L'Exécuteur

Chapitre 2

6206 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:49

Re ! Et voici déjà le chapitre 2 ! :) Un peu plus long, pour votre plus grand bonheur ~

Tite réponse à reviews (fanfic.net) :

Guest : Chuis contente que ça te plaise :D Mystérieuse comme tu dis :3 Et y a en effet plein de trucs à découvrir… !

Coin- coin : *-* Ouais ça gère le Parkour, et moi aussi j'aimerai en faire… Enfin surtout être déjà pro, parce que l'apprentissage et mon incommensurable flemme ça se combine pas trop ! XD Super que mon autre fic t'aie plu d'ailleurs :3 chuis contente ! Pour tout te dire j'ai imaginé l'ébauche de cette fic y a quelques années, quand je marchais dans la rue sur le chemin de l'école XD je m'emmerdais alors… le cerveau divague eett… tu ressors avec des trucs comme ça ! J'y ai repensé y a pas longtemps et je m'étais dit que ça pourrait changer un peu des fics habituelles ) Petite pincée de pouvoirs et le tour est joué \( °3° )/ ! ~ Tu ne verras Levi que dans le chapitre prochain hélas, mais je te conseille quand même de lire celui-là :3 Je donne les infos sur ma publication à la fin de ce chapitre ! :D Et merci pour ta review ! (houla je t'ai beaucoup écrit dis donc o.o)

Lise808 : Comment ça t'aurais zappé mon épilogue ? Non mais oh ! Chuis heureuse que mon écriture aie l'air de te plaire tant que ça, ainsi que mon « imagination débordante » \( *3* )/ Je t'envoie des bisous virtuels ~ Sinon c'est vrai que je me couche tard, mais tu sais c'est pas ma faute je – attends je suis en train de me justifier là, non ? XD J'me couche quand je veux d'abord ! Et j'ai davantage d'inspi quand je suis dans mon lit, bien au chaud sous ma couette et la musique dans les oreilles :3 C'est gentil de te soucier de moi très chère fan que Jésus et Bouddha veillent sur toi ! *^*

Lyzee : Salut ! Contente que l'idée te plaise ! :D Pour ce qui est de ta question concernant le type qu'on voit à la fin avec la perruque blonde eh ben… Je vais pas te spoiler son identité ! X3 Donc tu verras bien ~ Encore une fois pour le meurtrier de la mère d'Eren j'ai pas envie de te spoiler… Mais tu devrais être bientôt au courant, tout comme pour la question précédente ) En tout cas je suis soulagée que les explications n'aient pas été trop lourdes ! J'avais un peu les chocottes pour ça je dois te l'avouer, et je flippais que ça décourage les lecteurs ! Bref, voici la suite ! *^* Enjoy ~

********************

« On se voit demain ! » lança Eren à son infirmière cadre.

Elle lui répondit par un sourire et un hochement de tête, puis il s'éloigna en agitant la main. Une fois sorti il courba la tête face au vent qui se déchaînait. Il y en avait souvent ces derniers temps. Il rabattit sa capuche gris foncé sur sa chevelure brune et se hâta en direction de la voiture qui l'attendait devant les grilles. Claquant la portière derrière lui, il s'enfonça dans le siège quelque peu dur du véhicule. Ça faisait du bien de se sentir un minimum davantage au chaud.

« Hey, fit-il.

- Hey, répondit Jean.

Et la voiture démarra en trombe. Ils s'éloignèrent du centre-ville pour se diriger vers la banlieue, pour le moment cachée par les immenses gratte-ciel qui envahissaient le ciel. Le blond avança des doigts frileux en direction du bouton du chauffage.

- On se les pèle, dit-il comme pour se justifier.

- Ouais, marmonna Eren. Et encore de la pluie est annoncée pour toute la fin de la semaine.

- Fichu temps instable.

