L'Ecrin des illusions

Chapitre 14 : Des conseils avisés

5173 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/02/2024 21:57

Le lendemain matin, le quatuor gagna la Grande Salle. Celle-ci était fermée et les élèves affamés s'agglutinaient près de la porte. Seren et Misty bavardaient avec animation. Hazel hésita à saluer le Serpentard, mais celui-ci la devança et lui adressa un petit signe de main ; Misty quant à elle, se contenta d'un vague « salut » avant de se retourner vers son ami d'enfance. Jonathan écarquilla les yeux de stupeur :

- Que vient-il de se passer ?

- Je crois que la hache de guerre est enterrée, décréta Sofia.


Un bruit de canne se fit alors entendre et un homme trapu fendit la foule en grommelant des paroles indescriptibles. Rusard surgit en criant qu'il était le seul à pouvoir ouvrir la Grande Salle. L'homme ne tint pas compte de ses récriminations, ordonna aux élèves de se pousser et fit exploser le verrou de la porte, sous les regards horrifiés du concierge. Il se saisit de sa baguette et la pointa vers la salle vide.

Hazel se pencha vers Charlie.

- Qui est-ce ?

Charlie l'observa avec attention avant de lui répondre :

- Maugrey Fol Œil ... c'est un Auror. Pas le genre de type à qui tu devrais chercher des noises.

- un Auror est un sorcier traquant les Mangemorts, expliqua Sofia à ses deux amis ébahis.


Apercevant une ombre, l'Auror brandit sa baguette et cria un Depulso tonitruant. Le pauvre elfe de maison retardataire, occupé à allumer la cheminée, fut violemment projeté contre la table des professeurs. McGonagall surgit à cet instant, son chapeau pointu posé de guingois, laissant entrevoir son chignon mal attaché.

- Alastor ! Seriez-vous devenu complètement fou !


En guise de réponse, l'intéressé tira une flasque sa poche et s'accorda une longue rasade du breuvage qu'elle contenait. Un peu de liquide ambré glissa le long de ses lèvres et vint se nicher entre les plis de son cou de taureau. McGonagall demanda aux élèves de se mettre en rang et pénétra dans la salle. Hazel se hissa sur la pointe des pieds mais ne parvint pas à voir ce qui se passait à l'intérieur. Seren se retourna vers elle et lui chuchota :

- McGonagall vient de vérifier que l'elfe de maison n'avait rien de cassé. Il vient de disparaître, alors j'imagine qu'il se porte comme un charme.

L'Auror se posta à l'entrée de la salle :

- Déclinez votre ou vos identités avant d'entrer.

Un par un, les élèves durent donner leur nom avant de poser le pied dans la Grande Salle. En arrivant près de l'Auror, Hazel remarqua son œil mécanique, d'un bleu inquiétant, qui ne cessait de tourner et de virer dans son orbite. Misty déglutit et s'avança d'un pas quelque peu tremblant vers le sinistre individu.

- Misty Doyle, dit-elle d'une toute petite voix.

L'œil bleuté s'immobilisa et se mit à le fixer avec réprobation. L'Auror acquiesça tout en émettant des borborygmes indélicats, Misty put gagner sa table. Sofia et Jonathan passèrent sans s'attirer la moindre remarque désagréable de sa part. Charlie se présenta à son tour:

- Charles Weasley.

- Weasley, Weasley ... avec une telle tignasse, tu ne peux être que le fils de ce cher Arthur.

Charlie répondit par l'affirmative. L'Auror lui donna une tape dans l'épaule qui le fit basculer dans la Grande Salle.

Seren se redressa de toute sa hauteur et s'avança à son tour vers Fol Œil. L'œil mécanique se mit à tourbillonner et une curieuse grimace se dessina sur les lèvres de son propriétaire.

- Qui es-tu ? grogna l'Auror.

- Seren Wilde, répondit le Serpentard d'un ton peu aimable, les poings serrés.

- Wilde, bien sûr ...

