Une vie

Chapitre 19 : LA VIE CONTINUE

Chapitre final

6223 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/04/2024 12:09

LA VIE CONTINUE

Disclaimer : n’ayant pas d’imagination pour le dernier titre et clore l’histoire en beauté, j’ai opté pour la banalité. Toutefois, tous les personnages de la fiction appartiennent à Rumiko Takahshi qui elle a vraiment fait preuve d’originalité en créant cette série. Merci à elle de m’avoir autant inspirée.

JE VOUS REMERCIE DE ME LAISSER DES COMMENTAIRES : QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ AIME OU PAS ? QU’AURIEZ-VOUS VOULU VOIR COMME EVENEMENT OU PERSONNAGE ? CA ME DONNERA DES IDEES POUR UN PROCHAIN PROJET ?

 

         Dans une petite cabane, un couple allait se coucher. Le sommeil tardait à venir suite aux péripéties vécues il y a encore quelques heures. Ils s’allongèrent, face à face, sur leur futon, recouvert d’une toile molletonnée. Une bougie brûlait à côté de la prêtresse.

 

—  Tu crois que ça va bien se passer pour Rin ?

—  Vu l’attitude de mon frère, je peux t’assurer qu’elle ne risque rien. Mais c’est pas ça qui m’intéresse, conclut-il abruptement en posant sa main sur le ventre de sa femme.

 

Celle-ci surmonta la large main griffue avec la sienne.

 

—  Alors comme ça … on attend un enfant ?

—  Je t’assure qu’il est bien trop tôt pour le dire. Si j’avais eu un test de grossesse, j’aurais pu te l’annoncer avec certitude. Mais ce qui me surprend énormément, c’est que Rin l’a senti et pas toi.

 

Un peu vexé dans son amour propre, le hanyou répliqua après quelques secondes d’intense réflexion.

 

—  Ça doit être un truc de fille. Mais, ajouta-t-il en caressant le cocon de l’enfant, je pourrai bientôt affirmer ce  qu’il y a quelqu’un là-dedans : garçon ou fille.

—  Mais je l’espère bien ! Il faut déjà qu’on pense au prénom ! Une liste s’impose ! Est-ce que le bébé gardera tes oreilles tellement mignonnes ? La couleur de tes cheveux ? Et puis …

—  Oï ! Kagome ! Calme-toi ! Tu n’as même pas encore le ventre rond que tu mets déjà tout sens dessus-dessous. On a neuf mois avant que le petit n’arrive.

—  LE petit ? Et si c’était une fille ?

—  Kagomeeeee … se lassa le hanyou qui ne pensait qu’à se reposer.

 

Pour calmer son épouse surexcitée, il déposa un long baiser sur le ventre.

 

—  Peu importe, dit-il tendrement tout en cachant également son émotion. Ce sera notre enfant et je jure de le protéger et de faire en sorte qu’il soit toujours entouré de ses parents.

 

Kagome fut émue par ce serment. Enfin le miracle qu’elle attendait depuis si longtemps allait se réaliser. Des années qu’elle attendait de porter l’enfant, un quart youkai, de ce demi démon qu’elle avait décroché de son arbre.

 

—  Ça a été la journée des miracles : moi enceinte, la résurrection de Rin et l’amour de ton frère.

—  AMOUR ? se releva le hanyou. S’il y a bien deux choses qui ne vont pas ensemble c’est « amour » avec « Sesshoumaru ». Tiens ! Regarde ! lui dit-il en lui mettant son bras sous les yeux. Rien qu’en prononçant son nom, j’en ai la chair de poule.

—  Sérieusement, Inuyasha ! Tu as vu comment il la portait et la maintenait serrée contre lui ? Je crois qu’il t’aurait même mordu si tu t’étais approché. C’est possessif, un chien.

—  Mouais … fit Inuyasha en tentant de conserver son masque de rancœur. De l’attachement, tout au plus, mais pas d’amour.

—  Moi, continua Kagome, je les vois bien partager la même couche comme nous le faisons, s’embrasser …

—  STOP ! Pitié Kagome ! supplia le demi-démon. J’ai presque envie de vomir ! C’est absolument dégoûtant !

 

Inuyasha visualisait, avec les descriptions de sa femme, ce que son frère et Rin pouvaient faire dans l’intimité. Se représenter Sesshoumaru manifester une once de tendresse ou de sensualité, le voir nu, toucher Rin délicatement … Quelle ignominie !

