La voix de l'ombre - Livre I : Les murmures du passé

Chapitre 18 : La traque

1904 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/02/2024 18:27

Chapitre 18 : La traque.



Keera se réveilla dans les bras d'Orgrim, assis contre le tronc d'arbre. Elle s'étira et remarqua qu'il était droit et immobile. Quelque chose n'allait pas.

  • Est-ce que tout va bien...

Orgrim mis son doigt sur la bouche de la jeune femme et fixait l'horizon. Elle se tut et suivit le regard de l'orc. Derrière la colline qui leur faisait face, quelque chose s'animait.

Orgrim chuchota :

  • Prépare-toi à partir sans te précipiter. Si nous sommes suivis, il va falloir les semer.

Keera opina du chef.


La princesse se leva tranquillement, rassembla les vivres, et accrocha sa lance dans son dos, tandis qu'Orgrim souleva le sac dans lequel était caché le marteau-du-destin. Ils tirèrent leur cape et partirent vers le nord comme si de rien n'était.

En revanche, ils n'allaient pas contourner la ferme pour longer la vallée située à la base de la montagne, cela pourrait les isoler si toutefois ils étaient bien suivis. Ils comptaient traverser les Hautes-terres en pic vers le nord et gagner une grotte qui les amènera aux Hinterlands.


Ils arrivèrent le long d'une clairière où se trouvait une autre ferme, et s'arrêtèrent derrière un rocher.

  • Aucun doute, nous sommes bien suivis, confirma Orgrim qui observait l'horizon derrière eux.
  • Penses-tu que nous pouvons les combattre, combien sont-ils ? demanda Keera.
  • J'en compte trois, mais partons du principe qu'ils sont plus, suggéra l'orc.
  • Ils sont plus, lança le soldat d'élite embusqué derrière eux.

Orgrim se retourna si vite qu'il fut atterré de voir à quelle vitesse l'humain s'était dégagé de lui. Keera faillit le toucher avec sa lance, tandis que deux autres soldats les ruèrent. Leur armure n'était pas de plaque mais de cuir, ils portaient de longues dagues et se déplaçaient rapidement et en silence. Orgrim en occis un qu'il attrapa par le cou qu'il brisa de sa main. Un autre reçu une pointe de lance dans le ventre en voulant charger la princesse qui riposta. Le troisième disparut.


Sur le qui-vive, le couple se positionna dos à dos et tenait sa garde. Les oreilles fines de Keera perçurent un léger bruit sur sa gauche et elle planta sa lance dans la poitrine du troisième qui perdit son camouflage et tomba à genoux. Il n'était pas mort.

  • Un coup de chance, avoua le soldat qui crachait du sang. Qu'est-ce que tu fiches avec un de ces monstres vert ma caille ? demanda-t-il à Keera qui le maintenait en respect avec sa lance plantée.
  • C'est nous qui posons les question, humain, l'informa Orgrim qui se penchait dangereusement vers le soldat d'élite qui pouvait sentir le souffle de l'orc. Où est votre chef ?


Le soldat sourit et resta silencieux. Il leva les deux bras et fit non de la tête comme pour signifier qu'il ignorait de quoi il parlait.

Keera tourna sa lance dans l'orifice qu'elle avait formé, et l'humain gémit.

  • Elle peut se montrer très cruelle quand elle n'obtient pas ce qu'elle veut, prévint l'orc qui lui faisait toujours face.
  • Voilà une chose que nous avons en commun, murmura une voix douce et suave à l'oreille de Keera.


La princesse voulut se dégager mais l'humain blessé tira sur la lance plantée pour l'en empêcher. Elle dût la lâcher mais l'homme derrière elle la tenait par la ceinture, une dague pointée sur sa gorge.

  • O'nosh ! s'écria Orgrim devant la scène.

C'est alors qu'il bondit vers l'homme et piétina l'humain blessé au passage. Un autre agent camouflé surgit et chargea l'orc qui dégaina le marteau-du-destin en réponse. L'humain ne s'y attendait pas et reçut la tête du marteau de plein fouet dans la face. Il s'écroula au sol, la tête retournée sur son cou dans un angle impossible.

