[BG-RP] Ujaali, une Elfe de la Nuit

Chapitre 9 : Retour au passé

1787 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/10/2015 22:40

L’arbre-maison où Ujaali avait passé les premières années de sa vie était belle, en plein cœur d’un chêne millénaire. Les racines épaisses servaient à joindre un niveau à l’autre. L’arbre fut creusé, de la même manière qu’une grotte par l’eau, pour y accueillir les différentes pièces à vivre. Plus l’arbre grandissait, plus la maison s’élevait vers le ciel. Des oiseaux venaient chaque année nicher dans les nombreux creux tortueux du bois à l’abri de la pluie et des nuits fraiches.

La fillette se rappelait qu’elle se cachait souvent derrière les meubles, se racontant des histoires, ou encore qu’elle tentait d’approcher lentement les nids afin d’y percevoir quelques oisillons, si discrets et si fragiles.

La maison était sombre ces derniers temps, les bougies n’étaient allumées que rarement. Le chêne était en pleine croissance du printemps et arborait d’immenses feuilles filtrant la lumière. Une grande elfe aux cheveux bleus clairs soupirait faiblement dans son lit. Un mal inconnu progressait en elle depuis quelques jours, comme un maléfice. Elle, pourtant si forte d’habitude, Ujaali se rappelait ainsi de sa mère. Elle avait perdu l’usage de ses jambes, ne mangeait plus, ne souriait plus… Certains membres du village disaient que c’était l’œuvre d’un démon, d’autres des Dieux…

C’est avec une pâle clarté baignant son visage, blottie dans de profonds et lourds coussins qu’elle s’adressa à Ujaali.

- Tu devras être forte… prendre soin de ceux qui t’entourent. … N’en veux à personne de ce qui m’arrive… surtout…

L’enfant la regardait suspendue à ses lèvres.

- … Alassëa… j’ai un jeu pour toi… La légende de la montagne enneigée que je t’ai si souvent contée, est vraie. Cela fait partie de notre famille, chaque femme-elfe doit un jour s’y rendre… Maintenant, c’est à ton tour. C’est très important, promets-moi que tu t’y rendras.

- Oui mère, … je vous le promets…

Elle ne pu s’empêcher de monter sur le lit et de serrer l’elfe

- Ne partez pas !

- Prends soin de ton père Alassëa… il aura besoin de toi, quoi qu’il en dise. Lui chuchota-t-elle.

- Mais, je ne sais pas où il est... Il n’est toujours pas revenu. Pourquoi ?

L’elfe grimaça douloureusement.

- Il a changé. Et il va changer. Occupe-toi de lui.

- Maman.

La fillette se blottit contre sa mère. Lorsqu’elle se releva, sa mère dormait, pour toujours.

...

Le bûcher aux flammes couleur d’or et de rubis emportait l’âme de la défunte vers de vastes forêts magiques, où chaque âme devenait un nouvel être : arbre, animal, eau…

En penchant la torche pour allumer le bûcher, Ujaali pleurait mais restait la plus sérieuse possible. Tout le village était là. Son père arriva, visiblement très fatigué par un long voyage et aida la main de sa fille à accomplir le rite.

Les jours qui suivirent semblaient vides. Son père restait inconsolable et distant. De chagrin et à la moindre incartade, tout était prétexte à disputer Alassëa.

Un matin, ils partirent se promener tous les deux dans une prairie baignée de rivières. La fillette décida alors d’écouter les dernières paroles de sa mère : aller sur la montagne enneigée… Cette même montagne lui semblait-il était celle qu’elle voyait au loin dans l’horizon. Son père endormi, elle, prit le sac de provisions et s’enfuit.

Au beau milieu de la neige, harassée par cette marche interminable, la petite elfe était guidée par les histoires de sa mère. Impossible de dire combien de jours s’étaient écoulés depuis sa fugue. En revanche, elle se rappelait des sentiers empruntés par le héro, des crevasses à éviter et des repères tels que le rocher d’argent ou encore le lotus doré au sommet d’une colline.