 

—  Tu verras Inuyasha ! Peut-être qu’on aura même nos bébés à quelques semaines d’intervalle ! Ils pourront grandir et jouer ensemble.

—  Je ne suis déjà pas accepté en tant que frère … alors comme oncle !

—  Les miracles … ça existe !

 

Dans une forêt sombre, on pouvait entendre des halètements et des grognements, voire des jurons. Une petite forme qu’on ne saurait décrire traçait son chemin dans l’obscurité et l’insécurité des lieux, chargée d’un riche haori, hakama, bottes et épée. Sans oublier son nintojo qui lui servait d’arme. Il serait bien passé d’un tel fardeau mais il s’était retrouvé seul une fois que son seigneur était réapparu avec la petite humaine dans ses bras, emmitouflée presque possessivement dans la fourrure vivante et chaude. Elle et une autre bête.

 

Jaken avait beaucoup de mal à cacher sa joie. Malgré ses éternelles protestations et chamailleries avec Rin, il avait fini par l’accepter puisque Sesshoumaru lui-même lui trouvait un intérêt particulier. Il devait s’avouer que par rapport aux autres humains, elle n’avait pas les mêmes tares que ces derniers. Etait-ce parce que sa famille avait été massacrée par des bandits ? Qu’elle avait été rejetée par les siens très jeune ? Qu’elle avait été éduquée par deux youkai ? Il n’oubliera jamais les nombreuses fois où elle s’était inquiétée de son sort et surtout le jour où il avait manqué perdre la vie à cause d’un empoisonnement dû aux insectes de Naraku. La petite, encore totalement humaine à l’époque, avait entrepris l’impossible pour lui trouver la fleur antidote. C’était vraiment touchant. Mais endosser le rôle du mulet, ça passait nettement moins bien. Quelques instants après le départ du dragon et de ses cavaliers, il dut attendre la miko sur ordre de son maître. Et elle ne fut pas longue à venir avec son époux, torche en main.

 

—  Jaken-sama ! Tenez ! Ce sont les affaires de Rin. Oh ! Mais vous êtes seul ? Où est donc Ah-Un ?

—  Ningen no …, s’interrompit immédiatement le batracien qui craignait une riposte du hanyou. Mon maître était pressé de rentrer pour … pour …

 

Regards complices échangés entre Inuyasha et sa femme. Kagome chargea le crapaud méthodiquement mais lourdement et s’assura, une fois le paquetage terminé, que Jaken pouvait marcher. Il en aurait pour quelques heures avant de voir les murailles du château. Mais revoir Rin le motivait même s’il pestait sous le poids de son chargement.

 

Enfin les grandes portes. Une fois entré dans l’imposante forteresse, il se dirigea sans hésiter vers l’ancienne chambre de Rin que Sesshoumaru avait laissé dans un état pitoyable. Il ne fut pas étonné de ne pas y trouver la jeune femme quand il fit glisser le panneau. Il ne restait rien des meubles. La question était : où était Rin ? La réponse était : probablement en compagnie de son seigneur. Il déposa néanmoins les affaires dans la pièce dévastée et, éreinté par son parcours du combattant, il rejoignit ses propres quartiers, sans plus se préoccuper de ce qui pouvait advenir de la ressuscitée.

 

