Clair comme Nuit

Chapitre 2 : CICATRICE, pas TATOUAGE

4205 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 05:24

CICATRICE, pas TATOUAGE

 

 

Terrence fronça les sourcils.

Quelque chose clochait.

Il connaissait par cœur la façon de voler d'Albus – il l'avait étudiée d'un point de vue critique très professionnel et était à l'origine des figures aéronautiques impressionnantes qui faisaient la réputation du second Potter (comme il était discret et timide, les gens avaient eu tendance à penser qu'Albus était la version chochotte de son père et de son frère. Terrence avait remédié à ça en combinant le don inné de son pote et le manuel d'aviation acrobatique de son père qui était cascadeur).

Ce n'était pas normal.

Albus se tenait mal et le manche faisait de temps en temps de légers soubresauts, comme si le contrôle n'était plus assuré quelques secondes.

- Potter, y'a pas de vif d'or en jeu, inutile de voler à cette vitesse, l'appela le professeur, amusé.

Albus avait dû entendre, car il ralentit, mais comme s'il chevauchait un appareil à moteur détraqué : le balai tressautait et zigzaguait.

- Potter ? Tout va bien ?

Apparemment, M. Dubois avait aussi remarqué le problème.

Intrigués, les autres joueurs s'immobilisèrent pour lever la tête vers l'attrapeur – assez contents de faire une pause. Wendy jeta un coup d'œil en direction de Terrence et s'étonna en voyant son visage inquiet fixé sur son ami.

- POTTER FAITES ATTENTION !

Elle sursauta et suivit le regard des autres.

Là-haut, Albus crispait une main sur son torse et son visage était contracté comme s'il souffrait. Il vacilla, puis bascula soudain de son balai.

- AL !

James – qui jusque là semblait penser que son frère attirait un peu trop d'attention sur lui – lâcha brusquement le souafle et fonça en direction de la silhouette qui tombait, immédiatement imité par Jeremy Shacklebolt. Les deux garçons rattrapèrent Albus, l'un par les aisselles, l'autre par les jambes, et descendirent lentement jusqu'au sol. Ils l'allongèrent sur le sable et s'écartèrent pour laisser passer leur professeur.

- Potter, ça va ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Répondez !

- Al ? Qu'est-ce que tu nous fais ? demanda James en s'agenouillant à côté de son frère et en l'aidant à se redresser péniblement.

L'adolescent avait les lèvres blanches comme si tout le sang s'était retiré de son visage et ses doigts s'enfonçaient dans son sweater aux couleurs de Gryffondor.

- J'ai… j'ai mal… haleta-t-il.

- Faites-voir. Vous vous êtes pris un cognard ? C'est sûrement une côte amochée, dit le professeur, un peu rassuré. Il souleva la chemise du garçon, palpa la peau moite. "Non… bizarre. On dirait que vous n'avez rien de cassé. Personne n'a de problème de cœur, dans votre famille, hein ?"

James secoua la tête, tandis qu'Albus s'efforçait de calmer sa respiration. Chaque souffle lui arrachait une grimace.

Terrence se faufila entre les joueurs de Quidditch qui fixaient leur co-équipier avec inquiétude.

- Je peux l'emmener à l'infirmerie, dit-il.

Le professeur Dubois hocha le menton. Il hissa le blessé sur ses jambes, le regarda de haut en bas.

- Vous pourrez marcher jusque là-bas,  Potter ?

La sueur dégoulinait dans les yeux verts d'Albus et le long de son nez. Ses cheveux noirs s'embrouillaient sur son front et il luttait visiblement pour ne pas se mettre à pleurer devant tout le monde. Il acquiesça en silence.

- Okay, alors, dit finalement le professeur. "Les gars, vous me ramenez les cognards et vous faites une série de pompes. Potter, tu veux aller avec ton frère ?"

James hésita, puis fit signe que non.

- Alors en selle.  Philips, ça vaut aussi pour vous.

Le bras de son ami passé autour de ses épaules, une main fermement crochetée sur la ceinture d'Albus, Terrence croisa le regard de Wendy et sourit pour lui remonter le moral.

- Tu ramènes nos affaires à la salle commune, okay ? lança-t-il. "Ne touche pas au contenu de mon chaudron, à moins que tu veuilles dire adieu à tes ongles."