Il s'approcha de Seren et lui montra la petite cicatrice ornant le coin de sa joue droite. Celle-ci avait un aspect sale et mal recousue.

- Je la dois à ton père, mon garçon ... Un sacré coriace ! En espérant que tu ne suives pas ses traces, sinon, je me ferais un plaisir de te placer dans la même cellule que tes parents.

Seren lui adressa un sourire orgueilleux.

- Je n'y compte pas ...

L'Auror ne parut pas du tout convaincu par ses propos, mais le laissa néanmoins entrer dans la Grande Salle. Hazel s'approcha de lui et fut, comme ses camarades, l'objet de toutes les intentions de l'œil mécanique. Maugrey se pencha vers elle, l'enveloppant de son haleine chargée de whisky et l'examina avec intérêt.

- Qu'est-ce que nous avons là ... J'ai déjà vu ces yeux quelque part, ainsi que ce petit sourire parfois déplaisant. Voyons, voyons ... laisse-moi réfléchir ...

- Si Evans vous cause des ennuis, ce qui est sa spécialité, n'hésitez pas à m'en faire part.

Rogue se dressait à présent derrière Hazel. L'Auror s'accorda une nouvelle gorgée d'alcool avant de refermer la flasque d'une main tremblante.

- Voilà qui est troublant, pas vrai, Rogue ? Une petite graine d'Evans et de Black. Étonnant mélange. Quel est ton prénom, déjà ? Heather ? Holly ?

- Elle s'appelle Hazel, répondit Rogue d'un ton agacé. Hazel Evans. Maintenant, pourriez-vous, je vous prie, vous dépêcher ? Ces larves ont besoin de déjeuner pour alimenter leur petite cervelle desséchée.


L'œil mécanique se mit à fixer le maître des potions. Celui-ci soutint ce regard perçant sans ciller et poussa Hazel dans la Grande Salle. La jeune sorcière se précipita à sa table et s'installa entre Sofia et Jonathan. Rogue rejoignit ses collègues, son visage ne portait aucun stigmate de sa tristesse de la nuit passée. Peu à peu, les élèves purent rejoindre leurs maisons pour déjeuner. Une fois ses vérifications terminées, Maugrey se plaça près de la cheminée, appuyé de tout son poids sur sa canne. Au grand étonnement de Hazel, une seule place était restée inoccupée à la table des professeurs : celle du professeur Jekyll. Elle ne put partager cette information avec ses camarades car Dumbledore fit son apparition. Le silence se fit et le directeur de Poudlard prit place face à ses élèves, comme lors du festin de début d'année.

- Chers élèves, en accord avec le Ministère et pour assurer votre protection, des Aurors occuperont le château pour un temps indéterminé.

Il se tourna vers les directrices et directeurs des quatre Maisons, comme s'il cherchait leur approbation. Ils lui répondirent par un petit signe de tête, l'invitant à poursuivre son discours :

- Je dois également vous informer, et ce contre ma volonté, que le Ministère nous a également octroyés la « présence » de deux Détraqueurs. Ces derniers, rassurez-vous, ne franchiront pas les enceintes du château et devront se contenter de la Forêt interdite. Afin de vous protéger et d'éviter tout incident, je vous invite à suivre cette règle toutes simple : toute expédition hors du château est à présent prohibée. Tant que le Mangemort ne sera pas attrapé, cette règle sera maintenue. Quant aux éventuels téméraires qui voudraient enfreindre cette règle essentielle, ils seront sévèrement punis.


Les élèves acquiescèrent en silence. Des élèves de troisième année grognèrent contre cette règle stupide, qui les privait de leur toute première sortie à Pré-au-Lard. Dumbledore quitta la tablée des professeurs et sortit de la Grande Salle. Jonathan abordait un air soucieux.

- Des Détraqueurs à Poudlard...

- Je suppose que tu as lu un livre sur Azkaban ? suggéra Charlie en levant un sourcil interrogateur.