Quelques jours plus tard, Sesshoumaru surprit Rin assise à la table de travail du youkai située dans sa chambre. Il revenait d’une patrouille avec Jaken et Ah-Un et avait laissé Rin … se reposer. Depuis qu’elle était revenue, le youkai ne pouvait pratiquement plus supporter d’être privé de la vue ou de l’odeur de celle qui partageait désormais sa couche. Si Jaken se gardait bien d’émettre une réflexion alors qu’il se réjouissait pour son souverain, Sesshoumaru tentait d’analyser rationnellement sa situation qui avait changé drastiquement. Le nom du changement ? Rin. La raison du changement ? L’attachement. Seulement attachement ? Non ! Passion fusionnelle, fiévreuse ! Les nuits étaient donc très courtes. Courtes, certes, mais réitérables et surtout remplies de gestes et d’actions dont il ne se serait jamais cru capable, mais tellement spontanés et naturels qu’ils auraient fait rougir Inuyasha. Les caresses, les baisers et bien sûr l’union physique avec Rin ne le rebutaient pas du tout. Au contraire ! Il en redemandait mais il fallait ménager Rin qui n’avait pas le même potentiel de résistance qu’un vrai youkai. Il se souvenait de ce que lui avait dit l’apparition de son père. Ses lèvres se soulevèrent subrepticement. Il devait reconnaître que son auguste paternel avait raison. Sous ses airs froids, il était tellement bouillonnant. Mais uniquement en présence de Rin, celle qu’il aimait. Ce nouveau mot, cette nouvelle version de lui-même, ces gestes affectueux, il ne se permettait ces « faiblesses » qu’en la présence de la jeune femme qui ne le jugeait pas ni ne se moquait de lui. Il n’avait pas à rougir de lui montrer un visage tellement plus expressif et surtout de la laisser faire de son corps ce que bon lui semblait, de l’explorer à sa guise, de le toucher pour susciter d’agréables sensations et réactions. Il était à sa merci mais il savait qu’elle n’abuserait pas de ces instants d’abandon qu’elle ne le trahirait jamais. Ces moments n’étaient que pour eux ; le reste n’avait pas changé. Il était toujours le youkai craint et révéré au visage impassible, aux silences angoissants et aux nombreux cadavres laissés dans son sillage.

 

—  Que fais-tu, Rin ?

—  Oh ! Ohayo, Sesshoumaru-sama !

—  Rin … pas de –sama quand nous sommes entre nous, fit paternellement le Seigneur des territoires de l’Ouest qui s’installa derrière sa compagne en la plaquant contre son large torse tout en faisant glisser ses bras autour de la taille de Rin.

—  L’habitude, très certainement, sourit-elle en pensant à leur précédente session où il l’avait touchée plus cavalièrement.

 

Une chance qu’elle portait un yukata puis un haori car les matinées étaient encore trop fraîches, sinon, elle n’aurait pas été contre un peu plus de chaleur corporelle venant de son amant.

 

—  Je rédige une lettre pour Aiku et sa famille.

—  …

—  Je voulais lui donner de mes nouvelles et surtout lui annoncer que vous et moi nous sommes …, nous avons … enfin … vous voyez…

—  Officialisé, lui murmura-t-il suavement à l’oreille en déposant un baiser sur sa cicatrice.

—  Oui ! C’est ça ! « Officialisé » ! trembla-t-elle mais d’excitation.

 

Sesshoumaru allait immanquablement ressentir que sa partenaire avait une nouvelle envie que lui seul saurait satisfaire.

 

—  Toutefois, se ressaisit-elle misérablement avec une voix fébrile, j’ai peur de lui faire de la peine. Et si lui n’avait pas trouvé de compagne ? Je l’apprécie beaucoup et ce ne serait pas juste que je sois heureuse et pas lui.

—  Cette vieille fripouille de Kagami y a déjà pourvu, je te l’assure.

 

Rin sourit. Le vieux souverain avait décidément une réputation bien particulière ! Sesshoumaru avait raison. De plus, Aiku lui avait souhaité de trouver le bonheur, il était temps de l’avertir que le fait que Sesshoumaru partageait effectivement les mêmes sentiments qu’elle et qu’en plus, il allait la prendre pour épouse. Rin soupira d’aise sous les coups de langue.

 

—  Sesshoumaru ! J’aimerais pouvoir terminer le plus vite possible afin d’être tout à vous.

—  Laisse-moi te dicter. Ce sera bref et concis.

 

***

 

—  Ça va Kagome ? Tu n’es pas trop angoissée ?

—  Merci Sango. Moi je n’angoisse pas. C’est Inuyasha ! Depuis ce matin, il fait les cent pas. Il est encore plus nerveux que le jour ou j’ai accouché de Kentaro. Ce n’est que Sesshoumaru qui vient accompagné de Rin. Elle désespérait de voir son neveu.

 

La miko berçait le fruit de son union avec le hanyou. Un adorable bébé joufflu, aux oreilles identiques à celles de son père (détail qui avait immédiatement plu à Kagome le jour où elle avait vu son futur époux cloué à Goshinboku) et surtout cette marque si caractéristique que sont les yeux couleur d’ambre. L’héritage d’Inunotaisho était là ! Elle était sûre que Sesshoumaru apprécierait. Rin quant à elle, en serait complètement gaga !

 

—  Ils arrivent ! Ils arrivent ! hurla Inuyasha en entrant dans sa maison complètement affolé.

