Le Voyageur et le monde des Douze.
Chapitre 1 : Prologue : La fuite de Ravnica.
1918 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 09/11/2016 22:56
Une boule de feu explosa contre le mur juste à côté de Tyraël qui fut jeté à terre par le souffle, avant de se redresser aussi vite qu'il en était capable et de prendre la fuite par un sombre corridor, aux murs élevés recouverts de tapisseries et de tableaux extravagants sur lesquels étaient dépeints les sordides moeurs du Culte de Rakdos, un guilde de fanatiques vénérant un terrible démon et connue pour son goût immodéré pour la violence extrême, le sang, et la fête. Fêtes qui se présentent le plus souvent sous la forme de raids sanguinaires dont le seul but et de massacrer tout ce qui peut l'être.
Mais si en dépit de leur thème répugnant les oeuvres-d'arts étaient d'un grand soin du détail, Tyraël n'avait pas le temps de leur accorder ne serait-ce qu'un regard. Il était trop occupé à essayer de sauver sa peau. Remarquant une fontaine de sang sur l'un des murs du couloir aux dimensions extraordinaires, une idée lui traversa l'esprit. Elle devrait lui permettre de lui donner un léger avantage... Un cri furieux derrière lui le fit se retourner pour voir un Dilacérateur, un tueur dément au corps recouverts d'objets tranchants en tout genre, allant du poignard au bris de métal et craints pour leur vitesse et la frénésie qui leur fait ignorer la douleur et le danger tant leur désir de dépecer un être vivant est forte, le charger à toute allure. Il se retourna et d'un revers de sa masse d'arme lui écrasa la tête sans même s'arrêter. Il est fort possible que quelqu'un d'autre aurait été mis en péril par cette attaque rapide, malheureusement pour son assaillant Tyraël était habitué à lutter contre les Rakdos et n'était pas le genre à être pris au dépourvu par ce genre de problèmes.
Parvenant à la fontaine, il en fracassa le rebord d'un coup de masse pour laisser le contenu se renverser au sol tandis qu'il ralentissait, épuisé. Gravement blessé, et se démenant déjà depuis un bon moment pour échapper à ses trop nombreux poursuivants, le fuyard commençait à arriver au bout de ses capacités. Il s'arrêta finalement quelques mètres après la flaque de sang qui s'élargissait de plus en plus, et se retourna, prêt à défendre sa vie jusqu'à son dernier soupir. Il n'avait plus la force de maintenir la distance entre lui et ses agresseurs, et leur domaine regorgeait de cul-de-sac. Serrant vaillamment son épée et sa massue, le guerrier se campa sur ses pieds et attendit que la masse enragée des cultistes s'engage dans le corridor.
Lorsqu'ils entrèrent, Tyraël put observer un peu plus en détail la liste de ses chasseurs. Il y avait plusieurs Caqueteurs, des petits diables trapus, moches, à la peau rouge et noire, assez faibles mais extrêmement agressifs, une bonne dizaine de guerriers en tout genre brandissant des chaines, des fléaux, des poignards et des masses cloutées, mais était plutôt inquiété par le gigantesque ogre qui beuglait sa fureur de toute son imposante stature, le monstre devait faire au moins trois mètres et semblait aussi large d'épaules que haut et ne paraissait être fait que de muscles. Au milieu de toute cette foule, il aperçut la magicienne qui tentait de l'abattre à distance depuis tout à l'heure, une Ghildmage, une sorcière cruelle et sadique maniant avec brio tout un éventail de sortilèges entièrement voués à infliger d'horribles souffrances, et accessoirement à tuer.
Le guerrier évita une nouvelle boule de feu qui traversa tout le couloir en se jetant contre un mur, lâchant une exclamation de douleur en heurtant la pierre puis se remit en place, serrant les dents. Son torse portait de nombreuses blessures, allant de l'écorchure légère à la plaie béante dont le sang s'échappait en effroyable quantité, sa robuste armure de plaques avait été mise en pièces un plus tôt lorsqu'il engagea le combat avec les premiers Rakdos l'ayant trouvé. Tyraël n'appartenait à aucune Guilde à proprement parler, mais recevait souvent des missions de la part des Boros et des Azorius, respectivement les guildes de la justice et de la loi, et aimait à les accomplir. Aujourd'hui il avait du s'infiltrer dans le domaine des cultistes pour surveiller de près leurs agissements et savoir leurs projets à venir et les faiblesses de leurs infrastructures. Hélas il avait fini par être découvert, et l'alerte donnée...
