Rencontres entre Dieux, esprits et mortels

Chapitre 9 : Descente aux Enfers

7742 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/12/2023 15:43



En janvier 2006, Arès leur révèle sur une carte de la Grèce, où se trouvent les bunkers des Titans. Le conseil de guerre est réuni dans la maison du professeur Payne. Évidemment, Élie James, Anastasiya Rusinoff-James (sa femme), Carl Neely, Paul Eastman, Elizabeth Hewitt-Eastman, Sam Blair et les demi-dieux sont présents. La policière est visiblement rassurée de revoir son collègue. Parmi les Dieux, Arès, Athéna, Aphrodite et Déméter, qui est aussi inquiète pour son fils enlevé. La pauvre mère demanda à Hélios où se trouve Jean-Christophe; c'est ainsi qu'elle apprend qu'il se trouve dans le bunker central de Cronos, à Athènes. Elle en informe le conseil de guerre. « Sauf que le seul passage pour accéder à ce bunker se trouve au Cap Ténare, où un couloir souterrain y conduit... » précise Arès en regardant la carte des bunkers. Déméter s'inquiète pour son fils comme elle s'était inquiétée, il y a quelques siècles, pour la disparition de sa fille Coré-Perséphone. Elle espère seulement qu'il n'a pas encore mangé un aliment des Enfers, sinon, il est irrémédiablement perdu... Cette pensée brise son cœur de mère. Mais cette fois, elle ne voudrait pas encore perdre son enfant. Elle agira, un point c'est tout !

Carl Neely dit d'un ton assuré : « Allons-y dans quelques jours... »

Une jeune femme lève sa main droite : sa fille Marie-Sarah, qu'il a eu avec Ishtar. La demi-déesse dit : « Tous mes respect, père... Mais tu n'es pas assez prudent à mon goût face aux sorcières, qui savent être très perfides... »

Carl proteste : – J'essaie seulement d'être rationnel et pragmatique...

L'assistance éclate d'un rire sincère. Carl Neely, le policier le plus irrationnellement pragmatique... Qui parle de rationalité... C'est trop drôle ! Même Carl rit de sa remarque.

Une fois le fou rire calmé, le policier ajoute d'un ton sérieux : « Si personne ne se propose pour conduire, c'est moi qui fera le chemin jusqu'à Ténare... Si personne ne veut me tenir compagnie.... »

Richard Payne, Élie James, Anastasiya Rusinoff-James, Paul Eastman, Elizabeth Hewitt-Eastman et Sam Blair, d'une seule voix : – Nous viendrons avec toi !

Les Dieux remarquent que les Génies aussi suivent la discussion avec intérêt, même nos deux romantiques, ceux de Sam Blair et de Carl Neely, qui se tiennent par la main. Aphrodite commente à Arès : « On dirait que l'amour est dans l'air entre ces deux-là... Ils sont tellement mignons... J'espère qu'ils se marieront un jour... » Arès l'embrasse pour toute réponse. Il trouve sa femme vraiment adorable lorsque, même dans une situation sérieuse, elle voit un futur couple. C'est comme un rayon de soleil qui transperce les nuages.

Carl Neely, d'un ton sérieux : – D'accord, merci de votre soutien inconditionnel... Et bien je propose que les volontaires viennent avec moi... Ensuite, adviendra ce qui adviendra...

À ce moment, Alexandre-Achille (le fils d'Aphrodite) lève sa main droite. Arès se renfrogne. Le demi-dieu dit : « Soyez prudents, car l'épreuve sera décisive pour toi, père... Car c'est littéralement une excursion aux Enfers... Que les Dieux et Dieu te soient favorables ! »

Richard Payne, Élie James et Anastasiya Rusinoff-James discutent de protection prophylactiques pour cette excursion spéciale. Héraklès apparaît à côté de la table où les mortels, leurs Génies et les demi-dieux sont réunis. Il dit : « Je vous recommande d'amadouer Charon puis Cerbère, le premier avec une pièce en or, le second avec trois morceaux de viande, pour pouvoir arriver jusqu'à Cronos et Hadès. Sinon, appelez-moi, ce chien connaît bien la force de mes bras ! »

Les mortels le remercient pour son conseil. Puis le Héros-Dieu disparaît de leur vue après les avoir salué. Arès et Athéna, contents que des volontaires motivés veulent aider le policier, partagent leur joie et les bénissent pour leur voyage. Les mortels savent qu'ils peuvent toujours compter sur eux en dernier recours, de sorte qu'ils ne sont pas laissés complètement à eux-mêmes.

Les trois universitaires règlent les derniers détails au sujet de la protection. Les trois policiers discutent de tactiques militaires et policières.


Deux heures plus tard, Richard Payne annonce d'une voix émue au village leur prochaine expédition. Des volontaires veulent aussi les accompagner. Voici la liste : Carl Neely, Benjamin Neely, Birgül Yilmaz, Jim Clancy, Faith O’Carroll-Clancy, Richard Payne, Marc Payne, Élie James, Anastasiya Rusinoff-James, Paul Eastman, Elizabeth Hewitt-Eastman, Sam Blair, Gabriel Gordon, Thomas Gordon, Basilikḗ Giánnaris-Gordon, Hector-Paul (le fils de Zeus et de Mélinda Irène Eastman), Alexandre-Achille (le fils de Carl Neely et d'Aphrodite), François-Emmanuel (le fils de Clio), Samuel-Daniel (le fils de Thalie), Jacques-Henri (le fils d'Erato), Jean-Jacques (le fils d'Euterpe), Philip-Emmanuel (le fils de Polhymnie), Jean-François (le fils de Terpsichore), Claúdios-Eratosthénê (le fils d'Uranie), Daniel-Emmanuel (le fils de Melpomène), Marie-Sarah (la fille d’Ishtar) et Pierre-Henri (le fils de Déborah Mpampiniṓtī et de Dionysos).