- Bien sûr que oui ! s'écria Jonathan. C'est vrai qu'ils aspirent la vie de ceux qui sont condamnés?

- Ouais, confirma Bill, et ce n'est pas vraiment beau à voir ... Je crois que Pa' a déjà vu un Détraqueur en action et il refuse d'en parler.


Hazel eut un frisson en songeant au sort attendant Denvers Carew. Elle lança un coup d'œil à Maugrey. Imperturbable, celui-ci scrutait la Grande Salle de son regard perçant, seul son œil tourbillonnant trahissait son agitation. Elle remarqua que son œil ne cessait d'aller et de venir vers Rogue, comme s'il cherchait à percer à jour, les pensées du redoutable professeur. Fol Œil, se sentant observé, dirigea son attention vers elle, Hazel piqua du nez vers son bol de céréales : pas question de se laisser intimider par cet homme étrange !


Peu avant le début des cours, le ballet des chouettes et des hiboux commença. Sofia reçut La Gazette du Sorcier qui faisait de Denvers Carew, la une du jour. Sous un avis de recherche, l'article décrivait avec précision le Mangemort avant d'inviter ses lecteurs à consulter la troisième page du journal pour en savoir davantage. Sofia poussa ses couverts et posa le journal devant elle, permettant à ses amis de parcourir l'article : Est-il utile de rappeler à nos lecteurs, la terrible trajectoire de ce célèbre Mangemort ? Denvers Carew, ancien élève de Sepentard à Poudlard, a, dès sa sortie de l'école de sorcellerie, entamé une carrière dans le crime en se spécialisant dans le braquage d'objets magiques. Nos lecteurs se souviennent sans doute du vol d'un précieux butin dans une banque moldue, méfait attribué à Carew. Il a ensuite rejoint les Mangemorts où ses habilités et sa roublardise, lui ont permis de servir Vous-Savez-Qui avec brio. Rappelons qu'il faisait partie d'un petit groupe de Mangemorts bien connu, responsable entre autres, d'un massacre commis dans un camping moldu. Après des mois d'une traque internationale, le Mangemort Denvers Carew aurait été aperçu rôdant autour de Poudlard. Une équipe d'Aurors a été dépêchée sur place afin de le capturer. Le visage de Carew était agité par des tics nerveux et il ne cessait de tirer une langue perfide aux lecteurs. Son avant-bras gauche était marqué par un épais dessin représentant un serpent sinistre. Tout en lui transpirait la malfaisance et la ruse. Hazel détourna les yeux de l'avis de recherche, se rappelant avec dégoût de la sensation inconfortable des petits doigts gras entourant son poignet.


Un bouboulement puissant résonna dans la Grande Salle. Ulysse, le Grand- duc appartenant à Seren, fit une apparition tardive mais remarquée, déployant ses longues ailes noires avec une certaine arrogance. Il voltigea quelques instants, dominant toutes les autres rapaces de son écrasante majesté. Une fois sa démonstration de force terminée, il se posa devant son maître, le toisant avec réprobation, et lâcha une lettre rouge dans son assiette. Le silence se fit à la table, habituellement bruyante, des Serpentard.


Imitant les autres élèves, Hazel tourna la tête vers Seren. Celui-ci, tremblant comme un petit garçon surpris à voler des bonbons, se saisit de la missive émettant des sifflements perçants.

- Une Beuglante, chuchota Charlie. Mon père en avait reçu une de notre grand-mère et il a tellement attendu pour l'ouvrir, que celle-ci lui a explosé à la figure !

Misty se pencha vers son ami et lui chuchota quelques mots à l'oreille. Le Serpentard ouvrit la lettre, celle-ci s'échappa de ses mains et une voix féminine s'éleva dans les airs :

- Seren Wilde ! Qu'est-ce que je viens d'apprendre ?! Comment oses-tu te comporter de cette façon ?! Appartenir à la maison Serpentard, ne te dispense pas de faire preuve de respect envers tes camarades !