 

Sango sourit à son amie et prit congé. Le tonton cent pour cent youkai allait faire connaissance de la progéniture de son cadet. Comment allait-il réagir ?

 

—  Calme-toi donc, Inuyasha !

—  Que je me calme !? On parle de Sesshoumaru ! Que va-t-il faire au petit ?

—  Le renifler ? Le toucher ? Le prendre dans ses bras ? Lui faire des câlins ?

—  DES CÂLINS ???!!! SESSHOUMARU ???!!!

—  Que crois-tu que Rin et lui font depuis qu’ils se sont retrouvés ? rétorqua la prêtresse. De la calligraphie ?

 

Le hanyou fut pris de court et s’arrêta de gesticuler. Il blémit, devint presque vert, rougit et ouvrit la bouche comme s’il était sur le point de rendre le contenu de son estomac. Sa femme adorait le mettre mal à l’aise avec de telles évocations. Elle se remit à bercer son fils quand une voix féminine surexcitée l’interrompit après avoir soulevé le rideau qui marquait l’entrée de la maison.

 

—  Kagome-sama ! Konichiwa ! Alors ? Où est mon neveu ?

 

Et sans aucun regard pour son futur beau-frère, elle se dirigea droit vers Kagome qui portait une minuscule forme emmaillotée. Kentaro était réveillé et avait replié ses petites menottes griffues. Rin se pencha au-dessus du nourrisson et laissa exploser sa joie.

—  Qu’il est adorable!

—  Tiens, prends-le dans tes bras.

 

Kagome remit avec précaution son fils dans les bras de l’autre femme immédiatement tombée sous le charme de l’adorable frimousse ornée de deux petites oreilles triangulaires sur le haut du crâne.

 

—  Bonjour, toi ! Que tu es beau ! Tu as les mêmes yeux que Sesshoumaru-sama.

—  EH ! OH ! C’est MON fils ! râla Inuyasha.

—  Pardon, Ni-san ! Et bonjour à vous aussi ! Mais je n’ai pas pu m’empêcher …

—  Sesshoumaru ? Tu comptes de transformer en bonhomme de neige là dehors ? questionna le hanyou dans le vide.

—  J’étais sur le point d’entrer. Ne me donne pas d’ordres, répondit le youkai qui prit connaissance des lieux et du nouveau venu. Son nez remua.

—  Bienvenue, Sesshoumaru ni-san ! Installe-toi. Je crois que du thé bien chaud s’impose.

 

Tout le monde prit place autour du feu au-dessus duquel était suspendue une bouilloire sur la crémaillère. Inuyasha en face de Rin qui s’appropriait presque le nouveau né et Sesshoumaru à côté de Rin, en face du coussin momentanément vide de sa « belle-sœur ». La maison de son frère était modeste, dépouillée mais confortable. Juste ce qu’il fallait pour être à l’abri, manger et se reposer. Ça jurait furieusement avec le château citadelle dont il avait hérité malgré lui. Depuis l’arrivée de Rin il y a dix ans, il aimait y passer du temps même si les patrouilles sur le terrain étaient ce qu’il aimait le plus.

 

—  Tiens, Sesshoumaru, dit la miko en lui tendant un bol de thé vert.

 

C’est alors que Kentaro se manifesta dans les bras de Rin qui regardait Kagome pitoyablement. Les oreilles du youkai furent mises à rude épreuve sous les vagissements de son neveu.

 

—  Il doit avoir faim lui aussi. Inuyasha, sers Rin. Je m’occupe du petit.

 

Sans se faire prier, le demi démon remplit le rôle de son épouse qui prit le petit des bras de Rin, réintégra sa place en face du youkai et fit glisser un pan de kimono pour mettre la bouche du bébé en face de son sein. Sesshoumaru détourna la tête, son thé en main, tandis que Rin ne perdait pas une miette de cette scène touchante. Pour Inuyasha, bien que possessif, il n’y avait aucune raison de jouer les pères-la-pudeur devant son frère. Kentaro tétait goulument sous le regard approbateur de ses parents. La hanyou se servit en dernier.

 

—  Fais pas de manières, Sesshoumaru. Pour un peu, je croirai que ça te fait peur ! Si j’avais su, j’aurais dû brandir une estampe de femme allaitant pour te faire fuir.