Avant de partir, les volontaires font un pèlerinage à Delphes, pour avoir l'accord de la Pythie et la bénédiction d'Apollon. C'est ainsi que Jim Clancy, chemin faisant, aperçoit une grande femme, vers la fin vingtaine, visiblement une prêtresse, compte tenu sa robe blanche, sa ceinture de chasteté et quelques bagues d'or sur ses fins doigts. Les yeux noirs de la prêtresse sont tellement séduisants... Notre ambulancier comprend qu'il ne laisse pas la femme insensible. Il remarque du coin de l'œil que son Génie se montre gentil avec le sien. Jim lui demande son nom : Sophie Lefort, prêtresse d'Athéna Pronaia à Delphes. Jim se promet de lui faire la cour s'il revient vivant de cette expédition périlleuse. Au moins, son amour pour la prêtresse le motivera dans ce voyage.



Après deux heures de route (sur des chevaux ailés, c'est plus rapide qu'en voiture, qui prendra quatre heures), Carl Neely à leur tête, le petit groupe se rend à quelques mètres du Cap Ténare au sud du Péloponnèse. Une grotte de laquelle se dégage une fumée noire s'y dresse, comme une béante ouverture de pierres. Aucun doute, c'est la bouche des Enfers. Tous se signent et prient en leur for intérieur. Richard Payne bénit tous les membres de l'expédition avec une branche d'aubépine et de saule pleureur. De plus, il distribue à chacun plusieurs bagues protectrices. Tous prient encore une fois devant leur Bible portative dont ils en lisent un extrait, et devant leur icône portative de l'Archange Michel pour nos trois policiers.

De la bouche des Enfers sort une sombre Déesse. Hécate, qui tient une torche dans chaque main. Elle est vêtue d'une courte robe de chasseresse (pour imiter Artémis). Gabriel et son Génie grognent vers sa direction. Elle s'approche de Gabriel, le sourire narquois aux lèvres, et dit : « Mon Gabriel, tu ne dois pas oublier que tu ne peux pas m'échapper... » Le mortel brandit ses deux mains ramassées en poings; étonnée, elle lance sur son Génie et sur lui des sorts, qui apparaissent comme une sombre nuée. Le bibliothécaire bat en retraite, affaibli par les effets de l'art de la redoutable magicienne. Celle-ci ajoute, un sourire moqueur aux lèvres : « N'oubliez pas que Lucifer était aussi un Ange... N'oubliez pas que Circé et Médée sont mes filles que j'ai eu d'Aiètés... »

Gabriel Gordon se retire quelques mètres plus loin de la grotte, question de récupérer ses forces. Hermès apparaît devant sont protégé sous les traits d'un jeune marchand ambulant et lui remet plusieurs plants de molly, à distribuer parmi tous les villageois d'Eleonas et de leurs alliés d'Akrata pour résister aux sorts des magiciennes.

Hécate revient sur ses pas et s'approche des autres mortels, qui brandissent devant eux leurs boucliers. La Déesse riposte par des malédictions; Richard Payne réplique des citations de la Bible, de la Torah et du Coran. Déçue, elle arrive derrière Carl Neely, qui se retourne. Elle lui touche rapidement l'épaule gauche (lui collant un sort pour l'affaiblir) puis disparaît de sa vue en se métamorphosant en une mouche. Le policier, sous l'effet de la douleur, lâche son bouclier, qui tombe lourdement au sol. Rapidement, sa collègue ramasse le bouclier et le lui remet; comme leurs doigts se touchent, un courant électrique passe entre eux. Gênés, Carl Neely et Sam Blair reviennent en position de combat. De l'entrée des Enfers sortent des Empouses, ses redoutables démones qui accompagnent la Triple Hécate. Nos vaillants guerriers prient en leur for intérieur que le Christ les délivre de ces êtres infernaux. Ils s'empressent de placer autour d'eux des branches de saule pleureur, d'aubépine et de charme, de sorte que les démones les fuient. Elles sont suivies par une armée de sombres esprits, qui tentent de s'approcher de Carl Neely, mais qui battent rapidement en retraite, vaincus par les effets des plantes prophylactiques. Au moins, les mortels et leurs Génies comprennent alors que les âmes errantes sortent des enfers, car expédiées sur la Terre par Hécate...

Hécate réapparaît sous une forme humaine devant Carl Neely et lui lance avec un air de défi : « Monsieur le Très Viril Champion des Dieux ! C'est votre dernière chance de vous rendre... Si vous ne voulez pas perdre la raison... »

Heureusement, les plants de molly sont rapidement mises entre les mains de tous ceux qui participent à l'expédition. Carl lui réplique, en tripotant nerveusement la plante : « Jamais je ne me rendrai ! Et je n'ai pas peur de vos menaces ! »

Richard Payne ajoute : « N'oubliez qe nous sommes protégés des Dieux et de Dieu ! Et que le Bien vainc toujours le Mal ! Arrière, sorcière ! »

Hécate, d'un air hautain : – Pour qui il se prend, Monsieur le Professeur ?

Athéna et Hermès apparaissent devant elle et disent à l'unisson : – Fais attention ! Si tu oses faire du mal à nos protégés, tu encourras la colère de Zeus !

La sombre Déesse éclate d'un rire diabolique et réplique : Vous, les rejetons de Zeus, Monsieur Mille Volts, pensez me faire peur ? Pourtant, vous savez que c'est Zeus lui-même qui m'a accordé après la Titanomachie, de préserver mon ancien prestige, c'est-à-dire mes pouvoirs sur tout ce qui existe sous la terre, sur terre et au ciel...

Hermès, un sourire malin aux lèvres : – Sache que Zeus peut toujours changer d'idée... Surtout lorsque tu manifestes trop d'orgueil, ce qui est une atteinte à la Toute-puissance de Dieu.

Hécate grince furieusement des dents et disparaît de leur vue.

