l\'âme soeur

Chapitre 1 : L'âme soeur

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:36

Je l'ai rencontrée la semaine passée, dans un parc près de chez moi. Je faisais, comme à mon habitude, du roller en zigzag au milieu du chemin, les promeneurs s'écartant à mon passage afin d'éviter quantité de bleus, de bosses et d'autres blessures superficielles mais peu agréables, quand soudain, un des passants était resté au milieu du chemin. Alors inévitablement cela à donné lieu à une colision ! Je me suis joyeusement étalée sur lui. Quand j'ai relevé la tête, j'ai croisée ses yeux. Il me regardait avec l'air ahuri de celui qui n'a rien compris à ce qui lui arrive. Je le regardais aussi, oubliant même que j'étais en train de l'écraser. D'ailleurs je pense bien que si un filet de sang ne s'était pas mis à coulé sur son front, signe que le choc avait du être plus rude que ce que je pensais, nous serions resté ainsi pendant encore un certain temps. Et le fait que le sang ait une jolie teinte vert emeuraude devait y être pour quelque chose aussi. Je me suis levé d'un bond, surprise. Il a alors porté sa main à son front pour toucher le liquide. Il le regardait, puis me regardait, reportait à nouveau son regard sur le sang et il continua ainsi pendant cinq bonnes minutes sans sembler se lasser. Et soudain, il s'est levé, a commencé à crier et est parti en courant. Bizarrement, les autres promeneurs du parc ne semblaient pas avoir vu et surtout entendu le garcon partir. Tous vaquaient à leurs occupations. Intriguée, je repartis cahin caha, indisposée par les multiples écorchures qui décoraient mes genoux.

Le lendemain, je décidais de retourner dans le parc. Par précausion je choisis de m'y rendre à pied, mes blessures quoique sans gravitées n'étant pas encore guéries. Je repris le même chemin que la veille, m'appliquant à observer chaque recoin du parc. C'est d'ailleurs pour cette raison que c'était celui que j'empruntais à chaque fois : d'ici on pouvait observer tout le parc ou presque. Seul le bac à sable ainsi que les deux toboggans l'avoisinant m'étaient cachés. Comme je l'espèrais, je trouvais le jeune homme assis seul sur un banc. Je m'approchais l'air de rien et m'assis à ses cotés.

<< Salut, tu te souviens de moi ? Je t'ais bousculé hier !, dis-je, Je tenais d'ailleurs à m'excuser ! Je suis tellement maladroite ! Au faite, je m'appelle Mélissa et toi ?, lui demandais-je en lui tendant une main que je voulais amicale.

Il me regarda, regarda ma main et, ne lui accordant pas plus d'attention, il me répondit en regardant ailleurs :

  • Je m'appelle Axel.

  • Enchanté Axel !, dis-je passant sur le ton cassant de sa voix, tu viens souvent ici ?

  • Tous les jours.

  • Vraiment ? Pourtant je viens également presque tous les jours et je suis sûr de ne jamais t'avoir vu !

  • Je … suis assez , disons discret, m'informa-t-il , d'habitude les gens ne me voient pas.

  • Alors j'ai de la chance, m'écriais-je , le faisant sursanter

  • De la chance, répéta-t-il, sceptique

  • Et bien oui !, m'expliquais-je, si je ne t'avais pas renversé, je ne t'aurais surement jamais vu ! Alors j'ai de la chance de t'avoir bousculé car j'ai pu te rencontrer !

Il me regarda un instant, d'abord impassible, puis une légère teinte rouge commenca à colorer ses joues. Dès qu'il s'en rendit compte, il se leva, balbutia quelque chose à mon attention et parti en courant. Encore. Vraiment, quelque chose chez ce garcon m'intriguais au plus au point. Et j'étais bien décidé à découvrir quoi. Du moins c'est ce que je me répétais. Car une partie de mon être me susurait que ce n'était pas la seule raison de mon entêtement. J'étais amoureuse.

