Un nouveau monde

Chapitre 8 : Le guet-apens

3577 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/05/2020 16:57

Une rivière séparait la Marche de l'Ouest de la Forêt d'Elwynn, et pourtant les deux régions attachés au même royaume étaient drastiquement différentes l'une de l'autre. Gahahli le voyait même à travers son bandeau. Et elle le sentait par dessus tout. En traversant le pont de pierre qui reliait les deux régions, le groupe quitta la forêt verdoyant et luxuriante pour une vaste plaine sèche et aride, où ce qui restait de la végétation était jaune. Le gazouillis des oiseaux de la forêt avait laissé lleur place à des cri de vautours se disputant les restes d'animaux morts.

Malgré la présence de chaumières, de granges et de champs tous laissés à l'abandon, la jeune elfe peinait à croire qu'une région aussi aride pouvait servir à l'agriculture et ainsi nourrir ne serait-ce que la moitié de la population du royaume des humains. Ses compagnons lui expliquèrent que la région avait beaucoup souffert de la première invasion des orcs, qu'elle en gardait encore des séquelles et que depuis que l'Alliance avait récupéré ces terres, c'était la Confrérie Défias qui lui infligea de mauvais traitements.

Là encore, la jeune elfe peinait à croire que des humains pouvaient être aussi nuisibles que les orcs, persuadés qu'ils étaient plus nobles et respectueux que les "peaux-vertes".

Elle fut toutefois reconnaissante envers le nain pour lui avoir donner son bandeau qu'elle utilisait pour se couvrir les yeux. Avec si peu d'arbres pour filtrer la lumière du soleil ou de bâtiments pour faire de l'ombre, elle aurait eu du mal à supporter la luminosité sur cette vaste plaine où même l'herbe semblait étouffer sous le soleil. Mais le peu qu'elle voyait à travers le bandeau ne laissait sans émoi pour autant.


Sur la route menant à la Colline des Sentinelles, le groupe découvrit des carcasses de ce qui ressemblait à des épouvantails mécanisées éparpillés sur le chemin longeant des champs. Ils ne tardèrent pas en voir d'autres en état de marche, faisant les cents pas dans les champs d'une démarche saccadé et grinçante. Ils avaient les bras tendus vers l'avant, se terminant par de longues griffes acérées en métal, et des yeux ardents brillaient sous leur chapeau qui fixèrent les aventuriers du regard à son approche, obligeant le groupe à ralentir le pas.

— Qu'est-ce donc que ces choses ? demanda à voix basse la jeune elfe inquiète.

— Probablement les golems des moissons, répondit Bartélo. J'en ai entendu parler. Ce serait ce qui aurait incité les habitants à abandonner leur ferme et à fuir la région.

— Et de fabrication gobeline, ajouta Batël qui inspectait les golems du regard ainsi que leur débris. Je reconnais leur style entre milles. Ainsi que leur marque de fabrique.

Des gobelins. Encore des êtres qui faisaient frémir de dégoûts la jeune elfe. Des petits êtres à peine plus grands que les gnomes et aux grandes oreilles, verts de peaux à l'instar des orcs et qui avaient participé ces derniers à la déforestation d'Orneval avec leur ignobles "monstres de métal". Et avec ces "golems des moissons", il n'y aurait donc pas que les Défias qui terroriserait la région, songea-t-elle.

Le groupe continua leur route mais en y allant le plus lentement possible et en restant silencieux, redoutant qu'un geste brusque de leur part inciterait les créatures mécaniques à lancer l'attaque. Bizarrement, les golems ne chargèrent pas mais restait attentifs à la progression des aventuriers qu'ils surveillaient de leur yeux rougeoyants.

Il y eut finalement plus de peur que de mal quand ils s'éloignèrent des golems, mais leur présence laissa les aventuriers perplexe. Que faisaient donc des gobelins sur ces terres ?

— Croyez vous qu'il se dispute la région avec les Défias ? demanda Baelbo qui peinait à cacher son apréhension.

— Soit ça, soit ils collaborent avec eux, laissa sobrement supposer le nain.

— Possible, ajouta l'humain. De ce que j'ai compris, les golems sont arrivés après que les fermiers de la région aient refusé de céder leur terres à la Confrérie.