La jeune fille hocha la tête.

 - Super, dit Terrence.

Puis il se tourna vers son ami et prit une grande inspiration.

- Allez, en route, grand chef.

Il écarta du pied les chats qui se frottaient en ronronnant contre leurs jambes et chuchota des mots d'encouragements, inlassablement, jusqu'à ce qu'ils atteignent les arcades. Là, il enleva le bras passé autour de ses épaules et laissa Albus s'asseoir entre deux fenêtres de pierre. Il s'accroupit devant lui et lui donna une pichenette sur le genou.

- C'est bon ? T'es toujours vivant ? Fais une pause, on y est presque.

L'autre garçon releva un peu la tête, la main toujours crispée sur son pull.

- D-désolé.

Des élèves passaient derrière lui en bavardant, des livres et des parchemins dans les bras. Un groupe de filles de troisième année, qui gloussaient comme des poules, leur jeta des coups d'œil avant de détaler en chuchotant. Un crapaud échappa à un gamin de première année et sauta lourdement jusqu'à eux, ses yeux globuleux et jaunes fixés sur Albus avec adoration.

- Ouais, t'as raison, soupira Terrence en levant les yeux au ciel. Il rendit le crapaud au petit, puis revint vers son ami. "Sois désolé que je me paye le torticolis du siècle à te soutenir. Je sais que tu voulais pas faire ton boulet, mais franchement… un brancard ou un sort de lévitation, ça aurait été plus facile, quand même.

- Wingardium Leviosa, pouffa Albus en pensant à la vieille histoire que son oncle lui avait raconté des dizaines de fois.

Il se sentait un peu mieux, mais rire n'était pas une bonne idée et il faillit s'étouffer quand la douleur s'intensifia soudain.

- Arrête avec tes blagues privées, grogna Terrence en faisant la grimace comme s'il souffrait lui aussi. "Tu veux que j'aille te chercher à boire ? Ou on continue ? On y est presque…"

Albus se mordit les lèvres jusqu'au sang. Il réussit à faire un signe de tête et son ami l'aida à se redresser. Ils parvinrent cahin-caha jusqu'à l'infirmerie et se laissèrent tomber sur un lit vide à l'entrée, épuisés.

- Qu'est-ce qui vous arrive, les enfants ? demanda Hannah Abbot, l'infirmière scolaire, en venant vers eux depuis le fond de la salle où elle avait administré une potion calmante à une septième année visiblement hystérique – sans doute la faute aux révisions.

Elle s'arrêta le temps de vérifier le bandage suintant d'un garçon de cinquième année, sur la tête duquel poussaient des tiges de poireaux, puis se dirigea vers eux.

Elle était coiffée d'un chignon bas, blond mâtiné de roux, et sa peau pâle avait tendance à rougir sur le haut de ses joues rebondies. Elle était vêtue d'une longue robe gris-bleu qui se tendait sur son opulente poitrine et qui froufroutait sur le carrelage.

- Al a mal au cœur, dit Terrence en glissant du matelas et en enlevant ses lunettes pour les essuyer.

- Il a trop abusé des bonbons de Messieurs Weasley, je parie, dit la femme d'un air moitié contrit, moitié compatissant. "J'ai entendu dire que leur boutique a été dévalisée lors de la dernière sortie à Pré-au-lard."

Elle posa une main dans le dos d'Albus.

- Tu as envie de vomir ?

- C'est pas de ce mal de cœur là dont je parlais, marmonna Terrence à côté d'elle, en levant les yeux au ciel.

L'infirmière fronça les sourcils en voyant la main d'Albus crispée sur son torse, la transpiration brillante sur son visage et la façon dont il cherchait son souffle laborieusement.

- Oh. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?

- On était sur le terrain de Quidditch et d'un coup…

- Ah, je vois, grommela la femme.

Elle regarda autour d'elle, cherchant le rideau d'isolement. Terrence le tira, mais resta à l'intérieur près du lit.

- Fais voir, enlève ton pull. Voilà… merci. Désolée, mes mains sont froides.

Elle fourra la cravate rouge et jaune sur la table de nuit entre le pichet et la lampe et se mit à chercher un bleu, un bossellement sous la peau qui explique ce qui se passait. Mais il n'y avait rien. Elle finit par se redresser et ébouriffa les cheveux du garçon épuisé.

