La flèche du destin

Chapitre 1 : Prologue

434 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/12/2023 15:36

La clairière n’était que désolation. Là où coulait une rivière, il n’y avait plus qu’un océan de boue. Les glissements de terrain étaient imprévisibles, pourtant, Artémis aurait dû voir les signes – elle était la déesse de la chasse, après tout. Heureusement, aucune bête ne semblait avoir été prise au piège. Ne restait qu’à attendre que le temps fasse son œuvre, car il fallait bien plus qu’une petite catastrophe naturelle pour mettre la forêt à genoux.

C’est alors qu’un son fusa : aigu, strident, paniqué. Artémis pataugea jusqu’à atteindre la source du glapissement. Elle plongea la main et repêcha… un chat sauvage, aux poils collés par la boue. Paniqué, l’animal se débattit, toutes griffes dehors, avant que l’aura de la déesse ne le calme. Ses oreilles en piteux état étaient autant de traces de son passé et sa patte avant avait quelque chose de curieux… Celle-ci était cassée, réalisa Artémis, le cœur serré, en émettant un son très doux avant d’emporter le rescapé. Elle respectait davantage les animaux que les mortels, ne serait-ce que parce qu’ils se laissaient guider par leur instinct et non par la cruauté.

Mais une fois dans la grotte, le chat commença à émettre des miaulements lancinants. Malgré sa patte cassée, il essayait de progresser en direction de la sortie, et les chasseresses d’Artémis, perplexes, n’arrêtaient pas de le ramener en arrière – non sans s’extasier sur ses yeux couleur orage. Puis elles parlèrent de la récente scène de ménage faite par Héra à son époux Zeus, roi des dieux, et lasse de telles futilités, la déesse guérit la blessure, avant de suivre l’animal par curiosité. Ils sortirent de la caverne, évoluèrent sur un tapis de feuilles mortes, humant l’air chargé de pluie. Des arbres frissonnaient les uns contre les autres, semblant absorber la lumière. Un léger brouillard planait au-dessus du sol, impalpable. Un lac apparut au loin. Alors que les premières gouttes de pluie commençaient à tomber, le chat… s’élança sans hésiter dans l’eau. Il se lavait, réalisa Artémis, qui n’avait jamais vu aucun félin se comporter de la sorte. Amusée, elle enleva sa tunique et rejoignit son protégé, heureuse de se débarrasser de la boue qui la couvrait, tandis qu’un véritable déluge dégringolait du ciel.

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