Tome 1 : La Louve des Braises
La lumière du feu dansait contre la toile de la tente, projetant sur les parois des ombres mouvantes, fines comme des silhouettes de serpents. Les flammes, nourries de résine, crépitaient doucement, emportant avec elles l’odeur chaude des épices brûlées. Au-dehors, la nuit s’était installée sur la Mer Dothrak, lourde, vaste, vivante. On entendait les hennissements lointains des étalons, le claquement métallique des clochettes tressées dans les cheveux des guerriers, et les cris gutturaux des cavaliers fêtant le passage du khalasar vers l’est. Daenerys Targaryen se tenait debout près du feu, frêle silhouette drapée d’un voile pâle. Sa peau de porcelaine contrastait violemment avec la poussière rouge qui montait du sol d’Essos et avec la noirceur presque animale du monde dothraki qui l’entourait désormais. Ses cheveux argentés retombaient sur ses épaules comme des filets de lune. Elle tremblait encore, malgré la chaleur, malgré le feu, malgré les heures passées à se dire que ce mariage n’était qu’un autre destin imposé. La vérité était là, brutale : elle n’était plus la princesse errante d’une maison disparue. Elle n’était plus l’ombre silencieuse suivant son frère à travers les cités libres. Elle était Khaleesi. L’épouse de Khal Drogo. La reine d’un peuple sauvage qu’elle ne comprenait pas encore. Et elle ne savait pas si elle survivrait à cette nuit… ou à cet homme. Un soupir discret glissa derrière elle. Doreah, sa camériste, approcha lentement. Elle était belle d’une beauté douce, presque irréelle sous la lueur du feu. Ses cheveux blonds miel ruisselaient sur ses épaules nues, son corps fin glissant sous une robe légère de soie crème. Elle se mouvait comme on respire, sans bruit, sans heurt, avec l’assurance d’une femme qui connaissait le monde. Ses doigts, délicats comme ceux d’une sculptrice, effleurèrent les longues mèches argentées de Daenerys.
« La peur n’est pas un défaut, Khaleesi… » murmura-t-elle, et sa voix était un velours tiède.
« Mais un cavalier ne laisse pas son cheval sentir sa crainte. »
Daenerys baissa aussitôt les yeux, honteuse, ses épaules frémissant sous un poids invisible. Dans la lumière tremblante, son visage semblait presque celui d’une enfant à qui on a arraché son dernier repère.
« Je ne veux plus subir… » confessa-t-elle dans un souffle, à peine plus qu’une prière.
« Je veux comprendre. Je veux… apprendre. »
Doreah sourit. Un sourire patient, tendre, enveloppant. Un sourire de femme à femme, pas de servante à reine.
« Alors ce soir… » dit-elle en glissant une main sur la joue de Daenerys, douce comme une mère apaisant un cauchemar.
« Je t’enseignerai comment une reine peut guider un roi. »
À cet instant, une ombre massive passa devant la tente, disloquant les motifs de lumière projetés par les flammes. Le brasero craqua, la toile vibra, comme si la nuit elle-même retenait son souffle. Jorah Mormont approchait. Le chevalier banni marchait lentement, son pas lourd mais assuré, telle une bête fatiguée qui aurait trop longtemps marché loin de sa montagne natale. Sa silhouette large se projetait en ombre chinoise sur la toile, énorme, presque monstrueuse : épaules massives, cou épais, mains qui semblaient façonnées pour briser des troncs autant que pour manier une épée. Son armure d’écailles, du cuir noirci, durci, patiné par les années et les batailles, tintait faiblement à chacun de ses pas. Certaines plaques étaient éraflées, fendillées ; d’autres avaient été rafistolées à la hâte, témoignant de mille combats menés loin de Westeros. On devinait encore, malgré les marques, la dignité passée d’un homme né pour commander. Son visage, éclairé un instant par une torche, était taillé par le vent et la poussière : front buriné, barbe courte striée de gris, yeux d’un bleu terne mais incroyablement lucides. Dans ce regard se devinait une fatigue ancienne… mais surtout la mélancolie des exilés. Une mélancolie faite de pertes, de fautes jamais pardonnées, de soifs de rédemption impossibles. Ses yeux se posèrent brièvement sur l’intérieur de la tente, à travers une fente de la toile soulevée par le vent. Il aperçut la fine silhouette de Daenerys, presque enfantine dans la lueur du feu, fragile fleur déposée entre les mains d’un guerrier géant. Sur la fillette devenue épouse d’un seigneur de guerre. Jorah détourna lentement le regard. Il n’avait pas besoin d’entrer pour comprendre ce qui se jouait ici. Il n’avait pas besoin de mots pour sentir la peur, le trouble, la transformation. Il savait trop bien ce qu’était un destin imposé. Il savait ce que c’était que de perdre son foyer. Westeros lui manquait comme manque l’air à un noyé. Il savait ce que c’était que d’être offert à un avenir qui n’était pas le sien. Vendu aux Dothrakis comme un marchand de secrets. Il savait ce que c’était que d’être brisé, puis de se relever. Non pas en héros, mais en survivant. Un homme que la honte avait déjà tué une première fois. Il se détourna totalement de la tente. L’ours exilé