Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 19 : 19.

2319 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/08/2019 22:55

Vincent s’inclina en direction de son adversaire puis il serra les poings, les bras tendus vers le sol avant de se mettre à crier de toutes ses forces. Aussitôt, les pavés bétonnés autour de lui furent éjectés du sol ou bien simplement réduits en morceaux. Le souffle de cette énergie atteignit Sélène et ses quelques mèches devant son joli visage se balancèrent frénétiquement sous l’effet du vent. La femme prit à son tour une posture de combat et copia son adversaire, engendrant les mêmes conséquences de son côté du « ring ».

Leurs puissances étaient d’ores et déjà gigantesques quand tout à coup, Sélène fit un bond à une vitesse effarante sur Vincent tandis que ce dernier leva simplement ses deux bras en formant une croix pour parer l’attaque. Au moment de l’impact entre les deux adversaires, Vincent se sentit s’enfoncer dans le sol avant de glisser en arrière sur quelques mètres, arrachant encore quelques pavés et dessinant une tranchée avec chaque pied. L’homme fit aussitôt un salto en arrière pour reprendre de la distance, mais Sélène arrivait à nouveau à pleine vitesse, ne comptant pas un instant donner le moindre répit à son frère.

Vincent fit un bond latéral au dernier moment puis se baissa légèrement en tendant le bras droit. L’attaque percuta les côtes droites de Sélène qui tomba au sol en roulant avant de se relever comme si de rien n’était. Les deux adversaires se regardaient continuellement et leurs expressions en disaient long sur leur motivation. À l’évidence ni l’un ni l’autre n’était prêt à revenir sur leurs paroles et cette première passe n’était qu’un simple échauffement. Les deux adversaires tournaient en rond tout en se fixant quand soudain une explosion retentit aux pieds de Sélène, cette dernière commençait réellement à aller puiser dans sa force.

Peut-être Vincent croyait encore en une solution pour éviter que cela ne se finisse par un duel sanglant. Mais force est de constater que chaque engagement était initié par Sélène et que cette dernière, lançant encore un regard de plus en plus meurtrier à son frère ne comptait certainement pas s’arrêter maintenant. L’homme finit alors par soupirer et se mit à dégager de plus en plus d’énergie afin de suivre son adversaire. Son augmentation de puissance fut toutefois plus subtile et rien ne laissa remarquer cette dernière avant que Sélène ne prenne la parole soudainement :

— Je ne pense pas que le corps à corps soit vraiment la meilleure idée pour nous départager.

— Je ne le pense pas non plus… marmonna Vincent.

— Tu te souviens de son nom ? demanda Sélène.

— Tenebrae, répondit Vincent d’un air triste.

— Sors Némésis…

Puis, les deux adversaires se figèrent. Ils écartèrent les jambes pour avoir plus d’appui avant de se mettre à libérer une quantité bien plus impressionnante d’énergie. L’air autour d’eux était réchauffé par cette libération de force si soudaine quand tout à coup, Vincent et Sélène invoquèrent leurs épées au même moment. Tandis que dans les mains de Vincent se matérialisait une arme déjà très connue, dans celles de Sélène, c’était toute autre chose.

Le manche était très basique, noir avec une pierre écarlate brillant et de petite taille en son centre. La garde formait un arc de cercle en concave vers la pointe de la lame et traversée sur sa longueur d’une saignée parsemée de cristaux rouges dégageant une lueur rougeâtre. La lame, à doubles tranchants, était de la même couleur que le reste, totalement noire. À sa base était serti un imposant diamant écarlate tandis que des saignées la traversaient en son centre en formant de nombreux cercles avant de se terminer d’une simple ligne allant jusqu’à la pointe de la lame. Tous ces bas-reliefs étaient remplis de minuscules diamants rouges étincelants. L’épée avait réellement un air maléfique.

Vincent ne semblait pas surpris de voir cette épée et commenta :

— Elle n’a vraiment pas changé… Comment as-tu fait ? Comment peux-tu à nouveau l’invoquer ?

— Tu m’avais sous-estimé à l’époque, voilà tout.

Vincent resta muet, n’ayant pas envie de rajouter de l’huile le feu.

— Mais elle n’a plus grand-chose à voir avec notre dernière bataille, tu sais… Tu ne connais pas ma puissance actuelle...

