Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 24 : Égal [Partie 6]

Chapitre final

10758 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:19

Tasha Lem regardait avec horreur l'écran géant sur la passerelle de l'Unité Papale. Ses deux yeux étaient presque exorbités, et on aurait dit que la bande noire qui les recouvrait était devenue rouge, tant la colère commençait à l'attraper.

Un trou noir! Un énorme, grandiloquent et impossible trou noir. L'étoile venait de s'effondrer d'un seul coup, comme si un doigt géant et invisible avait appuyé sur le pôle nord de l'astre tout en tenant fermement son équateur: le pôle s'enfonçait à l'intérieur de l'étoile, et formait une sorte d'entonnoir se terminant en sphère... Sphère qui disparaissait de plus en plus, aspirée en son propre intérieur, formant un énorme puits aspirant la chaleur, les flammes, l'hydrogène, l'hélium, et même la lumière. Un trou noir bien plus massif qu'il ne devrait l'être, et qui se formait à une vitesse totalement folle, impossible, même.

 

Qu'avait fait ce Night? C'est ce qu'elle se demandait. Car il était responsable: qui d'autre aurait pu déclencher l'effondrement de l'étoile? Ce Cyberman avait les connaissances et la technologie avancée de l'Infinium, et sa flotte orbitait l'étoile depuis des mois, voire des années. D'ailleurs, les senseurs avaient détecté plusieurs bases autour et dans l'étoile. Oui, si le Docteur disait vrai, alors les Cybermen avaient toutes les chances d'être responsables. Les Cybermen ou l'Infinium? Peu importait, pour l'instant.

 

« Message général à toute la flotte coalisée! ordonna Tasha.

 

Les humains assis dans la passerelle, holographiquement habillés en militaire, s'occupaient des communications, des transmissions d'énergie, de la stratégie, des senseurs, des hangars...etc. Ils faisaient leur travail, donc. L'un d'entre eux, qui s'occupait de tout ce qui était communication, pianota sur un clavier, et se retourna vers Tasha, au centre de la pièce, en lui faisant un signe du pouce lui indiquant qu'elle pouvait parler.

 

- Ordre à toute la flotte coalisée: retraite immédiate, je répète, retraite immédiate.

- Je vous demaaaaaande pardooooon? siffla une voix de Zygon dans les hauts-parleurs.

 

Lem se tourna vers le responsable des communications et le foudroya du regard: elle n'avait jamais demandé une communication générale, mais une annonce. Elle n'était pas sensées obtenir de réponses.

 

- Je le répète, nous devons nous retirer.

- Et pourquoi donc? demanda une amiral Silurienne.

- Nous détectons un trou noir extrêmement massif: l'étoile est en train de s'effondrer et...

- Cela ne nous menace pas! coupa un Sontarien.

- Cela pourrait bien nous menacer! tonna Tasha. Nous devons nous retirer, nos senseurs détectent que plusieurs vaisseaux Cybermen de l'arrière sont déjà prisonniers du champ d'attraction. Et la force gravitationnelle du trou noir augmente très rapidem...

- Cela ne nous pose pas de problèmes! avertit un commandant humain. Nous devons absolument nous débarrasser de cette menace Cyber...

- Écoutez, j'ai réuni cette flotte coalisée, et je la coordonne, alors serait-il possible que mes ordres soient exécutés? Je fais ça pour le bien de tous, qui plus...

- Mère Supérieure, Mère Supérieure! cria un opérateur de la passerelle.

- Je suis occupée! siffla Lem.

- Mais, Mère Supérieure, le trou noir n'a aucun effet sur l'armada Cyberman.

- Comment?

- Les vaisseaux adverses ne sont pas influencés par le champ gravitationnel, alors qu'il s'est étendu très rapidement durant la dernière minute... De plus, le trou noir est presque complet. Et nous...

- Qu'y a-t-il avec "nous"?

- L'Unité Papale et de nombreux autres vaisseaux sont déjà sous l'influence du champ gravitationnel, avoua l'officier avec un air affolé. »

 

Tasha rentra son dos un peu plus dans son fauteuil... Sa flotte coalisée, qu'elle avait eu tant de mal à réunir, était piégée par l'attraction d'un trou noir. Piégée et donc perdue.

 

Égal

Partie 6

 

« Pourquoi ferions-nous cela? demanda le Cyberleader.

 

La pièce où s'étaient enfermés Clara et Jonas était une sorte chambre circulaire, ou de bureau, où se trouvait un large projecteur holographique affichant l'image de l'homme de fer, qui cachait une partie du mur vouté.

Les deux compagnons du Docteur avaient à leur disposition des sièges, mais ils préféraient rester debout. Élémohn, cependant, dont la présence semblait utile aux yeux de Jonas, se reposait sur une des confortables chaises, pour mieux récupérer, même s'il avait été rapidement soigné.

 

- Parce que... Parce qu'il vous dirige, tout simplement! répondit Clara. Je veux dire, les Cybermen ne peuvent pas être dirigés, c'est un peuple fait d'individus identiques!

- Faux. La hiérarchie est nécessaire, même réduite au strict minimum.

- Mais... Roh, et la Divine Égalité, alors?

- Vous parlez de la Divine Égalité sans rien y connaître. Et vous négociez avec moi pour que j'ordonne aux vaisseaux sous mes ordres de tirer sur le vaisseau-amiral, auquel j'obéis. Il n'y a aucune logique dans vos actions.

- Le trou noir! rappela Jonas, puisqu'ils avaient été informés de ce petit problème quelques instants auparavant. Le trou noir vous aspire tout autant qu'il nous aspirera! Et on sait très bien que c'est votre Cyberempereur qui l'a créé.

- En effet. Mais nous ne sommes pas aspiré, nous. Le Vaisseau-Amiral nous protège. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Le Vaisseau-Amiral les protège! s'exclama le Docteur.

 

Le Seigneur du Temps était penché sur une des interfaces des Superordinateurs. Aucun Cyberman n'était venu le déranger, alors qu'il se trouvait au centre même du vaisseau amiral. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, et avait tout téléchargé dans son tournevis. Mais maintenant, c'était le problème du trou noir qui l'intéressait. Seul Night avait pu déclencher l'effondrement de l'étoile, mais pourquoi menacer ainsi sa propre flotte? Parce qu'il la protégeais: les informations qu'il venait de consulter étaient claires: le vaisseau amiral possédait un champ de gravité assez puissant pour contrer l'attraction d'un trou noir, et il en projetait d'autres sur tous les vaisseaux alliés.

 

- L'Infinium au summum de l'innovation technique, il faut l'avouer... murmura le Seigneur du Temps pour lui-même.

