sourd. Je me précipite vers l’origine du son et plus j’avance plus je reconnais les voix de mon père et de mon oncle, ils sont en train de se disputer. Lorsque j’arrive à destination, mon seigneur de père agrippe oncle Maze par le col, rouge de colère. Je constate avec effroi qu'à leurs pieds se trouve une statue d’un de mes ancêtres fracassée en mille morceaux au sol…

•        Par Utrion, qu’est-ce qu'il s’est passé !? Exclamé-je, choquée.

•        Ton oncle a commis un acte impardonnable ! Tu ne me laisses plus le choix, mon frère, tu es banni de Ludroth ! Ne remets plus jamais les pieds dans mon royaume ! Hurle mon père de rage.

Mon corps se fige à l’annonce de ses mots qui sonne comme un violent coup de marteau. Mon oncle repousse mon père et ramasse un morceau de cristal de la statue brisée avant de l’émietter dans sa paume en soupirant d’agacement

•        Tu n’es qu’un idiot, Lucien. Rétorque mon oncle avec froideur. “

Je sens une légère secousse sur mon épaule ce qui m’extirpe doucement de mon sommeil, je me redresse, m’appuyant sur la tête de lit et me frottant les yeux encore fatigués. Assis sur le bord du lit, Anduin, souriant, aussi lumineux qu’un Naaru. Il entremêle nos doigts avant de s’approprier mes lèvres d’un court baiser.

•        Bonjour, dame de mon cœur. Dit-il en me caressant la joue affectueusement.

•        Votre altesse, il faut croire que je me suis malencontreusement assoupie dans votre lit. Répondé-je, espiègle.

Anduin me sourit et me tend sa main pour m’aider à m’extirper hors du lit. Sa délicate attention ne s’arrête guère là. Le jeune roi me drape les épaules d’un manteau plus chaud que la simple chemise de lin dont je suis revêtit. Je passe mes bras dans les manches avant de le boutonner, les fibres moelleuses du tapis s’infiltrent entre mes orteils, me chatouillant quelque peu. Mon amant me tire une chaise dans le coin table que j’avais aperçus hier, le service à thé a laissé place un plateau de pâtisserie et un vase remplie de fruit ainsi qu'une grosse brioche avec tout un assortiment de confiture. Il y avait également une grande carafe de jus de fruit. Je m’installe et Anduin me rapproche de la table pour ensuite s’asseoir en face de moi.

•        Qu’ai-je fait pour mériter tant d'attention de ta part ? Questionné-je intriguée.

•        C’est un jour spécial. Répond-t-il simplement.

•        Pas vraiment… Répondé-je, chagrinée. Mais je suis heureuse de passer un peu de temps avec toi. On ne s’est guère vu c’est dernier temps.

•         Il est vrai, mais en ce jour, je suis à toi jusqu’à ce que l’aube pointe à nouveau le bout de son nez.

•        Et ton devoir !? ça ne te ressemble pas. Rétorqué-je, stupéfaite.

•        Grisetête et Jaina s’occupent de la régence. Je ne te mentirais pas en te disant que ça m’inquiète un peu.

J’ignore si c’est une petite pique pour ses conseillers ou bien si son inquiétude est réelle mais je ne peux guère me retenir de pouffer de rire. Anduin saisit une petite tartelette aux pommes alors que moi j’opte pour une tranche de brioche et y étale une bonne couche de confiture à la fraise. Je croque dedans avec gourmandise. Le blondinet se penche au-dessus de la table et tend son bras vers moi. De son pouce, il nettoie le coin de ma bouche et se lèche ensuite le doigt pour continuer à déguster sa pâtisserie comme si de rien n’était. Son geste, certes anodin, me donne un peu d'entrain, je pose mon coude sur la table et appuie ma tête contre la paume de ma main, admirant mon amant, le cœur plus léger qu'à mon premier réveil. Anduin lève un sourcil interrogateur dans ma direction, je glisse alors ma main dans la sienne qui s’illumine, à travers la lumière et notre lien que je chérie tant, je lui transmets mon amour pour lui, il ferme les yeux un instant, son visage s’illumine d’un sourire radieux, ses doigts s’agrippent à mon poignet et il se lève. Sans me lâcher, il contourne la petite table pour enfin poser son front contre le mien. 

•        Moi aussi, Lynawen.

Nos lèvres s’offrent le plaisir divin d’un doux baiser qui se termine en une étreinte chaleureuse. 

•        Que dirais-tu d’une petite escapade en dehors du château. Demande Anduin.

•        Pas dans un cimetière, j’espère. Rétorqué-je sur le ton de plaisanterie.