Le groupe de volontaires prient devant leurs Bibles et icônes portatives, puis armés de branches d'aubépine, de saule pleureur et de charme, avancent avec prudence dans la grotte. Carl Neely est le premier, suivi par Sam Blair, puis Paul Eastman, Elizabeth Hewitt-Eastman, les deux professeurs, puis les autres. Ils allument leurs lampes électriques pour éclairer leur route. À peine ont-ils parcouru quelques mètres, Élie James entend une voix féminine connue... Celle de sa petite-copine d'études, Ζωή Εξαρχόπουλος (Zoé Exarchopoulos). Paul et Elizabeth remarquent devant eux une âme errante à leur droite, un peu en retrait. La femme est morte jeune, d'une stupide chute dans les escaliers dans la maison de ses parents, à Delphes. Étonné, il dit : « Zoé, que fais-tu ici ? »

Georges Vivliofágos s'approche de l'esprit errant féminin. Les deux s'affrontent du regard. La femme baisse le sien. Elle dit : « Élie, j'ai compris qui sont les prochains Gardiens-Lecteurs du Livre de la Vie... »

Hécate apparaît devant Zoé et lui ordonne sévèrement de se taire. Mais l'esprit l'ignore. Il murmure à Élie James : – C'est ta femme et toi...

Puis elle disparaît de son ouïe; Paul Eastman lui confirme que l'esprit errant a disparu aussi de sa vue. Élie James réfléchit aux propos de sa ex-petite-copine. Il comprend rapidement : Anastasiya est un prénom dérivé du grec signifiant « renaissance » ou « résurrection ». Il est alors logique qu'elle soit la Gardienne, tout comme lui, en tant qu'éponyme du prophète biblique. Il soupire, mais il sait très bien que ça ne sert à rien de se révolter contre le Destin.


Le petit groupe continue leur marche. Plus il avance, plus le lieu est sinistre. Il remarque des prisons où se tiennent des âmes et des démons aux visages déformés par la haine. Certains fuient devant les mortels lorsqu'ils pointent leurs lampes sur eux. Tout à coup, rendu à une intersection, Carl hésite à emprunter la voie de droite ou celle de gauche. Avant même qu'il ne parvienne à trouver la décision, de la voie de gauche surgissent Éris et ses redoutables enfants, suivies de la sombre Nyx, d'Achlys (la personnification de la tristesse); de la voie de droite, Osiris, Isis et Seth. Ces Divinités désarment rapidement nos militaires, qui agitent devant eux leurs branches d'aubépine, de saule pleureur et de charme. Une lutte s'ensuit, affaiblissant les mortels et les demi-dieux, qui se retirent vers la sortie. Sauf que Wotan et Freyja se tiennent devant eux. Ces deux Dieux lancent des malédictions en norrois; Richard Payne réplique mentalement par des propos du genre « Que vos malédictions se retournent contre vous ! » Jean-Jacques (le fils d'Euterpe) joue sa double flûte pour encourager le bataillon; Jacques-Henri (le fils d'Erato), l'accompagne de sa lyre. Bragi, Morrigan, Badb, Arès, Athéna, Apollon et Hermès apparaissent pour secourir leurs protégés. Ces Divinités parviennent à mettre en fuite leurs ennemis. Ces derniers, avant de disparaître, marmonnent entre leurs dents : « Vous paierez pour s'être opposés à nous ! »

Nyx dit aux mortels : « Vous savez ce qui vous reste à faire si vous... »

Arès lui coupe brusquement la parole : – Laissez-les se reposer, puis discutez avec eux de manière civilisée, sans les attaquer avec votre maudite magie, pour faire changement...

La Déesse, froissée de son commentaire, le foudroie du regard. Au moins personne ne s'oppose à ce que notre petit groupe sort des Enfers.


Une fois à l'extérieur, Arès et Athéna rassurent les demi-dieux et les mortels, Apollon les guérit tous du terrible coup de magie... Au moins, ils reprennent leurs forces. Apollon se tourne vers Carl Neely et lui dit : « Vous savez ce qu'il vous reste à faire : rencontrer en personne Cronos et mon redoutable oncle... Voici une réserve de plants de molly au cas où vous serez fatigué... Surtout, refusez toute nourriture proposée, pour ne pas être enchaîné pour l'éternité dans ces lieux sinistres. Bonne chance ! »

Le Dieu lui donne une accolade. Alexandre-Achille (le fils d'Aphrodite), ému, donne une accolade à son père. Le demi-dieu lui murmure : « Que Dieu fasse en sorte que tu reviennes vivant ! »

Richard Payne dit : – Et nous ?

Apollon, d'un ton sévère : – Nous sommes son soutien psychologique depuis l'extérieur. Prions pour lui et pour nous !

Élie James : – Pourquoi ?

Apollon : – Simplement, nous nous faisons repérés plus facilement en tant que groupe... Et ce n'est pas une bonne idée de se retrouver avec un bataillon faible...

Arès intervient : – On ne voudrait pas tous vous perdre ! Vous êtes des militaires bien simpathiques ! Dans ce cas, si seul notre champion est faible, c'est moins pire que tout le bataillon... Je ne veux pas que vous pensez que nous sommes des utilitaristes, loin de ça ! C'est une question de tactique...

Claúdios-Eratosthénês, le fils d'Uranie, intervient : – Par ailleurs, dans les étoiles, il est écrit que... mon père devra affronter une épreuve déterminante pour pouvoir se remarier, puis une dernière pour couronner le tout...

Carl Neely, d'un ton cynique : – Merci, c'est très encourageant ! Autrement dit, le plus difficile s'en vient, si je comprends bien ?

Le demi-dieu astrologue hoche discrètement la tête. Le policier enlace paternellement son fils.