 

Il devait absolument empêcher la flotte coalisée de se faire absorber dans le trou noir. Elle n'était pas encore perdue, mais elle pourrait l'être. Mais il fallait aussi qu'il se débarrasse des Cybermen... Night lui donnait l'opportunité de faire les deux à la fois, sans même en avoir conscience.

Le Docteur attrapa le manipulateur de vortex qu'il avait emprunté à River, et envoya un message à Tasha Lem: sans son aide, personne ne survivrai au trou noir. Une fois que le message écrit fut envoyé, il prit contact avec le bracelet de Jack, pour mettre au point la seconde partie de son propre plan.

 

- Jack? Jack, vous m'entendez?

- Oui, Docteur... Qu'est-ce qu'il se passe? L'étoile a disparu, elle s'est effondrée! Ça c'est passé si vite que...

- C'est devenu un trou noir, maintenant, Jack, et Night réussit à stabiliser tous ses vaisseaux grâce à des champs de gravité qu'il projette sur son armada. Il faut que vous les désactiviez!

- Et comment on fait ça? demanda River, qui se trouvait avec le capitaine.

- Vous avez réussi à abattre les Cybermen de l'Infinium?

- Oui, mais Night s'est échappé. Il a appuyé sur un bouton de la console, et ça l'a téléporté. C'est après qu'il a du déclencher l'effondrement de l'étoile.

- Oui, sûrement. Enfin bref, retournez dans la salle d'observation, et si vous y êtes encore, allez vers la console et appuyez sur le même bouton: ça devrait être sans danger.

 

River et Jack coupèrent la conversation, et quelques secondes plus tard, la reprirent.

 

- Nous y sommes, Docteur.

- Bien, ne bougez surtout pas, alors.

- Euh... d'accord. »

 

Le Docteur vérifia alors la position du manipulateur de Jack grâce à son propre appareil, entra les coordonnées, les modifia un peu et enclencha le bracelet. Le mini-vortex apparut derrière lui, et en un souffle il avait disparu.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur arriva dans une sombre pièce éclairée en rouge, pas très grande, où trônaient de nombreuses consoles remplies de boutons, cadrans, voyants et autres leviers, qui en faisaient le tour.

 

« D'accord... hoqueta Jack. Je dois avouer que je m'y attendais pas vraiment.

- Bon, voyons voir tous ses boutons et écrans! s'exclama joyeusement le Seigneur du Temps en empoignant son tournevis.

- Que vas-tu faire? demanda River alors que son mari détaillait les consoles autour de la pièce.

- Je vais désactiver tous les champs de gravité utilisés par le vaisseau amiral pour que l'armada soit attirée dans le trou noir. Sauf pour ledit vaisseau-amiral.

- Pourquoi? s'étonna Jack.

- Premièrement, parce que tant qu'il peut survivre, Night ne s'inquiètera pas. Du moins, il est bien capable de sacrifier sa flotte si ça peut le sauver. Et tant qu'il pense qu'il a toutes les chances de survivre, ça m'arrange... Mais surtout, j'ai mes deux compagnons de voyage qui négocient avec le Cyberleader, alors si je peux leur donner un coup de main...

- Mais attendez, Docteur, si on libère toute la flotte, enfin, qu'on les laisse aller dans le trou noir... Plus besoin de négociation!

- Certes, mais on a commencé les négociations, et si mes deux compagnons pouvaient apprendre quelques rudiments en diplomatie, par l'expérience qui plus est, et bien ça m'arrangerait.

- Même si on réussissait à "lâcher" les Cybermen dans le trou noir, ça ne règlerait pas le problème de la flotte de Tasha, Docteur! rappela River.

- Oh, oui, surtout qu'elle est déjà prise dans le champ d'attraction du trou noir, la flotte Coalisée. Mais ce n'est pas un problème, j'ai la solution pour ça. Bon, alors...

 

Le Seigneur du Temps observait les différents boutons, passant son tournevis et son manipulateur au-dessus des écrans et cadrans, cherchant à trouver ce qu'il voulait.

 

- C'est une véritable passerelle privée que s'offre Night. M'étonne pas de lui. Ah, voilà ce que je cherchais!

 

Il s'immobilisa en face d'une console recouverte de petits boutons et interrupteurs bleus, vérifia quelque chose sur son manipulateur, et désactiva une bonne dizaine d'interrupteurs, puis une douzaine de boutons.

 

- Voilà qui est fait! lança-t-il d'un air satisfait.

 

Ses deux "compagnons temporaires" le regardaient avec un air très étrange, comme s'il était devenu fou.

 

- Quoi, qu'y a-t-il?

- C'est tout? demanda Jack. Je veux dire... il n'y a que des boutons? Pas de générateur à détruire, de projecteur de champ à faire exploser?

- Bien sûr que non! s'offusqua le Docteur. Cet endroit semble être une passerelle privée pour Night, et le Cyberempereur est au-dessus de tout, non? Night ne permettrait jamais que ses ordres soient remis en question: tout ordre envoyé de cet endroit ne peut être annulé que de cette même pièce.

- Oui, vu comme ça... »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Alors voilà pourquoi il a suspendu la communication! comprit d'un coup Jonas.

- Oui, confirma Tasha. Et je pense que ce cher Docteur n'est pas totalement étranger à ce qu'il vient de se passer. Oh, et j'oubliais, ne vous inquiétez pas pour les coalisés: nous avons un plan pour le trou noir.

 

La Mère Supérieure venait d'informer par hologramme les compagnons du Docteur de ce qui venait de se passer: les champs de gravité avaient presque tous disparu. Seul le vaisseau amiral résistait à l'attraction du trou noir, devenant donc le seul vaisseau capable de survivre au "cataclysme"... Le Cyberleader avait suspendu la conférence quelques minutes auparavant, pour des raisons inconnues.

 

- Un plan pour le trou noir? Vous pouvez le désactiver? s'étonna Clara. Enfin, je veux dire... le détruire ou...

- Non, mais je peux sortir la flotte d'ici. Il me faut juste un peu de temps, et l'aide du Docteur. Mais ne vous inquiétez pas pour ça: les manipulateurs de vortex n'auront pas de problèmes avec les trous noirs, donc il pourra vite revenir dans l'Unité Papale et sauver cette flotte. De toute façon, nous lui faisons confiance, n'est-ce pas?

- Euh... Oui, bien sûr. assura Jonas avec une très légère hésitation.

- Bien, dans ce cas, je vous laisse attendre que le Cyberleader vous recontacte. Bonne chance dans vos négociations, termina Lem en lançant un sourire. »

 

Jonas et Clara s'assirent sur les deux fauteuils encore libres, à coté de Élémohn, qui demandait des précisions au Qatrosien sur la situation. Le jeune compagnon du Docteur lui expliqua ce qui était en train de se passer, mais fut coupé par le grand hologramme de la pièce, qui s'afficha, montrant le visage de Cyberleader, toujours aussi métallique et froid.

