Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 17 : 17.

3874 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2019 20:48

La nuit passa paisiblement sur le vaste désert de Tanaris et l’éclat du jour finit par baigner l’étendue de sable avec puissance, faisant aussitôt rapidement disparaître l’obscurité et toute notion de fraîcheur. Il n’était en effet que sept heures du matin et déjà les thermomètres en ville affichaient trente degrés. La ville se réveillait malgré elle dans cette marmite et peu à peu ces habitants se déversaient dans les rues et les quelques bâtiments publics, en quête du moindre point d’ombre.

Shanna rouvrait enfin ses yeux, ne comprenant pas où elle était dans les premiers instants avant de se rappeler ce qu’il s’était passé la veille. La femme bondit du lit, terriblement gênée tandis qu’elle jeta ses yeux partout dans la petite chambre ; elle était seule. Avait-elle rêvé de tout cela ? Ces souvenirs étaient confus.

Après quelques minutes à essayer de retrouver pleinement ses esprits, la femme se dirigea vers l’unique fenêtre dans la pièce et l’ouvrit puis poussa les deux battants de volets de ses mains. La femme fut immédiatement aveuglée par la puissante lumière qui était réfléchie sur chaque matériau de ce pays ; que ce soit le sable blanc ou les murs de pierres en briques jaunâtres des édifices voisins.

Il fallut quelques secondes pour qu’elle supporte cette luminosité et aussitôt, son regard se figea au loin, repérant Vincent adossé à un mur, près de l’unique bar de la ville. L’homme était à deux cents mètres de l’auberge et semblait attendre quelqu’un sans pour autant regarder les gens qui passaient autour de lui quand soudain, l’homme releva la tête et la tourna en direction de Shanna.

Prise de panique, la brune referma aussitôt les volets devant elle, se cachant instinctivement du regard de l’homme. Elle était pourtant persuadée qu’il venait de la voir et ne comprenait pas elle-même pourquoi elle réagissait ainsi. Si seulement je me rappelais ce qu’il s’est passé hier, pensait-elle. Shanna avait quelques bribes de souvenirs où elle se confessait à Vincent, mais n’arrivait pas à savoir si ce n’était qu’un rêve ou si cela avait vraiment eu lieu.

Se cacher maintenant n’y changera rien, pensa la femme, reprenant ses esprits en se dirigeant vers la porte de la chambre. La femme tenta d’ouvrir cette dernière, mais elle était fermée à clé et n’en vit aucune autour d’elle, finissant après seulement deux minutes par arracher la poignée de la porte avec force. En descendant devant l’accueil, la brune jeta un œil au gérant et alla devant son comptoir avant de demander avec une gêne assez évidente :

— Cela doit vous paraître bizarre, mais... comment suis-je arrivée ici ?

— C’est un homme plutôt grand, aux cheveux sombres et des yeux rouges qui vous à amener. Il vous portait dans ses bras.

Shanna sembla rougir aussitôt avant de déposer deux pièces d’or sur le comptoir et de marmonner :

— Il faudra sûrement changer la porte...

À peine le propriétaire de l’auberge ramassait-il l’or qu’il partait voir de ses propres yeux ce qu’il se passait. Shanna ne patienta pas et sortit du bâtiment, voulant clairement éviter d’être mêlée à cela. La porte était bien brisée et son remplacement coûterait au minimum trois pièces d’or, le propriétaire était donc toujours gagnant sur cette affaire bien qu’il marmonnait dans sa barbe : « Les jeunes de nos jours... »

Shanna arrivait enfin devant Vincent et lui lançait toujours et encore un regard intrigué, n’arrivant toujours pas à se rappeler avec certitude ce qu’il avait bien pu se passer. L’homme finit par la regarder fermement et cette dernière perdit la moindre envie de le questionner à ce sujet, entrant dans le vif du sujet :

— L’autre personne n’est pas encore là ?

— Non, mais j’imagine qu’il ne va pas tarder.

— On entre ? J’ai soif... Je me demande même s’ils n’ont pas quelque chose à manger... J’ai une faim de loup !

Sur ces exclamations, la brune entra sans attendre dans le bar en question et repéra derrière le comptoir le jeune homme d’il y a quelques jours. Ce dernier reconnut la femme et lui fit une longue révérence avant que n’apparaisse dans son dos l’homme aux cheveux hirsutes. Le serveur sourit timidement avant que les nouveaux clients n’aillent s’installer au fond de la pièce.

