Dollhouse

Chapitre 15 : Tarés ou résilients ?

10749 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/10/2023 18:40

Nous avions pris le temps de dormir plus tard que d’ordinaire en ce samedi matin. Nous avions tous eu besoin de repos après la nuit que nous avions passé juste avant, et les émotions violentes que nous avions chacun ressentis nous avaient elles également largement épuisés. Theo, Blaise et moi étions en train de nous habiller dans notre dortoir lorsque Pansy avait passé la porte de celui-ci, déjà prête. Elle s’assit sur le lit inoccupé de Blaise pendant que nous finissions de nous préparer et proposa avec entrain :

-      Ça vous dit d’aller prendre notre petit-déj à Pré-au-Lard ?

-      J’suis chaud, répliqua instantanément Blaise.

Il avait bien meilleure mine que la veille. Nous n’avions pas encore eu l’occasion de reparler de la façon dont ses émotions avaient trouvé expression hier soir, nous attendions le bon moment. D’ordinaire, nous serions passés à autre chose sans le mentionner à nouveau, seulement il avait formulé ne pas trouver cela normal, que tout continuions notre vie comme s’il ne s’était rien passé, et ni moi, ni les autres ne comptions en rester là sans lui laisser l’opportunité d’exprimer ce qu’il avait à exprimer, si possible de façon plus saine qu’en balançant des bouteilles d’alcool pleines sur les murs de notre salle commune. Nous devrions d’ailleurs en racheter.

-      Pourquoi pas, répondis-je alors.

Cela me semblait être une bonne idée, de changer un peu d’air, et de passer un moment ensemble qui différait un peu de ce dont nous avions l’habitude.

-      Nott ? questionna Blaise en boutonnant sa chemise.

-      Je suis prêt, affirma-t-il alors.

Il avait quasiment récupéré l’intégralité des capacités de son corps, du moins c’était ce qu’il s’appliquait à montrer. Theodore n’était pas du genre à aimer montrer ses vulnérabilités, et bien qu’avec nous cela était différent, il ne tenait pas à montrer à Pansy l’étendue des dégâts que sa magie avait entraînée sur lui. Mais moi, j’avais vu les hématomes noirs qui ornaient son torse lorsqu’il s’était déshabillé pour dormir la veille. Joyeuse, Pansy se releva du lit de Blaise et vint s’inspecter une dernière fois à côté de moi, dans mon miroir. Elle passa une main dans ses cheveux pour les recoiffer comme elle se préférait, puis elle sautilla d’impatience.

-      Aller ! s’impatienta-t-elle alors que Blaise finissait de s’habiller et que je passai moi-même un coup dans mes cheveux.

Nous étions donc partis ensemble en direction de Pré-au-Lard, prenant le temps de marcher lentement et de respirer l’air frais de cette mi-octobre. Pansy avait tenu à s’arrêter dans une boutique de vêtements dans laquelle elle avait repéré une « robe incroyable » dans la vitrine. Blaise avait râlé avec humour de ne même pas avoir eu l’occasion de boire de café, mais nous étions tous entrés dans la boutique avec elle. Elle nous avait dit que c’était la robe absolument parfaite pour Halloween, et qu’elle comptait bien être la sorcière la plus incroyable qui soit pour cette soirée. Aucun d’entre nous ne doutait qu’elle le serait bel et bien. Theo, Blaise et moi nous étions donc assis sur les fauteuils disposés face aux cabines d’essayage, mal réveillés et désireux de pouvoir petit-déjeuner, et nous avions attendu qu’elle en ressorte finalement. Lorsque ce fut le cas, le spectacle qu’elle offrait coupa le souffle de Nott qui entre-ouvrit visiblement la bouche, et dont les sourcils se dressèrent malgré lui sur son visage. A vrai dire, nous affichions tous des visages surpris. La robe était véritablement incroyable, mais maintenant qu’elle était sur le corps de Pansy, elle était d’un tout autre niveau.

C’était une longue robe noire en tulle qui avait une traîne en la même matière. Elle avait un décolleté important qui plongeait jusqu’au nombril de Pansy, mais sa poitrine était cachée par des fleurs noires également faites de tulle qui ornaient le décolleté et donnait un réel côté « halloween » à la robe. A partir de sa taille, la matière de la robe s’étalait plus amplement autour d’elle sans pour autant que ce ne soit trop. Elle avait l’air de la reine des enfers. Le tissu était coupé sur sa cuisse droite, et lorsqu’elle fit un tour sur elle-même pour nous montrer l’arrière et que la traîne suivit derrière elle, nous constations la beauté incroyable du dos nu qu’offrait le vêtement. Si je ne savais pas que c’était Pansy que j’avais sous les yeux, j’aurais cru voir Perséphone, reine des Enfers, face à moi.

-      Alors ?! s’impatienta-t-elle en continuant de tourner sur elle-même pour nous montrer chaque angle de la pièce remarquable qu’elle portait.

Si Theodore demeurait bouche-bée, Blaise exagéra son expression, se leva de son fauteuil et se laissa tomber à genoux aux pieds de Pansy pour s’y prosterner :

-      Votre Majesté, dit-il alors face au sol.

Nous rions tous du spectacle qu’il offrait, mais je savais qu’il nous semblait à tous que sa réaction n’était pas démesurée. Elle avait véritablement l’air d’une putain de reine.

-      Le décolleté, ce n’est pas trop ? demanda-t-elle quelques instants plus tard, lorsque Blaise avait arrêté ses bêtises.

-      Non, répondit trop rapidement Theo.

Mes lèvres et celles de Blaise se pincèrent pour s’empêcher de laisser un pouffement s’en échapper. Les joues de Pansy rougirent explicitement, et elle s’observa un instant dans le miroir de sa cabine en laissant son rideau ouvert pour que nous puissions toujours la voir.

-      Bon, vous validez alors ? questionna-t-elle alors que nous l’avions tous déjà largement complimentée.

-      Oui Pansy, tu es incroyable là-dedans, lui assurai-je une énième fois.

Elle m’adressa un grand sourire :

-      C’est vrai, admit-elle.

Elle avait fini par décider de prendre la robe sous nos encouragements sincères, et lorsqu’elle avait refermé le rideau de sa cabine pour se changer, Theodore était parti en direction de la caisse pour régler l’achat. Blaise et moi avions échangé un regard complice, mais nous n’avions pas commenté. Il faisait souvent cela, lorsque Pansy voulait quelque chose d’un peu onéreux. Il avait lui-même accès à la fortune de son propre père, et maintenant qu’il avait rejoint les rangs lui-même, il avait son propre salaire. Ce n’était pas que Pansy ne pouvait pas s’offrir ce qu’elle voulait elle-même, cela était bien loin de la vérité. C’était simplement que c’était une façon pour lui de signifier qu’il prenait soin d’elle, et qu’il l’aimait. Il avait cependant du mal avec la reconnaissance, alors lorsqu’il achetait quelque chose pour elle, il partait ensuite, n’attendant pas de remerciement gênant. Alors, lorsque je l’avais vu sortir de la boutique, j’avais prévenu Blaise et Pansy de nous retrouver à La Petite Brindille pour notre petit-déjeuner, et j’avais rejoint Theodore dehors.

