Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 5 : 5.

4332 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2019 16:57

Le petit matin se levait tranquillement sur Azeroth et déjà Darnassus était empli de vie. Cette vaste ville était le berceau des elfes de la nuit et à l’origine la capitale de Teldrassil, le grand arbre monde des elfes et leur région natale. Cette dernière était faite intégralement de pierres blanches étincelantes et le soleil perçait difficilement l’épais manteau végétal qui couronnait la ville et tout le territoire, afin de n’avoir qu’une lumière tamisée et légèrement violette pénétrer les lieux. Darnassus était divisé en quartiers en périphérie d’un grand lac en son centre, une étendue d’eau majestueuse et qui réfléchissait avec parfaite justesse les quelques rayons de lumière qui filtraient jusque-là, les renvoyant bondir sur les différents édifices de la ville.

Ce détail était d’une évidence à chaque recoin de la cité ; il n’y avait aucun endroit sombre. L’harmonie avec la nature y était omniprésente et les verdures, à chaque lieu où le regard se posait. Il arrivait même que certaines variétés animales soient aperçues dans les différents jardins de la ville ; écureuils ; daims ; biches.

Mais depuis la formation d’Avalon, Darnassus était également devenue la capitale où les six royaumes d’Azeroth avaient un émissaire. Les six royaumes constituaient en réalité les six grandes espèces humanoïdes qui régnaient sur Azeroth : humains, elfes, orcs, draeneïs, Trolls, Elfes de sang, étaient ces dernières. Et si des ambassadeurs étaient présents ici même, c’était, car il s’agissait également de la grande capitale de tout l’ordre d’Avalon, dirigée par la sage elfe de la nuit, l’impératrice Tyrande Whisperwind.

Celle-ci avait un conseil aujourd’hui avec les émissaires et autres hauts placés dans l’empire d’Avalon. Ils étaient réunis en ce jour pour parler du problème en Silithus, un pays sur la côte sud de l’île de Kalimdor où une énorme armée déviante était en train de se rassembler, menaçant les villes impériales voisines. Les forces militaires d’Avalon s’y préparaient aussi dans la forteresse de Staghelm, établie au milieu du territoire. Cette imposante forteresse avait été construite sur un ancien cratère et permettait de surplomber encore davantage le reste de la région qui n’était qu’une plaine désolée et asséchée. Le pays de Silithus était également infesté d’insectes dangereux et peu de civils osaient s’y aventurer malgré les richesses abondantes qui s’y trouvaient : diamants et cristaux magiques purs, essentiels pour fabriquer les puissants objets enchantés en ce monde.

Le conseil dura plus d’une heure qui au bout du compte déboucha sur une seule solution. Il était question d’envoyer encore plus de troupes en Silithus et de se préparer pour un assaut total dans les prochains jours sur le dernier emplacement connu de l’armée déviante. Qu’importe les pertes estimées, les déviants ne devaient en aucun cas pouvoir consolider une position tactique pérenne. À peine le conseil terminé, tous les membres se dispersèrent et partirent dans leur coin dans Darnassus, voire même, quittèrent la capitale.

L’impératrice Whisperwind, qui était retournée à son ambassade, se promenait sur un des balcons de l’imposant bâtiment construit sur l’ancien temple de Darnassus. Ses cheveux très longs et turquoise lui tombaient jusqu’au bas du dos et sur ceux-ci était apposé un diadème en argent, serti de turquoises tandis que son front était décoré d’un bijou en argent formant un croissant de lune.

L’impératrice était vêtue d’une robe bustier blanche d’un éclat incomparable et décorée de nombreux inserts en argents, eux même serties de turquoises ovales et brillantes qui lançaient de multiples jeux de lumière sous l’éclairage ambiant de la ville et au grès des mouvements de la porteuse. L’habit laissait son dos et ses bras à découvert, exposant sa peau, légèrement rosâtre. Le vêtement était également assez moulant sur la partie supérieure du corps et affichait sans moindre gêne de la part de sa porteuse, toute la volupté et le charme du corps de celle-ci.