La jeune elfe fut de plus en plus perplexe, à l'idée que des humains, fussent-ils des rénégats, s'associeraient avec des gobelins, persuadée que ces derniers étaient fidèles à la Horde. Elle se rendit compte que plus elle en apprenait sur ce monde, moins elle en savait.


Le groupe arriva finalement en vue de la Colline des Sentinelles, qui fut très repérable de sa tour de guet en pierre qui surmontait ladite colline, à l'architecture similaire aux rempart de la cité de Hurlevent.

Deux humains en tenue de cuir marrons, armés d'épée et d'un bouclier vinrent à leur rencontre et leur fit halte, les obligeant à se présenter.

— Nous sommes venus de la part du seigneur Gryan Roidemantel pour vous aider à lutter contre la Confrérie Défias, indiqua Bartélo. Et nous devons nous rendre auprès d'un certain Danuvin.

Les deux gardes s'échangèrent un regard entendu avant de guider le groupe jusqu'à la tour des Sentinelles. Sur le chemin, Gahahli eut le temps localiser des chaumières en contrebas de la colline, ainsi qu'une forge, une scierie, une baraque en bois délabré et un cimetière. Probablement là où les résistants avaient enterré leur frères d'armes morts au combat.

Le groupe fut amené donc amener devant le capitaine Danuvin, la personne en charge de la base en l'absence du vieux chevalier, un humain d'âge mûr, aux cheveux noirs mi-longs, qui malgré son visage trahissant la fatigue un sourire plutôt charmeur.

— Alors, c'est vous les volontaires ? dit-il en accueillant le groupe. Hum, j'aurais espéré que Gryan nous en dégote davantage.

— D'autres devraient venir, assure Bartélo. Normalement...

— Je n'en doute pas, repris l'humain aux cheveux noirs. M'enfin, un peu d'aide vaux mieux que pas d'aide du tout. Et en tant que second du seigneur Roidemantel, je ne peux que vous souhaiter la bienvenue.

À la surprise de tout le monde, le Sabre-de-nuit de Gahahli se mit soudain à grogner d'un ton particulièrement menaçant à l'approche du capitaine. Il semblait sur le point de bondir.

— Jakua, ça suffit ! ordonna la jeune elfe d'un ton ferme. J'ai dit ça suffit ! JAKUA, ARRÊTE !

Elle avait dû élever la voix comme jamais elle ne l'avait fait auparavant pour que le tigre daigne enfin à l'obéir et cesser de montrer les crocs. Il continua cependant de fixer le capitaine d'un regard méfiant tout en émettant un grognement sourd.

— Je suis confuse, tenta de s'excuser la jeune elfe. D'habitude il n'est pas aussi agressif envers les inconnus.

— Ça ne fait rien, rassura le capitaine tout en gardant un œil vigilant sur le tigre. Au moins, un animal comme ça serait plutôt utile contre la Confrérie. Permettez que je vous indique vos quartiers.


Le capitaine amena le groupe vers la vieille baraque qui allait leur servir de dortoir et leur indiqua également les espaces d'entraînements du côté des chaumières au cas où ils auraient besoin de s'échauffer, ainsi que la forge où ils pourront se munir d'armes et d'armure en cas de besoin et qu'ils avaient quartier libre jusqu'a retour de Roidemantel.

Sur le moment, Gahahli songea à s'entraîner au tir-à-l'arc avec son bandeau, qu'elle aurait sans nul doute besoin de pratique pour perfectionner son tir et ainsi pouvoir tirer en à demi-aveuglée par la lumière du jour. Le summum serait qu'elle atteigne sa cible les yeux fermés. Mais elle réalisa que la voyage l'avait complètement épuisé, se rappelant qu'elle n'avait pas fermé l'œil depuis qu'elle avait débarqué sur le continent des humains. Elle s'affala donc sur la paillasse à proximité et se reposa quelques heures, pendant que ses compagnons prirent leurs aises chacun de leurs côtés.

Pendant qu'elle se reposait, elle sentit Jakua le pousser du museau en émettant des miaulements rauques, mais elle le repoussa, prétextant qu'elle était trop épuisé pour jouer avec son Sabre-de-nuit. Ce dernier n'insista pas longtemps et la jeune elfe put prendre son repos en paix.

Le soleil commençait à se coucher quand elle se réveilla en sentant l'odeur de thé bien fumant que lui tendait Baelbo et qu'elle accepta de bon gré.