Une Moire fait son apparition : Lachésis. Elle commente : « Par ailleurs, il ne peut pas échapper à son destin... Il doit aller jusqu'au bout, pour détruire le Mal dont il est devenu père... S'il ne veut pas mourir... À vrai dire, il a autant de chance de mourir que de s'en sortir... Tout dépend de... lui-même !... Et de son amour pour sa bien-aimée... » Elle fait un clin d'œil complice aux deux Génies de Carl Neely et de Sam Blair, qui se tiennent par la main en se murmurant des mots doux.

Et la Moire disparaît aussitôt. Le pauvre policier a l'impression que le ciel lui tombe sur la tête.

Puis le reste du bataillon fait ses derniers adieux à Carl Neely, en lui transmettant tous leurs vœux de réussite dans cette entreprise difficile; lui, il les remercie de leur soutien inconditionnel. Sam Blair lui remet son pistolet immobilisant semi-automatique. Au moment où la policière lui passe son arme, leurs regards se croisent : ils comprennent qu'ils ne sont pas insensibles à l'autre... Chacun, gêné, baisse son regard. Carl Neely et ses amis décident de passer la nuit à quelques mètres du Cap Ténare. Tous les mortels et leurs Génies dorment sous des tentes; les demi-dieux et les Dieux veillent en silence.


Le lendemain matin tous enlacent fraternellement le jeune policier. Ce dernier s'assure de n'avoir oublié aucun élément de sa protection : armes, armure, bouclier, bagues prophylactiques (dont Richard et Marc Payne lui ont donné les leurs, de manière à avoir trois bagues sur chaque index, majeur et annulaire), pistolet de Sam Blair, branches d'aubépine, de charme et de saule, une pièce d'or et trois morceaux de viande salés. Une fois qu'il vérifie pour une troisième fois tout son équipement, il caresse une dernière fois la crinière de Pégase, qui l'enlace fraternellement avec ses ailes. Carl Neely fait une dernière et sincère prière devant son icône portative de l'Archange Michel, puis la range dans la poche interne de son vêtement sous son armure. Puis il se dirige tranquillement vers la grotte du Cap Ténare, et il entre dans la bouche des Enfers.


Richard Payne, son fils, Paul Eastman, Elizabeth Hewitt-Eastman, Sam Blair et les autres mortels de l'expédition regardent Carl Neely jusqu'à ce qu'il disparaisse de leur champ de vision – sauf pour les yeux d'aigle d'Hector-Paul, le fils de Mélinda et de Zeus. Ils ont l'impression de perdre un ami ou leur père (pour la plupart des demi-dieux). Ils espèrent le revoir bientôt sain et sauf. Sam Blair réalise à ce moment qu'elle est amoureuse de Carl... Et tous s'obligent alors à prier pour lui. Même les Dieux, Georges Vivliofágos et Zoé Exarchopoulos se joignent à leurs prières pieuses et sincères. L'esprit errant masculin grignote des livres de poche du Monde des Esprits pour se calmer (il mérite bien son nom de famille, qui signifie « Mangeur de livres »). Il les grigote comme des croustilles... Ce n'est pas parce qu'il a faim, mais parce qu'il est nerveux. Les Dieux savent que si leur protégé perd sa vie, c'est une nouvelle Titanomachie qui sera déclarée. Les mortels et leurs Génies prient et lisent la Bible, en soutien psychologique à Carl Neely.



Carl Neely, lui, pénètre à nouveau dans le couloir souterrain, suivi par son Génie. Rendu à l'intersection où il s'était arrêté la veille, il décide intuitivement de prendre sa droite. Il avance à pas de loup dans le long corridor. Des bruits étouffés de pas s'entend. Il se retourne... Éris, Nyx, Osiris, Isis et Seth le suivent. Et ils l'attaquent, sauf que notre policier parvient à leur échapper en brandissant les branches de saule et d'aubépine devant lui. Néanmoins, Carl Neely sait qu'il est un peu affaibli, mais il continue sa route. Heureusement pour lui, les divinités n'ont pas touché à son Génie. Ce dernier le motive en pensant à Sam Blair. Au moins, c'est son amour qui l'encourage. Un peu plus loin, Wotan et Freyja lui jettent plusieurs sorts sur lui et lui ôtent son armure. Un peu avant d’apercevoir Charon, une vieille sorcière l'intercepte. Nulle autre que la très célèbre Baba Yaga, accroupie dans son mortier. Elle veut le frapper avec son pilon et son balai de bouleau, mais notre policier évite de justesse le coup. Elle marmonne quelque chose d'incompréhensible en russe et ses trois serviteurs, à savoir le Cavalier Blanc, le Cavalier Rouge et le Cavalier Noir, apparaissent face à notre policier. Une lutte s'engage entre eux. Carl Neely, malgré ses blessures et sa faiblesse, parvient à leur échapper en les immobilisant avec le pistolet semi-automatique de Sam Blair. Furieuse, la sorcière Russe appelle Koshchey; le sorcier immortel livre une lutte magique contre le pauvre policier, qui en est affaibli, mais encore vivant. Il échappe au sorcier grâce au molly, à l'aubépine, au saule et au charme. Son Génie est aussi affaibli, mais il continue à l'encourager. Carl Neely arrive sur la berge où il trouve Charon qui attend une âme à faire passer de l'autre rive du Styx. Charon est un homme décharné (pour ne pas dire qu'il est un squelette), vêtu d'une simple chemise noire et d'un pantalon de même couleur.

Apercevant un homme vivant, le nocher des Enfers l'apostrophe en ces termes : « Monsieur, vous n'avez rien à faire ici ! À moins que vous soyez un nouvel Héraklès ? »

Charon pense : « Voilà des millénaires que je n'ai pas vu un être vivant ici... D'où il sort celui-là ? »

L'interpellé, d'une voix atone : « Je suis un simple mortel qui veut retrouver son fils prisonnier de ces lieux sinistres... S'il vous plaît, je ne mérite pas d'être comparé à un si grand Héros que Héraklès. »

– D'accord... Alors, Monsieur, avez-vous...

– Oui !