-      Comment tu te sens ? lui avais-je demandé alors que nous marchions jusqu’à notre point de rendez-vous côte à côte.

Il tourna le visage vers moi. L’air frais de ce milieu de mois d’octobre rosait légèrement ses joues autrement blanches et faisait ressortir d’autant plus le bleu saisissant de ses yeux qui contrastait avec le noir corbeau de ses cheveux.

-      Ça va, me répondit-il alors en fixant à nouveau le sol. Et toi, enchaîna-t-il rapidement, tu as réfléchi par rapport à la Gryffondor ?

-      Arrête ça, le coupai-je avec sérieux.

-      Quoi ?

-      Toujours t’inquiéter des autres pour t’éviter d’avoir à t’inquiéter de toi, lâchai-je avec véracité.

-      Outch, accusa-t-il alors avec un sourire.

-      Comment tu te sens ? réitérai-je alors.

Il prit quelques secondes avant de me répondre en regardant là où il marchait. Moi, c’était son visage que je regardai.

-      Mon corps est encore douloureux, mais j’arrive à bouger convenablement, avoua-t-il alors.

-      Et le moral ? demandai-je.

Je l’entendis inspirer profondément.

-      Je m’inquiète pour Pansy, déclara-t-il. Je n’imagine même pas ce qu’elle doit ressentir, et je me demande ce que je peux faire pour elle à longueur de temps, sans trouver de réponse. Je m’inquiète pour Blaise aussi, et je me demande si je devrais lui parler de tout ça, ou si ça rendrait les choses pires.

Il marqua une pause avant d’enchaîner :

-      Et je m’inquiète pour toi, dit-il en rencontrant mes yeux.

Il n’explicita pas plus sa réponse concernant son inquiétude pour moi, et je savais que cela signifiait qu’il était très, très inquiet. Mais je n’avais toujours pas obtenu la réponse que j’étais venu chercher.

-      Tu ne me parles toujours pas de toi là, lui fis-je remarquer.

-      Qu’est-ce que tu veux que je te dise Drago ? me demanda-t-il alors. On sait tous les deux que je suis trop taré pour avoir peur de ma propre mort, et on sait tous les deux que je suis tout à fait conscient d’être absolument incapable de vous perdre. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, soupira-t-il.

-      Tu n’es pas taré, le repris-je.

-      Si tu le dis, répliqua-t-il sans conviction.

-      Tu es simplement…, j’hésitai un instant, absolument et totalement désintéressé de toi-même et de tes propres intérêts dès que nous sommes concernés.

Il ne me répondit pas alors que nous entrions ensemble dans la brasserie La Petite Brindille. C’était une brasserie dans laquelle nous étions venus quelques fois déjà, où il nous arrivait de manger le week-end, et ce notamment pour nos brunchs en lendemain de soirée depuis notre cinquième année. Les assiettes étaient copieuses et la nourriture était bonne, même si aucun effort n’était fait sur la décoration intérieure. De larges tables en bois étaient disposées partout dans le restaurant ornées de chaises non confortables, et c’était là à peu près tout ce qu’il y avait à noter. Je m’apprêtai à réengager la discussion avec Theo une fois que nous étions assis lorsque Pansy et Blaise pénétrèrent à leur tour à l’intérieur du restaurant, Pansy portant joyeusement le sac de shopping contenant sa nouvelle robe. Elle vint prendre place au côté de Theodore, et Blaise au mien, et une fois qu’elle eut enlevé son manteau elle se pencha vers Theo et déposa un baiser sur sa joue. Elle lui chuchota « merci », et elle eut un rougissement de ses joues pour seule réponse alors qu’il prétendait étudier assidument la carte du restaurant, même s’il prenait toujours la même chose.   

Une fois que nos assiettes furent commandées et servies, je fus celui qui trouva le courage d’ouvrir la discussion. Pansy était dans un état d’euphorie et de déni qui ne lui permettait pas de choisir d’elle-même d’aller sur ce terrain-là, elle était prête à passer à autre chose. Theo ne savait pas ce qu’il convenait de faire ou non, et je supposai qu’il ne se lancerait pas à moins de sentir que cela était absolument nécessaire, et Blaise était bien trop gêné. Je lançais un charme pour isoler notre conversation d’éventuelles oreilles indiscrètes.

-      Est-ce que… tentai-je sans être moi-même convaincu de la façon dont j’amenais les choses, est-ce que vous voulez qu’on en parle ?

Un silence pesant s’installa entre nous quelques longues secondes avant que Blaise ne le rompe, ses sourcils froncés et ses lèvres pincées :

-      Eh ben ce n’est pas gênant du tout…, ironisa-t-il alors.

Pansy pouffa à ses mots et un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Theodore. Je suçais l’intérieur de mes joues et me reculais dans le fond de ma chaise :

-      Oh allez vous faire foutre, j’essaye de faire ce qu’il faut et vous faites les gamins, dis-je en croisant les bras sur mon poitrail.

Ils s’offrirent tous le luxe de rire encore un peu, et je les accompagnais avant que Blaise ne me réponde avec le plus grand sérieux, dans une atmosphère alors largement différente, et étrangement dix fois plus pesante :

-      Non plus sérieusement mec, je sais que tu dis ça à cause de moi, et merci de m’avoir entendu hier, mais ça va mieux maintenant que c’est sorti. Enfin, se reprit-il, ça va mieux…, ça va autant que ça peut aller, nuança-t-il alors.

Pansy n’avait pas tenu à élaborer sur le sujet, probablement parce qu’elle s’appliquait aussi fortement que possible à passer à autre chose. Elle avait eu sa discussion avec Theo, les choses avaient été dites. Désormais, elle voulait avancer, peut-être un peu trop, je ne le savais pas encore. Theo, lui, comme à son habitude, était incassable, et il était également prêt à avancer. Moi, j’avais exprimé ma rage, ma douleur et ma peine immense auprès de Granger, et même si le poids de toutes ces émotions demeurait sur mes épaules, j’étais également prêt à avancer. J’inspirai profondément et acquiesçai aux mots de mon ami alors que je réalisai à quel point nous étions résilients. Ou à quel point nous étions tarés, je ne savais le dire. Mais un jour seulement après que Theo ait été torturé et presque tué par Pansy, nous avions tous retrouvé notre équilibre. Tarés ou résilients, il me semblait que cela importait peu. Notre survie dépendait du fait que nous soyons capables de continuer d’avancer en toutes circonstances, et c’était là ce que nous faisions. Alors, nous passions à autre chose, et nous moquions des gens autour de nous pour le reste du déjeuner. Cela nous évitait de parler de la continuité de nos missions, parce que bien que l’équilibre était revenu, il semblait que nous avions tous besoin de respirer un instant.