 

« Tiens! s'exclama Clara. Vous revoilà. Je suppose que vous êtes au courant de ce qui est en train de vous arriver, n'est-ce pas?

- Oui, répondit simplement le cyborg. Comment avez-vous fait?

- Comment ça, "comment"? Nous n'y sommes pour rien! lâcha sèchement Jonas.

- Accuseriez-vous le Cyberempereur?

- Nous n'avons aucune raison de vous entraîner dans ce trou noir, et nous n'avons aucun moyen de le faire, vous le savez bien, rappela Clara. C'est forcément à cause de votre empereur et de ses Cybermen de l'Infinium!

- Nous n'avons aucune nouvelle de l'Empereur. Ni de ses plus proches cybermen.

- Ah, qu'est-ce que je vous disais! Il est en train de vous trahir! Il faut abattre son vaisseau.

- Mais pourquoi ferait-il cela? Ce comportement n'est pas logique.

- Mais il n'est pas logique, et vous le savez bien! coupa Jonas. Ce n'est pas un Cyberman comme les autres. Il a des émotions. Et cela le rend faible.

- C'est votre philosophie! ajouta Clara.

- Les Égaux n'ont pas de philosophie. Il s'agit d'une logique de pensée.

- Vous êtes un égal? demanda Élémohn en se levant, attentif.

- Oui.

- Le Cyberempereur... est-il un Égal?

- Non. Mais il respecte les lois des Égaux, qu'il a lui même instauré.

- Oh, je vois... Mais les respecte-t-il, maintenant?

- Je... Information indisponible.

- Si vous êtes les Égaux, alors laissez-moi vous rappeler une des règles de votre culte. Ce culte que vous imposez à toutes les planètes. Parce que vous le respectez, vous aussi, le culte, ou du moins ses règles, non?

- Oui.

- Bien... Parlons des défaites, alors. Des perdants. Que dîtes-vous sur les perdants? Le bon perdant n'a pas perdu. Le bon perdant est celui qui rejoue malgré la défaite, qui jamais ne s'en inquiète.

- C'est d'un consumérisme... murmura Jonas, qui se fit d'ailleurs frapper sur le pied par Clara pour qu'il ne fasse pas de réflexions face au Cyberleader.

- Où est le rapport avec le Cyberempereur? demanda le cyborg.

- N'avez-vous pas perdu? s'étonna faussement l'esclave. Votre plan, c'était de tuer tout le monde, non? L'univers tout entier. Et vous avez échoué, tout a échoué. Vous êtes perdants. Le Cyberempereur l'est encore plus. Et là, une bataille arrive, et qu'est-ce qu'il fait? Il abandonne, il vous abandonne. La défaite qu'il a subie l'a marqué, il s'en inquiète trop, il n'a plus envie de gagner. Il n'a plus la logique de victoire.

- Et il a pourtant une flotte plus puissante, et un vaisseau amiral énorme! continua Clara. Il a toute les chances de son coté, mais il se laisse influencer par sa défaite. Il n'a pas de logique!

- Cela... Cela semble vrai.

 

Les deux voyageurs temporels commençaient à sourire en voyant que le Cyberleader commençait à douter, mais Élémohn, lui restait grave, sérieux, et presque en colère. Il avait envie de se venger, ça se ressentait. Se venger des mensonges, se venger de la manipulation qu'on avait exercé sur son peuple. Et quelle meilleure vengeance que manipuler ses faux-dieux avec leur propre culte? Night avait fait l'erreur de faire croire aux Cybermen eux-même qu'ils étaient des Égaux, de ne pas faire confiance au Cyberleader et de faire en sorte qu'il le pense lui aussi... L'esclave ne faisait que les exploiter.

 

- Et les Égaux ne sont-ils pas sensés être égaux envers et contre tout?

- La hiérarchie est nécessaire, et...

- Je ne parle pas de la hiérarchie. Que fait votre chef? Il vous sacrifie, et se sauve la vie. Les Égaux vivent et meurent ensemble!

- Si un Égal doit se sacrifier au nom de la survie de la Divine Égalité, alors

- Mais ce n'est pas un Égal! coupa Jonas. Bon sang, c'est votre armada toute entière qui est sur le point de faire une chute sans fin dans un trou noir! Un trou noir que votre chef a provoqué! Ce n'est pas un sacrifice volontaire fait par un d'entre vous...

- C'est un massacre perpétué par votre chef, sous sa seule volonté! Il massacre les Égaux, les plus puissantes créatures de cette galaxie! Il doit mourir avec vous, ou alors personne ne meurt.

- Nous pourrions très bien tous vivre, dans ce cas, et vous laisser chuter dans le trou noir.

- Sauf que vous ne pouvez PAS survivre! rappela Élémohn. Tout le monde va mourir, ici. Dans combien de temps, je n'en sais rien. Mais tout le monde va mourir, tout le monde, sauf votre Vaisseau Amiral et votre Cyberempereur! Il pense pouvoir tirer son épingle du jeu, mais il a tort. Il ne respecte pas la logique des Égaux, qu'il a lui-même instauré. Il ne peux plus commander, maintenant qu'il a trahi ses propres règles. C'est un des principes du pouvoir selon les Égaux, non? Maintenant, c'est vous qui commandez. Et vous devez commander l'attaque du vaisseau-amiral, pour respecter les règles. Vos règles.

- Cela est logique. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le message était prêt à être envoyé. Tasha se leva de son fauteuil, et se plaça devant la caméra holographique. Les jeunes avaient bien fait leur travail, se disait-elle. Déjà, plusieurs vaisseaux cybermen commençaient à attaquer le bâtiment de Night, qui restait toujours immobile, cependant.

 

« Ordre à toute la flotte coalisée: cessez le feu! Je répète, cessez le feu! Nous avons réussi à convaincre les Cybermen d'abattre leur vaisseau amiral. Ne posez pas de questions, et exécutez cet ordre. Vous devez désormais concentrer vos tirs sur le vaisseau amiral cyberman uniquement! Aucun autre vaisseau ne doit être pris pour cible! Vous pourrez vous occuper des autres vaisseaux ensuite. »

 

Elle arrêta ici sa communication, espérant que personne n'aurait l'idée de contester ses ordres. Elle avait été obligé de faire une énorme concession, en évoquant le fait que la flotte pourrait attaquer les autres vaisseaux Cybermen une fois le vaisseau amiral détruit. Mais c'était la seule manière qu'elle avait trouvé pour que les Coalisés acceptent son ordre, notamment les Sontariens.

