Murmures d'or

Chapitre 16 : De mains en mains

3177 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/09/2016 20:31

Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada

Auteur : Ardell

 

Murmures d'Or

De mains en mains

 

Après avoir failli se faire griller par Mū, certaines armures étaient d'avis d'arrêter là la conversation, traitées aussitôt de chochottes par les autres. S'ensuivit une vive discussion. Ces éclats de voix attirèrent une fois de plus l'attention du Chevalier du Bélier. Cette fois, il les avait prises sur le fait. Et il raconta le phénomène des Cloths parlantes à qui voulait l'entendre. Malheureusement pour lui, personne ne voulut le croire. Cela se termina pour lui par une entrevue avec Athéna, dont la sollicitude bienveillante — celle que l'on adopte vis-à-vis des personnes mentalement atteintes — faillit le faire hurler.

La déesse, dans sa grande sagesse — ou sa grande inconscience si l'on pensait à la Guerre Sainte qui approchait — conseilla à Mū de prendre quelques jours de repos. Et elle demanda au vieux maître de veiller à ce que le Saint du Bélier ne pratique aucune forme de combat quelle qu'elle soit.

Vexé d'être ainsi mis sur la touche, Mū déclara aux autres Chevaliers que, sur ordre d'Athéna, le vieux maître devait les empêcher de quitter le Sanctuaire. Ou comment associer les autres à un ordre qui, en réalité, ne concerne que vous. C'est ainsi que, lors de la bataille des sept Océan, l'élite de la Chevalerie d'Athéna se retrouva coincée dans le périmètre des douze Maisons.

Pendant que leur déesse suffoquait et agonisait dans sa douche imposée, se demandant ce que fabriquaient les Bronzes et pourquoi les Chevaliers d'Or ne venaient pas à la rescousse.

Après le combat contre Poséidon, ce fut au tour d'Hadès. Puis vinrent les aventures en terre d'Asgard. Pour finir arriva une nouvelle génération de Saints.

Pour l'heure, les armures d'or étaient rassemblées dans un endroit indéterminé. Et ça ne rata pas, il fallut qu'elles ouvrent la bouche.

— Ah ce que ça fait du bien de nous retrouver réunis ! s'exclama le Taureau.

— C'est vrai, ça ne nous était pas arrivé depuis le Mur des Lamentations, acquiesça la Balance.

— Ouais ben, une fois mais pas deux, prévint le Cancer.

— Pourquoi dis-tu ça, voulut savoir la Balance.

— Tu rigoles ? Tu te vois récidiver avec les « oh mon maître, oh mon ami, blablabla... ». Et que je te fais des sourires, et que je te pardonne... Quelle bande de faux derches, oui !

— Ah. Tu n'es pas content que tous ces ressentiments soient dépassés par le noble but ultime qu'était la destruction du mur...

— Je veux, ouais. Non, mais vous les avez vues ces andouilles ? Mon porteur a balancé la petite copine du Dragon dans la flotte, et tout d'un coup, tout est oublié, on est des supers potes ! Quant à cette séquence d'yeux mouillés... Pourquoi, chaque fois qu'il se passe un truc, ces idiots se croient obligés de sortir les grandes eaux ?

— Ah ça c'est vrai ! approuva le Scorpion. Ces types sont censés maîtriser le cosmos, pardon, l'ultime cosmos, des techniques incroyables, se battre contre des ennemis redoutables, résultat ce sont des pleureuses! Mais qu'est-ce qu'ils ont à chialer comme ça ?

— Moi je trouve ça beau, un Chevalier qui pleure, intervint le Capricorne.

— M'aurait étonné... grommela le Cancer.

— Non, c'est vrai. Ils n'ont pas peur de montrer leurs sentiments, c'est une vraie force.

— La vraie force, c'est de savoir se sacrifier pour une noble cause, déclara la Vierge. Mon porteur était quand même prêt à se faire sauter avec le Mur.

— Peut-être mais c'est mon porteur qui a compris qu'il fallait réunir les douze Golds, répliqua la Balance.

