Divergente 4 - Résurgence

Chapitre 5

4341 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/08/2016 13:07

Depuis deux jours, Christina contacte chaque jour Tobias pour l’inciter à rendre visite à Tris. Et aussi pour savoir comment il se porte, elle se rend bien compte du bouleversement de son ami.

Johanna précipite la réflexion du jeune homme, en lui demandant de venir préparer avec elle la prochaine réunion du conseil.

Dévoué, son jeune collaborateur lui fait part des premiers résultats de ses contacts pris notamment avec la cité de Milwaukee, pour établir un réseau de communication plus performant, et permettre des échanges.

  • Merci Tobias, nous présenterons aux membres du conseil ces premiers résultats. Ce ne sera pas… le seul point à mettre à l’ordre du jour.

L’assistant patiente, attendant de connaître les autres sujets que Johanna souhaite aborder avec les autres conseillers. Elle inspire et l’informe :

  • Il est prévu que Caleb vienne présenter Tris.

Crispé, Tobias ferme les yeux dans un geste impatient de la tête. Pourquoi n’est-il pas plus surpris que ça ?

  • Et depuis combien de temps es-tu au courant de tout ça ? jette-t-il sur un ton soudain accusateur.
  • Depuis le début.

Le jeune homme se lève nerveusement de sa chaise, le bureau de Johanna n’est pas immense, mais assez pour qu’il marche avec exaspération d’un mur à l’autre.

  • Et vous êtes combien à avoir comploté comme ça dans mon dos ? s’agace-t-il.
  • Toute cette colère que tu as en toi te frappe comme un ressort Tobias, tu es empli de contradictions. Ne veux-tu rien savoir, ou aurais-tu voulu tout savoir depuis le début ?
  • J’en sais rien ! s’énerve son assistant. Comment peux-tu avoir collaboré à un projet génétique aussi controversé et aussi risqué ! Quelles garanties pouviez-vous avoir, en jouant ainsi avec la vie d’un être humain et, concrètement, avec la vie de plein de monde autour ?!
  • Pourquoi crois-tu donc que Caleb a fait appel à moi ? Réfléchis un peu ! argumente fermement Johanna du fond de son fauteuil.
  • Mais de quoi parles-tu ? crie Tobias, très agacé.
  • Crois-tu réellement que les Fraternels auraient pu nourrir toute la cité avec une agriculture familiale ?
  • Nous savons tous que nous consommions des céréales et des légumes OGM, mais…
  • Pas que les légumes, Tobias, interrompt Johanna d’une voix consensuelle.

Tobias se fige. La viande aussi, évidement. Les serres qu’ils avaient vues en fuyant Chicago pour passer le mur, et les « petits secrets des Fraternels » auxquels Johanna avait fait allusion. Tout ça n’était que détail à ce moment-là. Mais maintenant…

  • Tu as compris, dit Johanna plus doucement en voyant l’expression de Tobias. Il n’était pas possible de fournir suffisamment d’alimentation pour tout le monde avec les surfaces dont nous disposions, notre effectif, en comparaison avec les besoins. Les Erudits collaboraient avec nous, pas seulement pour l’architecture ou la production végétale. Ils nous ont montré comment élever plus de bétail, ou de volaille, en utilisant le clonage d’animaux rentables, sélectionner les vaches qui produisent plus de lait, ou de chair. Le clonage était la condition indispensable à notre autarcie, à la diversité alimentaire relative dont chacun a bénéficié. La technique était maîtrisée depuis des décennies sur nos animaux. Le sérum de paix nous empêchait de nous poser trop de questions existentielles, et les autres factions ne savaient pas, ou fermaient les yeux, faute d’alternative.
  • La faction avant les liens du sang, hein, ironise Tobias sur un ton acerbe.
  • Oui, c’est en partie un fondement de cette règle, ne pas empiéter sur les règles des autres. De quoi as-tu peur, mon ami ?
  • Ce n’est pas évident ? De souffrir ! J’ai eu ma dose je pense ! J’aimais Tris, enfin, Beatrice ! Ces sentiments sont encore là, enfouis mais pas morts, et voir ce clone ne peut que me torturer ! Voir sa jumelle, Tris, aujourd’hui, avec les sentiments, et les souvenirs que j’ai d’hier, alors qu’elle, ne les a pas, car ce n’est pas Beatrice, c’est pire que tout !
  • Souviens-toi d’où tu viens, et de ce que tu voulais être Tobias. Combien d’hommes et de femmes ont vécu des amours contrariées ou été contraints d’enfouir leurs sentiments au nom de la fidélité aux factions ? Combien ont perdu des êtres chers ?
  • Quel rapport ?
  • Tu es né chez les Altruistes, et ne les a quittés que pour fuir ton père, malgré ton penchant pour leurs valeurs. T’ont-elles quittées, ces valeurs ? Regrettes-tu d’avoir rencontré Beatrice ?
  • Bien sûr que non. Malgré les épreuves, j’ai vécu mes meilleurs moments avec elle, répond Tobias avec émotion.
  • Pourquoi n’en serait-il pas de même avec Tris ? glisse Johanna avec douceur.
  • Beatrice et moi avons construit notre relation, nos sentiments, avec une histoire commune. J’ai cette histoire en moi, pas Tris.