Le lendemain, jour de cours, je ne pus me rendre dans le parc qu'après 16h30. Pourtant cela ne changea rien au fait qu'il était là, sur le banc, à l'endroit même où je l'avais vu la veille. Je m'approchais, le touchant presque quand il se retourna vivement et esquiva ma main. Une expression teintée de mépris et de dégout peignait son si beau visage et il recula de trois pas.

  • Je … je suis désolé, dis-je, je ne voulais pas te …

  • Je ne t'en veux pas, admit-il, son visage s'apaisant, il ne faut juste pas que tu me touches. C'est la seule règle.

  • D'accord, murmurais-je.

Il se rassit sur le banc, m'intimant d'un geste de le rejoindre. C'est ce que je fis, m'installant à une distance respectable de lui, de facon à ne pas le toucher. C'était dur, car tout mon être me poussait vers lui, m'ordonnant de l'embrasser, exigeant que je carresse sa peau mate si douce pour les yeux qu'elle ne pouvait qu'être douce pour mes mains. Mais je résistais, ne voulant pas qu'il s'enfuit à nouveau. Nous restâmes ainsi un moment quand il me posa une question sur moi. Surprise je lui répondis, puis lui retournais la question. Il y répondit à son tour, en posant ue autre et ainsi de suite. Au fil des interrogations nous fimes connaissances, un lien invisible se tissant entre nous. Deux êtres en symbiose, en accords parfaits, liés par les mots, séparés par les gestes. Le temps n'existait plus, rien d'autre ne comptait que lui et moi. Pourtant cet instant magique fut troublé par mon portable, le numéro de ma mère s'inscrivant sur l'écran. J'avais une demi heure de retard et elle commencait à s'inquiéter. Je lancais un regard désolé à Natan et parti en direction de ma maison.

Le mardi soir, je revins au même endroit où il m'attendais à nouveau. Nous nous rassimes sur le même banc et nous poursuivimes notre discussion de la veille. Et ainsi pendant près d'un mois, chaque soir après les cours je le rejoignais et nous discutions tous les deux de tout et de rien, si proches et pourtant si distants. Le moindre contact étant interdit nous nous disions tout avec les yeux. Nous nous étions depuis longtemps avoué notre amour de cette façon mais cela n'avait en rien changé la règle : il m'étais interdit de le toucher.

Un jour pourtant, je fus incapable de me controler. Alors que nous discutions, je me mis à m'approcher de lui. Il le remarqua immédiatement et se leva, m'esquivant comme la première fois. S'en fut trop pour moi. J'explosais :

<< Pourquoi m'as tu encore esquivé, hurlais-je, je ne te plais pas c'est ça ? Tous les mots d'amour que tu me sussures ne sont que des mensonges ? Pourquoi ne puis-je pas t'embrasser moi qui en brule d'envie ? Pourquoi ne puis-je pas toucher ta peau si belle que j'en rêve la nuit ? Pourquoi la force de cet amour que tu me décris si bien avec les mots ne pourrait-il pas être démontré par des gestes ? Moi je n'en peux plus ! Tu m'as demandé de te faire confiance ! Tu m'as promis que nous pourrions nous aimer ! Alors pourquoi tu me regarde avec autant de dégout quand je m'approche trop près hein ? Pourquoi ? Pourquoi ?>>