Elle s'approcha ensuite de l'hologramme géant de la passerelle, qui montrait la disposition des deux flottes. Les nombreux cybervaisseaux commençaient à pilonner le robuste vaisseau rectangulaire situé au centre de la formation cyberman. C'était plus une base ou une station spatiale qu'un vaisseau, d'ailleurs. Tant mieux, il pourrait se défendre plus longtemps, endommageant encore plus le reste de la flotte cyberman.

Mais le Docteur était dedans... Et il n'était toujours pas rentré. Hors, sans lui, impossible de sauver les coalisés... Que faisait-il?

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le couloir tremblait, en même temps que le vaisseau se faisait tirer dessus. Jack et River faisaient le guet dans la passerelle privée de Night, pour l'empêcher d'annuler les ordres et de reprendre le contrôle de sa flotte, tandis que le Docteur, lui, était parti dans les corridors du vaisseau amiral.

Il lui restait une chose à faire.

 

Partout où il le pouvait, il activait son tournevis sonique. Cela ne lui permettait pas d'ouvrir des portes, mais il essayait, encore et toujours.

C'était la meilleure façon de se faire détecter. Et il le savait très bien. Parce qu'il voulait se faire détecter. Et aux bruits qu'il entendait derrière lui, ça marchait.

Il se retourna. Le couloir dans lequel il se trouvait était particulièrement long, et il était actuellement à une vingtaine de mètres d'une des extrémités, et à une cinquantaine de l'autre. Et le bruit de vérin venait du premier bout, le plus proche. Une jambe de fer apparut, et un pied de Dalekanium. Parfait, pensa le Docteur. Le Cyberempereur dépassa le croisement et se tourna vers le Seigneur du Temps. Son visage était bourré de bosses et de cratères, tout comme ses bras et sa cuirasse.

 

« Doc...teeeeeeur!

- Tiens, votre cybermajesté! Je ne m'attendais pas à vous voir ici...

- Votre ironie est inutile... Je... Vous avez... vous avez réduit à néant tous mes plans.

- Tous, en effet. J'ai renversé des dictatures, j'ai démasqué un traître, j'ai fait sauter un laboratoire et des vaisseaux spatiaux... Et j'ai détruit vos générateurs d'Ondes Delta. Oh, et, vous l'avez probablement compris, j'ai lâché votre petite flottille dans votre propre trou noir. Et c'est aussi, indirectement, à cause de moi, que tous les vaisseaux présents dans le secteur sont en train de vous mitrailler. Y compris les vôtres. Vous êtes en colère?

- Je suis... Je suis... contrarié. La colère pure n'existe plus, pour moi. Mais je n'ai pas encore tout perdu.

- Si... Votre vaisseau, s'il n'explose pas, perdra forcément son champ de gravité, et sera attiré vers le trou noir, sans aucune échappatoire possible.

- Tout comme votre "flotte coalisée", Docteur.

- Non... J'ai tout prévu, pour ça, et faîtes moi confiance à ce niveau.

 

Night commença à avancer en direction du Seigneur du Temps, qui recula instinctivement, à la même vitesse.

 

- Je pourrais vous tuer. Là, maintenant. Vous ne survivriez pas, cette fois. Et vous ne pourriez pas vous régénérer, si je vous tire dessus pendant le processus. Mais je ne vous tirerai pas dessus. Pas encore.

- Ah bon? Et pourquoi? Parce que votre canon a été endommagé par ce cher Jack?

- Parce qu'il me reste un dernier combat à mener, Docteur. Et que j'y survive ou pas, je le gagnerais.

- J'aimerais bien voir ça... murmurait le Seigneur du Temps en continuant de reculer, pour garder la même distance entre lui et le Cyberman.

- Le Docteur... Savez-vous ce que l'on dit de vous? L'homme de bien. Le Protecteur de l'Univers.

- Je n'aime pas trop les titres, mais... Ce n'est pas faux.

- Le Prédateur. La Tempête qui Approche. Le Destructeur des Mondes.

- Je vous l'ai dit, je n'aime pas vraiment les titres.

- Les moins glorieux, surtout. Mais de ce que je sais de vous, l'incarnation que vous êtes... Vous n'êtes plus cet Homme de Bien.

- Qu'en savez-vous? tonna le Docteur. Vous voyagez avec moi, peut-être? Vous ne m'avez pas vu sauver une famille Drastanienne des flammes de leur maison, vous ne m'avez pas vu empêcher un enfant de ruiner sa famille pour des caprices terribles, vous ne m'avez pas vu détourner le vaisseau Rocallion de sa course alors qu'il allait percuter la Tour Druk sur Tazzeta IV! Alors ne me jugez pas!

- Je sais cependant que vous avez fait exploser des vaisseaux où se trouvaient des gens. Des innocents, comme vous le dîtes. Je sais aussi que vous avez fait exploser une base militaire sur Progus, tuant des dizaines de soldats. Et que vous êtes en train de lâcher une flotte entière dans un trou noir.

- Alors ça, c'est le comble! s'écria le Seigneur du Temps. Qui a déclenché ce trou noir? Qui a fait s'effondrer l'étoile? QUI? Moi, peut-être? Non, c'était vous.

- Oui, c'était moi. Je savais que vous aviez pris contact avec le Cyberleader, et je venais d'échapper au massacre des membres de l'Infinium que VOUS avez ordonné. Je devais vous empêcher de retourner ma flotte contre moi. Il s'agissait de la seule solution: grâce aux champs de gravité, l'armada ne subissait aucun problème, alors que les Coalisés étaient condamnés.

- Comment avez-vous réussi à déclencher un effondrement de l'étoile et une expansion si rapide du trou noir?

- La science, Docteur, au service des meilleurs, de ceux qui doivent diriger. La Science peut faire des miracles.

- Certes...

 

Le Docteur venait d'arriver au bout du couloir. Il tourna donc à gauche, tout en faisant face au Cyberempereur, et en reculant, tandis que celui-ci avançait.

 

- Vous souhaitez me tuer?

- Oui, si vous voulez tout savoir. Vous êtes tout à fait capable, si vous vous enfuyez, de monter un plan pire encore que celui que vous aviez.

- Et vous vous dîtes encore homme de bien? Prêt à tuer de sang froid.

- Vous êtes un Cyberman: vous êtes perdu pour l'Univers. Il n'y a aucun regret à avoir, parce que vous, vous n'en auriez aucun!

- Il n'empêche que vous souhaitez tuer quelqu'un.

- C'est une histoire de prévention, c'est tout!

- Je vois que l'Illusionniste ne m'a pas menti...

 

En entendant cela, le Docteur s'arrêta quelques secondes. Qu'avait donc dit l'Illusionniste? Son visage devenait de plus en plus pâle en entendant ce que disait Night.

Un énorme choc ébranla la carcasse du vaisseau, et le Docteur failli perdre l'équilibre, se rattrapant sur une poignée métallique accrochée vers le haut du mur. Autour d'eux, les lumières s'étaient éteintes. Seules restaient les petites lampes auxiliaires de secours, et le couloir très lumineux bien que grisâtre du vaisseau était désormais plongé dans une atmosphère nocturne.

