ENTRE TENDRESSE ET TOURMENTE

Chapitre 1 : Un réveil apaisé en famille

1344 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/07/2025 16:22

PDV Madeleine Larcher


12 Juin 1940


Après une bonne nuit de sommeil, je me réveille en pleine forme, mon petit frère Gustave qui se trouve dans le lit d'à côté dort toujours profondément comme maman, papa en revanche est déjà levé. Avant que je ne le rejoigne, je me prépare soigneusement avant de descendre l'étage.


"Bonjour papa, tu as bien dormi ?"


Je lui fais une bise sur la joue qu'il me rend distraitement tandis qu'il prépare le café.


"Bonjour ma fille, oui, j'ai bien dormi, toi aussi ?"


"Oui, merci. Je vais m'occuper de faire les tartines pour maman et Gustave, si tu veux."


"Ce serait gentil de ta part, commence par faire celles de ta mère, ensuite je lui apporterai le petit-déjeuner au lit. Madeleine, écoute moi un instant pendant que Gustave est encore au lit, je ne peux pas en parler devant lui, il est trop jeune. Et même si tu es encore une adolescente de treize ans, tu es suffisamment grande pour faire face à ce que je vais te dire."


"Bien sûr papa, il se passe quelque chose de grave ?"


"Oui, il risque effectivement de se passer quelque chose de grave. Tu sais que notre pays a perdu cette deuxième guerre contre l'Allemagne nazie ?"


Je hoche la tête tout en m'activant sur la préparation du petit déjeuner de maman, papa poursuit sur sa lancée.


"J'ai entendu des rumeurs comme quoi Hitler enverrait ses troupes SS occuper Villeneuve dans peu de temps, je sais que ça a déjà commencé dans d'autres parties de la France."


J'en lâche la deuxième tartine tout juste beurrée, heureusement papa s'assure qu'elle ne tombe pas à terre.


"Papa, si cette rumeur est réelle, si ces allemands envahissent notre pays, est-ce que le maréchal Pétain ne pourrait pas faire quelque chose contre ce problème ? Puisqu'il a été le héros de Verdun durant la première guerre mondiale, ne pourrait-il pas redevenir le défenseur de la France comme avant et arrêter les allemands ? Qu'est-ce que tu en penses ?"


Papa a un sourire sinistre, il secoue la tête de dépit et me répond.


"Madeleine, retiens ceci, jamais je ne pourrai faire confiance à un homme comme Pétain, je ne le sens pas de taille contre Hitler."


Au fond de mon cœur, j'espère que cette occupation ne se fera pas, en tout cas, je n'ai pas le temps de m'appesantir davantage sur mes pensées car Gustave nous rejoint, papa et moi cessons aussitôt notre conversation. Il vient nous embrasser tous les deux, alors que je finis tout juste de préparer les tartines pour maman et lui.


"Bonjour papa ! Bonjour grande sœur !"


"Bonjour Gustave, parle plus bas, ta mère est encore en train de dormir." Dit papa alors qu'il dispose la tasse de café et les tartines sur un plateau.


"Maman était déjà réveillée lorsque je me suis levé." Répond Gustave.


"Bon, très bien. Madeleine, tu veux bien t'occuper de servir le petit déjeuner à ton petit frère, je te prie ?" Me demande papa.


"Bien sûr papa. Gustave, assieds toi, je vais te servir le café, tes tartines sont prêtes."


"Merci grande sœur."


Tandis que papa monte à l'étage et que Gustave savoure son petit-déjeuner, je m'assieds à ses côtés et lui demande avec un grand sourire.


"Alors petit frère, tu es content de faire cette sortie avec ta classe ?"


"Ah ça oui ! C'est vachement bien ! J'espère qu'il fera beau temps toute la journée pour le pique nique et l'herbier, c'est dommage que tu ne sois plus à l'école, tu aurais pu profiter de cette sortie, toi aussi."


Gustave a la mine tellement enjouée que cela me rend nostalgique à l'époque de ma scolarité.