Nous avions un entraînement de Quidditch prévu cette après-midi-là, étant donné que le premier match de la saison approchait à grands pas. Blaise avait dû se battre avec Theo pour réussir à l’en dispenser, et lorsque je disais « se battre » je voulais littéralement dire « se battre ». Même si ce dernier s’était fait torturer jusqu’au bord de la mort un jour plus tôt, il ne supportait pas l’idée de manquer un entraînement de Quidditch, et surtout il ne supportait pas l’idée d’être « faible ». Comme si ne pas faire un entraînement de Quidditch un jour après s’être fait torturer jusqu’à voir la lumière au bout du tunnel sous les ordres du Seigneur des Ténèbres était de la faiblesse.

-      Et comment tu vas expliquer les hématomes violets sur tout ton torse quand tu vas te changer dans les vestiaires ? lui avait demandé un Blaise excédé.

Theodore lui avait adressé un sourire malicieux, et il avait répondu avec une voix qu’il avait voulue suave :

-      J’aime quand ça fait mal, avait-il lâché en soutenant le regard de Blaise.

Pansy avait rougi et Blaise lui-même avait été décontenancé par ses mots, son ton et l’attitude qui allaient avec. Zabini avait feignit l’étouffement, mais nous savions tous que ce n’était pas si simulé que cela. Theodore était incontestablement le plus bel homme d’entre nous, à mon humble avis il était le plus bel homme de toute l’école, mais je ne pouvais affirmer que cette déclaration était objective. Il y avait quelque chose de magnétique et de passionnant chez lui, et il lâchait tellement rarement prise, et il se montrait joueur et séducteur si rarement que lorsque c’était le cas, même Blaise Zabini, le plus grand séducteur de Poudlard, rougissait.

-      Me parle pas comme ça, j’ai un coup d’chaud, avait répliqué Blaise en se faisant de l’air à l’aide de sa main.

Un splendide et large sourire avait illuminé le visage de Theodore, un magnifique sourire qui avait poussé Blaise à ajouter :

-      Je rigole absolument pas, et le sourire de Nott s’était élargi d’autant plus.

-      Je suis prêt à te donner ce que tu veux Nott, avais-je lancé à mon ami en ayant enclenché ma propre voix de séducteur, que tu le veuilles ou non tu vas passer cet entraînement avec ton cul dans les gradins, même si je dois m’assurer que ton corps reste pétrifié sur place tout le temps que ça durera, avais-je alors murmuré. Tu penses que ça fera assez mal pour toi ? lui avais-je demandé avec un sourire en coin.

Pansy s’était levée soudainement et nous avait interrompus en faisant un temps-mort avec ses mains :

-      Ok, il faut que ça s’arrête je commence à avoir des images perturbantes en tête là.

-      Oh je vais avoir besoin d’en entendre plus, avait alors enchaîné Blaise alors que nous rigolions tous.

Et Theo avait posé sa large main sur le torse de Zabini qui s’avançait vers Pansy, et il avait signifié en un regard que le jeu était terminé, alors le jeu avait été terminé et c’était là que Theo et Blaise s’étaient réellement battus. Blaise voulait lui montrer qu’il n’était pas en condition physique d’assurer l’entraînement, et Theo tenait à lui montrer que si, il l’était. Theo avait tout de même réussi à battre Blaise au corps à corps, mais l’état d’épuisement dans lequel il s’était trouvé après celui-ci le força à reconnaître qu’il n’était peut-être, et il avait insisté sur ce dernier terme, pas en état de s’entraîner ce jour-là.

L’entraînement n’avait pas été aussi bon qu’il aurait pu l’être, étant donné que Theo ne jouait pas avec nous, mais le fait de reprendre les airs et de faire de l’activité physique m’avait fait du bien. J’avais donné tout ce que j’avais sur le terrain, quand bien même il ne s’agissait que d’un entraînement. J’avais tendance à adorer cela, ces moments où je pouvais enfin décharger toute la pression par mon corps, et ce notamment par le sport. Ces moments où je pouvais pousser mon corps à décharger toute la tension qu’il accumulait constamment. Ces moments où je pouvais me dépasser et me sentir être libéré, petit à petit, et même si cela ne durait que le temps du jeu, du poids écrasant que je portais constamment sur moi. Jusqu’au moment où je les sentais se libérer dans mon cerveau, les hormones, et m’apporter un apaisement absolument jouissif. Je poussai toujours jusqu’à les sentir exploser dans mon cerveau, peu importait combien d’effort physique cela me demanderait. Je devais aller jusqu’à les sentir exploser dans mon cerveau, les endorphines et la dopamine, parce que pendant quelques secondes après qu’elles aient enfin été libérées, et pendant quelques secondes seulement, je me sentais bien. Totalement bien. Et pendant ces quelques secondes, je fermais les yeux, perché en hauteur sur mon balai au-dessus du terrain de Quidditch, et je les laissai déferler en moi, et je profitai du néant. Du néant d’angoisse. Du néant de projections. Du néant d’obligations. A cet instant-là, une fois que j’avais assez poussé mes limites, il n’y avait plus qu’une sensation d’extase incroyable, et rien d’autre.

Theo et Pansy nous avaient retrouvés dans les vestiaires à la fin de l’entraînement, nous y avions posé nos balais et nous discutions des efforts des uns et des autres alors que nous nous dirigions vers la sortie lorsque la toile de tente s’ouvrit et que Granger apparu à l’intérieur de nos vestiaires, face à nous. Mes amis cessèrent leur conversation quand ils la virent, et ses yeux dorés s’enfoncèrent gravement dans les miens. Tout le monde se figea et plus personne ne sembla savoir ce qu’il convenait de faire, jusqu’à ce que Pansy dise en essayant d’avoir l’air le moins embarrassante possible, ce qui était raté :

-      Bon, eh bien on se retrouve après !

Et elle avait entraîné Blaise et Theo avec elle hors des vestiaires. Blaise s’était retourné vers moi et m’avait affiché une bouche grande ouverte et des yeux ronds lorsqu’il était finalement passé derrière Granger, et je l’avais ignoré en me préparant à faire quelque chose que je n’avais pas la moindre envie de faire. Je lui tournais le dos et faisait comme si je récupérais le reste de mes affaires, comme si je ne les avais pas déjà rassemblées. Je cherchais juste à éviter son regard. Son regard chaleureux. Je ne la regardais plus mais j’avais imprimé dans mon esprit le long manteau marron qu’elle portait, et qui allait parfaitement bien avec ses longs cheveux bouclés qu’elle avait lâchés, tombant sauvagement sur ses épaules et appuyant la finesse remarquable des traits de son visage.