La lettre se tourna vers la table des professeurs et tout particulièrement vers Rogue, de la fumée jaillit du papier rougeoyant :

- Quant à vous, gargouille désagréable et graisseuse, c'est votre rôle d'inculquer un semblant de bon sens aux élèves qui vous sont confiés !

Rogue blêmit. La missive se colla au visage de Seren et lui infligea une petite tape bien méritée :

- Mon garçon, je te conseille de cesser tes bêtises. Que cette vieille peau de chèvre de Morrigan le veuille ou non, à la prochaine incartade, j'envoie Cassandre te chercher pour te ramener à la Nouvelle-Orléans et par la peau des fesses, s'il le faut !


Elle poursuivit sa tirade rageuse en créole, ce qui parut faire effet sur Seren. Il baissa les yeux et marmonna des paroles dans cette langue, qui ressemblaient à des excuses. La voix s'éteignit sur de nouvelles menaces avant de s'enflammer et ne fut bientôt qu'un petit tas de cendres rougeoyantes. Seren prit son verre de jus de citrouille et en versa le contenu sur les braises. En entendant les ricanements et les rires provenant des différentes maisons, Hazel sut que le règne de terreur imposé par Seren Wilde venait de s'achever. À sa grande stupeur, alors qu'elle s'attendait à le voir réagir par de violentes insultes, il esquissa un sourire amusé et balaya les cendres avec une certaine tendresse. Il s'adressa ensuite à Ulysse et se leva de table. Le Grand Duc battit des ailes et vola au-dessus de son maître.


Seren, avant de quitter la Grande Salle, s'arrêta à la table des Gryffondor.

- A bientôt pour la retenue, glissa-t-il à Hazel en lui décrochant un clin d'œil.

Le poids pesant sur ses larges épaules semblait avoir disparu et pour la première fois, il parut soulagé de ne plus devoir jouer son rôle de Serpentard désagréable. Il esquissa un sourire malicieux et s'éclipsa après un dernier salut adressé au quatuor ébahi.


♠♠♠


Le cours de Métamorphose s'annonçait passionnant. Hazel appréciait la matière enseignée par McGonagall, y trouvant même un certain plaisir. Elle se révélait chaque jour un peu plus douée et dévorait nombre d'ouvrages consacrés aux transformations et autres changements magiques. Ses capacités dans cet enseignement compensaient son manque de talent en potions et en vol.

Ce matin-là, McGonagall leur avait distribué à chacun deux assiettes en porcelaine, dernières victimes en date d'une terrible crise de la part de Peeves. À l'aube, alors que les pauvres elfes de maison s'affairaient derrière les fourneaux, l'esprit frappeur avait jailli dans les cuisines et avait provoqué un beau chaos : renversant des chaudrons, lançant des couteaux sur les pauvres créatures effrayées, jonglant avec les bouteilles de lait avant de les lancer sur les murs et terminant son œuvre par un lâcher d'assiettes sur la tête de Miss Teigne.


- Tu crois qu'il est encore fâché contre Jekyll ? demanda Sofia à son amie.

Celle-ci se contenta d'un signe de tête affirmatif. La matinée avait été rythmée par les coups de sang de l'esprit frappeur, et ses sanglots hystériques faisaient vrombir les murs du château à intervalles réguliers. Hazel plaignait Rusard, la principale victime des tocades de Peeves. Il avait passé bien des heures à se protéger de ses fourberies et à nettoyer ses saletés !

- Mesdemoiselles, veuillez vous concentrer ! les apostropha McGonagall. Rappelez-moi plutôt l'incantation permettant de réparer des objets brisés.

Reparo ! répondirent les deux Gryffondor en chœur, avant de se concentrer sur les travaux pratiques du jour.

Hazel n'avait nullement l'envie de perdre à nouveau des points ou de se voir infliger une nouvelle retenue ! Au bout d'une bonne vingtaine de minutes d'efforts, elle parvint à recoller deux assiettes, ce qui lui valut un regard appréciateur de la part de sa directrice.

