Jonah
Chapitre 7 : Un nouveau petit cœur dans cette famille
3357 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 04/10/2025 03:10
Quelques semaines plus tard, un doux samedi après-midi, la maison d’Andréa débordait de vie. Les rires fusaient, les voix se croisaient dans un ballet joyeux, ponctué d’éclats d’enfants et de conversations animées.
Carlos, tenait la main de Jonah, figé sur le seuil de la porte. Le petit garçon gardait le visage à moitié enfoui dans le creux de son bras, les yeux fuyants.
À l’intérieur, plusieurs personnes occupaient le salon : des adultes aux voix sonores, des enfants courant en tous sens. Un brouhaha chaleureux mais intimidant.
— Ça va aller, mon cœur, souffla doucement TK en s’accroupissant à sa hauteur. Si tu veux, tu peux rester tout contre nous, d’accord ?
Jonah hocha la tête sans répondre, son regard glissant prudemment autour de lui.
Deux femmes s’approchèrent alors, les yeux brillants d’une émotion contenue. Elles s’arrêtèrent doucement à hauteur de l’enfant, sans gestes brusques, avec cette délicatesse propre à ceux qui savent attendre.
— Hola Jonah ! chantonna la première, un sourire large et doux éclairant son visage.
Jonah recula d’un pas et se réfugia aussitôt contre la jambe de Carlos.
— Il est un peu timide, murmura ce dernier, une main rassurante posée sur sa tête.
— C’est bien normal, répondit la deuxième en s’accroupissant, ses mains posées calmement sur ses genoux. Il y a beaucoup de monde aujourd’hui, hein ? Moi, je m’appelle Isabella. Et elle, c’est Maria. On est les grandes sœurs de ton papa Carlos.
Maria s’accroupit à son tour, son regard pétri d’une tendresse retenue.
— On est très heureuses de te rencontrer, tu sais. Depuis que ton papa nous a parlé de toi, on compte les jours.
Jonah les observait sans un mot, sa joue pressée contre la hanche de Carlos, ses petits doigts agrippés au tissu de son pantalon comme à une bouée.
— Abuela m’a dit que tu aimais les biscuits… c’est vrai ? demanda Isabella, la voix teintée d’un espoir discret.
Jonah hocha la tête sans un mot.
— Eh bien, poursuivit-elle avec un clin d’œil, je connais d’autres enfants ici qui les adorent aussi.
Jonah leva les yeux, intrigué. Son regard glissa vers la porte-patio, où une bande d’enfants jouait dans la cour. Il aperçut un ballon, des rires, des pieds nus dans l’herbe. Gêné, il se sera encore plus contre son papa.
Andréa arriva juste à ce moment-là, attentive à tout.
— Hola mamá, lança Carlos en lui souriant.
— Hola, mi amor, répondit-elle avec douceur.
Elle se pencha, ses yeux lumineux se posant sur Jonah.
— Bonjour, mon trésor…
Un frémissement parcourut le petit garçon, puis ses bras se tendirent vers elle.
Le visage d’Andréa s’éclaira. Elle le prit dans ses bras avec cette chaleur innée qu’ont les grands-mères, une tendresse enveloppante. Jonah se lova contre elle, tout son petit corps se détendant enfin.
— Tu es si courageux, mon petit cœur, murmura-t-elle en lui caressant le dos. C’est impressionnant, tout ce monde, hein ? Mais regarde, tout le monde est si heureux que tu sois là.
Jonah enfouit son visage dans son cou, en silence.
Elle embrassa tendrement ses cheveux, puis tourna la tête vers Carlos :
— Il me rappelle toi, quand tu étais petit. Toujours en train de te cacher derrière mes jupes quand il y avait trop de monde à la maison.
Carlos esquissa un sourire, un peu ému.
Jonah leva les yeux vers la cour. Les rires d’enfants résonnaient comme une mélodie vivante. Ils couraient autour d’un petit but improvisé avec deux cônes orange, criaient en espagnol, faisaient des roulades dans l’herbe. Une vraie fête de cousins.
— Tu veux aller voir les enfants ? proposa Andréa. On peut juste regarder, si tu veux, depuis la fenêtre.