Comme la dernière fois, l’affluence n’était pas folle le matin dans ce bar et c’était sûrement une aubaine pour Vincent, conscient qu’il ne valait mieux pas que leur discussion soit entendue. Mais alors que ce dernier allait commencer à parler, souhaitant faire le point sur l’incident de la veille avec Shanna, celle-ci se releva et courut au bar pour voir le serveur.

La femme s’empressa alors de lui demander d’un grand sourire si l’enseigne faisait éventuellement des repas et après quelques minutes de discussion, la brune retourna s’asseoir à sa place en tenant un menu dans sa main, proposant aussitôt à Vincent de commander quelque chose à manger. Ce dernier accepta la proposition, n’ayant mangé que des rations sans réel goût ces derniers jours.

Leur repas fut rapidement servi, étant les seuls clients à en commander en cette heure matinale et Shanna s’empressa de commencer son assiette d’émincé de bœuf assaisonné d’épices rares. Vincent la regarda quelques instants en pleine délectation et s’intriguait de son comportement, à mille lieues de ce qu’elle avait eu la veille. Avait-il été trop brutal avec elle ? Aurait-il dû la laisser se confesser sans rien faire ? Vincent n’en savait rien et tandis qu’il était dans ses pensées, un bruit aigu retentit face à lui, Shanna venait de lâcher ses couverts et fixait l’homme d’un regard accusateur.

— Je ne me rappelle pas très bien comment nous nous sommes quittés hier soir... Mais je me suis réveillée dans une chambre d’auberge ce matin et tu semblais parfaitement savoir que j’étais là. J’y étais enfermée...

Vincent soupira longuement, ne sachant pas quoi dire. Devait-il inventer quelque chose ou lui dire précisément ce qu’il avait fait ? Il n’en savait rien. Shanna devenait à nouveau rouge, embarrassée par ce qu’elle allait dire :

— Je sais que c’est toi qui m’y as amenée... Le gérant me l’a dit... Je sais aussi que tu ne m’as rien fait... j’ai dormi dans mon armure a priori...

— Tu es tombée de fatigue dans le désert. La chaleur a dû t’assommer. Je n’allais pas te laisser au milieu de nulle part, expliqua sereinement Vincent.

— Que faisait-on dans le désert ? insista Shanna, ne sachant pas si les souvenirs de son étreinte avec l’homme étaient réels ou imaginaires.

— Rien de particulier, répondit simplement l’homme.

La réponse n’était pas franchement des plus convaincantes et la femme aurait bien continué à le cuisiner sur le sujet, maintenant qu’elle avait mis les pieds dans le plat, mais soudain, Vincent releva la tête et sembla regarder vers l’entrée du bar et commenta : « Le voilà ».

Sauvé par le gong, pensa-t-il

~*~

Le futur empereur, dans son accoutrement de plus onéreux, faisait forte impression à l’entrée du bar. En effet, l’armure de ce dernier était loin d’être discrète et les quelques rayons de lumières intenses qui entraient par les quelques ouvertures dans le toit du lieu venaient s’y réfléchir pour projeter des couleurs dorées et argentées tout autour d’Arthas.

Ce dernier repéra rapidement Vincent et remarqua une femme à ses côtés qui se tournait pour le regarder. Le jeune prince, étonné de voir Vincent en si belle compagnie, ne put s’empêcher de lancer un grand sourire charmeur à la belle brune avant de se diriger vers le couple en plein repas.

À la hauteur de leur table, Arthas fit un signe de tête à Vincent puis une longue révérence face à Shanna avant d’attraper sa main gauche et de venir l’effleurer de ses lèvres. La femme qui n’avait pas l’habitude de ce genre de traitement se laissa faire, amusée par tant de politesse bien que cela ne fasse que la divertir. Arthas finit par se relever tout en fixant encore les yeux envoûtants de la brune et engagea la conversation avec sa voix la plus charmeuse possible :

— Je ne m’attendais pas à voir une si belle dame en cet endroit...

— Assieds-toi, répondit fermement Vincent qui commençait à se lasser de ce petit jeu.

Le comportement de ce dernier fit grandement sourire Shana, intriguée devant cet agacement soudain de Vincent tandis qu’Arthas arrêtait aussitôt son petit manège et attrapait une chaîne d’une table voisine pour s’installer à leur côté. Le blond reprit aussitôt d’une voix bien plus naturelle :

— Désolé du retard… Je pensais que nous serions juste tous les deux Vincent ?