- C'est remarquable, Evans, déclara-t-elle en examinant l'assiette.

- Professeur McGonagall, osa alors demander Hazel, est-il possible pour un sorcier de changer d'apparence ?

Les élèves se tournèrent vers elles, curieux de connaître la réponse. McGonagall esquissa un sourire ravi : elle était toujours heureuse de répondre aux questions des élèves.

- Oui, mais cela requiert patience et travail. Certaines personnes, comme l'une de vos camarades de Poufsouffle, sont des Métamorphomages et peuvent donc modifier leur apparence. C'est un don de naissance fort rare. Néanmoins, un sorcier travailleur désirant se jeter à corps perdu dans cet art subtil, peut parvenir à rivaliser avec le meilleur des Métamorphomages.

McGonagall reposa l'assiette et eut une petite toux, ses lèvres se plissèrent en une noue peu amène.

- Certains sont même très doués, mais utilisent ce talent à mauvais escient, comme le professeur Jekyll.

La directrice des Gryffondor rosit, comprenant qu'elle avait commis un impair en évoquant de façon négative, sa jeune collègue. Les premières années échangèrent des regards surpris, McGonagnall tenta de leur offrir la réponse la plus neutre possible :

- Disons que dans sa jeunesse, Mrs. Jekyll utilisait ce don pour « vamper » certains camarades.


Sofia donna un coup de coude à Hazel, les deux amies comprirent, pour avoir surpris une scène fort gênante la veille, ce que signifiait les propos empreints d'embarras de McGonagall. La sorcière toussota pour masquer à nouveau sa confusion et considérant la discussion comme close, retourna à son bureau pour inscrire la leçon du jour au tableau.

- Tu crois qu'elle convoite Rogue ? chuchota Sofia tout en copiant le cours, et qu'avec lui, elle prend une apparence différente ?

- Ça ne m'étonnerait pas ...

Les deux jeunes sorcières échangèrent une grimace dégoûtée : la gente masculine ne les intéressait pas et elles ne parvenaient pas à trouver un soupçon de charme au maître des potions .Tout de même, concéda Hazel en rosissant un brin, il possédait une voix non déplaisante ... c'était bien là, la seule qualité qu'elle acceptait de lui accorder !


À la fin du cours de métamorphose, le quatuor eut la désagréable surprise de tomber sur Peeves. L'esprit frappeur pleurait à chaudes larmes, tout en arrachant les pétales d'une marguerite. Jonathan, sans doute touché par sa peine, osa l'aborder. Ce dernier lui adressa un regard mauvais, de la morve coulait de ses narines.

- Qu'est-ce que tu me veux, Clopin-Clopant ?

Charlie, furieux, intervint :

- Tu n'as pas à t'adresser à lui sur ce ton !

Peeves gonfla ses joues et, lâchant la fleur dépouillée, bondit sur le petit groupe. Il colla son visage contre celui de Charlie.

- Je ne t'ai pas sonné, face de potiron avarié !

Il explosa à nouveau en sanglots, ses larmes éclaboussant les quatre compères.

- Je suis malheureux, tellement malheureux ! beugla-t-il d'un ton déchirant en s'écroulant sur l'épaule de Charlie.

Sofia et Hazel s'approchèrent de lui et lui donnèrent une tape amicale dans le dos. Jonathan s'éclaircit la voix :

- Vous ... enfin, vous pourriez peut-être arranger cela.

L'esprit frappeur se redressa, toute trace de larmes avait disparu de sa figure.

- Comment, Sang-de-bourbe ?

Charlie voulut répliquer, mais Jonathan lui fit signe de ne pas réagir à l'insulte de Peeves. Hazel devina que son ami avait une idée derrière la tête. Le jeune Gryffondor s'appuya sur sa béquille.

- Je suis sûr que ce n'est qu'un simple malentendu ... Vous croyez vraiment que Jekyll pourrait avoir un faible pour cette chauve-souris aux cheveux gras alors que vous, vous ... enfin, vous êtes...