Ils soupirèrent. Il n'était que seize heures et le ciel était déjà couvert d'une épaisse couche de coton grisâtre comme s'il allait faire nuit. Jean pianota ses doigts sur le volant.

- Alors comme ça tu es de retour parmi nous ?

En effet ils se rendaient au Bloc aujourd'hui aussi. Deux jours de suite c'était incroyable en ce qui concernait l'infirmier.

- On dirait bien, répondit-il simplement.

- Tu risques de perdre la main. Je vais peut-être bientôt te dépasser, si ça se trouve, rit son ami sans croire un seul mot de ce qu'il venait de dire.

Eren s'esclaffa.

- Depuis le temps que je pratique ? Ça s'en va pas comme ça vieux ! T'as aucune chance !

- J'espère que tu vas te casser la gueule tiens ! riposta immédiatement le blond. Ça t'apprendra à t'absenter aussi souvent !

- Blablabla…

- Ouais c'est ça moque-toi. Peuh. »

Ils fixaient tous les deux la route, un sourire amusé aux lèvres. Ils avaient beau s'en foutre plein la gueule à tout bout de champs, ils restaient des meilleurs amis très soudés.

Une vingtaine de minutes plus tard Jean se gara derrière un entrepôt, où se trouvaient déjà trois autres véhicules. Nous étions mercredi, et la bande était au complet. Ils marchèrent deux petites minutes, longeant une usine désaffectée, et s'arrêtèrent face à une chaîne qui pendait mollement contre le mur, un crochet à son bout. Le brun se frotta les mains et souffla un petit coup d'air chaud à l'intérieur, puis craqua ses phalanges.

« Je déteste quand tu fais ça, grinça Jean en se bouchant les oreilles.

- Tu devrais être habitué maintenant. » rétorqua le brun.

Puis, sans lui laisser le temps d'en placer une, il empoigna la chaîne, s'éloigna de cinq pas et fondit sur le mur. Il fit la sauterelle à la verticale en quelque sorte. Six secondes plus tard il était parvenu sur la première partie surélevée de l'usine. Le blond le rejoignit peu de temps après. Ils reproduisirent la même opération sur un second mur avant de parvenir à leur lieu de squatte.

Ils étaient tous déjà là, papotant avec animation. Connie - avec Sasha accrochée à son dos - jouant aux cartes contre Annie, assis à même le sol en tailleur ; Mikasa et Armin – qui étaient davantage la sœur et le frère d'Eren qu'autre chose – se créant de nouveaux plans sur des hauteurs futures à escalader, et pour finir Ymir fumotant une clope sur le rebord du bâtiment, les jambes pendant dans le vide.

Ce lieu leur appartenait. Ils l'avaient aménagé avec amour. Une tente quatre places se dressait contre le mur menant au troisième et dernier niveau, deux tables couvertes d'un grand parasol et quelques chaises de camping avaient été disposés sur la droite, ainsi qu'un petit meuble blanc couvert d'un parapluie violet foncé miteux. Et touche finale, des guirlandes – fonctionnant évidemment par pile – longeaient le mur et la tente.

Lorsqu'Ymir les remarqua, elle sauta sur ses pieds et se dirigea droit vers le brun avec un petit sourire en coin.

« T'es encore là toi ? Tu nous lâches plus dis donc !

Eren se gratta la joue, un peu embarrassé. Il s'était trop souvent absenté et il le savait.

- Je vais essayer de venir plus souvent ok ? Et t –

- Eren ! s'exclama Armin, un petit blond aux yeux bleus qui se dirigeait vers lui à grands pas, Mikasa sur les talons, une asiatique aux traits fins.

L'infirmier sourit jusqu'aux dents, heureux de les retrouver.

- Hey ! Ça fait un bail !

- Ça tu peux le dire, fit la noiraude avec une mine renfrognée. Tu fichais quoi ?

- Bah, je… le taffe et tout, ça prend du temps, donc…

- Tu traînais avec Reiner et Bertolt hein ? en déduisit le petit blond en secouant la tête.

