The Rescue's Hope

Chapitre 7

2141 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/10/2017 10:35

Quelque part, dans une atmosphère lugubre et pesante, quelqu’un frappa contre une grande porte de bois foncée à double battants. C’est une voix aussi masculine que puissante qui commanda d’un ton glacial :

–  Entrez.

Le visiteur s’y plia. Il tourna la poignée d’un geste assuré et entra dans une grande pièce noyée de pénombre. La lumière de l’extérieur pénétra à son tour et caressa timidement un grand trône bordeaux aux accoudoirs dorés.

–  Te voilà enfin, Hidejirô.

–  Comme promis, Monseigneur.

–  Qu’en est-il de Rukongai ?

–  Les Shinigami sont sur leurs gardes, mais ils ne se doutent de rien.

–  En es-tu certain ?

L’homme du nom de Hidejirô déglutit péniblement, une goutte de sueur dévalant sa tempe grisâtre.

–  Le problème reste le même, Monseigneur. Ils ont avec eux la Princesse du Seireitei.

–  En effet, c’est un problème. Avec elle dans leurs rangs, il nous est impossible de savoir précisément s’ils nous ont percés à jour, ou s’ils se sont définitivement laissé berner par notre jeu.

–  Nous ne le saurons que lorsque le moment sera venu.

–  Je partage entièrement ton point de vue, Hidejirô. Et cela arrivera bien plus vite qu’il n’y paraît.

***

–  Toi ? grogna Shûhei.

Au Seireitei, à la Soul Society, devant les portes de la prestigieuse Académie Shin’ô, un homme aux cheveux châtains et un garçon lui ressemblant étroitement se tournèrent vers le Vice-Capitaine de la Neuvième Division d’un commun accord.

–  Tiens, le petit-ami de Tsunata ! constata l’adulte. Comment allez-vous ?

Shûhei s’approcha dangereusement de lui et le saisit par le col de son kimono de bonne fortune.

–  Akio Yoshida ! siffla le ténébreux. Qu’est-ce que tu fais ici ?

–  Vous me voyez honoré d’avoir marqué votre esprit… (Il se pencha vers le bras de Shûhei et observa son blason.) Lieutenant de la Neuvième Division.

–  Tu te fous de moi, c’est ça ?

–  Pas le moins du monde, assura Akio en se dégageant. Essayez de vous contenir, je vous en conjure, tout le monde nous regarde.

Shûhei considéra les alentours. Effectivement, tout le monde n’avait d’yeux que pour eux. Au même moment, le Shinigami responsable d’assurer la sécurité lors des inscriptions les approcha.

–  Tout va bien, Vice-Capitaine Hisagi ?

–  Oui, ne vous en faites pas. J’aimerai seulement m’entretenir avec ces deux personnes en tête-à-tête.

Le Shinigami gratifia les deux frères d’un regard dubitatif avant de décréter :

–  Qu’il en soit ainsi.

Puis il partit. Akio jeta un regard noir à Shûhei, qui ne sembla pas s’en formaliser outre mesure. Bien au contraire, il les jaugea froidement en soufflant entre ses dents :

–  Vous deux, suivez-moi.

Sotaro, l’adolescent, serra ses poings si fort qu’il en fit pâlir ses jointures. Akio le remarqua, et lui fit un clin d’œil rassurant pour l’inciter à lui emboîter le pas. C’est ainsi que les trois hommes s’éloignèrent de la foule.

***

Dans les quartiers de la Troisième Division, tandis que la chaleur gagnait les dernières parcelles d’ombre, un grand « Boum ! » retentit. Izuru Kira, alerté, lâcha la pile de papiers qu’il avait en mains et s’empressa de se rendre là où le vacarme avait trouvé sa source.

Claquant la porte du bureau de son Capitaine d’une force suffisante pour la faire trembler plusieurs minutes, il s’écria :

–  Tsunata !

–  Hein ? Quoi ? sursauta celle-ci.

Elle ramena mécaniquement ses cheveux à leur place initiale et scruta son environnement d’un œil mal éveillé.