Jonah acquiesça d’un petit signe de tête. Andréa le porta jusqu’à la porte-patio. Ensemble, ils regardèrent le joyeux tumulte. Un garçon fit une pirouette, un autre brandit un ballon comme un trophée. Un sourire timide apparut enfin sur les lèvres de Jonah.
— Tu sais, ils ont très hâte de jouer avec toi, ajouta doucement Andréa.
— Tu veux aller leur dire bonjour ? demanda TK, posant une main rassurante dans son dos.
Après une longue seconde de silence, Jonah souffla :
— Juste si papa vient avec moi.
Carlos le souleva dans ses bras et ouvrit la porte-patio. À leur vue, les enfants s’approchèrent aussitôt.
— Tio Carlos, c’est lui Jonah ? s’écria une fillette aux boucles noires.
— Hola ! Ven a jugar con nosotros ( Tu viens jouer avec nous)! lança un autre.
— Juan ! Maman dit qu’il ne parle pas espagnol, rappela une autre petite fille.
Jonah s’agrippa à Carlos, les bras noués autour de son cou, le visage enfoui dans son épaule. Il n’osait pas regarder, mais son oreille tendue trahissait sa curiosité.
Carlos adressa un sourire rassurant à ses neveux et nièces.
— Voici Jonah. Il est juste un peu timide.
Les enfants le dévisagèrent avec curiosité. Carlos pencha la tête vers son fils :
— Tu veux que je te les présente ?
Jonah hocha à peine la tête, toujours blotti contre lui.
— Là, c’est Manolo, dit-il en pointant un garçon trapu aux lunettes rouges. Il adore les dinosaures.
Manolo leva timidement la main pour saluer.
— Elle, c’est Camila. Elle a six ans et elle chante tout le temps.
Camila gloussa et se cacha derrière son frère.
— Lui, c’est Juan. Il ta demander si tu voulais jouer avec eux. Tu sais… il court plus vite que tout le monde ici… sauf moi.
— Pas vrai ! protesta Juan en riant. ¡Soy más rápido que tú, tío Carlos ! ( Je suis plus rapide que toi, oncle Carlos)
Carlos leva les yeux au ciel en souriant.
— Et voici Lucía. C’est la plus grande. Elle prend soin de tout le monde, surtout quand quelqu’un est triste.
Lucía s’approcha doucement.
— Salut Jonah… Tu sais, dans le carré de sable, on a plein de petites voitures. Même une voiture de police… comme celle de ton papa.
Jonah desserra un peu ses bras. Ses yeux se levèrent vers Carlos.
— C’est vrai ? chuchota-t-il.
— C’est vrai, mi amor. Tu veux aller voir ?
Il hésita. Puis hocha doucement la tête. Carlos le déposa lentement au sol. Jonah ne lâcha pas sa main, mais avança, petit pas après petit pas, jusqu’à Lucía.
— Viens, je vais te montrer. Abuela a même acheté une ambulance, confia-t-elle.
À ces mots, Jonah relâcha enfin la main de son père et s’accroupit près d’elle. Ses yeux brillèrent. Il saisit l’ambulance.
— Comme celle à la caserne, murmura-t-il.
Lucía lui sourit.
Carlos resta là, en retrait, les mains dans les poches, le cœur gonflé. Jonah, accroupi dans le sable, tenait une petite voiture. Les autres enfants commencèrent à se regrouper autour de lui.
— ¿Quieres jugar con nosotros ? lança Manolo en tendant une pelle.
Jonah fronça les sourcils, tentant de comprendre.
— Il veut savoir si tu veux jouer, traduisit Camila.
— Oui… répondit-il tout bas.
Les enfants s’exclamèrent de joie. Juan l’invita à se lever, Camila lui tendit une autre voiture.
— Mira, fit Lucía. C’est la voiture de police de tío Carlos. On va faire la course.
Jonah rit doucement, les barrières s’effaçant peu à peu. Il lança sa voiture sur une piste improvisée.
— Très bien, amigo! s’écria Juan avec un clin d’œil.