Merde il aurait jamais dû dire ça. Mikasa vit rouge, et elle fronça les sourcils à l'extrême.

- Eren, ils sont pas nets ces types.

- Je sais, maugréa-t-il.

Une main s'abattit sur le dessus de son crâne. Ymir, la grande brune dégingandée.

- La chieuse a raison, tu sais. Ok ils mettent des trucs chelous dans leurs pétards, et c'est carrément dégueulasse, mais ils sont violents aussi. C'est des petits fouille-merde.

- Je sais me défendre ! contre-attaqua-t-il aussitôt, mais il regretta immédiatement ses paroles.

Armin s'éloigna en secouant la tête une nouvelle fois.

- Comment ça ? réagit Mikasa du tac-au-tac. Il n'est pas du tout question de savoir se défendre Eren ! Mais plutôt de prudence ! Alors tu vas me faire le plaisir de –

- Taisez-vous un peu, intervint Annie d'une voix grinçante. Eren est libre de ses actions. Et puis au final il n'en fait toujours qu'à sa tête.

- C'est bien vrai ça, admit Ymir en opinant du menton.

- Ouais ! renchérirent Connie et Sasha, approuvant vivement.

Le brun secoua la tête avec lassitude, puis se remit face à sa sœur de cœur. Rentrant en contact avec ses yeux remplis d'inquiétude, il lui fit un doux sourire.

- Je ne rentre pas dans leur jeu ne t'en fais pas.

- Tu promets ?

- Je promets. Et puis ils sont HS la plupart du temps alors…

Il se mit à rire. Mikasa fronça un peu les sourcils puis baissa la tête, et il sut qu'il avait gagné. Pour le moment du moins.

- Eren ! l'interpela alors Armin depuis la tente. Faut que tu vois ça, viens !

- J'arrive !

Au vue du ton que le petit blond avait employé, il se rua dans sa direction, pris d'excitation.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il avec bonne humeur.

Son frère de cœur lui fit signe de se mettre à ses côtés.

- Regarde, murmura-t-il, les yeux illuminés. Ce spot est super, faut absolument qu'on aille y faire un tour.

Le plan d'un quartier recouvrait la totalité de la table, schématisant l'architecture des bâtiments avec précision, et cinq ou six photos avaient été développées et scotchées entre elles. Eren jeta un bref coup d'œil aux structures et comprit immédiatement que le blond avait décroché une perle.

- C'est où ? demanda-t-il. Je me souviens pas y avoir déjà mis les pieds.

- Moi non plus. C'est assez loin, juste derrière la zone sécurisée. Un peu plus à l'Est.

La « zone sécurisée » étant l'endroit où avait été mis en place le couvre-feu par la Police Spéciale.

- Ah ouais c'est pas à côté ! s'exclama-t-il.

- C'est sûr. Mais d'après ce que j'ai trouvé, il devrait y avoir une surface très large à explorer. Il y a de plus une zone de chantier à moitié abandonnée. Franchement, conclut le blond, ça peut être l'éclate totale.

Son excitation était contagieuse, et des étoiles vinrent briller dans leurs yeux à tous les deux. Une zone de chantier ? Top du top. Le brun posa une main sur son épaule.

- Tu gères là. Tu gères vraiment.

Un sourire fier se dessina sur son visage. Armin n'était pas un traceur – nom donné aux pratiquants de Parkour – à proprement parler. Oh il avait en effet appris quelques bases, mais son centre d'intérêt se situait principalement dans la recherche de nouveaux lieux pour ses amis. Se renseigner, il adorait ça. Il pouvait lui arriver, quand il avait du temps, et parfois accompagné de Connie et Sasha ou de Mikasa, de partir dans sa petite Twingo vert pomme en quête de spots jusqu'ici non exploré lui était d'ailleurs déjà arrivé de se faire arrêter par une jeune femme, sans doute mère de famille, ou un policier, croyant qu'il préparait un mauvais coup à faire tourner sa voiture à faible allure dans les quartiers, et repassant parfois aux mêmes endroits.