  • Rengaine ton artillerie, Orgrim Marteau-du-destin, déclara l'homme qui tenait Keera.


Celui-là est leur chef, en déduit Marteau-du-destin qui s'immobilisa et le scruta. Très grand pour un humain, la carrure large, il portait un équipement en maille. Ses cheveux courts couleur feu juraient avec ses yeux bleu clair qui rendait son regard encore plus dur. Une légère cicatrice traversait ses lèvres.

  • Pose ton marteau, ou je la charcute, insista l'homme en enfonçant un peu plus sa dague dans la gorge de la princesse.

Keera fixait Orgrim d'une façon qu'il ne sut interpréter. Il lâcha son marteau, mais montrait les crocs.

  • Bien, tout doux, je ne veux pas lui faire de mal, avoua l'homme en souriant. Maintenant, éloigne-toi du marteau et réponds à la question de mon agent : qu'est-ce qu'elle fiche avec toi ? Qui est-elle ?


Orgrim le fixa, le regard mauvais.

  • Attends, je vais essayer de deviner, proposa l'homme qui commença à renifler Keera. Hum... un doux parfum de fleur que je ne suis pas prêt d'oublier, susurra-t-il mielleusement tout en enfouissant son nez dans la chevelure de la princesse.

Orgrim retroussa les babines et grogna. Il commença alors à se cambrer en avant, puis poussa un hurlement.

  • Ah ah ! Si tu charges, mon ami, elle meurt, rappela l'humain. Et ce serait fâcheux...

Alors que l'homme resserra son emprise autour de la taille de Keera, celui-ci se retira à une telle vitesse qu'Orgrim ne comprit pas tout de suite.

  • Ah, bien, félicita l'homme qui mis une main sur sa cuisse ensanglantée. Tu cachais donc une dague, ma belle, admira-t-il. Mais je ne suis pas homme à renoncer si facilement.
  • Tu vas mourir facilement, en revanche, déclara Orgrim qui chargea l'humain, le marteau-du-destin au poing.

Keera sauta en avant pour récupérer sa lance dans l'agent qui s'était vidé de son sang, puis pivota pour attaquer l'homme qui disparut.



Plusieurs minutes passèrent.

Le couple resta en alerte un moment, puis, ne percevant plus un bruit ni un geste alentour, reprit la route vers le nord au pas de course.

  • Il nous faut absolument des montures si nous voulons les semer, informa Keera qui fixa sa lance dans son dos.
  • Tu as raison, répondit Orgrim. La ferme, là-bas, ils ont des chevaux.
  • Allons-y, dit Keera qui touchait la plaie à sa gorge.

Orgrim la regardait, tandis qu'ils s'avançaient discrètement vers la ferme un peu plus à l'ouest.

  • Je suis désolé, avoua-t-il, le regard dur. S'il avait enfoncé sa lame...
  • Je l'aurais arrêté bien avant, le rassura Keera. Il tentait d'obtenir des informations, je n'étais qu'un appât.

Orgrim se renfrogna. Il ne supportait pas que l'on pose la main sur sa compagne. Et elle venait d'être blessée.


Embusqués derrière un épais buisson, derrière la ferme, ils aperçurent un abri auquel des chevaux étaient attachés. Ils n'auraient pas à effrayer les fermiers pour s'en emparer.

  • J'y vais seule pour ne pas alerter les paysans, proposa la princesse.
  • Très bien mais sois prudente, répondit Orgrim.

Pour toute réponse, elle ferma sa main sur la sienne, la pressa, puis s'élança vers l'abri qui retenait les chevaux. Orgrim regardait alentour, et restait alerte au cas où l'humain de tout à l'heure les filait.

Keera revint à peine quelques minutes plus tard, tirant les rênes de deux très beaux palefrois blancs et marrons.

Une fois en selle, tous deux mirent de la distance entre eux et les Hautes-terres. Ils firent un détour par l'est pour semer leurs potentiels poursuivants.


