FullMetal, la fille qui voyageait a travers les mondes

    Je restais un instant interdite, avant de réagir. Même si je me souvenais de son nom, désormais, je ne devais pas montrer que je le connaissais, sous peine de me faire attaquer. Mais je me posais d'innombrables questions. Que faisait Murtagh ici ? Pourquoi chassait-il ? Etait-ce les empreintes de Saphira que nous avions vues, ou bien celles de Thorn ? Et surtout, quand étions-nous arrivés ? Après qu'Eragon ait vaincu Galbatorix ? Non, impossible. Murtagh serait bien plus vieux.

- Je suis Justine, et voici Alphonse. Nous nous sommes perdus sur la Crête. Et toi, qui es-tu ?

    Je baissais les yeux sur mes mains. Je portais toujours ma propre cape bleue, semblable à celle d'Ed, et mes gants et mon pantalon cachaient mes auto-mails. Parfait. Un problème de moins.

- Je suis Murtagh, fit-il.

    Avant qu'il ait pu ajouter quelque chose, un grognement se fit entendre. Un puissant grognement, qui fit s'envoler le peu d'oiseaux qu'il restait dans le bois. Des pas lourds se firent entendre. Et émergea des buissons la dernière créature que je m'attendais à voir ici. Un dragon, qui faisait environ ma taille. Un grand dragon vert. Ecailles vert feuilles, ailes vertes claires, l'œil de la couleur de l'herbe de printemps. Murtagh devint livide.

« Fírnen... »

- Fírnen, qu'est-ce que tu fais là ! C'est après lui que vous en aviez ?! Accusa-t-il en bandant son arc.

- Non, nous ne savions pas qu'il était là ! cria presque Al à côté de moi, la sincérité brillant dans ses yeux.

    Le jeune garçon mit un moment de réflexion. Je décidais, comme avec Ed, Al et Winry, de lui dire la vérité. Je lui demandais calmement de m'accorder le temps de lui expliquer ce que nous faisions réellement ici. Enfin, presque réellement. Dans le monde d'où nous venions, Al et moi, l'Héritage est une série et l'Alagaësia n'existe pas sauf dans une histoire fictive.

     Il avait du mal à nous croire, je le savais. Malheureusement, je ne savais pas jurer en ancien langage, et lui de toute façon ne le connaissait pas non plus. Il accepta de nous donner une chance de prouver que nous étions de confiance. Nous le suivîmes jusqu'à la ferme de son oncle Garrow et de son cousin Roran.

    Quand nous arrivâmes, il n'y avait que Garrow à la ferme. Roran était aux champs. Il salua son neveu d'un geste de la main.

- Ah, Murtagh, tu es rentré ! Tu as trouvé de quoi faire à la chasse ?

- Le gibier n'était pas très abondant, répondit-il d'un air évasif.

    Puis il nous présenta. Nous avions résolu, Al et moi, de cacher l'existence de l'alchimie, ainsi que de mes auto-mails. Garrow accepta de nous prendre sous son toit. Pendant trois semaines, je vivais donc à travailler avec Murtagh et Roran. J'avis désormais compris. Nous étions bien dans l'Héritage. Ce qui avait changé ? Murtagh et Eragon avaient sans doute échangés leurs places. Arya, l'elfe ambassadrice des Vardens, avait sans doute volé l'œuf de Fíٕrnen des mains de Galbatorix à la place de celui de Saphira. Je me fis une bonne dizaine de réflexions durant ces jours de répit. Mes muscles métalliques travaillaient, et je me renforçais. Al, quand à lui, prenait de l'endurance, et allait chasser avec Murtagh.

    Mais ça ne pouvait pas durer très longtemps. Un matin, alors que nous rendions visite à Fíٕrnen, Murtagh repéra les traces d'une étrange bestiole, se dirigeant vers la ferme. Je lui hurlais de faire demi-tour sans se retourner, que Garrow et Roran étaient en danger. Il ne se le fit pas dire deux fois, et je m'élançai derrière lui. Je remarquais qu'affolé par le comportement de son dragonnier, Firnen avait décollé et nous suivait désormais.

    Malgré ça, on a beau faire tous les efforts possible, on ne peut pas être partout à la fois. Le temps d’apercevoir la ferme, des volutes de fumée s’élevaient au-dessus de la cime des arbres. Je redoublais de vitesse, mais trébuchais à cause de ma jambe de métal. Alphonse s’arrêta pour m’aider à me relever.

- Cours, Murtagh ! Sauve ton oncle !

    Il ne se le fit pas dire deux fois et accéléra à son tour, et je le vis disparaître dans la plaine, tandis que Fírnen passait au-dessus de nos têtes dans un rugissement mental.

« Murtagh, attends ! »

    Bien entendu, nos espoirs étaient vains. Bien que Murtagh tienne le rôle d’Eragon, l’oncle Garrow n’avait pas survécu à l’attaque des Raz’ac. Et le jeune garçon était tellement désolé et en colère que j’hésitais à lui parler. Son dragon s’approcha. Je savais qu’il lui parlait, mais Murtagh secouait la tête avec rage. Soudain, il lâcha violemment :

- J’aurais dû être là ! J’aurais pu le sauver ! J’aurais dû…

    Je crus voir une larme couler sur sa joue, mais elle s’effaça aussitôt. A la place s’affichait un regard déterminé. Il se tourna vers Al et moi.

- Justine ? Tu sais ce qui se passe ensuite, non ? Que devons-nous faire ?

    Mon poing se serra, mais j’avais manqué à mon devoir. J’avais oublié l’attaque des Raz’ac, j’avais oublié de sauver son oncle. Je devais réparer mon erreur en évitant d’autres disparitions. Je hochais douloureusement la tête.

- Il nous faut aller à Carvahall, pour trouver Brom. Il nous aidera.

    Il hocha la tête et scruta Fírnen.

- Je suppose qu’il vaut mieux éviter qu’il soit vu.

    Ce fut à mon tour de hocher la tête, avant de reporter mon attention sur le dragon. Il était magnifique. Je ne cessais de me demander. Que devais-je faire désormais ? A un stade si peu avancé de l’aventure, il y avait déjà tant de changements… et visiblement, avoir lu le roman ne me serait que d’un faible secours.