Tobias s’effondre plus qu’il ne s’assoit sur la chaise noire. Par la grande baie vitrée, les nuages qui passent rapidement devant le soleil, poussés par le vent, dessinent sur son corps des ombres caressantes.

  • Tu crains d’être amoureux de Tris, comme tu l’étais de Beatrice, et pas elle, n’est-ce-pas ?
  • Tout aurait été bien plus simple si j’avais pris le sérum d’oubli, soupire Tobias, abattu, pour détourner la conversation.
  • Aucun de tes souvenirs n’est donc précieux ? Je n’en crois rien.
  • Si, presque tous ceux que j’ai avec Beatrice, sauf… la fin.
  • L’abnégation, c’était le destin de Beatrice. Ne peux-tu pas imaginer qu’éveiller sa sœur, comme un miracle, soit le tien ? La continuité de son œuvre, de votre œuvre commune ?
  • Je n’ai pas cette prétention, objecte le bel assistant accablé.
  • Elle ne l’avait pas non plus. Elle a fait ce que les Audacieux lui ont montré, ce que toi, tu lui as appris à faire pendant les simulations : être courageuse, et gérer ce qui se présentait devant elle. Ne veux-tu pas appliquer tes propres principes ?
  • Ce ne sont pas les miens, c’était ceux des Audacieux.
  • C’est un conseil universel, tu ne crois pas ?

Les bras croisés dans son habituelle attitude de repli, Tobias fixe Johanna des yeux.

  • On dirait Christina qui me fait la morale, grogne-t-il.

Johanna sourit avec la bonté d’une mère attendrie.

  • Fais-toi confiance, fais-lui confiance, mon enfant, peut-être est-ce une chance que t’offre la vie d’ouvrir une nouvelle page de ton avenir ?
  • Je suis méfiant de nature, tu ne changeras pas ça, réplique le jeune homme.
  • Moi, non, sans doute… La vie est un équilibre entre les contraires, Tobias. Pas de jour sans nuit, pas de joie sans tristesse. On ne peut pas trier que le bon. Pour ressentir le bonheur, il faut accepter que son contraire existe et prendre le risque de s’y frotter un jour. C’est la leçon que nous laisse le système des factions.
  • De toute façon, je ne décide pas de l’ordre du jour du conseil, je n’ai pas à l’approuver. Si l’ordre du jour est celui-là, je m’y plie ou je ne viens pas.
  • Tu sais bien que ce n’est pas dans cet esprit que je t’ai fait part de cet événement, dit Johanna sur un ton apaisant.
  • Non, mais je n’aurai pas ma place à cette réunion, si je ne peux pas me montrer accueillant. Elle n’a pas besoin de mon animosité.

 

***

 

Deux semaines plus tard, le conseil est réuni au siège de la gouvernance de Chicago, au marché des médisants. Le bâtiment des Sincères a été réinvesti pour le travail des conseillers, les finances de la ville et la Justice, c’est celui qui s’y prêtait le mieux après la fin de la guerre civile.