•        Me voilà bien dépourvu, madame ! Mes plans sont ruinés. Enchaîne Anduin, ironique.

Nous rions de bon cœur avant de reprendre doucement notre calme. Avec un air plus sérieux, je cherche l’attention de mon amant.

•        Pourrions-nous rendre visite à ton père ? Demandé-je soudainement.

Anduin ne cache pas son étonnement, surtout après la petite blague, mais contre toute attente et sans prononcer un mot, il acquiesce à ma requête. Sur le champ de bataille de Lordearon, le défunt roi m’est apparu et m’a confié le pouvoir de son épée et, depuis mon retour, je n’ai jamais pris le temps de lui rendre hommage correctement. On finit de prendre notre déjeuner, profitant de ça pour lui avouer mon envie de prendre un bon bain chaud. Son majordome entre dans la pièce en nous interrompant, n’oubliant pas de gracier son altesse d’une révérence. Le jeune roi l’interpelle alors et lui demande d’aller chercher ma dame de chambre pour m’apporter des vêtements propres. Chose faites, il le chasse d’un geste de la main tout en le remerciant de son service mais je me lève brusquement et me dirige vers l’homme lui demandant presque à voix basse mais non dénué de politesse s’il pouvait demander à ma domestique de me restituer une certaine boite ornée de symbole elfique.

Le majordome d’Anduin s’incline à nouveau avant de quitter les lieux, le pas traînant, je retourne m’asseoir auprès du jeune roi sous ses yeux curieux.

•        Qu’est-ce que c’était que ça ? Demande-t-il, intrigué.

•        Rien du tout. Répondé-je rougissante.

Anduin n’a pas l’air très convaincu par ma réponse mais en même temps, comment lui dire que j’ai juste demandé la boite où est rangé la robe que mon amie Ilera m’a offerte et lui avouer que j’ai simplement le désire d'être ravissante à ses yeux…

Repais de notre repas, nous nous dirigeons vers la luxueuse salle d’eau. Pendant que Anduin fait jaillir l’eau des gueules béantes des lions, je déboutonne la redingote qu’il m’a prêté avant de retirer ma chemise en lin blanc. Lorsque que mon bien-aimé dépose ses iris bleutées sur ma nudité, ses joues s’empourprent et détourne son attention sur la surface de l’eau. Son embarras est contagieux car à mon tour le rouge me monte aux joues malgré le fait que nous avions déjà partagé notre intimité à deux reprises. Je pénètre dans l’eau et en appuyant mon dos contre un des rebords de la baignoire, je me laisse glisser légèrement pour que l’eau m’arrive au menton. La chaleur de l’eau est revigorante, elle détend mes muscles comme mon humeur.

•        Tu viens ? Dis-je en l’éclaboussant.

Par réflexe Anduin recule et c’est le socle entourant l’immense baignoire qui a eu droit à mes remous. Mon amant attrape une petite serviette pour éponger ma plaisanterie.

•        J’ai déjà pris mon bain lorsque tu étais assoupie, ma douce. Dit-il en bafouillant.

Anduin se précipite vers la porte en m’informant qu’il doit faire quelque chose et qu’il m’attendra dans sa chambre une fois prête. Mon amant se racle la gorge avant de s’éclipser aussi vite qu’une ombre au soleil. Un peu déçu de ne pas profiter de ce bain chaud en sa compagnie. J’attrape son savon favori et commence ma toilette. Chose faite, je me glisse hors de la baignoire, attrape une serviette moelleuse et m’enroule dedans. Alors que je me démêle ma chevelure avec le peigne de mon amant, on frappe soudainement à la porte, ce qui me fait sursauté.

•        Qui-est-ce ? Bafouillé-je.

•        C’est moi, madame, je vous apporte ce que vous m’avez demandée. Réponds ma dame de chambre.

Je me dissimule derrière le paravent avant de l’autorisé à entrer dans la pièce. Je l’entends déposer la boite et le bruit de la porte qui se referme. Je sors de ma cachette, m’avance vers mon précieux objet et l’ouvre hâtivement. J’en sort la robe elfique. D’un geste de la main, je défais ma serviette qui s’étale sur le sol. Enfiler cette robe est un vrai parcours du combattant, pourquoi est-elle si compliquée à mettre ? Après de longue minute à me battre avec qu’elle, je parviens enfin à la vêtir. Je me contemple dans le miroir et j’aime le reflet que me renvois la glace. Mes vêtement plus confortable me manque un peu. Je finis de coiffer mes cheveux les laissant dévaler en cascade dans mon dos à l’exception de certaines mèches que je tresse avec soin en couronne autour de ma tête. Il manque une touche finale, ma précieuse broche. J’enfile mes bottines et sors de la salle d’eau pour retourner dans la chambre du jeune roi. Son altesse a également changé de vêtement pour une tenue plus élégante, ses cheveux habituellement attachés de façon grossière à l’arrière de son crâne tombent sur ses épaules. Anduin, face au miroir, récite le texte qu’il semble avoir écrit sur le parchemin dans sa main, marmonnant des choses dans sa barbe faisant les cents pas l’air un peu désespérer.