Le visage de l’elfe, à la beauté quasi éternelle était dénué de la moindre imperfection et ses sourcils longs et parfaitement taillés appuyait son puissant et envoûtant regard bleuté. Mais tandis que ces yeux se perdaient en contre-bas, observant les mouvements de foule dans la ville, ses oreilles captèrent des bruits de pas quasiment indiscernable s’approcher de derrière.

La sublime elfe tourna simplement la tête sur le côté et lança un très court instant son regard en arrière avant de fixer à nouveau le panorama de la ville. Finalement, un homme aux cheveux hirsutes arriva sur le balcon et se tint derrière cette dernière sans piper le moindre mot ; c’était Vincent. À l’évidence, Tyrande ne semblait pas étonnée par sa présence et le connaissait même. Celle-ci ne se retourna toujours pas tandis qu’elle prenait la parole d’une voix d’une extrême douceur malgré l’inquiétude de ses propos :

— L’assaut sera donné dans les prochains jours.

— Tu as donc décidé de passer à l’offensive... Jusque-là vous ne vous faisiez que vous défendre contre ces quelques paysans révoltés. Mais maintenant le but est de les éradiquer une bonne fois pour toutes ? demanda Vincent sur un ton étonné et accusateur.

 Face à cette question épineuse et lourde de sens, l’impératrice fronça des sourcils avant de reprendre un visage déterminé et répondre avec autant de conviction :

— Nous ne pouvons pas les laisser rallier encore d’autres personnes à leurs causes. Ils sont un risque pour Avalon et j’ai déjà bien trop sacrifié dans ma vie pour les laisser détruire tout ça...

Vincent ne dit rien, comme n’écoutant pas vraiment.

— Hier soir… Un connétable est décédé.

— Le monde est ainsi fait… des gens vivent… d’autres meurent, commenta Vincent, insensible et désintéressé.

— C’était le grand Melris Malagan. Son assassin a laissé la vie sauve aux soldats aux alentours. Ces derniers ont déclaré qu’il s’agissait d’une elfe… De la descendance Moonlight.

— Alessa… C’est son nom, rajouta Vincent.

— Tu l’as déjà rencontré donc… soupira Tyrande, à peine étonnée en réalité.

L’homme ne pipa mot, donnant de toute évidence raison aux propos de l’elfe. Celle-ci fronça légèrement les sourcils et demanda d’un ton agacé :

— C’est ton œuvre ?

— Bien sûr que non…

— C’est vrai… c’est trop ridicule pour toi, dit Tyrande avec sarcasme.

— Quelque chose dans ce genre oui, confirma Vincent.

— Certains témoins affirment que l’elfe avait été tué par Melris. Qu’elle aurait ressuscité pour se venger. Les soldats sont terrifiés...

— La vengeance l’a consumée... Mais personne ne ressuscite. Ils doivent faire erreur.

— En tous les cas elle semble être un élément important pour les déviants. À elle seule, elle fragilise toute notre position sur le nord de Kalimdor. Et le timing est étrangement parfait avec le rassemblement en Silithus.

— Je croyais que les déviants n’étaient que des amateurs en tactique, rétorqua Vincent.

— Je le pensais aussi... Quelque chose nous échappe... marmonna l’elfe inquiète.

L’elfe finit par se retourner et fixa l’homme droit dans les yeux. Ce dernier n’évita à aucun instant le face à face et en fit autant, perdant son regard ténébreux dans celui baignant de lumière de l’elfe. La femme finit par baisser légèrement la tête, presque intimidée, et reprit d’une voix hésitante :

— Dis-moi pourquoi tu t’intéresses à cette femme, demanda Tyrande intriguée.

— Elle est de mon espèce... soupira Vincent assez sèchement.

— Je ne comprends pas...