— Alors, a-t-on eu de nouveaux volontaires entretemps ? demanda la jeune elfe en sirotant son thé.

— Non, et toujours aucune nouvelle de notre commanditaire, répondit le gnome qui contemplait sa propre tasse fumante d'un air maussade. Je commence à m'inquiéter.

— Il a dû avoir un léger contretemps, tenta de rassurer l'elfe qui se souvint à quel point son ami redoutait les Défias comme la peste. Je suis certaine qu'il va revenir avec des renforts.

— Ha mais c'est pas tout, ajouta le gnome. J'ai ouïe dire que là où les bandits auraient établi leur base principale n'était pas très loin de notre position. Dans le petit village de Ruisselune, à deux pas d'ici au sud ouest.

Au moins, ils avaient une idée d'où les bandits se terrait, songeait l'elfe tout en appréhendant l'idée qu'ils étaient à ce point si proche de leurs ennemis, qu'une petite parcelle de terre séparait les deux camps. Elle qui était venu depuis l'autre bout du monde pour apporter son aide à l'Alliance, elle ne s'était pas encore imaginé qu'elle se retrouverait sur le "champ de bataille" aussi rapidement. La voilà qui commençait à douter du bien-fondé de sa décision, la boule au ventre et avec une irrépréssible envie de se confesser.

— Maître Baelbo, puis-je vous faire un aveu ? demanda Gahahli.

— Tant que ce n'est pas une mauvaise nouvelle... Enfin je veux dire, je vous écoute, gente dame, répondit le gnome en s'asseyant à côté de l'elfe sur la paillasse.

La jeune elfe expliqua alors à son ami de petite taille la raison de sa présence dans le royaume des humains, qu'à l'origine elle voulait aider les siens à protéger leurs terres ancestrales de tous leurs ennemis démons, orcs ou autres, mais que parmi ses semblables, personne, pas même son paternel, ne voulait la laisser faire quoi que ce soit et même pire qu'on le lui interdisait, la jugeant trop inapte et inexpérimentée pour leur être d'une quelconque utilité. Or elle ne supportait pas le fait de sentir inutile et impuissant tandis que des proches à elle risquaient leur vie pour elle, ça plus le fait qu'elle détestait l'inaction et le fait de sentir enfermée. Que pour cette raison, elle avait fait tout ce voyage pour Hurlevent dans l'espoir de pouvoir se rendre utile et que si elle réussissait, que si elle parvenait à faire ses preuves auprès d'un peuple allié plus personne ne douterait de ses capacités et encore moins de sa bonne volonté.

— Je sais que cela peut paraître égoïste et déraisonnable...

— Égoïste ? répéta Baelbo. Alors qu'à la base vous voulez aider vos semblables ? Que vous avez quitté votre patrie pour apporter votre aide à un peuple dont vous ignorez encore les us et les coutumes ? Que vous êtes prête à risquer votre vie même pour une cause perdue là où d'autres préfèrent rester dans leur nid douillet à laisser les autres faire plutôt que d'affronter eux-même la réalité ? Appelez ça comme vous voulez, mais delà à parler d'égoïsme, quand même ! Croyez-moi, j'en connais très peu qui seraient aptes à en faire autant, même pour prouver leur valeur. Après, oui, ça peut sembler déraisonnable ce genre de décision mais j'ai envie de dire que... c'est tout à votre honneur.

— C'est gentil mais il n'y a pas que ça, reprit Gahahli. En arrivant chez les humains, je m'attendais à leur prêter main forte pour combattre des races qui seraient hostiles aux humains, comme des orcs, des trolls, des ogres, des gnolls ou même des murlocs. Pas à me retrouver dans un conflit entre deux clans de la même race.

— Ha, que voulez vous ? lui répondit sobrement le gnome. Le monde est beaucoup plus compliqué que les humains, les elfes, les nains et les gnomes d'un côté, les orcs, les ogres, les trolls et les gobelins de l'autre. De partout il existe des dissensions dans un même peuple. la Confrérie des Défias n'est hélas pas un cas à part.

— C'est... triste !

— C'est la dure réalité. Mais on finit par s'y faire. Plus ou moins...


De son pas claudiquant, Batël entra à son tour dans la baraque, vêtu d'une armure de plates grisâtre par dessus une cotte de maille, une hache de guerre usée à la main. Il n'avait pas l'air ravi pour autant.

