Un Peuple Oublié

Chapitre 35 : Chapitre 33 _ Le Roi est de retour !

2824 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/06/2020 16:24

Un jour, alors que le soleil avait déjà commencé à redescendre sa course dans le ciel, les hommes s'arrêtèrent pour une fois plus tôt.

Fatigués, et harassés par un soleil qui avait brûlé toute la journée, chacun était reparti chez lui pour profité de la fraîcheur qui arrivait doucement.

Naé s'était retrouvée prise au piège avec quelques uns de ses camarades dans une taverne, pour boire une bonne bière bien méritée.

L'aubergiste les avait salué, et comme chaque soir, ils leur offrait la première tournée, en remerciements pour les réparations auxquelles ces hommes avaient contribué. 


Les discutions allaient bon train, attendant que les musiciens s'installent enfin pour leur moment musical. Naé avait eu une boule à l'estomac toute la journée, une chose qu'elle ne s'expliquait pas, et pourtant, qui était là. Elle éclata de rire à la plaisanterie de son camarade de gauche, quand tout à coup la porte s'ouvrit à la volée, et un jeune garçon cria.

-Le Roi est de retour ! Le Roi est de retour !

L'estomac de l'elleth fit un tour sur lui même. Enfin. Ils rentraient. Elle qui avait tellement attendu cela, elle se voyait tout à coup excitée comme une enfant, et en même temps de l'appréhension lui noua les tripes. 


Elle se leva d'un bond, et fila vers les grandes portes. La pierre filait sous ses pas, à toute vitesse et elle remercia les Valars plusieurs fois de ne pas tomber.

Arrivée en bas, elle vit les grandes portes se refermer.

Ils étaient tous là.

Devant elle.

Un immense sourire illumina alors son visage, et elle se jeta sur Aragorn, qui fut le premier à descendre de cheval.


L'homme rit de bon cœur, voyant le déluge d'émotions que dévoilait son amie, et répondit à son étreinte.

-Que les Valars soient remerciés, murmura-t-elle à son oreille.

-Seulement Frodon, répondit-il, tout bas.

Puis, s'écartant un peu, elle s'approcha des hobbits, doucement, elle s'inclina,

-Je suis heureuse de vous revoir chers amis.

-Pas plus que nous d'être à présent ici ! Lui sourit Pipin avec un air innocent qui la fit rire à son tour.

-Maître Nain, salua-t-elle d'un ton faussement sérieux quand Gimli descendit enfin du cheval de l'elfe.

-Bon et bien puisque vous êtes sur pieds il ne nous reste plus qu'à fêter tout ça, ma belle amie !

Legolas descendit à son tour, et ils se retrouvèrent l'un en face de l'autre, à ne savoir que dire.

Elle aurait voulu l'enlacer, l'embrasser, lui dire combien elle avait attendu son retour.

Mais elle se retrouva là, incapable de bouger, se noyant dans le bleu océan de ses yeux.

Un frisson parcourut son corps, comme si elle avait oublié combien sa beauté la stupéfiait.

Elle eut alors le sentiment d'être de nouveau entière. Pleine à craquer. Pleine d'émotions et de désirs inavouables. Puis, alors que leur immobilité pouvait commencer à paraître étrange pour ceux qui les entourait, le visage du prince s'étira en un sourire incroyablement tendre, et elle le salua poliment,

-Legolas,

Il inclina alors à son tour légèrement la tête et ne put s'empêcher de dévoiler un sourire moqueur, face à la timidité qui semblait soudain s'emparer de son amie.

-Naélane.

Ne sachant que faire, ou que dire, ils restèrent là, immobiles à se dévisager comme s'ils se découvraient pour la première fois, ce qui n'échappa pas au magicien.


-Drôle de couleur de cheveux, les coupa Gandalf, en arrivant derrière le prince, qui lui laissa sa place en s'éloignant.

L'élleth sourit, se remémorant son reflet aux cheveux argentés, auquel elle n'était toujours pas habituée.

-Décidément, si ni Balrog ni Sauron ne suffisent, que faut-il pour vous tuer ? railla-t-elle.

Il rit alors de bon cœur,

-Venez, nous avons des choses à préparer, lui dit-il en désignant les marches qui montaient au château. Nous aurons à discuter ensuite.

Elle fronça les sourcils, sans doute voulait-il parler d'Azazel. Aussi l'espérait-elle.