- J'irai en éclaireur avec Jean, fit Eren avec enthousiasme. Eh Jean ! lança-t-il ensuite.

- Quoi ? répondit le blond en s'approchant.

- T'es libre samedi pour une petite exploration ? Armin a trouvé un nouveau spot qui a l'air de déchirer.

- Mouais pourquoi pas, marmonna-t-il sans grande conviction.

Le brun fit glisser les photos dans sa direction, et la réaction du blond ne se fit pas attendre.

- Putain tu peux compter sur moi mec.

Le sourire d'Eren s'agrandit.

- J'en étais sûr. »

Ils décidèrent de se rejoindre samedi à seize heures trente. Après cela l'infirmier prit des nouvelles de ses amis, fit une partie de cartes avec Annie – qui le battit à plate couture – et il proposa à Ymir d'aller un peu plus en hauteur. Celle-ci accepta avec joie. Ils grimpèrent au niveau supérieur, puis se jetèrent un coup d'œil complice. Le brun lui fit un signe de tête, lui indiquant de passer devant. Elle lui fit une tape énergique dans le dos puis détala. Il partit trois secondes après elle.

Cela faisait vingt bonnes minutes qu'ils courraient à en perdre haleine, bondissant de toits en toits, atterrissant sur le sol en béton en des roulades parfaitement maîtrisées. Eren remarqua qu'Ymir avait ralenti l'allure, et il la dépassa avec un sourire narquois.

« Petit con. » l'entendit-il souffler.

Il ricana en son for intérieur, et sauta par-dessus une épaisse barre métallique, y plaquant ses deux mains puis ses pieds, lui donnant l'impulsion nécessaire afin de faire un double salto. C'était Ymir qui était dans ce genre de truc surtout, l'esthétique avec les jolis saltos, le marcher sur les mains et compagnie. Free running. Eren préférait la course toute simple, puissante et souple, plus rapide. Puisqu'il ne perdait pas son temps à faire des figures, il prenait une vitesse considérable, lui permettant ainsi de faire des sauts extraordinaires. C'était parfois comme si ses pieds étaient équipés de ressorts tellement il pouvait bondir à des distances incroyables. Il s'était entraîné dur pour ça, et ça avait payé. Il était le lièvre du groupe, mais aussi le plus expérimenté et le plus doué. Ses nombreuses prises de risques, lui valant également le surnom de Suicidaire, l'avaient fait progresser à une vitesse prodigieuse. La confiance, c'était ça la clé.

Il remarqua alors l'entrepôt à pas moins de deux minutes, et il laissa Ymir passer devant en lui faisant une petite courbette. Elle lui tira la langue et accéléra, pressée de rentrer se reposer et s'asperger le visage d'eau fraîche. Le brun la laissa s'éloigner, puis quand il eut vérifié que personne n'était aux alentours il bifurqua à gauche. Il ralentit l'allure à un simple trottinement, puis s'arrêta et posa ses mains sur ses hanches. Il existait un autre moyen de se rendre à l'entrepôt. Posant ses pieds à demi dans le vide, il contempla le bâtiment qui s'étalait sous ses yeux plusieurs mètres en contrebas. Avec un sourire en coin il avisa le second à sa droite, s'élevant plusieurs mètres au-dessus de lui. Il trouva ce qu'il cherchait : un petit crochet en fer qui dépassait du béton trois ou quatre mètres plus bas. Ébouriffant sa tignasse, il fit quelques pas en arrière. Puis il plia ses genoux et tapa dessus, faisant mollement s'agiter le tissu de son jogging trop large, et il prit une grande inspiration. Pour finir il joignit ses mains et plia ses doigts, ses phalanges émettant un craquement sonore.

