Pas impliqué

Chapitre 3 : Trahison

1402 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:55

Il était au téléphone. Elle ne pouvait décemment pas l'interrompre. Elle voulait partir et revenir une fois que sa conversation serait terminée. Elle hésitait. Elle s'en voulait de faire intrusion dans son intimité mais son corps ne semblait pas vouloir réagir. Elle resta figée derrière la porte. C'est à ce moment qu'elle comprit qui était à l'autre bout du fil.

Bouche bée, les yeux écarquillés, elle secoua la tête et décida de se retirer le plus rapidement possible.

Sur le chemin de retour vers sa cave, elle se repassait mentalement la conversation qu'elle venait d'entendre. Elle n'arrivait pas à le croire. Il lui avait menti.

Avant leur départ pour la dernière affaire, elle lui a parlé et émis des réserves quant à son rapprochement avec une victime. Il l'avait presque envoyée sur les roses, paraissant presque blessé qu'elle eût pu imaginer qu'il pourrait être aussi bête et mettre en danger son travail.

« Je t'adore et je te respecte tu l'sais, mais là tu dépasses les limites. J'suis pas impliqué. »

C'était ce qu'il lui avait dit. Elle s'efforçait de prendre de grandes respirations pour se calmer et ne pas fondre en larmes. Elle devait au moins attendre d'être seule et à l'abri des regards avant de laisser s'exprimer cette frustration, ce sentiment de trahison qu'elle ressentait.

Une fois être entrée dans son bureau et avoir verrouillé la porte, elle se laissa glisser contre celle-ci jusqu'à se retrouver assise par terre. Le visage entre les mains, elle se laissa aller.

Elle se releva, se dirigea vers ses ordinateurs pour les éteindre. Elle se rendit alors compte de l'heure qu'il était.

Aucun doute qu'elle eût l'impression d'avoir versé toutes les larmes de son corps. Il lui avait fallu plus d'une heure pour se ressaisir.

Elle devait rentrer chez elle et tenter d'oublier tout ce qui s'était passé ces derniers jours.

Elle récupéra son sac et quitta le bureau.

Dans sa voiture, sur la route en direction de son appartement, son esprit refusait de coopérer et revenait inéluctablement sur les récents événements.

« Il a raison. J'ai dépassé les limites. Je suis qui pour lui pour m'inquiéter alors qu'il s'embarque dans une histoire qu'il ne pourra pas gérer même avec sa meilleure volonté et dont il n'arrivera pas à se dépatouiller ? Après tout, s'il a osé me mentir en me regardant droit dans les yeux, c'est qu'on est pas de si bons amis que je le pensais. Garcie, il est temps de te mêler de ce qui te regarde. Tu n'as qu'à aider ceux qui en ont vraiment besoin et envie. Ceux qui te respecte assez pour prendre tes conseils en considération. »

Sur ce, sa décision était prise. Elle ne lui reparlerait plus de Tamara et elle le traiterait exactement comme il l'avait traitée : une connaissance ou une collègue dont la sollicitude et les conseils n'étaient pas désirés.

Elle arriva à son appartement et se prépara à aller au lit. Elle ne prit même pas le temps de diner, elle n'avait pas faim. Elle envoya un texto à Kévin pour lui faire savoir qu'elle était bien rentrée et pour lui souhaiter bonne nuit. Habituellement, elle en aurait fait de même pour Morgan mais à cette heure, elle devait être le cadet de ses soucis.

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Morgan avait terminé sa paperasse et s'apprêtait à quitter son nouveau bureau. Il se retourna et jeta un dernier coup d'œil autour de lui. Il sourit en pensant « Elle est trop géniale ma Babygirl » et s'en alla. Il lança un regard vers le bureau de Pénélope. Il secoua la tête. Il y avait encore de la lumière. Elle devait surement faire des mises à jour sur ses « bébés ». Il voulait y aller, lui dire qu'il était temps qu'elle allât chez elle se reposer mais il se ravisa.

Tamara devait déjà être en train de l'attendre au bar.

Arrivé au bar, il aperçut Tamara et se dirigea vers elle.

« Salut Tamara, dit Derek

— Salut Derek » répondit-elle en se levant pour l'accueillir. Elle se pencha et lui fit une bise sur la joue.

Comme elle n'avait pas encore de verre, il lui demanda :

« Qu'est-ce que tu veux boire ?

— un soda s'il te plait.

— bouge pas je m'en occupe »

Il se leva pour aller prendre les boissons. Il repensa à sa façon de l'accueillir. Cette bise l'avait surpris et même un peu gêné mais il avait réussi à ne pas le montrer. Il retourna à la table avec les boissons. Elle le remercia et ils commencèrent à discuter.

« Alors comment ça va depuis la dernière fois qu'on s'est vu ?, demanda Derek

— J'essaye d'être forte, mais tu sais c'est tellement dur. Il me manque tellement. Je pense tout le temps à lui et à chaque fois je ne peux que pleurer. C'est tellement injuste qu'il ait été tué. Il ne leur avait rien fait. » expliqua-t-elle avec tellement de tristesse dans les yeux. Derek savait qu'elle était au bord des larmes. Il ne dit rien et lui laissa le temps de se calmer. Elle continua après une pause. Elle tendit le bras et posa sa main sur celle de Derek.

« Je suis contente que tu m'aies appelée pour m'inviter ce soir. Je ne sors presque plus de chez moi. Je n'en ai pas la force

— Je sais que c'est encore récent, et que tu as l'impression pour l'instant que tu t'en remettras pas, mais avec le temps ça ira, lui dit-il. Je ne dis pas que ton frère ne te manquera plus mais la douleur va s'atténuer. Quand tu penseras à lui, tu ne ressentiras pas que de la douleur. Tu repenseras aux bons moments, tu vas sourire et même rire.

— Je ne demande qu'à te croire. Tu as l'air de savoir de quoi tu parles, dit-elle avec une pointe d'étonnement

— Je sais de quoi je parle. J'ai perdu mon père alors que j'étais encore très jeune.

— oh je suis désolée Derek.

— non, non, ça va. Comme je t'ai dit le temps apaise la douleur. Il me manque toujours mais pendant quelques années ça a été très dur. J'ai beaucoup souffert de son absence. Surtout aux moments où j'avais besoin de quelqu'un pour me guider, pour répondre à certaines questions que je me posais, me donner des conseils … tu sais le genre de choses que font les pères, dit-il en souriant.

— Tu veux dire, des conseils pour les filles ? » demanda-t-elle.

Pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontrée, elle souriait vraiment. Il était content d'avoir au moins pu lui changer les idées.

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