Quelques minutes plus tard, Carlos s’approcha et s’accroupit doucement.
— Hé, mi amor. Ça va ?
Jonah leva vers lui un visage éclairé d’un sourire discret, les joues roses de joie.
— Oui.
Carlos lui caressa les cheveux.
— Tu veux que je reste ou… je peux aller un peu avec les grands ?
Jonah regarda autour de lui. Lucía lui adressa un clin d’œil. Juan faisait rouler une voiture sur une butte de sable.
Après un moment de réflexion, Jonah hocha la tête.
— Tu peux y aller, papa.
— Tu viens me chercher si t’as besoin ? Je ne part pas sans toi. Promis.
— No te preocupes, tío Carlos. Yo me encargaré de él.( Ne t'inquiète pas, oncle Carlos. Je m'occuperai de lui.)
Carlos sourit à Lucía.
— Lo sé bien… Gracias, mi querida. ( Je le sais bien… Merci, ma chéri).
Il s’éloigna du carré de sable et se dirigea vers la cuisine ouverte, où plusieurs membres de la famille s’affairaient déjà. Ses sœurs, Isabella et Maria, étaient en pleine discussion, riant et coupant des légumes.
— Hey, vous deux, lança Carlos en s’approchant, vous avez besoin d’un coup de main?
— Toujours, répondit Isabella en lui tendant un couteau. Tu sais bien qu’on manque toujours de bras pour préparer le repas.
Carlos attrapa le couteau et se mit à découper avec soin. TK arriva sur l’entrefaite avec un bol de salade.
— Alors, comment va Jonah? demanda-t-il en jetant un coup d’œil vers la porte patio.
— Ça va mieux. Il joue avec les autres, répondis Carlos.
— C’est bon à entendre, dit Isabella avec un sourire. Tu sais, il va vite s’habituer. Ici, on est comme une grande famille, et les enfants prennent soin les uns des autres.
Ils rirent tous les trois, l’atmosphère légère et chaleureuse.
Un peu plus tard, Andréa apparut dans l’encadrement de la porte, un large sourire aux lèvres, les bras encore saupoudrés de farine.
— ¡ ¡Niños, venid a comer! (Les enfants, venez manger) appela-t-elle d’une voix claire et joyeuse.
— On arrive! répondirent en chœur plusieurs petites voix depuis la cour.
Dans un joyeux vacarme de pas précipités et de rires essoufflés, les enfants se ruèrent vers la table. Les adultes, eux, commençaient à rassembler les chaises, déposant les derniers plats au centre de la grande nappe blanche, un peu gondolée par la brise.
Carlos rejoignit rapidement Jonah, qui leva les yeux vers lui avec un sourire radieux, encore teinté de sable et d’excitation.
— Tu viens manger, mi amor? demanda-t-il tendrement.
— Oui! répondit Jonah en trottinant vers lui, les joues rouges et les yeux brillants.
Le repas promettait d’être un autre moment précieux, tissé de rires, de complicité et de petites bouchées trop chaudes.
La grande tablée débordait d’assiettes colorées, de plats fumants et d’éclats de voix en deux langues. Le soleil perçait entre les branches du vieux chêne, parsemant les visages de taches de lumière. Les enfants s’étaient installés ensemble à l’une des extrémités, dans un mélange d’ordre et de chaos joyeux. Jonah, lui, s’était glissé tout naturellement entre Carlos et TK, encore un peu trop impressionné pour s’éloigner.
— T’as vu, y’avait une ambulance dans le sable! annonça-t-il fièrement, en se penchant vers TK.
— Une ambulance? Comme celle de Nancy et de Tommy, demanda ce dernier, les yeux pétillants.
Jonah hocha vigoureusement la tête, les mains agrippées à la nappe.
— ¡ ¡Manolo! ¡Toma una cuchara! ( Manolo ! prend une cuillère !), insista Maria en fronçant les sourcils, interceptant d’un regard le petit qui plongeait déjà les doigts dans le riz.
Manolo grimaça, mais obéit à contrecœur, ramassant sa cuillère comme si c’était une punition.