Il ne me répondit pas. Il se contenta de se retourner et se mit à courir. Je me levais et le suivais tachant de couvrir la distance qu'il avait déjà mis entre nous. Je ne voulais pas le perdre ! Je ne pouvais pas le perdre. Pas maintenant. Mon coeur ne le supporterait pas ! Je le suivais toujours, l'appellant, le suppliant de s'arrèter, de m'attendre. Mais il ne m'écoutait pas. Pourtant il décida enfin de stopper sa course. Le voyant s'arrèter; je me stoppais également essayant de reprendre mon souffle. Je ne fis pas tout de suite attention à l'endroit où nous étions. Je ne vis pas tout de suite qu'il se trouvais sur la route, je ne vis pas tout de suite la voiture rouge qui foncait vers lui sans qu'il ne fasse le moindre geste. Lorsque je m'en rendis compte, je voulu crier, le supplier de se pousser, de ne pas rester là, mais aucun mot ne sortit de ma bouche. Je me contentais de fermer les yeux, de détourner la tête et d'attendre. D'attendre le tant redouté crissement de pneus qu'émettrait la voiture lorsque le chauffeur se rendrait compte qu'un jeune homme se tenait sur la route. Attendre le bruit du choc de son corps contre le capot de la voiture. Attendre les cris des passants, la sirène de l'ambulance. Pourtant rien de vint. Je tournais la tête vers la route, la voiture était passé et il était toujours là, me souriant. Une autre voiture passa, il ne bougea à nouveau pas. Et la voiture le traversa, comme s'il n'était qu'un rêve. Je le regardais ébahie. Il me sourit encore et s'approcha de moi, me prenant pour la première fois les mains. Les siennes étaient froides. Il posa pour la première fois ses lèvres sur les miennes, elles étaient glacés. Il me regarda tristement, ses magnifiques yeux gris plongés dans les miens, me pénètrant, me touchant au plus profond de mon âme.

<< Je suis désolé, dit-il simplement, je suis désolé de ne pas t'avoir dis la vérité sur moi. Je suis un fantome. Je suis mort en 2003 dans ce parc et depuis je reste ici sans espoir de trouver la paix. J'en ignore la raison. Je l'ai oublié. >>

Il se tut, regardant ses pieds, mes mains toujours dans les siennes. Voyant que je ne réagissais pas il poursuivit :

<< Je suis désolé de voir à quel point tu as mal pris la règle que je nous avais imposée mais j'avais peur que tu t'enfuis en découvrant ce que je suis. Je te jure que chaque mot que je t'ais dis, chaque promesse que je t'ais faite, j'y croyais. Ne crois jamais que je ne t'aime pas car c'est faux, ne crois pas non plus que je t'aime car c'est à mille lieux de la vérité ! Je suis dépendant de toi. Tu es la seule chose qui me permette de survivre dans ce monde où personne ne ressent ma présence. Alors je t'en supplie dis quelque chose, n'importe quoi, même si tu dois me dire que tu me hais. Dis quelque chose je t'en pris ! >>

J'étais pétrifié. Mon esprit analysait toutes les données qu'il venait de me donner pour m'aider à choisir une réaction. Je choisis la plus évidente à mes yeux et sous son regard étonné, je me laissais aller dans ses bras pour la première fois après tant de nuits à en rêver.

<< Ça signifie que tu ne m'en veux pas ? , demanda Axel, plein d'espoir

  • Cela signifie que je t'aime et que rien ne pourra jamais changer cela, même la mort. Malgré cela j'avoue que de ne jamais pouvoir partager le bonheur que je vis avec toi me désole mais si c'est l'unique prix à payer pour te garder je m'en accommoderais. Et surtout, surtout ne me fais plus jamais une telle frayeur. Quand je t'ais vu sur la route, tous mes mots se sont envolés et mon coeur à volé en éclats.

  • Je te le promets, souria-t-il

  • Et il y a aussi une chose qu'il faut que tu m'expliques.

  • Laquelle ?

  • Pourquoi je peux te voir moi ?

  • Je ne me souviens pas de grand chose de ce qu'on m'a apprit sur la condition de fantôme, mais une information est restée gravée dans mon coeur comme un espoir de bonheur possible. '' Personne ne pourra vous voir, vous entendre ou même sentir votre présence. Une seule et unique personne échappera à cette instruction. ''

  • Une seule personne ?

  • Oui, murmura-t-il, '' votre âme soeur.'' >>.

Laisser un commentaire ?