Plus loin dans la clairière, le général Walmor avait rejoint son lieutenant.

  • Vous revenez seul ? s'interrogea le lieutenant Vosh. Mais, vous êtes blessé !
  • Trop de pertes, avoua Walmor. Mais ce fut une bien belle rencontre, Vosh, confirma le général, le sourire aux lèvres.
  • J'ai envoyé le dernier agent sur leurs traces quand j'ai vu qu'ils s'éloignaient, général, admit le lieutenant.
  • Tu as bien fait, car nous avons enfin trouvé Marteau-du-destin, annonça-t-il. Envoie un oiseau à la base, il me faut des renforts.
  • Bien mon général.
  • Trouve également mon agent infiltré du Syndicat, j'ai besoin qu'il enquête sur un point, ajouta Walmor qui comprimait sa plaie.
  • Ce sera fait, général.


Puis Vosh s'éloigna.

Walmor s'assit sur l'herbe et entreprit de recoudre sa plaie à la cuisse. Il tenta alors de rassembler les informations récoltées dans son esprit, tandis qu'il songeait à la traque.

  • Cela promet d'être divertissant, pensa-t-il, tout en laissant son esprit malsain vagabonder.



Le roi Terenas faisait les cent pas devant son trône, observé par les nobles qui garnissaient la vaste salle. Il venait de recevoir un message du lieutenant Vosh concernant la poursuite de Marteau-du-destin. Une fois de plus, l'orc semblait échapper à ses recherches. Le royaume de Lordaeron avait été fouillé de fond en comble, depuis les Terres du Nord jusque Hautebrande.

Le message laissait toutefois entendre que le général tenait une piste.

  • Votre Majesté, si je puis me permettre, le général Walmor est compétent, le rassura l'un des nobles.
  • Oh, nous pouvons reprocher un certain nombre de choses à Walmor, mais certainement pas son incompétence, ajouta son voisin.
  • Et pourtant, Marteau-du-destin n'a toujours pas été amené pieds et poings liés devant le roi, accusa un autre seigneur.


Il était vrai que les méthodes employées par Walmor étaient discutables, pensa Terenas qui massait nonchalamment sa courte barbe grise. Mais il menait toujours ses missions à bien, c'était la raison pour laquelle il lui avait confié la charge de retrouver l'orc. Car Walmor ne reculait devant rien pour arriver à ses fins.

Après tout, il avait gagné ses galons de général en gravissant les échelons du système militaire brillamment, se mettant en danger sans hésiter si cela pouvait assurer le succès de sa mission. Ses hommes lui étaient dévoués, et il les entraînait durement.

Non, décidément, il ne voyait que lui pour garantir la réussite d'une telle mission.


Durant sa réflexion, le roi perdit le fil de la conversation.

  • … ses hommes sont des bouchers, ressemblant davantage à des assassins qu'à de vrais soldats...
  • Il suffit, coupa Terenas sur un ton autoritaire. Que croyez-vous qu'il faille pour attraper un tel monstre ? Le général Walmor est l'homme de la situation, et si la quête est si longue, cela démontre à quel point nous avons une fois de plus sous-estimé l'intelligence de la bête, ajouta-t-il.
  • Dans ce cas, si je puis me permettre sir, les moyens dont le général dispose seraient plus conséquents si nous levions un impôt supplémentaire...
  • Nous prélevons déjà un impôt au peuple qui sert à entretenir les camps d'internement, allons-nous le ponctionner davantage à cause de notre incompétence ? s'emporta le roi.
  • Non, Votre Majesté, se reprit le seigneur.
  • Bien, soupira Terenas. Caporal Benton, chargez-vous d'envoyer une force militaire supplémentaire au général Walmor. Faites rapatrier une partie des forces postées en Altérac, cela devrait suffire, conclut le roi.

Le caporal s'avança et acquiesça.


Bien, ainsi les chances de capturer Marteau-du-destin s'amélioreront, pensa Terenas. Si entre-temps Walmor réussit à attraper l'orc, tout rentrera dans l'ordre.


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