Avant que Charon termine sa question, Carl Neely sort sa pièce d'or de la poche de son vêtement. Le nocher, content, accepte de l'embarquer sur son radeau. Pendant tout le voyage, le mortel prie pour un retour sauf. Plus la barque avance, plus le paysage est sinistre. Les eaux sombres du Styx commencent à s'agiter, comme si elles veulent rejeter le vivant, qui est un intru dans le monde des morts. Mais Charon dit à Styx de se calmer et la rassure en soulignant que, de toutes façons, le mortel n'a aucune chance de revenir vivant.

Une fois rendus sur l'autre rive du fleuve, Carl Neely et son Génie continuent leur route. Ils marchent sur un sentier battu, entouré d'arbres morts, qui se dressent comme des piliers lugubres pour accueillir les âmes des mortels. Au loin, les aboiements des trois têtes de Cerbère résonnent, rythmant leur marche. Son Génie ouvre la marche. Ils se rendent jusqu'à l'entrée du Royaume des morts. Cerbère se dresse devant eux. Il montre ses crocs de ses trois têtes sur le policier, qui dépose les trois morceaux de viande qu'il a amené devant le redoutable chien. Occupé à manger les morceaux de viande, Carl Neely et son Génie passent tout droit. Ils sont accueillis par Achlys (la Tristesse), la fille de Nyx. Elle les amène jusqu'à la salle du trône d'Hadès et de Perséphone.



Pendant ce temps-là, à l'extérieur.

Les amis et les enfants semi-divins de Carl Neely attendent son retour et prient. De même pour les espris errants. Claúdios-Eratosthénês, le fils d'Uranie, regarde les étoiles à chaque nuit, pour essayer d'éclaircir la situation de son père aux autres. Sam Blair espère bien que son collègue reviendra sain et sauf.



Salle du trône des Enfers.

Carl Neely et son Génie se tiennent devant les maîtres des lieux. Perséphone et son époux sont assis sur leur trône en obsidienne. Tous les murs sont aussi d'obsidienne. Le couple se fond bien dans les ténèbres qui l'environne; lui, il est vêtu d'une chemise et d'un pantalon noirs; elle, d'une robe de la même couleur.

Un silence de mort règne. Un silence de quelques minutes qui semble au mortel et au Génie une éternité. Perséphone dit d'une voix claire : « Monsieur, pourrez-vous vous présenter et dire la raison de votre venue ? »

L'interpellé répond : – Je suis Carl Neely, et je veux que vous me rendez mon fils Jean-Christophe, qui est prisonnier dans votre royaume.

Hadès intervient et dit d'une voix caverneuse : – Monsieur Neely, vous savez que nous ne pouvons pas accéder à votre requête, car nous ignorons où il se trouve... Du reste, vous êtes conscient que vous ne pouvez jamais sortir vivant d'ici ?

Carl Neely : – Je suis conscient du danger, mais je demeure optimiste... D'ailleurs, je ne serais pas le premier à sortir de cet endroit : il y avait, par le passé, Héraklès et Orphée...

– N'essayez pas de jouer au plus malin... Surtout que lorsque vous entrez dans notre royaume, ce n'est pas vous qui décide de faire comme bon vous semble... C'EST NOUS... Vous comprenez ça ?

– Oui, je comprends...

– Et bien, avant de continuer, vous devez affronter Angélos, des Arae et les trois Erinyes... SANS vos branches et votre icône.

Carl et son Génie s'entr'observent. Le policier prie ardemment l'Archange Michel de le sauver de sa situation. Il dépose à ses pieds les branches d'aubépine, de saule et de charme.

Angélos (la fille chthonienne de Zeus et d'Héra) s'approche de lui. Un corps-à-corps s'ensuit, sous le regard amusé de Perséphone et de son époux. Malgré que cette lutte l'affaibli, notre policier ne se laisse pas faire et renverse au sol son adversaire. Ensuite, une dizaine d'Arae (des démones qui maudissent les meurtriers) l'encerclent. Son Génie l'aide du mieux qu'il peut, et Carl parvient à les vaincre en ôtant la moitié des bagues qu'il a sur ses doigts pour les placer en cercle autour de ses pieds. Les démones, effrayées de la lumière qui sort des bijoux, battent en retraite.

Le couple n'est pas content et pense : « Il est vraiment coriace, le champion... » Perséphone et son époux s'entr'observent. Ils lui envoyent non seulement les trois Érinyes (Mégère, Alecto et Tisiphone), mais aussi Romano, son aide (l'esprit moqueur) et Calvin Byrd. Carl Neely et son Génie, bien que fatigués, analysent la situation : deux contre six... Ils se tiennent dos à dos, en se déplaçant comme des crabes pour éviter d'être encerclés une autre fois. Carl serre ses poings qu'il tend devant lui, pour faire fuir les trois Érinyes qui s'approchent trop dangereusement de lui; son Génie grogne furieusement contre les trois sombres esprits. Perséphone fait un signe; Carl et son Génie subissent une attaque de couteaux et de sorts. Les couteaux sont lancés par les Arae. Sauf que notre policier, malgré sa faiblesse, tient bien le coup, car il pense à son fils Jean-Christophe et à Sam Blair, les seules pensées qui l'encouragent dans sa situation. Les méchants esprits tentent de l'influencer, mais ils n'y parviennent point, car les pensées positives du policier sont incompatibles avec les leurs, qui sont très sombres. Bien qu'affaiblis, le mortel et son Génie parviennent à mettre en fuite leurs opposants. Heureusement, les prières de leurs amis à l'extérieur ne sont pas vaines.

Hadès et Perséphone, visiblement étonnés de son succès, veulent lui serrer sa main gauche pour le féliciter. Mais Carl Neely n'est pas dupe; il sait que s'il entre en contact avec de telles sombres divinités, il perdra inévitablement le peu de forces qui lui restent. Il refuse de leur serrer la main, en tenant les siennes derrière son dos. Le couple comprend le message.