"Oui, c'est dommage, mais comme je dois veiller sur notre maman pendant que papa est au travail, ma priorité est désormais le bien-être de notre famille. Allez, mange tes tartines et bois ton café si tu ne veux pas être en retard pour ta sortie."


Papa nous rejoint quelques instants plus tard avec le plateau vide, je lui sers son café chaud dans une tasse, il me remercie d'un signe de tête en la prenant et avale sa boisson quasiment d'une traite, puis il me dit.


"Madeleine, j'accompagne Gustave à l'école pour sa sortie, ensuite j'irai à la scierie, toi tu t'occuperas de ta mère. Normalement, vous avez suffisamment de quoi vous nourrir pour aujourd'hui, en revanche, évite de sortir de la maison si possible, d'accord ?"


Je pense à l'instant qu'en faisant les tartines pour maman et Gustave, il n'y a plus de pain.


"Papa, si ça ne t'embête pas, j'aurais besoin d'aller à la boulangerie."


"Pourquoi à la boulangerie ? Il ne reste plus de pain ?"


"En effet, il n'y en a plus."


"D'accord... attends, je vais te donner de quoi payer."


Après m'avoir donné quelques pièces, il me dit.


"Voilà, ça devrait suffire pour acheter un pain de campagne ou quoique ce soit d'autre que tu trouveras. Par contre, ne t'attarde pas en cours de route, rentre rapidement dès que tu auras fait ton achat, promis ?"


"Oui papa, c'est promis."


Une fois rassuré par mes mots, papa se tourne vers Gustave.


"Gustave, tu as terminé ?"


"Oui papa, ça y est, j'ai fini. Et merci grande sœur pour m'avoir préparé les tartines."


"Avec plaisir petit frère." Lui dis-je avec un clin d'œil ce qui fait sourire Gustave et papa qui lui dit encore.


"Alors débarrasse la table, vas brosser tes dents et tu diras au revoir à ta mère."


"Oui papa."


Une fois la table débarrassée et nettoyée, mon petit frère monte à l'étage. Ce que je n'ose pas dire à mon père, c'est qu'en allant à la boulangerie, je croiserai peut-être Alexandre Morrel, un ancien camarade d'école qui s'est toujours montré adorable avec moi. Il travaille actuellement pour les propriétaires de la boulangerie, Mr et Mme Mercier. Lorsque je viens y acheter le pain, il m'arrive de le croiser, car il fait régulièrement des livraisons de pain à domicile. Et si je préfère ne pas en parler à papa, c'est parce que je ne veux pas qu'il se fasse des idées pour rien.


Je ne peux pas nier qu'Alexandre est très mignon, il peut être charmant lorsqu'il m'adresse un sourire. Parfois, il m'arrive de penser que je lui plais, particulièrement quand ses yeux me sondent de manière intense ; mais bon, je peux aussi me tromper. Seulement si je raconte cette anecdote à mon père, il serait capable de s'imaginer que ce garçon cherche à m'attirer vers lui et à partir de cet instant, il y a de grandes chances que je sois confinée à la maison durant des semaines ou peut-être même des mois.


"Ça y est papa, je suis prêt !" S'écrie Gustave.


"Très bien, je vais dire au revoir à ta mère et on y va." Dit papa avant de monter à son tour à l'étage, quant à moi, je prends Gustave dans mes bras.


"Je te souhaite de passer un bonne journée pour ta sortie, petit frère. Attends, tu auras besoin de ça."


Je prends un panier en osier que je tends à Gustave avant de le serrer dans mes bras et de déposer un baiser sur le haut de sa tête.


"Merci grande sœur, occupe toi bien de maman alors."


"Ne t'inquiète pas, j'y ferai très attention."

Il me fait un sourire et m'embrasse sur la joue, papa revient vers nous à ce moment-là.


"On peut y aller Gustave, à ce soir Madeleine."


Papa me fait un baiser sur la joue, puis il entraîne rapidement Gustave hors de la maison et referme la porte. Sans tarder, je rejoins ma petite maman, elle m'accueille avec le sourire.












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