Izuru s’approcha d’elle et observa la marque rouge qui s’estompait progressivement sur son front. C’est cet endroit qu’il choisit pour lui administrer une pichenette, arrachant une grimace à la jeune femme.

–  Hé ! Qu’est-ce qui te prend, Izuru ?

–  N’essaies pas de faire l’innocente avec moi ! T’as encore passé la nuit ici, pas vrai ?

Massant son front endolori, l’accusée grogna :

–  Peut-être un petit peu, et alors ?

–  Comment peut-on passer « un petit peu » la nuit à travailler ? T’es tellement épuisée que t’en deviens incohérente !

–  C’est toi qui es incohérente, marmonna-t-elle en se rendormant.

–  Incohérent ! Je suis incohérent !

–  C’est bien de l’admettre, somnola-t-elle. Je suis fière de toi.

Izuru se plaqua la main sur le visage en soupirant, puis suscita un nouveau sursaut chez la jeune femme en l’attrapant par les épaules.

–  Tsunata, rentre chez toi.

–  J’ai encore du travail, je dois le terminer. Je n’ai pas le temps de me relaxer.

Le jeune homme contempla, éberlué, la montagne de dossiers empilés sur le côté gauche du bureau de Tsunata, ainsi que la dizaine de copies restantes sur sa droite.

–  Il ne te reste plus que ça ? s’enquit-il sous l’effet de la surprise.

–  Tu veux dire encore ça.

Le blond passa derrière le siège de son amie et la souleva.

–  Non, t’as très bien compris ce que j’ai voulu dire. Je peux me charger des dossiers qu’il te reste. En attendant, ménage-toi un peu.

–  Mais je vais très bien !

–  Hisagi m’a dit que ça faisait trois jours que tu ne rentrais chez toi que pour te laver.

–  Il exagère.

–  Tsunata…

–  Bon, très bien, je rentre ! s’offusqua-t-elle en s’éloignant. Prétexter connaître mon niveau de fatigue pour se débarrasser de moi, c’est vraiment mesquin, Izuru !

Puis, tandis que le Vice-Capitaine tassait les documents qui lui restaient à traiter, Tsunata percuta de plein fouet le chambranle de la porte dans un grognement douloureux qui arracha un gloussement au blond. Elle se tourna vivement vers lui, rouge comme une pivoine, et s’empressa d’ajouter :

–  Ça n’a absolument rien à voir avec ce que tu penses !

–  Mais oui, mais oui, ricana-t-il. Allez, file te coucher !

Elle le considéra de ses sourcils froncés et de sa joue gonflée, puis tourna les talons et emprunta la direction de ses appartements sous le regard amusé d’Izuru.

Lorsque son amie fut suffisamment loin, il observa avec fierté son travail accompli et soupira :

–  Ahhh, quelle tête de mule.

***

Quelques kilomètres plus loin, Shûhei, Akio et Sotaro s’arrêtèrent à l’abri des regards indiscrets. Là, le ténébreux se tourna à leur adresse et s’exprima d’un ton acerbe.

–  Je vous écoute. Qu’est-ce que vous foutez là, tous les deux ? C’est pour faire du mal à Tsunata, pas vrai ? Vous venez la persécuter au Seireitei ? T’as donc aucune limite dans ton délire malsain, Yoshida ?

–  Holà, calmez-vous, Hisagi-san, tempéra Akio. Même si j’aurai aimé voir ma petite-sœur, nous ne sommes pas venus pour elle, mais pour Sotaro.

–  Sotaro ?

Il gratifia l’adolescent d’un sourcil arqué. Akio opina du chef et poursuivit :

–  Je n’ai pas la prétention d’avoir les qualités requises pour postuler à Shin’ô, mais Sotaro, lui, possède une quantité de reiatsu impressionnante qui lui vaut depuis toujours de nombreux soucis à Rukongai.

–  Malheureusement, ce n’est pas le seul enfant dans ce cas, croisa les bras Shûhei dans une moue résignée.

