[BG-RP] Ujaali, une Elfe de la Nuit

Chapitre 2 : Le Voyage

2051 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/06/2015 10:50

Gangrebois, plus au Nord,

Auprès d’un feu de camp, Níniel finissait les bandages chauffants de Thélion, aidée de l’aubergiste Minivash, une taurène faisant parti du Cercle Cénarien. Le malheureux eut les bras entièrement enveloppés de glace lors du trajet de retour alors qu’il portait la frêle enfant-elfe jusqu’à la Halte de Cœur sauvage. Celle-ci ne s’était pas encore réveillée.

L’elfe grimaçait à chaque fois que la chasseresse posait sa main sur le bras tout engourdit, craignant qu’il ne se brise. Níniel se retirait rapidement et à plusieurs reprises, collant ses mains sur elle de peur, lorsqu’elle entendait le bras « crisser ». Minivash enveloppa le guerrier dans des peaux, pour le réchauffer le plus vite possible.

La pauvre aubergiste fut réveillée aux aurores, elle n’avait pas l’habitude d’avoir des urgences si tôt, ni de se transformer en infirmière… ou encore en nounou. La taurène courait partout, ses pas lourds faisaient résonner le sol comme un tam-tam.

Dylnn profita de cette halte pour envoyer un coursier, qu’il fit chercher par Minivash au dortoir de la petite auberge. Il rédigea rapidement un rapport qu’il fit envoyé à Havrenuit, au Nord. Bougon, le messager partit avec la lettre de Dylnn, où il y décrivait leur dernière garde et ce qu’ils venaient de découvrir dans la sombre forêt poisseuse.

Minivash avait préparé un lit de fortune près du feu pour la « petite lumière » comme ils la surnommaient déjà, et la couvrit de nombreuses couvertures de laine fabriquées par ses soins.

L’aubergiste s’interrogeait, admirant l’enfant. Que faisait-elle au beau milieu de la forêt ? Elle devait avoir environ 14 ans d’âge humain, soit un peu moins de 300 ans elfique…

Mais où était sa famille ?

Alors que la taurène la regardait d’un air inquiet et protecteur, une phalène soyeuse passait par là et se déposa doucement sur le front blanc et sans marques elfiques de l’enfant. Par le chatouillement des pattes de l’insecte, un léger froncement de sourcils suffit à dégager un petit étincellement clair, emprisonnant et cristallisant délicatement de glace le petit papillon. L’aubergiste assise, se recula soudainement, étonnée, puis, d’une main tremblante récupéra la phalène. L’insecte se réchauffait, la glace disparaissait lentement, libérant les ailes, puis chaque parti du papillon. La phalène s’envola dans les bois, reprenant sa route comme si de rien n’était. A ce moment, l’enfant ouvrit les yeux…

Deux jours après cette escapade nocturne, le coursier fut de retour et tendit un ordre de mission à Thélion. Le cercle Cénarien demandait à voir l’enfant et le trio de gardiens pour interrogations.

Entre-temps, pendant que l’aubergiste gardait l’enfant, L’escouade avait arpenté les alentours où ils l’avaient trouvée. Cherchant un indice quelconque, ils retournèrent racines et fouillèrent les buissons, une potentielle grotte...en vain.

Les bras encore douloureux et un peu engourdi, le chef, soucieux, préparait sa monture, son sabre-de-givre. Cette sorte de panthère à canines proéminentes, était une de ses plus précieuses alliées, il l’avait dressée lui-même. Dylnn et Níniel se hâtaient également, remerciant leur hôte de la Halte, Minivash, et prenant des provisions pour le voyage.

* Ujaali *, n’ayant toujours pas prononcé le moindre mot, gardait ce surnom et semblait y répondre. Désormais, on l’appelait ainsi. Ce nom signifiait « Lumière » en langue ancienne. Ce fut tout ce qui était venu à l’esprit du groupe lors de leur rencontre dans la forêt.

La petite elfe marchait lentement, avec des chaussons dépareillés et troués, aux abords du camp, emmitouflée dans ses couvertures. Sans parler, elle arborait toujours son halo de lumière dans ses mains qu’elle maintenait le plus possible fermées et plaquées contre elle. Chacun avait compris que son état résultait de ces « pouvoirs » qu’elle ne contrôlait pas.

Thélion, s’approcha d’elle avec sa monture prête. L’enfant leva la tête et regardait le guerrier, elle serra encore plus fortement ses mains contre elle, l’air triste.

« Ne t’inquiètes pas, je sais que tu ne l’as pas fait exprès.» sourit-il en montrant son bras presque guérit.

La fillette baissa les yeux et desserra un peu l’étreinte.

« Regardes ! Tu vas monter dessus ! Elle est douce tu verras.» reprit-il en montrant la panthère.

 La fillette contempla la bête, et vit Thélion s’accroupir à sa hauteur. Elle grimaça, ferma les yeux et leva les mains le plus haut qu’elle put. Le guerrier la prit par la taille et la souleva, telle une plume pour la mettre sur sa monture.