« Allez… Quand faut y aller faut y aller. »

Et il partit en trombe. Parvenu au bord il sauta sur sa droite, vers le crochet ; puis, prenant appuis dessus une fraction de seconde, il s'éjecta haut dans les airs. Ce fut comme si des ailes lui étaient poussées dans le dos. Il pouvait les sentir. Son cœur battait aussi rapidement que celui d'un oiseau, comme s'il voulait s'extirper hors de sa poitrine pour partir plus loin encore vers le ciel. Cette impression de voler, c'était enivrant. Une drogue littérale. En plein dans son looping, la tête en bas, il pouvait constater toute l'immensité des cieux face aux immeubles qui se dressaient misérablement en contrebas. Et lui il se trouvait entre les deux, une mouche dans un océan calme mais imposant, dont la profondeur faisait frémir de peur et d'excitation. Les poils de ses avant-bras s'étaient hérissés, et il sentit avec délice l'adrénaline courir dans ses veines. C'était bon, c'était vraiment trop bon.

Il atterrit deux secondes plus tard, faisant une roulade sur son épaule droite. Il se redressa et repartit en direction du Bloc, où l'attendaient sûrement ses amis. Il ne prit pas la peine d'épousseter son jogging, étant déjà bien crade. Le brun ne se pressa pas, encore trop obnubilé par son nouvel exploit. Heureusement que personne ne l'avait vu faire ça… D'abord, et sans aucune vanterie, ses amis auraient été bouche-bée, puis Eren s'en serait pris plein la gueule pour son comportement, je cite, « totalement irresponsable et hors borne ». Il se réservait souvent un petit instant pour pratiquer seul – moins maintenant – pouvant dans ces moments-là exploiter à fond son potentiel. Potentiel énergique ou suicidaire, au choix.

« Bah alors ! s'exclama Ymir en le voyant arriver. T'as eu tant de mal que ça à me suivre ? Je pensais que tu t'étais chopé un mur.

- Ouais c'est ça marre-toi, fit-il semblant de ronchonner.

Il alla prendre la grosse bouteille d'eau d'un litre cinq sur la table, et but de longues gorgées, des gouttes s'échappant de la commissure de ses lèvres et tombant sur son débardeur gris.

- Aah ça fait du bien ! » laissa-t-il échapper.

Il se posa six ou sept minutes sur une chaise, le regard dans le vague. Le Soleil avait une fois de plus percé à travers les nuages, inondant le corps des jeunes adultes durant de précieux instants. Annie et Jean avaient sorti leur paire de lunette, et se firent une partie de cartes. Le brun les fixait, et il songea à quel point il tenait à ses amis, à ce lieu qu'il partageait avec eux depuis si longtemps. Tout cela signifiait tant. Bientôt des ombres l'enveloppèrent, et il cligna des paupières. Connie, Sasha et Mikasa se tenaient devant lui.

« Prêt à y retourner ? lui demanda ce premier, les bras croisés.

- Et comment ! » répliqua aussitôt l'infirmier en se levant d'un bon.

.

.

Le samedi arriva bien vite. Eren avait travaillé à l'hôpital de vingt-trois heures – vendredi soir – à cinq heures du matin, puis il était rentré passer sa « nuit ». Il dormit jusqu'à quinze heures tant il était exténué, puis il prit une douche tiède, mangea une bonne plâtrée de spaghettis à la carbo et attendit patiemment devant la télé le coup de fil que devait lui passer Jean lorsqu'il serait en bas de chez lui. Évidemment celui-ci eut presque vingt minutes de retard. Mais bon… le brun ne pouvait espérer mieux. A seize heures quarante-huit il dévala les marches de son immeuble.

« Jean. T'es encore à la bourre, lui dit-il sans lui en vouloir alors que le blond démarrait.

- Ouais ouais, je sais, désolé, grommela l'autre.

Petite routine.

- Pas trop claqué ? continua-t-il.