–  Nous ne nous sommes pas compris : Sotaro est ce qu’on pourrait qualifier de génie, Hisagi-san. Tsunata ne m’a pas laissé le temps de lui expliquer, l’autre fois, mais je n’attendais pas d’argent de sa part. Je voulais simplement qu’elle lui laisse la chance d’entrer dans vos rangs.

Shûhei buffla, les mâchoires crispées :

–  Tsunata avait toutes les raisons du monde de ne pas t’écouter, Yoshida.

–  Oui, et bien plus encore que vous le croyez. La connaissant, elle ne vous a rien dit de plus que ce qu’elle estimait nécessaire sur mon compte. Je comprends la réaction de Tsunata, je la comprends même mieux que quiconque, et c’est pour cette raison que je m’en remets à vous. S’il vous plaît, accordez-nous cette faveur, laissez Sotaro passer le concours d’admission à l’Académie.

D’abord incrédule, le ténébreux les considéra l’un l’autre d’un air intéressé, puis décréta froidement :

–  Non.

Akio, sous le choc, ne parvint qu’à souffler un :

–  Quoi ?

–  Le fait que le Seireitei soit en situation de guerre contre les Kurotama ne vous a pas échappé, je suppose ?

–  Oui, avoua le châtain. Tout Rukongai est au courant.

–  Si cet enfant est aussi particulier que tu le prétends, ce n’est pas le concours d’admission à Shin’ô qu’il doit passer, mais celui des Treize Divisions. Ceux qui ont un talent inné peuvent se passer de la formation standard pour intégrer un poste immédiatement.

Sotaro, qui n’avait rien dit jusque là, demanda avec un scepticisme flagrant :

–  Ce n’est pas irresponsable de la part des Armées de la Cour de griller les étapes comme ça ?

Shûhei, plus impressionné par le fait d’entendre le son de sa voix que par ses propos en eux-mêmes, rétorqua de son air impassible :

–  Au risque de me répéter, la situation actuelle est critique, et c’est la procédure qu’on doit appliquer. Tsunata Nara a intégré le Gotei 13 de cette façon. Tu penses vraiment que cette décision du Capitaine-Général puisse être qualifiée d’irresponsable ?

L’adolescent s’étrangla tandis que les yeux de son aîné s’écarquillèrent.

–  Sérieusement ? sourit Akio. Elle est pas croyable !

Le Vice-Capitaine réduisit la distance entre eux deux et le toisa d’un air de défi.

–  Tu en doutais ?

Puis, reculant d’un pas, il soupira :

–  Malheureusement, je ne suis pas habilité à prendre ce genre de décision, et ma coéquipière ne l’était pas non plus.

–  Malheureusement ? reprit Sotaro. C’est drôle, j’avais pourtant l’impression qu’aucun de vous ne voulait nous aider.

–  Sotaro !

–  Tu te trompes, Yoshida-kun.

–  En êtes-vous sûr ?

Le ténébreux l’observa avec neutralité. Il dit par la suite :

–  Tsunata est une sacrée tête de mule, pas vrai, Yoshida ?

–  A qui le dites-vous !

–  Elle a essayé de se convaincre qu’elle ne te devait rien, mais c’est plus fort qu’elle. Si je décide de vous aider, c’est pour elle, pour qu’elle arrête de se torturer l’esprit en pensant à ce qu’elle pourrait faire pour vous deux.

Akio sourit discrètement ; Sotaro, quant à lui, défronça peu à peu les sourcils.

–  Je vais vous conduire vers la seule personne qui soit vraiment en mesure de vous aider.

–  Merci mille fois, Hisagi-san, sourit l’adulte.

–  Il n’y a aucun motif dans ma démarche qui nécessite tes remerciements, Yoshida. Si je vous tends la main, c’est uniquement parce que je ne supporte pas de voir ma coéquipière souffrir. Ce que je fais est purement égoïste, et ça s’arrête là.

–  Cette raison me convient parfaitement.

Shûhei tourna le dos d’une manière qui les incita à lui emboîter le pas. Son visage se détendit : Akio et Tsunata se ressemblaient bien plus qu’il ne le pensait, en fin de compte.




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