Il quêta de l'aide de la part de ses amis, Sofia poursuivit, malicieuse :

- Bien plus drôle, plus roublard et beaucoup mieux habillé !

- Sans compter que Peeves est plus beau ! se rengorgea l'esprit frappeur en resserrant son immonde cravate parsemée de traces de nourriture.

- Va lui parler, sois gentil avec elle ! proposa Charlie. C'est comme ça que fait mon père quand il est fâché avec ma mère.

Peeves se tourna vers lui en inclinant la tête.

- Et c'est vrai que le père Weasley doit s'y connaître en réconciliations, vu votre nombre ... d'autres conseils ?

Jonathan esquissa un sourire entendu.

- Dites-nous d'abord qui a vous a demandé de mettre la longue-vue dans le sac de Hazel. Échange de bons procédés.

L'esprit frappeur se mit en position du lotus, les bras croisés sur sa poitrine, le menton relevé en une attitude de défi. Il parut réfléchir quelques instants et le sourire qui se dessina sur ses lèvres, n'avait rien de sincère ...

- Entendu ... mais une fois que j'aurais reconquis le cœur de ma douce amie. Alors, ces conseils ?

- Offre-lui des fleurs, proposa Sofia, et demande-lui une explication, rien ne vaut une bonne discussion.

- Compris ! déclara Peeves en se redressant, la main posée contre sa tempe en un salut militaire.

Il disparut dans un grand éclat de rire, en faisant tomber les heaumes des armures. Charlie se tourna vers Jonathan.

- Tu crois qu'il va respecter sa parole ?

- Qui ne tente rien n'a rien, répondit Jonathan dans un haussement d'épaules.


Les quatre Gryffondor se dirigèrent vers la bibliothèque en pouffant de rire. Installés à une table, ils commençaient leurs devoirs quand une main s'abattit sur l'épaule de Hazel.

- Miss Evans, nous devons avoir une petite conversation.

- Ah non, s'écria Mrs. Pince en se dirigeant vers eux, un index menaçant tendu en l'air. Auror ou pas, seul le silence est autorisé dans ma bibliothèque.


La grande sorcière se dressa devant Maugrey et le toisa avec sévérité. L'Auror se tourna vers elle, menaçant, mais c'était mal connaître la féroce bibliothécaire ! Elle se saisit de Maugrey par l'épaule et en dépit de ses protestations, le mit à la porte de son territoire. Bien que mince comme une aiguille, Mrs. Pince avait une sacrée force ! Hazel se leva, rangea ses affaires et tout en promettant à ses amis d'être prudente, sortit de la bibliothèque. L'Auror l'attendait. Sans un mot, il la pria de le suivre. Hazel eut du mal à talonner l'Auror dans le dédale des couloirs. En dépit de sa jambe boiteuse, il avançait à une allure rapide et à grands pas.


Devant la salle de Jekyll, ils la croisèrent en compagnie d'un Peeves arborant un sourire niais et des joues roses de plaisir. À la vue de Fol Œil, Jekyll chuchota quelques mots à l'esprit frappeur et tous deux rentrèrent dans la salle de cours.

- Ainsi, cette idiote de Jekyll enseigne à Poudlard, grommela l'Auror en prenant les escaliers menant à l'étage inférieur. Dumbledore recrute vraiment n'importe qui ... Jekyll n'a pas plus de cervelle qu'un Dodo endormi !

- C'est faux, c'est une grande sorcière ! le contredit Hazel.

- Vraiment ? s'amusa Maugrey en s'arrêtant devant le bureau de Rusard. Dans ce cas, elle a bien changé ... Elle a commencé à suivre la formation des Aurors, mais a vite renoncé !


