Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 12 : CHAPITRE III - L'heure des questions

3928 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2019 20:45

Le matin se levait dans le plus grand calme sur Azeroth excepté dans l’arbre monde de Teldrassil où un important dispositif militaire avait été préparé pour l’arrivée des pacificateurs. Tout n’était pas encore prêt et les officiers chargés de l’organisation se démenaient, donnant plusieurs directives à la minute afin de terminer au plus vite tous les préparatifs car le temps était compté. En effet, l’arrivée des pacificateurs était annoncée dans la demi-heure.

Tandis que l’activité grouillait en Rut’theran, la capitale même semblait battre à un rythme bien plus lent. Les habitants vaquaient à leurs occupations habituelles sans trop se préoccuper de ce qu’il se passait autour d’eux. Dans l’une des rues marchandes, Vincent fit son apparition et y déambula discrètement en toute connaissance de la situation quand tout à coup, des gardes déboulèrent de l’autre côté de la rue. Vincent fronça des sourcils un court instant puis continua sa marche, comme si de rien n’était quand finalement, les soldats passèrent à côté de de lui sans même y prêter attention, se pressant à l’entrée principale de la capitale.

C’est pour bientôt, pensa l’homme aux yeux écarlates.

Après avoir accéléré le pas, Vincent prit de la hauteur et observa de loin ce qu’il se passait ; près de la grande porte d’accès entre Rut’theran et Darnassus, une cinquantaine de soldats de la garde d’argent, meilleure unité militaire des elfes, se dressait en concave et au garde à vous face à l’entrée. De nombreux civils commençaient à se tasser dans le dos des soldats, certains par simple curiosité tandis que d’autres avaient eu vent de ce qu’il se passait.

Parmi les quelques soldats autour du point de célébration se trouvait Arthas qui avait pu arriver à temps. Il avait même réussi à finir le nettoyage de son armure durant une partie du trajet afin qu’elle soit resplendissante. Il était question de faire bonne figure et de se fondre parmi les soldats sur place, tous évidemment habillés et équipés de matériels neufs pour faire impression.

Soudain, Tyrande elle-même apparut depuis le pont principal de la ville, fortement escortée, et se dirigeait bien sûr à l’entrée de la ville afin d’accueillir personnellement les invités, pile à l’heure. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’une organisation vieille de quatre mille ans venait en ville, il s’agissait de faire preuve de la plus grande diplomatie, mais également d’extrême prudence. En effet, le visage de l’impératrice semblait parfaitement serein, mais celle-ci se ressassait les avertissements de Vincent, consciente que tout n’était pas clair dans cette venue.

Vincent était condamné à observer avec attention la scène de très loin. La sécurité renforcée comme jamais ne lui aurait pas permis de se rapprocher davantage quand soudain, un homme passa les portes de Darnassus. Il était vêtu d’une grande robe noire et avait par-dessus celle-ci, une seconde robe blanche, sans manches et légèrement plus courte en taille. Il portait également une longue écharpe blanche au niveau du cou et qui, comme les habits très larges et délicats, volait avec délicatesse au grès de la petite brise matinale.

Mais cette apparence des plus simples et a priori sans danger contrastait avec son visage ; son visage aux traits creusés ne semblait avoir aucune expression tandis que ses yeux d’ébène et ténébreux ne reflétaient que le monde alentour. L’individu avait des cheveux noirs qui lui arrivaient au-dessous des épaules et trois grandes mèches passaient de travers devant son visage. Tyrande qui l’observait pour la première fois sembla quelque peu reconnaître le même type de regard et d’expression que Vincent faisait bien trop souvent à son goût ; détaché et désintéressé. Mais le pacificateur finit par se mettre à marcher vers Tyrande avant de lui dire dans une voix grave et à la neutralité parfaite :

— Je me nomme Amadeus.

— Nous vous attendions ! s’exclama Tyrande avec le sourire, bien qu’anxieuse.

L’homme ne regardait même pas Tyrande. Son regard vide analysait l’horizon pendant que le reste de son équipe de pacificateurs entrait par le portail derrière lui. Amadeus mesurait environ un mètre quatre-vingt-dix ; il était aussi grand que Tyrande. Puis Amadeus finit enfin par poser son regard froid sur celui de Tyrande, qui sentit aussitôt un frisson la traverser, et lui dit dans un calme des plus olympien :

— Vincent est dans les parages.