•        À quoi joues-tu ? l'interpellé-je, rieuse.

•        Lynawen ! Rétorque-t-il rouge de surprise.

Il froisse subitement la feuille dans sa main avant de s’en débarrasser en la jetant dans la corbeille d’un geste précis et de se raclé la gorge.

•        Rien de bien important ! Bafouille-t-il en rougissant.

Ses yeux se posent sur moi, m’admirant avec beaucoup d’amour, je passe mes bras dans mon dos me tenant les mains détournant timidement mon regard dans le coin de la pièce.

•        Tu es encore plus radieuse que la dame blanche dans le ciel étoilé. Me flatte-t-il.

Je sens le rouge poser sa teinte sur mes joues alors qu’Anduin s’approche de la table de chevet ou j’avais déposé ma broche la nuit précédente. D’un signe de la main il me demande de le suivre, ses doigts viennent accrocher mon bijou dans ma tresse et il dépose un baiser sur mon front. Il me drape ensuite les épaules d’une cape marron à capuche et me la noue et mon amant fait de même pour lui. On se prend par la main et, ensemble, nous marchons jusqu’à la sortie du palais. Dans la salle du trône, on passe devant Jaina en compagnie du vieux loup.

•        Passer une agréable journée, les tourtereaux. Intervient Jaina, un sourire taquin aux lèvres.

•        Nous vous ferons mander si une urgence fortuite se présente votre Altesse. Surenchérit le vieil homme. 

Anduin, d’un simple signe de la tête, acquiesce. Il accélère subitement le pas, m’entraînant avec lui dans sa course. Nos pas précipités résonnent sur le marbre du couloir. Au bout du chemin, la lumière de l’extérieur nous aveugle. Qu’importe, nous passons le seuil, l’air frais vient s’engouffrer dans nos poumons et la brise fouette nos visages. Nous descendons les marches sans s’arrêter en riant bêtement et quittons l’enceinte du château. L’odeur du poisson provenant du canal pique les narines. Ce qui attire toute mon attention, ce sont les rires des enfants habillés de façon colorées et courant d’un quartier à l'autre la bouche pleine de friandise ainsi que le son lointain d’instrument de musique provenant d’un peu partout dans la ville.

•        Tu entends ? Demandé-je subitement à mon amant.

•        Oui, je dirais même que c’est de la musique. Répond Anduin sur le ton de l’évidence.

•        Très drôle, votre altesse, Allons voir ! Rétorqué-je on le tirant dans la direction du son.

Anduin me retient et remonte ma capuche pour dissimuler mon visage avant de faire de même. Je lui prends la main et l’entraine avec moi dans la direction de la vieille ville. La musique se fait de plus en plus forte lorsqu’on s’aventure dans les ruelles. Le tintamarre rebondi sur les murs jusqu’à nous. On arrive enfin sur la place du quartier. Autour de la fontaine, un regroupement de personne aux vêtements festifs boivent, mangent et dansent. Les femmes comme les hommes portent de jolie couronnes de fleurs colorées. Des nains s'assoient autour d’une table et boivent de tout leur saoul en riant bruyamment. Des elfes de la nuit dansent de façon gracieuse, ce qui ne concorde pas du tout à la musique très paillarde des musiciens. Dans un coin, une elfe du vide à la peau neigeuse et dont la chevelure violette est décorée de fleurs est en train de jouer aux cartes avec un Kal’dorei au cheveux bleu-nuit attachés en chignon et un gnome ayant l’air hagard. Deux visages que je connais que trop bien, ça m’arrache un sourire. Une vieille femme sort subitement de la pénombre et nous accoste, Anduin détourne légèrement la tête pour éviter qu'on ne le reconnaisse sous sa capuche. 

•        Allons, les amoureux, ne faites pas les timides, venez-vous divertir. Dit-elle.

•        Comment vous savez qu'on est…

•        Vous vous tenez la main comme si votre vie en dépendait, vous êtes si adorable. Coupe-t-elle Anduin le sourire aux lèvres.