repartit, sa haute silhouette se fondant dans la nuit dothrakie, lourd de secrets qu’il ne confierait à personne, de regrets qu’il portait comme une seconde armure… et d’une loyauté naissante, fragile comme une braise, obstinée comme un battement de cœur. Un vent chaud souffla soudain sur les plaines rouges, faisant vibrer la toile et onduler les torches plantées à l’extérieur. La flamme se courba, presque soumise à cette respiration venue du désert. Au loin, les tambours dothrakis résonnèrent, profonds, répétitifs, comme le cœur d’un géant endormi sous la terre rouge. Le khalasar tout entier semblait respirer dans l’obscurité. La nuit, sauvage et immense, referma son manteau sur l’horizon infini. La lumière à l’intérieur de la tente se contracta, vacillante, prisonnière des ombres mouvantes. Puis la nuit dothrakie avala la lueur du feu, comme si elle avalait la peur de Daenerys… la digérait… et la transformait déjà en quelque chose d’autre. Quelque chose de plus solide. De plus brûlant. De plus grand. Quelque chose qui, un jour, porterait un royaume entier sur ses épaules.
La pluie avait cessé, mais l’air demeurait humide, saturé de brume glacée. Un froid mordant s’insinuait déjà sous les capes et entre les pierres, annonçant les premières morsures de l’automne à venir. Les murs de Winterfell, noirs, massifs, immuables, exhalaient une odeur de pierre trempée mêlée au parfum rassurant du feu de bois que soufflaient les grandes cheminées. La cour, encore brillante d’eau, reflétait les torches vacillantes. Des chevaux renâclaient dans l’écurie, les sabots battant la boue détrempée. Des serviteurs s’affairaient, tête baissée, écharpes serrées contre le froid, leurs pas précipités résonnant contre les pierres luisantes. Elya Arden avançait lentement, chaque pas mesuré, prudent. Ou plutôt : elle essayait d’avancer. Quelques jours seulement s’étaient écoulés depuis son arrivée. Depuis cette entrée fracassante dans la vie des Stark, depuis la chute de cheval, la fièvre, et la sensation brûlante d’être happée par le vide… jusqu’à ce que deux bras la rattrapent. Ceux de Jon Snow. Son souvenir restait net, malgré la fièvre : le goût métallique du sang, puis ce visage penché au-dessus d’elle, pâle, grave, inquiet, les yeux sombres dilatés par l'inquiétude. Mais désormais, elle allait mieux. Son flanc la tirait encore, un élancement sec, comme une corde trop tendue vibrant sous la peau. La blessure n’était plus un gouffre béant : seulement un fil brûlant, une cicatrice neuve, un rappel du danger. Les soins de Mestre Luwin avaient été précis, efficaces, empreints d’une patience qu’elle n’avait jamais connue. Le repos, forcé, frustrant, mais salvateur, avait fait le reste. Elle respirait sans douleur. Elle marchait sans vaciller. Elle vivait. Et Winterfell semblait, lentement, l’accepter. Ou du moins, la tolérer. Les serviteurs continuaient de la dévisager en douce, avec cet air prudent qu’on réserve aux inconnus. Certains murmuraient qu’elle venait de très loin. D’autres se signaient vaguement en apercevant la marque sur son poignet. Une jeune étrangère, seule, blessée… cela ne passait jamais inaperçu dans le Nord. Mais personne ne la repoussait. Personne ne la chassait. Elle faisait partie du paysage, désormais. Une ombre parmi d’autres, observant les vieux murs respirer. Sauf Catelyn Stark. Le regard de la dame du Nord, quand il croisait celui d’Elya, se faisait aussi tranchant qu’une lame sortie du fourreau. Pas hostile, non. Elya le sentait. Pas de colère. Pas de haine. Mais une lourdeur. Une méfiance instinctive. Un chagrin étouffé qui pesait sur ses épaules comme une cape de plomb. Catelyn Stark était une mère qui veillait un fils entre la vie et la mort. Toute étrangère n’était qu’une menace potentielle, un danger, un inconnu en trop. Elya ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait vu la douleur dans les yeux de cette femme. Un gouffre silencieux où seule importait la survie de Bran. Et puis… un autre regard, lui, revenait sans cesse vers elle. Un regard plus discret. Plus furtif. Plus chargé de quelque chose qu’elle n’identifiait pas. Jon Snow. Il observait Elya comme on observe une énigme : avec prudence, avec curiosité, avec un trouble qu’il ne voulait peut-être pas reconnaître. Parfois, elle le surprenait à la fixer depuis l’autre côté de la cour, entre deux entraînements avec les soldats. Parfois, il ralentissait en passant près d’elle, comme s’il cherchait un prétexte pour lui parler… sans jamais le trouver. Parfois encore, leurs regards se croisaient juste assez longtemps pour que le silence entre eux s’épaississe comme un secret partagé. Elya n’aurait su dire ce que cela faisait naître en elle. Ce n’était pas de la peur. Ni de la gêne. Une sensation étrange. Un fil invisible tendu entre eux. Léger, fragile, mais bien réel. Le vent frôla son visage, froid, chargé de l’odeur des pins et de la cendre. Winterfell respirait autour d’elle… et Elya, pour la première fois depuis longtemps, respira avec lui.