Elle suivit alors la troupe qui montait marche à marche, déambulant dans la cité, sous les applaudissements des gens qui sortaient de chez eux pour venir admirer leur Roi.


Instinctivement, Naé rejoint Legolas, et se plaça à ses cotés.

Suffisamment pour que leurs mains se frôlent, mais sans pourtant ne jamais vraiment se toucher.

Ils ne se regardèrent pas, mais l'énergie qu'ils dégageaient ne trompait personne.

Maintenant qu'elle l'avait retrouvé, Naé ne voulait pas, ne pouvait pas, s'en éloigner.

Et cela sous le regard suspicieux du magicien, qui n'avait pas l'air très heureux de découvrir le lien qui semblait planer entre les deux elfes.

La compagnie marchait en silence, comme trop heureuse de savourer le simple bruit de la vie. D'écouter leurs respirations, leurs pas sur la pierre froide, les acclamations de joie d'un peuple victorieux.

Naé sentait la chaleur de l'elfe à travers le frôlement de sa main. Elle aurait voulu la prendre, bien sur, la serrer, comme pour se prouver que c'était bien réel. Bien qu'elle ne le touchait pas, elle savourait sa présence. Sa proximité. Elle ferma les yeux, respirant profondément, savourant les effluves de son parfum.

Cette odeur qu'elle connaissait si bien. Elle ne put s'empêcher de sourire. Atrocement naïvement. Puis la seconde d'après, elle se reprit.

Reprenant cet air froid et indéchiffrable si propre à leur race.


Lorsque la compagnie arriva au sommet de la cité, Aragorn marcha jusqu'au bout de la grande place, et de là, il regarda la cité. Les gens sortaient petit à petit de leurs maisons, regardant là où il se trouvait, espérant apercevoir leur Roi, signe que tout rentrait finalement dans l'ordre.

Le plus gros des dégâts avaient été nettoyés depuis qu'il était parti. Plus aucun cadavre ne traînait dans les rues, ou même dans les champs du Pelenor, entourant la cité. Les débris de murs et de toits qui étaient tombés avaient été enlevés, et plusieurs réparations avaient été faites. La ville ne sentait plus l'horreur et la mort, mais le parfum agréable de l'hiver qui s'approchait déjà.


Cela faisait plusieurs jours que les compagnons venaient de passer à dos de cheval, souhaitant rentrer le plus vite possible. Aragorn avait appréhendé cette arrivée, cette nouvelle chance, ce changement de destin qui s'offrait finalement à lui. Il n'était pas sur d'être prêt, mais tel était son rôle, et il l'acceptait.


Tous les villageois étaient curieux de l'apercevoir. Après tout il était leur Roi, mais aussi celui qui avait sauvé la cité. Et jusqu'à la race des Hommes, même. Il sentait tous ces titres lui alourdir les épaules, et une petite boule se forma alors dans son ventre. Tellement de responsabilités s'offraient alors à lui. Mais il savait qu'il ne serait pas seul. Gandalf serait là pour le soutenir ou l'épauler au début, et il espérait pouvoir compter sur Faramir, qu'il n'avait pas encore eu la chance de rencontrer.


En voyant les émotions passer dans les yeux des deux elfes qui se retrouvaient, il eut une pensée pour Arwen, regrettant qu'elle ne puisse être à ses cotés dans des jours aussi cléments et agréables. Sans même s'en rendre compte, il caressa le pendentif qui demeurait à son cou.


Immédiatement, un banquet fut organisé dans la grande salle, et tous ceux qui le pouvaient se mirent à l'ouvrage. L'organisation se fit à la dernière seconde, et le boucher et le boulanger courraient dans tous les sens afin de présenter leur meilleurs plats.


Pendant que tout se déroulait autours d'eux, la compagnie qui venait d'arriver s'était attablée aux cotés d'Eowyn, Eomer, Faramir, Naé, et quelques grands rohirrims ou soldats haut-placés du Gondor.


Gandalf entama de raconter à Naé ce qu'ils avaient vécu depuis leur séparation, mais les hobbits reprirent bien vite le flambeau, lui coupant sans cesse la parole, rajoutant des détails plus ou moins importants


Aragorn fixait les deux elfes. Il savait qu'il ne devait pas, mais il ne pouvait s'en empêcher, profitant de leur moment de retrouvailles, puisque les siennes ne se feraient jamais... Naé semblait concentrée par les dires des hobbits, du moins elle s'appliquait de tout son être pour paraître concentrée. Legolas quant à lui avait les yeux rivés sur elle, la dévisageant de tout son cœur.