 

Sesshoumaru retourna la tête pour poser ses yeux sur le petit en plein repas. Intérieurement, il admit que c’était un acte totalement naturel. Mais le voir exposé de cette manière, sans préparation, devant les yeux d’un démon qui n’avait connu que les combats … Sans transition et pour montrer qu’il n’était nullement affecté, il annonça sur le ton neutre qui le caractérisait tellement :

 

—  Je vais épouser Rin.

 

A part Rin qui sirotait tranquillement son breuvage, le couple écarquilla les yeux.

 

—  Toujours aussi diplomate ! Et tu nous annonces ça comme ça ! Sans ménagement !

—  Toutes mes félicitations ! rattrapa Kagome qui fit pivoter Kentaro pour téter l’autre sein. Vous avez déjà arrêté une date ?

—  Le mois prochain. Au château, poursuivit Rin. On sera heureux vous voir. Kagami et sa famille seront là également.

—  Déjà ? s’exclama Inuyasha.

—  Ça va bientôt faire un an que nous sommes … amants.

 

La conversation se poursuivit encore pendant quelques minutes. Le petit venait de faire son rot sur l’épaule de son père qui lui tapotait le dos. Il se leva, toujours en tenant Kentaro, et invita Sesshoumaru à le suivre dehors maintenant que le soleil avait pris l’ascendant sur les flocons.

 

—  Attends, Inuyasha ! Prends encore cette couverture …

—  Ne t’en fais pas ! Il est fort notre enfant. Je pense que vous voulez papoter entre filles.

 

Et il sortit accompagné de son frère. En longeant les modestes habitations du village, les deux démons voyaient des enfants s’amuser dans la neige. Les adultes étaient plus rares. Les rares qu’il croisèrent baissèrent respectueusement la tête devant le youkai qui inclina légèrement la sienne en signe d’acceptation de leurs hommages. Après tout, ces personnes étaient sous sa protection de Seigneur des territoires de l’Ouest. Les deux frères se dirigèrent vers Goshinboku, là où tout avait commencé, accompagnés des gazouillis de Kentaro.

 

—  Tiens, dit Inuyasha en tendant son fils à son frère. Vous devriez faire connaissance.

 

Sesshoumaru resta totalement interdit.

 

—  Allez ! Porte-le ! Il ne va pas mordre ! Au pire, il te vomira dessus.

 

Sesshoumaru dut bien tendre les bras devant l’insistance de son cadet et les rapprocha une fois la petite créature déposée. Kentaro continuait son babillage et bougeait ses petits poings anarchiquement. Ses yeux rencontèrent ceux de son oncle et tentèrent d’établir le contact.

 

—  Tu vois ? Le sang de notre père coule aussi en lui.

 

Aucune réponse de l’aîné qui semblait subjugué par les traits de son neveu. Inuyasha sourit intérieurement : son frère, bien que d’apparence imperturbable, avait fondu intérieurement. Pour éviter toute gêne, il changea de sujet.

 

—  C’est parce qu’elle est enceinte que tu veux l’épouser ?

—  Ce n’est pas l’unique raison, répondit le youkai soudain tiré de son envoûtement et peu désireux d’en dire davantage.

 

Du côté de Rin et Kagome, l’ambiance était beaucoup plus détendue. Même les sujets intimes étaient abordés, si bien que Rin confessa son état à Kagome qui la prit dans ses bras. Cette dernière exprima toutefois une crainte irraisonnée, vite balayée par Rin.

 

—  Ce bébé … il l’a voulu ?

—  Il est prêt à avoir un hanyou. C’est plutôt moi étais réticente à avoir un bébé à cause de ce qui était arrivé à Inuyasha. Je crois que j’étais bien moins réceptive que lui. Et il ne m’a jamais forcée. Il est très patient, très tendre et terriblement affectueux … Il est très demandeur, c’est vrai, mais moi aussi. Un simple contact de sa main sur la mienne … tiens, Kagome-sama. Regardez ! J’en ai la chair de poule rien que d’en parler … et des papillons dans le ventre.

 

Kagome voyait bien que Rin était complètement amourachée du youkai mais avait encore un peu de mal à l’imaginer tel que Rin le décrivait. L’état dans lequel se trouvait la jeune femme en disait long sur la sensualité qu’il semblait dégager ; Rin se pâmait littéralement. La discussion reprit sur le mariage à venir mais surtout sur l’accouchement et les attentes et inquiétudes de la jeune femme que Kagome calma immédiatement puisqu’elle l’aiderait dans cette tâche.