La pluie de la veille avait laissé la terre meuble, noire et détrempée, un tapis épais où les pas s’enfonçaient avec un bruit sourd. L’air était vif, chargé de cette fraîcheur mordante qui annonçait les premières morsures de l’automne. Les armes abandonnées sur les râteliers étaient encore couvertes d’une fine buée glacée, comme si Winterfell respirait un souffle de givre. Robb Stark, Theon Greyjoy et quelques hommes s’exerçaient déjà dans la cour. Le choc régulier des lames résonnait, rythmé comme un tambour de guerre. Des éclats d’acier jaillissaient, accrochés par la lumière pâle d’un soleil timide peinant à percer les nuages. Elya avançait lentement, capuche baissée, ses cheveux noirs encore légèrement humides. La boue se collait à ses bottes, mais elle gardait une démarche souple, féline, malgré la douleur qui tirait sous sa peau à chaque mouvement. Mestre Luwin l’avait autorisée à marcher, à respirer profondément, à monter quelques marches pour « renforcer doucement les muscles ». Jamais il n’avait parlé d’épée. Surtout pas d’entraînement. Mais elle n’en avait rien dit. Son silence était sa décision. Jon Snow se trouvait légèrement à l’écart, torse incliné, concentré sur une série de mouvements précis. Sa tunique sombre collait à ses épaules, marquée par la transpiration malgré le froid. La lame d’entraînement traçait des arcs nets dans l’air. Chaque coup était maîtrisé, chaque pas ancré, chaque respiration mesurée. Son souffle formait de petits nuages blancs devant ses lèvres. Le givre accroché à ses cils brillait brièvement quand il bougeait la tête. Et quand son regard se posa sur Elya. La dureté s’effaça. Pas totalement. Juste une fraction. Une respiration. Un battement.
« Tu devrais être alitée, » dit-il, la voix basse, sèche, mais pas dure.
Une inquiétude mal dissimulée vibrait sous les mots. Elya haussa une épaule, un frémissement seulement.
« Je déteste être couchée. »
Jon plissa les yeux.
« Je sais. »
Le coin de sa bouche se releva. Un petit sourire vif, presque involontaire, comme un rayon de chaleur dans la brume glacée. Robb s’approcha, curieux, l’épée de bois appuyée contre son épaule, les joues rougies par l’effort. Son regard clair étudia Elya comme s’il évaluait une recrue, non une blessée.
« Elle veut s’entraîner ? » demanda-t-il, une note amusée dans la voix.
Elya le fixa, droite, immobile, ses yeux bleu lagon brillants de défi.
« Oui. »
Theon éclata d’un rire franc, bruyant, moqueur, qui heurta l’air comme une détonation.
« Dans ton état ? » siffla-t-il. « Elle tiendra trois battements de cœur avant de s’effondrer. »
Elya tourna vers lui un regard lent, glacé. Un regard de prédatrice qui mesure un insecte bruyant et insignifiant. Theon cessa de rire une demi-seconde, surpris par la froideur qu’elle dégageait malgré sa maigre stature momentanée. Jon, à côté, grimaça. Ce mélange d’agacement et d’exaspération qui n’apparaissait qu’en présence de Theon. Il se pencha, attrapa une épée d’entraînement dans le râtelier, puis la tendit à Elya. Il ne la lui jeta pas. Il ne la lui offrit pas comme on offre un présent. Il la lui confia.