Le Roi sourit pour lui même. Il avait bien senti que son ami s'impatientait de quitter Fondcombes, bien qu'il n'en eut jamais dit la raison, il la connaissait.

Il se demanda s'il aurait vu tout ça s'il n'avait pas fait une irruption malheureuse dans leur tente quelques semaines plus tôt...

Mais il se rendit bien vite compte que Gandalf en était arrivé à la même conclusion, ainsi que Gimli, et même Eowyn semblait sourire de façon complice. Après tout peut être que seul l'innocence Hobbit pouvait cacher ce qui crevait les yeux au reste de la table.

Les quelques personnes qui les servaient remplissaient leurs gobelets d'une étrange bière amère, ce qui les détendait au fur et à mesure. La joie de ces retrouvailles ne fut tachée que par quelques questions politiques, auxquelles ils se promirent de répondre plus tard.


A son tour, Naé commença à leur raconter la vie qui s'était déroulée à la cité depuis leur départ, mais son manque de concentration fut ressenti et Faramir en prit la suite.

-Effectivement la cité s'est bien nettoyée depuis notre départ.

-Chacun a mit la main à la patte. Tout le monde voulait tourner la page et oublier l'horreur de la guerre. Naé a rapidement prit les rennes, et c'est elle qui dirigeait la plupart des opérations.

-Naé ? Comme notre Naé ? Demanda Gimli qui ouvrait des yeux ronds.

L'elleth lui donna un coup de pied discret sous la table, auquel il répondit par une grimace de douleur.

-Non mais c'est juste que je croyais que vous n'aviez aucune envie de mener qui que ce soit ou que ce soit. Ce sont vos propres mots... enfin, c'est vrai que vous changez vite d'avis aussi, alors bon ...

Naé lui fit alors les gros yeux, faussement vexée par ce sous entendu devant les autres, mais un frôlement contre sa main la fit taire, lui arrachant tout les mots qui s'apprêtaient à sortir.

-Et vous vous êtes bien trop taquin mon ami, reprit Aragorn.

-Ce n'est pourtant pas une taquinerie si le propos est absolument infondé, se défendit l'intéressée.


Gimli ne put s'empêcher d'éclater d'un rire gras, bien vite suivi par celui (beaucoup plus léger d'ailleurs) de Legolas et d'Aragorn.

Elle savait qu'elle avait tord, mais cela faisait tellement du bien à Naé de les voir rire tous ensemble, qu'elle même sourit, contaminée par la bonne humeur ambiante.


Plus tard dans la soirée, Eowyn s'éclipsa, puis revint au bout d'un petit moment, leur annonçant à chacun que leurs chambres étaient prêtes.

Les hobbits avaient beaucoup insisté pour rester tous les quatre, prétextant qu'ils ne prenaient pas beaucoup de place, et que quatre chambres, c'était trop grand pour d'aussi petits êtres. Aragorn eut bien sur le privilège d'avoir une chambre pour lui, tandis que Gimli et Legolas devraient à priori s'en partager une.


Toute la compagnie suivit donc la jeune femme au milieu d'un dédale de salles et de couloirs, jusqu'à leurs appartements.

Au détour d'un virage, alors que la troupe était concentrée pour ne pas perdre sa guide, Legolas prit soudain la main de Naé et l'entraîna à l'arrière, dans la direction opposée.


Là, il plaqua son corps contre le sien, les cachant derrière un énorme pilier de pierre.


Collés l'un à l'autre, ils attendirent quelques secondes jusqu'à ne plus entendre les bruits de pas de leurs camarades, et quand ils furent certains qu'ils n'eurent pas remarqué leur absence,

Legolas s'approcha des lèvres de sa compagne, avec douceur, et l'embrassa.

Lorsqu'enfin ils mirent fin à leur étreinte, ils se regardèrent quelques secondes, et ce fut lui qui brisa le silence.

-Je n'aurai pas pu attendre plus longtemps.

L'elleth sourit, comme soulagée à son tour.

-La patience ne serait donc pas ton point fort ? Quelle surprise ! Lui répondit-elle avec un clin d'œil.

Il rit et se rua de nouveau dans ses bras, savourant son odeur, et le goût de sa peau.

