[BG-RP] Ujaali, une Elfe de la Nuit

Chapitre 8 : Mariage !

2749 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/10/2015 17:30

‘’De garde ce jour-là, le guerrier faisait ronde dans l’épaisse et féerique forêt d’Orneval. Il partit seul du camp d’Astranaar. Venant d’être promu Premier Éclaireur, il allait devoir se constituer une équipe digne de protéger les terres ancestrales des elfes.

Il aimait mûrir sa réflexion au calme, tout en étant aux aguets du moindre danger. Il parcourait un pan de forêt composé de quelques arbres de plus de deux mètres de diamètre aux racines profondes et de quelques buissons à baies, refuges privilégiés des animaux des sous-bois. A cette époque, Orneval était encore sûre, on pouvait aisément en parcourir les terres.

Il se mit à genou devant un ruisseau pour y remplir sa gourde d’eau claire. Les quelques oiseaux chantant s’arrêtèrent soudainement. Il stoppa son mouvement et releva la tête, pointant l’oreille vers le silence, méfiant. Il entendit un fin sifflement, tel le vent se faufilant entre deux feuilles. Il connaissait très bien ce bruit. Par réflexe, il se mit à terre brusquement, se rattrapant avec ces mains dans l’eau. A ce moment, une flèche lui fila juste sur le sommet du crâne et se planta dans l’arbre derrière lui. Il lâcha sa gourde, et se releva en tirant l’épée. L’elfe se dirigea au pas de course vers la provenance du projectile, à l’affut d’un nouveau sifflement. De l’autre côté du ruisseau, il aperçu alors une ombre se faufiler dans les buissons. Il  traversa d’un bond et poursuivit la silhouette jusqu’à ce qu’il la perde de vue à l’approche de ruines abandonnées. Entièrement recouvertes d’une végétation riche, elles formaient une cachette parfaite ou le moindre son résonnait. L’elfe aux cheveux bleu nuit approcha doucement et entendit son agresseur respirer prestement. Ouvrant avec les mains le buisson face à lui, il la vit ! Une magnifique elfe aux longs cheveux vert pâle, son regard vert comme les feuilles d’arbres était fuyant. Elle portait un arc sur le dos.

- Ne crains rien ! lui dit le guerrier

La belle elfe tenta de s’enfuir.

- Non attends ! lança-t-il en commençant à se relever.

Elle se dirigea vers l’ancien temple des ruines de Chimétoile, de là, elle pourrait grimper à un arbre majestueux et regagner la forêt. Elle fit mine de lui lancer une autre flèche en courant. Il s’abaissa et la vit contourner le lac Iris. Celui-ci embaumait l’espace d’une lumière bleutée, rehaussant le vert de ses cheveux virevoltants dans les airs. Il la poursuivit, rangeant son arme, jamais il ne ferait de mal à une femme, mais il ne laisserait pas son agresseur lui échapper. A l’entrée des ruines du temple, un loup grognant, sortit de nulle part, lui sauta dessus et l’obligea à se mettre au sol. Il s’en dégagea tant bien que mal lui retenant tantôt les pattes manquant de les lui casser et tantôt la gueule qui se refermait douloureusement sur ses gants en côte de maille. Dans un dernier assaut, le loup reçu un coup de poing sur la truffe. Il couina et recula en se la frottant avec sa patte. L’elfe se releva aussitôt et à sa surprise, fut entouré d’une meute : loup, sabre-de-givre, un hibou et même un ourson.

- Mais… qu’est-ce que… Chasseresse ! Appelles les tiens ! Je ne te veux aucun mal ! Juste savoir pourquoi et par qui j’ai failli me faire tuer !

Il montra ses mains, paume ouverte vers les animaux. La belle réapparue, se laissant tomber du haut d’un arbre. Ses compagnons, dressés, se placèrent derrière elle. Elle caressa le loup qui remua la queue, le coup ne l’ayant visiblement pas blessé. Le guerrier avança d’un pas et le loup changea subitement de comportement, grognant dans sa direction. D’un geste de la main de l’elfe, le loup baissa la tête.

- Vous lui avez fait mal !

- Il m’a attaqué en premier ! Non... Vous ! Vous m’avez attaqué ! Fit l’homme en croisant les bras.

- Pardonnez-moi ! Je m’entrainais…

- En tirant sur les gens ?!

La femme ressortit son arc et le pointa sur lui.