Tyrande ne pipa mot, baissant simplement le regard, s’en doutant fortement.

Amadeus tourna sa tête en arrière et, tout en observant l’un de ses hommes, agenouillé derrière lui, prononça simplement son nom : « Horus ».

— Maître ? répondit l’homme pris pour cible par le regard glacial d’Amadeus.

— Occupe-toi de Vincent.

— Bien maître !

Puis ce dernier se releva et partit en direction des hauteurs de la ville alors que Tyrande qui voyait déjà la situation lui échapper tenta d’argumenter avec une hésitation palpable :

— Ce n’est peut-être pas une bonne idée...

— Aucun problème. Horus est mon meilleur homme, rétorqua Amadeus.

— Vincent n’est pas dangereux. Il n’a jamais fait preuve d’agressivité dans cette capitale. Et la sécurité de mes citoyens est ma priorité.

Les paroles de l’impératrice étaient appuyées d’un regain de confiance évident tandis qu’elle fronçait des sourcils, fixant son interlocuteur avec détermination. Mais l’homme en face d’elle la regarda avec dégoût et commenta froidement tout en prenant l’impératrice de haut :

— Tyrande… Votre mépris pour les positions de l’église est très connu. Il est grand temps que quelqu’un prenne votre relève, vous n’êtes plus digne de ce poste depuis longtemps...

— Vous n’avez pas ce pouvoir, que je sache... marmonna l’elfe.

— Non, mais je crois que je n’aurais pas besoin de faire longuement pression au sénat, je me trompe ?

La belle elfe ne répondit rien, mais serra son poing droit très fort sous les mots de son interlocuteur, ce qu’il disait ne semblait pas plus sonner comme une menace qu’une vérité déjà bien réelle et elle n’arrivait tout simplement pas à l’accepter. Puis, l’homme fit un geste de la main et le reste des pacificateurs commença à se disperser. Amadeus se tourna à nouveau vers Tyrande et d’un regard froid et désintéressé, ajouta :

— Je vais vous escorter jusqu’à votre demeure Tyrande.

— Bien... dit-elle, contrainte de suivre cet ordre qui n’en avait pas l’air.

Amadeus succédait à la femme en robe blanche avec une légère distance et cette dernière avait l’impression d’avoir la mort dans son dos, prête à lui bondir dessus pour lui ôter la vie à tout instant. Arthas arrivait à les suivre depuis des rues parallèles et avait cette même impression. Cela ressemblait plus à un coup d’État qu’à une visite afin de coopérer avec l’armée d’Avalon.

Mais tout à coup, Tyrande qui ne faisait pas attention à ce qu’il y avait devant elle fut arrêtée par la main d’Amadeus qui lui faisait signe de stopper la marche. D’abord choquée et surprise du mouvement du pacificateur, Tyrande vit finalement Vincent à cent mètres en face d’eux. Derrière lui se tenait Horus, l’homme chargé de s’en occuper tandis qu’Arthas qui assistait à la scène de loin se mit à sprinter pour s’y rendre au plus près.

La situation devenait explosive et les risques d’un combat en pleine ville semblaient inévitables. Vincent ne montrait toutefois aucun signe d’hostilité et se tenait toujours droit, loin d’être inquiété par le pacificateur dans son dos et dit à Amadeus sur un ton sincère :

— Je n’ai pas l’intention de me battre.

— Si tu ne quittes pas cette ville sur-le-champ tu y seras bien obligé, tu n’as pas ta place ici, répondit très sèchement Amadeus.

— Si tu cherches tant le combat que ça, tu devras porter sur ta conscience les morts que cela va provoquer. Et l’église ne mettra pas tout sur mon dos ce coup-ci.

— Plutôt que de vouloir faire des histoires ici… Tu devrais t’occuper de Sélène, rétorqua Amadeus d’un ton répugné.

À ce nom, Vincent fronça les sourcils et serra les mâchoires comme s’il entendait la chose la plus désagréable qu’il soit. Tyrande sembla elle aussi choquée sur le coup. Était-ce la réaction étonnante de Vincent ou était-ce le nom prononcé par le pacificateur, impossible à dire.

