La voix de l'ombre - Livre IV - Un passé recomposé
Chapitre 13 : Un clan honorable.
À l'aube, la tempête avait cessé. Keera profitait des premiers rayons du soleil, assise sur un rocher à l'entrée de la grotte. Les orcs Chanteguerres préparaient leur départ pour Nagrand, qu'ils comptaient rejoindre par la Mer de Zangar, longue étendue d'eau qui séparait la Crête de leur terre.
Cherchant Keera du regard, Garrosh, dont la mine fatiguée témoignait de sa courte nuit, grogna en l'apercevant dehors et à peine vêtue.
- Pas trop de cauchemars suite à ce combat nocturne aux coups de pieds fulgurants ? se moqua la princesse lorsque Garrosh la rejoint.
- Je me demande quel genre de mère tu seras, Keera ! Rester ainsi dans le froid aussi peu couverte, même si je sais que tu tolères bien le froid.
- Oh Garrosh ça ne te va pas de t'inquiéter pour les autres. Non vraiment regarde cette ride sur ton front, fit-elle en désignant du regard la ride en question. Nos amis d'Azeroth ne te reconnaîtraient pas !
- J'ai peut-être changé, après tout.
Choquée par l'aveu, Keera le regarda avec inquiétude. Que lui arrivait-il ? Avait-il la fièvre ? Ce voyage dans le temps, et tout ce temps passé auprès des siens et de son père l'auraient vraiment changé ?
Elle en doutait sérieusement. On ne changeait pas comme ça en si peu de temps. Cependant, son emprisonnement en Pandarie l'avait-il amené à réfléchir ? Anduin avait-il raison ? Pouvait-il évoluer finalement ?
Le fil de ses pensées la ramena vers les événements de sa dernière nuit chez les Chanteguerre. Elle tentait toujours d'élucider ce mystère, mais semblait tout de même convaincue d'une chose :
- Ce que je peux te dire, c'est que je suis sûre que cette nuit-là, ce n'était pas Orgrim.
Déconcerté par cette affirmation, Garrosh l'examina.
- Comment peux-tu le savoir ? Tes souvenirs te reviennent ? la questionna l'orc.
- Non, mais je peux t'affirmer que jamais Orgrim n'aurait fui après … Il n'était pas le genre d'orc à se dérober, et aurait assumé ses responsabilités. Et surtout, il était l'orc d'une seule femme.
Garrosh se renfrogna légèrement.
- Il était honorable, tout le monde s'accorde là-dessus, reprit Garrosh. Mais ce passé est différent. Il faut s'attendre à tout !
Il disait vrai. Et elle était bien placée pour le savoir. Son double que Kairoz avait invoqué lors de l'évasion de Garrosh en était la preuve. Elles étaient si différentes. Et Garrosh lui avait expliqué qu'ici, dans ce passé, il ne naîtrait jamais. Il devait donc penser qu'il avait sa place dans cet espace-temps, où il semblait plus serein, et même peut-être heureux. Qui sait.
Crâne-dur les avait rejoints, et avait enfoui son museau dans le cou de Keera. Comme à l'accoutumé, elle attirait les bêtes à elle, qui se laissaient volontiers caresser. Et alors que le loup géant lui léchait la main, Garrosh avait pris sa décision :
- Tu vas venir avec nous, Keera. C'est plus sûr !
- Pardon ?
Garrosh pivota vers elle, que le regard incrédule ne découragea pas.
- Tu ne peux errer seule dans ton état ! dit fermement l'orc. Tu rentres avec nous à Nagrand.
- C'est hors de question Garrosh ! Et tu ne me forceras pas à vous suivre !
- Tu comptes donc rejoindre les Loup-de-givre ? Tu crois qu'ils vont t'accepter facilement ?
- Facilement, non, avoua Keera. Mais ...
- Tu ne dois pas t'accrocher aux légendes du passé, Keera ! Les Loup-de-givre sont aussi farouches que les autres clans ! Durotan est peut-être un chef sensé, mais il est en guerre contre les Sire-tonnerre et son propre frère. Tu n'y seras pas en sécurité ! Ni toi ni ton enfant !
