Assassin de l'Aube, symbole du Couchant

Chapitre 3 : Tilda

1943 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/05/2017 08:57

Cela fait maintenant neuf ans qu'Azura a fait de moi son assassin. Pour elle, j'enchaîne les contrats et tue sans relâche. Et pour le moment, personne ne m'a jamais attrapé et encore moins repéré. Je suis le meilleur tueur de Tamriel, il n'y a aucun doute là-dessus. Les meilleures confréries d'assassins de Tamriel ont bien tenté de me recruter, aucune ne m'a jamais vue. Je suis solitaire et je m'en porte à merveille. 

   Je suis actuellement au-dessus d'un camp de parjures, en Bordeciel. L'un d'entre eux vénère Malacath et il est de mon devoir de l'éliminer. Je repère rapidement ma cible et, d'une flèche, lui transperce le coeur. Malheureusement pour moi, les autres parjures m'ont vite repéré et se lancent à ma poursuite. Je quitte l'arbre dans lequel je m'étais caché et atterris souplement au sol. Des flèches sifflent autour de moi et les cris des parjures retentissent derrière moi. Je me glisse furtivement derrière une tente, prêt à les embrocher sur ma lame. 

   Le premier parjure arrive. Je le surprends en lui tranchant la gorge avant qu'il ait pu esquisser le moindre geste. Il s'effondre à mes pieds dans une mare de sang. Le second parjure approche à son tour, puis deux autres suivent derrière. Je me retrouve rapidement encerclé par ces sauvages. J'enchaîne les coups et les parades, mais ils sont trop nombreux. Pendant une seconde, je me vois mort, baignant dans mon sang et finissant déchiqueté par des bêtes sauvages. Puis mon épée trouve le chemin vers le coeur de l'un des parjures et il tombe à mes pieds. Cela ne ralentit absolument pas les autres, qui continuent d'affluer autour de moi. Ils sont bien une quinzaine, et moi seul. Je recule jusqu'à un mur surmonté d'un crâne de cerf planté sur un poteau. Je retiens les parjures du mieux que je peux, mais les coups pleuvent autour de moi et j'ai de plus en plus de mal à les arrêter. Une épée m'atteint au bras. Je sens que le combat est perdu d'avance. Soudain, dans un éclair enflammé, trois parjures tombent au sol, perturbant les autres et me laissant un peu plus d'espace. Je réussis à en décapiter un, puis un autre tombe à côté de moi, brûlé par un sort. Je finis par voir la panique gagner les parjures. Je comprends vite pourquoi. Une guerrière en armure apparaît, entourée d'une aura de feu particulièrement dévastatrice. Son épée brille d'une lueur orangée, et chacun de ses coups enflamme sa cible. J'utilise également des sorts pour repousser les parjures et finis par combattre dos à la guerrière. Au bout d'un moment, nous achevons les derniers parjures. Quand le Roncecoeur décide de se montrer, nous le repoussons ensemble. À la fin, d'un même mouvement, nous plantons nos épées dans son cou. Le Roncecoeur lâche un étrange gargouillis avant de tomber au sol, se déchirant la jugulaire sur nos épées au passage. Je nettoie mon épée sur le pagne d'un des parjures, la roche autour de nous étant couverte de sang et l'herbe luisant des gouttes de sang sous nos pieds m'empêchant de la nettoyer autrement. Quand je me tourne vers la femme, elle est agenouillée devant le Roncecoeur et trifouille dans ses entrailles. Je l'observe sans oser lui parler, de peur de la surprendre et de lui faire peur. Elle finit par sortir une étrange petite pomme de pin sanglante et palpitante de la poitrine du cadavre et la range dans une sacoche attachée à sa ceinture. Puis elle se redresse et retire son casque. Elle se tourne ensuite vers moi. C'est une nordique, aucun doute là dessus. Ses cheveux blonds glissent sur ses épaules au gré du vent, lui donnant un air un peu sauvage. Sa peau pâle légèrement hâlée témoigne de sa vie en pleine nature, ses yeux ont cet éclat sauvage et brillant des aventuriers en quête de nouveaux mystères, et son visage en lui-même est d'une beauté sauvage peu commune pour les femmes humaines. Quand elle me regarde, un éclair sombre traverse ses yeux bleus et elle me dit d'une voix froide quand j'ouvre la bouche:

- Inutile de me remercier. Mon but n'était pas de vous aider. 

Sur ce, elle tourne les talons et fouille les tentes des parjures, certainement dans l'espoir de trouver un coffre. 

- Leur principal trésor se trouve là-bas, je lui dis en désignant la tente la plus à l'intérieur du renfoncement où se trouve le camp. 

- Qui me dit que vous dites vrai? me demande-t-elle en posant la main sur son épée, qui instantanément prend feu. 

Je lève les mains en signe de non agression. 

- Comme vous voudrez, je lance en prenant le chemin de la tente en question. 

Elle enjambe un corps. 

- Vous n'êtes pas un des leurs, me dit elle. Alors que fichez vous ici? 

Son ton est particulièrement méfiant. Ce qui ne m'étonne pas. 

- Disons que... j'avais une petite mission à effectuer ici, mais ils m'ont repéré...

- Quel genre de mission? 

- Vous êtes bien curieuse, jeune fille... je remarque en me mettant aussi sur la défensive.

Elle fait une moue légèrement vexée puis rengaine son épée.

- Vous maîtrisez plutôt bien les mots, pour un bandit, répond elle.