 

- Que vous a-t-il dit? demanda le Seigneur du Temps avec crainte, en reprenant sa marche arrière, alors que Night s'était rapproché de lui.

- Il m'a expliqué quelles étaient vos peurs, Docteur. Votre plus grande peur. Cette grande peur que vous cachez à tous.

 

Le Docteur se souvint... Les illusions totales de l'Illusionniste, sur le clone de Gallifrey. Il s'était retrouvé sur Trenzalore... Il faisait jour, et il n'avait jamais fait nuit durant toute l'illusion. Il s'était retrouvé nu, dans la neige. Et il avait affronté sa plus grande peur.

 

- Car ce dont vous avez le plus peur, Docteur...

- Taisez-vous! Vous ne savez même pas ce que c'est la peur. Vous ne le savez plus.

- Comme c'est... ironique. Le fait même de nommer votre peur vous fait peur. L'homme que vous avez délibérément lâché à cent mètres au-dessus du sol de Moscou avait donc raison, il m'avait dit vrai. Ainsi, j'ai gagné ce dernier combat.

 

Le Docteur s'arrêta. Il était dos à la porte du sas. Car c'était ce qu'il y avait au fond du nouveau couloir: un sas menant au vide spatial. Le Cyberman continua d'avancer, et se retrouva à moins de deux mètres de lui. À la droite du Seigneur du Temps se trouvait un petit panneau, occupé par quelques boutons seulement.

 

- Ce dernier combat?

- Je vous ai fait peur, Docteur. Vous tuer n'est qu'une formalité, une logique. Un comportement typiquement cyberman. Mais vous faire peur, c'est un combat bien plus difficile, et bien plus utile. Ces inhibiteurs d'émotions en moi ne font qu'atténuer la fierté, le plaisir, que j'ai eu à vous faire peur. Je vous ai fait peur, et vous, vous ne le pourrez jamais.

 

Night approcha sa main en Dalekanium du panneau d'activation, et appuya sur un bouton rouge. La première porte du sas, celle à l'intérieur, s'ouvrit.

 

- Rentrez, désormais.

 

Une bombe s'abattit sur le vaisseau, tout près d'eux, faisant presque valser l'endroit tant le choc fut puissant. Mais le Cyberempereur tint bon, tout comme le Docteur. Mais à coté, le panneau cracha quelques étincelles, et plusieurs voyants se désactivèrent. Le Seigneur du Temps se pencha vers l'appareil, et un éclair de génie traversa son regard lorsqu'il découvrit les conséquences de l'impact.

 

- Oui, je vais rentrer. Vous, vous allez sortir.

 

Le Docteur se colla au mur du panneau, abattit son poing gauche sur un bouton rouge et attrapa une des poignées de sécurité située sur le mur de sa main droite, le tout presque en même temps. Night n'eut pas le temps de réagir: la deuxième porte, menant vers l'extérieur, s'ouvrit d'un coup, et le vide spatial aspira immédiatement tout l'air et l'oxygène se trouvant dans le couloir, le dépressurisant en un éclair. Le Cyberman fut tiré vers l'espace sans même comprendre ce qui se passait et fut expulsé du vaisseau si vite que le Docteur n'aperçut presque qu'une trainée argentée passer par la porte.

Le Seigneur du Temps s'accrochait à la poignée, mais il était aspiré lui aussi. Sa position l'empêchait d'accéder au panneau de commandes. Il décida donc de lâcher la barre de fer, et fut lui aussi aspiré, ayant cependant le temps de s'accrocher au mur contenant la première porte du sas, la porte intérieure.... Ses pieds ne sortaient pas dans l'espace, ce qui était parfait. Il tendit une main vers l'avant, cherchant à trouver le panneau, car le souffle plaquait ses cheveux sur ses yeux, et remontait sa manche. Ses propres doigts avaient du mal à se plier. Mais après un dernier effort, il réussit à presser le bouton qu'il avait enfoncé, et la porte derrière lui se ferma, cessant ainsi la dépressurisation.

Le Seigneur du Temps tomba à terre, et soupira... Le choc qui avait atteint le vaisseau avait désactivé les systèmes de sécurité du sas, qui était sensé empêcher l'ouverture des deux portes en même temps. Il en avait profité.

Il se releva, et regarda par le hublot du sas: des milliers de vaisseaux attaquaient le vaisseau amiral... Il valait mieux s'enfuir. Night n'était plus un problème, car il ne pouvait pas échapper à l'attraction du trou noir, c'était tout simplement impossible. Le Docteur, en se disant que l'Infinium était enfin hors-course, ne put s'empêcher de murmurer:

 

- Voilà qui est fait.

 

Il prit ensuite son manipulateur de vortex, et contacta ses deux alliés restés dans la passerelle de Night.

 

- Jack, River, il ne vaut mieux pas rester ici! Rejoignez-moi dans l'Unité Papale, nous avons une flotte à sauver. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Les portes du TARDIS s'ouvrirent, et les trois voyageurs temporels rentrèrent dans la Salle de Contrôle. C'était surprenant, mais elle était totalement réparée. Jonas et Clara furent plus que surpris en voyant cela, mais ne posèrent pas de questions. Le Docteur les plaça chacun devant un panneau de la console, et se mit lui même à un troisième, de telle façon que les trois occupants de la cabine couvraient chacun deux panneaux différents.

Le Docteur, River et Jack venaient de rentrer du vaisseau amiral grâce à leurs manipulateurs de vortex (l'archéologue ayant d'ailleurs récupéré son bracelet à cette occasion), et le Seigneur du Temps s'était ensuite précipité vers une baie de l'Unité Papale avec ses compagnons, pour y retrouver sa cabine téléphonique bleue.

 

« Bon, maintenant, on s'occupe de la flotte. Je suppose que vous êtes surpris parce que la pièce est comme neuve...

- Euh... oui, plutôt... répondit Clara.

- Et bien je vais vous expliquer, et vous verrez à quel point le monde est bien fait, aujourd'hui. Les trous noirs, c'est dans la base de la science des Seigneurs du Temps: le TARDIS n'a aucun problème avec l'attraction d'un trou noir, et en plus, il peux en utiliser l'énergie sans aucun problème.

- Le TARDIS s'est juste... ravitaillé?

- Exactement, Jonas. Et il s'est réparé tout seul. Bon, maintenant, on va utiliser l'autre propriété sur les trous noirs: aucun problème de gravité.

- Et on va faire quoi? S'enfuir?? hoqueta Jonas.