— Je n’ai jamais dit ça... soupira Vincent.

— Bon et bien, je me présente... Arthas. Futur empereur d’Avalon.

— Shanna... je n’ai rien de spécial ! s’exclama cette dernière en lui souriant.

— Elle est un dragon... Tout comme je le suis, rajouta calmement Vincent.

— Je vois, dit Arthas d’un ton inquiet, ne saisissant toujours pas réellement le sens de ce mot.

Un court instant de silence régna autour de la table tandis que Shanna reprenait ses couverts pour terminer son plat. Soudain, Arthas fronça des sourcils et fixa l’homme aux yeux écarlates en reprenant :

— Nous attendons quelqu’un d’autre ?

— Non, répondit simplement Vincent.

— Bon et bien, puisqu’on est tous réunis… J’aimerais comprendre quelque chose.

— Vas-y, je t’écoute.

— Qui est Sélène ? Et pourquoi avoir menti ?

— Mentit ?

Ce ne serait pas la première fois, pensa Shanna en grimaçant vers Vincent.

— Tu as prétendu qu’elle était morte. Et tu as fait ton étonné quand Amadeus t’a dit qu’elle était vivante, rétorqua Arthas.

— Pourquoi mentirais-je ?

— Il n’y a que toi qui aurais pu la vaincre, et je doute que tu puisses te rater au point de simplement la croire morte. Et puisqu’aucune archive ne parle d’un tel évènement... J’en conclus que tu ne l’as jamais tué. Mais que s’est-il passé pour qu’on n'en entende pas parler pendant tous ces siècles ?

— Okay ! Stop ! s’exclama Shanna en levant ses mains vers les deux hommes. On pourrait m’expliquer qui est Sélène ? rajouta celle-ci, perdue.

— Oh… Désolé, j’y vais peut-être un peu vite ! s’exclama Arthas gêné.

— Commençons par le commencement... Sélène est ma sœur... soupira Vincent.

— Hmmm… Comment peux-tu dire ça, alors que tu affirmes ne jamais avoir eu de famille ? demanda Shanna.

— Je n’ai jamais dit ça. J’ai dit que c’était un mot que j’ai oublié depuis très longtemps.

— Raconte-nous tout, reprit Shanna, pendue aux lèvres de Vincent.

— Bien... La première chose dont je me rappelle dans ce monde. C’est elle à mes côtés dans une forêt. Je pense que nous avons étés créées, je n’ai aucun souvenir d’avant cela...

— Créées ?? s’exclama Arthas, gesticulant devant l’improbabilité des dires de Vincent.

— Oui.

— Par qui ? Comment ? demanda Shanna, également perplexe.

— Sûrement par l’organisation des Titans. En même temps que l’Ordre des pacificateurs.

— Admettons... répondit Arthas, toujours très incrédule, sur cette information.

— Nous étions dans une grande forêt… Et des loups nous entouraient tous les deux. J’ai donné un coup d’œil tout autour, puis je me suis mis à crier, et ils ont pris la fuite aussitôt… J’ai tout de suite compris que je n’étais pas comme tout le monde… que j’étais spécial…

— Ça… c’est sûr ! Mais vous n’étiez donc pas des nourrissons ? demanda Arthas, ne trouvant aucune logique.

— Non... Je pense que nous avions déjà quatre ou cinq ans...

— Faire fuir une meute de loups à cinq ans ça reste assez incroyable, soupira Shanna.

— Comptez-vous contester la moindre de mes paroles ? Je peux comprendre que cela paraisse dur à croire... Mais c’est la vérité. Si je perds d’avance mon temps, dites-le-moi tout de suite, expliqua Vincent quelque peu décontenancé.

— Continue Vincent, je t’en prie, répondit poliment Arthas.

— Sélène m’a donné le prénom de Vincent. Et j’en ai fait de même pour elle. Nous avons grandi dans une petite famille. À l’âge de quinze ans, je maniais les armes blanches aussi bien qu’un capitaine de l’époque. Sélène, elle, était devenue une fille ravissante et était destinée à une vie de princesse. Quelques années plus tard, une puissance incroyable se réveillait en moi et j’ai aussitôt compris que je deviendrais bientôt l’homme le plus fort d’Azeroth. Pendant plus de trois mille ans, j’ai servi l’alliance fidèlement. Ma longévité... ma sœur l’avait également. Je ne pouvais pas penser qu’elle n’avait pas cette même force. Mais jusqu’à maintenant, elle ne l’avait jamais utilisée. Nous étions inséparables et peu d’hommes osaient s’approcher d’elle par peur envers moi.