Elle ne pouvait rebrousser chemin maintenant ! Elle devait parler à Durotan. Il devait savoir que Garrosh prévoyait une conquête du continent, et probablement de s'allier aux ogres, aux gronns, et à d'autres créatures que son clan ne saurait affronter. Elle devait l'amener à s'allier aux draeneï, pour le bien de son clan. D'autant qu'il était en conflit avec son frère, et qu'il ne disposait plus que des effectifs d'un demi clan. Elle comptait l'aider à résister aux Sire-tonnerre, et pour cela, elle devait les trouver.
Elle n'allait donc pas laisser Garrosh décider pour elle. Il devait la laisser partir.
- Tu ne peux me contraindre à vous suivre, Garrosh ! fit-elle en regardant les trois autres Chanteguerres arriver. Et si tu persistes, sache que je leur dévoilerai la vérité !
Serrant les dents, Garrosh se renfrogna. Keera ne lui laissait pas le choix. S'il voulait voir son plan se réaliser, il devait la garder à distance. L'heure fatidique arrivait, et rien ne devait entraver ses projets.
Résigné, Garrosh soupira longuement, mais ne put se résoudre à la laisser seule :
- Très bien, nous partons sans toi, mais garde Crâne-dur à tes côtés !
- Chef ! Là-bas ! s'écria Kor'gal.
- Ce ne sera pas nécessaire Garrosh, assura Keera qui regarda en direction du doigt pointé de Kor'gal, tandis que Garrosh fit de même.
Au loin, un loup géant apparut. Il avançait paisiblement vers eux, le regard vif braqué sur la princesse. D'abord sur leurs gardes, les trois Chanteguerres se détendirent légèrement lorsqu'ils comprirent que le loup de givre cherchait à rejoindre Keera. Ne sentant aucune hostilité de la part du loup géant, et comprenant son intention, Garrosh recula, et observa la scène. Le loup arriva à hauteur de Keera, qui tendit sa main pour le laisser la renifler. Après un accord tacite, comme il seyait à la tradition orque, la princesse caressa le loup au pelage immaculé qui avait fait son choix, et suivrait la princesse jusqu'à la mort.
Quelque peu rassuré, Garrosh ordonna leur départ, et le groupe contempla Keera qui s'éloignait à dos de loup, s'enfonçant dans le paysage neigeux de cette contrée à l'hiver éternel.
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Finalement, Keera ignorait combien elle avait demeuré près de Wor'gol. Il ne lui fallut pas plus de quelques jours pour croiser un chaman loup-de-givre, à qui elle expliqua être une messagère venant de loin qui devait s'entretenir avec son chef de clan.
- Je ne suis pas originaire de votre contrée, mais je viens en toute bonne foi, annonça Keera.
- Et que fait ce loup de givre à tes côtés, étrangère ? l'interrogea le chaman.
- Ce loup a choisi de me suivre, répondit-elle simplement. Je pense que tu connais un moyen de le vérifier.
Surpris par cette affirmation, l'orc lui lança d'abord un regard suspect. Pensant en premier lieu à une autre envoyée de Grommash Hurlenfer, le chaman sonda son loup géant, unique garantie de sa bonne foi. Malgré tout peu désireux de la laisser entrer dans leur camp, le chaman la guida jusque l'entrée, et demanda à l'un des guerriers d'aller quérir leur chef.
- C'est inutile ! gronda une voix forte derrière le guerrier qui défendait l'entrée.
L'orc en question marchait vers le portail de bois bien gardé. Sa tenue très primitive dévoilait ses bras et jambes nus et musclés. Une peau de loup de givre lui servait de cape, et la tête du loup protégeait la tête du guerrier. Mais ce qui le désignait comme le grand Durotan, c'était son regard vif et perçant, que Keera aurait reconnu entre mille. Car c'était le même regard que celui de Thrall.
Elle attendit donc que le chaman qui l'accompagnait fasse les présentations.
- Chef, voici Keera, une étrangère porteuse d'un message pour toi.
Durotan examina la princesse, et son regard se porta sur son loup géant. Bien que très surpris par le physique étrange de la femelle, Durotan ne semblait pas plus étonné que cela de sa venue.
