Sous l'océan

Chapitre 6 : Conviction

1671 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/12/2015 21:00

Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.

Auteur : Iris-Ardell

Sous l'océan

Chapitre six : Conviction

Depuis tout petit. Depuis tout petit, il s'entraînait avec ardeur. Il fallait qu'il devienne fort. Depuis sa plus tendre enfance, il savait qu'il avait un destin. Celui de combattre de son mieux. Pour quoi ? Pour qui ? Il l'ignorait encore. Cependant, de voir la guerre civile ravager son île natale, lui donnait envie de se jeter dans la bataille. Le problème, c'est qu'il ne savait pas quel camp choisir. À ses yeux, les deux avaient tort. Et puis... il ne voulait pas être un vulgaire soldat parmi d'autres, il voulait être plus que cela. Voilà pourquoi il pratiquait un entraînement intensif. À un moment, il saurait bien à quoi pourraient servir ses capacités martiales. Certainement à se mettre au service d'une noble cause, d'un idéal élevé.

Une chose était sûre : on était dans l'ère de Kali, une ère où l'humanité dégénérée bafouait la nature et s'entretuait. Pas seulement dans son pays ; partout. Il fallait que cela cesse, il fallait quelqu'un de fort pour remettre le monde sur le droit chemin. Et cette personne, Krishna savait que, dès lors qu'il l'aurait trouvée, il se mettrait à son service. Bien sûr, il aurait pu s'occuper de politique au lieu de passer son temps à s'entraîner mais la politique, pfff... que des complots et magouilles en tous genres. D'ailleurs les politiciens étaient corrompus. Non, ce qu'il lui fallait, c'était... un être d'une puissance telle qu'il pourrait imposer sa volonté à tous. Un être au-dessus des rois, des présidents... Face à lui, les pouvoirs de ceux-ci seraient ridicules.

Krishna en était certain : sa destinée l'appellerait bientôt. En attendant, il pratiquait ses exercices physiques tout en veillant sur sa petite sœur, Adrika. Il s'occupait d'elle depuis que leur famille avait été décimée quelques années plus tôt. Souvent, lorsqu'il la regardait, le jeune homme se disait qu'il y avait quand même quelque chose de beau et de pur ici-bas. C'était aussi pour elle qu'il souhaitait devenir fort., pour la protéger. Ce ne devait pas être incompatible au désir de changer la surface du monde, si ?

Ce jour-là, le jeune homme s'entraînait, jetant de temps en temps un coup d'œil à sa sœur. Tout allait bien, elle était là, assise dans le sable. Krishna se détourna d'elle et continua ses mouvements.

Lorsqu'il regarda de nouveau de son côté, elle avait disparu.

Pensant qu'elle ne devait pas être très loin, il observa les environs ; rien, la plage était déserte à part lui. Brusquement son souffle se figea dans sa gorge. L'océan ! Pourvu que... Adrika était si petite, innocemment, elle avait dû vouloir marcher dans l'eau et, une fois dans l'étendue liquide, elle s'était laissée emmener par le courant...

Sans plus réfléchir, le jeune homme se jeta dans l'Océan Indien, il plongea, regarda autour de lui, refit surface et recommença. Au bout d'un moment interminable, il l'aperçut enfin. Il nagea vers elle, la saisit et se dirigea vers la surface. Il était bon nageur, dans quelques secondes, ils seraient en sécurité sur la plage. Pourvu qu'Adrika...

Avec stupeur, Krishna se rendit compte qu'il ne pouvait atteindre la surface. Il avait beau donner des coups de pied pour remonter, rien n'y faisait, c'était comme si l'eau l'agrippait, le retenait prisonnier. Il posa un regard paniqué sur sa sœur, il fallait... il fallait qu'elle sorte de là et vite !

Une petite voix lui souffla alors de la lâcher.

Comment cela ? Mais il en était hors de question ! Une partie de lui avait beau lui crier de faire le contraire, il tint Adrika encore plus fermement. C'était horrible, ils allaient mourir tous les deux. Déjà la petite avait les yeux qui se fermaient.