  • Merci Tobias, pour les informations que tu nous as données. Il reste du travail pour élargir les possibilités de communication avec les autres cités, mais rien n’est fermé, c’est l’essentiel, conclut Johanna après l’exposé de son assistant sur les premiers contacts qu’il a pris récemment avec ses homologues à Milwaukee notamment.

La dirigeante marque une pause après ce remerciement à son ami et collègue, et lui jette un coup d’œil. S’il veut partir, c’est maintenant. Il ne bouge pas. Johanna voit son front luire, il ne fait pourtant pas si chaud dans la salle de réunion. Il est manifestement très tendu. Leurs regards se croisent, Johanna lui adresse un sourire de reconnaissance et d’encouragement.

  • Je vous ai indiqué dans l’ordre du jour, que nous accueillerions aujourd’hui une personnalité, dans notre cité, reprend Johanna. Certains d’entre vous ont connu la sœur de la personne que je vais vous présenter dans un instant. Les circonstances de son arrivée sont particulières, et justifiées par l’héritage qu’elle porte. En effet, elle est parmi nous grâce à la science, et à ce que nous avons appris de sa famille ces dernières années.

Tout en parlant, la femme à la peau noire se dirige vers l’une des portes de la grande salle. Les membres du conseil la suivent des yeux, intrigués. Tobias, lui, sent sa jugulaire cogner dans son cou. Il presse convulsivement ses doigts croisés et moites les uns contre les autres.

  • Je suis consciente de la surprise que vous ressentirez, mais je vous demande d’ouvrir votre esprit, et surtout, votre cœur, à la sœur jumelle de Beatrice Prior.

Alors que Johanna actionne la porte coulissante qui sépare la salle du conseil du bureau contigu, des murmures se répandent autour de la table. Certains membres dévisagent Tobias, connaissant le lien qui l’unissait à la jeune Divergente disparue. Johanna s’adresse aux visiteurs, dans le bureau :

  • Bonjour Caleb, bonjour mon enfant, soyez les bienvenus tous les deux.

Se retournant pour s’adresser à nouveau à ses collègues, elle passe son bras autour de la jeune invitée et annonce sur un ton presque maternel :

  • Mes amis, je vous présente Tris, la sœur de Beatrice et Caleb Prior.

Sous les yeux incrédules de ceux des membres qui connaissaient Beatrice et son groupe d’amis, Tris apparaît sur le pas de la porte, avec un franc sourire aux lèvres. Son frère Caleb la suit de près.

  • Bonjour, je suis heureuse de faire votre connaissance, déclare Tris sur un ton de récitation.

Incapable de réagir ou d’articuler une syllabe, Tobias est tétanisé. Son voisin le regarde avec inquiétude, balayant son regard de la jeune fille à l’assistant de Johanna.

  • Johanna, tu nous as ménagé une surprise de taille ! Nous ne savions pas que Beatrice Prior avait une sœur, jumelle de surcroît ! s’exclame le voisin de Tobias. Jeune fille, pardonne notre étonnement et notre impolitesse mais il faut avouer que nous étions à mille lieux d’imaginer ta visite !
  • Je comprends bien, oui. Je ne veux déranger personne, répond Tris en baissant les yeux une seconde.
  • Mes amis sont juste très étonnés, Tris, la rassure Johanna avant de reprendre à l'attention de l'assemblée. Tris est née d'un miracle de la science, des travaux menés par une équipe de scientifiques du Bureau, des ex-Erudits et l’assistance bien sûr du frère de Tris, Caleb.
  • Caleb, c’est incroyable, explique nous ça ! s’enquiert le voisin curieux.
  • Comme vous le savez, ma mère avait été placée dans notre cité dans un but bien précis, lié à l’évolution de notre société et de la divergence. A ce titre, elle était « surveillée » par le Bureau du Bien-être Génétique, son ADN, puis lors des événements après la guerre civile, celui de ma sœur Beatrice, ont été conservés. Pour le Bureau, le patrimoine de Beatrice était si unique que sa perte n’avait pas que des répercussions sur ceux qui l’aimaient et qu’elle aimait.