-      L’on pourrait penser que tu m’évites, déclara alors sa voix angélique.

Je fermais les yeux à l’écoute du son de sa voix. Il me semblait que je ne l’avais pas entendue depuis trop longtemps. C’était la voix de celle qui ne se rappelait pas ce qu’il s’était passé. Qui ne se rappelait pas qu’elle savait tout. Qu’elle avait tout vu, et tout entendu, même les choses que je n’osai pas me dire entre moi et moi. Et qu’elle n’avait pas eu peur de moi, même après tout cela. Qu’elle m’avait toujours désiré, même après cela. C’était la voix de celle qui ne se rappelait pas. De celle qui pensait simplement que j’étais en colère qu’elle soit en couple avec putain de Weasley. Et c’était ce que j’allais prétendre, plutôt que de lui expliquer que je ne comprenais pas ce qu’elle me faisait ressentir. Que j’avais peur du fait qu’elle avait vu la vérité, toute la vérité, et que même cela, ça ne l’avait pas fait fuir. Que j’avais peur de la façon dont elle m’avait embrassé ce soir-là, et de la façon dont elle m’avait regardé. Que j’étais terrorisé de m’autoriser à m’abandonner à cela, quoi que cela avait été, et qu’elle trahisse ma confiance, alors que la vie de ma famille était en bout de ligne. Qu’elle me terrorisait, elle.

-      Qu’est-ce que tu fous là, Granger ? demandai-je alors sans la regarder, d’une voix lasse et plate.

-      J’attendais une invitation dans votre salle commune pour ce soir mais elle n’est jamais arrivée, alors je suis venue voir par moi-même, enchaîna-t-elle avec une voix joueuse.

-      C’est normal, il n’y a pas d’invitation, déclarai-je alors en pliant (à nouveau) mes habits (déjà) pliés pour les ranger (à nouveau) à l’intérieur de mon sac de sport.

Elle soupira de façon audible et se rapprocha de moi. Je ne levai toujours pas les yeux vers elle.

-      Qu’est-ce qu’il se passe Malefoy ? demanda-t-elle alors d’une voix plus basse.

Elle se tenait juste à côté de moi, je pouvais sentir son parfum vanillé remplir mes narines. Je me concentrai pour ne pas inspirer trop profondément, et pliai une nouvelle fois le pantalon de mon uniforme.

-      Tu es en couple Granger, lâchai-je alors, j’aurais pensé que tu avais un autre garçon à aller ennuyer avec tes questions.

Elle resta silencieuse un instant, et elle m’observa. Je ne levai toujours pas les yeux vers elle, mais je ne la sentais ni blessée, ni piquée. Elle avait simplement l’air de m’analyser profondément, et soudain son énergie changea à nouveau, et elle redevint la Granger provoquante qui était entrée ici :

-      Ah, c’est donc ça le problème ? demanda-t-elle avec un sourire dans la voix. Je ne t’aurais pas pensé si peu compétitif, dit-elle avec une voix langoureuse.

-      Je te l’ai déjà dit, soupirai-je avec lassitude alors que je rangeais mon pantalon dans mon sac de sport, je ne suis pas du genre à partager.

Je vis sa main fine entrer dans mon champ de vision alors qu’elle saisit mon sac de sport, et le tira vers elle. Je suçais l’intérieur de mes joues en regardant le sol face à moi.

-      Tu vas oser me regarder où tu as trop peur de ne pas pouvoir te contrôler si tu poses les yeux sur moi ? provoqua-t-elle alors.

Je me tournais face à elle, relevai mon menton et enfonçai mes yeux argentés dans les siens, et ce fut elle qui fut déstabilisée. Je croisai mes bras sur mon poitrail alors que mon maillot de Quidditch révélait ma musculature, et je la vis avaler distinctement sa salive alors qu’elle maintenait difficilement le contact avec mes yeux. Elle ne se sentait pas d’humeur provocante, la façon dont elle était surprise par ma réaction et l’inspiration discrète qu’elle avait prise comme si elle pouvait respirer à nouveau lorsque j’avais finalement posé les yeux sur elle m’apprenaient qu’elle feignait cette provocation. Je penchais le visage sur le côté et serrai les muscles de ma mâchoire en maintenant un contact visiblement ennuyé avec ses yeux.

-      J’ai l’air d’avoir du mal à me contrôler ? lui demandai-je en explicitant la lassitude dans ma voix.

Elle commençait à être décontenancée. Cela ne dura qu’une fraction de seconde, mais ses sourcils se froncèrent de la façon si familière dont ils le faisaient toujours quand elle rencontrait un problème qu’elle n’avait pas encore élucidé. Un problème qui ne lui avait pas encore cédé.

-      Je ne comprends pas bien, commença-t-elle alors sur la défensive, perdant la face, si tout cela n’est qu’un jeu, qu’est-ce que tu en as à faire que je sois avec Ron ?

Je pouffai.

-      Je n’en ai rien à foutre Granger, lâchai-je alors avec indifférence, j’ai joué, c’était distrayant, et ce jouet ne m’intéresse plus maintenant que je sais qui en est le propriétaire. Si tu penses que j’arrête tout parce que je ne supporte pas qu’un autre mec soit autour de toi tu te goures profondément, ajoutai-je en me forçant physiquement, c’est juste que tu n’as plus aucun intérêt pour moi désormais, je suis passé à la suivante, mentis-je alors.

Ses sourcils se froncèrent une nouvelle fois et elle avala difficilement sa salive. Touché. Je sentis mon estomac se serrer de ce que j’étais en train de dire, et de l’effet que je constatai que mes mots avaient sur elle. Une partie de moi avait envie de me fracasser sur le sol de ces putains de vestiaire et de me démonter, et une autre me disait qu’il valait mieux ça plutôt que de mettre littéralement sa putain de vie en danger, ainsi que celle de mes amis, juste parce que j’avais envie de la baiser. Ce fut cette dernière qui gagna. Elle mit trop de temps à répondre, aussi je décroisai mes bras et en tendis un en la direction de mon sac qu’elle tenait toujours de sa main :

-      Je peux avoir mes affaires maintenant ? demandai-je en feignant toujours la lassitude la plus totale.

Elle ne bougea pas pendant quelques longues secondes, et je l’imitai, le bras toujours tendu en direction de mon sac. Elle analysait mon visage, et elle scrutait mon regard. Elle essayait de me comprendre, de m’élucider. Elle ne se doutait pas d’à quel point elle était probablement très, très loin de savoir ce qu’il se passait réellement à l’intérieur de moi.