- Bien sûr que non... grogna le Docteur en pianotant sur plusieurs boutons. Nous allons remorquer la flotte jusqu'à ce qu'elle soit hors de l'influence du trou noir, et ensuite, elle se débrouillera bien toute seule.

- Attendez... Vous voulez remorquer... une flotte de combat? répéta Clara avec un air choqué.

- On a bien remorqué une église. Et puis, j'ai déjà remorqué bien plus gros qu'une flotte de combat. Bon, vous, écoutez mes ordres, à trois, ça sera plus facile. Jonas, tournez le levier horizontal, là, d'une quarantaine de degrés, et vous, Clara... la console derrière vous, entre les sièges: appuyez sur tous les boutons avec un voyant orange, à gauche. Bien!

 

Le Docteur continua de donner ses instructions, pendant qu'il pilotait le TARDIS hors de l'Unité Papale, pour se mettre derrière la flotte assez désorganisée. Jonas tournait des manivelles, le Docteur appuyait sur des boutons, et Clara désactivait et activait des leviers. Au bout d'une bonne minute de coordination, le Docteur s'écria enfin:

 

- Verrouillée! Toute la flotte est verrouillée. Plus qu'à la tracter, maintenant.

 

Le Docteur tira une partie de la double manette qu'il utilisait pour matérialiser et dématérialiser le TARDIS, et le rotor temporel se mit à briller, tandis que le vaisseau lançait des bruits spéciaux, assez proches de sa respiration mécanique, mais tout en étant bien différents. De l'extérieur, on pouvait voir l'énorme flotte foncer dans la direction opposée au trou noir, et devant, cette petite cabine téléphonique bleue... Il n'y eut besoin que de quelques minutes pour qu'enfin la Flotte Coalisée, désorganisée, ressemblant à une sorte de chose irrégulière, comme une explosion dessinée par chaque vaisseau, sorte enfin du champ gravitationnel du puits que formait l'ancienne étoile, alors qu'au loin, les vaisseaux Cybermen, laissés pour compte, commençaient à tourner autour de l'astre obscur, entraînés dans son mouvement, sans aucun espoir de retour. Le temps ralentissait, à proximité d'un trou noir, et la chute leur semblerait infinie... Jusqu'à ce qu'ils soient totalement écrasés par la gravité.

 

- On a laissé les Cybermen? demanda Jonas à voix basse.

- Oui... répondit le Docteur.

- Alors qu'ils nous ont aidés, constata le jeune homme avec tristesse.

- Jonas... Nous ne pouvons pas les aider. Les Cybermen sont des Cybermen, ils ne peuvent pas changer. Un bon Cyberman, ça n'existe pas. Je n'en ai jamais vu, et je ne pense pas en voir un. Et une fois qu'ils sont convertis, on ne peux plus rien pour eux. Ceux-là seraient allé conquérir planètes et galaxies pour grossir leur rangs. Les laisser dans le trou noir était la meilleure chose à faire. Croyez-moi, la dernière fois qu'on en a croisé autant avec Clara, on a du faire exploser une planète pour s'en débarrasser... Enfin bref!

 

Le Docteur pianota sur quelques boutons, et tira vers lui un écran accroché au rotor, se plantant face à l'image de Tasha Lem, vue en visioconférence.

 

- Tasha, mission accomplie! Il faudrait que l'on se retrouve quelque part, disons Rémox, pour déposer Élémohn, que je le félicite. Et puis, tu vas avoir besoin de convaincre des centaines de planètes que les Égaux, c'était un canular.

- Oh, je déléguerai, mon cher... Mais je m'occuperai de Rémox personnellement, ne serait-ce que pour remercier ce Élémohn. Clara et son ami t'ont expliqué que sans lui, le Cyberleader n'aurait jamais ordonné de retourner l'armada contre Night?

- Comment ça, "son ami"? s'offusqua la jeune fille.

- Oui, ils m'ont expliqué... soupira le Docteur en faisant signe à sa compagne de se taire. Enfin bref, à dans quelques jours? Et surtout, garde River et Jack avec toi, j'ai envie de leur dire au-revoir, mais je préfère les adieux groupés.

- Ah, si seulement ça pouvait être un adieu, entre nous deux, comme ce serait beau...

- Les au-revoir groupés, en effet, c'est mieux! corrigea le Docteur en riant. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le jardin de la maison de Crucien était éclairé par la lumière rougeâtre du soleil couchant de Rémox. Quatre rectangles d'herbes vertes-jaunes spécifiques de cette planète, rougies par les rayons de l'étoile, se dessinaient entre les chemins de marbre qui formaient une croix. Le jardin, rectangulaire, était à l'intérieur de la maison, sans toit, et encadré d'arcades.

Le TARDIS se trouvait sous une de ces arcades, à l'extrémité d'un des chemins, et au milieu du jardin, ça discutait. Il y avait Tasha Lem, dans une robe noire assez fine pour ne pas étouffer dans la chaleur, Jack, qui avait laissé son imperméable dans une autre pièce dans la maison, et dont les pinces des bretelles brillaient, et River, dans une tenue décontractée et un peu trop moulante au goût du Docteur, qui se trouvait aussi là, et qui avait laissé tombé sa veste noire pour l'occasion et restait donc en chemise blanche. À ses cotés se trouvait Clara, habillée d'une simple petite robe d'été blanche orangée par la lumière et recouverte par un perfecto noir, qui discutait avec Élémohn, habillé dans des habits fins, certes, mais bien plus beaux que ceux qu'il portait lorsque le Seigneur du Temps l'avait vu la première fois. Tout ce beau monde discutait juste le temps d'un apéritif, mais sans prendre l'apéritif, avant de se dire au-revoir.

 

« Où est Jonas, d'ailleurs? demanda River.

- Oh, il est dans sa chambre, dans le TARDIS, répondit Clara. Il se change.

- Dans sa chambre? répéta Jack avec un air intéressé. Vous êtes sûr qu'on ne peux pas entrer, Docteur?

- Vous ne touchez plus à une écharde de ma cabine, Jack, c'est clair? lâcha le Seigneur du Temps en rigolant. Sinon, Élémohn, permettez-moi de vous féliciter encore une fois pour ce que vous avez fait. Jonas et Clara m'ont tout raconté plusieurs fois... Je me demande même s'ils n'ont pas un peu trop mis de lyrique là-dedans...

- Merci, Docteur, mais bon... Il fallait que j'essaye, et puis, ils méritaient bien qu'on les manipule avec leur propre culte.

- Tu comptes faire quoi, maintenant? demanda Clara, qui avait commencé à tutoyer le Rémoxain.

- Et bien, comme vous le savez, je suis libre, désormais, et j'ai même une petite fortune léguée par maître Crucien. Je crois que je vais aider la Mère Lem sur Rémox.