- Je vais te donner quelque chose pour la douleur, d'accord ? proposa-t-elle d'une voix encourageante. "Je te réexaminerai un peu plus tard, quand tu te sentiras mieux."

Terrence n'aimait pas du tout ça. Il la suivit jusqu'au placard cadenassé où elle rangeait les ingrédients des potions et des emplâtres pendant qu'Albus se rhabillait.

- Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-il à voix basse.

- Quelque chose qui n'a rien à voir avec un accident de Quidditch… répondit Hannah Abbot d'un air sombre, presque malgré elle, avant de s'apercevoir à qui elle s'adressait. "Qu'est-ce que tu fais encore là, toi ? Comment ça se fait que tu ne sois pas en étude avec les autres ?"

Terrence fit un bond de côté pour éviter la chiquenaude et se sauva vers le lit d'Albus. Il se glissa entre les rideaux et soupira en voyant que son ami s'était recroquevillé sur lui-même sur le matelas à rayures. Il n'avait mis que sa chemise et encore, elle n'était même pas boutonnée. Le sweat gris aux couleurs de Gryffondor était tombé sur le carrelage. Terrence le ramassa et l'épousseta.

- Al, mets-toi au moins sous la couverture, on n'est pas en été, man… On dirait que tu poses pour la couverture d'un des magazines de Finnigan.

Il avala sa salive et s'accroupit à côté du lit, le menton posé sur ses bras croisés sur le matelas pour être à la hauteur du malade.

- Al-bus-Se-ve-rus-Pot-ter, articula-t-il comme un robot. "Allo, la Lune, tu m'entends ? Tu vas te sentir mieux dans trois minutes, promis. La mère Abbot est peut-être pas une sirène, mais elle s'y connait."

Il avait déjà fait de nombreux séjours à l'infirmerie : ses expérimentations et les tests qu'il tentait à partir des manuels piqués aux élèves des classes supérieures ne tournaient pas toujours comme prévu…

- Merci pour le compliment, Swanson, espèce de singe, grinça l'infirmière derrière lui, armée d'une poêle qui dégageait une fumée épaisse. "Maintenant ôte-toi de là que je puisse soigner ton copain."

Terrence fit le tour du lit et se posta de l'autre côté pour surveiller les opérations.

Hannah Abbot soupira. Elle leva les yeux au ciel et renonça à le chasser de l'infirmerie.

Terrence Swanson était l'un de ses chouchous – il était si intelligent, posait toujours des tas de questions et savait se montrer très galant – et l'amitié entre les deux garçons était une des choses indéfectibles de Poudlard.

- Tiens, aide-le à s'installer correctement sur l'oreiller. Voilà, c'est mieux.

Elle sourit au malade qui s'efforçait de supporter les vagues de douleur sans gémir, un œil fermé et l'autre entrouvert, le visage tendu.

- Albus, ça va être un peu chaud au début, mais tu te sentiras en pleine forme ensuite.

Elle écarta la chemise du garçon, fit un signe du menton à Terrence pour qu'il attrape la main dont les ongles s'étaient enfoncés dans la peau à l'endroit de la douleur et qu'il la tienne hors du champ d'action.

- Courage, vieux…

L'infirmière prit une grosse poignée de l'emplâtre noir visqueux et l'appliqua grossièrement sur le torse du garçon.

Albus fit un mouvement comme pour se dérober, au début, puis son corps se détendit.

- Merci… murmura-t-il enfin.

Il respirait plus calmement, mais ses traits étaient tirés de fatigue comme s'il avait couru un marathon.

- Bien joué, Bobbie ! s'écria joyeusement Terrence.

L'infirmière essuya ses mains sur son tablier avec un tssk moitié fâché, moitié amusé.

- Ecoutez-moi cet enfant qui ne sait pas sa place, marmonna-t-elle.

Elle se pencha sur Albus et couvrit l'emplâtre avec un grand carré de coton.

- Okay. Tu restes un moment comme ça, tu dors un peu, et on verra tout à l'heure comment tu sens. Ça te va ?

Le garçon hocha le menton.

- Okay.

La femme sourit encore une fois.

- Bien.