Hadès se lève de son trône. Un sourire narquois aux lèvres, il dit : « Et bien, puisque vous avez rempli ma condition, vous pouvez aller voir Cronos. C'est le premier tunnel à votre gauche. Ensuite, vous tournez à nouveau à gauche pour se rendre devant mon père. Bonne chance ! »

Et Carl Neely et son Génie marchent dans les tunnels. Ils se motivent en marmonnant des prières, de sorte qu'ils reprennent un peu leurs forces. Ils arrivent devant une porte de fer. Le gardien les intercepte : – Monsieur, qui êtes-vous, qui cherchez-vous et que voulez-vous ?

Carl Neely, d'un ton sûr : – Je suis Carl Neely. Je veux voir Cronos pour qu'il me rend mon fils prisonnier.

– Désolé, mais en ce moment, vous êtes le seul mortel que je vois...

– S'il vous plaît! Pouvez-vous m'annoncer...

Le gardien communique au moyen d'un émetteur-récepteur portatif avec Cronos et dit : « Monsieur Carl Neely veut vous voir car il veut retrouver son fils Jean-Christophe. »

Après quelques minutes, le gardien se tourne vers le policier et dit : « Suivez-moi ! » Et ils entrent dans une forteresse de bronze. Plusieurs robots humanoïdes sont un peu en retrait. Ils regardent l'arrivée de Carl Neely. Ce dernier se trouve encadré par de tels robots. Il est amené devant la salle d'audience de Cronos. Ce dernier est assis sur un trône surélevé en fer. À ses côtés se trouvent Rhéa.

Cronos dit d'une voix caverneuse : – Monsieur Carl Neely, je suis content de vous voir !

Carl Neely : – Je veux simplement que vous me rendez mon fils, mon cher Jean-Christophe !

– Vous voulez le voir ?

Le Dieu du temps fait apparaître en un claquement de doigt le demi-dieu, avec son bâillon à la bouche, mains et pieds liés. Son œil au beurre noir trahi les mauvais traitements qu'il subit. Carl Neely s'approche de Jean-Christophe, mais Cronos le fait disparaître par un claquement de doigt.

Le policier, fâché, dit : – S'il vous plaît, délivrez-le ! C'est un ordre !

Cronos éclate d'un rire diabolique puis dit : – Pas avant d'avoir rempli deux conditions, à savoir d'affronter François-Pierre-Christophe et Jean-Pierre-Henri et de prendre la place de votre fils Jean-Christophe si vous perdez le duel.

– Entendu !

À ce moment-là, deux jeunes hommes arrivent d'un tunnel vers la droite. Le premier est un homme vêtu de noir, aux yeux sombres; le second est un être mi-serpent mi humain.

Cronos, le sourire aux lèvres commente : – Ah oui ! Je dois vous préciser que ces deux jeunes hommes sont vos fils, Monsieur Neely... François-Pierre-Christophe est le fils que vous avez eu d'Isis, Jean-Pierre-Henri, de Phoebé... Bon combat !

Le pauvre policier est abasurdi... Mais il se rend vite à l'évidence : il reconnaît certains de ses traits sur ces deux fils, malgré que l'un soit le fruit d'un viol... Carl Neely est simplement terrifié à l'idée de lever la main sur ses propres enfants. Il a l'impression, paradoxalement, que ce duel sera déterminant pour la suite...

Père et fils se fixent pendant quelques minutes. Et François-Pierre-Christophe lance un terrible sort vers le policier, qui lui réplique, inspiré par son Génie, une citation biblique. Jean-Pierre-Henri réplique en provoquant l'éboulement d'une partie des murs, de sorte que Carl est presque enterré sous les pierres. Seule sa tête y dépasse encore. Le sorcier en profite pour jeter des sorts. Étourdi, le policier essaye de s'extirper; il y parvient en retirant des pierres, aidé par son Génie. Mais le demi-titan provoque un autre éboulement, de sorte que Carl est pris entre les pierres. Heureusement, il n'est pas encore mort, car deux pierres se tiennent de manière à ce qu'il puisse avoir de l'air au-dessus de sa tête. Le policier est néanmoins assommé et blessé. Le fils d'Isis en profite pour ensorceler les pierres. Cependant, il ne prévoit pas une aide invisible... Un pistolet invisible immobilise les deux fils de Carl Neely. C'est Sam Blair qui vole au secours de son collègue, rendue invisible par une veste d'invisibilité et des sandales ailées, fournies par Hermès, qui a remarqué le combat alors qu'il a accompagné une âme errante. Le pistolet est une invention d'Héphaïstos. Les deux Génies s'embrassent tendrement, ce qui semble ramener Carl Neely parmi les vivants, lui qui flotte entre deux états, ne comprenant pas très bien où il se trouve...

Cronos et Rhéa, indignés de cette aide inattendue, demande à la mortelle de décliner son identité. Pour toute réponse, Sam Blair s'occupe à délivrer son collègue, aider des deux Génies puis revient rapidement sous sa tente. Carl Neely, étonné d'être encore vivant, dit : – Reconnaissez-le que j'ai vaincu ces deux... demi-dieux...

Cronos réplique sèchement : – Vous avez triché ! Par conséquent, venez prendre la place de votre fils et tous les deux vous resterez ici...

Une voix connue intervient : – Prenez-nous à leur place !

Tous se retournent, étonnés. Ce sont Samuel-Daniel (le fils de Thalie) et Jean-Jacques (le fils d'Euterpe) qui apparaissent à la droite de Carl Neely.

Leur père, d'une voix sévère : – S'il vous plaît, mes fils...

Samuel-Daniel dit d'une voix triste : – Père, tout le village se moque de nous, c'est pourquoi nous voulons être sûr que tu reviennes... Ils nous trouvent très ennuyants... S'il te plaît, père, propose-nous comme otage, comme ça, Jean-Christophe et toi reviendrez saufs au village.