- On m'avait prédit ton arrivée, étrangère, annonça Durotan. Mon chaman a eu une vision d'inconnus venus de loin pour nous aider.
D'abord stupéfaite par cette nouvelle, Keera se reprit :
- Chef des Loup-de-givre, je suis venue à ta rencontre pour te mettre en garde ! Je sais que tu as refusé de rejoindre la Horde de Fer formée par Grommash Hurlenfer.
- Si tu es venue pour me convaincre de les rallier, tu perds ton temps, étrangère !
- Je suis venue pour t'aider à lutter contre tes ennemis ! Tu ne pourras te dresser seul contre les Sire-tonnerre, la Horde de Fer et ton frère à la fois !
- Et tu comptes nous aider seule ? Avec ton enfant ? fit-il en désignant son ventre du doigt.
- Je sais que cela paraît étrange, mais je peux vous aider ! insista la princesse.
L'inconnue semblait sincère, et si Drek'Thar lui avait assuré que leur salut viendrait d'étrangers, il ne devait douter de sa parole. En revanche, en tant que chef, il était responsable de son clan, qu'il se refusait de mettre en danger. Il allait donc devoir vérifier l'honnêteté de cette femelle.
- Keera, tu m'as l'air bien informée sur nos conflits avec les Sire-tonnerre, ainsi que mon frère. Et il y a un moyen de m'assurer que tu dis vrai.
- Quel est ce moyen ? demanda Keera.
- Suis-moi jusqu'au camp, Drek'Thar saura nous prouver tes dires, fit Durotan qui lui fit signe de la tête de le suivre.
Keera posa une main sur Nosh'ka, son loup géant, et suivit le chef des Loup-de-givre.
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Wor'gol était situé au creux de hautes falaises rocheuses qui formaient des remparts naturels et efficaces. Très vaste, le village comptait de nombreux abris creusés dans la roche permettant aux orcs de se protéger du climat.
Pendant qu'elle suivait Durotan, Keera croisait des orcs loup-de-givre, très souvent accompagnés de leur loup. Elle sentit leurs regards, et continua d'observer son environnement.
Quelques tentes étaient dressées ci et là, faites de peau de cuir, et pouvant abriter deux orcs au plus.
Arrivés au centre du camp, Keera vit un monolithe marqué de l'emblème des Loup-de-givre entouré d'un muret de pierre. C'était là que les attendait Traque-nuit, le loup dressé et compagnon de Durotan, que Nosh'ka renifla.
Impressionnée par une telle infrastructure, la princesse ne cachait pas son émerveillement. Ce clan avait réussi à fonder une telle base au fin fond d'une région des plus difficiles et inamicales.
Soudain, Keera fut tirée de sa contemplation par une voix plutôt familière :
- Keera ! Tu nous as trouvés !
Serah s'était élancée vers eux, mais fut stoppée par le regard de son chef. Attendant donc d'être invitée à parler, l'orque fixa Durotan.
- Tu sembles connaître cette étrangère, jeune loup-de-givre.
- Serah, chef, se permit-elle en répondant au regard affectueux que la princesse lui servit.
- Serah, reprit Durotan. Où l'as-tu rencontrée ?
- Non loin du camp, chef. Près des Congères de Huregivre. Elle m'a sauvée d'une embuscade des Sire-tonnerre.
Durotan pivota vers Keera, qui confirma de la tête. L'orc se rappela alors :
- C'était donc toi qui avais voulu rassembler une troupe pour retrouver ton sauveur ?
- C'était bien moi, chef. Keera m'a sauvée deux fois, et elle était seule en pleine tempête. Et portant un enfant.
- Un projet bien ambitieux pour une novice ! fit Durotan, les sourcils froncés.
- Je donnerais ma vie pour recouvrer mon honneur, et rembourser une dette de vie, chef ! fit fièrement Serah.
Cette noble entreprise força son respect. Cette jeune orque parlait avec le cœur, et Durotan s'empressa de rejoindre Drek'Thar qui saura confirmer la véracité de ses propos.