— ¿ ¿Dónde pusiste los vasos de los niños? ( Où as-tu mis les verres des enfants ?)lança Isabella, la tête dans l’armoire de la cuisine, ses bras déjà chargés d’assiettes colorées.
— ¡Aquí! répondit Andréa en tendant les verres un à un, ses gestes précis malgré le vacarme ambiant. Elle se pencha ensuite pour resservir Juan, qui tendait son assiette d’un air affamé.
— Mi corazón, chauffe un peu le lait, dit Maria à son mari, occupé à attacher la bavette de leur plus jeune, qui tapait déjà des pieds contre la chaise haute, réclamant sa part avec l’impatience des tout-petits.
Jonah, assis bien droit entre TK et Carlos, observait tout avec des yeux ronds, les jambes balançant doucement dans le vide. Il grignotait un morceau de tortilla, les joues déjà barbouillées de sauce tomate, un petit sourire collé aux lèvres. À sa droite, Camila lui tendit timidement un bol, ses boucles dansant autour de son visage.
— ¿Quieres más arroz ? demanda-t-elle tout doucement, comme si elle avait peur de parler trop fort.
Jonah la fixa sans répondre, les sourcils froncés dans une petite moue de concentration. Puis, il tourna la tête vers Carlos, les yeux en point d’interrogation.
Carlos se pencha vers lui et chuchota à son oreille, tout en lui effleurant doucement le dos :
— Elle te demande si tu veux plus de riz, mi amor.
Jonah hocha la tête, un sourire timide au coin des lèvres. Camila, ravie, lui versa une grosse cuillerée de riz fumant dans son assiette.
— Merci… marmonna-t-il du bout des lèvres, sans trop oser lever les yeux.
— Ici, on dit Gracias, expliqua Juan avec l’assurance d’un grand frère, les coudes plantés sur la table.
— Déjalo en paz, cariño, intervint Isabella en jetant un regard doux mais ferme à son fils. Jonás acaba de llegar a nuestra familia. ( Laisse-le tranquille, mon chéri », intervint Isabella en lançant à son fils un regard doux mais ferme. « Jonah vient de rejoindre notre famille. »)
Mais Jonah avait deja tourné la tête vers Camila et, dans un élan de courage, il murmura :
— Gracias.
Camila écarquilla les yeux, ravie, puis lui répondit aussitôt, les joues rosies de fierté :
— ¡De nada !
Carlos et TK échangèrent un regard attendri par-dessus la tête de Jonah. À la grande table, les conversations reprirent, rythmées par les tintements d’ustensiles, les mots lancés à la volée, et les éclats de rire des enfants qui, doucement, adoptaient Jonah comme l’un des leurs.
Carlos, près d’Andréa, échangait des plaisanteries avec ses sœurs, leurs rires complice se mêlant au brouhaha de la tablée.
Puis, au milieu de cette effervescence, le sourire d’Andréa se figea un instant. Elle baissa les yeux vers son assiette, comme prise dans un silence soudain.
Carlos posa une main douce sur son épaule.
— Tout va bien, mamá ? demanda-t-il doucement.
Andréa releva lentement la tête, ses yeux cherchant quelque chose dans le lointain, au-delà des rires et des voix.
— C’est juste… parfois, dans ces moments-là, je ressens tellement l’absence de Gabriel, murmura-t-elle, la voix voilée par une tendresse douloureuse. Il aurait adoré voir tous ces petits-enfants autour de la table.
Un silence complice s’installa autour d’elle. Les conversations baissèrent d’intensité, laissant place à cette émotion sincère.
— Gabriel aurait été si fier de voir la famille grandir comme ça, ajouta-t-elle, une larme furtive roulant sur sa joue avant qu’elle ne la chasse doucement du revers de la main.
Carlos serra sa main avec une tendresse infinie, tandis que TK lui adressait un sourire empli de compréhension et de soutien silencieux.
— Il n’est pas loin, abuela, murmura alors Jonah de sa petite voix timide, les yeux brillants. Il est tout près de nous, sur l’offrenda…
Le silence qui suivit fut chargé d’une douceur presque palpable. Andréa posa une main sur celle de Jonah, un sourire fragile illuminant son visage.