La femme abaisse ma capuche sans crier gare et dépose sur ma tête une couronne de fleur rouge et blanche. Elle veut faire de même avec Anduin mais mon amant refuse poliment. La petite grand-mère n’en démord pas et il finit par céder. Les yeux de la mamie s’écarquillent et elle s’apprête à faire une révérence mais Anduin la saisit par les épaules avec beaucoup de douceur pour l’en empêcher. Je pense sincèrement que c’est plus pour éviter que la femme ne se blesse dû à son âge avancé que par gêne. La vieille dame lui sourit avant déposer sur sa chevelure d’or la fameuse couronne de fleur aussi bleu que ses yeux.

•        Vous êtes trop bon, votre altesse, nous vous remercions d’avoir contribué au dépense de cette petite sauterie, un peu de joie et d’insouciance ne peux que faire du bien en ces temps si difficile. 

Voir cette vieille femme sourire avec beaucoup de tendresse envers le roi m’émeut beaucoup. Maintenant je comprends mieux pourquoi il voulait on aille se balader dans la cité. Anduin se tourne vers la vieille dame et lui propose cordialement de la raccompagner, cette dernière refuse, nous empressant d’aller nous amuser. J’acquiesce et saisit le bras de mon bien-aimé pour le tirer dans la foule. Tous les yeux sont rivés sur nous, certains arrêtent leurs activités pour saluer respectueusement leur roi. Embarrassé, il ne cesse de rétorquer de pas faire attention à lui. J’en profite pour saluer mes amis en posant brusquement mes mains sur les épaules de Lydran qui sursaute ce qui me fais pouffer de rire.

•        Vous êtes sublime, beauté aux yeux d’argent. Rétorque l’elfe au sourire charmeur.

•        Lynawen, ravis de vous voir, vous avez repris des couleurs. Ça fait plaisir à voir. Intervient Nawe.

•        Hurlevent vous plait ? Demandé-je alors.

•        C’est une cité fort sympathique. Acquiesce-t-elle. 

•        Vous êtes seule, ma beauté ? Vous voulez que je vous tienne compagnie ? Enchaîne Lydran sur un ton racoleur.   

•        Hé, le druide, arrête de draguer cette humaine, elle est même pas jolie, par contre je connais une gnome, Mamamia! Intervient le gnome imitant des courbes avec ses mains boudinées tout en sifflant.

•        Je vais te dépouiller pour cette affront et laver l’honneur de cette sublime créature ! S’emporte Lydran en tapant la table.

•        Je ne me sens guère déshonorée. Répondé-je en regardant cet idiot de Lydran en faire des caisses.

Je n’ai pas que ça à faire que de regarder ces idiots jouer aux cartes. Ni une ni deux, je déguerpie vers Anduin que j’enlace par derrière. Je sens tout son corps se raidir, il se racle la gorge. J’entends les murmures autours de nous, ils ne sont pas assez audibles avec la musique pour que j’en comprenne le sens mais j’en devine le contenue sans trop de mal, le roi est de sortie avec sa fameuse amante. C’est sûr que ça doit faire parler les bavards. Ensemble nous nous dirigeons vers une table. Une multitude de pâtisseries et de nourriture succulente se présente à nous. J’ose le sucré et croque dans une tartelette aux fraises délicieuse avant de la tendre à mon amant qui mange le reste, un peu gêné. Je rigole et j'essaie de lui voler un baiser mais Anduin l’esquive habillement, rouge comme une tomate.

•        Ne nous n’embrassons pas en publique… Dit-il timidement.

•         À Lordearon tu m’as bien embrassé devant ton armée. Rétorqué-je du tac au tac.

•        C’était dans des circonstances différentes… Souffle-t-il mal à l’aise.

Je hoche la tête avant de déposer mes lèvres sur sa joue, Anduin pose sa main sur sa joue avec un air benêt.

•        Allons danser !! M’écrié-je enjouée.

J’entraîne mon amant sur la piste de danse avec les couples de danseur. Je me laisse aller au grès de la musique, me remémorant de vieux souvenir en compagnie de mon oncle, toutes les fois où on se rendait dans cette taverne dans les vieux quartiers de Fortonerre, toutes ces danses sur des mélodies toutes aussi paysannes. Anduin, au premier abord, reste totalement stoïque, mais avec beaucoup d’insistance de ma part, a lui tourner autour en gigotant, il a fini par se décoincer au bout de diverses minutes, suivant la chorégraphie de son mieux. Lorsque que nous dansons enfin ensemble, Il ne reste que joie et éclat de rire. À la fin de la mélodie, il me fait tournoyer avant de me serrer dans ses bras. Pendant le reste de la journée, nous nous baladons à travers Hurlevent et profitons de la musique et des différents mets de chaque quartier, s’essayant à de drôle de divertissement. Concours de tir à l’arc, course d’obstacle dans des sacs en toile, spectacle d’acrobate et de cracheur de feu. Le plus hilarant restera Anduin qui court après une chèvre pour récupérer un ruban. Le ciel se peint d’une teinte orangée alors que nous marchons pour nous rendre au repos du lion. Sur un pont, un regroupement de femmes jettent leurs chaussures dans le canal et des hommes en sous-vêtement plongent dedans pour les récupérer. L’une d’entre elle hurle à plein poumon sur un pauvre Kal’dorei qui apparemment est incapables de retrouver sa botte.