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La neige tombait à petits flocons, tandis que Keera suivait Durotan jusqu'à une grotte située près d'un petit cimetière. L'entrée était gardée par une chamane et deux loups de givre. Éclairée par quelques braseros, la caverne renfermait un bassin d'eau au milieu duquel un orc se tenait, assis sur une pierre. Voyant que son chaman était en communion avec les éléments, Durotan patienta, pendant que Keera passait en revue la grotte, ainsi que son vieil ami Drek'Thar, bien plus jeune qu'elle ne l'avait connu, ses longues tresses noires témoignant de ses jeunes années.
- Les éléments sont perturbés par ta présence, étrangère, fit Drek'Thar qui n'avait pas bougé.
- Drek'Thar, voici Keera, l'inconnue que tu dis avoir vue en vision, rappela Durotan. Elle dit venir pour nous aider. J'ai besoin de savoir si elle dit vrai.
- Entre dans le bassin, Keera, fit le chaman aveugle. Et la vérité apparaîtra.
Keera s'exécuta, relevant sa cape pour éviter qu'elle ne touche l'eau qui, étrangement, n'était pas gelée. Les énergies entourant le chaman émettaient une lueur bleue qui éclairait les parois de la caverne. Keera sentit les éléments s'agiter autour d'elle, qu'elle savait contrariés de la savoir ici, dans cet espace-temps qui n'était pas le sien. Elle craignait de ce que pourrait alors découvrir Drek'Thar de ce secret. Elle espérait que s'il découvrait la vérité, il ne la divulguerait à personne. Sans quoi, cet espace-temps serait perdu.
Attendant qu'il se passe quelque chose, la princesse sentit son enfant s'agiter lui aussi. Elle porta une main sur son ventre, comme pour apaiser son petit.
À présent en lien avec elle, Drek'Thar annonça :
- Tu es troublée, étrangère. La venue de ce petit que tu portes ne t'apporte pas tout le bonheur qu'il devrait t'apporter. Pourquoi ?
- Euh... eh bien, je ne m'attendais pas à sa venue, chaman, répondit vaguement Keera.
- Mais il est là, dans tes entrailles, et prêt à voir le jour, continua Drek'Thar. Un don que les Esprits t'ont accordé.
- Les Esprits, hein ? fit-elle dubitative. Crois-tu ?
- Je crois que rien n'est immuable, jeune Keera. Je crois que ta présence ici, bien loin de chez toi, est le signe que tout peut changer. Que tout doit changer.
Les paroles toujours sages et prophétiques du vieux chaman, bien plus jeune que lorsqu'elle l'avait connu, paraissaient la rassurer. Pour la première fois depuis qu'elle avait réalisé qu'elle attendait un enfant, elle sentit son fardeau s'alléger. Ce pourrait-il que tout cela ait finalement un sens ? Un but ? Que ce soit une bonne chose ?
Si elle se trouvait définitivement coincée dans cet espace-temps, elle ne reverrait donc jamais Varian ? Ses amis ? Devait-elle accepter l'arrivée de cet enfant, dont le père inconnu devait être le pire des lâches ?
Et si sa destinée, c'était d'aider les orcs de cette ligne temporelle ? Elle avait déjà aidé la nouvelle Horde de Thrall à se former. Était-elle leur salut ? Ou son enfant ?
Finalement plus troublée et perdue, Keera interrogea le chaman des Loup-de-givre :
- Drek'Thar, dis-moi ce que tu vois !
- Je vois un cœur pur et honorable, souhaitant le bien, mais parfois hanté par le mal.
Durotan écoutait avec attention. Il n'était pas sûr de saisir l'ensemble de leurs échanges, mais une chose était sûre : cette femelle ne leur était pas hostile. Il émanait d'elle une force étrange, et surtout, une bienveillance saisissante.
Il écouta donc la conversation se poursuivre :
- Tu es l'amie des orcs. Tu parles notre langue, tu connais nos us et nos traditions. Ton destin, c'est à toi de le tracer. Les éléments te reconnaissent, bien qu'ils pensent que tu ne devrais pas être là.
- C'est... difficile à expliquer, fit Keera. Mais ils ont raison. Je ne devrais pas être là.
- Et pourtant, tu te tiens dans notre bassin sacré, au cœur d'une terre inconnue. Rien n'est immuable.
