Attendre et tuer

Chapitre 1 : Attendre et tuer

Chapitre final

747 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:07

Attendre. Encore et toujours.

Les yeux dans le vide, la bouche à demi-fermée, sans qu'aucune trace de respiration ne se dévoile dans l'obscurité de la chambre d'invocation.

De toute manière, les épouvantails peuvent-ils respirer ?

Fiddlesticks ne bouge pas. Il est immobile, avachi sur une chaise ; il attend, meublant un décor aussi mort que lui.

Le cadavre d'un apprenti jonche le sol devant ses pieds. Il pourrit à vue d’œil, dégage une odeur putride et cadavérique. Mais cela, Fiddlesticks ne s'en soucie guère. Depuis quand est-il ici ? Combien de temps cela fait-il ?

La chambre est froide et sombre. Les issues ont été condamnées depuis longtemps et la lumière des cristaux des cavernes de l'Institut n'y pénètre jamais, comme si ses doux rayons bleutés redoutent eux aussi cet endroit funeste.

La seule lumière est celle de ses yeux verts, qui tamise l'endroit, le rendant intrigant et mystérieux à la fois. Sa faux est posée là, à quelques centimètres de son bras. Elle attend elle aussi, patiemment, que son possesseur s'en empare et répande la mort.

Tuer. Encore et toujours.

Voilà la seule utilité que la League lui a trouvée. L'Exécuteur ne peut s'y résoudre, bien qu'il s’accapare parfaitement de ce rôle. Les règles sont tellement simples qu'un enfant peut les retenir : on l'invoque, il tue, il revient. Ce n'est qu'un éternel recommencement.

Fiddlesticks n'a pas de visite. Les seules âmes perdues qui se présentent à lui meurent sur place où reparte avec une nouvelle folie implantée dans leur esprit. Pourquoi personne ne veut écouter ses histoires ?

Dans la chambre d'invocation la plus à l'est de l'Institut de la Guerre, il y a un bureau, une armoire, des étagères pliantes sous le poids de nombreux volumes, de lourds rideaux en velours épais et un nombre incalculable de feuilles gribouillées qui recouvrent le sol en marbre. Sur l'une d'elle, un drôle de sceau est dessiné. Elle est souillée de tâches de sang coagulées, les ratures et les bavures sont nombreuses à un tel point que son contenu est devenu illisible. Pourtant, un nom, un seul, en marque l'auteur en bas à gauche : Itsvaan.

Qui était-il ? Fait-il parti des cadavres ? Et combien de fois va-t-il encore se poser la question ?

Fiddlesticks tourne son regard sans esquisser le moindre geste. La pauvre souris n'a pas idée du destin qu'elle s'est tracée en entrant ici. L'épouvantail tourne lentement la tête et un filet lumineux sort de sa bouche pour rejoindre directement sa victime. La souris tombe au sol, raide morte. Ce brin d'énergie n'est rien, comparé à ce que peut obtenir Fiddlesticks sur les Champs de Justice. Mais pour cela...

...il doit attendre, encore et toujours.

Il ne songe pas à ses prochaines victimes. Il sait qu'elles sont nombreuses et qu'elles ont peur, là, juste au dehors. Leurs frayeurs se glissent dans la salle et nourrissent l'Exécuteur comme un doux repas enivrant. La peur est sa force, il n'engloutit que leur énergie vitale et se débarrasse de tout le reste. Pour faire cela...

...il doit tuer, encore et toujours.

Impression familière, un lien extérieur se forme, fragile, frêle, tremblant. Même son invocateur est effrayé, mais sa puissance est trop grande ; la victoire est toujours à portée de main, quand on invoque Fiddlesticks.

Le lien se resserre, semble gagner en intensité et en confiance. Un ordre fuse, incertain. Enfin, Fiddlesticks est appelé dans la jungle de la Faille de l'Invocateur. Encore une fois, il devient impatient.

Il n'a plus à attendre ; il va tuer.

"Tout à votre service, maître."

L'Exécuteur disparaît de la chambre d'invocation.

Bienvenue dans la Faille de l'Invocateur.

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