Caleb jette un coup d’œil à Tobias, mais celui-ci maintient ses yeux baissés et fixe obstinément un point imaginaire au centre de la table. Le frère de Tris poursuit alors en regardant tour à tour les membres du conseil  autour de la table :

  • Je ne vais pas rentrer dans des détails biologiques que je ne maîtrise pas, dit-il évasivement, mais ces ADN nous ont permis de donner vie à Tris, après deux ans de soins. Nous sommes très heureux.
  • En deux ans ? s’étonnent plusieurs membres.
  • Oui, nous avons bénéficié des technologies issues des laboratoires du Bureau, et aussi, il faut le reconnaître, des travaux et des méthodes provenant d’habitants issus de trois de nos ex-factions.
  • Comment te sens-tu Tris ? Comment as-tu vécu cette étrange expérience ? demande Jack Kang, l’ex-leader des Sincères, devenu responsable de la justice.
  • Je suis très chanceuse, j’adore la vie. Caleb et ses collègues m’aident à…

Concentrée, elle réfléchit un instant pour trouver ses mots, dans le silence religieux qui s’est installé au cœur de la salle de réunion.

  • … construire mon histoire. Je découvre beaucoup de choses tous les jours. Je voudrais continuer à apprendre et être comme tout le monde. J’ai encore du travail ! dit-elle avec un petit sourire désolé.
  • Stupéfiant ! reprend le voisin de Tobias. En tout cas, bienvenue parmi nous, Tris. As-tu des souvenirs de Beatrice ?
  • Non, juste ceux qu’on me donne par… simulation je crois. Caleb m’a montré des choses déjà. Nos parents, la guerre, les factions, ses amis et Beatrice dans certaines situations. Ça m’aide.

Puis Tris regarde Tobias, qui s’obstine toujours à éviter son regard.

  • Je sais que ma présence n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde, articule-t-elle doucement.

Plusieurs paires d’yeux convergent vers l’assistant de Johanna, statufié, qui n’a pas bougé un cil depuis l’entrée de Tris et Caleb dans la pièce.

  • Je comprends très bien. Ma sœur a laissé un souvenir difficile pour certains. Tobias, je… je sais qui tu es. Je suis triste d’être une raison de faire souffrir quelqu’un, dit-elle doucement.

L’ancien petit ami de Beatrice lève enfin les yeux, il fait manifestement des efforts pour contenir son émotion. Tris est un peu plus grande que Beatrice, ses cheveux sont très longs, du même blond, à peine plus nuancé de mèches plus claires. Ils paraissaient plus foncés dans son berceau aquatique. Ses yeux sont grands et bordés de cils sombres, de sourcils bien dessinés, à peine plus fournis que dans son souvenir. Son regard, franc et si pur, comme celui de Beatrice descendant du filet d’entrée chez les Audacieux, essaie de le convaincre de sa petitesse, alors qu’elle est déjà géante.

Gérer ce que l’on a devant soi… Tris est maintenant sa cinquième peur, il en est certain. Il veut lutter, comme sa Tris l’a aidé à le faire contre la terreur inspirée par son père, dans son paysage de peurs. Il ne peut que soutenir le regard droit de Tris,  esquisser un demi-sourire pour tenter de faire bonne figure et ne pas culpabiliser cette femme qui n’a pas demandé à être là, ni cherché à le faire souffrir délibérément. La sœur clonée de Beatrice lui rend son sourire avec reconnaissance, puis elle s’adresse à son frère :

  • Je suis fatiguée, Caleb. J’aimerais partir s’il te plaît. Je peux rentrer seule, je crois, si tu veux rester.
  • Je te raccompagne, d’accord, acquiesce-t-il.

En tournant les talons, Tris adresse un petit geste de la main à l’assistance, remercié par des salutations semble-t-il globalement amicales et sincères. Seule, une conseillère guindée regarde la jeune fille avec défiance. Puis Caleb l’entraîne par les épaules vers la sortie. Dès qu’ils ont quitté sa vue, Tobias soupire, il a l’impression d’avoir été en apnée depuis son entrée dans la salle du conseil. Il est certain que Tris a écourté sa visite pour l’épargner, lui, et non par fatigue, il le sent intimement. Malgré son hostilité et toutes ses réticences, il lui en est intérieurement reconnaissant. Elle est partie, mais elle occupe encore tout l’espace de la pièce, tout son souffle, toute sa tête.