— Allez, dites-le que je suis ridicule ! les interpella le nain. C'est tout ce que j'ai trouvé à la forge et qui soit à ma taille.

— Oh, c'est toujours mieux que vos guenilles, lui répondit Baelbo sur un ton qui se voulait plaisantin.

— Tu rigoles mais tu peux me croire sur parole, j'avais une bien meilleure allure quand j'avais connu la gloire, se défendit le nain. J'avais une armure digne d'un "Roi de la montagne" et de vrais armes de guerrier, pas cette hache de bûcheron qu'il m'ont refilé. Et j'avais une authentique jambe en métal comme prothèse, pas ce pied de lit que je me trimballe depuis... je ne même plus combien de temps. J'arrive même plus à me rappeler comment j'ai perdu une aussi belle jambe.

— Vu son penchant pour l'alcool, j'aurais bien une théorie ou deux, chuchota le gnome à l'intention de l'elfe qui ne put réprimer un gloussement.

— Au fait, j'étais venu vous dire qu'on va bientôt passer à la soupe, leur dit soudain le nain.

— C'est déjà l'heure du souper ? s'étonna le gnome.

— Qu'importe ! répondit le nain d'un ton désabusé. En tout cas moi j'ai la dalle.

En sortant de la baraque, Gahahli retira son bandeau, ses yeux commençant à s'accommoder à la lumière du crépuscule, nettement moins agressif que celle du soleil de midi. Ainsi, elle put davantage profiter du paysage environnant, aussi triste soit-il avec ses plaines jaunes et ses bâtisses délabrées.

Elle fut à mi-chemin vers le chaudron bouillant sous un feu de camp et vers lequel se réunissait son groupe quand elle réalisa que quelque chose manquait.

— L'un de vous aurait vu Jakua, mon Sabre-de-nuit ? demanda-t-elle à ses compagnons.

— Heu... La dernière fois que je l'ai vu, il rôdait à l'est de la colline, répondit Bartélo en fouillant dans sa mémoire.

— Il doit te faire la tête après que tu lui aies crié dessus, ajouta Batël d'un air plaisantin.

— Si vous voulez, je peux envoyer des hommes le retrouver et le ramener, proposa le capitaine à la jeune elfe.

— Oh non, ne vous donnez pas cette peine, je vais le chercher moi-même ! répondit-elle. Commencez donc sans moi !

Et de toute façon, le tigre n'aurait accepté de suivre que sa "maîtresse", et au vue de la surprenante hostilité dont il avait fait preuve à l'égard du capitaine plus tôt dans la journée, il était clair que cela aurait été une mauvaise idée de le confier à des inconnus.

Récupérant son arc et ses flèches au passage (on ne sais jamais !), elle scruta le sol, là où l'apprenti paladin avait affirmé l'avoir vu, et détecta des empreintes de tigres qui s'éloignaient de la base. Elles les suivit tout en appelant son Sabre-de-nuit par son nom sans recevoir la moindre réponse. L'inquiétude commençait à l'envahir, ainsi que la nervosité. Où avait pu allé son Sabre-de-nuit ? Et pour quel motif ? Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Dans quoi se serait-il encore fourré ? Aurait-il reproduit le même incident qu'avec les orcs-noirs dans les marécages ? À ce stade, l'animal se révélait pire que sa "maîtresse" en terme d'extravagance et d'insubordination, elle qui commençait en remettre en question ses décisions.


Elle fut soudain interrompu dans ses recherches par des plaintes et des bruits de pas précipités. En levant la tête vers l'origine de ses bruits suspects, elle vit au loin un jeune humain, un enfant qui courrait en haletant dans sa direction, laissant la jeune elfe perplexe. Que faisait ce gamin au milieu de nulle part ? Alors que la nuit commençait à tomber ? Pourquoi était-il essoufflé ? Pourquoi courrait-il ainsi ?

Gahahli ne tarda pas avoir la réponse à ses questions quand au moment il fut sur le point de l'interpeller, le garçon fut soudain pris d'un soudain mais bref spasme et s'écroula, une dague plantée entre les omoplates.