— Quelque chose me dit que tu vas me le montrer…

— Prépare-toi !!! cria Sélène en chargeant Vincent.

Quelques secondes plus tard, le combat reprenait avec férocité. Les lames s’entrechoquaient, les gestes étaient vifs et précis, les esquives nombreuses, les parades parfaitement placées. Le combat était rapide et intense et à aucun instant le moindre adversaire ne montrait de faiblesse. L’échange semblait parfaitement équilibré, aucun des deux combattants n’arrivant à prendre l’avantage, faisant simplement s’entrechoquer les lames dans un bruit de résonnance qui traversait toute la zone avec stridence.

Chaque attaque générait un puissant souffle qui balayait l’herbe haute aux alentours, chaque parade faisait trembler se sol sur plus d’un kilomètre à la ronde et après quelques minutes à se lancer des attaques toujours arrêtées par l’adversaire, les deux grands guerriers prirent une courte distance. Sélène se mit finalement à sourire légèrement, comme amusée par la situation et commenta :

— Je crois qu’il faudrait réellement se battre sérieusement.

— C’est vraiment ce que tu veux ? demanda Vincent, hésitant.

— Oh oui !! s’exclama Sélène, enivrée de cette bataille avec son frère.

L’homme fronça les sourcils, comme déçu du comportement de sa sœur, ayant espéré qu’un dialogue plus constructif aurait été possible. Mais devant ce bref silence qui s’installait, la blonde en question reprit avec assurance :

— Ne t’inquiète pas mon frère… Je ne serai pas ridicule.

— Bien… soupira Vincent.

Ce dernier ferma les yeux et passa sa main gauche au-dessus de sa lame, des flammes blanches translucides embrasèrent le fer entier de l’arme. Quant à celle de Sélène, tous les cristaux écarlates s’illuminèrent et créèrent de véritables lignes rougeâtres vives et impressionnantes.

Les deux adversaires avaient clos à nouveau leurs yeux quelques instants et le sol commença à trembler de plus en plus fort sans qu’aucun de ces grands guerriers ne fasse de mouvement.

 Loin d’ici, Shanna qui avait eu le temps d’alerter une dizaine de campements sur deux régions voisines s’était décidé à rejoindre Gangrebois, une région voisine d’Hyjal. La brune avait atteint un sommet de l’une des grandes montagnes qui s’y érigeait et jetait un œil en direction du lieu où se tenait sans aucun doute le combat en cours. Au-dessus du territoire en question se formait une cellule orageuse impressionnante et dont la brune ne doutait pas de son origine, loin d’être naturelle. Shanna finit par froncer des sourcils, sentant une force spirituelle lui arriver dessus, grandissant rapidement avant que l’air même ne semble se mettre à vibrer par moments.

Plus aucun doute, tous ces signes étaient annonciateurs d’un combat de titans et la femme ferma les yeux, espérant que Vincent en ressorte vivant.

~*~

Dans les ruines de Lordaeron, la bataille n’avait pas encore réellement débuté, mais les deux adversaires montaient leurs énergies spirituelles au maximum, le vent autour des deux combattants s’était transformé en tempête et dépassait déjà plus de cent cinquante kilomètres à l’heure, commençant à déchiqueter les arbres de cet endroit déjà si meurtri par le passé. Seuls quelques-uns, parmi les plus massifs et anciens, semblaient encore difficilement tenir debout quand finalement, le combat reprit sans avertissement, Sélène sautant presque instantanément sur Vincent.

La lame de la femme fut stoppée, mais un énorme souffle traversa Vincent et tout ce qui se trouva derrière lui s’envola sur quelques mètres. Vincent fit glisser son épée pour la dégager et attaqua à son tour. Némésis arriva du haut et Sélène sauta en arrière en se décalant laissant l’épée venir frapper le sol, créant une tranchée de dix mètres de long sur près d’un mètre de profondeur.

Chacun des coups que s’envoyaient les deux adversaires généraient de véritables bourrasques meurtrières faisant voler le moindre objet dans le périmètre du combat. Les deux combattants prirent à nouveau une courte distance et ils se sourirent timidement l’un l’autre, comme s’ils étaient en train de jouer, de retrouver une complicité bien lointaine, enivrés par ce rush d’adrénaline qui courait dans leurs sangs, par le danger mortel qu’ils effleuraient à chaque passe d’armes.