 

—  Oï, Kagome ! chuchota la voix du hanyou qui avait repris son fils dans ses bras.

 

Cette petite promenade dans le froid lui a fait le plus grand bien. Il dort comme une souche.

 

—  Kagome-sama, nous allons partir afin que vous puissiez profiter du calme.

 

La prêtresse coucha son garçon et, avec son mari, sortit pour saluer le départ du couple. Au moment ou Sesshoumaru prit Rin dans ses bras pour s’élever dans les airs, cette dernière osa l’impensable et embrassa furieusement son futur époux. Si Sesshoumaru était surpris par cette audace, il ne le montra pas. Inuyasha était pétrifié devant cette scène ; Kagome rosit et sourit. Le youkai s’éleva bien vite dans les airs en souriant tandis que Rin saluait ses hôtes.

 

—  Rentrons, Inuyasha, dit la miko à son époux médusé.

Elle pouffa de rire quand elle vit ses yeux exorbités et sa mâchoire prête à se décrocher. Il secoua violemment la tête et … la plongea dans un gros tas de neige pour se ressaisir. Non ! Ce n’était pas possible. Ils avaient osé ! Devant lui ! Même si c’était Rin qui avait initié le mouvement, son frère n’avait même pas cherché à éviter ! Maintenant, il allait en faire des cauchemars, peu importe le nombre de seaux d’eau glacée qu’il se déverserait sur la tête, l’image de ce baiser enflammé d’un être froid resterait imprimée à jamais dans son cerveau. Kagome le laissa se remettre de ses émotions. Elle était ravie de voir de ses propres yeux que son beau-frère pouvait se montrer passionné, et pas seulement quand il se battait.

         

Plus loin, plus haut dans les airs, Seshoumaru se hâta de rentrer avec Rin dans les bras. Alors qu’il portait son neveu et l’examinait, son nez avait été assailli par une odeur très caractéristique. Kentaro avait été un bon garçon et n’avait pas souillé sa couche. C’était Rin la responsable de cet effluve. Il ne sait pas comment elle avait pu arriver dans un tel état d’excitation, surtout en présence de la miko, mais les faits étaient là. Elle voulait Sesshoumaru et le baiser échangé n’était que les prémices de ce que lui aussi souhaitait ardemment. Le château était enfin en vue.

***

 

Les cigales chantaient bruyamment dans cette chaude nuit du mois d’août. Une jeune femme était allongée chez une prêtresse. Son yukata délié laissait apparaître son ventre gonflé et sa poitrine. Une troisième personne dont la présence n’était pourtant pas requise avait fortement insisté, voire menacé, pour assister à la naissance de son premier enfant. On ne dit pas non au Seigneur des territoires de l’Ouest ! Pour un youkai de l’époque Sengoku, il était plutôt moderne dans son approche de l’accouchement. Il faudrait encore attendre quelques siècles avant de voir le papa assister à la naissance de son enfant. La pièce était bien ventilée et éclairée. La parturiente transpirait malgré les compresses régulières de son époux. Kagome se préparait à aider la jeune femme dont les contractions étaient de plus en plus rapprochées. Eau chaude, linge, forceps si besoin était, scalpel, lotions d’herbes odoriférantes, tels étaient les outils dont disposait la miko.

 

—  Sesshoumaru, tu peux encore sortir et attendre avec Inuyasha. Ce n’est pas le premier accouchement que je pratique. De plus, celui-ci se passera bien car j’ai senti que le bébé se présentait dans le bon sens.

—  J’y tiens ! furent les dernières paroles entendues avant le dernier râle qui marquait enfin la sortie imminente du bébé.

Le youkai saisit la main de sa femme qui ferma la sienne en y plantant ses griffes. Ce serait encore douloureux mais le col était suffisamment dilaté pour que la tête puisse enfin sortir. Mais Rin était forte. Elle en avait subi des épreuves et vécu des changements ! La petite humaine dont la famille avait été massacrée par des bandits, qui avait été tuée par des loups puis ressuscitée, qui avait fait passer le bien-être de Sesshoumaru grièvement blessé par Tessaïga avant le sien propre car battue par les villageois pour avoir volé de la nourriture pour le youkai, qui avait bénéficié d’une bonne éducation tant intellectuelle que martiale qu’elle n’aurait jamais osé espéré si sa famille avait encore été en vie, qui avait éprouvé de tels changements physiques qu’on ne savait plus dire si elle était humaine, hanyou ou youkai… En somme, quel chemin parcouru depuis qu’elle l’avait trouvé blessé et allongé contre son arbre ! A l’instar d’Inuyasha, sa véritable existence avait aussi commencé au pied d’un arbre. Quelle étrange chose que le destin ! Puis, un mariage, modeste, pour couronner cette union et surtout témoigner à Rin toute la reconnaissance qu’il avait pour elle.