Cette vision glaça d'horreur le sang de la jeune elfe, surtout qu'elle qui venait d'un peuple assez peu fécond, où la descendance était rare et de par conséquent très précieuse, voire sacrée. De ce fait, qu'un enfant se fasse assassiner, même un non-elfe, était aux yeux de la jeune elfe un sacrilège plus grave que la déforestation d'Orneval.

L'agresseur ne tarda pas à se montrer. Un Défias, évidemment. Le foulard rouge qui lui masquait partiellement le visage ne laissait aucun doute là-dessus. Et il s'apprêtait à finir le travail en se précipitant vers sa victime

Ni une ni deux, Gahahli dont le sang n'avait fait qu'un tour sortit son arc, encocha une flèche et tira en direction de l'agresseur sans prendre le temps de viser. La flèche atteignit le bandit en plein dans la poitrine sans lui laisser le temps de réagir, suffisant pour le faire vaciller. Bien fait pour lui ! songeait l'elfe aux cheveux bleus tandis que le bandit agonisant se convulsait dans sa douleur. Pas de pitié pour les tueurs d'enfants. C'était sa règle.

Tandis que le bandit lâchait son dernier soupir, Gahahli se précipita vers l'enfant poignardé. Louée soit Elune, il était encore vivant, mais il respirait faiblement et n'était qu'à demi-conscient. Le couteau était à demi-enfoncé en pleine de la colonne vertébrale du gosse. La jeune elfe fut en proie à la panique. Elle avait certes des connaissances en premiers soins — ce qui était plus que nécessaire pour une jeune chasseresse vadrouillant dans la nature sauvage — mais juste assez pour désinfecter les plaies avec des plantes médicinales et les panser. Retirer une arme blanche significativement planté dans la partie vitale du corps d'un être encore vivant et à demi-conscient était encore trop délicat pour elle. Tout ce qu'elle savait à ce sujet c'est qu'elle ne devait pas retirer l'arme, ni même le faire bouger, au risque d'aggraver la blessure et d'accélérer l'écoulement du sang avant de confier la victime à des mains d'experts en secourisme.

Elle allait devoir emmener l'enfant blessé à la colline. Là-bas, il y aurait sûrement le matériel nécessaire ou des mains suffisamment expérimentés pour retirer le couteau en toute sécurité, et au pire il y avait Bartélo qui en tant qu'apprenti paladin avait déjà démontré l'autre soir détenir des sorts de soins. Mais du coup, le Sabre-de-nuit perdu dans la nature allait devoir attendre.

"Désolée, Jakua !" se dit la jeune elfe. "Mais j'ai une urgence sur les bras !"

Très délicatement et en veillant à ne pas faire bouger le couteau, Gahahli prit l'enfant dans ses bras et prit la direction de la colline d'un pas précipitée.

Sur le chemin, l'enfant se mit à marmonner d'un voix faible :

— Pas aller... Colline... Défias... Piège...

Mais la jeune elfe n'y prêta guère attention, trop préoccupée par la santé du blessé entre la vie et la mort. À tous les coups, c'était la douleur qui le faisait délirer.

— Tiens bon, petit ! dit-elle à l'enfant en voulant le rassurer. On va bien s'occuper de toi. Je t'en fais la promesse.

En arrivant à la colline, elle croisa quelques gardes équipés de fronde et de masse sans pour autant leur prêter davantage d'attention et se dirigea vers le feu de camp autour duquel s'était réunis son groupe avant qu'elle ne quitte la base.

— Les gars ! cria-t-elle essoufflée à leur intention. J'ai un blessé sur les bras ! J'ai besoin de votre aide pour... Les gars ?

Décidément, quelque chose n'allait pas. Ces compagnons étaient tous vautrés au sol, inconscients et dans une position pas très confortable pour faire la sieste. Tous avaient leur écuelle à la main, encore à moitié rempli de soupe qu'ils avaient également sur les coins des lèvres ou dans la barbe. Seuls le capitaine et ses gardes étaient encore debout et fixaient l'elfe d'un air sévère.

— Que leur est-il arrivé ? interrogea Gahahli de plus en plus en proie à la panique et qui craignit de comprendre ce qui se tramait. Que leur avez vous fait ?

— Rien de bien méchant, répondit sereinement le capitaine. On a juste mis du somnifère dans leur soupe.

— Vous avez... quoi ?

Elle reçut un violent coup derrière la nuque et de suite, de fut le néant.

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