Mais soudain, un léger brouillard se forma autour de Némésis qui se mit à vivement briller tandis que sur Tenebrae, le diamant à la base de la lame se mit à scintiller d’une intensité bien plus forte que les autres marques de l’épée. Cet instant était encore la preuve que les deux guerriers n’étaient pas encore à leur maximum, augmentant après chaque échange leur énergie jusqu’à ce que l’un des deux ne puisse plus suivre. À peine les éclats étaient-ils réapparus que le combat reprit de plus belle.

Les épées se paraient encore l’une l’autre, mais le tranchant de leurs lames semblaient passait outre, invisible, suivant la trajectoire de l’épée et lacérant n’importe quel matériau sur leur chemin. Les ruines de la capitale, déjà marquées par son histoire tragique, étaient déchiquetées petit à petit sous les attaques des deux guerriers Steel qui taillaient les décombres à une vitesse simplement impensable.

Même si le but principal d’un tel sort était plutôt de trancher l’adversaire, les deux combattants utilisaient leurs forces pour dévier cette attaque fantôme, l’envoyant dans le décor et détruisant tout sur le passage.

Le rythme même du combat avait changé et plus aucun sourire ne pouvait se lire sur le moindre visage. La concentration était maximale et commençait même à laisser place à une colère vitale pour surpasser l’autre. Chaque frappe n’était animée que d’un seul sentiment, l’anéantissement total de l’ennemi bien que dans la pratique, uniquement les alentours en souffraient.

Soudain, Vincent cria « HELLFIRE » puis il planta son épée dans le sol. À cet instant précis, une explosion se produisit et une vague de feu se répandit en cercle sur un rayon de plus de deux cents mètres. Durant le passage de la flamme, Sélène hurla à son tour avant de planter sa lame dans le sol, créant un puissant souffle qui stoppa net le mur incandescent en pleine course vers elle. Leur terrain de jeu, déjà réduit en charpie et maintenant incendié, n’était plus qu’un immense brasier tandis que le ciel se teintait d’un sombre apocalyptique.

Les regards toujours déterminés des deux titans ne reflétaient plus aucune compassion, animés par les flammes qui dansaient entre eux. Sans même se parler, tout en se fixant droit dans les yeux, les deux goliaths se mirent à marcher l’un vers l’autre, dans ce gigantesque enfer de feu.

Une lueur vive apparut dans les yeux de Sélène avant qu’elle ne charge à nouveau Vincent avec témérité. Les attaques s’enchaînaient et chacune d’elles passait dangereusement près des deux combattants, d’une férocité sans pareille. Tôt ou tard une attaque ferait mouche, tôt ou tard l’un de ses puissants colosses serait touché et cette unique attaque signerait sa perte. Plus aucune échappatoire, c’était sans aucun doute un combat à mort. Vincent l’avait compris depuis un moment, mais il savait qu’au fond de lui il ne pourrait se résigner à tuer sa sœur. L’homme en pleine interrogation contrait chaque attaque tandis qu’il percevait de très courts instants le visage de Sélène.

La femme avait un regard enragé, prête à tout pour gagner ce duel, aveuglé par une soif de vengeance bien trop grande. Comment en sommes-nous arrivés là ? s’interrogea l’homme face à cette impasse. Mais tandis qu’il pensait à cela, manquant certainement de concentration, il remarqua soudainement un très léger changement d’expression de la part de son ennemie. Celle-ci venait d’apercevoir une ouverture et s’y précipita.

La femme passa sous l’épée de Vincent en pleine attaque horizontale de gauche à droite et amorça un swing en visant le flanc droit de l’homme. Bien sûr ce dernier arriva à éviter tandis que la blonde se relevait et commençait à tourner sur elle-même, se préparant à relancer une attaque sur la droite de l’homme qui se mettait déjà en place pour parer l’enchaînement. Soudain, Sélène arrêta son tour sur elle-même d’un coup et lâcha sa main droite du manche de sa lame avant que la lame ne redescende à pleine vitesse sur l’épaule gauche de Vincent.

Laisser un commentaire ?