En fin de compte, les visions de Drek'Thar devaient être floues, ou bien était-ce une manière de l'amener à accepter que rien n'était figé. Aucun destin n'était écrit, tout était en mouvement.
Le chaman se leva alors, s'avança vers la princesse, et l'aida à sortir du bassin. Il la fixa comme s'il pouvait la voir, et posa délicatement une main sur son ventre.
- L'esprit du loup veille sur toi et ton enfant, jeune Keera ! Et les Loup-de-givre sont fortunés de t'avoir rencontrée. (il se tourna vers son chef) Elle est digne de confiance.
Durotan opina du chef, puis se tourna vers la princesse.
- Tu es donc la bienvenue parmi le clan, Keera. Je te mets sous la protection de la jeune Serah, qui s'occupera de te trouver une tente ainsi qu'une couche. Puis nous parlerons.
- Je te remercie, Durotan, fils de Garad, sourit-elle, tout de même heureuse de cette rencontre avec le noble père de Thrall dont elle avait tant entendu parler.
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Serah installa Keera dans une tente près des forgerons, et non loin d'un feu de camp maintenu allumé de jour comme de nuit. Les Loup-de-givre luttaient ainsi contre le froid, à l'aide des éléments invoqués par leurs chamans, leurs peaux de bêtes, ainsi que leurs loups géants.
Très intrigués par le fait qu'une étrangère se soit liée à un loup de givre, les orcs du clan l'approchaient à tâtons.
Étrangement, ce clan lui paraissait moins farouche que les Chanteguerre. Une certaine noblesse les caractérisait, bien que certains, plus sauvages, la toisaient. L'un d'entre eux l'aborda dans le but de la jauger. Les orcs se montrant toujours méfiants, Keera ne se formalisa pas de son attitude. Ce qui n'était pas une raison pour se laisser impressionner.
- Toi, femme ! Cette hache semble bien lourde pour de si petits bras !
Loin d'être offensée, Keera se tourna vers l'orc, mais n'eut pas le temps de répondre.
- Trace ta route, Uksha ! intervint Serah. Elle est bien plus forte que toi !
L'orc pivota vers elle.
- Baisse le regard, louveteau ! grommela Uksha.
- Tu ne devrais pas la provoquer, Uksha, ajouta Keera. Elle a déjà occis des Sire-tonnerre. Méfie-toi ! s'amusa-t-elle.
- Crois-tu que je me défie d'une enfant à peine sevrée, étrangère ? se renfrogna l'orc.
- Keera, c'est mon nom, rappela la princesse. Et non, je ne pense pas que tu te défies d'elle. Mais sache que la force se trouve parfois là où on ne l'attend pas !
Se redressant pour paraître plus impressionnant qu'il ne l'était déjà, Uksha dévisagea Keera, sans même considérer Nosh'ka qui montrait les crocs.
- Et où est ton mâle ? Celui qui t'a enfantée.
- Ça, les Esprits seuls le savent, fit-elle quelque peu irritée.
- Alors, il t'a abandonnée ? sourit l'orc, à présent dans la provocation.
- Certains font preuve de lâcheté, et pour t'en prendre à une femme aux bras si petits, tu dois savoir de quoi je parle ! brava Keera en maintenant son regard.
- Sache, femelle, que personne...
- Va, Uksha ! Et cesse de la défier ! fit une voix rauque derrière eux.
La femelle qui les interrompit était particulièrement séduisante pour une orque. Grande et fière, ses longs cheveux noirs bordaient un visage plutôt harmonieux, et ses muscles témoignaient d'un entraînement acharné. De par l'autorité dont elle faisait preuve, nul doute qu'il s'agissait...
- Je suis Draka, fille de Kelkar, et compagne de Durotan.
- C'est un honneur, Draka, fille de Kelkar, répondit la princesse en hochant la tête. Je suis Keera, fille d'Harald, et je ne comptais pas provoquer mes hôtes.
- C'est lui qui te provoque ! cracha-t-elle en le toisant, sous le regard admiratif de Serah. Ne cherche pas à le défendre !
Keera sourit. Cette orque, qui se trouvait être la mère de Thrall, inspirait le respect. Belle et altière, Keera la savait loyale envers son clan. Il lui tardait d'apprendre à la connaître.