« Si tu tombes, je te relève. »
Sa voix avait changé : grave, calme, étrangement douce. Il ajouta, plus bas, presque pour elle seule :
« Si tu forces trop, j’arrête. »
Un pacte. Un fil tendu entre eux, invisible mais palpable, comme une corde vibrante prête à rompre… ou à se nouer. Elya hocha lentement la tête. Un geste mesuré, contrôlé, presque rituel. Elle savait que ce n’était pas qu’un simple entraînement. Quelque chose de plus profond se jouait ici. Quelque chose qu’elle ne parvenait pas encore à nommer. Ses doigts se refermèrent autour du bois rugueux de la garde. Le contact mordit sa paume, réveillant un accident de douleur dans son flanc. Une brûlure fine, vive, aiguë comme une aiguille chauffée à blanc. Elle ne broncha pas. La douleur, elle connaissait. La douleur était une compagne de route. Un rappel qu’elle était encore en vie. Robb recula d’un pas, surpris par la détermination silencieuse qu’elle dégageait. Il n’avait pas imaginé qu’elle accepterait. Encore moins qu’elle se tiendrait droite ainsi, les yeux clairs, sans trembler. Theon croisa les bras, un sourire moqueur accroché aux lèvres, mais ses yeux, eux, brillaient d’un éclat plus prudent qu’il ne l’avouait. Autour d’eux, les hommes de Winterfell interrompirent leurs gestes. Les épées d’entraînement cessèrent de frapper le bois. Les souffles se suspendirent. On murmurait. On se demandait qui était cette étrangère, si frêle en apparence, qui osait défier le loup bâtard malgré une douleur qui aurait cloué n’importe qui sur un lit. Mais ils n’étaient pas les seuls à observer. Au balcon de pierre dominant la cour, Ned Stark et le roi Robert Baratheon, qui inspectaient jusque-là les entraînements, s'étaient immobilisés. Robert, immense et massif, les bras posés sur le rebord, pencha la tête avec un sourire curieux et amusé.
« Par les Sept… » grogna-t-il, « le garçon se mesure à une fille blessée ? Ou la fille se mesure à lui ? »
Mais Ned, lui, ne souriait pas. Son regard était sérieux, sombre même, comme s’il cherchait dans les gestes d’Elya un indice, une histoire, un danger. Elle l’intriguait. Elle l’inquiétait, peut-être. Elle attirait son attention d’une manière qu’il n’appréciait pas entièrement. Un peu plus loin, adossé nonchalamment à une colonne, Jaime Lannister observait la scène d’un œil doré, l’air faussement désintéressé. Ses doigts jouaient avec la garde ouvragée de son épée, caressant distraitement le métal comme un réflexe nerveux. Lorsque Elya se mit en position, si droite malgré sa blessure, si précise malgré la douleur, un éclat vif passa dans le regard du Régicide. Il connaissait les guerriers. Il savait reconnaître la dissimulation. La retenue. Les réflexes d’un entraînement qui ne naissait ni du hasard ni d’un château du Nord. Cette fille n’était pas une novice. Le vent souffla soudain entre les pierres, froid et précis comme la lame d’un couteau. Il souleva quelques grains de poussière et fit tourbillonner une feuille morte entre Jon et Elya, comme un signal silencieux envoyé par les anciens dieux eux-mêmes. Jon se mit en garde, le mouvement fluide, sûr, maîtrisé. Le Nord incarné : efficacité brute, sans fioritures. Elya l’imita. Ses épaules se raidirent un instant sous la douleur, mais ses gestes déroulèrent une grâce étrange, presque fluide, presque dansante. Comme si son corps se souvenait de choses qu’elle n’avait pas encore le droit de révéler. Robb fronça les sourcils. Theon entrouvrit la bouche. Les hommes se penchèrent un peu plus vers la scène. Un chuchotement fit frissonner la cour. Jaime cessa de jouer avec sa garde. Ned, immobile, plissa le regard. Un silence dense tomba, lourd, vibrant, expectatif. Le silence d’un public qui retient son souffle devant l’inconnu. Puis… Le combat commença.
Le vent glacé fouetta la cour au moment même où leurs lames se croisèrent. Un souffle brutal, coupant, qui fit danser la neige poudreuse en volutes brillantes autour d’eux. Comme si l’hiver lui-même voulait assister au duel. Des murmures s’élevèrent des gardes. Les hommes interrompirent leur entraînement. Les coups de bois cessèrent. Le silence se fit. Tous les regards se tournèrent vers eux. Deux silhouettes au centre de la cour. Deux éclats d’acier. Deux souffles qui se cherchaient. Elya attaqua la première. Mais ce n’était pas l’éclat fulgurant qu’elle avait été. Pas encore. Sa blessure tirait, lacérée sous la peau. Une douleur vive, tranchante, comme une griffe de feu qui remontait son flanc. Ses mouvements, habituellement rapides comme des rafales du sud, n’étaient plus que des échos ralentis. Mesurés. Maîtrisés. Mais précis. Terriblement précis. Ses pieds glissèrent sur la terre humide, le givre craquant sous ses bottes fines. Jon para. Facilement. Son style était un mur : solide, ancré, grave. Pas de danse. Pas d’ornement. Juste la force brute du Nord. Et pourtant, ses yeux suivaient chacun de ses gestes avec une concentration presque inquiétante. Comme s’il craignait davantage pour elle que pour lui-même. Elle feinta, le poignet décrivant un arc qu’un œil non averti n’aurait même pas vu. Mais Jon le vit. Jon anticipa. Il détourna sa lame et frappa d’un coup sec contre son poignet. Un impact. Un éclair de douleur dans le bras d’Elya. Elle pivota aussitôt, un mouvement venu d’un autre monde. Un éclat. Une signature. La Danse des Lames. Jon écarquilla les yeux. Juste un battement de cœur. Un instant où son masque de neutralité se fissura.
