L'Ecrin des illusions

Chapitre 29 : La Belle endormie (deuxième partie)

1655 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/05/2024 23:52

Les jours passèrent et le printemps s'installa pour de bon à Poudlard et avec lui, la perspective des prochains examens à passer. Hazel était retombée dans un relatif et serein anonymat. Hydra Jekyll avait été enterrée aux côtés de son père, un ancien Auror mort lors de l'avènement de Voldemort et suite à une enquête minutieuse et scrupuleuse du Ministère, Altaïr Hyde avait été déclaré mort. Rita Skeeter avait d'ailleurs consacré deux pages à l'ancien Mangemort et en avait profité pour distiller quelques rumeurs fort désagréables sur le compte de Dahlia et de Hazel, dont elle n'avait pas réussi, à son grand regret, à obtenir une photo. Des changements avaient également été effectués à l'école : la petite fée du robinet avait déserté la treizième salle de bain pour rester avec Brûlepot dont elle s'était entichée ; Flitwick avait passé une petite annonce dans Sorcière-Hebdo et avait obtenu deux ou trois rendez-vous galants à Pré-au-Lard et Peeves avait fini par noyer sa peine de cœur en terrorisant la pauvre Miss Teigne. Rusard était le seul à ne pas avoir fait le deuil de son « idylle ». Un jour, en passant dans un couloir, le quatuor avait surpris Rusard en train d'essuyer avec tendresse, une peinture bucolique tout en murmurant des mots d'amour. Le concierge veillait avec un soin jaloux et presque maniaque sur chaque tableau avec l'espoir de voir réapparaître la dame de ses pensées. Dumbledore, après une semaine d'absence, avait décidé de faire retirer les tableaux ensorcelés par Hyde et les avait transmis au Ministère. La quiétude était de nouveau de mise entre les murs du château.


Un samedi après-midi, alors que les élèves vaquaient à diverses occupations, Hazel et ses amis s'étaient installés à la table des Gryffondor et s'étaient lancés dans une bataille explosive. Deux hiboux vinrent déranger leur jeu en déposant trois lettres à leur tablée : l'une d'elle était destinée à Misty, les deux autres, à Hazel. La Serpentarde ouvrit sa missive, la lut d'une traite avant d'éclater d'un rire hystérique qui lui valut quelques regards courroucés de la part des préfets chargés de faire régner l'ordre parmi leurs condisciples.


Misty fit circuler la lettre entre ses amis. Hazel et Seren, penchés l'un vers l'autre, parcoururent les lignes avec curiosité.

- Ta sœur a rompu ses fiançailles ! s'écria le Serpentard.

- Mais, s'indigna Sofia, ça n'a rien de drôle !

- Parle pour toi ! Ma frangine me pompe l'air depuis des lustres avec sa foutue pièce montée ! Et le plus beau, c'est qu'elle a été plaquée pour une Moldue !


Misty repartit dans un grand éclat de rire, songeant aux parents du fiancé, des sorciers tellement fiers de leur lignée ! Sans compter que la jeune fille était plus que ravie d'échapper à l'immondice vestimentaire, que sa sœur osait qualifier de robe, choisie pour elle. Millie s'épanchait dans cette lettre, racontant à sa cadette que son ancien fiancé était tombé amoureux, en septembre dernier, d'une Moldue rencontrée sur le quai du métro : elle avait fait tomber son étole, il l'avait ramassée et le coup de foudre avait été immédiat.


- Adieu au crétin et à son chapeau ringard ! cria la Serpentarde en se voyant gratifier d'une remarque de la part de sa préfète, dont elle ne tint absolument pas compte, ma sœur mérite mieux que ce crapaud de toute façon !


Hazel lui redonna sa lettre et s'empressa d'ouvrir son courrier. La première lettre venait de son père. Depuis leur dernière séparation, son père était resté très évasif sur son avenir... sans doute obéissait-il aux directives des Aurors mais Hazel, qui l'avait tenu informé, sans trop entrer dans les détails, de la mort de Hyde, ne comprenait pas pourquoi, son père se faisant toujours aussi discret. Elle savait seulement qu'il avait regagné l'Allée des Cerisiers et qu'il avait été heureux de retrouver leur vieille bicoque. Dans cette missive, plus longue que les précédentes, Oliver s'enquerrait de sa santé, échangeait quelques banalités. Hazel tiqua au bout de quelques lignes : son père lui écrivait qu'il avait retrouvé son petit bureau douillet dans l'unique banque de Haworth, disant ainsi adieu à son poste dans la City.