Il ouvrit la porte et invita Hazel à entrer dans le petit bureau. Une horrible odeur d'urine de chat, de chaussettes sales et de pommes pourries souleva le cœur de la jeune sorcière. Elle n'avait jamais eu l'occasion de s'éterniser dans la caverne du concierge et le lieu était à l'image de son propriétaire. Un plaid couvert de poils était posé à même le sol, près de chaînes rutilantes et sur l'armoire, contenant nombre d'objets confisqués, étaient posés un fouet, des menottes et une boite de clous éventrée. L'Auror repoussa un livre intitulé La Magie pour les Nuls : Cracmol mais pas baguette molle, avant de s'installer sur la chaise du concierge. Hazel prit place face à lui, tout en prenant garde à ne pas poser ses coudes sur le bureau maculé de graisse et de taches de nourriture.


Maugrey tira sa flasque de sa poche et se servit une petite gorgée de son breuvage. Il essuya ses lèvres suintantes d'alcool de la paume de la main avant de tendre le flacon à la jeune sorcière. Celle-ci déclina poliment. Une fois réhydraté, l'Auror fit apparaître un livre épais, à la couverture sobre, la longue-vue dorée et l'écrin appartenant à Dahlia Black.

- Cet objet est à moi ! s'exclama Hazel en voulant le reprendre. De quel droit ...

L'Auror abattit sa baguette sur les doigts de la jeune sorcière. Elle souffla sur ses doigts engourdis tout en le fusillant du regard.

- Évitez de m'adresser cette bien vilaine grimace, Evans !

Il se radoucit et ramena sa baguette devant lui.

- Un Auror se doit de mener une enquête minutieuse.


Le coffret s'anima et se dirigea vers Hazel en sautillant. Arrivé devant elle, il quémanda une caresse, lança quelques aboiements furieux vers l'Auror avant de s'endormir à nouveau. Hazel posa une main sur l'écrin pour le rassurer de sa présence. Maugrey réprima un petit rire amusé et, redevenant sérieux, ouvrit le livre à une page précise et le fit glisser vers Hazel. La jeune fille se pencha et découvrit le titre inscrit en lettres dorées en haut de la page : Collection de Dahlia Black. Deux photographies représentant un diadème argenté et un gant ornant de pierres précieuses accompagnaient ce simple titre. Hazel effleura les images du bout des doigts, soufflée par la beauté des objets, tous ornés d'un dahlia.

- La fabuleuse et dangereuse collection d'artefacts de votre mère était composée de sept objets.

Il pointa son index sur les photographies.

- Un diadème permettant de protéger ses pensées, un gant changeant tout objet qu'il touche en or et une longue-vue offrant une vision parfaite. Ces trois objets sont à présent entre les mains du Ministère. Cet écrin est le quatrième objet dont nous avons connaissance.

- Et les trois autres ? demanda Hazel en désignant les emplacements vides.

- Nous ne savons rien de leur apparence et de leur pouvoir.

Maugrey s'empara de la longue-vue et la fit tournoyer entre ses doigts.

- Au cours de l'été, cette longue-vue a été volée au sein du Ministère.

- Je n'ai rien à voir avec ce vol !

- Je sais. Dumbledore m'a tout raconté et Morgan Prewett m'a informé que vous aviez été mise au courant tardivement de votre appartenance au monde magique. Sans compter qu'une petite gamine serait incapable de tromper la vigilance du Ministère. Carew est dans le coup, c'est certain.

L'écrin se réveilla et sauta sur les genoux de Hazel. La jeune sorcière le gratouilla avec douceur pour l'apaiser. L'Auror glissa la longue-vue dans le cadre correspondant à sa description et l'objet fabuleux devint une photographie immobile. Hazel enveloppa le coffret de ses bras.

- Vous allez me retirer l'écrin ?

- C'était mon intention première, mais je n'ai pas réussi à l'ouvrir et cet objet manque cruellement de savoir-vivre. Sans compter qu'il me semble, après en avoir discuté avec mes collègues, peu dangereux et profondément inutile.

L'écrin se mit à grogner, indigné par les propos de l'Auror. Maugrey sortit à nouveau son flacon et le porta à ses lèvres.