- Je vous avais prit pour un animal. Et puis, si je n’avais pas besoin d’entrainement, je vous aurez eu !

L’elfe se jeta un œil à lui-même, visiblement amusé, il ouvrit ses bras et montra ses oreilles et son armure.

- Un animal hein ?

La femme fit la moue et plissa les yeux.

- Je pense en effet que vous avez besoin d’entrainement.

- Vous n’êtes pas drôle !

- Vous pourriez juste être désolée.

- Je me suis déjà excusée... Grimaça-t-elle.

L’homme lui montra son arc toujours pointé sur lui. La méfiance passant, elle l’abaissa.

- Vous n’êtes pas d’Astranaar, votre accent…

- Non.

Il restait là, à l’observer, telle une nymphe sortie de nulle part… Etait-ce un coup de foudre ? Certainement. Ses compagnons s’approchèrent et le reniflèrent, seul le hibou resta perché sur l’arbre, surveillant les alentours.

- Je m’appelle Níniel !

- Oh…euh… Moi c’est Thélion ! ‘’

Cette rencontre, ils s’en rappelaient tous deux très bien. Ils en étaient loin aujourd’hui, beaucoup de chose avaient changées, mais pas leurs sentiments gardés si longtemps secrets. Après cela, Thélion l’intégra dans son équipe. Elle s’entraina de longues heures durant. Partis pour Gangrebois, elle laissa ses animaux en liberté en Orneval, là où ils ne risquaient pas d’être infestés par la peste.

La veille du mariage, la chasseresse raconta cette histoire à Ujaali, qui s’endormie vers d’autres rêves plus légers que d’ordinaire. Jusqu’à tard dans la nuit, Níniel  fabriquait, cousait et brodait sur divers tissus de couleur clair, repensant à cette rencontre. Comme le voulait la coutume ancestrale des Elfes de la Nuit, la robe de la mariée doit être conçue uniquement la veille, et seulement par la mariée et les femmes de la famille. Sa mère n’étant plus là et n’ayant pas de sœur, Níniel  devait la confectionner elle-même. Ujaali l’avait observé tout l’après-midi, tentant de reproduire certains motifs, particulièrement le symbole elfique de la lune et de la terre, sur sa petite robe de couleur. La fillette se rendit compte qu’elle avait déjà cousu, mais impossible de se rappeler comment, pourquoi et avec qui.

Sur les manches, Níniel préférait les motifs de fleur type sauge d’argent ou lys des neiges. Sur le torse, elle broda les racines tortueuses d’un arbre au niveau des hanches pour finir en feuillage fin au niveau de la poitrine. Le feuillage est aussi brodé sur tout le dos tel un saule pleureur et millénaire.

Les tissus de la robe étaient en étoffe lunaire, fabriqués par les prêtresses-couturières du temple. Les étoffes lunaires les plus puissantes sont celles confectionnées à partir de tissus corrompus, notamment pour habiller de grandes prêtresses. Les soirs de pleine lune, les couturières se rendaient au milieu de la forêt dans un puits de lumière. Ce puits recevait la lumière de la lune et des étoiles. Les elfes s’asseyaient à l’intérieur du puits et tissaient toute la nuit en proférant de doux chants aux propriétés magiques. Chaque fil semblait s’imprégner de la luisance de la lune, donnant à l’étoffe de nombreux reflets blanc et argent. Une fois terminées, les bouts de tissus étaient trempés dans l’eau du puits jusqu’à la nouvelle lune. Lors des nuits entièrement noires, les prêtresses récupéraient, essoraient et étendaient les étoffes brillantes.

Lorsqu’un mariage était annoncé, les prêtresses-couturières rendaient visite à la future mariée pour lui proposer ces tissus, symboles de pureté. Níniel en avait prit quelques pans qu’elle mêlait avec des étoffes en soie blanche.

...

Les chants elfiques commencèrent tôt le matin pour accompagner la préparation des mariés. Des louanges en Darnassien, mystérieux et anciens, souhaitaient un avenir heureux et protecteur. Níniel et Thélion partirent en forêt aux aurores, chacun de leur côté et sans se voir, avec une druidesse afin de communier avec les arbres, l’eau et la terre. Le contact avec la nature était essentiel, particulièrement pour un jour comme celui-ci qui symbolise une nouvelle vie et une nouvelle âme.