« Tu te bats comme… personne ici. »
« Je viens d’ailleurs. » souffla-t-elle, haletante.
Leurs lames s’entrechoquèrent de nouveau. Un claquement net, pur, qui vibra contre les murailles de Winterfell. Même les chevaux cessèrent de bouger. Même le vent se tut. La douleur monta. Un avertissement cruel, brûlant sous sa peau. Elya enfonça les dents dans sa lèvre, refusant de ployer. Elle recula d’un pas puis glissa vers le râtelier. Son mouvement était un ruban dans l’air. Souple. Calculé. Parfait. Avant même que quiconque n’ait conscience de ce qu’elle faisait, sa main se referma sur une deuxième épée en bois. Un murmure parcourut la foule. Robb écarquilla les yeux. Theon lâcha un « putain… » surpris. Robert Baratheon se pencha, hilare et impressionné. Jaime Lannister redressa la tête, son regard doré brillant d’intérêt carnassier. Ned Stark devint soudain très immobile. Le changement dans l’air fut palpable. Elya ne regarda personne. Pas même Jon. Son souffle s’accéléra. Ses doigts se crispèrent. Son regard devint incandescent. Puis... Elle s’élança. La lame droite fouetta l’air. La gauche suivit dans un arc parfaitement opposé. Deux courbes. Deux cercles. Deux fauves tournant autour d’une même proie. La Danse du Vent des Lames venait de commencer. Une danse sacrée. Une danse vieille comme son clan. Une danse conçue pour tuer. Jon para le premier assaut mais avec difficulté. La deuxième lame effleura presque son flanc, rapide comme un souffle. Elya tourna. Glissa. Pivot. Arc. Tourbillon. Ses deux épées traçaient des lignes lumineuses dans l’air froid, des halos clairs dans la brume du matin. Même blessée. Même affaiblie. Elle était… Magnifique. Jaime murmura, fasciné :
« Parfaitement… splendide. »
Robert éclata :
« La petite a du sang de tigresse ! »
Les gardes, d’abord choqués, devinrent captivés. Certains se penchèrent. D’autres oublièrent de respirer. Puis soudain, la brûlure. La déchirure. Sa blessure se rouvrit. Un jet de sang sombre éclaboussa son haut, chaud contre l’air glacial. Le rouge se mêla à la neige, traçant une ligne dramatique sur son flanc. Elya étouffa un cri. Mais ne s’arrêta pas. Ses jambes tremblèrent. Son souffle se brisa. Un voile passa sur son visage. Jon vit le sang. Et son expression changea instantanément. Il redevint un Stark du Nord. Pas un combattant. Pas un rival. Un protecteur.
« Elya, arrête ! Tu te vides de ton sang ! »
Elle secoua la tête avec une férocité qui fit frissonner même Theon.
« Encore. »
Un mot. Un cri intérieur. Un aveu : elle ne se battait pas contre lui. Elle se battait contre son destin. Et elle repartit. Un pas. Deux. Un bond, maladroit mais déterminé. Deux lames s’abattirent sur Jon comme des ailes de tempête. Jon esquiva. Une fois. Deux fois. Trois. Il tourna autour d’elle, cherchant une ouverture pour la désarmer sans la blesser. Mais elle continuait. Même en trébuchant. Même en saignant. Elle attaqua encore. Plus instinctive que technique. Plus passionnée que précise. Plus vivante que jamais. C’était beau. C’était dangereux. C’était Elya. Pour la première fois, Jon attaqua. Pas pour la battre. Pour la stopper. Rapide. Précis. Un coup mesuré, calculé, destiné à lui faire lâcher prise sans la blesser. Leurs lames s’effleurèrent. Leurs regards se croisèrent. Et Elya... Perdit pied. Ce fut immédiat. Une vérité nue dans ses yeux gris sombres. Une douceur imprévue. Une émotion qu’elle n’avait pas vue venir. Une vulnérabilité qu’elle refusait d’avoir. Cela suffit. Ses jambes cédèrent. Elle chuta en arrière et son instinct la poussa à tendre la main. Elle se rattrapa à la veste de Jon. Un contact violent. Urgent. Humain. Jon n’eut pas le temps d’amortir. Leur poids les entraîna tous les deux au sol. Ils tombèrent dans la terre froide, enlacés malgré eux. Le silence s’abattit. Le souffle suspendu de toute la cour. La neige flottant autour d’eux comme des confettis d’hiver. Deux silhouettes mêlées dans la boue et la brume. Puis, un rire tonitruant éclata :
« Ha ! Par les dieux, voilà du spectacle ! » cria Robert Baratheon.