Hazel eut un étrange pressentiment... qui se confirma quelques paragraphes plus loin : Oliver lui avouait qu'il s'était séparé de Mary depuis la fin du mois de janvier. Il priait sa fille de ne pas culpabiliser et l'assurait qu'elle n'était en rien responsable de l'échec de son court mariage. Il lui confessa qu'il n'avait pas été totalement honnête avec Mary, et qu'il avait voulu offrir une mère à Hazel alors que celle-ci s'apprêtait à entrer dans l'adolescence. Il regrettait de s'être mépris sur ses sentiments et d'avoir causé de la peine à sa future ancienne épouse et à sa fille. De plus, révéla-t-il, au cours de leur ultime dispute, Mary lui avait avoué qu'elle voyait un autre homme en cachette, depuis l'automne. Ce parfait inconnu, rencontré sur le quai du métro, avait suscité en elle des sentiments qu'elle n'avait jamais éprouvés pour Oliver Evans. Aux dernières nouvelles, poursuivait Oliver, Mary avait emménagé avec cet homme sérieux, portant un chapeau un brin désuet et occupant un poste au Ministère. Mary, achevait-il, avait hâte de signer les papiers de divorce afin de couper définitivement tout lien avec les Evans et le monde de la magie !


Hazel s'empressa de partager les dernières nouvelles avec ses amis, avant d'ouvrir la seconde missive : il s'agissait d'un simple billet rédigé d'une main sèche, l'invitant à se rendre immédiatement dans les cachots. Hazel replia le billet, s'excusa auprès de ses amis en leur disant que Rogue l'attendait et tout en les rassurant, les salua d'un grand geste de la main. Tout en traversant les couloirs, la jeune sorcière pensait à la lettre de son père. En dépit de la triste situation, elle avait bien du mal à contenir sa joie. Elle allait de nouveau occuper sa petite chambre à la tapisserie défraîchie, parcourir les rues de son village natal et bricoler dans le petit cabanon que son père avait installé pour elle dans le jardin. Sans compter que Morgan serait de nouveau très présente dans sa vie. Elle aurait dû compatir aux malheurs conjugaux de son père mais n'y parvenait pas. Cet été s'annonçait plus que délicieux !


Elle entra dans la salle de classe et ne voyant pas le maître des potions, sortit sa baguette, méfiante. Elle se rendit dans la réserve et découvrit Rogue, assis à même le sol, massant ses tempes endolories.


- Professeur ? demanda-t-elle avec inquiétude, en s'avançant dans la petite pièce.

- Quand cesserez-vous d'avoir des pensées aussi idiotes ?! aboya-t-il avec fureur. Tenez, rendez-vous utile et apportez-moi une potion calmante !


Hazel se hissa sur la pointe des pieds et alluma le bout de sa baguette. Après quelques minutes de recherche, elle découvrit la potion réclamée et la tendit au sorcier. Celui-ci s'en empara et en but le contenu d'une gorgée ; la jeune sorcière s'agenouilla près de lui, guettant ses mouvements empreints de lassitude. Depuis leur périple dans l'enfer de glace, ils ne s'étaient jamais retrouvés seuls. Hazel avait retrouvé un sommeil plus serein, ce qui n'était pas le cas de Rogue : occulter ses pensées et ne pas se laisser parasiter par les idées de la Gryffondor lui demandaient des efforts surhumains.


Il poussa un soupir, ferma les yeux et appuya sa tête contre l'étagère où il s'était adossé.


- Je suppose que votre petite cervelle envisage déjà le mariage de votre père et de cette linotte de Morgan...

- Vous lisez dans mes pensées ! l'accusa Hazel avec indignation.

- Nul besoin, Miss Evans, répondit-il d'un ton mordant en ouvrant un œil, vos stupidités transparaissent sur votre visage. Que Merlin me préserve d'avoir à enseigner l'art des potions à une éventuelle portée conçue par votre père et Prewett !

Hazel se releva avec rage et s'apprêtait à défendre l'honneur de son père et de son amie, mais Rogue fut le plus vif :

- Laissons de côté les égarements sentimentaux de votre père, fit-il en se relevant.


Hazel remarqua alors qu'il ne portait pas sa tenue habituelle mais un pull et un pantalon fort démodés, le rendant aussi joyeux qu'un croque-mort s'apprêtant à présider un office funéraire. Contrairement à de nombreux sorciers ignorant tout du monde non-magique, Rogue semblait connaître les codes vestimentaires des Moldus. Le maître des potions se saisit de sa baguette et tapota l'épaule de la jeune sorcière. Elle se retrouva vêtue de l'une de ses robes et de son manteau. Elle le vit ensuite prendre une théière ébréchée cachée derrière des fioles et la posa sur le sol. Il s'accroupit et l'effleura du bout de sa baguette.


Portus.

L'objet se mit à trembler en émettant une faible lueur bleue.

- Approchez-vous, ordonna Rogue.


Hazel s'exécuta et s'agenouilla face à la théière. Elle posa sa main sur son couvercle et se souvint de son voyage avec Dumbledore effectué en Portoloin. Elle sut qu'elle allait passer, de nouveau, un très mauvais moment. Le sol se déroba sous ses pieds et la jeune sorcière se retrouva enveloppée dans un tourbillon de couleurs.


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