— C’est vrai, mon trésor… Il est là, parmi nous, toujours.
Un souffle léger sembla caresser la pièce, comme un murmure d’amour venu d’ailleurs. Le temps sembla suspendu un instant, enveloppant la grande tablée d’une tendresse silencieuse.
— Vous avez un fils merveilleux, souffla Isabella, la voix tremblante, en chassant doucement une larme qui roulait sur sa joue.
Les regards se croisèrent, complices et émus, unis par cet hommage silencieux à Gabriel.
La nuit s’était doucement installée, comme une couverture paisible sur le jardin. Au centre d’un cercle de chaises colorées, un feu de camp crépitait joyeusement, projetant des lueurs orangées qui dansaient sur les visages rieurs. L’air sentait le bois brûlé et la guimauve fondue.
Autour du feu, les enfants s’étaient regroupés, chacun tenant une longue brochette de bois. Ils faisaient griller des guimauves avec un mélange d’impatience et de fascination. Certains les faisaient flamber exprès, dans de grands éclats de rire, tandis que d’autres attendaient avec sérieux que la surface devienne dorée et croustillante.
Jonah, concentré comme un petit scientifique, tenait la sienne un peu trop loin des flammes. Il plissait les yeux, la langue légèrement sortie, comme s’il menait une mission spatiale. À ses côtés, Juan s’approcha, observant son manège avec un sourire amusé.
— Un peu plus proche, souffla Juan avec douceur.
Jonah obéit avec précaution, les sourcils froncés… mais à peine sa guimauve avait-elle frôlé les flammes qu’elle prit feu. Ses yeux s’écarquillèrent, ronds comme des billes.
— Il faut juste souffler ! expliqua Juan en s’approchant vite.
Il souffla d’un coup sec, éteignant la flamme avant que la guimauve ne tombe. Puis il ajouta fièrement :
— ¡Como un verdadero bombero! ( Comme un vrai pompier !)
Un petit rire s’échappa de Jonah, vite suivi des rires des adultes installés un peu plus loin. Les conversations allaient et venaient entre l’espagnol et le français, les voix se mêlant comme les branches dans le foyer.
— Il commence à s’intégrer, murmura Andréa à Carlos, ses yeux brillants d’émotion. On voit qu’il vous fait confiance, tous les deux.
Carlos suivit son regard. Jonah, les joues couvertes de sucre collant, croqua dans une guimauve dégoulinante avec un sourire de pur bonheur. Il se tortilla un peu pour mieux s’installer sur la chaise, les pieds dans le vide, les yeux brillant d’étoiles et de fatigue.
Un doux silence enveloppa la scène, ponctué par le crépitement apaisant du feu, les murmures des adultes et les rires étouffés des enfants.
Peu à peu, les plus jeunes commencèrent à bâiller, les gestes devenant plus lents, les voix plus discrètes. Camila s’était blottie sous une couverture à côté de Lucía, les paupières mi-closes. Juan, après une dernière tentative de rester debout, grimpa finalement sur les genoux de son père, le nez dans son chandail. Manolo, dormais déjà dans les bras de sa grand-mère.
Jonah résistait encore, frottant ses yeux du revers de la main… jusqu’à ce qu’il s’approche de Carlos en traînant un peu les pieds. Il leva les bras sans un mot, dans un geste familier et plein de confiance. Carlos le souleva aussitôt, le pressant tendrement contre son torse.
— Fatigué, mon cœur ? murmura-t-il.
Jonah hocha la tête, ses paupières déjà mi-closes, la tête posée contre l’épaule de son papa.
— C’était une belle journée… chuchota-t-il d’une voix presque endormie.
— Oui, très belle, répondit doucement TK en s’approchant pour déposer un baiser sur son front.
Jonah s’endormit presque aussitôt, bercé par la chaleur du feu et les battements rassurants du cœur de Carlos. Autour d’eux, les autres enfants s’endormaient un à un, lovés sur les genoux des grands, comme des chatons fatigués. La nuit veillait sur eux, paisible et douce, dans le scintillement des braises.