Rien de bien étonnant, pensa Arthas.

— Puis vint Gilgamesh… Un dieu contre lequel j’ai dû utiliser toute ma force. J’ai fait d’innombrables victimes et l’église me bannit à jamais. Notre nom de famille « Steel » que Sélène et moi nous nous étions donnés fut également banni.

— Pourquoi « Steel » ? s’interrogea Shanna.

— Car toute notre vie était inébranlable. Rien ne nous atteignait, du moins jusqu’à ce moment.

— Soit, continues, marmonna Arthas, désireux d’entendre la suite.

— Étant contraint à l’exil, j’ai pris les voiles en demandant à Sélène de rester à la lumière du jour, car elle pouvait encore s’en sortir. Si elle changeait de nom, elle ne serait pas recouverte de sang comme je l’ai été. Avant cet incident, c’était une femme très respectée et elle était l’une des princesses ayant le plus d’influence sur les rois de l’alliance. Mais après mon départ... Elle a lutté pour qu’on m’amnistie et commença par la même occasion sa descente en enfer.

Je vois venir tout de suite le problème... pensa à nouveau Arthas.

— Malgré toutes ses demandes, rien n’y faisait. Et chacune de ses requêtes à mon égard salissait sa réputation encore plus. Au point qu’un beau jour elle était devenue la princesse la plus détestée du royaume. En ayant assez… elle a menacé d’utiliser la force pour regagner le respect. Étant ma sœur, les gens la prirent très au sérieux et aucun habitant n’osait plus dire du mal d’elle. De près comme de loin. Mais les rumeurs courraient toujours, et puis l’Alliance organisa une grande opération pour se débarrasser d’elle.

Et voilà, c’était évident.

— Bien sûr, l’opération fut un échec, mais Sélène ayant pris confiance en sa puissance perdit la raison ce jour-là. Elle anéantit toutes les troupes chargées de l’éliminer et puis elle s’attaqua à la population. Elle ne tua pas des innocents par la force spirituelle. Elle leur trancha leur corps les uns après les autres. Ce qui est dans de rares archives décrit comme la première année après le Dark Day. Et c’était vrai, cela faisait exactement un an que j’avais terrassé Gilgamesh tandis que Sélène détruisait la capitale Lordaeron en Hyjal, la mettant à feu et à sang.

— C’est horrible… se lamenta Shanna.

Horrible ? C’est elle qui est horrible ! pensa Arthas.

— Bien qu’elle soit possédée par cette force qui la rendait folle, elle réussit à reprendre du terrain sur sa démence et me contacta. Mais au moment de m’occuper d’elle, elle avait totalement perdu face à sa haine. Elle ne voulait pas mon mal, mais désirait se venger de tout ce que le peuple nous avait fait subir. Je lui ai dit que je ne la laisserais pas faire. Elle a alors lâché son épée et m’a ordonné de la tuer sur-le-champ s’il en était ainsi.

— Mais tu ne l’as pas fait, dit Shanna attristée.

— J’ai utilisé l’une de mes techniques absolues. Une technique qui n’est pas létale. Mais qui détruit toute capacité à se servir de sa force spirituelle. N’ayant plus de connexion, la force spirituelle finit par disparaître après un certain temps.

— C’est pour ça que pendant mille ans elle est restée discrète, marmonna Arthas.

— Oui.

— Mais comment a-t-elle pu recouvrer sa force ? s’intrigua Shanna.

— Rien ne prouve que ça soit le cas... Je ne fais aucunement confiance aux pacificateurs. Leur simple présence ici est une preuve qu’ils complotent quelque chose...

— Qu’entends-tu par là ? demanda Arthas.

— Les pacificateurs n’ont jamais, et ne devraient jamais, intervenir dans les affaires politiques... Et m’aiguiller sur Sélène est peut-être un stratagème.

— Mais peut-être disent-ils la vérité, rajouta le futur empereur.

— Je n’en sais rien… Mais c’est pourquoi je dois m’en assurer. Une chose est certaine cependant... Si Sélène a bien recouvré sa force, je ne pourrais pas utiliser la technique que je lui ai déjà faite une seconde fois, expliqua Vincent.