- Je viens de dormir neuf heures, alors je pense tenir le coup, répondit le brun. T'as apporté ton enceinte ?

Jean désigna d'un bref mouvement de menton les sièges arrières.

- Ouais.

Puis il tapota la large ceinture qui cinglait sa taille.

- Je me suis acheté ce truc pour pouvoir l'y attacher. On va bien se marrer.

- Wow ! Carrément. »

Eren s'étira les bras et étendit ses jambes sur le tableau de bord. Il s'accouda ensuite à la fenêtre, affaissant sa joue dans sa paume. Les immeubles défilèrent devant ses yeux, et c'était comme si la même image passait et repassait devant la vitre. Il ferma les paupières une fraction de seconde, puis, lorsqu'il les rouvrit, les bâtiments colorés et encadrés de verdure avaient laissé place à d'autres moins jolis, plus ternes. Merde. Il s'était assoupi. Lui qui pensait ne pas être fatigué… C'était en quelque sorte le cas, mais à chaque fois que son corps avait l'occasion de se reposer il la saisissait directement. Il devait se contrôler davantage. Eren se savait parfois un peu trop dur avec lui-même, mais c'était ainsi. Chacun a ses petites exigences. Remarquant qu'il s'était réveillé, Jean lui lança un coup d'œil amusé mais ne fit aucun commentaire.

« Oh ça va hein, ronchonna l'infirmier.

- J'ai rien dit !

- Mouais. »

Ils arrivèrent au fameux lieu cinq minutes après, et en effet, comme leur avait montré Armin, c'était magnifique. Pas magnifique en parlant de la beauté, mais plutôt au sens Parkour. Pour un traceur c'était un endroit rêvé. Jean se gara sur un grand terrain vague, et une fois qu'il eut monté le frein à main ils s'immobilisèrent tous les deux. Bouche grande ouverte et yeux gourmands farfouillant la structure des bâtiments, la petite grue orange clair sur la gauche, ainsi que les trois ou quatre épaisses chaînes métalliques qui pendouillaient dans le vide. Bon Dieu. Eren secoua la tête et détacha sa ceinture avec fébrilité.

« Ok je peux plus tenir. Oublie pas de refermer la voiture.

- Eren ! l'interpela le blond, puis il poussa un juron quand il comprit qu'il n'allait pas l'entendre.

Sortant en trombe, il attrapa son enceinte et partit en courant. Sans oublier de bien fermer le véhicule. Le brun remarqua Jean arriver du coin de l'œil, et il fit volte-face, trottinant en arrière.

- Putain t'as vu ça vieux ?

- Ouais… C'est énorme mec. E-norme.

- Faut qu'on y aille tu crois pas ? Vas-y mets-nous un son tranquille.

- Bordel oui. »

Le blond fixa son enceinte sur sa ceinture – c'était du solide pas d'inquiétude. Il y connecta son portable puis referma la poche soigneusement.

La musique Pets de deadmau5 [mettez-là !] s'éleva dans les airs, et l'aventure put commencer.

Ils débutèrent par une course posée, puis augmentèrent l'allure en vue d'un bloc particulièrement imposant qui pourrait leur permettre de prendre de la hauteur. Jean avait une course plus dure et raide, mais puissante, tel un taureau qu'on ne pouvait dévier de sa trajectoire. La foulée d'Eren était au contraire plus sinueuse, souple et vive. Un peu comme si ses pieds effleuraient à peine le sol, donnant l'image d'un oiseau prenant son envol. Parvenus au bloc le brun se ramassa sur lui-même – il voulait être devant cette fois-ci – et se donna l'impulsion suffisante pour accrocher le rebord supérieur des deux mains. Son pied droit gratta contre le béton, et il poussa puissamment sur ses bras, faisant un bond qui se termina par une petite roulade. Il s'était hissé en haut du bloc.