C’était dans une clairière que la cérémonie se déroulerait. L’autel avait été fait tout spécialement pour eux par Ujaali, aidée de Valustraa. Elles avaient emprisonné de l’eau de rivière pour en former un piédestal de glace, celui-ci contenait un arbrisseau... L’arbrisseau de son entrainement enfin réussi. L’autel scintillait de ses cristaux et miroitait la lumière du soleil. Idril avait aidé les jeunes prêtresses à la décoration des arbres. Elles lui passaient guirlandes de fleurs et étoffes fines, qu’il accrochait aux branches les plus solides. Faisant régulièrement des blagues et mine de tomber de l’arbre, les jeunes elfes riaient.

Níniel fut amenée devant la grande Prêtresse et Thélion. Elle arpenta le sol pieds nus au bras de son grand-frère. Ujaali et Idril tenaient les livres sacrés et les compagnons de la chasseresse fermaient la marche avec de nombreux autres animaux de la forêt : louveteaux, petites panthères et phalènes. La chasseresse portait fièrement sa robe longue ornée d’une ceinture en soie verte claire soulignant sa taille élancée. Ses cheveux défaits et ondulés, allant de paire avec les broderies de feuillage, étaient rehaussés de petites fleurs blanches à cinq pétales et de perles de nacre. Thélion, quant à lui portait un danghi cérémonial bleu nuit, qui appartenait à son père, et une épée d’apparat pour rappeler son statut de guerrier. Sur le torse, il portait un poitrail en acier fin décoré du symbole de la lune et de la terre. Ses cheveux étaient tirés en arrière et bloquaient un bijou de tête sur son front.

La cérémonie débuta alors sur la lecture des livres par les mariés en darnassien. Des danses théâtrales des apprenties de la Reine, accompagnaient le récit et permettaient de suivre l’histoire. Cela racontait des légendes ancestrales sur le fondement et l’accomplissement des âmes. D’autres, étaient des poèmes anciens procurant bonheur et unité dans le couple. Comme le veut la coutume, Thélion et Níniel plantèrent ensemble un Onulorm (ressemblant à un olivier), arbre plurimillénaire symbole de longévité. Ils choisirent le lieu, Thélion creusa avec ses mains pour que Níniel puisse poser la graine germée. Ils recouvrirent la graine ensemble en prononçant quelques mots, répétés par la grande Prêtresse.

- Dans 100 ans, les enfants pourront se cacher dans ses épaisses racines. Fit Thélion en embrassant sa femme souriante sur le front.

La procession se finit lorsque les tambours entreprenaient leur air accompagnés de flûtes des bois et de chants. La fête prit alors son cours, tous les observateurs vinrent féliciter les mariés. La Reine en personne leur a adressé quelques mots. Les percussions s’affolaient et tout le monde se mit à danser.

Idril courrait de part et d’autre, embêtant une des jeunes danseuses, dansant ensemble mais également Ujaali en lui accrochant sa tunique bleue claire à divers chaises et tables. Il y avait tellement de ruban sur sa robe, c’était trop tentant. Mais au bout d’un moment, la jeune elfe réussit à le surprendre et lui attraper la main, ce qui lui valut de l’avoir congelée pendant une bonne heure.

La petite elfe le regardait en se moquant, jusqu’à ce que son regard fut attiré par l’autel de glace. Il scintillait. Elle avait l’impression d’entendre une voix, … éloignée, sombre.

- Tu as entendu ?

- Non, de quoi ? Fit-il en secouant sa main.

Elle montra un doigt dans les airs, elle entendit un chuchotement.

- Ça ! 

L’humain tendit l’oreille.

- La musique ?! Ria-t-il.

Ujaali soupira et s’approcha de l’autel.

- On dirait que ça vient de là.

Elle se pencha sur la glace et y posa les mains. Idril l’observait, perplexe.

- Papa ? murmura-t-elle.

La voix continuait mais restait indéchiffrable, elle s’approcha encore plus, la fête résonnant toujours à l’arrière.

- L’autel te parle ? Tu as trop abusé du rhum aux raisins non ?

- Chut ! J’écoute...

- Al...

- Quoi ? Fit la jeune elfe en collant son oreille sur la glace.

- Alassëaa !!!

Surprise, Ujaali recula d’un bond, les larmes aux yeux. Idril se pencha sur elle. Níniel qui avait vu la scène vint vers eux, intriguée.

- Ujaa ? Qu’est-ce que vous faites tous les deux ?

- Mon nom …. Je me souviens ! … Je me souviens !!!

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