Les gardes applaudirent, certains sifflèrent. Les murmures fusèrent. Les sourires naquirent. Même Jaime eut un éclat amusé dans le regard. Mais Robb vit quelque chose que les autres ne virent pas. La main d’Elya toujours accrochée à la tunique de Jon. La main de Jon posée sur son bras une seconde de trop. Leur souffle mêlé. Leurs joues rouges. Leurs regards… incapables de se détacher. Robb inspira profondément. Il sut. Ils étaient en train de tomber amoureux. Pas aujourd’hui. Pas demain. Mais ça avait commencé. Là. Dans la neige. Dans la douleur. Dans cette chute ridicule, magnifique, inévitable. Un loup du Nord. Une flamme d’ombres. Et Winterfell venait d’en être témoin.
La vie du château avançait, malgré la douleur. Winterfell n’était pas un lieu qui s’arrêtait. Même pour la tragédie. Les foyers brûlaient, les forgerons martelaient le fer, les cuisines s’emplissaient de vapeur. Les loups hurlaient au crépuscule. Et la neige, déjà, commençait à s’amasser dans les creux des pierres, comme un linceul discret. Mais dans la tour la plus silencieuse du château, le temps semblait suspendu. Bran Stark reposait dans son lit, immobile, petit corps étendu sous une couverture trop grande pour lui. Sa peau pâle avait la fragilité du givre au petit matin. Ses paupières closes vibraient parfois, comme si un rêve tourmentait son esprit endormi. Une bougie brûlait sur la table de chevet, pourtant aucune chaleur ne parvenait à chasser le froid de la pièce. Catelyn Stark veillait. Toujours. Elle ne dormait presque plus. Elle mangeait à peine. Ses cheveux, autrefois impeccables, retombaient en mèches ternes sur ses joues. Ses yeux, rougis par l’épuisement et les larmes qu’elle refusait de laisser couler devant les autres, étaient rivés sur le visage inerte de son fils. Elle tenait sa main. Depuis des heures. Peut-être depuis des jours. Sa voix, quand elle chuchotait son nom, était rauque, brisée. Lorsque Jon Snow s’approcha de la porte, le silence se fit. Son pas, d’ordinaire discret, semblait lourd sous la voûte de pierre. Toute sa silhouette respirait l’hésitation. Mais aussi la nécessité. Il voulait lui dire adieu. Il le devait. Il leva une main, s’apprêtant à frapper. Catelyn se retourna aussitôt. Son visage, ravagé par la douleur, se figea. Ses yeux, déjà trop pleins, devinrent durs. D’une dureté glaciale.
« Non. »
Un seul mot. Un couperet. Tranchant. Sans appel. Elle se leva lentement, comme une reine défendant son royaume, et s’avança vers la porte.
« Vous n’avez rien à faire ici. »
Sa voix était nue. Sans colère. Sans cri. Juste… brisée. Brisée par la peur d’une mère qui voyait la mort rôder autour de son enfant. Jon resta figé, son expression se contractant à peine. Un souffle de douleur passa dans ses yeux, rapide, maîtrisé. Il avait l’habitude d’être repoussé. Mais cette fois… cela le blessait vraiment. Dans le couloir, Elya observait la scène de loin, la capuche tirée sur ses cheveux noirs, les doigts serrés contre son flanc. Elle n’avait pas approché. Elle n’aurait jamais osé. Mais elle ne pouvait détourner le regard. Ce qu’elle voyait là… Elle l’avait déjà vu. Une mère aux yeux cernés par la veille. Un enfant entre la vie et la mort. Un foyer qui vacille. Et la douleur qui dévore tout. Son cœur se serra. Un pincement aigu, violent. Une résonance avec un souvenir trop proche, trop sanglant. Elle baissa les yeux. Jon, lui, resta encore un instant devant la porte close. Comme s’il tentait de briser le silence par sa seule présence. Comme s’il espérait, malgré tout, qu’elle change d’avis. Qu’elle l’autorise à dire ce qu’il ne pourrait peut-être plus jamais dire. Mais rien ne vint. Alors il prit une inspiration tremblante et détourna le regard.
« Adieu, Bran, » souffla-t-il malgré tout.
Sa voix n’était qu’un fil de brume dans le couloir glacé. Puis il partit. Et dans la chambre, une mère continua de veiller, seule, à la frontière fragile entre la vie et la mort.
La cour de Winterfell bourdonnait d’activité : on chargeait les charrettes pour le départ imminent, les chevaux piaffaient, les gardes inspectaient les harnais. Mais au milieu du vacarme, une tornade brune fendait l’air. Arya Stark, les cheveux en bataille, les joues rougies par l’excitation, zigzaguait entre les soldats comme un chaton sauvage.
