TWD : Au-delà de tout

Chapitre 11 : Rapprochements

2860 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:59

La petite rouquine reprit sa place sur le fauteuil et ramena ses jambes sous elle. Soulevant les fesses, elle récupéra son livre.

 

Daryl prenant une bouchée : C’est bon !

 

Brooke sourit radieusement : Heureuse que tu aimes ma cuisine. Elle rigola. C’est à peu près tout ce que je sais faire…

 

Daryl : Mm…T’inquiète.

 

Brooke : Quoi ?

 

Daryl : T’as d’autres qualités. Tu trouveras sûrement un mari quand même dans quelques années.

 

Brooke sarcastique : Ha ha ! Très drôle ! Ma mère me disait toujours, après chaque nouvelle catastrophe en cuisine, que j’étais presque bonne à rien et que ce qui me sauvait c’était mon talent pour faire le ménage.

 

Il l’écoutait et la vit sourire en racontant des anecdotes de son passé. Il mangea en silence mais il ne trouvait rien de drôle dans tout ça.

 

Brooke sans perdre sa joie : Quoi ? Pourquoi tu me regardes en faisant cette tronche ?

 

Daryl : Mm… Rien.

 

Brooke : Parle. Elle parut triste. Je suis désolée de t’embêter avec mes histoires. Ça me fait du bien de me remémorer les bons moments.

 

Daryl : C’est comme ça que t’appelles ça ?

 

Brooke : J’comprends pas ?

 

Daryl : Ta mère te dit que tu n’es bonne qu’à faire la boniche et ça te fait plaisir ?

 

Brooke : C’est le contexte Daryl. Ma mère était la parfaite épouse. Elle n’a jamais compris comment je pouvais être aussi nulle dans un domaine qu’elle excellait. Même chose pour mon père. Il était très manuel pour un avocat et moi, j’arrive à peine à utiliser un marteau sans m’écraser un doigt. Il eut un petit sourire. Tu vois, même toi tu trouves ça drôle !

 

Daryl : J’comprends un peu mieux ce qui te rend heureuse là-dedans. Petit silence. Continue de parler si tu veux. Tu ne m’ennuies pas.

 

Brooke lui sourit : Ma mère voyait que même si je mettais toujours une pagaille monstre qu’au moins, je savais nettoyer derrière moi. Mon père, lui, voyait ça autrement. Il disait que ça signifiait que je savais corriger mes erreurs. Elle éclata de rire. Mais elle lui répétait sans cesse que ce n’était pas comme ça que j’arriverais à me trouver un mari !

 

Daryl : Hmm… Tu sais peut-être pas cuisiner comme Patricia mais tu sais préparer de bon sandwich.

 

Brooke : Merci. Elle vit qu’il terminait. Tu en veux un autre ?

 

Daryl : Non. Ça va…

 

Il grimaça lorsqu’il s’étira pour déposer le plat de l’autre côté du verre de jus d’orange.

 

Brooke le voyant souffrir : Daryl !

 

Elle laissa tomber son livre sur le sol et se pressa à son chevet. Il était courbé en avant.

 

Daryl grommela : Ça va…

 

Brooke en le tenant par les épaules : Même pas vrai… Elle fut soucieuse lorsqu’elle l’aida à se recoucher. Tes points ont sauté ?

 

Daryl alors qu’elle avait toujours ses mains sur lui : J’pense pas mais ça a fait un mal de chien.

 

Brooke : Laisse-moi voir !

 

D’un coup, elle abaissa la couverture de sa main droite et lui releva sa chemise du côté gauche où il s’était blessé avec l’une de ses propres flèches. Délicatement, elle passa ses doigts sur le bandage de son torse et dans son dos où elle examina ses doigts par la suite.

 

Brooke concentrée sur sa tâche : Je ne vois pas de trace de sang. Les points ont tenu. Elle releva les yeux et son visage fut près du sien. Fais attention Daryl.

 

Il rebaissa sa chemise et elle enleva sa main gauche de sur lui.

 

Daryl : C’est ce que je fais.

 

Brooke : Tu aurais dû me demander. Je l’aurais fait pour toi.

 

Daryl agacé : J’peux pas toujours tout te demander.

 

Elle s’assit proche de lui, à sa gauche. Il sentait la chaleur de son corps contre le sien.

 

Brooke : Pour l’instant, tu pourrais laisser quelqu’un prendre soin de toi ? Je sais que tu n’as besoin de personne mais, pour une fois, juste cette fois, laisse-toi faire. D’accord ?