- La mère Lem... On ne me l'avait jamais faîte, celle-là! remarqua la principale intéressé en souriant. Mais bon, comme je disais il y a quelques minutes, tout est réglé avec les instances dirigeantes et le gouvernement: j'ai leur entière collaboration. Élémohn est l'exemple même de la force et de l'intelligence Rémoxaine, capable de battre les Égaux à leur propre jeu. Bon, nous avons encore du temps pour trouver des explications, bien sûr, et je vais réunir un concile... Mais il n'en reste que je m'occuperai personnellement de cette planète: il va falloir changer les esprits pour effacer le culte dans le monde entier.

- Essaye de ne pas les convertir non plus, hein! avertit le Docteur. Liberté de conscience, et tout ça, faut pas oublier.

- Il va peut-être falloir un bon siècle pour que cette religion disparaisse, Docteur...

- Vous êtes obligé de la faire disparaître, de l'effacer totalement? s'inquiéta Clara.

- Oui, répondit River. Clara, imaginez que des Cybermen d'une autre faction arrivent ici et profitent de toutes ces planètes prêtes à se sacrifier pour eux.

- Cependant, nous n'allons pas effacer la religion, précisa Tasha. Il faut que les gens s'en souviennent comme d'une énorme arnaque historique. Et il faut qu'ils comprennent qu'il y a des milliers de peuples qui les attendent, là-haut, dans les étoiles. Avec de la chance, ils créeront des vaisseaux spatiaux dans un demi-millénaire... Rémox a le potentiel.

 

Derrière eux, les portes en bois du TARDIS s'ouvrirent, et Jonas s'extirpa de la cabine, habillé en tunique et pantalon de lin.

 

- Tiens, Jonas! cria le Docteur pour qu'il l'entende. Vous ne vous êtes pas changé?

- Non, répondit le Qatrosien en courant vers eux, pour se joindre au groupe. En fait, je...

- Bah, peu importe. Il faudra quand même rendre les vêtements à la veuve de Crucien. Mais sinon, Jonas, j'ai quelque chose pour vous.

- Euh, et bien, c'est à dire que...

- Roh, taisez-vous un peu, pour une fois. Et je ne veux pas de "de quoi?", d'accord? rouspétait le Seigneur du Temps en cherchant dans la poche de son pantalon. Ah, voilà! Jonas, tenez, c'est pour vous.

 

Il lui tendit alors un petit objet métallique. Une clef. Une clef qu'il reconnaissait bien.

 

- La clef du TARDIS?

- Oui, Jonas. J'ai oublié de vous la donner, je ne sais même pas pourquoi. Tous mes compagnons en ont une. Vous ne devez pas faire exception, alors que ça fait... six ou sept mois que vous voyagez avec moi. Alors prenez-là, n'ayez pas peur, elle ne mord pas.

- Mais Docteur... Je...

 

Le jeune homme soupira, regarda le Seigneur du Temps droit dans les yeux avec un air légèrement triste, et se jeta à l'eau.

 

- Je n'en aurai pas besoin. Je vais rester ici.

- De... de quoi?

 

L'assemblée était stupéfaite. Enfin, l'assemblée... Clara et le Docteur, surtout. Le Seigneur du Temps regardait son compagnon avec un air totalement surpris. Il avait du mal à croire ce qu'il entendait.

 

- J'y réfléchissais, dans ma chambre. Et j'ai pris ma décision. Le TARDIS, les voyages dans le temps, c'est fini pour moi. Je sais que ça ne vous plaira pas, mais... je ne veux plus continuer.

- Mais... pourquoi?

- J'ai l'impression... Je veux dire... Ce que je vois est peut-être merveilleux, mais c'est aussi horrible, parfois. Et... Enfin, peu importe, j'ai mes raisons pour partir, et j'en ai pour rester ici. Chez moi, je ne serai jamais bien accueilli. Ici, au moins, je pourrai servir à quelque chose, si Tasha Lem veux bien de mon aide. Et puis il y a Élémohn.

- Vous n'êtes pas tombé amoureux, quand même! hoqueta le Docteur avec une once de désespoir. En même temps, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé, ça, d'en voir un ou une partir parce qu'il ou elle avait trouvé l'âme sœur.

- Non mais arrêtez de me caser avec tous les hommes ou femmes qu'on rencontre, Docteur! gloussait le jeune homme. Élémohn m'a sauvé la vie... Lorsqu'on a fui le vaisseau avec les générateurs d'ondes, là. Il m'a poussé sur le coté et a à peine eu le temps de bouger pour éviter le tir qui m'était destiné. S'il n'avait pas fait ça, je ne serais pas là, Docteur. J'ai une dette envers lui. Et de toute façon, il y a une galaxie, voire même plus, à remettre en ordre, des peuples entiers qui sont désormais libres, sans même qu'ils aient un jour su qu'ils ne l'étaient pas. Ces peuples là, ils ont besoin d'aide. Et je veux les aider, moi.

 

Le Docteur lâcha un maigre sourire. Il était pris par l'émotion... Mais il était fier de son compagnon de voyage. Après tout, il prenait un beau chemin, désormais. C'était peut-être mieux ainsi.

 

- J'imagine que je ne peux pas vous faire changer d'avis. Et puis, à quoi bon. Vous avez préparé vos valises?

- Oui. Elles sont dans la Salle de Contrôle. D'ailleurs, j'y ai laissé un petit souvenir d'un voyage que nous avions fait tous les deux, quand Clara avait voulu faire quelques semaines de cours sur Terre.

- Oh... Je crois savoir de quel voyage vous parlez... Enfin bref, peu importe. Restez discuter avec nous, puis vous irez les prendre. Mais avant, gardez la clef, s'il vous plait, Jonas. Même ceux qui sont partis la gardent. Parce que si un jour, dans votre vie, vous avez un quelconque problème, si des aliens vous attaquent ou je-ne-sais-quoi... Prenez-là dans votre main, et là, si vous avez vraiment besoin d'aide... Je serai là. »

 

Jonas laissa un sourire se dessiner sur son visage et pris la clef en main, pour la fourrer dans une poche de son pantalon. Puis les discussions reprirent. Jack avait décidé de repartir au holo-cinéma, pour retrouver ce Blowfish qu'il avait vu au toilettes, et s'il ne le trouvait pas, peut-être partirait-il en quête d'Alonso Frame (et il insistait pour dire qu'ils s'étaient bien mariés, mais que l'alcool en était la principale cause), dont il avait perdu la trace. River, elle, devait faire quelque fouille sur Traxtos. Tasha Lem se plaignait un peu face à son agenda chargé: nommer des délégués pour s'occuper des centaines d'autres planètes qui croyaient en la Divine Égalité, organiser un Concile pour réfléchir aux solutions à apporter à ce problème, et négocier avec les Coalisés, qui avaient la vague impression de n'avoir pas servi à grand chose.