-      Je ne te crois pas, dit-elle finalement.

Je soufflai et laissai retomber mon bras. Elle ne lâchait pas. Elle ne voulait pas lâcher. Je n’étais pas assez convainquant.

-      Il n’y a rien à croire Granger, c’est juste des faits. Je suis désolé pour toi si après quelques doigts tu es aussi obsédée par moi, mais contrairement à toi, moi j’ai l’habitude que ça défile dans mon lit. Tu n’en étais qu’une partie les autres, crachai-je sans trop de venin, choisissant l’indifférence pour pire alliée.

Elle pinça les lèvres et son visage commença à rougir de rage. Je m’attendais à ce qu’elle soit blessée et interdite, mais c’était la rage qui avait l’air de monter en elle. Elle passa sa langue sur ses dents, puis elle balança mon sac de sport à mes pieds :

-      Très bien, se résolut-elle alors, je ne te fais donc plus aucun effet ?

-      Non, dis-je en soutenant son regard.

-      Tu ne me désires plus du tout ?

-      Non, répétai-je avec une lassitude marquée alors que je me baissai pour récupérer mon sac.

-      Parfait, alors tu n’en auras rien à faire si je fais ça, l’entendis-je dire alors que son manteau m’atterrit en plein visage.

La surprise me fit sursauter, et l’odeur de son corps sur le manteau qui s’imposait si violemment à moi me retenu un instant, mais j’attrapais ce manteau et le dégageai de mon visage. Lorsque je l’envoyais au sol avec un air d’incompréhension, je la découvrais déjà en soutien-gorge au milieu des vestiaires vides. Elle enlevait ses chaussures frénétiquement, pleine de rage alors qu’elle continuait de me regarder. Elle attrapa sa première chaussure et la lança en ma direction, et j’évitai de me la prendre en pleine poitrine de justesse. Ma mâchoire se serra, un grognement sorti de ma gorge et je sentis la colère monter en moi alors qu’elle enlevait sa deuxième chaussure. Elle l’envoya au niveau de mon visage, et je dû me baisser pour ne pas avoir d’œil au beurre noir. Je pinçais les lèvres d’énervement et m’avançai vers elle alors qu’elle déboutonnait son jeans et le faisait défiler le long de ses fines jambes. Cette meuf était putain de tarée, pensais-je alors que je m’approchai vivement d’elle tandis qu’elle reculait pour pouvoir terminer d’enlever son pantalon avant que je n’arrive à elle. Et peu importait la douceur et la sérénité qu’elle avait été capable de me faire ressentir, elle savait m’énerver comme absolument putain de personne. Elle eut le temps de se débarrasser de son jeans lorsque j’arrivai à son niveau et la saisi par les poignets. Je les plaquais au-dessus de sa tête contre une des larges poutres en bois qui soutenait la toile de tente des vestiaires de Quidditch.

-      A quoi tu joues Granger ? demanda ma voix trop rauque, trop énervée pour que mon indifférence ait toujours l’air crédible.

Un sourire satisfait se dessina sur son visage, et elle enfonça des yeux pleins de triomphe dans les miens. Je sentis mon cœur battre plus vite dans ma poitrine et le sang couler plus rapidement dans mes veines alors qu’elle avait déclenché l’énervement en moi, et je combattais de toutes mes forces pour ne pas laisser mes yeux défiler sur son corps dénudé, qui se tenait juste là, juste sous mes yeux.

-      Aucun effet ? provoqua-t-elle alors.

Je sentis ma mâchoire se serrer quand je répliquai avec colère :

-      Tu récoltes ce que tu sèmes quand tu me balances des chaussures à la tête, répliquai-je avec colère, le fait que j’ai envie de te faire payer quand tu m’attaques ne signifie absolument pas que j’ai du désir pour toi, ajoutai-je avec une mine de dégoût que je feignais.

-      Fais-le, chuchota-t-elle.

Elle me prit par surprise, et elle le lut sur mon visage puisqu’elle répéta :

-      Fais-moi payer, murmura-t-elle à mes lèvres alors que je tenais toujours ses poignets au-dessus de son visage.

Son souffle s’écrasait sur mon visage et je sentis mon cœur battre encore plus vite dans ma poitrine, et cette fois ce n’était pas la rage qui le poussait à s’emballer. Je voulais laisser mes lèvres prendre possession des siennes. Je voulais goûter, encore une fois, le goût incroyable de sa peau en léchant chaque centimètre de son corps nu. Je voulais laisser mes yeux se délecter du spectacle qu’elle m’offrait en se tenant ainsi devant moi. Je voulais lui céder et lui donner ce qu’elle voulait, et que je désirais désespérément aussi. Je voulais laisser mon corps l’étreindre et s’écraser sur le sien. Je voulais lui faire fermer sa putain de grande gueule en la démontant contre cette putain de poutre. Mais je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais pas lui céder. Je ne pouvais pas continuer ce jeu beaucoup, beaucoup trop dangereux. Ce jeu mortel. Je mordais mes joues à l’intérieur de ma bouche, et laissai mes yeux reposer dans les siens une dernière vraie fois. Je profitai des nuances de doré, d’ambre et de marron qui les composaient. Je profitai de la lueur de désir qui brûlait manifestement en eux quand ils étaient posés sur moi. Et je lâchais ses poignets, lui tournai le dos et me dirigeai vers mon sac de sport plus loin derrière-moi, en la laissant là, contre la poutre.

-      Rhabille-toi, lâchai-je en contrôlant ma voix pour qu’elle n’y entende pas le désir ardent, tu vas attraper froid.

Je récupérai mon sac du sol, le portait à mon épaule, et lorsque je me retournai elle se tenait intégralement nue devant moi. Je fixai ses yeux un moment, un long moment, figé. Puis lentement, très lentement, je ne pus les empêcher de glisser le long du corps de Granger. Je ne pus les empêcher de découvrir la forme de sa poitrine, et la façon dont elle résidait, pleine, sur son sternum. Je ne pus les empêcher d’étudier la couleur et l’ampleur de ses tétons, et la façon dont ils décoraient les seins les plus parfaits que je n’avais jamais vus. Je ne pus empêcher ces yeux de défiler le long de son ventre, et découvrir la façon dont sa taille était marquée, et dont ses hanches s’étalaient de la façon la plus féminine et majestueuse qui soit. Je ne pus les empêcher de descendre encore entre ses jambes, et découvrir la façon dont ses lèvres avaient été dessinées par les dieux, dépassant entre ses cuisses et appelant à ce que je les goûte. Je sentis ma bouche s’entre-ouvrir à cette pensée alors que mes yeux défilèrent encore le long de son corps, pour étudier la finesse de ses jambes et leur longueur. Je pris une inspiration plus profonde que je ne le montrais, et me battais contre moi-même alors que je forçais mes yeux à remonter jusqu’à son visage.