Cronos intervient : – Sinon, je peux toujours décider de vous garder tous les quatre ici... Puis on verra bien si votre cher Carl Neely...

Une voix tonnante retentie, faisant trembler la demeure souterraine de Cronos : – Père, tu as toujours l'esprit si retors ? Si tu as dit de ne garder que deux hommes, décide-toi et libère les autres... Sinon, tu verras bien que je n'ai pas perdu l'habitude de manier la foudre...

C'est Zeus qui vient d'apparaître. Cronos devient pâle comme linge et fait mine de réfléchir. Zeus fixe son père. Cronos dit, après quelques minutes de silence : « D'accord. Je ne gardera que deux hommes avec moi... J'ai compris le sérieux de ta menace, mon fils... »

Zeus hoche de la tête puis disparaît de cet endroit détestable.

Le regard de Cronos se promène entre Carl Neely, Samuel-Daniel et Jean-Jacques. Après quelques minutes de réflexion, il dit : « Je me suis décidé ! J'accepte Samuel-Daniel et Jean-Jacques en échange de Jean-Christophe et Carl Neely... Exécution ! »

La porte s'ouvre. Des robots humanoïdes amènent Jean-Christophe et le délivrent de ses liens. D'autres saisissent sans ménagement les deux autres demi-dieux pour les ligoter. C'est le pauvre Carl Neely qui est triste de perdre deux fils...

Cronos, alors que le policier embrasse paternellement son fils Jean-Christophe, marmonne : « Traître ! Tu ne peux jamais vaincre un Dieu, pauvre fou ! Et bien, que tu sois un anaconda vert ! »

À peine termine-t-il de prononcer ces paroles que Carl Neely est transformé aussitôt en un gros anaconda vert long de trois mètres. Son âme trouve bizarre de ne plus avoir de mains et de pieds, mais le plus bizarre est de ramper... Notre policier ne comprend pas très bien ce qui lui arrive. Il veut dire quelque chose, mais seul un sifflement sort de sa bouche. Constatant son impuissance, Carl Neely se dirige lentement vers la sortie. Jean-Christophe, lui, ne comprenant pas si son père est métamorphosé en serpent ou si Cronos à l'esprit retors a fait apparaître un serpent à sa place, préfère mieux fuir et rejoindre au plus vite le campement.


Pendant ce temps-là, à l'extérieur de l'entrée des Enfers.

Les mortels et leurs Génies continuent leurs prières. Claúdios-Eratosthénês, le fils d'Uranie, regarde les étoiles. Il est rassuré : son père reviendra vivant. Il a échappé de peu au danger. Le demi-dieu astrologue en informe les autres membres du campement.

Richard Payne aperçoit une silhouette humaine qui se dirige depuis la bouche des Enfers. La silhouette se rapproche : aucun doute, c'est Jean-Christophe, le fils de Déméter. Les deux hommes s'enlace fraternellement. Et les autres membres du campement le salue. Le demi-dieu les informe que ses deux demi-frères sont prisonniers. Et lorsque Richard Payne demande où se trouve Carl Neely, le demi-dieu répond qu'il ne le sait pas. La dernière fois qu'il l'a vu, c'était dans la demeure de Cronos lorsqu'il était enfin délivré de la prison.


Prison de Cronos.

Samuel-Daniel et Jean-Jacques sont dans des cellules voisines. Samuel-Daniel se métamorphose en un jeune homme très maigre pour se libérer des liens qui l'enserrent les mains et les pieds. Profitant d'un moment d'inattention des gardiens, il se transforme en un nain pour se glisser dans la cellule de Jean-Jacques, afin de le délivrer des terribles liens. Il le remercie et récupère sa double flûte. Les gardiens accourent, mais Jean-Jacques joue son instrument, ce qui les plongent dans un sommeil. Samuel-Daniel en profite pour récupérer, sous l'aspect d'un nain, la clé afin de délivrer son demi-frère de sa cellule. Puis il reprend sa forme primitive. Et les deux demi-dieux courent rapidement vers la sortie. Lorsqu'ils rencontrent quelqu'un, Jean-Jacques joue sa flûte, de sorte que tous les individus qu'ils rencontrent s'endorment. Même Carl Neely, en anaconda, s'est endormi au son de la flûte. Son Génie veille sur lui. Les deux demi-dieux se rendent rapidement vers l'extérieur. Et ils regagnent le campement, où ils sont chaleureusement accueillis. C'est Hector-Paul (le fils de Zeus et de Mélinda Irène Eastman), avec sa vue d'aigle, qui les aperçoit de loin et qui signale leur présence aux autres membres du campement. Élie James commente : « Il ne manque plus à savoir où se trouve Carl Neely... » Il s'adresse à Claúdios-Eratosthénês : « Êtes-vous sûr que Carl Neely est encore vivant ? » Le demi-dieu astrologue hoche de la tête.


Dans un tunnel des Enfers.

Carl Neely s'est réveillé de l'effet de la double flûte de son fils Jean-Jacques. Il continue à ramper jusqu'à la sortie. Une fois à l'extérieur, il regarde autour de lui, heureux de voir la lumière du jour. Ayant faim, il regarde autour de lui. Apercevant un petit serpent, il trouve bizarre de le trouver appétissant, mais il l'avale tout rond. « Au moins, ça fait le travail pour un amuse-gueule », pense-t-il. Son repas principal : quelques souris. Carl Neely ne sait plus s'il est encore vivant... « Suis-je vivant ? Suis-je mort ? Ou bien je suis dans un autre corps ? » Remarquant son Génie à ses côtés, il déduit qu'il est encore vivant. Il en est rassuré. Son Génie lui dit : « J'espère bien que les Dieux te prendront en pitié... »

Carl Neely voulait dire « Pourquoi ? », mais seul un sifflement sort entre ses lèvres.