•        Jeune fille ! M’interpelle une des femmes. Vous voulez tester l’amour de votre fiancé. Demande-t-elle.

À la simple prononciation de ces mots, Anduin et moi nous échangeons un regard gêné avant de détourner la tête timidement mais aucun nous deux la corrige pour autant, elle semble ne pas avoir reconnue son roi.

•        Comment ça ? Balbutié-je.

•        Le but du jeu est simple. Vous devez retirer votre chaussure, la lancez dans l’eau et votre compagnon doit plonger et la remonter pour prouver son amour indéfectible pour vous. Explique-t-elle alors.

Anduin fixe tous ces hommes en train de patauger dans l’eau sale et puante du canal et à la tête qu’il tire, il n’a clairement pas envie d’offrir un spectacle aussi ridicule. Même si les voir patauger dans l’eau trouble est relativement amusant.

•        Je n’ai guère besoin de courir après sa chaussure pour lui prouver mon amour. Intervient subitement Anduin. Etre à ses côtés même quand elle en ressent pas le besoin et lui tenir la main malgré l’adversité, n’est-ce pas suffisant ? 

La femme reste bouche bée, Anduin la salue poliment avant de m’entraîner avec lui. Sa main s’illumine soudainement et sa lumière chaleureuse réchauffe ma peau, ses sentiments me traverse comme une petite décharge électrique et l’amour qui s’engage fait battre cœur à la chamade. Nous n’avons pas besoin de se prouver quoique ce soit alors que nous avons notre lien si unique.

Le reste du trajet jusqu’au repos du lion est chaperonné par de la musique provenant des différents quartiers. Je me déhanche au grès de la symphonie sous les yeux rieurs et aimant de mon amant mais plus on s’approche du repos du lion plus la musique se fait lointaine. Nous descendons les marches pour nous rendre dans le petit parc avec la fontaine entourée de haie avant de prendre le petit sentier vers la tombe de son père. Nous grimpons la série de marche pour faire face à sa statue mortuaire. L’ambiance joyeuse s’est évanoui pour laisser une atmosphères plus solennelle. Les traits gracieux de mon amant sont tirés par le chagrin. Cette vision me peine aussi. Je me tourne alors vers la statue de son père et pose ma main avec une certaine hésitation sur la froideur de la pierre, aucun mot n’arrive à franchir la barrière de ma bouche au premier abord. Avec du courage, j’arrive enfin exprimer les quelques mots je voulais tant dire au défunt roi.   

•        J’aurai dû vous rendre visite plus tôt, votre Altesse, je suis navrée de ne le faire que maintenant. À Lordearon, alors que j’étais au plus mal, vous m'êtes apparu, votre présence, bien que vous m’étiez inconnu, était réconfortante et vous m’avez donné la force de protéger ceux que j’aime à travers votre épée… merci d’avoir veillez sur moi ce jours-là.

Dans mon dos, j’ai cru un instant sentir la présence d’un homme. En y regardant plus attentivement, il n’y a que le vide.

•        Père… Marmonne Anduin.

Mon bien-aimé a les yeux brillant de larmes. Il descend les marches et contourne le monument dédié à son père et aux morts causés par la légion. Je me précipite pour le rejoindre. Il s’est assis sur un banc en pierre, le regard perdu vers le vaste océan. Je pose ma main sur sa joue pour essuyer ses larmes. Ses prunelles azurées me fixent avec tristesse juste avant de poser sa tête contre ma poitrine, ses mains tremblantes s’agrippant à ma robe.

•        Ne t’interdit pas de pleurer, mon amour, avec moi tu peux laisser libre cours à tes émotions. Le rassuré-je avec douceur.

Anduin sanglote et, avec tendresse, je lui caresse ses cheveux blonds, le berçant doucement dans mes bras. 




/Désolée pour le temps d'attente, ce chapitre m'a demandé vraiment beaucoup de travail. En tout cas, j'espère qu'il vous plaira et merci à ceux qui me lisent pour vos gentils commentaires. :)/

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