— Oui parce que tes armes ne servaient à rien.

— Le corps de ton porteur non plus !

Le Taureau tenta de calmer le jeu. :

— Allons, allons... Ce qu'il fallait, c'étaient tous les Saints d'Or. On est tous... Gémini, ça ne va pas, tu es tout pâle ?

Tous se tournèrent vers la Cloth du troisième signe. Effectivement, l'or de son alliage avait un peu pâli.

— C'est rien, je suis encore sous le choc de ce moment horrible, répondit le Gémeau.

— Comme nous tous, fit le Taureau. Un sacrifice, c'est jamais facile.

— Ah non mais moi je voulais pas me sacrifier, hein ! Au contraire, quand je vous ai entendus m'appeler, je me suis mis à résonner dans l'espoir que Kanon comprenne qu'il y avait un danger du côté du Mur. Et qu'on se casse vite fait. Mais ce crétin a tout compris de travers et il m'a ôté de lui. « Mais qu'est-ce que tu fais, bougre d'imbécile ? » ai-je eu envie de crier. Trop tard, j'avais beau me cramponner à lui comme une tique sur un chien, je me suis retrouvé sans porteur et , du coup, automatiquement attiré par le Mur.

"Là, Saga m'attendait. Allons bon, il est de quelle humeur cette fois ? me suis-je dit. C'était bien pire que ce que je croyais. Evil Saga n'était pas là, quelle angoisse pour moi ! Parce qu'Evil Saga, lui, il se serait tiré, il se serait pas sacrifié bêtement. J'ai eu beau crier « non ! », j'ai été contraint de recouvrir Good Saga.

"« Allons, tu es l'ancien Pope, ordonne à ces gus de ficher le camp d'ici ! ai-je voulu lui dire. Évidemment, il ne m'a pas entendu. Puis ils se sont mis en position.

— Ah comme je te comprends Gémini, s'écria le Capricorne. Moi aussi je voulais partir.

— Je crois qu'aucun de nous ne voulait rester près de ce Mur, dit le Verseau.

— Moi si, opposa le Sagittaire. En tant que héros, je ne pouvais pas me défiler.

— Où est-ce que tu vois un héros, toi ? demanda le Cancer.

— Mais, mon porteur, tout simplement. C'est lui qui était au centre, lui qui a concentré le cosmos des autres Saints d'Or dans... dans la flèche de qui ? De bibi !

— Ouais, c'est toujours les mêmes, quoi, maugréa le Verseau.

— C'est vrai, appuya le Capricorne. Entre les Gémeaux, la Vierge et le Sagittaire, si on me dit qu'il n'y a pas de favoritisme...

— Sérieusement, vous n'avez pas une once de tristesse d'avoir vu périr vos porteurs sous vos yeux ? s’enquit le Taureau.

— Ben... fit le Verseau. Ça aurait pu être une belle séquence d'émotion, avec ces Chevaliers qui affrontent stoïquement leur destin. Mais comme l'ont dit Cancer et Scorpius, toutes ces larmes, ces simagrées... Personnellement je trouve qu'ils n'ont pas tenu leur rang. A croire que plus un être humain est fort, et plus il a un artichaut dans la poitrine.

— Moi il y en a un que je retiens... commença le Lion.

— Oulà, d'après le ton que tu prends, tu ne le portes pas dans ton cœur, nota la Balance.

— Et comment ! Dois-je vous rappeler le mauvais tour qu'il nous a joué, cet enfoiré ?

— Allons, tu parles tout de même d'un dieu, là, protesta le Capricorne.

— Tu n'es pas concerné, Capricornus. C'est pas toi que Poséidon a envoyé au casse-pipe ! Moi je me disais, chic on va encore servir. Ben tiens !

— Pourtant, quel endroit magnifique cet Elysion, soupira la Vierge.

— Tellement magnifique qu'on n'a pas eu le temps d'en profiter, évoqua le Verseau. Note pour plus tard, ne jamais, jamais, défier un dieu.