 

Daryl : Mm-hmm… C’est pas en étant dérangée à toutes les deux minutes que tu pourras avancer. Il montra du menton le livre toujours sur le plancher. Et c’est quoi d’abord ce foutu bouquin que tu traînes partout avec toi ? Tu le sors d’où ?

 

Brooke sourit et rit doucement : C’est Beth qui me l’a prêté.

 

Daryl : C’est quoi ?

 

Brooke incertaine de vouloir le lui avouer : Hmm… Nouveaux contes de fées de la Comtesse de Ségur.

 

Daryl sans juger : T’aimes ce genre en particulier ?

 

Brooke haussant les épaules : Bah ! Ouais… Ça fait gamine, je sais…

 

Daryl : Mm… Pas vraiment important.

 

Brooke : C’est ce que je me disais quand les autres filles de mon école se moquaient de moi à cause de mes lectures alors qu’elles se pâmaient toutes pour Edward

 

Daryl :

 

Brooke : C’est le vampire de Twilight

 

Daryl : Connais pas.

 

Brooke roulant des yeux : Moi, les histoires de vampires… J’ai jamais aimé ça.

 

Daryl d’un petit sourire moqueur : Toi, tu préfères les contes de fées…

 

Elle rit doucement. Il la taquinait et ça le faisait sourire. Elle aussi.

 

Brooke l’observant attentivement : Tu as encore mal ?

 

Daryl détournant les yeux : Ça passe.

 

Brooke : Tu veux des analgésiques ?

 

Daryl un peu brusque : Préférais ne pas avoir à prendre de médoc.

 

Brooke se crispant : D’accord…

 

Petit silence.

 

Daryl cherchant à dissiper le malaise : Tu lis quoi d’autre ?

 

Brooke peu convaincu : Bah…

 

Daryl essayant toujours : Ton préféré ?

 

Elle le regarda et vit qu’il faisait beaucoup d’effort pour se reprendre.

 

Brooke expirant : Mon préféré c’était La Reine des Neiges. Je ne me souviens même plus de l’histoire mais j’ai jamais oublié à quel point j’aimais la lire et la relire.

 

Daryl : Tu l’as perdu avant tout ça ?

 

Brooke elle regarda le sol devant elle : Oui et d’une façon plus que stupide.

 

Daryl : Comment ?

 

Brooke après une petite pause : Bien avant la naissance de Elliot, on est allé camper dans les bois et je l’ai oublié là.

 

Elle sembla triste. Il voulut mettre sa main droite sur son épaule gauche mais il n’osa pas. Il la mit derrière sa tête pour terminer son geste en toute discrétion. Elle n’y vit que du feu.

 

Daryl : Et y’a pas eu moyen d’en ravoir un autre ?

 

Brooke : Non…

 

Daryl : Pourquoi ? Il est si dur à trouver ?

 

Brooke haussant les épaules : J’pense pas…

 

Daryl : Alors quoi ? C’est l’argent ?

 

Brooke rit sans plaisir en le fixant : De ce côté, on avait vraiment pas à se plaindre. On en avait plus que ce qu’on pouvait en dépenser.

 

Daryl : Alors, j’vois pas.

 

Brooke amère : Mon père. Il n’a jamais voulu me le racheter. Il disait que c’était de ma faute et que c’était sur moi à présent.

 

Daryl : T’avais pas d’argent d’poche ?

 

Brooke : Non. Il préférait contrôler ce que j’achetais alors il m’emmenait dans les magasins et il décidait toujours pour moi.

 

Daryl : Comme ta casquette ?

 

Brooke d’un mince sourire en changeant de ton : Non. C’était le choix de ma mère. C’est pour ça que je l’aime tant. C’est la seule chose qu’elle m’ait jamais acheté sans qu’il y mette son grain de sel.

 

Daryl : Mm-hmm… C’est poche… Pour le livre et tout le reste.

 

Brooke : Ouais…

 

Silence.

 

Daryl gêné : Tu pourrais…

 

Il ne termina pas sa phrase alors elle suivit son regard et prit le verre de sa main gauche.

 

Brooke en le lui tendant : Tiens.

 

Daryl le lui prenant : Merci.

 

Elle sourit en le regardant affectueusement. Il prit une gorgée en l’observant. Lorsqu’il eut bu la moitié du verre, il le lui rendit.

 

Daryl : Ta mère se trompait.

 

Brooke le lui prit et… : À quel sujet ? … le replaça sur la table de chevet.

 

Daryl : Tu es bonne à mariée…

 

Surprise, elle fit presque tomber le verre mais le redressa à temps.

 

Brooke se retourna vers lui et se moqua : Ouais, c’est ça !