« Papa ! Papa ! Jon doit me donner quelque chose ! »
Sa voix aiguë résonna sous les arches. Robb grogna en esquivant une de ses charges, Theon éclata de rire en la voyant glisser sous un cheval comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Jon Snow attendait non loin du puits, immobile, une fine épée entre les mains. Aiguille. Une lame aussi légère que l’air du Nord, aussi élégante qu’un fil de lune. Sa garde délicate captait la lumière comme une pièce d’orfèvrerie. Un cadeau pensé. Forgé avec intention. Elya, tapie dans l’ombre des arcades de pierre, observa la scène sans bouger. La pluie récente avait laissé l’air humide, et une mèche de cheveux noirs collait encore à sa tempe. Elle sentait son cœur frapper un peu plus vite. Sans comprendre pourquoi. Arya arriva devant Jon en dérapant presque sur les pavés mouillés.
« Alors ? Montre-moi ! »
Jon baissa doucement les yeux vers elle. Pas l’expression dure qu’on lui attribuait souvent… Mais une tendresse discrète, comme un rayon de soleil trop timide pour percer les nuages.
« C’est une lame pour une dame, » dit-il, la voix un peu grave.
Arya fit la grimace, les poings sur les hanches.
« Je ne suis pas une dame. »
Jon eut ce sourire… ce minuscule sourire qui appartenait à très peu de gens. Le genre de sourire qui réchauffe sans même le vouloir.
« Je sais. »
Il pencha légèrement la tête.
« C’est pour ça que je te l’offre. »
Arya ouvrit la bouche, stupéfaite. Pour la première fois depuis des jours, elle ne dit rien. Elle prit Aiguille avec une révérence maladroite mais sincère, comme si Jon venait de lui confier une couronne. Et puis, fidèle à elle-même, elle tourna les talons et partit en courant, hurlant :
« Robb ! Theon ! Regardez ce que Jon m’a offert ! »
Elle faillit renverser un seau au passage. Theon jura. Robb rit. Ghost leva la tête sans bouger. La vie, simple et fragile, pulsait un instant dans la cour. Elya, elle, ne regardait pas Arya. Elle regardait Jon. Il resta seul, les bras encore tendus comme si Aiguille y pesait toujours. Puis il baissa les mains, et du pouce, il effleura la garde vide où la lame reposait quelques minutes plus tôt. Un geste infinitésimal. Un geste chargé de douceur. Un geste d’un homme qui donnait plus qu’une simple arme. Un geste qui lui appartenait entièrement. Elya sentit quelque chose se déplacer en elle. Un fil, une vibration, un constat. Jon Snow n’était pas qu’un bâtard relégué aux marges d’une grande maison. Il était un frère. Un protecteur. Un cœur trop noble enfermé dans un rôle trop étroit. Un jeune homme qui portait le Nord sur les épaules sans jamais réclamer la lumière. Elle ne détourna pas les yeux. Pas tout de suite. Car ce qu’elle venait de comprendre sur lui… était essentiel. Et dangereux. Pour elle. Pour lui. Pour tout ce qui viendrait ensuite.
L’heure était venue. La cour de Winterfell, encore humide de la nuit, vibrait sous l’agitation du départ royal. Les chevaux piaffaient, soufflant des nuages blancs dans l’air glacé. Les étendards claquaient sous la brise du matin : le cerf couronné de Baratheon, le lion Lannister aux reflets d’or, et le loup gris des Stark ondulant fièrement dans la lumière pâle. Les voix se mêlaient aux hennissements, aux cliquetis d’armures, au froissement des manteaux de fourrure. Un tourbillon de couleurs et de bruits dans la cour froide, massive, immuable de Winterfell. Sansa Stark se tenait droite, magnifique malgré les larmes qui tremblaient au bord de ses cils. Sa robe bleue pâle dansait dans le vent, trop légère pour le Nord, trop délicate pour la douleur. Elle effleura la main de son père, cherchant un réconfort qu’il n’avait pas le temps de lui offrir. À quelques pas, Arya était déjà couverte de poussière, ses cheveux bruns en bataille, le visage illuminé d’une fierté farouche. Elle serrait Aiguille dans sa main comme si l’épée avait été forgée dans ses propres os. Elle lança un regard noir à Sansa, puis un autre, désespéré, à Jon. Tyrion Lannister, perché sur sa selle, riait sous cape en observant le chaos organisé du départ. Ses yeux pétillaient de malice autant que d’observation. Rien ne lui échappait. Benjen Stark restait droit comme une lame, le visage fermé par l’habitude et le froid du Mur. Il observait Jon du coin de l’œil, impatient de reprendre la route. Et Jon Snow… Il ajustait la bride de son cheval, le visage tiré, les mâchoires serrées. Le froid ne semblait pas le toucher. Ou alors, il se cachait derrière lui pour ne pas montrer ce qu’il ressentait vraiment. Elya approcha. Ses pas étaient silencieux sur les dalles humides, son manteau sombre flottant légèrement derrière elle. Le vent matinal fouettait ses cheveux noirs, et la buée de son souffle se mêlait aux vapeurs qui montaient des chevaux. Jon se tourna vers elle avant même qu’elle ne parle. Comme s’il avait senti sa présence avant de l’entendre. Son regard s’adoucit une fraction de seconde.
