La cour des grands

Chapitre 16 : Galmar

2022 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 08:25

 

Galmar

 

     Il attendait ce jour avec une grande impatience. Il avait préparé toutes ses affaires trois jours avant de partir et ses frères et sœurs lui conseillaient d'arrêter de s’exciter de la sorte. En effet, Galmar allait aujourd'hui prendre la direction de Châteaunoir et pouvoir enfin devenir un frère juré de la Garde de Nuit. Beaucoup de sa famille désapprouve son choix, disant que la Garde ne lui offrirait que prison et dégoût. Cependant, Galmar se foutait de leur remarque. C'était le rêve qu'il attendait depuis toujours, à l'exception que son frère Olliver aurait dû être avec lui. Il allait enfin sortir des terres du Conflans et voir les merveilles du Mur et d'au-delà. Il se souvenait encore des nombreuses légendes qu'il avait lut sur la forêt hantée et la grève glacée. Les géants, les loups-garou, les Enfants de la forêt et les Autres. Il ne croyait certes pas à toutes ces histoires mais voulait voir les terres enneigées qui avaient fait naître de tels récits. Et même si ces histoires étaient véridiques, les créatures qui y sont mentionnées ne doivent plus exister depuis des millénaires.

 

     La veille de son départ, Galmar avait organisé une petite fête avec ses frères et sœurs dans la taverne qui se situait à côté des Jumeaux. C'était une soirée superbe où Galmar faisait ses adieux à sa famille mais qui fût interrompue par leur père qui protestait «que la maison Frey ne se pavane pas dans les tavernes d'ivrognes». Il est clair que Walder Frey ne manquera pas à Galmar et que Galmar ne manquera pas Walder Frey. Leur relation était toujours ponctuée de dégoût l'un envers l'autre et cette fois, le père et le fils ne pourront enfin plus voir le visage de l'autre. Galmar avait donc dit adieu à toute sa famille, excepté bien évidemment à son père et partait alors vers le lieu de rendez-vous avec la charrette qui l'emmènerait loin de chez lui.

 

     Il arriva, un peu en avance, au point de rendez-vous qui se situait devant une grange miteuse. Trois hommes se tenaient debout, la mine déconfite et habillés de vêtements en haillons, et étaient entourés de trois gardes des Frey. Ces derniers reconnurent Galmar à son arrivée et s'étonnèrent de sa venue. Les autres hommes qui devaient être leurs prisonniers se tournèrent vers le nouveau venu et le regardèrent d'un visage haineux mélangé à du déni.

 

-Bonjour, prince Galmar. Accueillit un des gardes. Que faites-vous ici, si ce n'est pas indiscret ? Vous voulez visiter le Mur ?

 

-Je ne viens pas le visiter. Je viens y vivre.

 

     L'étonnement était grand chez les gardes comme parmi les prisonniers. Ces derniers laissèrent échapper un rictus tandis que les gardes se contentèrent de ne rien dire pour ne pas offusquer leur prince mais restant tout de même choqués d'une décision qu'il devait prendre pour totalement folle.

 

     Plus aucun mot ne fut prononcé jusqu'à l'arrivée de plusieurs chariots qui venaient de se dessiner à l'horizon. Quand Galmar les vit, il ressentit un semblant d'angoisse qu'il essaya de dissiper en jugeant qu'un frère de la Garde de Nuit ne devait ressentir aucune peur. De toute la compagnie qui défilait devant eux, un seul s'arrêta devant la grange. L'homme qui s'occupait à diriger le véhicule était très grand et était un peu âgé. Il avait un imposant visage autoritaire et tout le monde se tût lorsque celui-ci se tourna vers deux autres prisonniers qui se trouvaient dans son chariot.

 

-On prend ces trois-là et on fait route vers EauGrise et Winterfell puis le Mur. Je vous conseille de faire place.

 

-Nous sommes quatre, en réalité. Lança Galmar qui s'était rendu compte que personne dans le chariot ne se doutait qu'il faisait partit des nouvelles recrues à cause de sa tenue de voyage réservée à la bourgeoisie.

 

     Le meneur du chariot et ses deux prisonniers le jugèrent un instant avant de lui faire signe de monter à lui et à ses trois nouveaux frères qui attendaient avec lui. Galmar faillit tomber lorsque le chariot se mit en route.

 

-Ce n'est pas un endroit pour les fillettes, mon garçon. Objecta un des deux prisonniers qui étaient déjà présent.

 

     Celui-ci était aussi vieux que le meneur du chariot. Il avait le crâne rasé et arborait un visage mêlée d'arrogance et de crainte. Galmar ne répondit pas à sa remarque car il n'en voyait pas la peine. De plus, le meneur du chariot lança au vieux prisonnier sans se retourner :

 

-Laissez-le, Ser Janos. On a besoin d'hommes comme lui à Châteaunoir. Celui-ci doit savoir mieux se battre que les trois-quarts de la Garde.

