Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 11 : 11.

1816 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2019 17:00

Le repos était bien loin d’être à l’ordre du jour sur Hurlevent. En effet cela faisait maintenant trois heures qu’Arthas et le sage Baros épluchaient avec attention chaque page des bouquins qu’ils avaient en main. Le propriétaire de cette modeste bibliothèque avait trouvé une quinzaine de livres pouvant potentiellement contenir des informations sur les pacificateurs. Bien sûr ces informations étaient à prendre avec des pincettes et il fallait encore les recouper avec d’autres écrits pour essayer d’avoir une version plus probable de leur histoire. Malgré sa grande volonté, Arthas arrivait à la fin de son livre et le claqua en le refermant, soupirant un grand coup avant de poser son front contre la table et de marmonner :

— Je n’en peux plus… Arrêtons-nous là.

— Il reste encore trois livres à étudier Arthas, rétorqua le sage.

— Qu’est-ce que vous n’avez pas compris dans « Je n’en peux plus » ?

— Soit, tentons de recouper nos informations alors ! s’exclama Baros, voyant le jeune exténué.

— Commencez, je vous suis…

— Et bien, allons-y ! Je pense que vous connaissez l’ordre des Titans ?

— L’organisation qui a créé ce monde ?

— Oui... Il y a un peu plus de quatre mille ans. D’après la majorité des écrits, l’ordre des pacificateurs aurait été fondé au même moment. Ils auraient donc été les premiers habitants de cette planète.

— J’ai cru comprendre que leur but était de maintenir l’équilibre de ce monde… Mais ça ne colle pas avec d’autres récits qui les décrivent comme de puissants sages qui ne prennent part à aucune guerre, mais qui observent de loin, rajouta Arthas.

— En effet, c’est assez contradictoire…

— Ce seraient également eux qui auraient fondé l’église. J’en ai trouvé la mention quelque part. Cela tendrait vers l’hypothèse numéro une plus que la deuxième dans le sens où ils prennent à l’évidence part aux décisions d’Avalon. Et affectent donc l’équilibre du monde.

— Je vois, mais prennent-ils part aux guerres pour autant ? argua Baros.

— Je pense qu’ordonner la mise à mort de gens que l’on a décrit comme déviants revient à y prendre part. Certes ils laissent le sale boulot à d’autres personnes, ne se salissant pas les mains. Mais ils font partie des décisionnaires.

— En effet, ce n’est donc ni la première idée, ni la deuxième.

— Qui plus est, un groupe de pacificateurs va venir. J’en ai entendu parler auprès d’un supérieur un peu trop bavard il y a peu. Et j’ai pu confirmer qu’ils étaient sur le point d’arriver sur Darnassus demain… Qu’en pensez-vous ?

— C’est donc l’arrivée dont vous avez fait mention plus tôt… Intéressant !

— Et donc ? Qu’est-ce ça vous évoque ?

— J’avoue ne pas trop savoir. Darnassus est certes la capitale d’Avalon. Mais à moins qu’ils ne souhaitent surveiller ses habitants, je ne comprends pas ce qu’ils pourraient y accomplir d’autre.

— Je ne suis pas sûr de cela… Mais les quelques informations que j’ai obtenues de mon côté tendent à dire que ce sont eux qui exigent un assaut rapide sur la mobilisation déviante en Silithus. S’ils ont déjà formulé leur requête et sachant qu’elle est sur le point d’être appliquée, pourquoi se déplacer en effet ?

— C’est pour le moins troublant, en effet… marmonna Baros en se grattant la tête.

Soudain, Arthas sembla retrouver un regain d’énergie, comme étant frappé d’une idée, et s’exclama :

— Et si ça avait un rapport avec Vincent justement ? Il fréquente l’impératrice d’Avalon, mais semble s’y opposer sur le terrain…

— Vous pensez que Vincent fait pression sur dame Whisperwind ? Et que sachant qu’il n’aime pas la politique actuelle et qu’elle est la clé du problème, ils doivent intervenir ? Ou pire… qu’il pourrait la tuer ou l’utiliser pour autre chose… ?

— Vous pouvez rayer la dernière idée de vos hypothèses. Vincent aurait pu tuer l’impératrice à maintes reprises et je doute que quiconque aurait pu l’en empêcher.

— Je vous crois Arthas.

— Se pourraient-ils que les pacificateurs puissent lui faire du mal ? À Tyrande ? se demanda Arthas.

— En théorie ? Non... Maintenant, les pacificateurs tout comme leur réel bût sont toujours un mystère. Mais un détail est à noter. Le plus grand des pacificateurs s’appelle Amadeus et il aurait à lui seul combattu trois des anciens dragons dont on parlait plus tôt… Et il en serait venu à bout sans soucis.

— Ces dragons ne seraient donc pas que des légendes ?

— Encore une fois Arthas, prenez tout ceci avec un minimum de recul. Il peut s’agir de guerriers extrêmement puissants tout comme d’une vraie créature. Nous n’en aurons jamais la preuve formelle. Quelle que soit la vérité sur leur forme, ces dragons semblaient être très puissants.