-      Est-ce que tu es si désespérée que je te touche que ça ? crachai-je alors en la regardant droit dans les yeux.

Elle ne se démonta pas une seule seconde quand elle me répondit avec un désir ainsi qu’une tristesse évidente dans la voix :

-       Oui.

J’avala difficilement ma salive et mon cœur s’emballa dans ma poitrine à l’écoute de sa réponse. Elle était tellement, tellement désespérée que je la touche. Que moi, Drago Malefoy, je pose mes mains sur elle. Que je pose mes yeux sur elle. Que je la caresse. Elle était complètement et totalement désespérée que je cède à ses désirs, et ce constat m’emporta. Hermione Granger était désespérée que je lui cède, et elle le reconnaissait sans peine. Je laissai mon sac de sport retomber sur le sol et m’approchai vivement d’elle. Je me baissai à son niveau et attrapai l’arrière de ses cuisses nues, et plaquai son corps contre le mien. J’avançai vers la poutre contre laquelle nous étions quelques instants plus tôt, et plaquai son corps contre celle-ci alors que j’embrassai violemment son cou. Alors que je goûtais sa peau au goût vanillé si enivrant. Elle bascula le visage en arrière pour m’offrir une meilleure prise et se mit à gémir quand mes baisers se firent plus frénétiques alors que mes mains venaient trouver soutien sous ses fesses nues que j’empoignais violemment.

-      C’est ça que tu veux ? chuchotai-je, déjà à bout de souffle.

Je sentis ses seins se durcir contre le maillot fort peu épais de Quidditch qui couvrait mon propre torse, et un grondement raisonna dans ma gorge alors que je continuais d’embrasser son cou.

-      Oui, chuchota-t-elle dans un gémissement angélique.

La bête en moi s’excita et elle le sentit alors qu’elle cambra le bassin vers mon pénis, frottant son corps nu contre le mien dans un gémissement aigu. Ma respiration se faisait de plus en plus difficile alors que je sentais son intimité caresser si férocement la mienne. Il n’y avait qu’un bout de tissu entre elles. Je resserrai la prise que j’avais sur ses fesses et mordis son cou alors qu’elle émit un gémissement plus audible au creux de mes oreilles en ondulant à nouveau contre mon corps.

-      C’est ça que tu veux ? répétai-je avec une voix plus animale encore.

-      Oui, répéta-t-elle sur un ton plus aigu que la première fois.  

Ses doigts se logèrent dans mes cheveux qu’elle tira, me forçant à relever le visage de son cou et à rencontrer ses yeux. Elle attira ensuite mon visage vers le sien avec force et m’offrit accès à ses lèvres qu’elle ouvrait largement pour moi. Nos langues se rencontrèrent à nouveau comme si elles ne s’étaient jamais quittées dans un baiser frénétique qui traduisait l’excitation et le désir que nous ressentions l’un pour l’autre, et qui nous débordait autant l’un que l’autre. Une nouvelle fois, elle se cambra contre moi, et je sentis mon corps au bout de l’explosion.

-      J’ai envie de te baiser putain, chuchotai-je à ses lèvres alors que je la sentais se tordre contre moi.

Elle se permit de gémir et d’onduler son corps contre le mien une nouvelle fois avant de me répondre, à bout de souffle :

-      Baise-moi.

Je reprenais mon souffle en regardant son visage et ses joues rosées des sensations que son corps ressentait en se frottant contre le mien. Ses sourcils froncés et sa bouche entre-ouverte. Ses cheveux sauvages étalés autour de son visage contre la poutre. Sa poitrine dure et ronde. Elle ondula une nouvelle fois contre mon corps et m’embrassa une nouvelle fois quand elle chuchota à mes lèvres :

-      Baise-moi.

-      Non, répondis-je fermement en lui rendant son baiser langoureux.

-      Dis-moi que je suis à toi, murmura-t-elle à mes lèvres en un gémissement alors qu’elle continuait d’onduler son corps nu contre le mien. Dis-moi que je suis à toi et il disparaît, lâcha-t-elle avant de retrouver mes lèvres.

-      Non, grognai-je alors que je la faisais taire en écrasant sa bouche de la mienne avec violence.

Elle n’était pas mienne, et elle ne pouvait pas l’être. Elle ne pouvait pas. Je resserrai ma prise sur ses fesses et aidait les mouvements de son bassin contre mon membre gorgé de sang de la force de mes bras. Elle gémit de plus en plus fort alors que son clitoris était stimulé contre mon propre corps, et j’accélérai le mouvement de mes poignets pour encourager ses fesses.

-      Dis que je t’appartiens, gémit-elle alors qu’elle s’approchait de l’orgasme en se servant de mon corps pour son propre plaisir.

-      Ferme-là et jouis, ordonnai-je à bout. Je veux repartir avec les traces de ce que tu t’es fait contre mon corps sur mes vêtements, susurrai-je à ses lèvres, alors concentre-toi et jouis pour moi Granger.

Je reculai mon visage pour pouvoir voir le sien, et je l’aidais d’autant plus en mouvant mon propre bassin contre le sien. Ses joues étaient de plus en plus rouges alors qu’elle continuait de bouger contre moi, aidée de mes mains qui accompagnaient les mouvements de son bassin. Elle avait fermé les yeux alors que ses mouvements se faisaient plus rapides, et plus violents, et ses gémissements retentissaient dans tous les vestiaires de Quidditch. Son visage bascula en arrière et elle ouvrit sa bouche plus grande alors qu’elle s’approchait de son but.

-      Regarde-moi, chuchotai-je moi-même à bout de souffle, bien trop excité du spectacle incroyable qu’elle m’offrait. Putain, regarde-moi Granger, lui ordonnai-je alors.

Elle releva le visage vers moi et enfonça ses yeux dans les miens. Elle mordit sa lèvre inférieure un instant alors qu’elle ondula son corps frénétiquement contre le mien. Ses sourcils se froncèrent intensément et sa bouche s’ouvrit largement tandis que pendant un instant aucun son ne sortit de sa bouche, puis son corps trembla sous mes mains, et le plus magnifique gémissement sorti de sa gorge. Je ne ratai pas une seule putain de goute du spectacle qu’elle m’offrait alors que sa poitrine se levait et se baissai énergiquement au rythme des respirations qu’elle reprenait difficilement, et que de plus faibles gémissements continuaient de sortir d’elle alors qu’elle redescendait, son cerveau baignant dans l’extase orgasmique des hormones du bonheur. La bouche moi-même ouverte, je continuais de la soutenir contre la poutre quand bien même elle avait cessé de bouger, et je continuai de me délecter de la beauté de son visage, de la beauté de ses traits à elle, lorsqu’elle jouissait de mon contact. Finalement, je la reposai au sol, et je lui tournai le dos en reprenant mes esprits. Cela ne pouvait plus durer. Sa vie, et celle de mes amis étaient en jeu. Et je ne pouvais pas avoir à m’inquiéter de sa vie à elle en plus. Pas comme cela. Pas quand elle me faisait ressentir des choses pareilles. Je lui tournai le dos et récupérai mon sac de sport alors que je déclarai sans la regarder :

-      Considère ça comme un au revoir, c’est terminé Granger. Je ne joue pas avec la nourriture des autres, lâchai-je en sortant finalement des vestiaires de Quidditch.