— Ses capacités ont piqué ma curiosité... Rien d’autre. Et puis je n’approuve pas ses actions... Je vais tâcher qu’elle ne soit plus une menace.

— Depuis quand te préoccupes-tu de faire le bien ?

Sur la question hautaine de l’elfe, Vincent fronça des sourcils. Un long silence plana dans la pièce et Tyrande finit par soupirer et reprit d’une voix fragile :

— Je te demande pardon... Je n’aurais pas dû dire ça.

— Tu as dit ce que tu pensais... Rien de plus, rétorqua l’homme froidement.

— Non... Je ne le pensais pas.

— Cela n’a pas d’importance... soupira Vincent.

— Que comptes-tu faire maintenant ?

— Me rendre à Silithus, je m’occuperais d’Alessa. Sa réincarnation m’intrigue.

— Je vois… Tu comptes partir sur-le-champ ?

— Le plus tôt sera le mieux.

— Dans ce cas, évite Darnassus dans les prochains temps. Tu peux passer inaperçu auprès des gardes. Mais des pacificateurs souhaitent venir nous assister sur la situation avec les déviants.

Vincent fronça des sourcils, comme intrigué par cette information, mais il ne répondit rien et se contenta de hocher de la tête silencieusement avant d’attraper délicatement du bout de ses doigts le menton de l’elfe. L’homme et la femme s’échangèrent encore un court instant un regard rempli d’émotions, leurs visages restant toutefois très fermés.

Finalement, Vincent sauta du balcon et releva une capuche, tentant de faire le plus bas profil possible. Après tout, même s’il semblait avoir une certaine aisance à naviguer dans la capitale, le risque n’était pas nul. Il fallut un petit quart d’heure pour que l’homme finisse par arriver à la sortie de la capitale tandis que l’impératrice, qui l’avait suivi du regard le plus possible, se décidait à rentrer à l’intérieur du palais dans le plus grand des silences, pensive et inquiète.

Après une courte escale à Auberdine, Vincent put embarquer sur un navire en direction de Tanaris. Cette région était située à l’est de Silithus et était la région dotée d’un port le plus proche de cette dernière. Vincent avait réussi à obtenir une petite cabine où personne d’autre ne vint le déranger durant le voyage. La traversée en question prit presque six heures et l’homme solitaire se contenta de regarder, à travers le grand hublot de sa cabine, l’horizon recouvert de cette étendue d’eau interminable, plus ou moins mouvementée.

~*~

Le soleil était déjà bas dans le ciel sur Azeroth tandis que le navire accostait enfin au port de Gadgetzan, au nord de la région. Gadgetzan était l’un des rares signes de civilisation dans ce territoire ; c’était une simple bourgade, mais qui cachait de grandes histoires. Gadgetzan avait été pendant longtemps durant la guerre entre la Horde et l’Alliance, l’unique plaque tournante d’un trafic de biens entre les deux factions, complètement illégale bien entendu. Depuis la formation d’Avalon cependant, la ville n’était plus animée qu’au rythme des quelques touristes en quête de soleil, décidément bien trop abondant en ce lieu pour beaucoup, et seuls quelques rares intrépides s’installaient ici, souvent pour des raisons plus que louches, voulant vivre au plus loin du système actuel, ayant des choses à se reprocher sans nul doute.

Vincent sortait enfin du navire et les quelques hauts toits qui dépassaient les épais murs qui encerclaient la ville étaient en contre-jour avec l’astre descendant. Le port était à presque un kilomètre en aval de la ville et il n’y avait qu’une étendue de sable déserte entre les deux points, plongeant le parcours dans une obscurité grandissante. Vincent était d’ailleurs l’un des rares à débarquer sur cette région, il faut dire qu’avec son passé criminel, il ne s’agissait pas d’une destination de prédilection pour les touristes, ce qui était d’autant plus pratique pour lui.