— Amadeus… Je vais tâcher de m’en souvenir.

Sur ces mots, Arthas fronça les sourcils, réfléchissant à quelque chose tandis que Baros se tût, commençant lui-même à sentir la fatigue le prendre. Arthas finit par prendre une grande inspiration et se releva, prêt à partir, avant de reprendre avec un sourire sincère :

— Ce fut en fin de compte très instructif. Merci pour tout !

— Tout le plaisir était pour moi jeune homme.

Puis, ce dernier commença à repartir avant de finalement, s’arrêter sur place et demander calmement :

— Une dernière chose…

— Quoi donc ?

— Comment peut-on massacrer des milliers d’innocents et toujours prétendre ne pas être le diable en personne ? argua Arthas d’un regard contrarié.

— Vous faites allusion au Dark Day ? Ces bouquins en parlaient tous…

— En effet, avoua Arthas en hochant de la tête.

— Et bien peut-être parce que s’il n’avait pas commis ces actes, personne ne serait ici à l’heure actuelle pour en parler.

La très simple réponse de Baros sembla figer Arthas un court instant, réfléchissant au sens même des propos du sage puis le jeune homme finit par faire une légère révérence avant de quitter la maison.

Le Dark Day dont Arthas avait fait allusion était un évènement vieux de plus de mille ans. Le jour où le dieu Gilgamesh rendit visite aux humains aux portes de la capitale Hurlevent. À cette époque, Vincent n’avait eu d’autre choix que d’utiliser toute sa force. Mais étant très proche d’une des plus grandes cités d’Azeroth, il était impossible d’éviter la mort de personnes faibles telles que les enfants ou les personnes âgées.

Pour arrêter Gilgamesh et sauver le monde, il dut mettre en balance la vie de plusieurs milliers d’innocents et celle de tout Azeroth. Le choix était simple et Vincent l’exécuta sans hésitation, tuant donc plus de cinq mille civils à travers tout Azeroth. Mais l’église dénonça l’option de Vincent comme une solution de facilité et que, seul le diable pouvait accepter, bannissant dès lors Vincent de tout Azeroth et le forçant à l’exil.

Arthas retourna rapidement au donjon de la ville et y récupéra quelques affaires avant de se rendre dans les quartiers personnels des officiers. La garde sur place tenta d’empêcher le jeune homme d’y pénétrer, mais pour une raison étrange, n’usa à aucun moment de la force pour l’en empêcher.

Finalement, le blond arriva à une porte et y frappa avec vigueur et ce, jusqu’à entendre un homme marmonner difficilement, invitant certainement Arthas à enter. Ou tout de moins, c’est ce qu’il se plaisait à croire. Une fois le palier franchi, le blond se retrouva dans les quartiers personnels de son supérieur Nathan Hawke et engagea aussitôt la conversation :

— Mon commandant, j’ai conscience de l’heure à laquelle je vous dérange et je vous prie de m’en excuser. Mais j’estime mes actions justes et fondées sur une urgence réelle.

— Et bien ? Quelle est-elle ?... grogna l’homme qui semblait vraiment habitué aux frasques d’Arthas.

— Je dois me rendre sur Darnassus avant l’arrivée des pacificateurs. Quelque chose me semble étrange avec leur venue. Je n’en saisis pas la raison…

— Vraiment ? C’est ça votre explication juste et fondée ?

Arthas resta muet, conscient qu’il n’avait en réalité rien de bien concret. Nathan reprit d’un ton très fatigué :

— Honnêtement Arthas, je ne sais plus si j’ai hâte que vous quittiez mon unité ou non… Je plains déjà les politiques.

Le jeune soldat demeura toujours silencieux, non sans lancer un regard déterminé à son supérieur, des plus agacé, et ce dernier finit par soupirer en reprenant :

— De toute façon leur arrivée était prévue de se faire avec toutes les éloges. Il doit encore y avoir une ou deux navettes en partance pour Darnassus.

Puis, le commandant se leva et alla à son petit bureau avant de prendre une plume et de griffonner quelques mots sur un papier et de le tendre à Arthas.

— Allez au quai numéro deux ou quatre, je crois… Et présentez-leur ce papier. Ils vont embarqueront.

Arthas attrapa le sésame et fit aussitôt une révérence avant de se ruer vers la porte de sortie non sans dire une dernière chose :

— Ce qui est certain c’est qu’à moi vous me manquerez mon commandant. Merci pour tout.

Sur ces quelques mots, Arthas passa la porte et la referma avec délicatesse avant de faire un véritable sprint dans les couloirs. Si les navires étaient partis, tout ceci aurait été vain et il n’aurait fait qu’énerver son supérieur une fois de plus pour rien.

Par chance, le blond arriva devant les quais en question et y vit un navire encore amarré et en cours de chargement de quelques containers. Après une très courte explication et bien aidé par la permission écrite de son commandant, Arthas prit place à bord du bateau et ce dernier quitta le quai un quart d’heure plus tard. Il devait arriver dans sept heures au mieux. Le timing serait serré, mais le jeu en valait la chandelle, se disait Arthas.

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