Je quittai finalement les vestiaires excité, frustré, satisfait, ressourcé, énervé et triste, mais surtout en cachant mon pantalon à l’aide de mon sac de sport, non seulement parce que je bandais toujours, mais surtout parce que Granger avait été une gentille fille, elle avait marqué son territoire des fluides de son corps comme je le lui avais ordonné.  

Quand j’avais retrouvé mes amis, ils s’étaient montrés incroyablement curieux de savoir ce qu’il s’était passé entre nous. Je ne leur avais pas dit toute la vérité, et avais simplement raconté que je lui avais dit que c’était terminé, à cause du fait qu’elle était en couple avec Weasmoche. Ils m’avaient un peu charrié, mais ils avaient vite laissé tomber, conscients que malgré tout c’était une situation qui me peinait. Ce samedi-soir-là, Blaise était parti retrouver une de ses nombreuses conquêtes, et Pansy s’était retirée dans son dortoir pour rattraper un peu du sommeil qui lui manquait cruellement. Theo et moi prenions un verre dans notre salle commune, moi sur le canapé et lui face à moi dans son fauteuil comme à notre habitude.

-      Qu’est-ce qu’il s’est vraiment passé ? me demanda-t-il.

Je soupirai.

-      Tu me casses les couilles, lâchai-je alors.

Cela le fit rire, mais il attendit tout de même une réponse. Autant que je sois proche de Pansy et Blaise, leur parler de ce qu’il se passait concrètement entre Granger et moi ne me serait pas venu à l’esprit une seule seconde. En parler avec Nott, par contre, me semblait simplement naturel. Et de toute façon ce n’était pas comme si je pouvais lui cacher quoi que ce soit. Je vérifiai que nous étions seuls dans notre salle commune avant de lui raconter ce qu’il s’était vraiment passé, et il écouta mon récit attentivement avant de me demander :

-      Pourquoi tu t’empêches d’aller jusqu’au bout, si c’est pour faire ça au final ?

-      Ce n’était pas prévu, déclarai-je en prenant une gorgée de mon verre. Et je lui ai dit que c’était la dernière fois, c’est terminé maintenant.

Il leva un sourcil circonspect.

-      C’est terminé, répétai-je alors.

Il resta silencieux un moment, et regarda le fond de son verre bientôt vide qu’il fit tourner un instant dans sa main. J’attendais la bombe à tout instant, celle de vérité qu’il balançait toujours dans des moments comme ceux-ci. Finalement, il releva les yeux vers moi et dit tranquillement :

-      Je comprends que tu ne vois que jusqu’à la guerre, mais pour pouvoir tenir émotionnellement jusque-là je crois que tu n’as pas vraiment le choix, te connaissant. Il faut que tu penses plus loin, il te faut de l’espoir, déclara-t-il. Comment tu veux tenir si la seule perspective d’avenir que tu as pour traverser tout ça c’est de te dire que tu ne mourras peut-être pas, et c’est tout ? Et ensuite quoi ? demanda-t-il gravement. Il faut que tu te raccroches à quelque chose, continua-t-il avant que je n’aie le temps de lui répondre, et si c’est Granger, si cet espoir pour le futur ça passe par Granger, eh bien vas-y, lâcha-t-il naturellement. Couche avec elle si tu en meurs d’envie, maintient une distance émotionnelle si ça te rassure et si ça te fait moins flipper, mais putain fait quelque chose qui te fait du bien Drago, arrête de te rajouter des frustrations et du négatif, je crois que t’en as déjà largement assez dans ta vie actuelle, conclu-t-il alors.

Je pinçais les lèvres en accusant la véracité de ses paroles. Souvent, je songeais que dans une ancienne vie Theo avait dû être un grand sage, la personne vers qui tout le monde se tournait pour être conseillé dans sa vie.

-      Je ne peux pas avoir quelqu’un d’autre pour qui m’inquiéter, chuchotai-je alors.

Je me retenais dans mes propos. La vérité c’était que j’étais incapable de prendre le risque de m’attacher à elle, de m’attacher vraiment, parce que ça me détruisait déjà complètement d’avoir le poids des vies de mes amis et de ma mère sur mes épaules à tout instant, et j’étais tout simplement incapable d’ajouter plus de poids sur ces épaules. Je m’écroulerais. J’en étais incapable.

-      Garde de la distance émotionnelle, répéta-t-il. Tu peux assouvir tes pulsions pour elle, trouver un peu de satisfaction dans cette vie de merde et ne pas lui ouvrir les portes de ton âme, non ? demanda-t-il alors.

Je réfléchissais un instant. J’allais répondre qu’il ne me semblait pas que Granger était ce genre de fille, mais j’étais à mille lieux d’imaginer que Granger aurait été du genre à me désirer, et encore moins à être en couple et à se foutre à poil devant moi en me suppliant de la baiser. Ce que je savais, par contre, c’était que si je la croisais dans les moments où j’étais faible et vulnérable, je ne savais pas lui résister. C’était naturel. Elle était ce qu’elle était, et c’était simplement naturel de lui parler. De lui ouvrir les portes de mon âme, comme disait Theo.

-      Je ne sais pas, avouai-je alors.

Il m’observa un instant avant de demander à voix basse :

-      Si tu arrêtais tout avec elle, si tu arrêtais vraiment tout, et qu’elle se faisait tuer dans quelques mois, est-ce que tu penses que ça ne te ferait pas de mal ?

Je réfléchissais à sa question un moment avant de répondre :

-      Ça m’en ferait moins que si je continuais, et que je m’accrochai de plus en plus.

-      Et si elle ne mourrait pas, et que toi non plus ? continua-t-il sur sa lancée. Si après la guerre vous surviviez tous les deux, mais que c’est trop tard pour vous parce qu’elle sera vraiment avec Weasley ?

-      Je n’arrive pas à penser aussi loin, avouai-je.

-      Et je crois que tu le devrais, dit-il gravement. Comment tu crois que tu vas réussir à tenir, quand ça ne va faire que s’empirer, si tu n’as rien ? Si après tout ça, tu n’as rien ?

-      Je vous ai vous, et c’est largement suffisant.