Le Génie : – Tais-toi ! Tu peux seulement penser... Je comprends ce que tu veux dire... Et bien, tu veux le savoir : malheureux, tu es transformé par Cronos à l'esprit retors en un anaconda... C'est pourquoi tu as l'impression d'être très grand... Tu te trouves dans un corps de trois mètres !

Carl pense : – Sérieux ?

Le Génie : – Oui. Hermès, faites apparaître un miroir !

À peine le Génie prononce ses paroles qu'un grand miroir apparaît devant Carl Neely, qui sursaute lorsque le miroir lui renvoie les traits d'un serpent. Il est surtout étonné de cette métamorphose, mais en tout cas, pense-t-il cyniquement, « ça explique l'impression d'être dans un corps étranger... Ah mes Dieux ! Comment puis-je reprendre ma forme humaine... Désolé, Ma chère et bien-aimée Sam, d'être si con... Désolé, mes chers enfants, d'être si irréfléchi... » Le miroir disparaît aussitôt.

Une Moire apparaît devant lui : Lachésis. Elle lui fait voir dans une vision à distance l'état de ses trois fils (Jean-Christophe, Jean-Jacques et Samuel-Daniel). Rassuré de les savoir vivants, Carl Neely continue à ramper jusqu'au campement.

Bien sûr, les yeux d'aigle d'Hector-Paul l'aperçoit. Il le signale aux autres : un gros anaconda vert s'approche du campement. Les archers regardent avec des longues-vues. Au cas où il se montrera agressif, ils sont prêts à tirer. Apollon apparaît devant eux, sous l'aspect d'un cygne d'une blancheur éclatante et leur crie : « Rangez immédiatement vos armes, pauvres mortels ! C'est notre champion qui revient ! »

Les archers, d'une seule voix : « Carl Neely, un anaconda ? »

Le Dieu chante un air triste puis arrive au-devant de Carl Neely. Ce dernier le regarde d'un air étonné. Apollon le remet dans sa forme humaine. Heureux, le pauvre mortel, se traînant encore sur le sol, embrasse les pattes du cygne. Puis il se relève et continue sa marche. Enfin, on reprend la marche sur ses jambes ! Le Dieu s'envole dans les cieux, heureux que cette histoire se termine bien. Hector-Paul, étonné de cette métamorphose, en informe les autres. Tous se réjouissent de revoir leur chef de guerre. Mêmes les deux esprits errants que sont Georges Vivliofágos et Zoé Exarchopoulos laissent éclater leur joie en faisant un petit tour de valse dans le campement. L'esprit bibliothécaire cesse alors de grignoter les livres de poche du Monde des Esprits. Et les Génies de Carl Neely et de Sam Blair se jettent dans les bras l'un l'autre. Une petite fête fait suite aux heureuses retrouvailles.


Le lendemain, toute cette joyeuse compagnie revient au village. Les deux esprits errants, rassurés que tout se termine bien, partent enfin dans la Lumière. Georges Vivliofágos en regardant dans la Lumière que seul lui aperçoit, commente : « Normal que je vois des étagères de bibliothèque dans l'Au-delà... Au moins, j'aurai beaucoup de livres à lire et à dévorer ! » Puis il part dans la Lumière. C'est Gabriel Gordon, Paul Eastman et Élie James qui pensent simultanément : « Youpi ! Deux esprits errants de moins ! » Pour l'instant, seuls Kate Payne et Daniel Clancy sont encore des esprits errants.


Jim Clancy attend avec impatience de passer près de Delphes pour courtiser Sophie Lefort. Deux jours plus tard, l'occasion se présente. Ils se font la cour. C'est ainsi qu'il apprend qu'elle voit les esprits errants; par ailleurs, ses pensées concordent avec ses paroles. « Une honnête femme, » pense notre ambulancier. « Dans tous les cas, je ne suis pas dépaysé, à être amoureux d'une femme qui aide les esprits errants ! » D'ailleurs, il lui dit qu'il a déjà connu un mariage, duquel il a des enfants et qu'il peut lire les pensées. Sophie ne le refuse pas pour autant. Après quelques mois de séduction et de vie commune, ils se marient en mai 2006. Leur mariage est béni par Athéna et Héra, contentes que leurs protégés se sont rencontrés. Évidemment, Daniel Clancy est venu au remariage de son jeune frère et chante un poème amoureux, puis il part dans la lumière. Ceci fait sourire la passeuse d'âmes. Depuis, Sophie abandonne sa robe de prêtresse pour devenir femme au foyer et vivre dans la maison de son époux à Eleonas. Jim Clancy et Sophie Lefort-Clancy deviennent les parents d'une fille née en avril 2007 (prénommée Maria) puis d'un garçon né en février 2008 (prénommé David). Leurs nourrices divines sont Calliope et Athéna.


Carl Neely, lui, fait la cour à sa collègue Sam Blair. D'autant plus facile qu'ils travaillent ensemble. Ainsi, Carl échappe aux Charites Aglaia, Euphrosyne et Thalie, qui voulaient une aventure avec lui. Carl et Sam sont fiancés depuis mars 2006, pour se marier en avril. Bien sûr, Héra bénit leur mariage. Les deux policiers n'ont qu'un seul garçon, né en février 2007, qu'ils prénomment Jean. Depuis, ils vivent dans la maison de Carl Neely à Eleonas. Depuis sa grossesse, la policière abandonne son emploi pour s'occuper de la maisonnée et de leur enfant. La nourrice divine de leur fils est Athéna.


Richard Payne, lui, est perplexe. Depuis leur retour, il retourne dans tous les sens possibles les mots de l'énigme du cahier d'Octavius Hewitt, le grand-père paternel d'Elizabeth Hewitt-Eastman... La Moire Lachésis apparaît devant lui pour lui expliquer certaines choses... D'ailleurs, sa femme est encore un esprit errant qui se promène dans le village comme si elle était encore vivante.




À suivre.

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