Tiens, c'était étrange, alors que sa sœur semblait sur le point de s'évanouir à cause du manque d'oxygène, Krishna, lui, ne ressentait aucune gêne. Il avait au contraire l'impression qu'il pourrait retenir sa respiration encore un petit moment. Pas indéfiniment, non, mais encore un peu.

Une fois encore cette voix qui lui conseillait de la lâcher... Comment pouvait-il seulement y penser ?

Prisonnière des bras de son frère, la petite Adrika finit hélas par se noyer.

Anéanti, le jeune homme la secoua, en vain. Le seul moyen de la sauver était de la ramener sur la plage et de lui faire du bouche-à-bouche. Malheureusement, il était toujours impossible à Krishna d'atteindre la surface.

Ce fut avec une sensation de révélation mêlée de remords qu'il comprit enfin. Il n'y avait que lui qui était prisonnier des flots.

Il aurait dû écouter la voix. Il aurait dû la lâcher afin qu'elle puisse regagner la surface. En voulant la protéger, en refusant de la laisser partir, il l'avait tuée...

S'il n'avait pas été dans l'océan à ce moment-là, il aurait hurlé.

Écœuré par lui-même, le jeune homme desserra son étreinte et la fillette, doucement, s'éleva dans l'eau jusqu'à la surface où elle se mit à flotter.

Krishna, quant à lui, était si triste qu'il ne prêta tout d'abord pas attention à cette nouvelle information. Information pourtant capitale : il ne parvenait plus à retenir sa respiration. La sensation d'étouffement le saisit brusquement. Il essaya une dernière fois de remonter, rien n'y faisait.

Alors il ferma les yeux, se préparant à succomber.

Ce fut alors qu'un tourbillon se saisit de lui et l'emporta loin, très loin dans les profondeurs.

Lorsqu'il revint à lui, il était dans un lieu inconnu mais très beau, ne serait-ce que par son ciel étrange. Un homme habillé d'une sorte de protection dorée s'avança vers lui et lui apprit qu'il était sur le territoire du Dieu de la Mer, Poséidon en personne.

Poséidon ! Un dieu ! L'être fort et puissant qu'il attendait !

Celui qui se faisait appeler le Dragon des Mers le conduisit dans un immense temple, jusque dans une pièce où se trouvaient des totems. Aussitôt qu'il vit celui de Chrysaor, Krishna eut un coup au cœur. Il en était sûr, cette Scale l'appelait. Elle était faite... pour lui. La preuve, elle vint immédiatement le recouvrir, comme si elle avait reconnu son maître.

En plus de cela, il y avait cette lance d'or, que le nouveau Marina se mit à manier avec dextérité. L'on aurait pu croire qu'elle était un prolongement de son bras. Tout lui semblait si familier maintenant. Le palais, cette Scale, la lance... Jusqu'à cette impression de puissance qui coulait dans ses veines. Il se sentait si fort, capable de vaincre n'importe quel ennemi.

Le Dragon des Mers lui apprit alors que Sa Majesté Poséidon allait noyer la terre sous des millions de litres d'eau afin de la purifier.

Krishna comprit que des millions de personnes allaient périr.

Après tout, qui méritait de vivre dans ce monde décadent ? Si innocents il y avait, ils devaient être bien rares... Adrika était de ceux-là, mais elle s'en était allée. Il n'avait plus de famille, aucun ami ou connaissance qu'il aurait voulu voir épargné.

Certes, il y aurait des pertes terribles, certes, des innocents mouraient. Cependant, au regard de ce que l'Empereur des Océans allait accomplir, la fin justifiait les moyens. Comme on dit, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs.

Séparé de la seule personne humaine qui avait trouvé grâce à ses yeux, le jeune homme ne voyait que le résultat final : un monde nouveau, plus beau, avec des êtres réellement dignes d'y vivre en paix, sans chercher à s'entretuer pour un rien, et sans bafouer la nature. Des gens pacifiques qui seraient sous les ordres du Roi des Mers, et qui seraient heureux car sur une terre embellie.

Il y avait à peine quelques heures, ou minutes, Krishna de Chrysaor s'entraînait dans l'espoir de mettre ses talents au service de celui qui pourrait changer la surface de la terre. A présent, il l'avait trouvé.

Et il ferait tout pour que le grand dessein de son dieu puisse s'accomplir !

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