— C'est pas le seul dieu que nous avons affronté mais c'est vrai qu'il était costaud ce Thanatos, admit la Balance.

— Hé hé hé...

— Oui, Cancer, on sait. Manigoldo l'a affronté jadis, accorda le Lion.

— Et franchement, il a fait un meilleur score que ces petits Saints de Bronze.

— Ouais, heureusement que Sage était là, glissa le Verseau.

— N'empêche que...

— C'est bon, Cancer, d'accord ?

Devant le ton du Lion, le Cancer se contenta d'un :

— Tss...

— Je ne sais pas comment vous avez fait, les gars, moi j'aurais pas pu, avoua le Capricorne. Être balancé dans cette autre dimension, sans même qu'on vous demande votre avis, tout ça pour se retrouver en miettes en même pas trente secondes...

— C'est vrai, j'ai cru que je vous reverrai jamais, appuya le Taureau.

— Quel triste destin que le nôtre. Baladés de porteur en porteur et pour finir, transformés en chiche kebab, philosopha la Vierge.

— Il y a tout de même eu de bons moments, protesta le Taureau. Avez-vous oublié nos formes divines ?

— Ah ne me parle pas de ces horreurs !

— Pourquoi, Pisces, ça ne te plaisait pas ?

— Être constellé de fioritures et être aussi surchargé, non désolé mais moi j'appelle ça du mauvais goût. Et ces quoi ces machins qu'on a tous dans le dos ? Me dites pas que ce sont des ailes ! Que je sache, le Taureau, le Cancer ou encore le Capricorne ne volent pas !

— Je pense qu'en effet, ce ne sont pas toutes des ailes, enfin pas vraiment... Ils ont dû vouloir faire un truc, je ne sais pas...

— Oui ben en attendant, je trouve ça très laid.

— C'est pas tellement que c'est laid, c'est surtout que c'est ridicule, évalua le Cancer.

— Ridicule ! Voilà ! C'est le mot que je cherchais !

— Dites-vous que nous avons évolué, tempéra le Taureau. D'armures d'or nous sommes devenus, pour un bref instant, des Cloths d'Or Divines. Enfin c'est pas rien, quoi ! On est au même niveau que les armures de Bronze Divines !

— Oui, alors non, ça ça va pas le faire.

— Pourquoi ça, Libra ?

— Je vous signale qu'à la base, on est des Cloths d'Or. Des Cloths d'Or, nom de... Le coup de la transformation au stade ultime, ça devrait être réservé à l'élite. Je vois vraiment pas pourquoi les armures de Bronze ont évolué, elles aussi.

— Ben peut-être parce que leurs porteurs sont les plus fidèles défenseurs d'Athéna et que le sang de la déesse a éclaboussé nos confrères de Bronze, rappela le Verseau.

— Non, non et non. Moi je dis que tout ça, c'est pas normal, s'entêta la Balance.

— Pour ceux qui n'aiment pas nos formes divines, dites-vous qu'il n'y a eu que comme ça que nous avons pu vaincre Loki.

— Ah ça te va bien de dire ça, Leo, répliqua le Scorpion. Et oui, une fois encore, monsieur est le héros de l'histoire ! Ton porteur a même pu endosser l'armure d'Odin !

— Alors ça, tu parles d'un camouflet ! Comme si je n'étais plus assez bien pour lui, mon porteur me trompe avec une God Robe ! Entre nous, je lui sied bien mieux. Mais n'empêche, quand j'ai vu ça, j'ai crié « trahison ! ». Non mais c'est quand même moi l'armure du Lion, non ?

— Ah ah, il est vexé comme un pou, s'amusa le Cancer.

— En plus, vous n'avez pas entendu ce que m'a dit l’armure d'Odin ? « Pousse-toi petit, laisse faire les grands ». Quelle condescendance, quel culot ! En gros, pour lui j'étais un novice.

— En même temps il protège un dieu, quand même, mentionna le Verseau. En plus tu étais en miettes.