— Tu vas donc devoir la tuer ? demanda Shanna.

— Je ne sais pas quoi faire pour le moment... Je voudrais juste la voir et pouvoir m’assurer de sa culpabilité.

— Se battrait-elle contre toi ? ajouta Arthas.

— Je n’en ai pas la moindre idée... Avant-hier, une magicienne que j’imagine être sa nouvelle camarade est venue me parler. Je pense que Sélène n’a pas trouvé de répit pendant ces mille ans… Il se peut qu’elle soit encore plus dangereuse qu’avant.

— Une complice ? Je t’ai parlé des Maleterres n’est-ce pas ? demanda aussitôt Arthas.

— Oui, les deux voix de femmes dans la mine... Je pense qu’il s’agissait d’elles, affirma Vincent.

— Vincent… ce que j’ai dit il y a deux jours tient toujours. Je te gracierais. Mais si elle est un danger… Tu devras t’en occuper. J’aurais aimé confier la tâche à quelqu’un d’autre, mais…

— Mais je suis le seul capable d’y arriver, dit Vincent pour finir la phrase d’Arthas.

— Oui, soupira Arthas, fataliste.

— Voilà... Vous savez tout. Maintenant, je sais où elle m’attend. Et je vais y aller.

— Ne sachant pas quoi faire ? insista Shanna, inquiète par ce qu’elle avait entendu de Vincent, plus tôt.

— Shanna… Je ne trouverais pas de réponses en restant ici.

— Oui. Vincent a raison. Et si elle a autant d’estime pour toi Vincent, le dialogue sera possible, et peut-être pourrons-nous y voir plus clair sur ce qu’il se trame, conclut Arthas.

— Je vais y aller... Mais j’ai une requête, rajouta Vincent avec fermeté.

— Une requête ? demanda Arthas.

— Que la population des pays autour d’Hyjal soit évacuée.

Il est puissant à ce point ? pensa Arthas, fixant Vincent au regard plus que sérieux. Après quelques secondes de silence, le blond reprit :

— Je ne suis pas encore empereur... Je ne sais pas si je le pourrais.

— Il le faut, insista fermement Vincent.

— D’une façon ou d’une autre, ce sera fait, dit Arthas.

— Je t’aiderais s’il le faut ! s’exclama Shana en parlant au jeune prince.

Puis, Vincent se leva et commença à s’en aller avant qu’Arthas ne s’exclame :

— Oh, dernière chose... Cette elfe de la nuit, Alessa pourquoi l’avoir sauvé ?

— Je pensais qu’elle pourrait changer, qu’elle pourrait être une alliée. Mais j’ai eu tort, répondit l’homme en reprenant sa route vers la sortie.

— Et ? C’est tout ? On la laisse continuer ses massacres ?

— Elle ne fera plus de mal à personne, répondit finalement Shanna.

— C’est à dire ?

— Je m’en suis occupé il y a deux nuits de cela. Elle était en route pour Silithus.

— Oh... Donc non contente d’être une créature magnifique, vous êtes également une combattante hors pair...

Bien que cette phrase plût fortement à la dame, celle-ci n’esquissa qu’un bref sourire charmé avant de se lever et de quitter le bar à son tour. Arthas fronça les sourcils, d’habitude ça fait un autre effet, pensa-t-il.

Shanna qui talonnait Vincent finit par le rattraper à quelques mètres devant la sortie de la ville menant au port et reprit aussitôt la parole :

— C’est d’elle dont tu parlais hier ? Celle qui souriait tout le temps ?

— Oui.

— Tu sais très bien que tu ne pourras pas la combattre sérieusement ! Renonce à cette folie !

— Le choix ne m’appartient pas, soupira Vincent.

Ce dernier finit par partir tandis que Shanna était rejointe par Arthas qui s’écria aussitôt :

— Ce n’est pas très sympa de me laisser derrière ! Vous n’aviez même pas réglé l’addition...

Malgré sa petite tentative pour apaiser l’ambiance, Arthas remarqua à quel point la brune semblait s’inquiéter. Quelle était sa relation avec Vincent ne le regardait pas de toute façon, mais ils avaient tous les deux une autre mission, d’une importance capitale et ne perdirent pas une minute pour s’en affranchir, rejoignant à leur tour le port de Tanaris.

Laisser un commentaire ?