L’homme à la cape finit donc par arriver devant la ville en question. Celle-ci devait compter à peine plus de mille habitants et se traversait de part en part en seulement une vingtaine de minutes. La plupart des maisons étaient faites d’une pierre bon marché et dépassaient à peine les trente mètres carrés. Particularité unique de ce lieu, en son centre était érigée une arène qui accueillait régulièrement des guerriers téméraires prêts à mettre leur vie en danger dans un duel à mort pour quelques pièces d’or.

La population de Gadgetzan était assez atypique et principalement composée de combattants ; renégats, mercenaires et autres hors la loi. La majorité d’entre eux était donc constamment dans des tenus de combat et portait sur eux leurs armes de façon tout à fait apparente. Pour Vincent, ce spectacle n’avait rien de bien intéressant, mais soudain, son regard sembla s’arrêta brièvement sur quelqu’un tandis qu’il fronçait des sourcils. Il se décida aussitôt de suivre la silhouette qui avait piqué sa curiosité.

À quelques rues d’ici, devant l’unique bar de Gadgetzan, deux grands orcs décidaient d’y entrer avec des regards de conquérants.

Les orcs étaient des humanoïdes de deux mètres de haut et dont leurs peaux bien plus épaisses pouvaient avoir presque toutes les gammes de vert. Ils étaient généralement très bien bâtis, ayant, en moyenne, deux fois plus de masse musculaire qu’un humain. Leurs iris variaient du jaune au rouge en passant par l’orange et de grandes dents sur leur mâchoire inférieure ressortaient de leur gueule, prête à dévorer quoi que ce soit. Ils avaient également des oreilles pointues et piquantes, cependant moins longues que les elfes. Leurs crinières quant à elles, étaient toujours d’un noir absolu et généralement assez courtes.

Les deux orcs dans le bar, aux musculatures exubérantes, laissèrent planer un long silence dans le bâtiment. Unique pub de la ville, les quelques vingt tables, en bois usé par le temps, étaient bien trop nombreuses en cette heure matinale. Sur ces dernières, un groupe de trois humains jouait aux cartes, hydromel à la main. Un second, de deux gobelins qui sirotaient leurs boissons sucrées au miel, sans se soucier des deux brutes fraîchement débarquées.

Les gobelins étaient de petites créatures humanoïdes à la même pigmentation que les orcs, mais les ressemblances s’arrêtaient ici. En effet, ils basaient leur réussite sur l’intelligence bien plus que la force et leur physique y était forcément pour quelque chose. Relativement petits, ne dépassant que rarement le mètre, les gobelins sont d’apparence maigre, aux têtes ovales et aux oreilles fines et crochues.

Ironiquement, ils étaient les meilleurs ingénieurs d’Azeroth et leurs inventions pouvaient se voir n’importe où dans le monde tant elle avait le monopole. La majorité même de cette ville était bâtie sur des technologies gobelines et leur appartenait. Ce devait sans doute être pour cette raison qu’ils ne se souciaient aucunement des guerriers redoutables qui passaient par ici.

Finalement, les deux montagnes de muscles s’assirent devant le comptoir et regardèrent avec agressivité le serveur avant de lui demander sans détour :

— File-nous ta meilleure bière si tu ne veux pas qu’on te punisse.

— Me punir ? demanda le serveur ne comprenant pas.

— Nous sommes des prétoriens et nous n’aimons pas les questions.

Qu’ils soient prétoriens ou non, les deux orcs étaient très bien armés et équipés et les gens semblaient ne pas vouloir s’y frotter quand tout à coup, la porte du bar s’ouvrit et apparut un homme dans une grande cape et encapuchonné. Les orcs le regardèrent longuement, tentant de reconnaître l’individu, mais l’homme ne pipa mot et alla s’asseoir à une table au fond du bar. Il s’agissait bien sûr de Vincent, mais ce dernier ne semblait pas s’intéresser aux deux grands hommes verts et jetait son regard vers une table où une femme dans un grand manteau marron et portant également une capuche se tenait, verre d’eau à la main.