Ils s'amusèrent comme des fous, riant aux éclats tels des gosses venant d'être amenés au Parc Astérix. Jean se cassa une fois la figure, à cause de la présence excessive de terre sableuse recouvrant certaines surfaces. Heureusement seul son coude avait été touché, saignant un peu, mais rien de très sérieux. Ils étaient ô combien habitués à s'esquinter ici et là.

Ce fut lorsque la nuit commença sérieusement à tomber qu'ils se soucièrent de l'heure. Vingt heures trente. Normalement il ne leur fallait pas plus d'une petite quarantaine de minutes pour définir le niveau d'un spot, mais là… Ça avait duré bien plus de temps que prévu, et ils s'étaient de plus carrément excentrés.

« Jean, fit-il à son ami qui continua d'avancer sans lui répondre. Oh Jean ! Faut qu'on retourne à ta voit – Hé !

Le blond venait de s'arrêter brusquement, et Eren lui était rentré dedans. Alors que ce dernier allait rouspéter, l'autre le devança :

- Putain mec, faut qu'on aille là-bas, souffla-t-il.

- Ouais mais non, faut rentrer là –

Et le brun se tut. Des entrepôts de tailles diverses. Altitude incroyablement succulente à souhait. Fait chier.

- Bon ok, go. » fit-il d'une voix rongée par l'excitation.

Merde quoi, dès qu'il s'agissait de Parkour il ne pouvait se retenir. Il soupira d'exaspération, mais d'un autre côté il était heureux d'avoir une telle passion pour quelque chose, d'autant plus qu'il pouvait la partager avec ses amis.

Les constructions étaient vraiment hautes, et ils s'en donnaient à cœur joie. Ils s'arrêtèrent peu de temps après, essoufflés, et face à une bâtisse imposante et plane se situant plusieurs mètres devant. Un chantier – qui avait l'air assez ancien – était en place sur le toit, et une longue barre de fer carrée de la largeur d'une cuisse dépassait de quelques mètres. Cerise sur le gâteau : une épaisse chaîne y était attachée, et elle avait sans doute dû tomber puisqu'elle pendait dans le vide. Les deux garçons se regardèrent, puis Jean secoua la tête et s'affala sur le sol.

« Trop dangereux, grogna-t-il.

Les yeux d'Eren pétillaient, et purée le blond connaissait ce regard.

- Alors Jean tu te dégonfles ?

- C'est ça. Allez ramène ton cul par ici. J'suis fatigué on se fait une petite pause.

Le brun recula, les bras croisés, et souriant de toutes ses dents.

- Et après ça tu prétends vouloir me dépasser ?

- Bah vas-y fais le malin et saute du con ! Viens pas pleurer si tu te pètes un truc après ! réagit-il au quart de tour.

La provocation d'Eren avait marché. Jean venait ainsi de lui donner l'autorisation de sauter, et il n'allait pas s'en priver. Il sautilla sur place, les pieds joints, puis se craqua les doigts et essuya la sueur sur son front. Prenant une grande inspiration, il tendit tous ses muscles puis s'élança en avant. Le blond flippa, et voulut l'interpeler pour le retenir mais c'était trop tard. Eren venait de plonger dans le vide en un superbe saut de l'ange. Tendant ensuite rapidement les bras vers l'avant, il saisit la chaîne à pleines mains qui le propulsa sur le bâtiment d'en face. Une minute après il passait par un autre chemin, plus accessible, et parvenait à la hauteur de Jean. Il s'assit à ses côtés en tailleur, devant se bouche grande ouverte.

- Impressionnant, parvint à articuler le blond. Franchement impressionnant. Putain tu t'es pris pour Spiderman ou quoi ?

- C'est qui qu'a la paire de couilles ici hein ? ricana l'infirmier.

- Peuh. Moi je suis pas un suicidaire, se vexa-t-il.

- Ouais ouais !

- T'es vraiment ouf j'te jure, soupira Jean. Faut que tu te calmes parfois, où tu vas vraiment finir par te faire crever avec tes conneries.