- Ai-je l'air d'un bandit? je réplique sur le même ton.

Elle me fixe un instant avant de dire:

- Hmm... oui. 

Son sourire trahit le fond de sa pensée. Elle se moque de moi. 

- Alors dans ce cas, vous ne serez pas surprise d'apprendre que je suis là pour leur or, je réponds tout aussi ironiquement.

- Sérieusement, me demande-t-elle en fronçant les sourcils, si ce n'est pas l'or qui vous intéresse, pourquoi avez vous mis les pieds dans ce trou à ragnards? 

- Je vous retourne la question, j'esquive, que fait une aussi jeune damoiselle dans un lieu aussi infâme? 

Elle lâche un cri de rage, ce qui me fait sourire. Jusqu'à ce qu'elle dégaine son épée enflammée. 

- Partez avant que je ne m'énerve, me lance-t-elle froidement.

- Vous êtes déjà énervée, je réponds en esquissant un léger sourire. 

Elle abaisse son arme. 

- Partez, fait elle. 

- J'allais m'en aller, je réponds en passant près d'elle. 

Et je me fige en apercevant la Harfreuse qui nous observe. 

-Quoi? fait la jeune femme d'un ton moqueur. Vous avez vu un papillon? 

J'ai juste le temps de la pousser avant qu'une boule de feu ne s'écrase au sol, lui épargnant de sérieux dégâts. Elle lâche une exclamation indignée quand je bande mon arc et tire une flèche sur la créature. Cette dernière se prend la flèche dans le bras, à mon grand désarroi. Puis je sens une bouffée de chaleur à côté de moi et remarque que la jeune femme a fait apparaître son aura enflammée. Elle fonce sur la femme-oiseau et le combat s'engage entre la femme humaine et la créature inhumaine. Je lance une boule de feu sur la Harfreuse. Cette dernière lâche un cri rauque et la guerrière réussit à la blesser à la jambe gauche. Avant que j'aie le temps de relancer un sort, elle lui fauche l'autre jambe et lui coupe la tête. Puis elle lui arrache les griffes et les plumes avant de les ranger dans sa sacoche. Elle se retourne vers moi et me lance:

- Mon casque. 

Je remarque que ce dernier est à mes pieds. Je le ramasse et m'approche d'elle pour le lui rendre. Elle m'attrape la main et y dépose un collier en or. Je la regarde sans comprendre. Elle hausse les épaules. 

- Je n'en ai pas l'utilité, me dit elle. Et je refuse de le vendre. Faites en ce que vous voulez. 

Je reste sans voix et me contente de la regarder. Je la détaille. Elle a une légère cicatrice sur la joue, une trace de coup au niveau de la tempe, des griffes sur une partie du visage, mais rien de tout cela n'altère sa beauté si spéciale. Je remarque même une tache de naissance en forme de croissant sur son cou. Elle suit mon regard et me dit:

- Elle est censée me porter chance. 

Puis je croise son regard. L'instant est magique. Ses yeux bleus brillent au soleil et reflètent ses émotions si facilement... de près, et sans la poussière et le sang qui maculent sa peau, je lui donnerais vingt cinq ans au plus vieux. Si près... sa façon de me regarder, son expression, tout en elle me donne envie de rester près d'elle et de ne jamais la quitter des yeux... 

   Un cri rauque retentit au loin. Nous levons les yeux en même temps vers les nuages. La magie est rompue. 

- Je... je vais y aller, je murmure d'une voix tremblante quand la jeune femme ramasse son épée. 

- Vous êtes solitaire? me demande-t-elle.

- Disons que... je ne sais pas à qui me fier, je réponds. 

 Elle remet son casque et me dit:

- Je viens avec vous. 

Je la regarde, surpris. Son casque rend son expression indéchiffrable. 

- Sans moi, vous seriez mort, dit-elle. Sans vous, cette harfreuse m'aurait tuée. Nous formons une bonne équipe. Pourquoi ne pas voyager ensemble? 

Je remercie intérieurement Azura. La jeune femme rengaine son épée et se dirige vers le coffre des parjures. Je la suis et passe devant pour déverrouiller le coffre. Nous ouvrons ce dernier ensemble. Dedans, nous trouvons des potions de soin, une potion de respiration aquatique, un collier, des bottes de fer et un casque daedrique. Je reconnais la marque d'Azura grâce à la petite étoile gravée au sommet. Je le tends à la jeune femme, qui me regarde avec étonnement. 

- Il vous sera sûrement utile, lui dis-je. Le vôtre semble... abîmé. 

Elle essaye le casque. Ce dernier lui va à merveille. Puis elle le retire et me glisse une amulette entre les doigts. 

- Merci, fait-elle. 

Elle se relève et sort de la tente. Je contemple l'amulette au creux de ma main. Une amulette de Mara. Je ne peux m'empêcher de sourire avant de me relever et de sortir à mon tour. Je glisse l'amulette dans ma poche, heureux, avant de rejoindre la jeune femme qui m'attend sur un rocher. Quand elle me voit, elle me demande: 

- On y va? 

Je hoche la tête et elle passe devant. Puis elle se retourne et me dit:

- Au fait, je m'appelle Tilda. Et vous? 

- Tuomas, je réponds du bout des lèvres. 

Un nom guerrier pour une femme guerrière... un nom magnifique pour une femme magnifique... elle me sourit et m'attrape la main, m'entrainant derrière elle sur les routes de Tamriel... 

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