Arthas qui avait fait tout un détour arriva essoufflé devant Horus et s’inquiéta un instant que sa présence ne soit pas bienvenue, mais le pacificateur ne s’en préoccupa pas un instant, se concentrant sur ce que Vincent pouvait faire à tout instant. L’homme aux cheveux hirsutes resta longuement silencieux avant de répondre aux propos de son interlocuteur, d’une voix désemparée :

— Elle est morte…

— Non… elle ne l’est pas, tu le sais mieux que quiconque, répliqua Amadeus avec certitude.

— Dis-moi où je peux la trouver, somma Vincent sur un ton très menaçant.

— Je ne suis pas supposé te dire ça...

— Tu vas le devoir si tu ne veux pas que je tue chaque habitant de cette capitale dans la seconde qui suit, dit Vincent sur un ton plus que déterminé.

Tyrande était vraiment surprise d’une telle réaction, mais se doutait au fond d’elle que Vincent n’était pas sérieux. N’importe qui d’autre, ne le connaissant certainement pas aussi bien qu’elle, était toutefois forcée d’y croire. Quelques secondes passèrent et aucun mot ne vola, laissant planer une atmosphère électrique entre les deux grands hommes. Vincent serra finalement le poing et tout à coup une pression spirituelle énorme s’abattit sur le pont. Arthas voulut aussitôt foncer sur Vincent pour l’en empêcher, mais Horus lui fit signe de rester là où il était. Le blond hésita un instant à forcer le passage, craignant véritablement que la situation ne dégénère plus qu’elle ne l’avait déjà fait quand finalement, de l’autre côté du pont, Amadeus fronça les sourcils, se voyant dans l’impasse, et dit finalement :

— Nous n’en sommes pas certains. Un incident a eu lieu hier soir aux Maleterres. Nous pensons qu’il s’agissait d’elle.

— Comment peux-tu le croire ? demanda Vincent énervé.

— De nombreuses personnes sont mortes pour cause inexpliquée. Et nous ne sommes pas nombreux à pouvoir faire une telle chose.

— Hmmm…

— Nous savons que ce n’était pas toi.

— Ah ? répondit Vincent avec amusement, devant le détective improvisé.

— Tu étais ici toute la nuit… Avec Dame Whisperwind.

Arthas entendant cette vérité comprit qu’il ne s’agissait pas de simples rumeurs, mais l’homme aux cheveux hirsutes effaçait son sourire mesquin et reprit avec tout le sérieux possible :

— Bien… Laisse-moi quitter la ville sans me suivre. Et je ne serais pas un problème.

— Tu n’as aucun ordre à me donner... C’est moi qui te laisse passer.

— Vois les choses comme bon te semble… soupira Vincent.

— Quitte la ville sur-le-champ.

Puis, Vincent se dirigea vers la sortie. Il passa à côté de Tyrande et ils s’échangèrent un regard très bref. L’impératrice avait l’air bouleversée par ce qu’il venait de se dire. Vincent quant à lui resta très concentré et son visage ne laissa rien transparaître de plus. Il finit par franchir Amadeus sans le moindre échange de regards et disparu derrière les portes principales de la ville, sans que quiconque ne l’en empêche.

Arthas n’était pas d’accord avec cette décision, mais ne pouvait pas y faire grand-chose. Amadeus ordonna après quelques instants à Horus de suivre Vincent à l’extérieur et d’attendre d’être à distance pour « s’en occuper ». Arthas qui avait pu entendre cette information s’empressa de filer Horus de peu à son tour, espérant pouvoir rattraper Vincent.

~*~

Darnassus étant isolé sur l’île de Teldrassil tout au nord-ouest d’Azeroth, il fallait rejoindre le continent des Royaumes de l’Est en bateau afin de pouvoir atteindre les Maleterres. En quittant la capitale elfe par le portail principal, Vincent arrivait en Rut’theran, il fallut que Vincent embarque dans un bateau à destination du port de Menethil, dans les Paluns, afin de pouvoir ensuite redescendre vers sa destination finale. Évidemment, il n’eut pas été le seul à embarquer dans l’imposant bâtiment naval qui prendrait au moins six longues heures avant de rejoindre son port d’attache, mais, pendant toute cette traversée, Vincent resta passivement dans sa cabine, tout comme ses « poursuivants » Horus et Arthas.