« Très bien comme technique Ujaali ! » fit-il en lui passant la main maladroitement dans ses cheveux ébouriffés.

« On t’emmène en sécurité et on te soignera.» lui dit-il en se frottant les mains qui commençaient déjà à refroidir dangereusement.

Elle le fixa de ses yeux clairs, esquissant un léger sourire, puis baissa la tête le regard dans le vide, prête à partir.

Le voyage dura plusieurs jours, il fallait se rendre au nord de la région pour prendre le passage sous les montagnes. Leur objectif, Havrenuit. Connaissant parfaitement la région, l’escouade prendrait des raccourcis.

Le petit groupe préféra voyager de jour, cachant ainsi plus facilement le « rayonnement » d’Ujaali, et afin surtout, de ne pas attirer l’attention des gobelins de la clairière d’Arbrefer. Ces choses l’auraient facilement capturée pour des expériences... ou encore, la revendre on ne sait-où.

Ils faisaient des camps très simples, comme lors de leurs missions. Un feu caché et des tours de garde. L’enfant, ne dormait presque pas, restant silencieuse et fixant les flammes.

Avec Dylnn, elle montrait une de ses mains lumineuses, lui faisait de même. Il pouvait canaliser son froid et connaissait une autre forme de lumière... magique aussi mais différente. Ils se prenaient les mains souvent en se regardant, l’elfe espérait ainsi qu’elle prenne confiance pour parler enfin. Elle souriait lors de certaines absorptions en retirant ses mains et s’en grattant la paume. Le froid et la force des pouvoirs de Dylnn provoquaient des chatouilles à l’enfant.

Thélion parlait. Il parlait beaucoup. La fillette s’allongeait et l’écoutait. Il racontait plein d’histoires différentes, tantôt des légendes, tantôt des missions.

Lors d’une pause, Níniel l’emmena plus avant dans la forêt, toujours à la vue des deux hommes elfes. Entre les arbres, un loup voguait reniflant le sol. La chasseresse regarda Ujaali et en souriant mit son index sur sa bouche.

« Chut, reste là.» fit-elle en un clin d’œil.

L’enfant s’accroupit derrière un buisson et suivait des yeux l’elfe aux cheveux verts à travers les branches. La chasseresse s’approcha au plus près de l’animal. Ce dernier releva la tête et la fixa, les oreilles dressés. Níniel lui parla, chuchotant presque, en Darnassien. Elle communiquait avec lui. Le loup sauvage huma l’air et se rapprocha lentement, tête en bas en guise de soumission.

L’enfant se releva et vint doucement elle aussi vers la chasseresse qui lui fit signe. Le loup s’asseyait et se laissait caresser monnayant toutefois quelques sucreries que la femme-elfe ne manquait jamais d’avoir sur elle. La petite, visiblement épatée par l’exploit, caressa le loup et souriait à la chasseresse.

Thélion leur fit comprendre que c’était l’heure de lever le camp. Níniel acquiesça et prit Ujaali dans ses bras. L’enfant gardait ses mains fermées tandis que la chasseresse prononça quelques paroles au loup. Ce dernier tourna les talons tranquillement, se retourna une dernière fois vers les elfes, avant de disparaître dans l’épaisse forêt.

Ils arrivèrent chez les Grumegueules du Nord, des Furbolgs paisibles. Ces derniers leur libérèrent l’accès au passage sous-terrain.

Dans la grotte, une de ces bêtes humanoïdes bizarres sortie d’un recoin d’un pas pressé. La fillette sursauta et poussa un cri en le voyant. Prenant peur, Ujaali émana un vent glacé tout autour d’elle faisant déguerpir la bête aussi vite qu’elle était apparue, mais avec la truffe congelée. Le trio de gardiens fut étonné de voir ce type de réaction et surtout de ce pouvoir. Ils étaient frigorifiés !

Après avoir rassuré l’enfant et expliqué aux Grumegueules, qui s’agglutinaient autour d’eux en signe de désapprobation, que ce n’était qu’un accident, Dylnn tint la main d’Ujaali jusqu’à la sortie de la caverne. Ils marchèrent décidés, pour sortir le plus vite possible de cet endroit.

Une journée de marche plus tard, il fallait au moins ça pour traverser le souterrain, s’étendait à l’horizon un immense lac argenté et brumeux : le lac d’Elune’ara. L’enfant lâcha la main de Dylnn et fit quelques pas en courant vers le lac et s’arrêta net.

« C’est beau !! » s’écria Ujaali, le regard sillonnant le paysage scintillant.

Elle parlait enfin au bout d’une longue semaine, peut être une preuve d’une amélioration de son état ?

« Oui, répondit Thélion en ouvrant les bras pour montrer les environs, Bienvenue dans la vallée de Reflet de Lune !»

Ils échangèrent un sourire avant de repartir vers leur destination. Au loin, on pouvait apercevoir Havrenuit : le siège du Cercle Cénarien, qui attendait leur venue…

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