 

Si le mariage, du moins la cérémonie, n’était pas une véritable formalité pour les démons, Seshoumaru avait opté pour le rituel des humains. Rin était donc revêtue d’une pléthore de kimono pour voir le dernier de couleur blanche. Lui était simplement vêtu de noir ce qui contrastait avec ce qu’il portait d’habitude mais ne faisait que ressortir la pâleur de son teint et ses cheveux argentés. Echange des vœux. Quelques invités, à savoir le groupe hétéroclite du frère du youkai et la famille royale des territoires du Sud, leurs présentèrent leurs félicitations. Il était même étonnant, pour ne pas dire émouvant de voir Inuyasha serrer la main de son frère quand ce dernier avait à peine été visible lors de son propre mariage.

 

Le vieux Kagami, comme à son habitude, avait laissé éclater sa joie au point de serrer fermement Rin dans ses bras. Contre tout protocole, il osa même une tape franche sur l’épaule du jeune marié tout en lui murmurant on ne sait quoi à l’oreille. Menaces ? Conseils ? Recommandations. Impossible de faire parler Sesshoumaru. La sœur d’Aiku passa avec la petite Rin qui avait bien grandi en un an. Un magnifique bébé hanyou qui faisait la joie de toute la famille. Enfin, le prince arriva devant les mariés, une jeune femme à son bras. L’exact contraire de Rin : un youkai cygne très certainement. Kagami devait avoir œuvré dans l’ombre. Rin salua chaudement le prince et sa fiancée ; Sesshoumaru le remercia pour ce qu’il avait fait pour sa pupille. La journée se passa dans la liesse. Kirara, Ah-Un, Taichan furent également de la partie. C’était bien la première fois que Sesshoumaru put ressentir autant de vie dans cette immense bâtisse malgré tout ce monde et, par conséquent, tout ce bruit et ces différentes odeurs. Bientôt, une autre vie viendrait égayer les cours et les longues allées désertes.

 

—  Allez Rin ! Bloque ta respiration et pousse ! Pousse ! Pousse ! … Respire … Ça vient.

 

L’accouchement semblait interminable. Sesshoumaru retenait son souffle ne sentant même plus sa main torturée. Son regard passait indifféremment de la miko qu’il espérait enfin voir sortir son enfant au visage de Rin contorsionné par la douleur.

 

—  Encore un peu, Rin … Bloque … et pousse ! Oui ! Vas-y ! La tête est sur le point de passer.

 

Rin avait fait le plus gros du travail maintenant mais il fallait continuer à pousser pour faciliter l’expulsion du bébé.

 

—  Allez Rin ! Un dernier effort ! On veut tous savoir si c’est une fille ou un garçon !

 

Encouragée par ces paroles mais aussi par Sesshoumaru qui lui épongeait le front de sa main libre, Rin jeta ses dernières forces et Kagome se recula un peu plus pour lever fièrement l’enfant qui criait.

 

—  Ça y est ! C’est un beau garçon !

 

Elle se rapprocha du visage de Rin et posa l’enfant sur son sein. L’accouchée, rompue par un trop plein d’émotions, pleura en touchant son fils par encore nettoyé. Peu importe, elle l’embrassa tandis que Sesshoumaru dont le visage ne trahissait jamais aucune émotion se baissa et renifla son héritier.

 

—  Notre enfant ! Notre fils.

 

Le nourrisson pleurait mais malgré ses cris stridents, Sesshoumaru fit bonne figure. Kagome interrompit brièvement cette première rencontre.

 

—  Allez mon grand ! On va te nettoyer et te rendre plus présentable.

 

Aussitôt dit, elle prit le bébé, coupa le cordon, et le lava. Sesshoumaru ne put s’empêcher d’embrasser son épouse quand la miko eut le dos tourné. Il félicita chaudement Rin. Kagome se retourna au bout de quelques minutes avec un bébé enveloppé dans un linge propre.