Les heures passèrent et finalement le bateau accosta au port de Menethil, ce port était sans l’ombre d’un doute également un point stratégique militaire ; une forteresse massive était érigée juste en face des quais gardés par des dizaines de soldats, et tout autour de cette petite « ville » de quelques maisons, se dressaient des remparts de bien huit mètres de haut. Le soleil était désormais bien haut dans le ciel tandis que Vincent quittait le navire, observant la ville à la population bien plus parsemée comparée à la grande capitale d’où il venait.

Mais l’homme n’était pas là pour faire du tourisme et il s’empressa de rejoindre une étable en périphérie de la ville pour y louer un cheval. À peine arrivé devant l’établissement où une dizaine de chevaux se tenaient rangés dans leurs enclos et où une autre dizaine était encore en train d’être gérée par le personnel du lieu, Vincent s’arrêta devant le gérant assis à une table.

L’homme au crâne chauve et en embonpoint était chargé de tracer les mouvements de ses canassons à travers les régions voisines et tout en prenant l’identité de ses clients, s’assurait qu’arrivés à bons ports, les chevaux soient restitués dans une étable partenaire. Ce système fonctionnait très bien depuis des siècles et les étables communiquaient entre elles par pigeon voyageur et partageaient leur chiffre d’affaires, la moitié du prix de location étant acheminé vers l’étable de destination une fois l’arrivé du destrier confirmé par cette dernière.

Mais ce système était bien évidemment plus compliqué pour Vincent qui ne pouvait pas se permettre de donner son nom ici et là sans risquer d’alerter les forces militaires présentes. Fort heureusement et comme partout dans le monde, le silence avait un prix et l’homme banni le savait très bien. Il finit par prendre la parole face au gérant :

— Il me faut un destrier, je le déposerais au Loch Modan.

— Cinquante pièces d’argent, et il me faut votre nom, répondit l’homme sans même lever la tête et tendant un papier en avant.

— Mon nom ne sera pas nécessaire, répondit calmement Vincent tout en déposant quatre pièces d’or dans la main du gérant.

L’homme en question regarda sa main et après quelques secondes de silence se retourna et cria à un de ses employés de donner un cheval à Vincent. Le gérant n’avait pas un instant regardé son client. Si ce dernier souhaitait rester anonyme, mieux valait-il encore ne même pas savoir à quoi il ressemblait. C’était du moins ce que pensait le gérant et bien sûr, tous ne faisaient pas preuve d’autant de discrétion que lui. Autrement les criminels auraient une facilité bien trop grande à se déplacer librement sur le territoire.

Après être passé par la grande porte fortifiée, seul point d’accès et de sortie de la ville portuaire, Vincent fit accélérer sa monture et prit de la vitesse. Les quelques gardes de la région ne prêtèrent à aucun moment la moindre attention sur Vincent ni ses poursuivants qui le suivirent avec quelques minutes de retard, et ce, malgré l’accoutrement original du pacificateur.

L’homme aux cheveux hirsutes était dorénavant sur la longue route pavée qui traversait d’est en ouest la région marécageuse des Paluns. Sur sa droite se dressaient d’imposantes chaînes de montagnes qu’il aurait été compliqué de gravir tandis qu’à sa gauche, recouvrant la quasi-totalité de la région, des marécages infestés de crocodiles et autres créatures sauvages étaient visibles à perte de vue.

Sa destination étant le Loch Modan, il faudrait encore parcourir toute la région dans sa largeur avant de pouvoir passer par des tunnels creusés dans les montagnes. En effet, les deux régions voisines au sud et à l’est n’étaient accessibles que via ce réseau de tunnel habillement creusé par le peuple nain, les montagnes délimitant les régions entre elles étant bien trop grandes, dépassant même par endroits le plafond des nuages. Si les nains avaient accompli cette prouesse en seulement quelques années et il y a de cela plus d’un millénaire, c’était principalement car ils habitaient ces régions ; Dun Morogh, au sud des Paluns, abritait la capitale de Forgefer et le Loch Modan à l’est était principalement habité par cette race.

Mais contre toute attente, Vincent se figea au milieu de nulle part et descendit de sa monture et après l’avoir attaché à un des rares poteaux de bois dotés d’une lanterne et qui parsemait la route, l’homme se mit à marcher en rebroussant chemin, d’un pas lent.