— Ça je m'en fiche, il n'avait pas à me parler sur ce ton. C'est que j'ai affronté des Titans, moi !

— Bref, fit le Verseau. Vous voulez savoir ce qu'il y a d'autre de ridicule ? La présentation de chaque Chevalier. Parce que, bien sûr, le dieu malfaisant Loki va rester là, à écouter bien sagement les paroles de ses adversaires !

— C'est vrai, approuva le Capricorne. Moi-même j'étais mal à l'idée qu'il puisse attaquer en plein milieu d'une tirade d'un de nos porteurs. Mais il n'en a rien fait.

— Comme quoi, il n'y a pas que les humains qui soient limités intellectuellement, les dieux aussi, affirma le Cancer. Heureusement pour nos porteurs qu’il se soit montré conciliant sur ce coup-là.

Le Gémeau se décida alors à dire ce qui le travaillait depuis quelques minutes :

— Et ben moi j'aime beaucoup ma forme divine, voilà. Les ailes, ça me donne un air de majesté, je trouve.

— Tu plaisantes ? En version améliorée, t'étais l'un des plus moches !

— Peuh ! N'importe quoi, un Gémeau n'est jamais moche. Parle pour toi le Crabe !

Mais le Cancer enfonça le clou :

— Et puis ton casque... Désolé mais c'est pas possible. En version totem ça passe encore, par contre quand tu le mets sur la tête de quelqu'un, au secours ! On dirait qu'il a la figure coincée dans une boîte de conserve !

— Non mais ça va bien, oui ? Est-ce que je critique ta pince hypertrophiée ? Et pourtant, avec une telle différence de taille entre tes appendices, on pourrait croire que tu es malade !

— En attendant, c'est moi qui ai quitté mon porteur, et pas l'inverse !

— Oh alors ça c'est bas, c'est très bas. Je te rappelle quand même que mon porteur était le héros de cette aventure à Asgard ! Toi, le tiens, il s'est transformé en guimauve ! Et oui ! Où il est passé, le redoutable DeathMask ? Et c'était quoi cette loque pleurnicheuse qui soupirait après... après qui déjà ? Héléna ?

Le Cancer respira profondément, puis il répondit :

— Bon, OK, là tu marques un point. C'est vrai qu'il m'a fait un peu honte, le petit DM. Lorsque ces gosses se sont mis à l’encourager, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. Il en faisait quoi de notre réputation ?

— Pour en revenir au sale coup que nous a joué Poséidon en nous envoyant à Elysion, en fait, c'était de notre faute, admit la Vierge.

— Tiens donc, et pourquoi ça ? demanda la Balance.

— Parce que c'est nous qui avons ouvert la voie, expliqua la Vierge. Vous vous souvenez de la bataille des Sept Océans ? Pour la première fois des armures d'or sont allées porter secours à des Saints de Bronze en difficulté. Poséidon a dû se dire que, puisqu'on l'avait déjà fait une fois, cela ne nous dérangerait pas de recommencer.

— En même temps, c'était un peu obligé. Ces inconscients s'en prenaient au Dieu de la mer ! Personnellement, j'avais bien envie d'y aller avec mon porteur attitré, seulement ce crétin a cru Mū quand celui-ci leur a dit de ne pas sortir du Domaine Sacré.

— Ouais, et comme tu étais le héros, tu étais obligé d'intervenir...

— Bon, ça va avec ta jalousie, Scorpius ! Si mon porteur est le héros, c'est pas ma faute !

— Était. Aiolia a disparu avec les autres Chevaliers d'Or.

— Pitié, ne me dites pas qu'on va parler de Ionia et de sa clique ! gémit le Bélier.

— Plains-toi, toi au moins tu as hérité d'un porteur raisonnable. Ce galopin de Kiki a bien grandi. Les autres Chevaliers d'Or, heu...

Et les Cloths, les yeux fermés sur leur souvenirs, secouèrent la tête.

 

 

 

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