Puis elle se tourna vers Terrence et ses sourcils se rapprochèrent dangereusement.

- Et toi, dehors, mauvais sujet ! Tout le monde est en train de manger, je parie. Tu vas faire perdre des points à ta maison !

Le garçon esquiva sans effort la tape qui lui était destiné et s'enfuit en direction de la porte.

- Je reviens tout à l'heure, Al ! cria-t-il.

- ON SE TAIT A L'INFIRMERIE ! rugit l'infirmière derrière lui, avant que les deux portes ne se referment avec un bang.

- Un vrai donjon, marmonna Terrence avant de se diriger vers la Grande Salle.

Il se faufila derrière Bert Hammersmith, le gardien des clés qui était aussi le concierge de l'école, et rejoignit sa table en douce.

- Comment va Al ? demanda Wendy avant qu'il n'ait eu le temps de s'asseoir à côté d'elle.

Les joueurs de Quidditch de l'équipe de Gryffondor se penchèrent par-dessus les plats.

- Il va mieux ?

- C'était quoi ?

- L'appendicite ?

- C'est quoi, la "lapindicite" ?

- Un cognard qui l'a frappé, alors ?

Terrence supporta la bourrasque de questions sans battre des paupières, empila une demi-douzaine de pilons dans son assiette avant de se servir une louche énorme de soupe aux cèpes, et prit le temps d'engloutir une cuillère de purée de pommes de terre brûlantes avant de répondre.

- Il 'fa m'i'eu, Bo'pp'ie ch'é pas qu'an m'm ch' qu' ch'ét'ait – ha'ch'chau !

- On n'a rien compris, dit Wendy en lui pinçant le nez pour lui jeter un verre d'eau dans la bouche et le faire avaler plus vite.

- S'il n'est pas plus paniqué que ça, en tout cas, c'est qu'Al n'est pas mort ! lança James.

Les autres se mirent à rire et Terrence en profita pour asperger de soupe le pilon qu'il avait fourré presque tout entier dans sa bouche.

Ses yeux croisèrent le regard désapprobateur de Wendy et il sourit, le menton dégoulinant de sauce, la bouche pleine. Elle hésita, puis sourit à son tour.

Al va bien, ne t'inquiète pas.

D'accord. Merci d'être resté avec lui.

Après le dîner, Terrence profita de ce qu'il avait récupéré sa sacoche pour remettre discrètement le livre de potions dans le sac de Jeremy Shacklebolt avant de retourner à l'infirmerie avec Wendy. Ils furent rattrapés en chemin par James et Lily.

Hannah Abbot fronça les sourcils en les voyant entrer.

- Cinq minutes, pas plus, prévint-elle avant de tirer le rideau. "Et sans bruit."

Ils se rassemblèrent autour du lit sur la pointe des pieds. Albus dormait, une main sur le ventre et l'autre pendant sur le bord du lit. Il respirait beaucoup mieux. Avec ses cheveux noirs en désordre sur l'oreiller et sa bouche entrouverte, il avait l'air d'un enfant paisible.

- Pff, fit James en souriant malgré lui d'un air soulagé.

- Il ressemble vraiment à papa, dit Lily.

C'est vrai, pensa Hannah Abbot.

Wendy n'avait pas d'avis sur cette question, elle cherchait un moyen de serrer la main qui pendait sur le bord du matelas sans qu'on ne la remarque. Terrence s'en aperçut et la contourna pour se placer stratégiquement entre les frangins et la jeune fille.

- Il lui ressemble seulement de l'extérieur, rectifia James au bout d'un moment, d'une voix un peu bizarre.

Albus toussa dans son sommeil. Il remua un pied, porta une main à son visage, puis ouvrit les yeux.

- Ah…

- Salut, frérot, dit James. "T'es entier ?"

Albus acquiesça, encore mal réveillé.

- Bon ben c'est parfait, alors. Je m'arrache. Lily, si tu écris aux parents que Al est tombé dans les pommes pendant une séance d'entraînement de Quidditch, tu es morte, pigé ? Je ne tiens pas à ce que maman débarque à l'école."

Il accompagna sa menace d'un geste du pouce sous le menton significatif. Sa sœur leva les yeux au ciel et repoussa ses cheveux roux en arrière d'un geste étudié.