Au bout d’à peine cinq minutes, il vit Horus à l’horizon. Ce dernier remarqua à son tour l’homme en exil et descendit aussitôt de son destrier avant de marcher jusqu’à vingt mètres de Vincent et de s’arrêter, en fronçant les sourcils. Vincent s’était également arrêté tandis qu’aucun des deux individus ne pipait mot, laissant uniquement le vent se levant s’exprimer et faisant légèrement voler la robe du pacificateur, comme annonciateur d’un duel imminent. Vincent finit par soupirer, et tout en regardant l’homme en habit noble avec profond désintérêt, lui dit calmement :

— Que cherchez-vous à accomplir ? Pourquoi êtes-vous ici ?

— Ma mission est de te neutraliser Vincent.

— Je ne te vouvoyais pas idiot...

— Disons simplement que nous avons un travail à finir... Tout comme moi...

Tout en grognant, Horus sortit lentement de ses fourreaux deux épées courbées à la couleur légèrement bleutée, ressemblant fortement à des cimeterres orientaux.

— Réfléchis... Tu vas perdre la vie.

— N’en sois pas si sûr… marmonna le pacificateur.

— Qu’importe ta force… tu n’as aucune chance.

— Et pourquoi ça ?

— Tu agis sur des ordres… Tu vis sans réelle envie de me tuer.

— Tout comme toi…

— Il y a peu de temps en effet, je n’avais pas de motivation… Mais maintenant, je n’ai qu’un objectif… Retrouver Sélène. Et qu’importe l’obstacle, je le pulvériserais pour passer, rajouta Vincent avec fermeté.

Tout se passe comme prévu, pensa Horus en souriant en coin.

— Alors, prépare-toi au combat ! s’exclama finalement ce dernier, prenant une posture de combat.

Vincent ne bougea pas quand soudain, juste après avoir serré les poings, un énorme tremblement de terre se produisit sous ses pieds. De vastes craquelures se propagèrent de manière concentrique, ayant pour épicentre les pieds de Vincent. Le vent devint tempête et Horus dut s’incliner pour rester debout face à la force de cette dernière. Vincent ne dit rien, mais Némésis se matérialisa aussitôt dans sa main. Horus vit l’épée de son adversaire et se mit à hurler en chargeant son adversaire.

Vincent ne semblait même pas s’inquiéter de l’attaque adverse, ne faisant pas le moindre mouvement et gardant toujours les yeux fermés quand enfin Horus arriva sur Vincent. Au moment fatidique, les yeux écarlates de Vincent réapparurent et une bourrasque de vent incroyable fit reculer le pacificateur, sans même que Vincent n’ait à bouger d’une once. Le regard de l’homme aux cheveux hirsutes semblait encore plus vivace que lors de ces précédents combats et tandis qu’il fronçait légèrement les sourcils, il commenta avec une certaine arrogance :

— Je vais en finir en un coup… Je n’ai pas le temps pour ces futilités.

— Je t’attends… soupira Horus, toujours confiant.

Vincent referma un court instant ses yeux et murmura une sorte d’incantation. Puis il leva sa main gauche au-dessus de la lame de son épée et sur le passage de celle-ci, des flammes blanches à moitié transparentes apparurent le long du tranchant. Le pacificateur lança à son tour un sort sur lui-même pour augmenter sa résistance, se doutant qu’il en aurait besoin tandis que Vincent recommença à parler avec condescendance :

— Je suis désolé, mais tu aurais dû changer d’avis. Tu n’es pas du tout du même niveau.

Puis, Vincent chargea Horus en tenant Némésis en arrière. Celle-ci effleurait par moment le sol et formait aussitôt une tranchée profonde de dix centimètres dans le sol pourtant sec et solide. Au dernier instant, il envoya son épée sur Horus qui bloqua l’attaque avec une de ses lames. Mais malgré la parade réussie, une énorme gerbe de sang gicla dans le dos d’Horus. L’homme avait le regard troublé, la douleur était insupportable, ne comprenant pas réellement ce qu’il venait de se passer, l’attaque de Vincent avait pourtant bien été parée ! Pourquoi ?

Le pacificateur qui tomba à genou tenta de passer outre la douleur et pivota sur lui-même pour lancer une attaque vers le bassin de Vincent, mais un simple coup de pied puissant projeta Horus à terre. Sans le moindre temps de réaction, Némésis était aussitôt plantée en pleine poitrine du pacificateur. Les flammes blanches disparurent juste avant l’impact, comme si Vincent n’avait pas voulu couper le moribond en deux, se contentant de lui offrir une fin rapide.


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