 

-Peut-être, Ser Alliser. Mais imaginez qu'il n'ait fait que se goinfrer dans son château plutôt que de s'entraîner à se battre.

 

-Vous voulez savoir si je sais manier une épée ? Protesta Galmar sous un air menaçant qui ne pouvait s'empêcher de répliquer.

 

-Vous osez me menacer ?! Rétorqua Janos. Sachez que j'étais le Lord Commandant du Guet de Port-Réal et que je me battais au côté des grands rois quand tu te trouvais encore dans les bourses de ton père.

 

-Et maintenant, vous voilà ici. J'imagine que vous étiez trop faible pour occuper plus longtemps votre poste. Lança Galmar qui vit ses mots sortirent tout seuls de sa bouche, ce qu'il ne regretta pas.

 

     Janos eut le teint rouge et commença à sortir sa dague.

 

-ÇA SUFFIT, BANDE DE SALES GOSSES !!!! Gueula Alliser qui avait entendu la dague de Janos sortir de son fourreau. Asseyez-vous et taisez-vous. Je ne veux plus entendre un seul mot sortir de votre bouche avant notre arrivée au Mur. Si j'entends un seul de vous ouvrir sa gueule, je l'envoie directement s'occuper des latrines du fort.

 

     Janos rengaina sa dague et avait, à présent, une tête toute ronde et rouge tel une tomate. Les deux obéirent alors aux ordres et se turent tout le long du trajet.

 

     Sur le chemin, ils passèrent par EauGrise, le siège de la maison Reed et Winterfell, celui de la maison Stark. Lorsque Galmar vit les hautes murailles du fief du Roi du Nord, il commençait à jalouser un peu Olliver de se battre aux côtés d'une telle famille. Cependant, il revînt à la réalité quand il se tourna vers Janos qui le fixait du regard depuis leur dispute avec laquelle, il se l'avouait, il en avait retiré un certain plaisir de remettre le «Grand Lord Commandant du Guet de Port-Réal» à sa place et en était assez fier. Après quatre jours de voyage, qui fut assez long dans l'esprit de Galmar, la compagnie arriva à destination. Galmar le voyait. Au détour d'une colline, il vit le gigantesque mur de glace qui scintillait grâce à la lumière du soleil. Il était si haut que Galmar se demanda si, une fois monté au sommet, il allait découvrir qu'il avait le vertige même si le haut des tours des Jumeaux ne lui avaient jamais fait peur. La compagnie se sépara alors. Une partie allait à Tour ombreuse, une autre encore partait pour Fort-Levant et la dernière partie, celle où était Galmar, partait pour Châteaunoir. Quand ils arrivèrent devant la porte, les hommes qui gardaient le fort étaient très heureux, comme s'ils attendaient leur arrivée avec impatience. Ils se pressèrent de leur ouvrir et la compagnie s'engouffra dans la cour. Galmar était à la fois émerveillé devant le Mur et subjugué par le faible nombre de personne présente. En effet, il n'y avait pas plus d'une centaine de personne qui les accueillait. Janos demanda à Alliser ce qu'il se passait car il avait entendu dire que la population de Châteaunoir s'élevait à plus de six cents personnes d'habitude. Ce dernier ne répondit pas et cria à tout le monde de se réunir au centre de la cour. Il monta un escalier de bois qui le suréleva par rapport aux autres et tonna assez fort pour que tout le monde puisse entendre :

 

-Mes frères. Je me doute que ces derniers jours furent douloureux pour ceux qui étaient restés ici. En effet, le Lord Commandant Jeor Mormont mène en ce moment une expédition au-delà du Mur avec cinq cents hommes plus une centaine d'hommes de Tour Ombreuse. Peut-être reviendront-ils glorieux de leur voyage. Peut-être ne reviendront-ils pas du tout. Dans tous les cas, je veux que nous restions unis. Nous sommes des frères jurés de la Garde de Nuit. Beaucoup d'entre vous viennent de pauvres fermes miteuses qui se sont retrouvés ici pour avoir volé la patate du marchand, d'autres viennent de maisons orgueilleuses. Tout cela ne doit plus compter. Pour ceux qui viennent d'arriver, lorsque le jour viendra où vous prononcerez vos vœux, vous serez des frères jurés de la Garde de Nuit. À présent, au boulot, tas de feignasses ! Je veux que vous puissiez combler à vous seuls les cinq cents hommes absents. Pour les nouvelle recrues, préparez-vous. L'entraînement commence dès maintenant !

 

     Tout le monde cria comme mille et s'attelèrent à leurs tâches respectives. Galmar et Janos, eux, évitèrent de se regarder dans les yeux et allèrent mettre leur tenues d'entraînement. En mettant sa tenue, Galmar réalisa qu'il allait à présent avoir une nouvelle vie certes plus difficile mais surtout plus aventureuse et bien plus intéressante. Il revînt alors dans la cour et attendit avec impatience le début de l'entraînement.

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