 

—  Est-ce que le papa veut bien prendre son youkai de fils et le présenter à son tonton ?

—  YOUKAI ? demandèrent deux voix incrédules.

—  Vous n’avez pas remarqué ? s’amusa Kagome qui s’approchait avec le petit.

 

Les mêmes oreilles que Sesshoumaru, le croissant de lune mais pas les mêmes marques sur les pommettes. Sans compter un duvet à la base du cou dont la douceur rappelait le mokomoko paternel.

 

—  Et je sens son énergie ! Il n’y a absolument aucun doute à avoir. Certains chromosomes se sont bien trouvés visiblement !

 

Les deux autres se regardèrent sans comprendre ce que ces démons « chromosomes » pouvaient faire dans cette histoire.

 

—  … c’est … c’est une croyance de mon pays … Félicitations à vous deux. Tiens, Sesshomaru, prends-le. Tu peux sortir parce que je crois que ton frère piaffe d’impatience. Je m’occupe de la délivrance de Rin.

 

Seshoumaru « obéit », son fils dans les bras, le visage enfin nettoyé, pour rejoindre Inuyasha qui tenait Kentaro.

 

—  Keh ! Alors « papa » ? Laisse-moi le voir … Non ! Pas possible ! Un youkai !

—  Peu importe qu’il soit youkai, hanyou ou … humain. C’est notre enfant, répondit le démon qui porta tendrement son fils près de son visage.

—  Félicitations, mon frère ! Tu as vu ? Kentaro ? C’est ton cousin ! clama Inuyasha en portant son propre fils pour le mettre au même niveau que son semblable. Il se mit à le renifler comme tout bon canidé. J’espère, ajouta-t-il, que ces deux-là s’entendront mieux que nous.

—  Hmm, fut la réaction du youkai.

 

La délivrance se passa une heure après l’accouchement. Juste à ce moment, les deux femmes entendirent des vagissements et des pas pressés. La grand youkai pénétra dans la maison de son frère avec son fils dans les bras, qu’il tendit à Rin.

 

—  Il a faim, émit Sesshoumaru sûr de lui. Il n’y avait pas d’odeur particulière donc, en toute logique …

 

Rin lui sourit et fit glisser son yukata pour que le bébé aux quelques mèches argentées puisse satisfaire son appétit. Sesshoumaru se rapprocha, intrigué alors que Kagome s’éloigna sur la pointe des pieds avec son matériel.

 

—  Ne, Sesshoumaru. Nous ne lui avons toujours pas trouvé de nom.

 

Le youkai demeura pensif tout en regardant son fils se satisfaire de son repas.

 

—  « Hideyoshi » me semble approprié. Qu’en penses-tu ?

—  Venant de quelqu’un qui a toujours visé l’excellence, cela ne peut pas mieux tomber.

 

Une demi-heure plus tard, la petite famille sortit de la maison du hanyou, prête à réintégrer ses propres quartiers avec un nouveau membre. Sesshoumaru portait son épouse qui elle-même portait son fils endormi après son premier repas.

 

—  Merci, Kagome-sama. Hideyoshi est prêt à rentrer à la maison. Inuysasha ni-san, je te dis à bientôt.

 

L’autre couple hocha la tête et le youkai se souleva dans les airs. Une fois qu’il n’était plus en vue, Inuyasha ne put s’empêcher de faire un commentaire :

 

—  Hideyoshi ? Pourquoi est-ce que je ne suis qu’à moitié étonné du nom ? Allez … je suis beau joueur. Je lui souhaite, à cette tête de mule, le même bonheur que nous connaissons.

 

Une fois arrivé au château, Sesshoumaru laissa Rin installer leur fils non loin de leur futon. Il sortit quelques instants dans le jardin et regarda le ciel étoilé, comme perdu dans ses pensées. Silencieusement, il adressa des remerciements à une étoile en particulier. Rin était un cadeau, sa chance de voir le monde différemment. Maintenant que lui aussi avait une famille qu’il désirait ardemment agrandir, il comprenait totalement les actions et les paroles de son père : « Omaeni mamorumonoga aruka ? ». Oui, il avait, depuis longtemps, quelque chose à protéger. Cela le fit sourire. Lui et Rin. Deux êtres qui ne se seraient jamais croisés si le destin, et pourrait-on dire Inuyasha, n’avait pas donné un petit coup de pouce.

 

—  Arigato Chichiue ! Arigato … Inuyasha !

 

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