Il pointa sa masse en direction de la marée sanguinaire et projeta un rai de lumière qui toucha l'un des guerriers qui s'écroula sur-le-champ, ses compagnons se moquant éperdument de son sort continuèrent leur course et le piétinnèrent sans le moindre remord. Reculant prudemment, sentant la tête commencer à lui tourner, Tyraël tendit son autre bras en direction de la flaque de sang et la fit geler. Toutefois il savait que ça ne suffirait pas, le combat allait prendre fin ici, d'une façon ou d'une autre... L'ogre attrapa soudainement l'un des Caqueteurs à ses côtés dans son énorme main, ignorant les tentatives inutiles de la misérable créature de se débattre, et le balança comme une pierre vers son ennemi qui esquiva, laissant le diablotin s'éclater contre le sol avant de répliquer d'un nouveau trait lumineux qui toucha cette fois l'ogre, mais ne suffit pas à l'arrêter.
Lorsqu'ils arrivèrent sur la plaque de verglas rouge, celle-ci se brisa net sous le fracas d'autant de pieds, brisant en même temps la dernière ruse qu'avait pu déployer le justicier qui se résigna devant tant de haine à abandonner le combat. Il n'avait aucune chance de s'échapper, ni de les vaincres. Même en pleine forme ils étaient bien trop nombreux. Tyraël se laissa tomber à genoux, et rassembla ses dernières forces pour ériger autour de lui une Sphère de sécurité, une bulle de force impénétrable tant qu'on parvenait à la maintenir, un sortilège que le guerrier maîtrisait particulièrement bien. Les vagues meurtrières des cultistes virent se briser contre la barrière magique, l'encerclant rapidement et déversant toute leur rage frénétique dessus, la frappant et hurlant, rugissant leur haine et leur soif de sang au point de recouvrir le fracas des armes contre le champ de force et les coups sourds du redoutable ogre.
Une agréable silhouette se découpa au milieu de cette foule folle alors qu'il luttait pour maintenir sa protection pendant qu'il se vidait de son sang. La Ghildmage se plaça juste devant lui, ne prenant même pas la peine de se fatiguer à essayer de percer le sortilège de sa proie et d'un geste élégant dégagea une mèche de son visage. Quel dommage se dit Tyraël qu'une femme aussi belle ait rejoint le Culte de Rakdos. Portant une robe noire et rouge, les couleurs du culte, qui la laissait à demi-nue, elle avait des courbes qui aurait fait l'objet de désir de n'importe quel homme normalement constitué, un visage délicieux, une chevelure châtain tombant en cascade sur ses épaules en ondulant légèrement et des yeux d'un bleu d'azur magnifiques. Bien qu'elle semblait mener plus ou moins la troupe qui voulait sa tête, Tyraël était relativement content de la voir, comme une rose au milieu d'un charnier.
- Abandonne mon petit coeur, lui dit-elle d'un ton charmeur, relâche ta sphère et abrège tes souffrances, tu es condamné.
Elle semblait parler avec douceur et sensualité, mais le guerrier savait pertinamment qu'en vérité elle désirait simplement le voir se faire mettre en pièces, quant à la subtilité, elle était en train de hurler pour qu'il puisse l'entendre avec un tel vacarme.
- Je peux fuir rétorqua le fuyard agonisant, un sourire moqueur sur les lèvres.
La Ghildmage éclata d'un rire à la fois sincère et dément alors que la sphère commençait à faiblir, sa lueur protectrice s'amenuisant un peu plus à chaque seconde.
- Ah oui, bien évidemment...et où ça demanda d'un air faussement innocent la sorcière.
- Sur un autre monde murmura Tyraël, un rictus victorieux flottant sur le visage, une étrange lueur dans le regard.
Habituée à lire sur les lèvres, ses habituelles victimes ayant rarement la force de parler clairement, la Ghildmage fronça les sourcils sans comprendre où sa proie voulait en venir, puis écarquilla les yeux en saisissant le sens de ses paroles et se mit à paniquer.
- Tuez-le cria t-elle en déchaînant ses sorts contre la barrière vacillante, mais encore solide, Tuez-le ! Vite !
Tyraël ferma les yeux, puis l'air se mit à vibrer alors que l'espace semblait autour refermer sur lui, puis il fut aspiré dans le néant, happé par les Eternités Aveugles et disparut soudainement de la surface de Ravinca, laissant les Rakdos sans cible en proie à leur propre soif de sang alors que la sorcière hurlait sa rage de ne pas avoir pu le tuer.
Il n'était pas un humain normal, mais un Planeswalker. Un être capable de voyager à travers les innombrables Plans d'existence du Multivers, et pour sauver sa vie il venait de changer de monde...