Elle grimpait sur le versant, la robe se déchirait par endroit, s’accrochant aux rochers coupants ou aux buissons piquants. Une fois sur la crête, elle aperçu enfin l’entrée d’une caverne en contre-bas. Comme dans ses songes, elle entendait son père l’appeler au loin. Depuis son point de vue, elle voyait de vastes prairies semi-enneigées. De temps en temps, un point noir sur la neige bougeait. Son père ? Un animal ? Pas évident, mais ce qui était sûr c’est que le son de sa voix montait jusqu’à elle. Refusant de se faire gronder pour rien, Ujaali voulu poursuivre jusqu’au bout. Elle entra dans la grotte, observait les cristaux suspendus de tous les côtés et la pierre… Cette magnifique pierre…

Un bruit de glace brisée résonnait dans toute la caverne lorsqu’elle l’effleura de sa petite main. Le froid l’emplie complètement… la pierre lui transmettait toute son énergie dans un vent tournoyant autour d’elle avant d’imploser en lumière éclatante. Alassëa se réveilla au beau milieu de la caverne, tout avait disparu. Elle avait froid…

Le retour au village demeure flou, comme transportée dans un rêve, elle ne ressentait ni douleur, ni impatience. Son père l’avait-il retrouvée et ramenée ? Aucune idée pour l’instant, mais ce qui était sûr, c’est qu’à son réveil, le village était en feu.

Tout le monde semblait être partit, elle arpentait en courant les rues et appelait son père. Il ne répondit pas… Dans un angle entre deux arbres-maisons elle vit un elfe gisant sur le sol. En s’approchant de lui, elle remarqua son corps complètement déchiré, comme d’immenses griffes. De frayeur, elle recula et sentit une baisse de lumière soudaine, une ombre passait au-dessus d’elle. Elle aperçu alors ce dragon… La pièce manquante de l’histoire.

Elle courrait, tombait puis se retrouva face à lui… La créature sur son dos…. Un orc sans nul doute, des dents légèrement proéminentes, mais surtout massif comme un ours et un regard cruel et froid.

Le Dragon souffla…

Ujaali se leva subitement de sa méditation ne pouvant aller plus avant. Sa respiration était saccadée, essoufflée, la peur l’avait gagné à nouveau… Auprès d’elle, Valustraa ne l’avait pas quitté. Ujaali avait souhaité elle-même recommencer la stase, le lendemain du mariage.

La grande mage émue aux larmes cherchait ses mots. Cette enfant était bien plus qu’une simple orpheline… Un grand pouvoir semblait toucher les femmes elfes de la famille… quel était donc le don de la mère ? Quel était ce maléfice ? Une attaque de ce genre ne passe pas inaperçu… Une guerre était peut être en train de se préparer…

- Je dois y retourner.

- Pas aujourd’hui. C’est déjà un GRAND pas. Insista la maître.

- Mais, je dois savoir... ma mère... Et mon père, il doit être encore en vie... Je l’ai abandonné.

La fillette commença à fondre en larme.

- Ça viendra mon enfant... Laisse-toi le temps d’encaisser tout ça.

Elle se releva et força Ujaali à faire de même en lui tirant les mains.

- J’irai à la bibliothèque et me renseigner auprès de gens compétents afin de savoir quand est-ce que l’on a vu un dragon attaquer kalimdor pour la dernière fois…

- Surement, si ce n’est pas mon imagination.

- J’en doute. Tes cauchemars et cette stase semble recoller les morceaux. Je vais faire quelques recherches. Cela aidera peut être à mieux se rappeler de ton passé et aussi d’où tu viens. En attendant, bois ceci, et vas te reposer.

Elle lui tendit une tasse remplie d’un breuvage composé de plantes apaisantes et somnolentes. Ujaali le bu et grimaça, c’était amer, mais chaud.

- Idril va te ramener. Fit Valustraa en donnant un œil en haut de l’arbre.

Le jeune homme fit la moue et resta figé.

- Allez, descends de là petit singe ! Tu as cru que tu passerais inaperçu  pendant combien de temps ? Sourit la mage.

Idril descendit de l’arbre et gardait la tête basse, gêné.

- Pardon madame. Viens Ujaa.

Il la prit par le bras et se retourna rapidement pour éviter le regard de Valustraa. La mage et son apprentie se regardèrent amusées.

Laisser un commentaire ?