- C'est bon, j'ai plus quatre ans…

James renifla, sarcastique, puis quitta la pièce.

- Bon, c'est tout, ça suffit pour aujourd'hui, intervint l'infirmière. "Je vais regarder ce qu'a donné l'emplâtre, Albus. Ouste, les autres."

- A demain, Al… chuchota Wendy un peu maladroitement.

Albus sourit et lui tendit son poing. Elle tapa contre tout doucement, puis sortit après un dernier regard.

- Mon Dieu Que C'est Subtil, soupira Lily d'un ton accablé.

- Dehors, Madame "je fais pas dans la dentelle", riposta Terrence en la poussant vers la porte. "Fiche-leur la paix."

Lily cala ses talons dans une rainure de carrelage et se laissa choir contre lui en battant des cils.

- Quoi, qu'est-ce que j'ai faiiit ?

Terrence souffla et inspira profondément, puis massa l'aile de son nez sous ses lunettes. Il l'attrapa par les épaules et lui adressa son sourire le plus narquois.

- Lily. Je sais que ta mère a épousé le meilleur ami de son frère, mais tu sais quoi ? ça n'arrivera jamais entre nous. Jamais. Et tu sais pourquoi ?

Il fit un bond en direction de l'infirmière et passa affectueusement son bras autour de la taille de la plantureuse femme.

- Parce que mon cœur appartient tout entier à Hannah 'Bobbie' Abbot la meilleure des créatures femelles en ce bas-monde, déclama-t-il solennellement, une main sur la poitrine.

- C'est dégoutant, protesta Lily, écoeurée.

- Dehors, dit posément l'infirmière en les attrapant chacun par le col et en les jetant dehors.

Elle referma la porte lorsqu'ils furent au bout du couloir et revint vers Albus. Elle tira le rideau, puis releva la couverture et enleva le carré de gaze.

L'emplâtre était sec et avait pris une teinte anthracite.

- Comment tu te sens ? demanda la femme en cassant des bouts d'argile.

L'adolescent sourit.

- Beaucoup mieux. Est-ce que je peux aller avec les autres ?  Je veux dire, j'ai presque plus mal, et…

Mrs Abbot secoua la tête, tout en rassemblant les débris d'emplâtre dans son tablier.

- Uh-uh. D'abord, je veux voir ce que ça a donné. Et puis je te garde cette nuit ici, au cas où.

Elle versa un peu de liquide d'une fiole sur un linge et nettoya le torse du garçon. Albus lui adressa une moue suppliante.

- S'il vous plaît… je me débrouillerai avec Terrence pour qu'il vous fasse des excuses, mais…

- Hep, je fais des excuses si je veux, interrompit son meilleur ami en surgissant à côté de l'infirmière. "Alors qu'est-ce que ça…"

La bouche ouverte, il cessa subitement de parler. La femme s'était elle aussi immobilisée et fronçait les sourcils.

- Quoi ? demanda Albus, un peu inquiet en rengorgeant le menton pour essayer de voir ce qu'ils fixaient.

Mrs Abbot releva la tête.

- Albus. C'est quoi, ça, exactement ?

Le garçon échangea un regard paniqué avec son meilleur ami, espérant une perche. Il n'avait aucune idée de ce dont elle parlait.

- Whaa, dit enfin Terrence. "Je savais pas que tu t'étais fait faire un tatouage comme ça. C'est énorme – mais c'est plutôt beau. T'es un vrai rebelle, en fait, toi."

L'infirmière lui asséna une tape sur le bras.

- Tais-toi, Swanson. Potter, cette marque n'a rien à voir avec de l'encre. Ce n'est pas un tatouage. C'est de la magie, et même une magie très compliquée, très ancienne. D'où te viens cette cicatrice ?

- Cicatrice ? répéta Terrence, interloqué, les yeux fixés sur la marque boursouflée, en forme de fleur des neiges, qui s'étalait sur le torse de l'adolescent aux yeux verts.

Albus secoua la tête.

- Je ne sais pas… répondit-il d'une voix mal assurée. "Je ne sais pas, je l'ai jamais vue avant…"

Il aurait été bien en peine d'expliquer pourquoi, mais il avait l'impression qu'il mentait.

 

A SUIVRE…

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