- Au moins j'aurai vécu à fond, rit-il.

- Si tu le dis. »

Ils s'allongèrent à moitié sur l'entrepôt et papotèrent tranquillement, se reposant après ce dur effort. Il faisait bien nuit maintenant, et ce qui était bien avec Stohess, c'était les quelques éclairages disposés un peu partout. En parlant d'éclairages…

« Jean, fit Eren, interdit.

- Mmh ?

- Y a des putains de lumières bleues quelques mètres derrière, tournées dos à nous…

- Ah mince, tu –

- Merde putain ! s'exclama le brun, la mine paniquée. Jean bordel, on est dans la zone sécurisée !

- Sérieux ?! Et il est déjà vingt-deux heures ?!

- Purée vieux, faut qu'on se casse ! Ça craint un max par ici !

Le blond parut réfléchir deux petites secondes, puis il leva ses yeux chocolat vers le brun.

- T'es un terre-à-terre. Si tu te fais choper tu vas prendre cher…

- Putain fait chier ! Faut qu'on bouge, grouille-toi !

- Eh oh du calme ! Je connais des normaux qui entrent quand même ici, et ils se sont jamais fait prendre.

- Mais c'est pas que ça le prob –

- Titania. Y a Titania ici.

Eren eut un instant d'hésitation.

- Hein ?

- La boîte ! le pressa Jean.

- Je sais ce qu'est Titania crétin, mais c'est bourré de lunaires là-bas.

- En même temps ça se trouve dans la zone sécurisée, donc c'est une boîte pour lunaires.

- Alors pas question que j'y mette les p –

Il se coupa, pour reprendre aussitôt :

- Tu tiens vraiment à y aller hein ?

Jean fit des yeux ronds, surpris par ce changement d'attitude.

- Heu oui carrément, mais –

- Dans ce cas-là c'est d'accord.

Le blond sauta de joie, bien que choqué par ce brusque revirement. Il savait où se situait la boîte, et il y mena l'infirmier. En fait il suffisait simplement de rejoindre le spot orange et rose qui fendillait le ciel. Ils se mirent en chemin.

- Ils vont vérifier que tu es un lunaire tu sais.

Eren fronça les sourcils. Il se doutait de ce léger problème. Mais il avait une idée. Et il devait absolument se rendre dans cette boite pour lunaires.

- T'inquiète pas vieux, j'ai la solution. On va passer par ailleurs que la porte principale.

- Heu… Je ne pense pas que –

- Jean, l'interrompit-il prestement. Ce qu'il faut que tu saches, c'est qu'il n'y a jamais qu'une seule entrée. »

Dix minutes plus tard ils étaient parvenus à Titania, et avaient escaladé le mur à l'aide de la gouttière et de morceaux de pierres dépassant du mur. Ils avaient trouvé en effet un passage, assez étroit, mais disponible d'accès : la petite fenêtre des toilettes. La montée ayant été particulièrement ardue, Jean fut aidé par Eren. Il ne devait pas être loin de vingt-trois heures, et pourtant l'ambiance était déjà là. Ils pouvaient entendre un brouhaha continu couvert par de la musique forte, et les basses faisaient vibrer le sol. Se faisant un hochement de tête, ils poussèrent la porte de sortie des toilettes d'un commun accord.

******************

Salut ! Me revoici ! :3 Alors ça vous a plu ? Donnez-moi votre avis :D

J'ai par ailleurs des petites précisions sur la fic :) Je pense publier entre tous les 2 ou 4 jours, et ça sera le plus souvent 3. Il y aura autour de 4000 mots à chaque fois (bon après je peux en faire 3500 comme 5500, donc c'est pas très précis finalement XD). Pour ce qui est du nombre de chapitres, selon moi cette fic devrait en faire autour de 20. Voili Voilou ! ( °3° )

Et sur ce je vous dis à dans deux ou trois jours ! Beuzouilles ~

Laisser un commentaire ?