La porte n’est pas fermée depuis trois secondes que les questions fusent et se bousculent autour de la grande table rectangulaire : « Comment est-ce possible ? » « C’est quoi cette expérience ? » « Depuis quand est-elle là ? »… Le brouhaha est général. Johanna lève les mains en signe d’apaisement et promet de répondre à toutes les questions.

  • Tobias, merci d’être resté, dit-elle tout bas à l’attention du jeune homme qu’elle a rejoint à droite de sa place assise. Ça ira ?
  • J’essaie de m’y faire. C’est…. très perturbant.
  • Je sais. Je suis sûre que tu y arriveras, compatit-elle en pressant son épaule.

La réunion se poursuit dans l’agitation provoquée par l’arrivée de Tris. Johanna répond aux questions pressantes de ses collègues. Son assistant articule une réponse ou deux, du bout des lèvres, laissant plutôt Johanna satisfaire la curiosité des membres du conseil. Il accueille la fin de la réunion avec un profond soupir de soulagement. En sortant du bâtiment, il décide d’aller se changer les idées auprès des enfants dans la salle de sport de l’orphelinat. Taper dans un sac de frappe l’aidera à décharger l’énergie négative qu’il a accumulée.

Pendant une heure, avec quelques jeunes garçons en mal d’exercice, il martyrise le gros sac comme si la réussite de son initiation d’Audacieux en dépendait, et en rentrant dans son appartement, il savoure une longue douche qui lui semble laver l’angoisse de la journée complète. Puis il entre dans sa chambre, s’effondre sur son lit, et, pour la première fois depuis trois mois, s’endort sur le champ pour une nuit complète.

 

***

 

L’apparition de Tris s’est répandue comme une traînée de poudre parmi les proches de Johanna et les anciens Audacieux. La jeune fille a demandé à aller au lycée, y prendre des cours. Pour faire taire les rumeurs et satisfaire la curiosité des citadins, elle se prête avec bonne volonté, accompagnée et entourée des enseignants, à des séances de questions-réponses. Caleb et Johanna ont estimé que c’était la meilleure façon de l’insérer dans la cité et de ne pas laisser se propager de folles suppositions à son sujet. Elle a même dû montrer ses épaules pour prouver qu’elle n’était pas Beatrice : l’absence de tatouages –  Beatrice portait les symboles de deux factions sur l’arrière de chacune de ses épaules – a suffi à convaincre les plus sceptiques.

En quelques jours, les discussions autour de sa personne se tarissent et Tris peut enfin suivre les enseignements qui l’intéressent sans être trop stigmatisée. Elle passe son temps au lycée, à la médiathèque et chez Caleb, qui l’héberge.

 

Sur la rive droite, il n’a pas fallu longtemps pour que l’existence de Tris arrive aux oreilles d’Evelyn. Les journaux en ont fait leurs gros titres. Elle a bien deviné que si son fils a voulu reprendre son indépendance, c’est qu’il avait une raison, une nouvelle raison, un déclencheur. Il lui a bien donné sa nouvelle adresse, mais ne cherche pas vraiment à entretenir une relation très serrée avec elle. Au début, elle n’a pas trouvé la vraie raison.

En apprenant l’existence de la sœur de Beatrice, elle a réalisé qu’une nouvelle rivale vient de se mettre en travers de sa relation avec Tobias, et de ses projets. Et quelle rivale ! Beatrice a été un frein à ses desseins, pendant la guerre civile, bien plus qu’elle ne l’avait pensé au début. Evelyn a sous-estimé la puissance de la relation qui les a unis, elle et son fils. Elle n’a pas été particulièrement affectée par sa mort, et c’est un euphémisme. La disparition de Beatrice a permis à Evelyn, paradoxalement, de se rapprocher de son fils, bien qu’il lui ait demandé de quitter la ville. Cela valait mieux que l’indifférence.

Tris n’est pas Beatrice, mais… Tobias, lui, est toujours lui-même. Et son comportement perturbé, son déménagement, sont une preuve qu’il n’est pas totalement extérieur, ni indifférent, à la vie de la nouvelle arrivante.

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