Celle-ci n’avait guère prêté attention au nouvel arrivant et était entièrement concentrée sur les deux guerriers bien trop bruyants à son goût. Le serveur était à peine revenu avec deux pintes fraîchement préparées, les posant sur son comptoir en bois, non sans trembler d’inquiétude devant les regards meurtriers de ses deux clients quand ces derniers attrapèrent aussitôt leur boisson pour s’en abreuver.

Il n’eut pas fallu attendre une minute pour que l’un des deux orcs se lève brusquement et crie après le serveur :

— Tu appelles ça ta meilleure bière ? Elle n’a aucun goût. On ne payera pas pour ça !

Le serveur était terrifié et ne savait plus quoi dire quand le second orc s’y mit également :

— Dépêche-toi de venir ici et ressers-nous, sinon tu vas goûter à nos lames !

Le barman s’empressa aussitôt d’arriver à hauteur des clients difficiles et attrapa les deux pintes constatant aussitôt que comme il le craignait, celles-ci avaient été entièrement bues. Le jeune homme hésita longuement puis releva la tête, non sans une peur terrible et bégaya :

— Je suis désolé… mais il faudra payer… pour celles-ci aussi…

L’orc le plus proche bondit de sa chaise et leva la main, prêt à mettre une gifle au serveur tout en s’écriant :

— Comment oses-tu !?

Mais soudain, la femme au fond de la pièce se leva en ôtant sa capuche et s’exclama :

— La plaisanterie a assez duré !

Tous les regards se braquèrent aussitôt sur la personne en question. C’était une humaine, elle avait les cheveux lisses et fins, d’un brun très foncé comme ses yeux et qui lui tombait dans le dos. Son regard était plein d’assurance malgré des yeux magnifiques et accentués par des sourcils fins et longs. Elle portait un manteau interminable qui lui tombait jusqu’au pied, mais elle le laissait légèrement ouvert et l’on pouvait entrapercevoir qu’elle était également équipée d’une armure en acier. L’un des orcs la scruta de la tête au pied et n’y vit qu’une frêle créature, avant de répondre en se moquant ouvertement :

— Un problème ma jolie ?

— C’est toi le problème. Tu viens ici toi et ton ami, avec vos grands sabots et vous vous faites passer pour des prétoriens… Je n’y crois pas une seconde ! s’écria la brune.

— T’es gonflée toi… soupira le deuxième orc.

— Si vous n’êtes pas que des grandes gueules, prouvez-moi donc que vous en êtes… Affrontez-moi, répliqua-t-elle, toujours avec le même regard de défi.

— Tu l’auras cherchée, dit le premier orc en colère.

— Allons régler ça dehors, conseilla aussitôt la brune qui leur emboîta le pas de manière déterminée.

Les trois personnes ressortirent du bar pour régler leur compte, mais tout le monde qui était aussi dans le pub les suivit pour observer le combat. Après tout, les prétoriens étaient vénérés comme des dieux en Azeroth et qu’une femme ose en défier les marqua. Cette dernière partit sans hésitation en dehors de la ville avec les deux adversaires et la clique de badauds puis seulement quelques minutes plus tard, suffisamment éloigné de la cité, la brune se retourna et reprit avec absolue confiance :

— J’espère que vous êtes réellement des prétoriens, sinon le combat ne sera pas long.

— Nous verrons bien… Contre qui de nous deux veux-tu te battre en premier ? demanda l’un des deux orcs.

— Vous deux… En même temps, dit la femme avec son regard toujours aussi sûr.

Les deux orcs furent étonnés d’une telle réponse, mais surtout de la confiance que la frêle créature avait en elle-même. Ces derniers se fixèrent longuement, comme commençant à douter, mais les nombreuses observations des spectateurs les obligèrent à prendre sur eux et par fierté, décidèrent d’accepter le challenge et de donner une correction à la femme.