-      Non, ça ne l’est pas, déclara-t-il durement. Et tu le sais très bien. Tu as toujours voulu une famille, enchaîna-t-il après un bref instant, une grande maison avec des enfants qui courent partout, une femme à tes côtés…

-      … Si t’es en train de me dire que cette femme c’est Granger, je vais partir en courant Nott, le coupai-je alors.

-      Non, ce n’est pas ce que je te dis, me répondit-il avec un sourire. Ce que je dis par contre, c’est que si tu t’oublies complètement pour nous, et par peur, quand tout sera finit et qu’on sera ressortis de l’autre côté, tu seras malheureux.

Il marqua une pause alors que je ne lui répondis rien, puis il enchaîna en pinçant les lèvres :

-      Et puis bon…, en soit t’as toujours ressenti des choses plutôt fortes pour elle.

Mes sourcils se froncèrent sur mon visage qui eut un mouvement de recul défensif explicite :

-      Qu’est-ce que tu racontes ?

-      Arrête, quand quelqu’un te laisse indifférent tu passes pas autant de temps et avec autant de force à t’acharner sur lui, lâcha-t-il tout naturellement. Quoi que ça ait été, ce qu’elle te faisait ressentir, même si c’était de la haine, elle t’a toujours fait ressentir des choses fortes, conclu-t-il.

Je mordais l’intérieur de mes joues en le fixant, énervé de ce qu’il me racontait, et râlais :

-      Tu pourrais pas soutenir mes désillusions des fois ?

-      Si, je pourrais, répondit-il sereinement, mais tu as déjà Blaise pour ça.  

Je me redressai sur le canapé pour m’asseoir sur le bord de celui-ci, décidant de passer à l’offensive :

-      Je te trouve bien hypocrite de me sortir tout ça et de me dire de foncer avec Granger alors que toi-même tu n’y vas pas avec Pansy, dis-je alors avec un sourire.

Lui s’enfonça plus dans son fauteuil, me rendis mon sourire mais répliqua avec sérieux :

-      Ce n’est pas parce que moi je suis taré que toi aussi tu dois agir comme un taré.

-      Arrête de dire ça, chuchotai-je alors en m’enfonçant à nouveau dans le canapé, soudain d’humeur bien moins offensive.

-      J’ai repensé à ce que t’as dit ce matin, continua-t-il en regardant son verre un instant, quand tu disais que quand ça vous concernait vous, j’étais totalement désintéressé de moi-même. C’est plus que ça, déclara-t-il. Je crois que je n’ai pas de sens de moi-même, lâcha-t-il en levant des yeux embués de larmes vers moi. Je ne sais pas ce que ça a fait à mon cerveau mais, quand pendant des années tu n’as pas le droit de regarder les gens dans les yeux, quand la plus grande partie de ton enfance tu la passes enfermé pendant des jours dans le noir sans pouvoir faire quoi que ce soit, quand tu n’es jamais vu… C’est comme si tu n’existais pas, dit-il alors qu’une larme perla sur sa joue.

Il marqua une pause et je regardais le visage de mon frère face à moi, sentant mon cœur se serrer dans ma poitrine alors qu’il me chuchota gravement :

-      C’est pas des blagues quand je dis que si je vous perds je n’existe plus Drago. Si je te perds, si je perds Pansy, il ne reste plus rien de moi. J’existe parce que je vous aime, continua-t-il alors des larmes coulaient sur mes propres joues. J’existe parce que vous êtes là. J’existe parce que j’ai envie de vous voir, parce que j’ai envie d’être avec vous, d’entendre vos voix, de voir vos sourires, de partager vos vies. J’existe parce que je me demande comment vous allez, et ce que je peux faire pour rendre votre vie meilleure. Mais je n’ai pas de sens de moi-même, répéta-t-il. Si je vous perds, je n’existe plus, parce que sans vous c’est le néant, et ce n’est pas que je suis désintéressé de moi-même quand vous êtes concernés. C’est que moi-même sans vous, ça n’existe littéralement pas.

Je laissai les larmes couler sur mes joues un instant, et je ne lui répondis rien pendant un moment. Je le regardai simplement, et il me rendait mon regard. Je regardai ses grands yeux bleus, et ses cheveux noirs et ondulés qui retombaient sur son front, et je comprenais réellement ce que Granger m’avait dit, ce soir-là, lorsqu’elle m’avait dit « je te vois, Drago », parce que je le voyais, mon frère. Et je ressentais une rage bouillonnante à l’intérieur de moi de constater des dommages irréparables que son malade de père avait fait sur lui. De ce qu’il lui avait fait endurer. De ce qu’il lui avait enlevé. Et du fait qu’à cause de lui, il était absolument incapable de se rendre compte de la personne absolument putain d’incroyable qu’il était. Tout ce que j’aurais voulu, en cet instant, ça aurait été qu’il puisse se voir à travers mes yeux, l’espace d’une seconde. Qu’il puisse voir ce que moi je voyais, quand je regardais l’être humain que j’aimais le plus au monde. Celui pour lequel j’étais prêt à tout. Celui pour lequel je vendrais ma putain d’âme au diable. Celui pour lequel je n’avais pas de limite. Parce que cet être humain-là, c’était celui qui possédait l’âme la plus magnifique au monde, et cela me rendait malade qu’il ne puisse pas le voir, lui aussi. Il méritait de connaître le bonheur. Je ne pourrais trouver la paix dans cette vie, ni dans celle d’après, et dans putain d’aucune autre si ce putain d’être humain incroyable qui se tenait devant moi, brisé, torturé et épuisé, ne connaissait pas un jour le bonheur. Je pris alors une profonde inspiration et ne lâchai pas ses yeux quand je m’inspirai de lui et de sa sagesse pour commencer :

-      Avec moi, tu n’as pas de barrières, n’est-ce pas ?

Ma question le surprit, et il essuya la larme qui avait coulé sur sa joue quand il me répondit en fronçant les sourcils :

-      Non.

-      Il n’y aucune sorte de distance émotionnelle, ou de protection quelconque que tu mets entre toi et moi, au cas où tu me perdrais ? continuai-je alors.

-      Non.

-      Et pourtant, tu serais tout aussi incapable de me perdre moi que tu le serais de perdre Pansy ?

-      Oui, avoua-t-il à contre-cœur, voyant où je voulais en venir.

-      Et même si tu la perdais maintenant, sans avoir vraiment été avec elle, tu ne t’en remettrais quand même pas ? continuai-je encore.

-      Non, chuchota-t-il, je ne m’en remettrai pas.

-      Alors quitte à être prêt à mourir pour elle, comme tu es prêt à mourir pour moi, et quitte à ne jamais pouvoir te relever si tu la perdais, autant savoir ce que ça fait que d’être vraiment avec elle, non ?

Pour la première fois en quinze années d’amitié, Theodore Nott ne trouva rien à me répondre. 


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