« Tu seras en sécurité ici, » dit-il simplement.
Pas une promesse. Une conviction. Comme si Winterfell pouvait la protéger du monde… alors qu’il ignorait que le danger la suivait bien plus loin que les routes du Nord. Elya sourit. Un sourire timide, rare, presque fragile. Il illumina son visage l’espace d’un battement de cœur.
« Ce n’est pas la sécurité qui me manque. »
Jon fronça les sourcils, surpris. Il chercha son regard, chercha une explication… mais elle baissa les yeux, les doigts tremblants autour de son manteau. Puis, dans un souffle si léger qu’il aurait pu se perdre dans le vent :
« Merci… pour l’autre jour. »
Jon se figea. Un soupçon de rouge monta à ses joues, contrastant avec le froid ambiant. Il détourna le regard, gêné de sa propre réaction. Robb cria son nom derrière lui. Il s’approchait, les épaules raides, le regard grave. Il avait ce visage que Jon lui connaissait depuis toujours : celui qu’il prenait juste avant de dire quelque chose d’important. Jon tenta un sourire.
« Tu viens me dire de ne pas tomber du Mur ? »
Robb ne sourit pas. Il s’arrêta juste devant lui. Le froid se glissa entre eux, mordant, mais jamais autant que ce qu’ils allaient se dire.
« Je viens te dire que… » Robb inspira lentement. « … je ne suis pas aveugle. »
Jon cligna des yeux, surpris. Robb ajouta, à voix basse :
« Toi et Elya. »
Jon sentit son ventre se contracter. Sa gorge se nouer. Il détourna les yeux, les oreilles brûlantes malgré le froid.
« Il n’y a rien. Elle est… elle est blessée. Et seule. Et... »
« Et tu l’as regardée comme si elle était la première lueur d’été que tu voyais de ta vie. »
Jon se figea. Il serra la mâchoire. Robb continua, plus doucement :
« Et elle t’a regardé comme si… » Il chercha ses mots, secouant la tête. « … comme si quelqu’un l’avait enfin ramenée à la vie. »
Silence. La neige tombait en flocons lents, presque solennels. Jon baissa la voix, un murmure rauque :
« Robb… je pars. Je pars au Mur. Je n’ai pas le droit de… de sentir ça. Ni pour elle. Ni pour personne. »
Robb eut un sourire triste.
« Tu n’as pas choisi. » Puis, plus bas : « Ça ne se choisit jamais. »
Jon inspira, le froid brûlant ses poumons.
« Elle a sa propre route. Elle vient d’un endroit que je ne comprends même pas. On ne… »
Il secoua la tête.
« On ne se reverra probablement jamais. »
Robb posa une main ferme sur son épaule.
« Tu te trompes, Jon. »
Jon releva les yeux, surpris. Robb sourit, un sourire Stark mêlé de douceur et de gravité.
« Les gens comme vous deux… » Il marqua une pause. « … ne se quittent jamais vraiment. »
Un souffle. Une vérité. Une prophétie qu’il ignorait prononcer. Robb resserra légèrement sa prise, comme pour graver cet instant dans le marbre.
« Tu es mon frère, Jon. Et si la vie te donne quelque chose de beau… ne la laisse pas s’enfuir. Pas encore. Pas tout de suite. »
Jon resta silencieux, la gorge serrée, incapable de parler. Robb finit par desserrer sa main et recula d’un pas. Ses yeux luisaient d’une fierté profonde.
« Reviens vivant, frère. Et reviens la voir. Je t’y attends. »
Jon avala un souffle douloureux.
« Je reviendrai. Pour vous. Pour Winterfell. »
Robb secoua la tête, souriant malgré lui.
« Tu sais bien que ce n’est pas pour Winterfell que tu reviendras. »
Un battement de cœur. Une vérité simple. Jon ne répondit pas. Il n’y avait rien à répondre. Robb lui donna une accolade brusque, puissante. Un geste d’adieu. Un geste d’amour.
« Va. » dit-il. « Avant que je ne t’empêche de partir. »
Jon hocha la tête, incapable de masquer l’émotion qui tremblait dans ses yeux. Il tourna les talons. Robb resta immobile, seul au milieu de la neige, le cœur lourd mais certain d’une chose : Un jour, ces deux-là se retrouveraient. Et rien, ni l’hiver, ni les murs, ni les ombres, ne pourrait les empêcher de se revoir.