- De plus, déclara-t-il entre deux gorgées de whisky, c'est l'un des seuls souvenirs qui vous reste de votre mère.


Hazel remercia l'étrange sorcier, celui-ci lui répondit par un vague grognement. Il se releva, mettant ainsi fin à l'entretien. Hazel ramassa son sac de cours et se leva. Elle s'apprêtait à sortir, quand Maugrey l'interpella à nouveau :

- Miss Evans.

Elle se retourna. L'œil mécanique se mit à tourner avant de s'immobiliser, rivé à elle, comme s'il désirait percer ses pensées les plus intimes.

- Soyez très prudente. Ne prêtez pas votre confiance à n'importe qui ... Certains de vos camarades ont des antécédents douteux et ce ne sont pas les seuls ...

Hazel, pressée de sortir et ne désirant pas poursuivre cette conversation, sortit du bureau de Rusard et eut la surprise de tomber sur Rogue, rôdant dans le couloir.

- Evans ! Que faites-vous là ?!

- Elle se trouvait avec moi, répondit Maugrey en se plaçant auprès d'elle.

Les deux sorciers s'observaient avec une animosité éclatante. Rogue ressemblait à un Fléreur prêt à égorger son ennemi à l'aide de ses griffes acérées. Le maître des potions sortit un papier de sa poche et sans quitter l'Auror des yeux, le tendit à Hazel.

- Votre heure de retenue, Miss Evans.


L'écrin se mit alors à grogner, Hazel tenta de le calmer par une caresse. Tout d'un coup, Peeves apparut entre elle et Rogue, la mine roublarde. Il bouscula Hazel, la faisant lâcher son coffret. L'écrin s'élança vers Rogue pour lui mordre les chevilles. Le sorcier repoussa le coffret d'un coup de pied et l'esprit frappeur en profita pour s'en emparer.

- Peeves ne trahit jamais ses amis ! Peeves ne trahit jamais ses amis ! chanta l'esprit tout en secouant l'écrin gémissant au-dessus de sa tête.

Il exécuta une petite gigue, tout en criant des mots obscènes à l'encontre des deux sorciers. Profitant de son inattention, Hazel se redressa et bondit vers Peeves pour récupérer son bien. Ce dernier se mit à gonfler et repoussa la jeune fille à l'aide de son ventre devenu énorme. Hazel tomba et voulut se saisir de sa baguette ; Rogue la devança.

Levicorpus !


Peeves eut un hoquet de surprise et se retrouva suspendu dans les airs. La chemise de nuit crasseuse lui servant de vêtement remonta le long de son corps, dévoilant des chaussettes ridicules et un caleçon douteux ; son stupide bonnet à grelots glissa le long de sa figure, masquant sa vue et ses cris furieux. Hazel se releva et lui arracha le précieux écrin. Peeves se mit à l'insulter et voulut la griffer. Le maître des potions fut prompt à réagir et d'un moulinet de baguette, projeta Peeves par une fenêtre entrouverte. L'esprit frappeur termina sa course contre un arbre en poussant des hurlements indignés.

- Je dois avouer, grogna Fol Œil, que ce coup n'était vraiment pas mal ... Un peu de whisky Pur Feu ?

Rogue déclina la proposition de l'Auror avec un air dégoûté. Il se tourna vers la Gryffondor consolant l'écrin malmené.

- Allez me ranger ce coffret dans votre dortoir, sinon, je vous le confisque. Est-ce clair ?

- Très clair, professeur.

Hazel rangea le coffret dans son sac et le replaça sur son dos. Elle s'éloigna, mais toutefois pas assez vite pour surprendre une dernière remarque de la part de Maugrey:

- Elle a les yeux de Lily ...

La jeune sorcière accéléra le pas, afin de ne pas entendre la réponse de Rogue qui ne manquerait pas de souligner qu'elle n'était pas aussi brillante que sa défunte cousine.


Laisser un commentaire ?