-Je suis heureuse que tu sois là, enfin. Continua-t-elle, pesant ses mots.

-J'ai cru que nous ne partirions jamais de Fondcombes...

Elle rit de son empressement, tandis qu'il commençait à lui embrasser le cou avec avidité et passion.

-Viens.

Le repoussant, elle lui prit ensuite la main, et ils coururent dans les couloirs à contresens, jusqu'à ressortirent du château et arriver sur la grande place de l'arbre blanc.


Là, elle l'entraîna sur le rebord sur lequel elle s'asseyait toujours, les pieds dans le vide, et tourna le regard vers l'horizon.

Elle ferma les yeux, savourant la présence de l'elfe enfin à ses cotés. C'était une énergie, comme si les atomes de l'air ambiant étaient tous différents à présent. Comme si l'air était plus doux, plus facile à respirer. Comme si l'horizon était plus beau, plus contrasté, plus coloré.

-Regarde comme c'est beau, dit-elle tout bas.

-Il n'y a que toi que j'ai envie de regarder.

Elle sourit. Et le regarda à son tour.

Elle approcha alors son visage du sien, pour qu'ils ne soient plus qu'à quelques centimètres, et inspira profondément.

Elle se nourrit de son odeur, et pouvait d'où elle était, sentir sa chaleur.

Elle fixa alors chacun des traits de son visage, comme pour la première fois. Comme si elle vérifiait qu'ils correspondaient bien à ses souvenirs.

Et non, bien sur... Ils étaient bien plus beaux, bien plus fins.

Elle fit glisser sa main contre la joue de son amant, se remémorant la douceur de sa peau. Elle avait besoin de le toucher, de le sentir, de se nourrir de lui. Alors ils restèrent là, sans un mot, sans bouger, comme si la présence de l'autre suffisait à rendre le temps vivant, pendant que le soleil se cachait doucement à l'horizon.

La nuit tomba, et il se rapprocha. L'embrassant avec tant de tendresse qu'elle douta que ce fut lui. Un baiser chaste, prude, vide de désir, mais plein de remerciements. Plein de sentiments.

Puis encore un.

Et encore un.

De moins en moins chaste. De moins en moins prude. Comme affamés par une passion qui se réveillait lentement entre leur lèvres. Ils laissèrent leurs mains caresser le corps de l'autre. Reprenant leurs marques. Se souvenant peu à peu de ce que leurs peaux s'inspiraient. Ils en oublièrent de respirer pendant plusieurs minutes. Comme si tout ce qui leur suffisait, était leur désir de l'autre. Elle fit courir sa langue sur les lèvres du prince, et celui ci ne pu s'empêcher de sourire de plaisir. Alors, d'un coup, elle le coucha sur le rebord et s'accroupit sur lui.

-On risque de nous voir, murmura-t-il alors qu'elle faisait courir ses lèvres dans son cou.

-Ils n'ont qu'à pas regarder.

Il rit de cette remarque. Elle était si ... vivante. Après tout, elle avait raison. La nuit était tombée, sombre. Cachés dans l'obscurité, tout le monde était au banquet.

Il ne lui fallut pas une parole de plus pour le convaincre, et ils firent l'amour, là.

Prit d'une passion qu'on ne peut refouler, de se retrouver l'un et l'autre.

Ils passèrent la nuit ensemble, dehors, comme ils l'avaient fait tant de fois.

Ils discutèrent et firent l'amour jusqu'au petit matin, éclairés par la faible lueur d'un petit croissant de lune.

Quand le soleil se leva, ils admirèrent ensemble le ciel rougeoyant de l'aube, puis décidèrent de rejoindre leur compagnons, réfléchissant ensemble à l'avenir.


Dans la grande salle du château, chacun se rejoignit peu à peu, préparant de nouveau une jolie tablée pour un déjeuner assez copieux.

-Et maintenant? Demanda alors Gimli, avec son ronchonnement matinal habituel.

-Il nous faut préparer le couronnement du Roi, sourit Faramir.

-Bien sur il vous faudra inviter les dignitaires de tous les peuples voisins.

-Le retour d'un Roi sur le trône, ca c'est quelque chose que personne ne voudrait rater! S'écria Pipin.

-Il faut organiser cela rapidement. Et faire courir la nouvelle en terre du Milieu que Sauron n'est plus, reprit Gandalf.

-Très bien, alors envoyons les corbeaux.


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