Enfin, les séparations eurent lieu. Le Docteur salua tout le monde, tandis que Jonas sortait trois valises assez larges du TARDIS et faisait ses adieux à Clara, qui lui baisa la joue pour le remercier de ces quelques mois de voyages, tout en précisant que s'il lui manquerait beaucoup, elle ne ressentait absolument rien pour lui (la remarque fit grandement sourire Jonas, qui notait que la jeune fille était fidèle à elle-même). Puis, le Docteur s'approcha du Qatrosien, et sans rien dire, lui fit une franche accolade. C'était presque comme s'il l'enlaçait... Il se retira au bout de quelques secondes, puis lui dit au-revoir.

 

« N'oubliez pas, si vous avez besoin d'aide...

- Oui, ne vous inquiétez pas, c'est difficile de vous oublier.

- Je sais... Bon, et bien... à la prochaine fois? Espérons qu'on puisse se revoir, mais pas dans une attaque ou quelque chose comme ça.

- Oui, espérons. Mais pas tout de suite, laissez-moi m'acclimater un peu. Oh, et j'oubliais, vous pourriez prévenir ma famille, sur Qatros? Mes parents doivent encore vivre à Krumwen, mon village. Dîtes-leur que je vis ma vie dans un monde libre, et... racontez leur un peu nos histoires, à tous les trois, s'ils veulent savoir ce que nous faisions.

- Je... Je le ferais. Promis.

- Merci, Docteur. Pour ça, et pour tout ce que j'ai pu voir, avoua Jonas avec un sourire.

- Ce n'est rien... et puis... Merci à vous aussi, parce que sans vous... je pense que ni moi ni Clara ne serions ici. »

 

C'est ainsi que s'achevèrent ces adieux. Le Docteur rentra dans le TARDIS, referma la porte, et quelques secondes plus tard, la cabine bleue disparut, se volatilisant en clignotant et en lâchant une forte respiration mécanique. Un souffle doux faisait flotter les cheveux de l'ancien résistant, dont le visage se couvrait de quelques légères larmes d'émotion... Une vie s'achevait dans ce souffle. Et lorsque la cabine eut complètement disparu, une nouvelle vie commençait pour celui qui désormais s'appelait Jonas de Rémox.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Clara respirait fortement. Elle était triste, bien sûr, mais elle avait déjà subi de plus lourdes pertes... Sauf qu'il ne fallait pas penser comme ça. Non, elle devait penser à autre chose, et là, il y avait un bon sujet de conversation.

 

« Pourquoi les néons sont jaunes? interrogea-t-elle.

 

En effet, le rotor temporel avait perdu son habituelle couleur bleue/blanche pour adopter une lumière jaune-orangée, qui diffusait une atmosphère douce et estivale dans la pièce.

 

- C'est Jonas qui a fait ça. C'est le souvenir qu'il m'a préparé... Il a du apprendre à changer la couleur lorsque j'ai remis le rotor à sa couleur normale après les Jeux Olympiques...

- Un souvenir d'un voyage, il disait... Quel voyage? J'étais pas là, d'accord, ça m'est arrivé, mais vous me racontiez toujours tout. Je vois pas d'où un rotor orange peux bien sortir.

- Oh, je ne vous ai pas raconté celui-là... Vous ne nous auriez pas cru. Disons que nous avons fait une rencontre très, très étrange.

- Mouais... Bon, sinon, quelque chose me triture un peu l'esprit, là... Qu'est-ce que vous faisiez dans le vaisseau amiral? Vous disiez que vous aviez quelque chose à faire, à chercher. C'était quoi?

- Oh, ça...

 

Le Docteur sortit son tournevis et le planta dans la prise adaptée sur la console.

 

- Je suis allé fouiller dans les archives de l'Infinium, pour trouver leurs travaux sur la récupération du clone de Gallifrey. Peut-être que ça nous sera utile pour localiser et retrouver la vraie planète.

 

En entendant cela, Clara eut un grand sourire. C'était une bonne nouvelle, ça. Le Docteur avait un peu mis de coté la recherche de sa planète pendant les derniers mois. Il était peut-être temps que cela change. Mais le Docteur, lui, souriait un peu moins. Dire cela lui remettait en mémoire l'Illusionniste, Trenzalore de jour, Night... Et sa dernière discussion avec le chef de l'Infinium. Et alors, sans même le vouloir ou presque, il posa une question à la jeune fille présente à coté de lui.

 

- Clara, dîtes-moi... Est-ce que vous me trouvez mauvais, parfois?

 

La jeune fille se figea... La question était inattendue. Son sourire s'effaçait au fur et à mesure qu'elle essayait de chercher une réponse, mais très rapidement, elle souhaita éviter le sujet.

 

- Je... Pourquoi cette question?

- Non, pour rien, oubliez là. Dîtes-moi, sinon, vous avez toujours votre petit livre des 100 endroits à visiter?

- 101! corrigea la jeune fille. Et je l'ai laissé chez moi, sur Terre, il y a 4000 ans.

- 2423 ans! précisa le Docteur en regardant un cadran sur la console. Nous sommes dans le vortex, vous savez. Enfin bref, je ne crois pas qu'on ait tenté de le remplir. Est-ce que ça vous dirais de visiter toutes les destinations?

- À l'époque où ce n'étaient pas des ruines, on est bien d'accord?

- On est bien d'accord. Alors on fait ça? Je vous dépose chez vous, vous faîtes une ou deux semaines de cours, je vais avertir les parents de Jonas qu'il va vivre une vie épanouie, et je reviens vous chercher. Et ensuite, on se fait le Colisée à Rome le jour de son ouverture?

- On fait ça! approuva Clara. Mais pas Rome tout de suite: niveau antique, j'ai eu ma dose. Oh, et en fait, vous êtes sûr que vous voulez garder le rotor en orange? Parce que j'aime pas beaucoup...

- Je n'aimais pas vraiment, au début, mais j'en connais certains qui me hanteraient dans mes rêves pour me punir de ça. Et puis, on s'y fait rapidement.

- Bon, d'accord. Et puis, ça rappelle un peu Gallifrey, n'est-ce pas?

- Un peu... »

 

Clara lâcha un sourire, puis couru dans les escaliers pour rejoindre sa chambre. Le Docteur la regarda s'éloigner dans le couloir, puis s'assit sur un fauteuil peu confortable de la pièce. Une page venait de s'achever. Ce n'était pas la première, pour le Docteur, et ce ne serait pas la dernière. Et cette fois, il était confiant, et dans son esprit, il avait déjà empoigné la feuille et l'avait tournée. Une nouvelle page à lire et à écrire, chaque jour. Et si cette page devait se tourner un jour, forcément, le Docteur et Clara n'en étaient pour l'instant qu'au premier paragraphe. 

 

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