 

Elle vit les marres bleues braquées dans les siennes. Une fraction de seconde, elle désira s’y plonger et ne pas en refaire surface. S’y noyer pour qu’on ne l’en sorte jamais…

 

Brooke le fixa et attendit qu’il sourit : J’vois pas ce qui…

 

Elle détourna les yeux. Elle ne pouvait soutenir son regard plus longuement.

 

Brooke comprenant qu’il était sérieux : C’est n’importe quoi !

 

Elle se releva rageusement et fit un pas vers son fauteuil dans un mouvement fluide. Elle ne put en faire un autre au moment où la main agile droite de Dixon lui enserra le poignet gauche, le pouce vers le bas. Le geste fut si soudain que lorsqu’il la tira vers lui, elle perdit pied en pivotant vers lui. Elle lui tomba à moitié dessus. Son genou droit sur le lit, sa main droite proche de sa hanche sous la couverture qui fut bien mince tout d’un coup pour la jeune fille.

 

Il la retenait toujours. Sa poitrine à un peu plus d’un pied de son torse puissant. Son visage trop près du sien. Sa respiration s’accéléra. Le souffle chaud de l’homme caressant son jeune cou. Ses lèvres juvéniles s’entrouvrirent légèrement cependant qu’elle ne pouvait détacher ses yeux des siens. Elle discernait chacune des nuances du bleu qui rendait son regard plus étendu que le ciel, plus immense qu’un océan, plus profond que la fosse des Mariannes, plus infini que les étoiles mêmes. Sans y prendre garde, elle se pencha et combla la distance les séparant. Avant que leurs lèvres ne se touchent,…

 

… il détourna légèrement la tête. La réalité fit voler la magie du moment en éclat et chaque étincelle fut un fragment de plus pour lui déchirer le cœur. Elle recula, sans comprendre ce qui venait de se dérouler, sans s’expliquer cette douleur à la poitrine.

 

Brooke : Je ne sais pas ce qui m’a pris… Excuse-moi…

 

Elle essaya de se relever mais retomba en avant. Il la tenait toujours. Elle n’avait pas remarqué. Ses doigts enroulés sur sa peau… Ce geste fut trop naturel pour qu’elle n’y prenne garde.

 

Brooke coulant un regard vers son poignet : Daryl…

 

Il la regarda et détacha ses doigts de sa peau… comme à regret… Comme si lui-même les avait oubliés là, comme si pour lui aussi c’était naturel de la toucher, de la tenir ainsi. Légitime…

 

Daryl : J’voulais pas te faire tomber.

 

Brooke : Je sais… Pourquoi tu as fait ça ?

 

Daryl haussant les épaules : J’voulais pas que tu te détournes.

 

Brooke recula lentement de quelques pas : Fallait le dire…

 

Daryl : Mm-hmm…

 

Silence gêné.

 

Brooke :  Alors…

 

Il baissa les yeux en replaçant la couverture sur lui. N’importe quoi pour cacher son malaise, se donner une contenance.

 

Daryl : Je voulais dire que tu es une gentille fille attentionnée et prévenante. Adorable et drôle. Tu trouveras bien quelqu’un qui te mérites.

 

Brooke rougit : Merci.

 

Daryl : Pas obligé. Il s’allongea et lui tourna le dos.

 

Brooke : Je peux rester jusqu’à ce que tu t’endormes ?

 

Daryl en se couvrant : Si tu veux…

 

Sans un mot de plus, elle ramassa son livre et se réinstalla en ramenant ses jambes sous elle. Elle reprit sa lecture qui n’avançait réellement pas. Elle se força à s’y plonger pour s’enlever de la tête ce qui venait de se passer.

 

Yeux dans les yeux. Peau contre peau. Souffle contre souffle. Leurs lèvres s’effleurèrent presque… Ce qui aurait pu se produire…

 

Elle secoua la tête et se força à suivre les aventures de Blondine, maintenant dans la forêt des Lilas.

 

Les minutes s’écoulèrent et ses paupières furent de plus en plus lourdes. Elles se fermèrent…

 

Mais Brooke eut un soubresaut en se réveillant. Regardant Daryl, elle le vit changer de position. Malgré sa blessure, il fut sur son côté gauche. Inquiète, elle se leva et vint à lui silencieusement. À ses côtés, elle l’observa. Sa poitrine se souleva et s’abaissa lentement au rythme régulier de sa respiration. Il paraissait si calme et si paisible en cet instant.

 

Lui souriant tendrement, elle porta sa main droite à son front et lui caressa doucement les cheveux. Elle inspira profondément et expira tout l’air de ses poumons sans un bruit. C’est alors qu’elle sortit en catimini et referma derrière elle après un ultime regard pour Daryl.

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