Ils se mirent en position en sortant chacun des énormes haches. Ces dernières, massives et enchantées, avaient une aura bleutée qui les entourait et n’importe qui était impressionné devant de telles armes. L’enchantement d’arme était assez rare, il s’agissait d’appliquer un sortilège sur le tranchant des lames et différents effets existaient ; meilleure pénétration d’armure, allégement du poids de la lame, application d’un poison. Ces exemples n’étaient que les plus répandus, mais de nombreux autres existaient bel et bien.

La femme quant à elle, déboutonna légèrement son grand manteau avec la main gauche et alla empoigner le vide avec sa main droite au niveau de l’ouverture gauche quand soudain, un manche se matérialisa dans la paume de la brune et la lame apparut au fur et à mesure que la femme éloignait le manche de l’ouverture de son vêtement. Une fois le tour de magie fini, elle avait en main une épée très longue, ressemblant fortement à katana bien que la lame soit légèrement plus large et incurvée. Le manche était d’un noir abyssal tandis que la lame était d’un rouge brillant aux réflexions parfaitement nettes.

Mais même si la lame était d’une beauté tout évidente, c’était surtout la façon dont elle était apparue dans les mains de son hôte qui stupéfia le public improvisé. La brune garda un air toujours très sûr d’elle et reprit :

— Prétoriens… J’attends votre attaque.

Les deux orcs étonnés du tour de passe-passe décidèrent tout de même de s’exécuter et chacun fonça sur l’adversaire en étant légèrement sur ses flancs droit et gauche.

Arrivés au moment crucial, ils lancèrent des frappes simultanées pour prendre en tenaille l’insolente, mais cette dernière fit un vol au-dessus des haches pour retomber quelques mètres plus loin sur les genoux. La femme chargea l’un des orcs et, arrivée devant lui, ce dernier envoya une attaque en diagonale pour la repousser. La brune fit un bond sur le côté pour esquiver l’assaut et dans un mouvement de rotation, prit de l’élan pour aller assener un coup d’épée en plein dans le ventre. L’orc fut projeté au sol avec violence et la guerrière commenta aussitôt :

— Aucune inquiétude… J’ai frappé avec le plat de la lame.

Le second orc lui fondait déjà dessus dans son dos et lança à son tour sa hache surpuissante. La brune fit une roulade sur le côté pour éviter le coup, mais l’orc utilisa aussitôt son arme comme d’un balai pour lancer une épaisse gerbe de fumée sur la femme.

Pensant cette dernière privée de visibilité et immobile dans cet écran de poussière ocre, le mastodonte de muscle se précipita dessus en lançant de droite à gauche puis de gauche à droite sa massive hache. Coupant à travers la fumée, l’orc se rendit finalement compte que plus personne ne s’y trouvait et il sentit aussitôt une légère pression au niveau de la gorge.

Le guerrier s’immobilisa aussitôt, se rendant compte que la femme se tenait parfaitement immobile, debout sur sa gauche et avait son épée contre la gorge de l’individu. Le moindre mouvement, même involontaire, l’aurait égorgé sec pour peu que le tranchant de la lame soit à la hauteur de sa détentrice. Ce n’était donc pas un pari qu’était prêt à prendre l’orc et ce dernier lâcha sa hache avec précaution.

— C’est bien ce que je pensais… Que des paroles en l’air… soupira la femme tandis qu’elle rengainait son épée.

La femme regarda alors le groupe de spectateurs impressionnés et sans pour autant se calmer, s’exclama aussitôt :

— Le spectacle vous a plu j’espère ?

Mais alors qu’elle était sur le point de repartir et que l’ensemble des badauds commençaient déjà à se disperser, sans même parler des deux orcs qui avaient pris leurs jambes à leur cou, humiliés par la correction de la fille, un homme aux cheveux hirsutes sortit et commenta d’une voix fade :

— Je me suis plutôt ennuyé pour ma part…

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